Avant-propos : Sans prétention aucune, je commence une nouvelle petite histoire. Inspiration par une nuit d'insomnie au lieu de réviser mon concours. Voyons où cela va me mener. Il s'agit d'une histoire courte (20 chapitres + quelques bonus) autour du personnage de Law et de sa psychologie. C'est aussi, et avant tout, un hommage à chaque membre de l'équipage, et aux relations qu'ils entretiennent entre eux.
Rating : M à partir du chapitre 6.
Disclaimer : Tout appartient à Eiichiro Oda.
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Valsons, valsons sans fin
1. Sanji
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Law a une place de choix comme observateur, sur le Sunny. Prisonnier dans son silence, froid comme une nuit sans lune, sans neige. Quand il le décide, personne ne le voit. Il est là, l'homme dans le coin sombre, qui regarde sans juger. Et il aime observer cet équipage, ces petits moments de complicité, précieux, cette douceur qu'il intercepte du coin des yeux, qu'il devine. Il les connaît bien, maintenant, cette bande de joyeux lurons. Il ne se doute pas, pourtant, qu'ils le connaissent encore mieux.
Il pleut. Il fait nuit. Law est sur le pont, il attend son dealer, le marchand de sable, qui lui a encore posé un lapin.
« Mets au moins ta capuche, tu veux choper la crève ? »
Sanji la lui rabat avant qu'il n'esquisse le moindre geste. Il tient deux tasses, et il lui en tend une.
« Tisane. Fais pas cette gueule, ça fait dormir. Tu bois, et au lit ».
Law grimace quand même, pour la forme. Ça le fait doucement sourire, quand Sanji-ya joue à la maman. Il glisse un merci, que le cuistot balaie d'un geste vague de la main. Il cherche quelqu'un du regard, trouve le cactus endormi sous la pluie - tch, ces bêtes là c'est censé rester au sec - et le rejoint à grandes enjambées.
Law le suit du regard, prêt à l'escarmouche. Ça ne manque pas, et la ferme cuistot de mes deux, et je vais te faire sécher façon mamie Tsuru si tu t'obstines, l'algue engorgée. Ça sort des sabres, ça flambe des jambes. Le chirurgien sourit pour lui même, il va se détourner et les laisser à leur confrontation quotidienne quand soudain, un rire.
C'est clair, ça semble hors de propos, dans la nuit froide et pluvieuse. Ça se tait aussitôt.
« Tu chantes pour moi, comme hier ? » C'est un murmure. L'autre répond quelque chose, Law n'est pas sûr, il y a une insulte qui fuse, et un rire aussi. Les deux ne se battent plus, on dirait. De là où il est, le chirurgien voit disparaître la silhouette du blond derrière le dos massif de l'épéiste. Ils se font face. Le vert se penche, chuchote. Law n'entend rien, mais c'est sourd, profond. C'est un bourdonnement continu, et ça a l'air doux. Les deux corps se balancent doucement, le blond attrape la taille de l'épéiste, noue leurs deux mains ensemble. Le bourdonnement s'arrête.
« Je vais pas chanter et jouer la gonzesse, en plus.
— T'es con, je vois aucune gonzesse, là ».
Zoro détourne le regard, mais Sanji reprend son mouvement de balancier, les fait tourner sur eux-mêmes, chante un peu plus fort. Ça parle de pluie, de valse, de protection. Il n'entend pas tout, mais Law reconnaît cette comptine de North Blue. Ça lui retourne l'estomac, et il ne sait pas si c'est un poids qui s'ajoute ou dont on le libère. Quoiqu'il en soit, il se lève, finit cul-sec sa tasse – santé, Lami ! - et part rejoindre ses quartiers. La comptine l'accompagne jusque dans son sommeil.
Ce n'est que le début d'une longue agonie, ou d'une rédemption.
