Chapitre 3 :

Porteur d'Aurore

Tsuna ne pouvait s'empêcher de se demander combien de temps avait passé depuis son enlèvement. Il avait l'impression que cela faisait une vie entière qu'il était là. Pour la énième fois, on le réveillait de force et il se retrouvait sur cette table, enchaîné dans une position des plus inconfortable et fatigante à subir les petites expériences de ses ravisseurs. Les inoculations de flammes avaient continué. Il avait acquis toutes les flammes du ciel mais à sa grande surprise, on ne s'était pas arrêté là. Lui qui avait d'abord cru qu'ils ne lui donneraient que des flammes du ciel s'était lourdement trompé. La première immense surprise avait été de recevoir une flamme de la nuit. L'homme des hauts-parleurs avait eu l'air très fier de lui en lui expliquant que l'obtenir n'avait pas été très difficile grâce à la bataille des représentants qui leur avait enfin permis d'approcher les Vindice d'assez près pour prélever ces flammes très rares. Stabiliser cette flamme en lui avait été une épreuve.

Les inoculations et les séances de combat l'avaient obligé a très vite comprendre comment maîtriser ces nouvelles flammes et en cela, son hyper-intuition l'aidait beaucoup. Il s'était complètement ouvert à elle, se laissant guider, sachant très bien que de lui même, avec ses connaissances et expériences seules, il n'arriverait pas à contrôler tout ça. Il laissait donc son instinct le porter et le guider, tentant de rester calme au maximum. Il se rendait compte que tout cela le poussait à changer rapidement. La panique et la peur du début n'avaient plus leur place alors qu'il s'était très vite rendu compte qu'avec tout ce qu'il se passait, il n'avait plus le temps ni l'énergie pour paniquer et avoir peur. Chaque seconde était précieuse pour lui que ce soit pour prendre le peu de repos auquel il avait droit ou que ce soit pour parvenir à travailler à la maîtrise des flammes pour ne pas se laisser dévorer et détruire. Quand à l'énergie, il n'en n'avait clairement plus assez depuis longtemps alors il était inutile de se fatiguer avec des choses inutiles. L'économie était de rigueur. La douleur, il la gérait de mieux en mieux. Cette épreuve allait assurément effacer le garçon douillet qu'il avait pu être autrefois. Les souffrances qu'il connaissait depuis son enlèvement n'avait pas d'égal avec ce qu'il avait connu et il aurait presque pu se sentir ridicule d'avoir cru souffrir dans le passé. Il n'avait pas d'autre choix que de gérer cette douleur sans quoi son esprit resterait focalisé sur elle l'empêchant de faire ce qu'il avait à faire pour survivre. Alors il supportait de son mieux, tentait de ne pas rester concentré dessus, de penser à autre chose, d'ignorer autant que possible et de rester calme face à elle, la panique n'aidant pas.

Il changeait, il le savait. Il s'endurcissait. Il n'avait de toute manière pas le choix. Soit il se battait soit il laissait tomber et mourrait. Et il ne voulait pas mourir ou laisser ses ravisseurs gagner. Il voulait sortir de là, rentrer chez lui, revoir ses amis, sa famille, Reborn... Et il y avait encore bien d'autres choses qu'il voulait faire. Il était hors de question de mourir ici ou de laisser ces types faire ce qu'ils voulaient de lui. Alors il se battait autant qu'il pouvait avec ce qu'il avait, sa détermination grandissant avec sa volonté. Il tentait de rester positif au maximum, pensant aux siens et aux moments de bonheur qu'il avait vécu avec eux. Il avait mis de côté la mort de sa mère, tentant de ne plus y penser. Et il gardait espoir. Il savait, il ne doutait pas du fait qu'on le cherchait et que ses gardiens, Reborn, ses amis, ne l'abandonneraient pas comme ça. Peu importe le temps que ça prendrait, on viendrait le chercher. Il devait tenir et peut-être même qu'il finirait pas trouver un moyen de sortir lui même ou d'indiquer sa position, d'appeler à l'aider. Alors il ne laissait pas tomber.

Après la flamme de la nuit, on passa aux flammes de la terre, les flammes d'Enma et de sa famille. La chose l'avait surpris et il s'était demandé comment ils avaient pu se procurer de telles flammes plus rares encore que celles du ciel. Ils avaient certainement dû capturer des Simon au fil du temps et leur prendre leurs flammes. Il savait que la famille Simon avait beaucoup souffert, que beaucoup de leurs membres avaient disparus au fil des générations. Peut-être que ses geôliers n'y étaient pas pour rien... Assimiler les flammes de la terre fut encore plus chaotique que celle du ciel. Cela commençait à faire énormément de flammes à gérer en lui et il peinait à harmoniser tout cela. D'autant plus que la flamme de la terre, sœur de celle du ciel, était plus puissante que les flammes secondaires. Dans son bastion mental, elle s'était matérialisée en une flamme plus grande et plus puissante que les autres. Elle était encore loin de sa magnifique flamme d'origine mais elle était plus puissante que les autres et la maîtriser fut difficile.

Mais malgré la difficulté grandissante, il saisissait un peu plus chaque jour comment s'y prendre. Sa flamme du ciel, sa flamme d'origine, celle de son esprit et de son âme restait sa source de pouvoir, sa flamme principale. Dans son ciel intérieur, elle était en plein centre, immense et splendide, dominante. Les autres elles, gravitaient autour, s'entrechoquant souvent, se battant pour avoir la place et la dominance. Seulement, ça n'avait pu durer longtemps. Au plus le nombre de flammes augmentait, au plus les chocs étaient violents et fréquents, augmentant son instabilité et les dégâts que cela provoquait sur lui. Il avait donc fallu trouver des solutions pour stabiliser tout ça, sa flamme du ciel et son harmonie s'étant vite révélée insuffisante. Finalement, il avait compris qu'il devait accepter ces flammes comme étant désormais les siennes même si elles n'avaient pas l'importance de sa flamme du ciel. Il devait les accepter, leur donner une place et s'en servir. Il avait donc commencé à profiter des propriétés de chacune pour aider à concilier et équilibrer toutes ces flammes entre elles. La flamme de la pluie pouvait aider à calmer les choses, celle de la tempête affaiblir une flamme trop violente, celle du soleil à donner plus de force à l'une ou à l'autre pour augmenter son efficacité, celle de la foudre à consolider l'état d'une flamme, celle de la brume à construire des liens entre les flammes, celle du nuage à diffuser constamment les propriétés qu'il utilisait entre toutes...

Il avait fini par comprendre que si chaque flamme ajoutée était un problème à gérer en plus, augmentant les risques de dérapage et la difficulté de contrôle et d'équilibre, chacune était aussi une aide supplémentaire par les possibilités que ses propriétés apportaient. Il fallait juste utiliser chacune à bon escient et lui donner la place dont-elle avait besoin. Faisant cela, il s'était aperçu que donner un rôle à chaque flamme en lui l'aidait à les calmer et à les contrôler. C'était comme si les flammes elles mêmes comprenaient qu'il les acceptait et qu'il ne les laisserait pas disparaître, qu'elles n'avaient plus besoin de se battre comme des furieuses pour exister, qu'il était tout disposé à leur faire une place en lui. C'était l'impression qu'il avait et il pensait sincèrement que chacune avait sa volonté d'exister, ne voulant pas disparaître et que c'était pour cela qu'elles se débattaient en lui. Les rassurer et les accepter, même si cela pouvait paraître étrange, semblait être une bonne solution pour gérer la situation. Il savait que dit ainsi, cela devait être un peu incongru à imaginer alors qu'il aurait pu donner l'impression de traiter ces flammes comme des esprits conscients mais il savait que c'était ce qu'il fallait faire, il le sentait et il n'avait pas le loisir de se poser des questions ou de se dire que c'était bizarre. Tant que cela fonctionnait, c'était là le principal.

Les flammes étaient une expression de volonté avant tout et peut-être que quelque part, elles se battaient pour survivre autant que lui se battait pour survivre. Elles étaient comme imprégnées de sa propre détermination et au final, cela n'était pas si étrange. S'il n'acceptait pas qu'elles survivent en lui, il annihilait leur volonté et la sienne vivant aussi en elles désormais. Il avait compris que ce n'était pas les flammes qui pourraient véritablement causer sa mort mais lui même. Dés qu'elles entraient en lui, elles faisaient corps avec lui et devenaient siennes et s'il n'en prenait pas soin, ce serait comme se détruire lui même, se renier lui même et c'était cela qui le tuerait. Il avait mis du temps à comprendre mais il avait fini par réaliser. Les flammes n'existaient pas vraiment par elles même, mais elles s'imprégnaient immédiatement de leur nouveau porteur pour agir selon sa volonté. Survivre dans son cas. Se débattre contre elles, c'était se débattre contre lui même et s'autodétruire. Lorsqu'il avait compris cela, les choses étaient devenues un peu plus simples à gérer alors qu'il saisissait désormais très bien ce qu'il devait faire.

