Blabla de l'auteure :

Bonjour !

Cette histoire, est assez explicite et ne convient pas à un lectorat de moins de 18 ans, ni à ceux qui n'aiment pas lire de cochonneries.

Ce n'est pas que du porno, évidemment, il y a une intrigue (un peu), mais le ton général de la fic est assez mature, langage ordurier, violence physique, propos grossiers, lemon. Bref, vous êtes avertis.

Publication deux fois à trois par semaine !

Bonne lecture. (Il reste sans doute quelques petites fautes qui ont échappé à ma vigilance, désolée !)

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Scène 1

Sasuke Uchiha ouvrit sa porte d'entrée d'un geste brusque et baissa le regard vers le jeune homme qui se tenait sur son seuil.

Cela faisait plus d'un mois qu'il vivait dans ce trou du cul du monde sans y avoir reçu la moindre visite importune. Et il n'était pas ravi que cela change.

Au cours de la dernière heure, la pluie avait redoublé de violence, le vent atteignant des kilométrages inquiétants, les nuages assombrissant la ville, éclairée sporadiquement par les éclairs d'un tonnerre rugissant. Il avait presque cru que c'était la fin du monde, à un moment où les murs de sa vieille bicoque avaient tremblé particulièrement forts. Les risques d'inondations et d'éboulement n'avaient jamais été aussi accrus. Personne ne serait assez fou pour s'aventurer dans ces montagnes par un temps pareil.

Alors qui pouvait être ce jeune homme trempé de la tête aux pieds, et de surcroit, qui ne portait même pas de manteau ?

« J'espère que vous vous êtes égaré », lança-t-il d'un ton bourru.

« Je… j'ai eu un accident », balbutia l'inconnu.

Sasuke leva un sourcil peu convaincu.

« Un accident ? Montrez-moi vos papiers », exigea-t-il.

Le jeune homme lui rendit son regard perplexe.

« Pardon ? »

Perdant le peu de patience qu'il ne possédait pas, Sasuke ouvrit la bouche pour exiger de cet hurluberlu qu'il dégage de sa propriété, mais c'est alors qu'il remarqua l'expression hagarde de ses yeux bleus, les frissons qui secouait son corps transi et le claquement agressif de ses dents.

À cet instant, une bourrasque de vent glacé balaya le porche de la cabane, faisant légèrement vaciller l'homme sur ses jambes. Heureusement, il sembla se ressaisir et repoussa les longues mèches de cheveux blonds plaquées sur son visage.

Proférant une flopée de juron dans sa barbe, l'Uchiha l'attira à l'intérieur. Il claqua la porte derrière lui, puis considéra son invité inopportun avec une irritation teintée de méfiance. Les bras resserrés autour de sa taille, trempé jusqu'aux os, ce dernier tremblait comme le dentier de sa grand-mère.

« Je… j'aurais juste besoin d'utiliser votre téléphone », dit l'homme d'une voix si faible que Sasuke dut tendre un peu l'oreille.

Le voyant chanceler de nouveau sur ses jambes, il le retint instinctivement d'une main ferme.

« J'aimerais juste… me servir de votre téléphone », insista l'inconnu avant de s'affaisser contre lui, à moitié conscient.

Au contact de ses vêtements détrempés contre les siens, Sasuke sentit un froid glacé le pénétrer. Il fit alors la seule chose en son pouvoir : il mit de côté son instinct et ses réticences, souleva le jeune homme dans ses bras et le porta en hâte jusqu'à la salle d'eau.

Il fallait réchauffer ce type au plus vite. Il était clairement en état de choc et souffrait d'hypothermie. Son interrogatoire n'aurait plus de sens s'il leur claquait entretemps entre les doigts.

Sasuke assit donc son mystérieux visiteur sur le couvercle des toilettes, lequel tremblait à présent de manière incontrôlée, et tout en continuant de le maintenir en équilibre, il lui retira ses chaussures de montagne et ses chaussettes, sans que l'homme paraisse s'en rendre compte. Ensuite, il alla tourner le robinet d'eau chaude de la douche.

« Bon. On va tâcher de vous réchauffer », lui annonça-t-il.

S'il l'entendit, le jeune homme n'eut aucune réaction.

De doigts assurés autour de son bras, Sasuke le soutint jusqu'à la douche. Au moment où il sentit l'eau l'asperger, l'homme tressaillit violemment, retomba contre la paroi translucide de la cabine et avant que Sasuke ne puisse le retenir, il s'affala sur l'émail du bac, le jet puissant se déversant directement sur son visage.

« Bon sang ! », grommela Sasuke.

Il se pencha et tenta de relever le jeune homme, qui gémit et se recroquevilla davantage sur lui-même. Baragouinant un autre chapelet de jurons, Sasuke fut contraint d'entrer tout habiller dans la cabine de douche et de le redresser comme s'il était une poupée de chiffons.

« Il faut que vous ôtiez vos vêtements », dit-il, tout en sentant l'eau chaude transpercer le tee-shirt miteux qu'il portait.

Avec obéissance, l'inconnu défit le premier bouton de sa chemise d'une main engourdie et maladroite. Et à l'allure où ça allait, il parviendra à se dévêtir d'ici l'hiver prochain. Sasuke comprit alors qu'il allait devoir l'y aider et étrangement embarrassé à cette perspective, il se rabroua violemment. En trente-quatre années de vie, ce ne serait pas la première bite qu'il verrait.

