Yo ! Cet OS est écrit dans le cadre de la Nuit du FoF sur le thème Gras. Je ne sais pas trop si je reviendrai sur ce recueil un jour ou non, mais sûrement seulement pour du fluff, comme ici.

Plus lourd et plus léger

C'est plus doux, plus rond. Des angles coupants qui s'assouplissent.

Ce n'est pas que Chat Noir, qu'Adrien ait jamais été tranchant — juste, la lame de douleur qui parfois transperçait sa gorge se fait plus petite. Marinette n'ose pas tant, penser que c'est grâce à elle, mais quand elle entre dans un Jardin Secret qui sent la soupe de potimarrons, quand le sourire est chaud et indéniablement dirigé vers elle, elle accueille, elle accepte. Quand il lui dit « Merci », quand il s'affale sur le canapé-lit et qu'elle lui tend une couverture et qu'il demande « Qu'est-ce que je ferais sans toi ? ».

C'est moins forcé, voilà. Ça a l'air, récemment, plus facile. Parce qu'Adrien a toujours été doux, et maintenant, il n'y a plus d'amertume à ravaler avant de parler. C'est plus confortable — et son épaule, aussi. La joue pressée contre, Marinette se gorge de son odeur, et elle remarque. Alors elle lève les yeux vers lui, aussi, et son visage a perdu de ses angles, et il a l'air plus jeune. Elle passe le doigt le long de sa mâchoire, l'enfonce dans le gras de sa joue. Il se tourne vers elle, elle se rappelle qu'ils étaient en train de regarder quelque chose. Un épisode, et puis retour en patrouille. Il attend, pupilles grandes de plaisir et de curiosité, qu'elle explique.

Elle ne sait pas comment le dire. Le costume de Chat Noir ne laisse plus tant voir des muscles dessinés, son T-shirt habituel le moule plus qu'avant, elle veut lui dire qu'elle est contente de le voir prendre du poids, elle ne sait pas s'il l'accepterait comme un compliment. Il est quelques kilos de gras plus lourd, quelques tonnes d'angoisses plus léger.

Au lieu d'expliquer, elle pose une main sur chacune de ses joues et l'embrasse. Elle rêve peut-être mais elle croit que même ses lèvres sont plus douces, plus pleines.

Voilà. Plein. Sur ce chemin, en tout cas. Là où il y avait un creux, un vide, lentement, ça se remplit.

Elle pose son front sur le front d'Adrien.

Elle prend le temps de soupirer, de respirer ce moment comme un instant de grâce. Il ne dit rien non plus. Ça suffit. Pour une fois, enfin, enfin, c'est suffisant.