Si l'arrivée de la puissante flamme de la terre fut une épreuve, elle finit par se transformer en bénédiction. Comme la flamme du ciel, elle était puissante, dominante sur les autres flammes de la terre et même sur les flammes secondaires à celle du ciel. S'il s'était demandé quoi faire de sa propriété de pesanteur, il avait fini par comprendre que cette propriété était probablement une aide immense. Dans le monde physique, cela permettait d'agir sur la gravité et il s'était d'abord dit que cela ne lui servirait à rien. Seulement, en réalité, dans son monde de flamme intérieur, la flamme de la terre lui avait permis de créer des ancrages, cette propriété de pesanteur se révélant finalement très utile et providentielle. Le ciel offrait une sorte de « monde » où les flammes pouvaient exister toutes ensemble. La terre permettait de leur donner une place précise dans ce monde. En lui, cela s'était traduit par la création d'îlots rocheux lévitant autour de la flamme du ciel. Fixes, chacun d'entre eux accueillait une flamme en particulier et la tenait à sa place, l'empêchant de bouger et de s'entrechoquer avec les autres. Il avait ainsi pu créer une place pour chacune et l'ajout d'un ancrage supplémentaire à sa flamme du ciel n'avait fait que la rendre plus puissante et plus forte encore. Sa flamme du ciel n'avait pas d'îlot. C'était la flamme de la terre qui s'était mise sous elle, à l'envers comme se reflétant dans l'eau, la soutenant. La flamme de la terre les liait et celle du ciel les harmonisait.

Après cela, il avait obtenu bien plus d'équilibre et de calme en lui entre ses flammes et accueillir les suivantes fut plus facile. Il créait à chaque fois un nouvel îlot qu'il rattachait à la toile de flammes qu'il tissait progressivement, chacune apportant sa propriété à l'ensemble pour stabiliser tout ça. Au plus les choses avançaient, au plus il maîtrisait et constater qu'il y arrivait le rassurait beaucoup. Au moins, il ne serait pas tué par les inoculations de flammes, cela étant désormais quasi certains dans son esprit. Seulement, ces inoculations étaient une torture atroce pour son corps, la douleur omniprésente et puissante désormais. Entre chacune, on l'obligeait à se battre et à utiliser sa nouvelle acquisition, à s'entraîner avec toutes celles qu'il avait reçu. Il y arrivait de mieux en mieux, ayant compris comment s'y prendre mais il avait aussi bien compris que son corps très abîmé depuis le début de la détention, supportait difficilement sa puissance grandissante et souffrait des utilisations qu'on le forçait à faire dans les séances de combats pour que les blouses blanches puissent faire leurs analyses. Mais ses geôliers se fichaient bien qu'il souffre après tout. S'il parvenait à garder un mental fort pour le moment, son corps lui tombait en pièce et il n'y avait plus un instant où il n'avait pas mal. Savoir qu'ils le voulaient en vie et en relatif bon état le rassurait au moins sur le fait que pour l'instant, il n'avait probablement rien d'irrémédiable. Le seul bon côté des séances de combats était que cela l'aidait à apprendre à se servir de ces nouvelles flammes.

Avec les inoculations, la souffrance, les combats et le travail de maîtrise qu'il devait fournir, plongé dans un profond état méditatif dés qu'il le pouvait, il n'avait plus de notion de temps et il avait bien du mal à suivre ce qu'il se passait autour de lui. Bouger, se réveiller, rester conscient était devenu atrocement difficile. Ce jour là, on en avait terminé avec la dernière flamme de la terre qui avait été celle du glacier, celle d'Adelheid. Les blouses blanches avaient fait tout leurs test, terriblement excités par cette quatorzième réussite. D'après ce que Tsuna avait pu comprendre, jamais ils n'avaient réussi à inoculer plus de cinq flammes avant de perdre leur sujet et là ils en étaient à quatorze plus celle du ciel qui faisait quinze et cela les rendait euphoriques, comme l'homme des hauts-parleurs d'ailleurs.

- « Fantastique FF-54. » l'entendit-il se réjouir alors qu'il venait de se réveiller péniblement.

Il avait perdu conscience après les « soins » qu'on lui avait prodigué en sortant de la séance de combat. Les androïdes et les armes l'avaient mis en pièce mais ces geôliers n'avaient vu que cette flamme du glacier dont-il était parvenu à se servir, confirmant son assimilation. Il n'en pouvait plus, toujours enchaîné à genoux sur cette table, ces yeux exposés à la lumière, ses bras tellement tirés en arrière qu'il avait un mal terrible dans les épaules. Il peinait à respirer, l'air passant mal dans son masque et il avait bien trop souvent l'impression d'étouffer désormais. Il rêvait d'un bol d'air frais, de la pénombre d'une nuit douce, de la chaleur d'un bon lit alors qu'il était constamment frigorifié ici lorsqu'il n'avait pas de fièvre à cause des expériences. Il rêvait de pouvoir s'allonger un moment sans lien et de pouvoir dormir vraiment. Il rêvait qu'on lui enlève ses attaches, ce masque atroce, ces électrodes et ces aiguilles qu'il avait en permanence dans les veines. Il rêvait de pouvoir boire ou manger, ne serait-ce qu'une gorgée d'eau alors qu'on ne l'alimentait et ne l'hydratait que par perfusion. Il ne croyait pas cela possible et pourtant... Et c'était une torture bien pire qu'on ne pouvait l'imaginer que d'être tenu en vie ainsi.

- « Vraiment fantastique. Toutes les flammes du ciel et de la terre en toi. C'est vraiment prodigieux, tu dépasses nos espérances. Parfait, tu vas vraiment être très utile. Mais nous n'avons pas encore fait le plus excitant et intéressant. Nous allons passer à l'inoculation de la troisième et dernière série de flammes. » dit-il l'air enjoué.

Tsuna lui resta confus et surpris, ne comprenant pas. Une troisième série de flammes ? Mais quelles flammes ?

- « Tu ne le sais probablement pas mais il existe d'autres genres de flammes que celles de la terre et du ciel. Ciel et terre sont les principales avec une troisième. Il en existe encore d'autres plus mineures. Les flammes de la dernières volontés sont beaucoup plus nombreuses et diverses qu'on ne le pense. Même si la plus part sont faibles et minimes, fonctionnant seule, d'existence négligeable. Il y a trois grandes familles de flammes puissantes à notre connaissance. Tu connais les deux premières : Ciel et Terre. Il y en a une troisième : les flammes de l'Aurore Boréale. Les flammes entre ciel et terre qui relient les deux. Là encore, il y a sept flammes : blizzard, neige, avalanche, givre, mirage, glace et la principale, sœur du ciel et de la terre, la flamme de l'aurore boréale. »

L'adolescent resta stupéfait, ne se doutant pas qu'il puisse exister encore d'autres flammes, mais dans un sens, ce n'était peut-être pas si illogique. Des flammes de l'Aurore Boréale ? Il n'en n'avait jamais entendu parler.

- « La flamme du ciel est la flamme de l'harmonie, de l'équilibre, de la neutralité et de la paix. » reprit-il avec un petit air moqueur. « Celle de la terre est la pesanteur, l'ancrage, l'ordre, la réalité et les lois immuables au monde. Quand à celle de l'aurore, elle est le chaos, l'anarchie, la création et la liberté. Les flammes de l'aurore sont encore plus rares que celle de la terre. La seule lignée qui les possédait avait déjà quasiment disparus il y a déjà cinquante ans. Trouver les derniers et prendre leurs flammes n'a pas été facile tu sais. Plus aucun porteur naturel des flammes d'aurores n'existe aujourd'hui. Cela va être un grand honneur pour toi que de recevoir ces flammes. Tu seras le seul à être un porteur d'Aurore. Nous n'en n'avons qu'une de chaque alors tu vas être le premier et le dernier à les recevoir dans notre projet. On ne sait pas encore grand chose de ces flammes très secrètes mais elles sont puissantes cela est certain et grâce à toi, nous allons pouvoir les étudier et tu vas nous y donner accès. »

Tsunayoshi tenta d'assimiler la chose, se demandant ce que c'était que cette histoire encore. Une lignée disparue avec une flamme majeure. À n'en pas douter, ses ravisseurs voulaient mettre la main sur ces flammes et ils allaient se servir de lui pour ça. Il appréhenda un peu plus. Sept flammes de plus qu'il ne connaissait pas du tout cette fois. Il espérait vraiment qu'il arriverait à gérer ça. Ce n'était pas comme s'il avait les moyens de s'y opposer de toute manière. En revanche cette fois, il y avait autre chose qu'il voulait essayer et il voulait d'autant plus le faire si ces flammes étaient si importantes pour eux qu'elles semblaient l'être. Cela faisait quelques fois qu'il tentait de cacher les flammes qu'il acquérait. Les scientifiques pouvaient semblait-il les détecter avec leur machine et il cherchait à leur cacher pour leur faire croire qu'ils avaient manqué leur coup, que les flammes s'étaient évaporées. Il avait presque réussi avec le désert et le glacier, ils croyaient qu'elles étaient beaucoup moins puissantes que les autres en lui, ce qui était faux. Si les flammes de l'aurore étaient si précieuses et rares, c'était peut-être une bonne idée de leur cacher s'il parvenait à les garder. Il ne savait pas encore ce que pouvaient faire ces flammes mais il ne voulait pas que ces gens y ait accès par lui.