Malgré tout, ses dents étaient serrées d'exaspération. Il regrettait déjà d'avoir ouvert la porte à ce gêneur. Soufflant, il écarta vivement les mains de l'intrus et entreprit de défaire lui-même les autres boutons de la chemise à flanelle.

Une action qui parut conférer un semblant de lucidité au jeune homme blond qui releva sur lui un regard plus consterné que confus. Quoi que son esprit embrumé s'imaginait, cela ne s'annonçait pas soap opéra mais plutôt triller psychologique, puisqu'il eut soudain un brusque mouvement de recul, dévisageant Sasuke avec stupeur.

« Qu'est-ce que vous faite ? » demanda-t-il d'un ton alarmé en agrippant ses mains des siennes, toujours tremblantes.

Ignorant son effarouchement, Sasuke découvrit non sans horreur la dilatation asymétrique de ses pupilles bleues. Cet homme était atteint d'une commotion cérébrale. Diable. Pourquoi ne l'avait-il pas constaté plus tôt ? Il en connaissait pourtant les symptômes. Il découvrit un hématome sur sa tempe gauche, qu'il effleura d'un doigt prudent.

À ce contact, le jeune homme s'écarta de lui avec une grimace. Mais Sasuke eut le temps de sentir la grosseur impressionnante de la bosse qui s'y était formée.

« Il faut vous débarrasser au plus vite de ces vêtements », expliqua-t-il du ton le plus patient qu'il avait en réserve. « Et vous réchauffer. »

Sur ce, il reprit d'autorité l'ouverture de la chemise. À son grand soulagement, son invité surprise laissa retomber ses mains le long de son corps sans plus protester.

« Merci », murmura-t-il.

Sasuke ne répondit pas, les mâchoires toujours contractées. Il était loin d'être enchanté à l'idée qu'on soit venu frapper à sa porte, perturbant ainsi le semblant de tranquillité qu'il avait trouvé, niché au cœur de ces montagnes. Cependant – même si lui porter secours risquait de s'avérer une erreur -, il ne pouvait pas non plus jeter ce garçon dehors et le laisser mourir de froid. Il avait encore une conscience.

Pendant qu'il bataillait avec les boutons qui semblaient ridicules entre ses grandes mains, une épaisse vapeur s'était accumulée dans la cabine de douche. Sentant la sueur perler à son front, Sasuke se débarrassa en hâte de son propre tee-shirt. Il détacha le dernier bouton de la chemise de son mystérieux hôte avant de saisir l'ourlet du maillot de corps blanc porté en dessous et l'homme l'aida spontanément en levant les bras. Sasuke fit glisser l'habit par-dessus la masse de cheveux blonds… et le vêtement lui échappa brusquement des mains, tandis que son regard se rivait sur la poitrine dénudée. Au spectacle des muscles fins et définis qu'il l'accueillit, il éprouva le désir insensé d'embrasser l'une des pointes brunes des tétons qui se dressaient dans la chaleur de la pièce.

Avec l'impression d'avoir une enclume dans la gorge, Sasuke força son regard à remonter vers le visage de l'inconnu et découvrit que celui-ci l'observait, les paupières mi-closes et les lèvres entrouvertes.

L'Uchiha se surprit de nouveau à le désirer de manière aussi violente qu'incompréhensible, jusqu'à ce que l'homme murmure :

« J'ai tellement froid… »

Quel sale pervers il était, se fustigea Sasuke. Convoiter un inconnu blessé, vulnérable et probablement hétéro était indigne de tout gay qui se respectait. Indigne de lui.

Avec raideur, il se détourna et affirma d'un ton sec :

« Vous pouvez terminer de vous déshabiller seul. »

Il s'apprêtait à sortir de la pièce, espérant que s'éloigner lui permettrait de recouvrer le contrôle de ses envies, mais il entendit l'homme pousser des soupirs frustrés alors qu'il bataillait avec son jean mouillé.

« Je n'y arrive pas », se lamentait-il, dédaignant le fait que Sasuke refusait toujours de se retourner.

Même le regarder était douloureux.

Franchement, Cette situation était ridicule. On se croirait dans un mauvais porno ! Il avait trente-quatre piges, pas seize ! Certes, à part si on avait des tendances zoophiles, on ne pouvait pas dire que les rencontres étaient ce qui pullulaient dans ce coin perdu, mais il avait une relation agréable et saine avec sa main droite. Il avait fait la paix avec sa solitude et il avait vu plus que sa part de séduisants hommes nus dans sa vie. Qu'avait donc celui-ci de si particulier ?

Ses yeux croisèrent le regard suppliant de l'inconnu.

« Je suis désolé », bafouilla l'intéressé, avant de s'effondrer une nouvelle fois contre la paroi de la cabine.

Sasuke prit une profonde inspiration. S'il avait été du genre à croire en Dieu, il aurait imploré une intervention divine pour l'aider à en finir avant de perdre la tête pour de bon. À la place, il entreprit de faire descendre le jean de l'homme le long de sa peau toujours glacée. Effroyablement, au contact de ce corps engourdi, il sentait le sien se réchauffer davantage à chaque instant. Et à mesure que ses mains glissaient le long des hanches étroites, puis des cuisses musclées et des jambes interminables du jeune homme, il sentit sa queue durcir de façon inopportune.