Il avait désormais bien compris que manipuler ses flammes en lui, dans son ciel intérieur ne déclenchait pas le collier. Tant qu'il le faisait au plus profond de lui même, il ne se déclenchait pas. Il avait aussi compris comment matérialiser une barrière de flammes autour d'un îlot pour dissimuler ou enfermer une flamme. C'était une chose qu'il avait faîte sans y penser pour les contenir au début. Maintenant, il savait que ce n'était pas la solution mais il avait continué à réfléchir aux barrières et il s'était entraîné à en créer et à les effacer, craignant d'en avoir besoin s'il perdait le contrôle d'une flamme. Avec cela, il avait découvert qu'il pouvait dissimuler une flamme avec une barrière d'autres flammes qui empêchait l'énergie de celle-ci de se répandre en lui. Avec le désert et le glacier, il avait presque réussi mais pas assez vite pour que les blouses blanches ne les détectent pas. Il devait donc faire plus vite pour mettre en place la barrière. En espérant que cela fonctionnerait et qu'ils penseraient avoir raté. Garder ça dans sa manche pourrait servir et leur faire croire à l'échec pourrait gêner leurs plans même s'il ne savait pas encore quel était le but final.

Il s'était donc efforcé de le faire et cette fois, quand on lui avait inoculé la flamme de l'Aurore, il avait réussi. Il avait souri pour la première fois depuis son enlèvement lorsque l'homme des hauts-parleurs et les blouses blanches avaient explosé de rage et de frustration en croyant avoir échoué avec cette inoculation, pensant que la flamme s'était évaporée et qu'ils avaient perdu la seule flamme d'aurore boréale qu'ils avaient. Il avait payé les conséquences de la fureur de l'homme des hauts-parleurs par de violentes décharges mais cela en avait valu la peine. Ils croyaient avoir raté. Les scientifiques pensaient qu'il commençait à saturer en flammes et que c'était d'ailleurs pour ça que les deux dernières flammes injecté, celles du désert et du glacier, étaient plus faibles que les précédentes en lui. Son plan fonctionnait. Pourtant, la flamme de l'aurore était bien là en lui et il la découvrait. Contrairement aux flammes du ciel et de la terre, c'était une flamme froide, glaciale qui ne dégageait aucune chaleur loin de là. Elle était blanche argentée, parcourue de vague de lumières colorées qui faisaient penser à une aurore boréale bien réelle. C'était très beau. Il la gardait protégée derrière une barrière composée de multiples flammes. La protection ne l'empêchait pas d'accéder à la flamme ou de s'en servir mais elle la contenait dans son ciel mental et l'empêchait de se rependre dans son corps, la gardant en sécurité au plus profond de lui, indétectable.

Découvrir cette nouvelle flamme eut le mérite de le détourner un peu de ses malheurs. On lui avait dit que c'était une flamme du chaos et il avait redouté cela, se demandant ce que cela donnerait. Mais lorsqu'il s'était penché sur elle, il avait compris qu'elle n'avait rien de négatif au contraire. C'était une flamme de liberté, de hasard, de foi. Il comprit qu'elle venait parfaitement compléter le ciel et la terre. La terre était l'élément tangible, visible, calculé, physique... l' aurore était vaporeuse, imprévisible, créative, libre... et le ciel était la balance, l'équilibre et le lien entre tout. Dans son palais mental, elle avait rejoint sa flamme du ciel et de la terre en tant que flammes majeures. Elle les entourait toute deux tel un voile vaporeux quasiment translucide, brillant de reflets de lumière colorées. Cette nouveauté lui apporta un peu de frais et il fut soulagé de voir qu'il pouvait la gérer comme les autres. Restait à découvrir ce qu'il pourrait faire avec mais il n'avait pas le temps de travailler là dessus : les inoculations continuaient.

Après l'aurore, il y eut le blizzard, la neige, l'avalanche, le givre, le mirage et la glace. Sa victoire avec ces flammes avait été de parvenir à toute les cacher à ses bourreaux, le mettant dans une rage noire. Il l'avait payé cher, cible de leur frustration mais ça en valait la peine. C'était ses premières victoires sur eux et il avait bien l'intention de continuer sur sa lancée. Seulement, ce fut dans un état désastreux qu'il ressortit de la phase des inoculations au point que même l'homme des hauts-parleurs ordonna quelques jours de repos pour lui. Il ne parvint pas à se concentrer sur ce qu'il se passait autour de lui alors il s'était retiré dans son ciel intérieur pour s'intéresser à ses nouvelles flammes de l'aurore, cherchant à découvrir leurs propriétés et comment s'en servir. Les six flammes mineures étaient toutes blanches et argentées, passant par diverses nuances, consistances, brillances ou niveaux d'opacités suivant l'élément. Elles étaient différentes des flammes du ciel ou de la terre qui avaient chacune leur petit caractère propre. Les flammes de l'aurore semblaient avoir une personnalité commune à toutes, comme si elles ne formaient qu'une entité. Cette impression l'intriguait beaucoup. Les flammes de l'aurore étaient douces, calmes, silencieuses, délicates. Toutes étaient froides et au milieu d'elles, il avait l'impression qu'on pourrait avoir en regard un paysage gelé et enneigé d'Europe du nord. Une image figée, silencieuse, tranquille, claire, belle, brillante et d'une grande puissance cachée. Ces flammes attisaient sa curiosité.

Seulement, il ne put rester bien longtemps dans son palais intérieur, ramené de force à la douloureuse réalité, dans ce laboratoire qui le rendait de plus en plus nerveux. Les inoculations terminées, il se demandait vraiment ce qu'on allait lui faire subir maintenant. On l'avait vaguement soigné et laissé se reposer un peu mais il se sentait toujours aussi mal. Son corps était barbé de blessures, de brûlures et d'hématomes en pagailles à causes des séances de combats. Il avait bien compris qu'on ne le blesserait pas irrémédiablement maintenant mais on ne se gênait pas pour le reste. Il ne comptait plus le nombres de fois où il avait eu des articulations déboîtées ou des os fêlés. Heureusement, rien de cassé pour le moment mais il savait que ça ne durerait pas. Il n'avait que peu d'énergie et peu de concentration. Il avait beaucoup maigri même si les séances de combat entretenaient sa musculature. Sa peau avait perdu sa légère coloration naturelle autant à cause du manque de soleil que du fait qu'il ne perdait que trop souvent son sang et qu'il était loin d'être au meilleur de sa forme. Et il y avait autre chose, ses cheveux avaient légèrement poussés lors de l'injection de la flamme du soleil et avec toute les inoculations ils avaient même changé de couleur. Il avait entendu les blouses blanches en parler. Lui n'avait pu voir que les quelques mèches qui pouvaient tomber sur ses yeux. Son châtain s'était en grande partie éclairci pour passer par diverses nuances de blonds allant même jusqu'au blanc semblait-il. Il avait entendu dire que les cheveux pouvaient s'éclaircir et blanchir sous certaines conditions, il ne faisait aucun doute pour lui que ces petites expériences n'y étaient pas pour rien.

On l'avait finalement renvoyé en salle de combat avec l'ordre de se donner à fond et d'utiliser toutes les flammes qu'il avait. On l'obligea à combattre encore et toujours plus durement jusqu'à l'épuisement total. Il se retrouva face aux androïdes et aux armes comme toujours puis on avait commencé à lui opposer d'autres choses qui l'avaient beaucoup surpris et inquiété. On lui avait opposé des armes aux flammes. Visiblement, on avait profité de toutes les séances de combat pour capter les flammes qu'il avait émises dans ses attaques et maintenant, elles servaient d'énergie pour ses armes qu'ils s'amusaient à tester sur lui. On lui avait aussi opposé des choses qui ressemblaient de loin à des boîtes armes animales, sans les boîtes et sous formes d'êtres créés en laboratoire lui avait-on dit. Il y avait des animaux qu'il connaissait et d'autres semblant être des hybrides d'il ne savait trop quoi. Toutes gavées aux flammes alors qu'il semblait que les animaux pouvaient en posséder aussi et s'en servir. Les savants fous de cet endroit avaient créé des armes vivantes et boostés leurs flammes, les contrôlant par d'étranges colliers. Ces choses étaient atrocement féroces, atrocement fortes et atrocement puissantes. Il en avait fait les frais et il avait dû tout donner pour échapper à leurs griffes et crocs, comme à leurs flammes qu'elles manipulait par instinct et très bien. En les voyant faire avec ces bêtes qui lui semblaient vides de vie propre, il avait peur de ce qu'on voulait faire de lui au final.

On lui avait opposé des armes aux flammes, des animaux puis encore d'autres choses. On avait testé sur lui des pièges de toutes sortes, des pièges faits pour les utilisateurs de flammes. Et voir et encaisser lui même ces pièges lui avait un peu plus démontré le sadisme de ceux qui le retenait. Lorsqu'il sortirait de là, il faudrait vraiment faire quelques chose pour ça. Il ne pouvait pas laisser ces gens atteindre leur but. Il ne savait pas ce qu'était ce but mais il savait qu'il n'allait pas l'aimer. Et puis finalement, on lui avait opposé des personnes. Tous étaient vêtus comme ces hommes en noirs qu'il avait deviné être des sortes de gardes de cet endroit et certainement des hommes de mains. Des hommes qui se battaient très bien et pour certains, qui utilisaient des flammes à sa grande stupéfaction. Eux s'étaient beaucoup amusés à se jeter sur lui à plusieurs, s'entraînant à utiliser leurs flammes ou testant des armes de poing créées pour servir avec des flammes. Voir tout ça le terrorisait même s'il n'en montrait rien. Si ces gens attaquaient avec de tels moyens, ils feraient de très gros dégâts et les combattants qu'il affrontait étaient bons, il fallait l'admettre. Tout cela lui faisait peur. Et si ces gens s'attaquaient à sa famille ? Ses gardiens ? Ils étaient après tout affilié aux Vongola et il savait que ses geôliers détestaient les Vongola, ils le disaient assez souvent, tous. Il redoutait de plus en plus ce qu'ils voulaient faire de tout ça.

Et puis un jour, lorsqu'on le jeta dans la salle de combat, il se retrouva face à un groupe qui attisa son hyper-intuition. Dans un bon sens pour la première fois depuis son enlèvement et cela lui donna un regain de force pour prêter plus d'attention à la séance du jour. Il resta figé en découvrant un groupe de six adolescents plus jeunes que lui. Ils avaient peut-être entre dix et douze ans et en les voyant, il avait peur du pourquoi on les avait amené là. Mais il y avait quelque chose avec eux. D'abord, ils n'étaient pas vêtus de vêtements hospitaliers comme les enfants dont on avait explosé les têtes devant lui. Ils étaient habillés d'un pantalon et d'un polo noir, chaussés de basket. Il y avait trois filles et trois garçons qui se ressemblaient énormément, tellement qu'il était certain qu'ils étaient frères et sœurs, peut-être même jumeaux ou plutôt sextuplés. Tous avaient le teint mat, les yeux argents et les cheveux blancs, de silhouettes fines et délicates, agiles. Les seules différences qu'il voyait entre eux étaient de légères variations de tailles ou de coiffure. Mais surtout, il sentait des flammes particulières émaner deux. Il le sentit parce que leur présence faisait vibrer certaines flammes en lui, les flammes de l'aurore boréale. La voix de l'homme des hauts-parleurs raisonna alors que la porte se refermait derrière lui et qu'il tentait de se relever péniblement en attrapant ses moufles :

- « FF-54, je te présente la série aurore 22. Je t'ai dis qu'il n'y avait plus de porteurs des flammes de l'aurore, du moins pas de porteurs naturels. Nous voulions une escouade de porteurs de ces flammes alors nous avons créé génétiquement ceux là en labo à partir de matériel génétique pris à ceux sur lesquels nous avions prélevé les flammes que tu as gaspillé et laissé s'éteindre. » dit-il avec une certaine rage. « Il a fallu de nombreux essais mais nous avons réussi à faire naître ces sextuplés chacun porteur d'une flamme mineure de l'aurore. Inutile d'essayer de communiquer, ce ne sont pas des enfants FF-54 et ils ont été élevé par des assassins, élevés et conditionnés pour combattre. Ils ne t'écouteront pas une seconde. Ils sont très obéissant. Ils ont besoin d'entraînement et tu es puissant. Cela leur fera une très bonne occasion. J'entraîne mes joujoux et toi tu continues à être un gentil petit rat de laboratoire. Série 22, voici votre nouveau sujet de combat. Mettez le en pièce. » ordonna-t-il froidement.

Aussitôt, les six jeunes se jetèrent sur lui, leurs visages froids et vides d'émotions et il n'eut d'autre choix que de bouger, un tir de balle de la dernière volonté activant ses flammes du ciel. Seulement, il était inenvisageable pour lui de se battre contre des enfants à peine adolescents qui en plus n'avaient certainement jamais vu le monde vraiment. Bon sang il voyait Fuuta lorsqu'il les regardait. Il n'osait imaginer comment ils avaient pu grandir, comment ils avaient été traité depuis leur naissance dans ces conditions. Il était évident qu'ils n'avaient jamais été traité comme les enfants qu'ils étaient pourtant. Il ne pouvait pas se battre contre eux et ce même si les six se jetaient sur lui avec hargne. Il avait pourtant une impression étrange vis à vis d'eux. Ils attaquaient sauvagement mais il avait la sensation qu'ils ne voulaient pas le faire. Il fut forcé de se défendre mais il fit de son mieux pour esquiver et ne pas leur faire de mal, refusant de les frapper. Il dût déployer tout ce qu'il pouvait pour y parvenir, usant de toutes les flammes à sa disposition mais c'était difficile.

Les sextuplés étaient forts, très forts et ils maîtrisaient leurs flammes très bien. Cela lui donna pourtant l'occasion de voir les effets des flammes de l'aurore qu'il reconnut à leur énergie lorsqu'ils les déployèrent. Celui à la flamme du blizzard matérialisait des flèches de glaces acérées qu'il pouvait diriger à sa guise à une vitesse hallucinante. Celle à la flamme de la neige parvenait à ralentir ses mouvements et ses réactions il ne savait comment. Celle à la flamme de l'avalanche pouvait faire dévaler sur lui une vague monstrueuse de flammes puissantes à tel point qu'elle égalisait son X-Burner. Celle à la flamme de givre pouvait absorber flammes et chocs pour annuler les attaques. Celui à la flamme du mirage utilisait une forme d'illusion étrange et celui à la flamme de glace semblait pouvoir augmenter la puissance des autres. Pris séparément, ils n'étaient pas très forts mais indéniablement, c'était leur travail d'équipe parfait et très puissant qui les rendaient atrocement redoutables. Leurs flammes et leurs styles de combats s'alliaient à la perfection. De cette séance, il ressortit dans un état pitoyable pour ne pas changer mais il avait tout fait pour ne pas toucher les sextuplés quitte à encaisser des coups. Il y avait quelque chose d'étrange avec eux et son hyper-intuition était d'accord avec lui.

Il devint fréquent pour lui d'affronter les sextuplés alors qu'on le renvoyait en salle de combat dés que possible quand il se réveillait, le sommant d'user de toutes ses flammes du ciel et de la terre alors qu'il gardait secrètes ses flammes de l'aurore. Il alternait avec d'autres genres de combats contre tout ce qu'on lui présentait. Il faisait ce qu'il fallait pour survivre mais il en profitait aussi pour apprendre à maîtriser ses nouvelles flammes, son hyper-intuition le guidant avec ce qu'il savait déjà ou avait déjà vu. Et il avançait très vite. C'était la seule bonne nouvelle qu'il avait. Les sextuplés occupaient une bonne part de ses pensées alors qu'il était affligé de voir ce que ces malades avaient fait avec ces enfants. Ils en avaient fait des armes ni plus ni moins, des objets qu'ils utilisaient à leur guise et ça l'écœurait. Il aurait tout donné pour les sortir de là, peut-être plus encore que pour sortir lui même. Et puis un jour qu'il se battait contre les enfants, il donna un coup dans le collier que celui à la flamme de glace portait. Tous portaient pareil collier ressemblant un peu au sien et il se demandait s'ils avaient à subir la menace de ces décharges atroces eux aussi. Ce jour là, il avait donné un coup dans ce collier en voulant assommer le jeune. Son hyper-intuition avait fait un bond sur le coup mais ce n'était que bien plus tard qu'il avait compris.

Il s'était réfugié dans son ciel mental lorsqu'on lui avait enfin fichu la paix, un ciel désormais pleins de flammes et de couleurs, de sensations. Il s'était habitué à les avoir maintenant et pouvait se vanter d'avoir établie un équilibre, une harmonie parfaite en lui. Les flammes avaient trouvé leur place, ne se débattaient plus et brûlaient avec vigueur, bien là et tranquilles, se pliant volontiers à sa volonté alors qu'il les manipulait de mieux en mieux. Il aimait se retirer au fin fond de son esprit, se blottir dans sa flamme du ciel et contempler le spectacle à travers elle. C'était son seul moment de paix et de tranquillité.

Mais ce jour là, une chose étrange se passa. Une arche, une arche ébène apparut dans son palais mental, emplie de noir. Curieux, il s'en approcha, ne sentant aucun danger, son hyper-intuition lui soufflant même d'y aller. Il s'arrêta devant ce qui semblait être un passage. Il observa et à travers, il distingua une grande salle sombre et simple, comme la salle de combat mais en plus petite obscure. Il se demanda ce qu'il se passait, certain de n'avoir rien fait pour ça et n'ayant jamais vu une chose semblable. Il se figea en distinguant quelqu'un dans la salle, l'un des sextuplés, celui à la flamme de glace avec ses longs cheveux immaculés. Mais il avait quelque chose de légèrement différent des séances de combat. Son visage bien que neutre semblait plus vivant. Il était assis au sol, semblant attendre.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Tsuna.

Parler, même dans son propre esprit ainsi, lui semblait très étrange. Il n'avait pas parlé depuis longtemps. Il n'avait fait que hurler sous la douleur. Le jeune ne sembla ni l'entendre ni le voir. Il hésita, se demandant s'il devait y aller ou non, se demandant si ça n'était pas dangereux. Son hyper-intuition le poussait à avancer et il s'exécuta donc, sachant qu'elle ne le tromperait pas, désormais très à l'aise avec ces intuitions qu'il suivait sans se poser de questions. Elles l'avaient tellement aidé dernièrement qu'il louait le fait d'avoir ce don aujourd'hui. Sans cela, il serait certainement mort engloutis par les flammes qu'on lui avait inoculé. Il avança donc, passant le portail pour se retrouver dans cette salle sombre. L'adolescent releva la tête lorsqu'il arriva, se relevant soudain précipitamment, lui faisant face calmement. Tsuna jeta un coup d'œil par dessus son épaule pour voir la même arche. Seulement, on ne voyait que du noir à travers. Son nom était écrit en haut. Il retourna son attention sur l'adolescent qui n'avait pas bougé, interrogateur en sentant que cet endroit était plein de la flamme de glace du jeune.