Exaspéré, Sasuke tira d'un coup sec sur le vêtement et l'abaissa jusqu'aux chevilles de l'inconnu, en même temps que son boxer. Il évita de regarder le triangle de boucles blondes entre ses cuisses. Mais ajoutant à son supplice, l'homme appuya ses mains contre lui afin de dégager ses pieds du tissu mouillé.

« Merci », marmonna-t-il lorsqu'il y parvint enfin.

Au même instant, il ferma les yeux et vacilla une fois de plus en arrière. Sachant que l'eau chaude viendrait bientôt à manquer, Sasuke enserra fermement la taille de son étrange visiteur. Puis il plaça son dos directement sous le jet et le maintint contre lui afin qu'il se réchauffe efficacement.

À la sensation de la chaleur de son corps souple pressé contre son torse dévêtu, il réprima un grognement.

Bon sang. Ce jeune homme en apparence désarmé allait finir par avoir sa peau.

S'interdisant d'en profiter plus que nécessaire, s'interdisant même de respirer, il les fit demeurer immobiles dans la cabine exiguë, saturée de vapeur, jusqu'à ce que son 'protégé' ait cessé de trembler comme un possédé.

Satisfait de la température à présent stable de l'homme, Sasuke ferma le robinet et le guida hors de la douche. Puis, sans qu'aucun d'eux ne prononce un mot, il l'aida à se sécher, se concentrant sur sa tâche plutôt que sur la soyeuse peau bronzée exposée.

Tout en refusant d'admirer les courbes à la fois fermes, musclées et gracieuses de son corps, il essora ses longs cheveux blonds dans une serviette. Il ne voulait surtout pas voir à quel point il était beau, avec sa silhouette de mannequin, ses épaules larges, sa taille étroite, sa crinière de feu et ses grands yeux si bleus qu'on aurait dit qu'il portait l'immensité du ciel dans son regard.

Pour finir, Sasuke enroula une serviette sèche autour de l'inconnu et en assura la tenue. Après quoi, il essuya rapidement son propre torse et ses bras.

« Merci. », murmura de nouveau le jeune homme en ébauchant un sourire plein de dents blanches. « J'ai beaucoup moins froid, maintenant. »

Comme si prononcer ces mots l'avait essoré de toute énergie, il ferma les yeux et chancela en arrière. Les dents serrées, Sasuke le souleva à nouveau dans ses bras et le porta jusqu'à sa chambre. Il l'assit au bord du lit, puis fouilla les tiroirs de la commode, dont il sortit un épais sweat-shirt. Il revint vers le jeune homme, l'observant avec circonspection.

« Levez les bras », lui intima-t-il de son éternel air bourru.

Le blond obtempéra et Sasuke regretta ses paroles au moment où la serviette s'ouvrit une nouvelle fois sur ses abdos et ses mamelons caillouteux.

Grommelant dans sa barbe, il l'aida à glisser ses bras dans le vêtement, et enfonça l'encolure du sweat-shirt sur sa tête avec un peu plus de force que nécessaire, lui arrachant une grimace lorsque le tissu appuya sur l'hématome qu'il avait à la tempe.

« Désolé… », marmonna Sasuke, embarrassé par ses propres réactions effarouchées.

Il était un imbécile. Il lui avait fait mal. Simplement parce qu'il ne parvenait pas à le garder dans son pantalon.

Soufflant de frustration, il le reprit en hâte dans ses bras afin de l'allonger sur le lit. Lorsque le jeune homme laissa aller sa joue contre son torse, Sasuke sentit les battements de son cœur s'accélérer curieusement.

Bon sang, que lui arrivait-il ? Jamais un simple contact ne l'avait à ce point bouleversé.

Secouant la tête dans le but de se ressaisir, il emmitoufla son invité malvenu sous une pile de couvertures avant de se diriger d'un pas excédé vers le salon. Il monta le thermostat du chauffage et ajouta plusieurs bûches dans la cheminée.

Il revint vers la chambre où il leva les stores afin de laisser entrer le soleil qui perçait enfin à travers les nuages. La pluie avait cessé, mais la météo avait annoncé que la température ne dépasserait pas zéro degré aujourd'hui.

Les mains sur les hanches, Sasuke se tourna de nouveau vers le lit, les sourcils froncés à l'adresse de la forme qui y était étendu paresseusement. Combien de kilomètres son mystérieux visiteur avait-il pu parcourir par ce froid, avant d'apparaître sur le seuil de sa porte ?

C'était fondamentalement un miracle en soi qu'il soit toujours en vie, vu comment les éléments s'étaient déchainés ces dernières heures.

Dès qu'il fut certain que l'homme s'était assoupi, Sasuke ôta son propre jean trempé et enfila des vêtements secs. Il sorti et prit sa voiture, avec l'intention de rechercher le véhicule de son protégé. Il voulait vérifier son histoire d'accident car même s'il paraissait inoffensif, l'Uchiha n'allait pas baisser inconsidérément sa garde à cause d'un joli minois. Fût-il en détresse.

Si ce type était réellement venu chercher du secours auprès de lui de manière fortuite, il n'avait rien à craindre. Sasuke s'engageait à veiller sur lui le temps qu'il se repose un peu. Ensuite il le conduirait jusqu'à Taki City et le déposerait devant un hôpital afin qu'il y reçoive les soins nécessaires.

En revanche, si son histoire se révélait fausse ou s'il découvrait le moindre indice suspect le concernant… ce serait d'un croque-mort dont il aurait besoin.

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Naruto ouvrit lentement les yeux et fixa un long moment le plafond sans bouger.