- Bonjour signore Sawada, salua-t-il platement en italien. Excusez moi d'avoir fait apparaître l'arche dans votre esprit sans permission mais je n'avais pas de moyen de vous demander l'autorisation. Je ne vous veux aucun mal. J'aimerais simplement vous parler.

Tsuna le regarda avec surprise, très intrigué. Il lui sourit finalement, se rendant compte qu'il s'agissait sûrement là de son premier contact humain normal, ou presque, depuis très longtemps.

- Tu peux m'appeler Tsuna, répondit-il dans un italien mal assuré.

- Je m'appelle U, dit-il avant d'hésiter un bref moment. Ou plutôt Ulysse. Merci d'avoir détraqué mon collier signore.

- Ton collier ? releva-t-il.

- Oui. Vous l'avez peut-être remarqué quand on se bat avec vous. Moi, mes frères et mes sœurs, on porte des colliers. C'est avec ça qu'ils nous contrôlent et nous obligent à leur obéir. Vous avez cassé le miens aujourd'hui. J'ai fait comme si de rien n'était pour qu'ils ne se rendent pas compte de rien. Ils n'ont pas vu qu'il était cassé. J'obéis pour qu'ils ne s'en aperçoivent pas. Je voulais vous parler.

Tsuna resta surpris un moment, comprenant la fonction de ces fichus colliers qu'il avait vu. C'était pour ça qu'il avait toujours l'impression que les sextuplés ne voulaient pas vraiment l'attaquer. Ils étaient forcés, contrôlés et son hyper-intuition lui assurait que Ulysse ne mentait pas et que tout ça n'était pas une illusion. Fatigué, il s'assit au sol et le jeune l'imita, raide et neutre.

- Si tu commençais par m'expliquer comment tu fais ça ? demanda-t-il en désignant ce qu'il y avait autour d'eux.

- C'est une propriété de mes flammes, les flammes de glace. Ce sont des flammes de fusion. Elles me permettent de faire fusionner la matière, l'énergie mais aussi les esprits. Je peux créer des liens mentaux qui débouchent dans ce bastion mental et qui permet à ceux que je connecte de se rejoindre ici, mentalement. C'est beaucoup plus simple à faire avec des porteurs des flammes d'aurores. Les flammes d'aurores ont besoin les unes des autres pour vraiment s'exprimer, elles fonctionnent ensemble. Avec d'autres, c'est beaucoup plus compliqué. Mais vous avez les sept flammes d'aurores, je le sens.

Tsuna se tendit, se demandant si ses geôliers savaient.

- Leur as-tu dis ? questionna-t-il alors qu'ils s'entendaient tacitement sur ceux dont-ils parlaient.

- Non. Bien sûr que non. De toute façon, ils ne nous parlent jamais. Nous ne sommes que des armes pour eux et les seuls porteurs des six flammes d'aurores mineures qu'ils ont. Ils ne considèrent pas que nous avons un esprit et une conscience. Et vous, vous êtes un porteur d'aurore, ma flamme et celle de mes frères et sœurs vous reconnaissent comme notre supérieur alors je ne dirais rien, je vous protégerais.

Tsuna resta surpris par la déclaration autant que par la sincérité totale qu'il sentit chez l'adolescent parfaitement sérieux.

- Pourquoi tu ferais ça ? demanda-t-il abasourdis.

- Parce que les porteurs des flammes de l'aurore boréale on besoin les uns des autres pour être bien et exprimer tout leurs pouvoirs. Nos flammes n'aiment pas être seules et... je sais que vous vous n'en n'avez pas besoin parce que vous avez toutes les flammes en vous mais nous, nous avons vraiment besoin les uns des autres et être près de vous qui avez la flamme de l'aurore boréale... ça fait du bien, dit-il avec un soulagement palpable. Et je ne veux pas les aider, autant que je le pourrais, je n'aiderais pas

- D'accord, sourit-il bien qu'il ne comprenne pas tout.

- Je ne dirais rien, c'est juré et mes frères et sœurs non plus.

- Ils savent ?

- Je crois. Ils doivent l'avoir sentis comme moi mais je suis séparé d'eux depuis un moment et les colliers nous empêchent d'échanger quand nous sommes ensemble physiquement. On nous l'a interdit. Je ne peux même plus les faire venir ici. On le faisait tout le temps avant d'avoir les colliers. On venait ici avec Amedeo pour parler tranquillement. Ils ne le savent pas, ils ne savent pas que je peux faire ça, dit-il en désignant l'endroit.

- Amedeo ?

- Oui. Amedeo, c'est lui qui nous a élevé ici. Il s'occupe de nous. Il est le seul gentil avec nous. Il a essayé de nous apprendre les choses... normales du monde comme il dit. Il veille sur nous en secret. Comme on est proches, j'arrive à le faire entrer ici lui aussi même s'il n'a pas de flamme d'Aurore.

- Ok. De quoi voulais-tu me parler Ulysse ?

- Est-ce que vous pourriez casser les colliers de mes frères et sœurs ? S'il vous plaît. Je n'ai qu'eux et ils me manquent et je voudrais pouvoir les faire entrer ici de nouveau et leur parler. C'est ma famille et Amedeo a toujours dit que la famille c'était le plus important. Je ne comprenais pas jusqu'à ne plus pouvoir être avec eux, dit-il l'air douloureux.

- Je veux bien essayer, sourit-il. Mais s'ils s'en rendent comptent, vous aurez des problèmes et moi aussi. Crois-tu qu'ils pourraient aussi faire semblant d'obéir comme toi ?

- Ils le feront, ils comprendront tout de suite comme moi. Je voudrais juste les revoir vraiment et leur parler et..., dit-il alors que les larmes lui montaient aux yeux.

Tsuna sentit la tristesse l'envahir à cette vision comme sa colère s'embrassant au constat de ce qu'avait subi les sextuplés. Il sentait la douleur d'Ulysse et il comprenait largement. Sa famille lui manquait aussi atrocement mais au moins lui, il savait qu'ils étaient en sécurité. Sentant le jeune très mal malgré la façade maîtrisée qu'il affichait, il le rejoignit et passa un bras autour de ses épaules, l'attirant près de lui.

- Et si tu me parlais un peu de toi et de ta famille ? demanda-t-il doucement.

Ce fut sans rechigner que Ulysse accepta, se mettant à parler en s'appuyant sur lui. Il lui raconta que lui et ses frères et sœurs étaient nés et avaient grandis ici, enfermés dans cette planque. On leur avait appris très tôt à se battre et à maîtriser leurs flammes. Et on les avait fait grandir avec ce qu'ils appelaient des colliers d'asservissement. Ulysse expliqua qu'il était possible de résister à ces colliers en temps normal mais comme ils avaient grandis avec, leurs flammes, leurs esprits et leurs cerveaux s'étaient habitués et ils ne pouvaient résister à leur emprise, les obligeant à obéir, les privant de libre arbitre ou du pouvoir de prendre la moindre décision, de faire quoi que ce soit. Il parla de cet homme Amedeo qui les avait élevé. Un tueur à gage à la base qui avait été embauché pour les entraîner mais qui s'était retrouvé à s'occuper d'eux et à leur apprendre des choses d'une vie normale qu'ils n'étaient pas censé apprendre. Il semblait avoir beaucoup d'affection pour lui. Parler au jeune fit du bien à Tsuna malgré les sujets plutôt sombres. Il promit au jeune de tenter de casser les autres colliers, n'ayant pas grand chose à y perdre. Au pire l'homme des hauts-parleurs seraient en colère et lui enverrait des chocs atroces. Ce n'était pas comme ci cela changerait quoi que ce soit. En revanche, il avait envie d'aider de son mieux les sextuplés. C'était tout ce qu'il pouvait faire de bien en ce moment et il ne pouvait tolérer ce qui leur arrivait.

Ce fut lorsqu'il fut une fois de plus réveillé de force qu'ils durent se séparer et le calvaire reprit pour Tsunayoshi. Il ne cessa de penser aux sextuplés et à ce qu'avait dû être leur vie. Il ne pouvait s'empêcher de se demander s'il y en avait d'autre dans leur cas dans cet endroit. Et il comprenait désormais plus que jamais ce que Mukuro avait pu ressentir, sa haine envers la mafia et ce qu'on lui avait fait. S'il sortait d'ici, il s'occuperait de ça, il se l'était juré. De telles choses ne pouvaient être tolérés. Lorsqu'il se retrouva de nouveau face à eux en salle de combat, il échangea un regard avec Ulysse. L'adolescent semblait toujours libéré du collier, il le sentait mais il savait aussi que pour que cela reste ainsi, il devait faire mine d'obéir et d'être dénué de volonté. Il ne fut donc pas surpris de le voir l'attaquer comme à l'habitude et il ne lui en voulait certainement pas pour ça, au contraire. Leurs geôliers ne devaient pas se rendre compte que son collier ne fonctionnaient plus. Comme promis, il tenta de détruire les colliers des autres et ce jour là, il parvint à en mettre hors jeux deux autres, les deux enfants faisant comme si de rien n'était comme Ulysse à tel point qu'il douta de sa réussite, seul son hyper-intuition lui donnant un indice sur le sujet.