La première chose qu'il enregistra, ce fut la douleur. Tout son corps lui faisait mal, en particulier sa tête. Il se sentait étrangement lourd et sa bouche était si sèche qu'il parvenait à peine à déglutir.

Le soleil qui affluait dans la pièce lui agressa les yeux, mais sa caresse sur son visage était agréable. Il était si fatigué, et tout était si calme qu'il fut incapable de déterminer s'il rêvait encore ou si c'était la réalité. Peut-être valait-il mieux qu'il se rendorme, parce qu'il avait tellement, tellement mal.

Ses paupières se refermaient d'elles-mêmes au moment où une voix masculine le fit se raidir :

« Comment va votre tête ? »

Naruto soubresauta si fort qu'il manqua tomber du lit. Il tourna la tête à droite, en direction de la voix, et une douleur fulgurante le transperça.

En plus de la souffrance atroce qui parcourrait chacun de ses muscles, il devait certainement aussi avoir des hallucinations.

Car un homme l'observait, assis sur une chaise, à quelques centimètres de l'endroit où il se tenait allonger. Son visage lui sembla vaguement familier et en même temps, confusément, il n'avait pas l'impression de le connaître.

Il observa ses traits anguleux, ses cheveux de jais, ses yeux noirs d'obsidienne. Même assis, il paraissait grand. Et il était exceptionnellement beau.

Quoi qu'il en soit, il ne parvenait pas à mettre un nom sur ce visage. Que lui avait-il demandé déjà ? Ah oui… comment allait sa tête ?

« Je… », commença-t-il d'une voix rauque. Il s'éclaircit la gorge. « Elle me fait très mal. »

« Je crois que vous avez une commotion cérébrale. Je vais vous conduire à l'hôpital », décréta l'homme d'un ton sec.

Cette perspective semblait loin de le réjouir. Naruto décela même une nette hostilité dans son regard. Il se redressa péniblement dans le lit en se demandant s'il avait donné des raisons à cet homme de lui en vouloir. Malheureusement, ses réflexions ne firent pas long feu, alors que la pièce se mit à tourner autour de lui.

Envahi par la nausée, il enfouit sa tête dans ses mains et murmura avec trouble :

« Où suis-je ? »

« Vous ne savez pas où vous êtes ? », demanda l'autre homme avec une méfiance manifeste.

Naruto s'efforça de réfléchir à la question, sans pouvoir fournir de réponse. Elle finit par lui apparaître avec une clarté agressive : Non. Il n'avait aucune idée de l'endroit où il se trouvait. Son esprit était vide, comme la représentation de ce qu'il avait d'un trou noir. Le néant complet.

Se rendant compte qu'il n'avait toujours pas répondu, il secoua la tête à l'adresse de son interlocuteur, réveillant encore une fois la douleur qui y sommeillait.

« Votre permis de conduire a été délivré à Konoha », ajouta l'homme mystérieux, d'un air toujours aussi sceptique, si Naruto en croyait ses sourcils qui refusaient de se défroncer. « Est-ce là que vous résidez ? »

Au lieu de répondre, il laissa son esprit analyser les informations.

Konoha ? Résidait-il à Konoha ? Il devait pourtant le savoir. Enfin, si ses papiers en attestaient, alors c'est que ça devait forcément être vrai.

« Oui », finit-il par acquiescer, à défaut d'une meilleure réponse.

L'homme le fixa longuement, d'un regard scrutateur qui le mit mal à l'aise.

« Qui… êtes-vous ? », s'enquit alors Naruto d'un ton hésitant.

« Comment vous appelez-vous ? », repartit l'inconnu, sans tenir compte de sa question.

« Pardon ? »

Qu'est-ce que c'était, cette question bizarre ? Ce type venait de consulter son permis de conduire. Il devait manifestement connaître son nom. Et, visiblement, après avoir observé une nouvelle fois la pièce autour de lui, il comprit qu'il se trouvait dans une chambre. Sa chambre. Il devait donc forcément savoir qui il était. Mais sans doute trouvait-il amusant de le taquiner. Eh bien, Naruto n'avait pas vraiment envie de jouer. Il avait bien trop mal à la tête pour ça.

« Dites-moi votre nom », répéta l'homme d'un ton sévère.

Naruto ouvrit la bouche, sans qu'aucun mot n'en sorte. Il fronça les sourcils de confusion. Son nom… quel était son nom ? La panique s'insinua dans ses veines quand cette nouvelle sensation de vide l'accueillit. Personne n'ignorait son propre nom. Qu'est-ce qui lui arrivait ?

Rejetant brusquement ses couvertures, il se leva trop vite et retomba assis au bord du lit. Dès que le vertige qui s'était emparé de lui s'estompa, il se redressa de nouveau – avec un peu plus de lenteur, cette fois.

« Je dois m'en aller », dit-il aussi calmement que possible.

Il fallait qu'il quitte cette maison au plus vite. Qu'il échappe à cet homme et à ses questions étranges. Alors il se concentra sur le fait de poser un pied devant l'autre, espérant qu'il parviendrait à être loin d'ici avant de s'effondrer de fatigue.

« Vous vous prénommez Menma », déclara soudainement l'inconnu.

Naruto écouta la sonorité de ce mot, tout en faisant un autre pas en direction de la porte. Menma. Ce prénom ne lui rappelait rien, mais puisqu'il figurait sur son permis de conduire, ce devait être le sien.

« Oui, c'est cela », opina-t-il.

C'est alors qu'il sentit son bras être emprisonné dans une prise mortelle, un regard noir le fixant méchamment.

« Dans ce cas », commença l'inconnu avec une lenteur calculée. « Pourquoi le prénom qui apparaît sur votre permis est-il Naruto ? »

Bouche bée, le blond se trouvera pétrifié par une terreur sourde. Comment ce type avait-il pu se lever aussi vite et aussi furtivement ? Et pourquoi lui serait-il le bras si fort ?

« Je… je ne sais pas », bafouilla-t-il, étreint par une peur grandissante.

Avec gravité, l'inconnu sortit un document plastifié de sa poche et le lui plaça dans la main.

C'était un permis de conduire.

« C'est bien vous, n'est-ce pas ? », dit-il en pointant son index sur une photographie. « Naruto Uzumaki. »

Le jeune homme baissa les yeux sur le cliché et s'efforça de se concentrer. Comprenant subitement qu'il ignorait à quoi ressemblait son visage, il sentit une peur proche de l'hystérie le saisir. Comment pouvait-il ne pas connaître sa propre image ?

Il se dégagea de l'étreinte de l'autre, se précipita jusqu'au miroir de la penderie et y scruta son reflet. Cette fois, il eut du mal à retenir le cri d'horreur qui montait en lui. Les mains tremblantes, la gorge serrée, il examina l'homme qui se réfléchissait dans la glace. Il découvrit des cheveux blonds, des yeux bleus, un visage au teint hâlée. Il considéra une fois encore la photographie agrafée sur le permis de conduire. Il s'agissait bien de la même personne. Naruto Uzumaki.

Naruto. Ce prénom-ci sonnait déjà plus juste.

« Je vais chercher vos vêtements », intervint la voix de l'homme brun, le faisant sursauter. « Ils devraient être secs. Dès que vous serez habillé, je vous conduirai à l'hôpital le plus proche. »

Il avait presque atteint la porte lorsque Naruto l'interpella.

« Attendez. », grinça-t-il, regardant l'autre homme se retourner. « Comment se fait-il que j'ignore mon propre nom ? Est-ce que je suis malade ? »

La panique lui serrant la poitrine, il laissa échapper son permis de conduire et s'appuya d'une main contre la penderie.

« Apparemment, vous avez eu un accident de voiture », lui expliqua son vis-à-vis après une brève hésitation. « Votre véhicule a dû heurter un cerf, et je pense que vous avez reçu un coup à la tête au moment de l'impact. » Il haussa les épaules. « Les médecins vous en diront plus à l'hôpital. »

Abasourdi, Naruto l'observa sortir de la chambre. Il promena les yeux autour de lui, espérant qu'un détail de la pièce lui paraitrait familier. Remarquant une porte ouverte sur ce qui semblait être une salle d'eau, il s'y dirigea péniblement. Après avoir trouvé un peigne sur la tablette, il entreprit de démêler les nœuds de ses cheveux, avant de s'immobiliser pour encore inspecter ses traits dans le miroir.

« Naruto », murmura-t-il, testant les syllabes sur sa langue, souhaitant y déceler une familiarité.

Il avait tout à fait une tête à s'appeler Naruto, non ?

Lorsqu'il fut à peu près satisfait par l'aspect de sa chevelure, il regagna la chambre et découvrit que s'il ne se déplaçait pas trop vite, les vertiges s'apaisaient. Le mystérieux homme l'attendait au centre de la pièce et il avait déposé une pile de vêtements, qui apparemment étaient les siens, sur le lit.

« Plus vite vous vous préparerez et plus vite vous recevrez les soins nécessaires », lui dit-il d'un ton bougon.

« Merci », répondit Naruto.

Il s'approcha du lit et inspecta le jean, le boxer, les chaussettes, le maillot de corps et la chemise froissée qui s'y trouvaient. Etait-ce le genre de choses qu'il aimait porter ? Un autre mini épisode de panique le saisit comme il découvrait qu'il n'en avait aucune idée.

En entendant la porte se fermer, il leva les yeux, se découvrant seul dans la chambre. Soupirant, il enfila le boxer, les chaussettes, le jean, le débardeur. Puis il considéra la chemise froissée. Au final, il préféra plutôt remettre l'épais sweat-shirt qui sentait le bois d'oud qu'il venait d'enlever.

Après cela, il s'assit au bord du matelas et mit les chaussures de montagne laissées par son hôte sur la descente de lit. Il alla ramasser son permis de conduire et l'enfouit dans la poche arrière de son jean. Il considéra une dernière fois son reflet dans le miroir et rassembla son courage. Un médecin saurait certainement expliquer la raison pour laquelle il ignorait qui il était, n'est-ce pas ?

Tout irait mieux dès qu'il aurait atteint l'hôpital, se persuada-t-il.

Sa détermination raffermie, Naruto partit à la recherche de son mystérieux sauveur. Il trouva ce dernier dans la pièce principale, devant la cheminée, ayant déjà revêtu un gros blouson d'aviateur en cuir.

À son arrivée, l'homme se dirigea vers le canapé, y prit une parka et un minuscule sac à bandoulière. Il lui présenta le tout d'un air impassible.

« J'ai trouvé ça dans votre voiture. »

Naruto passa la longue bride du sac sur son épaule et enfila la parka par-dessus. L'effet du volumineux sweat-shirt sous ce manteau fourré était somme toute particulièrement élégant. Mais pour le moment, il s'en moquait comme de sa première chaussette. Se rappelant le permis de conduire enfoui dans sa poche, il le rangea dans son sac.