Ce ne fut que lorsqu'il repassa l'arche de son palais mental plus tard, lorsqu'il tomba inconscient, qu'il constata sa réussite. Deux autres des sextuplés avaient rejoint Ulysse dans la salle de fusion mentale. Il put alors rencontrer Zefirino, porteur de la flamme du blizzard et Welia, porteuse de la flamme du givre. Tout deux le remercièrent vivement, serrés contre Ulysse alors qu'ils se retrouvaient avec émotion. Rapidement, Tsuna prit l'habitude de les rejoindre dans la salle de fusion. Chacun avait une arche à son nom et Ulysse avait expliqué que tout ceux qui avaient accès à la salle en avait une qui restait en permanence, un passage entre leurs esprits respectifs et cet endroit hors du monde. Tous pouvaient aller et venir mais il était impossible de passer l'arche d'un autre sans que le concerné ne les emmène lui même vers son propre esprit. Il était aussi possible d'appeler l'un ou l'autre en venant toucher son arche et en lui parlant, envoyant ainsi les paroles dans l'esprit du propriétaire de l'arche. Ulysse avait aussi expliqué que venir ici coûtait de l'énergie et des flammes à chacun. Découvrir ce lieu lui fit du bien, passer du temps avec les jeunes lui fit du bien en un contact humain qui lui manquait terriblement et qui lui changeait les idées. Ulysse disait que leurs geôlier ignoraient tout de cette capacité et Tsuna savait qu'il disait la vérité, son hyper-intuition confirmant, tout trois étaient d'ailleurs d'une sincérité claire avec lui. Il était touché de voir que malgré ce qu'ils avaient subi, ils avaient encore une part d'innocence, de naïveté et de spontanéité de leur âge.

Dés la séance de combat suivante, il mit hors service les colliers des trois derniers, toujours incognito alors que rien ne montrait que leurs geôliers aient remarqué quoi que ce soit. Lorsqu'il retourna à la salle de fusion, il put alors officiellement rencontrer Volturno, porteur de la flamme du mirage, Xenia avec la flamme de l'avalanche et Ymelda détentrice de la flamme de neige qui le remercièrent chaudement et ce fut avec joie qu'il regarda les six qui se retrouvaient avec bonheur, heureux de les voir sourire un peu et retrouver un visage d'enfant un moment. Il se mit à passer du temps avec eux, trouvant du réconfort en leur compagnie. Et il ne pouvait que constater que ses enfants avaient grandi en cage, n'y connaissant rien au monde extérieur et à ce qu'était la vie normale d'un enfant. Pour eux, tuer ne posait pas de problème, comme blesser d'autres alors qu'on ne leur avait pas appris le contraire. Ils ne savaient que combattre, rire ne leur était pas du tout naturel, ils ne savaient pas ce qu'était jouer, ils ne savaient pas ce qu'étaient des bonbons ou des manèges, ils ne savaient pas ce qu'était des feux d'artifices et ils ne savaient pas ce qu'était les câlins ou l'affection. Cela l'attrista au plus haut point et il entreprit de leur expliquer beaucoup de choses de ce genre, les sextuplés très curieux de tout ce qu'il pouvait leur dire sur le monde extérieur.

Parler avec eux lui permis aussi de découvrir les propriétés des flammes d'aurore. La flamme majeure, celle de l'aurore boréale, était le chaos. La flamme du blizzard avait une propriété de dispersion, celle de la neige de pétrification, celle de l'avalanche de purification, celle du givre d'absorption, celle du mirage de réflexion et celle de glace de fusion. Avec les informations des sextuplés, il put bien mieux appréhender ces nouvelles flammes et s'en servir pour continuer à consolider la toile de flammes en lui et stabiliser entièrement le tout, les flammes de l'aurore parachevant l'œuvre. Avec cela, il connaissait les propriétés de toutes ses flammes maintenant. Le ciel avait l'harmonie, la tempête la décomposition, la pluie la sédation, le soleil l'activation, la foudre la consolidation, le brouillard la construction, le nuage la propagation, la nuit la transportation, la terre la pesanteur, le marais la fermentation, la rivière la pénétration, la forêt l'incarnation, la montagne la synchronisation, le désert la réfraction et le glacier la congélation. Cela faisait un panel impressionnant de possibilités.

Passer du temps en secret ainsi avec les sextuplés lui fit un bien fou au moral et cela sembla faire aussi du bien aux jeunes qui redevenaient un peu des enfants avec lui dans ce lieu. Des enfants très particuliers mais des enfants et cela lui faisait plaisir. Cela ne les empêchaient pas de se battre comme des furieux en salle de combat, faisant ce qu'il fallait pour préserver leur secret et Tsuna leur avait dis de ne pas se retenir, ne voulant pas que l'on découvre ce qu'il se passait. Si leur geôlier étaient très attentif à ce qu'il se passait pour le gardien du ciel, ils l'étaient beaucoup moins pour les sextuplé, visiblement très habitué à les contrôler totalement au point de ne pas se douter que cela pouvait changer.

Ces dernier temps, Tsuna avait remarqué une chose qui l'inquiétait. Ses yeux déclinaient doucement. Il savait pourquoi. Il était constamment exposé à une lumière très puissantes, forcé de la regarder en face lorsqu'il ouvrait les yeux dans le laboratoire et cela faisait du dégât. Il voyait moins bien, de moins en moins bien, sa vision se troublant. Si cela le paniquait, il semblait que c'était aussi cela qui lui avait fait développer une nouvelle capacité. Voyant moins bien, il s'appuyait de plus en plus sur tout ses autres sens et il percevait de mieux en mieux les présences et les flammes des autres autour de lui. Que l'on sache s'en servir ou non, qu'elles soient éveillées ou non, tout le monde avait des flammes même très faible et il les sentait de mieux en mieux, cela l'aidant à percevoir les autre autour de lui. Le rayon d'action de cette nouvelle perception grandissait au fil du temps et il apprit rapidement à discerner chaque personne à sa flamme, chacune ayant une énergie unique lorsqu'on regardait de près.

Ce fut peu après avoir libéré les sextuplés qu'on lui expliqua enfin le but final de ce projet dont-il était l'objet central. Pour ne pas changer, on l'avait réveillé de force et il était toujours attaché à cette fichue table de torture, à genoux, les bras tirés en arrière, penché en avant et la tête renversée. Il ne portait plus désormais qu'un short blanc court si on oubliait son masque, son collier, ses liens, les électrodes et les aiguilles. On ne se fatiguait pas à panser ses blessures, les soignant juste sommairement de sorte qu'elles ne s'infectent pas et guérissent lentement sans mettre sa vie en danger.

- « Alors FF-54. » fit l'habituelle voix d'homme dans les hauts-parleurs. « Tu nous as déçu avec les flammes de l'aurore mais tu as toutes les flammes du ciel et de la terre et tu sais t'en servir, ce qui est déjà pas mal. Nous voulions faire de toi le possesseur de flamme le plus puissant au monde et même si ce n'est pas au point que nous espérions, tu l'es quand même devenu largement. Tu sais aussi t'en servir à la perfection et tu te bats admirablement bien maintenant. Les séances de combats t'ont bien entraîné, tu as progressé très vite. Tu pourrais nous remercier. » remarqua-t-il comme faisant la morale à un enfant impoli.

Remercier pour ça ? Tsunayoshi sentit la colère gronder en lui à cela. Comme s'il remercierait un jour pour ce calvaire abominable ! Oui il avait progressé et était plus puissant que jamais mais il n'avait pas vraiment eu le choix. C'était ça ou mourir et il voulait vivre.

- « Nous allons pouvoir passer à la dernière phase de ce projet. Celle où tu meurt. » s'amusa-t-il en le figeant de choc. « Enfin en partie seulement. Tu vas devenir notre arme FF-54 et une arme n'a pas de volonté ou d'esprit. Nous voulons ton corps et ta force, en revanche ton esprit nous est inutile. Il est même très encombrant étant donné qu'avec ta personnalité, nous sommes sûr d'être constamment enquiquinés par ton opposition et tes rébellions. Tu serais gênant. Nous savons qu'il serait impossible de garder le plein contrôle sur toi, tu n'as été que trop habitué à te défendre même mentalement et je dois reconnaître que tu as une sacrée force mentale. Le seul fait que tu ne soit pas encore devenu fou le prouve. » rit-il. « Alors nous allons détruire cet esprit gênant, écraser ta volonté, te briser à l'intérieur. Tu vas mourir mentalement. Et lorsque ton esprit sera en miette, que tu ne seras plus qu'une coquille vide, un bon ami illusionniste prendre le contrôle de ton corps et ta puissance. Tu seras notre pantin et le mieux est que nous aurons accès à ta mémoire alors nous pourrons même faire croire à tes proche que c'est toi en copiant ton comportement normal. Tu nous aidera à prendre le contrôle des Vongola en tant que Decimo puis nous nous attaquerons au reste de la mafia et du monde. Avec ta nouvelle puissance, ce ne sera pas difficile de faire plier les autres par la force s'il le faut. Tu vas nous être extrêmement utile. »

Tsuna resta horrifié à cette annonce, se sentant malade à l'idée de devenir le pantin de ces gens et de faire le mal pour eux malgré lui. Jamais, jamais il ne se laisserait faire. Plutôt mourir physiquement que de finir comme ça et de servir d'arme de la sorte. Il était parfaitement conscient de sa nouvelle puissance et il était hors de question de la laisser dans les mains de ces types là. Quels carnages cela ferait-il naître ? Il n'osait l'imaginer. Non, jamais il ne céderait, il ne pouvait pas.