« Savez-vous ce que c'est ? », demanda soudain l'homme en lui montrant un petit flacon de verre, dépourvu d'étiquette.

Naruto saisit l'objet entre ses doigts, examina les comprimés bleus qu'il contenait, puis haussa un sourcil interrogateur.

« Ce flacon est-il censé m'appartenir ? »

Son interlocuteur lui lança un énième regard soupçonneux en réponse.

« Puisque je l'ai trouvé dans votre sac, j'imagine en effet qu'il est à vous », finit-il par répliqua-t-il avec la dureté que Naruto savait déjà être sa marque de fabrique. Il lui prit le flacon des mains et l'enfouit dans la poche de son blouson. « J'ai également découvert un sac de voyage dans le coffre de votre véhicule, que j'ai transféré dans celui de ma jeep. Vous êtes prêt ? »

« Je suis prêt », acquiesça-t-il vivement, aussi pressé d'échapper à son mystérieux hôte qu'il semblait avoir hâte de se débarrasser de lui.

Car même s'il ne ressentait pas réellement sa présence comme une menace, cet homme le mettait étrangement mal à l'aise.

Refoulant son ressentit, il le suivit dans le froid hivernal. En voyant le soleil décliner derrière les conifères qui entouraient la clairière, il déduit que ce devait être la fin de l'après-midi. Il promena le regard autour de lui et remarqua une allée de graviers qui plongeait en direction de la forêt.

Connaissait-il cet endroit ? Y était-il déjà venu ? Avec cet homme ?

Un rire failli lui échapper quand il se dit que la balade n'avait sans doute pas due être agréable s'il l'avait partagé avec un type qui avait la tête de quelqu'un qui était perpétuellement en train de goutter du citron. Mais il se rabroua pour ces pensées déplacées. Cet homme, aussi grincheux qu'il avait l'air de l'être, lui avait quand même sauver la vie.

Il jeta un coup d'œil à son sauveur récalcitrant, pas surpris de constater que dans toute cette incongrue situation, il était le facteur le plus intriguant. Il était certes l'homme le plus séduisant qu'il n'ait jamais vu, mais ses qualités s'arrêtaient là.

Naruto le vit entrouvrir la portière d'une jeep garé dans l'allée, puis hésiter. Le regard soudain étréci, il parut tendre l'oreille.

« Bon sang », marmonna l'homme, avant de le plaquer contre la portière, ravivant la douleur qui pulsait dans sa tête.

« Que se passe-t-il ? », s'enquit-il avec une grimace.

Comme pour répondre à ses interrogations, il entendit le son caractéristique de pneus roulant sur le gravier.

Son compagnon riva brusquement un regard dur dans le sien.

« Ecoutez-moi, Naruto », commença-t-il d'une voix impérieuse. « S'il s'agit des personnes auxquels je pense, nous sommes dans une merde noire… »

« Hein ? Que… que voulez-vous dire ? », le coupa-t-il, aussitôt enlacé par la peur.

« Je vous dis de m'écouter ! », gronda le brun, le faisant tressaillir. « Ces types n'hésiteront pas à nous descendre tous les deux, vous comprenez ? »

Aussi bien terrifié par les circonstances que par l'homme qui lui faisait face, Naruto hocha la tête, ignorant la douleur engendrée par ce geste. En vérité, il n'arrivait pas à réfléchir clairement. Les tuer tous les deux ? Que racontait-il ? Pourquoi quelqu'un voudrait-il le tuer ?

À ce moment précis, une phrase lui traversa l'esprit.

Surtout, maintiens le contact avec nous

Il eut soudain l'impression d'hyperventiler, envahi par l'effroi. Et tandis qu'il fermait les yeux pour essayer comprendre ce qui lui arrivait, il sentit des mains froides se glisser sous son sweat-shirt.

Il sursauta violement.

« Qu'est-ce que vous faites ? », s'écria-t-il.

Mais l'absolue détermination qu'il lut dans les yeux d'obsidienne planter dans les siens le força à se taire et à l'écouter.

« Ceci… est notre seule chance de nous sortir tous deux vivants de cette situation », déclara l'homme en enfonçant un objet dur et froid dans la ceinture de son jean.

Un objet que, de manière inexplicable, Naruto devina être un revolver. Il eut un vif mouvement de recul, abasourdi d'être en contact avec une arme, quelque chose qui pouvait tuer ou blesser des gens, en même temps que la sensation des grandes mains calleuses de l'autre homme sur sa peau l'apaisait d'une façon aussi surprenante qu'étrange.

« Quand le moment sera venu », ajouta celui-ci d'une voix blanche, « Contentez-vous de faire exactement ce que je vous dirai. Quoi que je vous ordonne, n'hésitez pas. Vous vous en sentez capable ? »

Avant qu'il n'ait le temps de répliquer, une voiture noire apparut au détour de l'allée. Le véhicule s'immobilisa à quelques mètres d'eux dans un hurlement de pneus, et deux hommes, visiblement armés à leur tour, en surgirent.

Les yeux ronds comme des soucoupes, Naruto frémit. Son cœur n'allait pas tarder à se coincer dans sa trachée, tellement il avait l'impression de suffoquer de tension. Par quel mystère se trouvait-il impliqué dans une situation aussi effrayante ?