- « Nous avions besoin que tu gardes ton esprit pour assimiler les flammes. On a déjà essayé sur des coquilles vides, ça ne marche pas malheureusement. Mais maintenant qu'elles sont bien en toi, elles resteront et nous n'avons plus besoin de ton esprit gênant. Il est tant de nous en débarrasser et de terminer ce projet. Tu vas mourir ici. En revanche, ça va faire mal. » ricana l'homme avec amusement. « Cela va faire très mal, tu vas souffrir plus encore jusqu'à te briser complètement. Au plus tu résisteras, au plus ce sera long et pénible. Alors lâche simplement prise, cela sera plus simple pour tout le monde. De toute manière, personne ne te cherche plus, personne ne viendra te sauver et tu es incapables de le faire toi même. Tu nous appartient déjà. »

L'homme pouvait dire ce qu'il voulait, il savait qu'on le cherchait et que ses amis ne le laisseraient pas tomber. Son hyper-intuition confirmait, criant au mensonge à chaque fois qu'on lui disait que personne ne le cherchait, que personne ne voulait venir le secourir. Il était hors de question de céder quoi que ce soit même s'il désespérait déjà de souffrir plus encore. Ce fut à partir de ce jour là que la torture commença. Parce que c'était bien par la torture que l'on comptait visiblement détruire son esprit. À partir de là, son seul moment de paix était lorsqu'il tombait inconscient et qu'il pouvait aller se réfugier dans son ciel mental pour échapper à la douleur. Il pouvait aussi aller voir les sextuplés dans la salle de fusion, cela l'aidant à tenir aussi. Ce fut peu après le début des tortures que les enfants lui demandèrent quelque chose.

- Pourrions nous laisser Amedeo venir ici ? demanda Zefirino.

Il était assis avec eux dans ce qui était désormais un splendide jardin pleins de fleurs, sur une pelouse verdoyante et sous un beau ciel bleu avec un soleil resplendissant et quelques nuages cotonneux. On y trouvait toujours les arches de chacun. Tsuna avait lui même modifié le paysage ici. Possédant lui aussi la flamme de glace, il avait pu lui aussi agir sur la fusion. Ulysse lui avait appris comment faire avec joie. Il avait alors modifié le décor en découvrant qu'il le pouvait. Ulysse avait matérialisé une salle sombre sans rien parce que c'était tout ce qu'il connaissait mais lui avait voulu leur donner autre chose dans ce lieu qui leur permettait d'être relativement libre et en paix. Alors il leur avait fait un beau jardin au soleil avec des arbres et des fleurs qu'ils n'avaient jamais vu. Les sextuplés adoraient et ils passaient désormais beaucoup de temps dans ce lieu mental. Tsuna ne trouvait jamais le jardin vide lorsqu'il pouvait y venir. Il n'y avait qu'ici qu'il parvenait à se calmer et à oublier un peu la douleur.

Il s'était très vite rapproché des enfants, leur parlant de choses du monde extérieur, de jeux, de choses simples et ordinaires. Il leur avait appris plusieurs jeux à leur demande et il adorait les regarder jouer à chat comme des enfants normaux, ou au ballon alors qu'il pouvait aussi matérialiser des objets ici. Il leur avait d'ailleurs créé à chacun de grosses peluches toutes mignonnes. Les sextuplés n'avaient pas su quoi en faire au début, perplexes et il leur avait expliqué. Les enfants avaient découvert le plaisir de serrer simplement les peluches dans leurs bras et ils ne les quittaient plus depuis lorsqu'ils étaient là. Il leur avait aussi fait des vêtements plus colorés, dignes d'enfants de leur âge avec des jeans et des polo plus joyeux. Avec lui, dans ce jardin, ils apprenaient à être de simples enfants et ils s'ouvraient doucement. Leurs visages inexpressifs et froids avaient appris à sourire, à rire, à s'émerveiller et c'était là une victoire qui faisait un bien fou à Tsuna. Il s'était énormément rapproché d'eux et il était avec eux comme avec Fuuta, I-pin ou Lambo, un grand-frère.

- Amedeo ? L'homme qui s'occupe de vous c'est ça ? demanda-t-il.

- Oui. Depuis qu'ils ont durcis les règles des colliers, on ne peut plus lui parler, s'attrista Xenia. On n'a plus le droit de parler dans le monde physique alors on ne peut pas échanger avec lui.

- Lui, il le sait et il continue à nous parler quand même, sourit tristement Ymelda. Il nous soigne, il nous fait manger et boire. Il veille sur nous et il dit qu'il est là et qu'il ne nous abandonnera pas.

Tsuna sourit doucement, touché. Il était curieux à propos de cet homme dont les enfants parlaient souvent, leur repère dans le monde. Mais était-ce prudent de le rencontrer ici, de le laisser voir qu'il pouvait venir dans cet endroit et risquer qu'il devine qu'il avait au moins la flamme de la glace ? Il ne savait pas. Il savait que le tueur à gage connaissait l'existence de cette fusion pour y avoir déjà participé dans le passé. Pourtant, il ne semblait avoir rien dit à ceux qui les retenaient. D'après ce que les sextuplés lui avaient dis, il avait une chance de se faire un allié avec cet homme. Et il avait vraiment besoin d'alliés. Avec la torture qui avaient commencé, c'était aussi le compte à rebours du moment où il craquerait ou mourrait qui s'était déclenché, il le savait. Il ne tiendrait pas éternellement et seul, il le pourrait pas sortir. Cela faisait longtemps qu'il était là et il avait compris que Reborn et les autres auraient peut-être besoin d'un coup de main pour le trouver. Seul, il ne pouvait rien mais peut-être qu'avec un allié... ? Cet homme pourrait peut-être lui donner des informations utiles et s'il tenait autant au sextuplé qu'il le pensait, peut-être pourraient-ils s'entendre. C'était un risque à prendre.

- Ouvre lui si tu veux, ça ne me dérange pas, dit-il en souriant à Ulysse.

Tous le remercièrent en sautillant de joie et il ne fallut pas longtemps à Ulysse pour faire apparaître une arche au nom de Amedeo Glicerio. Il alla y poser sa main :

- Amedeo ? Amedeo tu es là ? C'est Ulysse. J'ai pu recréer une fusion. Tu peux venir ?

Il ne fallut pas attendre très longtemps pour qu'un homme apparaisse. Il était grand et carré d'épaule, très solide. Il devait avoir une cinquantaine d'années environ. Il avait des cheveux noirs grisonnant et des yeux verts. Et il était évident pour Tsuna qu'il était dangereux et fort, il le sentait. Pourtant, son intuition lui disait que son arrivée était une bonne chose et elle ne lui inspirait aucune méfiance. Il se détendit alors un peu, s'amusant de le voir très surpris par le décor dans lequel il déboucha. Toute son attention se porta très vite sur Ulysse debout près de lui et souriant.

- Bonjour Amedeo, salua-t-il joyeusement.

- Bonjour Ulysse, rendit l'homme l'air ravi. Comment as-tu pu recréer une fusion ? Je croyais que le collier t'empêchait d'avoir la moindre forme de communication avec qui que ce soit.

- C'était le cas mais Tsunayoshi l'a cassé quand on se battait, dit-il en montrant le japonais.

Ce ne fut qu'alors que l'homme se rendit compte de sa présence, semblant choqué de le voir là. Ils s'observèrent en silence, méfiant l'un et l'autre et Volturno reprit la parole en accourant vers l'homme avec ses frères et sœurs :

- Tsunayoshi a cassé nos colliers et on a fait semblant de rien pour ne pas qu'on nous en mettent de nouveau. Ulysse a pu recréer la fusion et on a pu revenir ici pour se voir et se parler. Il a pu faire venir Tsunayoshi aussi.

- Je vois, répondit-il en regardant ses protégés. Je suis heureux de pouvoir enfin vous reparler. Comment ça va ?

- Très bien, sourit Xenia. On va bien grâce à toi. On ne pouvait juste pas te le dire, désolé.

- C'est rien les mioches, rit-il en ébouriffant les cheveux de Zefirino devant lui. Vous devez faire attention à ce qu'ils ne remarquent pas que les colliers sont cassés ou ils les changeront tout de suite et vous puniront pour ça. Ils ne doivent pas savoir.

- Ils ne sauront pas on sait bien faire semblant, s'amusa Welia. Et puis ils ne viennent plus nous chercher depuis un moment. On te présente Tsunayoshi ?

Il approuva et il s'approcha du japonais qui le regarda venir.

- Amedeo Glycerio, se présenta-t-il en lui tendant une main.

Tsuna n'hésita pas longtemps à la serrer, sentant qu'il le devait, que cela changerait tout.

- Tsunayoshi Sawada, répondit-il tranquillement. Enchanté.

- Enchanté moi aussi Vongola Decimo, sourit-il.

Si Tsuna voulut le questionner, il ne put le faire, brutalement réveillé de force et aspiré de nouveau vers le monde réel. Il craint un instant que son réveil à cet instant précis eu un rapport avec sa nouvelle rencontre mais cela sembla être une coïncidence et il eut droit à une nouvelle séance de torture en règle. Une torture qui devint constante. On faisait désormais tout pour le détruire. On ne le mettait plus jamais en salle de combat, le laissant attaché sur cette table dans la même position. On avait seulement mis plus de tension dans ses liens, malmenant ses épaules en tirant sur ses bras. Il savait qu'au moindre faux mouvement ou si on tirait un peu plus, on lui déboîterait. La lumière forte qui lui brûlait toujours les yeux n'avait pas été éteinte loin de là alors qu'il faisait glacial dans le labo. On avait diminué le débit d'air passant dans son masque, l'empêchant de respirer correctement et lui donnant l'impression constante d'étouffer, la poitrine brûlante. Et on s'amusait à le torturer de toute les manières possibles. Cela passait par des injections qui causaient des souffrances atroces, par des décharges, par des drogues en tout genre. Il avait parfois des hallucinations, des visions d'horreur totale et la seule chose qui l'empêcher de croire ce qu'il croyait voir était son hyper-intuition lui signalant toujours lorsque ce n'était pas réel. Il y avait tout ça et il y avait les hommes en noirs qui venaient pour des tortures plus... traditionnelles entre coups et blessures en tout genre. Il avait d'ailleurs tellement hurlé dans son masque dernièrement qu'il avait détruit sa voix. Même lorsqu'il tombait inconscient, on ne lui laissait jamais plus de quelques heures de repos avant de le réveiller de force et on le gardait conscient aussi longtemps que possible jusqu'à ce que son corps ne tienne plus. Mais il ne cédait pas.

On tentait aussi de le démoraliser un peu plus en lui repassant la vidéo de la mort de sa mère, en le rabaissant constamment, en lui disant que sa famille l'avait laissé tomber... La mort de sa mère était difficile à affronter mais une autre chose l'avait touché profondément. L'homme des hauts-parleurs lui avait révélé que s'il était là, c'était parce que sa famille l'avait vendu. Il avait expliqué que de très hauts placés chez les Vongola leur avaient permis de l'espionner, leur avaient donné toute les informations nécessaires à son enlèvement et qu'ils s'arrangeaient même pour brouiller les recherches, les informant des avancées pour être sûr que personne n'arrive jamais à lui. Et son hyper-intuition avait confirmé que c'était la vérité. Qui avait pu faire ça ? Bon, il savait qu'il n'était pas forcément aimé de tous chez les Vongola. Reborn lui avait dit que certains désapprouvaient vertement le choix du neuvième de faire de lui le Decimo mais à ce point là ? Au point de lui infligé ça ? Il préférait nettement Xanxus venant l'affronter directement, ça au moins, c'était plus juste et honorable. Mais ça. Il le devait à des Vongola ? Apprendre ça lui avait mis un sacré coup au moral surtout en sachant que les traître en question brouillaient les pistes de ses recherches. Cela expliquait qu'on ne venait pas le chercher. Mais ça confirmait aussi qu'on le cherchait et c'était là le seul réconfort relatif qu'il avait trouvé dans cette révélation. Il ne savait pas d'où cela venait, certainement de gens qu'il ne connaissait pas chez les Vongola. Mais en tout cas, ça ne pouvait pas venir de ses proches, ça, il en était sûr et certain, n'en doutant pas une seconde.

Dés qu'il pouvait, il retournait dans le jardin mental pour y trouver un peu de paix avec les sextuplés et avec Amedeo maintenant. Il avait fait connaissance avec l'homme qui lui avait raconté ce qu'il faisait là. Il avait été embauché longtemps auparavant. On lui avait donné une prime impossible à refuser pour apprendre le combat à des gamins. De l'argent facile pour lui à l'époque d'autant plus qu'on lui avait promis un salaire plus que correct pour ça tout le temps qu'il serait là. Il avait rencontré les sextuplés, appris ce qu'ils étaient, comment ils étaient nés, leur histoire et leurs flammes. Il avait fait leur éducation, leur avait appris à se battre et avec le temps, il s'était grandement attaché à eux au point de les considérer comme ses propres enfants aujourd'hui. Si dés le début il avait été écœuré par ce qu'avaient fait ces gens de ces enfants, il n'avait rien dit. Il avait l'habitude des choses cruelles, faisant parti de la mafia depuis l'adolescence, tueur à gage depuis ses vingt ans, très bon tueur à gage d'ailleurs. Ce n'était pas ses affaires. Il était là pour un boulot point barre. Seulement, il avait fini par s'attacher à eux, profondément. Il savait tout d'eux. Lorsque Ulysse avait crée leur première fusion, il avait gardé le secret sur ce don et profité de cet endroit où personne ne pouvait les espionner pour leur apprendre d'autres choses sur le monde, pour leur donner un peu de douceur même s'il s'avouait de lui même ne pas trop savoir comment s'y prendre, trop habitué à la rudesse d'une vie de tueur à gage solitaire.

Amedeo n'avait pas de famiglia attitrée, il prenait les contrats intéressant qu'on lui proposait un peu partout mais cela faisait maintenant des années qu'il était sur celui-ci. Il était désormais en charge des sextuplés, de leur entraînement et de leur vie quotidienne. Et il faisait tout pour les préserver et veiller sur eux du mieux qu'il pouvait. Il ne savait en revanche rien de ce qu'il se passait d'autre dans cette base, n'ayant pas accès aux informations, tout étant soigneusement compartimenté ici. Il savait juste qu'on y faisait des expérience sur les flammes et il savait que le Decimo Vongola avait été enlevé et retenu là. Il n'était encore ici que parce qu'il ne pouvait laisser les six à leur sort. Tsuna avait senti en lui un homme sincère et honorable bien que d'apparence rude et froide. Il disait n'avoir aucun principe comme tout bon tueur de la mafia pourtant, il en avait tout de même beaucoup. Il s'abstenait seulement de le montrer. Il avait pu lui donner pas mal d'informations. On avait visiblement durci les règles des sextuplés peu avant son arrivée. Le projet de leur geôlier était visiblement de faire du gardien du ciel un porteur de flamme d'aurore boréale pour pouvoir plus tard le mettre à la tête des sextuplés comme un boss avec la flamme majeur. Quand ils auraient pris le contrôle sur lui. Ils auraient été ses gardiens des flammes de l'aurore. C'était pour ça qu'ils étaient dans la même base.

Il avait appris qu'ils étaient en Italie et ironiquement, juste à côté d'un territoire Vongola. Quelque part, c'était logique, on chercherait moins dans ce genre d'endroit. Ils étaient dans une base souterraine très bien cachée. Impossible à trouver si on ne savait pas où elle était. Une base bouclée entièrement depuis qu'on l'avait amené là. Personne ne rentrait et personne ne sortait depuis. Personne à l'intérieur ne pouvait avoir de contact avec l'extérieur. Personne hormis le Professeur dirigeant la base et il n'avait une ligne de contact qu'avec une seule personne : l'homme des hauts-parleurs. Le ravitaillement se faisait toujours à l'improviste de manière irrégulière. Et pour ça on utilisait un sas dont les portes blindées ne pouvaient être ouvertes que par reconnaissance biométrique par le Professeur à l'intérieur et par une personne unique totalement inconnue à l'extérieur. Un sas programmé pour ne pas s'ouvrir si un extérieur essayait d'entrer ou un résident tentait de sortir. Seul les marchandises pouvaient circuler. C'était là la seule entrée de la base. Personne n'était autorisé à utiliser son vrai nom avec les autres dans la base et Amedeo ne connaissait les véritables identités de personne, pas même de ceux qui l'avaient embauché. Il disait que ceux qui s'en prenaient à lui étaient très forts, très prudents et très doués pour se protéger et se cacher.

Tsuna avait été surpris que l'homme lui dise tout cela et lui avait demandé pourquoi. Amedeo avait haussé les épaules, disant que tout ce qui l'importait aujourd'hui était de protéger les enfants, qu'il était dégoutté par tout ce qu'il avait pu voir et entendre ici et qu'il ne se voyait pas aider ces gens. Il était pris au piège lui aussi. Il savait que le groupe qui l'avait embauché ne le laisserait jamais partir si ce n'était les pieds devant. Visiblement, ils tuaient sans concession tout ceux qui avaient la moindre informations sur eux et dont-ils n'étaient pas certains. Ils ne laissaient personne partir. Amedeo le savait, il était aussi prisonnier qu'eux bien que dans d'autres conditions. Il avait rapidement lié une relation de confiance et d'amitié avec l'homme, encouragé par son hyper-intuition et il avait commencé à entre apercevoir une possibilité de s'échapper. Il n'avait désormais plus le temps, déclinant de jour en jour sous les tortures. Il avait été choqué d'apprendre que cela faisait plus d'un an maintenant qu'il était là.