Il leva les yeux vers son prétendu sauveur. Et lui, qu'avait-il fait pour qu'on le traque de la sorte ?

Ce dernier, après un dernier coup d'œil entendu, reporta son attention sur les deux hommes qui avançaient vers eux, l'air aussi menaçant l'un que l'autre.

« Regarde ça, Kakusu, on dirait qu'on a enfin retrouvé notre homme », lança le plus maigre des deux individus, avec un sourire méprisant. Il agita son arme dans leur direction. « Et en plus, monsieur n'est pas seul, à ce que je vois. »

Le mystérieux compagnon de Naruto se rapprocha de lui, sans qu'il sache si ce geste devait le rassurer ou non.

« C'est juste un type que j'ai ramassé en ville hier soir », répondit son comparse alors que le blond se mordit la langue pour s'empêcher de riposter.

D'ailleurs, même s'il aurait voulu réfuter chacun de ses mots, il n'en eut pas l'occasion. Car déjà, l'autre attaquant s'avança vers lui, son arme braquée sur sa poitrine. Il s'empara du sac qu'il avait glissé sous sa parka, le fouilla et en sortit son unique pièce d'identité.

« Cette pouliche a l'air épuisée », remarqua-t-il avec un clin d'œil salace à son adressa.

Il replaça le permis dans son sac, visiblement satisfait de son examen avant de poursuivre dédaigneusement :

« Qu'est-ce que tu lui as fait, Taka ? Tu l'as monté toute la nuit ? »

Naruto dévisagea son sauveur récalcitrant – Taka, a n'en point douter -, avec incrédulité. Ce prénom ne lui allait pas du tout.

« Peut-être qu'il lui reste encore assez d'énergie pour qu'on s'amuse un peu, nous aussi », ajouta leur assaillant d'un ton sardonique.

Il s'approcha de lui et emprisonna son menton dans sa main. Naruto sentit son souffle se bloquer dans sa gorge, son cœur battre contre ses côtes. Heureusement, Taka s'interposa aussitôt entre lui et l'inquiétant individu.

« Je t'interdis de le toucher », gronda-t-il, tout crocs sortis.

« Tu n'es pas en posture de me donner des ordres, mon vieux Taka. Fouille-le », intima le maigre homme à son comparse.

Taka ne broncha pas, tandis que le prénommé Kakusu s'exécutait.

« C'est bon, Hidan », annonça ce dernier tendant à l'autre le revolver qu'il avait trouvé sur Taka.

Naruto se rappela l'arme qu'il cachait sous ses vêtements. Il sentait sentit l'objet froid et métallique enfoncé dans la ceinture de son jean et ne put s'empêcher de retenir sa respiration.

« Le grand Taka est tombé bien bas », ironisa Hidan avec une haine manifeste. Il approcha son visage de celui du brun. « Tu ne mérites pas de vivre », vociféra-t-il. « Si je n'avais pas ordre de te ramener au boss, je t'abattrais comme un chien. »

La bouche déformée par la colère, il ajouta :

« Tu as de la chance que la vieille veuille t'entendre lui avouer ton crime avant de te voir crever. »

Loin de paraitre terrifié par les menaces, Taka redressa le menton avec défi.

« Qu'est-ce qui te retient de me descendre ? Je ne risque pas de le répéter. »

«La ferme, espèce d'ordure ! », mugit Hidan en enfonçant le canon de son revolver sous le menton de Taka. « Sinon, je pourrais bien oublier les ordres, pour une fois. »

Naruto perçu son sang se glacer dans ses veines, mais Taka eut simplement un rire dégoulinant de sarcasme :

« Ne te leurre pas, sac à merde. Tu n'es qu'un pantin, incapable de bouger le petit doigt si on ne lui en donne pas l'ordre. »

Ledit sac à merde poussa le comparse de Naruto en direction de la berline noire.

« Montez dans la voiture », leur fut ordonné.

Les revolvers des deux hommes enfoncés dans leurs dos, Naruto et son compagnon furent guidés sans ménagement vers le véhicule.

« Toi, monte à l'avant », lui aboya Kakusu, tout en le propulsant en direction de son acolyte.

Le blond se traîna jusqu'au siège du passager et se força à s'installer dans l'habitacle. Taka s'assit à l'arrière, à côté de Kakasu.

Naruto lança alors un regard furtif dans sa direction, en se demandant s'il détenait un plan susceptible de les tirer de ce guêpier. Et si le revolver logé dans la ceinture de son jean en faisait partie. Taka lui avait dit qu'il ne devait pas hésiter à agir, lorsqu'il lui en donnerait l'ordre, mais dans la position où ils se trouvaient tous les deux, le jeune homme commençait à douter de plus en plus de leur chance de survie. Son sentiment de voir sa dernière heure arrivée ne s'améliora guère, comme Hidan prenait le volant et engageait la voiture dans l'allée.

Naruto regarda une dernière fois la clairière, dans l'espoir qu'un souvenir surgirait de sa mémoire et lui permettrait de comprendre ce qu'il faisait là. Cependant, le vide sidéral qui l'accueillit commençait, en fait, à lui être plus familier que n'importe quoi d'autre.

En désespoir de cause, il reporta son attention sur le profil dur et anguleux de leur conducteur, lequel, en dépit de sa jeunesse, avait vraiment un air mauvais.

Se désintéressant vite de lui, il écouta plutôt la discussion qui se déroulait à l'arrière entre Kakusu et Taka, qui s'amusait à provoquer le premier – inutilement à son sens. Que cherchait-il ? À ce qu'ils se fassent tuer avant même d'arriver à destination ? Quelle qu'elle soit. Probablement un repère de méchant tout aussi dérangés que leurs deux ravisseurs.

« Alors, ma poule, quel effet ça te fait d'avoir couché avec un assassin ? » demanda soudainement Hidan.

Naruto releva brusquement la tête et dévisagea leur conducteur avec stupeur.

« Je ne suis pas 'ta poule' », répondit-il.

Pendant un instant, il crut qu'il allait pointer son arme sur lui ou quelque chose dans le genre, mais à sa grande surprise – et son profond soulagement -, Hidan partit dans un grand rire dément.

« Ce type-là est capable de tuer n'importe qui de sang-froid », reprit-il comme si de rien était. « C'est à se demander combien de gens il a pu abattre comme ça. »

Naruto secoua lentement la tête en signe de dénégation. Pourquoi ce type lui racontait-il cela ? Il ne voulait pas l'entendre.

« Il ne te l'a pas dit ? », railla son kidnappeur avec un sourire diabolique, comme il remarquait son air réticent. « Eh bien, moi, je peux te l'assurer. Mais à présent, il va le payer, crois-moi. »

Pouvait-il réellement croire ce que lui racontait cet individu ? Et d'abord, qui étaient ces deux hommes ? Que voulait-il de Taka ? Autant de question qui venaient s'ajouter à la mer d'incertitude qu'était son existence depuis qu'il avait ouvert les yeux dans le chalet de Taka. Il ferma les yeux pour tenter de réguler sa pression artérielle. Hidan cherchait peut-être simplement à l'effrayer. Un effort inutile, car il était déjà terrorisé. Et Dieu, que sa tête lui faisait mal !

Surtout, maintiens le contact avec nous…

Ces paroles énigmatiques résonnèrent une nouvelle fois dans son for intérieur. Il s'agissait d'un souvenir, comprit le jeune homme. Mais à quoi correspondait-il ? Qui était-il censé contacter ?

« On peut dire que tu t'es trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment, ma poule », ironisa à son tour Kakusu.

Naruto entendit alors Taka affirmer d'un ton neutre :

« Ce gamin m'a donné une seconde chance dans la vie. »

« Voyez-vous ça », siffla Kakusu en grinçant de rire. « On aura tout vu, notre petit Taka qui devient sentimental ! »

« Naruto ? », lança Taka, ignorant les caquètements de hyènes de l'homme qui le menaçait avec un flingue.

L'interpellé se tendit, à l'écoute. Il allait se passer quelque chose. Il le sentait. Et il se tint prêt à agir.

« Vous vous souvenez de ce que je vous ai dit ? », poursuivit Taka avec lenteur. « Que vous étiez mon unique chance de survie. »

« Ferme-là ! », ordonna Kakusu.

Naruto entendit un coup sourd, suivi d'un grognement de douleur, et devina que Kakasu avait frappé Taka.

Ses pensées se bousculèrent dans son esprit. Qu'était-il supposé faire ? De quelle manière aurait-il pu les sauver ? Il sentit une fois de plus l'acier du revolver contre sa peau et diligemment, il comprit ce que son comparse attendait de lui.

Sans quitter Hidan des yeux, Naruto glissa lentement sa main droite sous son sweat-shirt. Puis, avec une dextérité qui le stupéfia lui-même, il brandit le revolver et le braqua sur la tempe du conducteur.

« Arrête la voiture », ordonna-t-il d'une voix froide qu'il ne se connaissait pas.

« Qu'est-ce que…? », s'exclama Hidan en perdant presque le contrôle de son véhicule.

« Espèce d'enfoiré ! Donne-moi ce revolver ou je fais exploser la tête de ton salopard de mec ! », rugit Kakusu depuis l'arrière.

« Appuyez sur la détente, Naruto », lui intima Taka d'un ton glacé.

Naruto secoua la tête, la sueur perlant sur son front et ses mains tremblant férocement autour de l'arme. Il était devenu fou ! Comment pouvait-il lui demander de faire une chose pareille ?

« Donne-moi ce revolver ! » répéta Kakusu, tout en pressant le canon de son arme contre la tempe de Taka.

Le regard de Naruto alla de l'un à l'autre. Qu'était-il censé faire alors que des ordres contradictoires fusaient de toutes parts. Il ignorait qui serait le mieux judicieux d'écouter, et son cœur battait si vite qu'il avait l'impression qu'il allait s'évanouir d'un instant à l'autre. Mais s'il perdait son sang-froid, alors ils seraient tous mort.

Hidan, ses doigts resserrés autour du volant, lui lançait des coups d'œil nerveux. Kakusu hurlait quant à lui des chapelets d'insanités à son adresse et la voiture fonçait de plus en plus vite le long de la route tortueuse.

« Appuyez sur la détente, Naruto ! », hurla Taka. « Maintenant ! »

D'une manière ou d'une autre, il fut incapable de désobéir à l'ordre de son compagnon de fortune. La voiture fit une brusque embardée. Le coup partit et la panique envahit l'habitacle : les grognements étouffés de Taka et de Kakusu qui luttaient à l'arrière, Hidan qui s'efforçait de reprendre le contrôle de la berline.

Ses yeux s'écarquillèrent de stupeur au trou formé dans le plafond par la balle qu'il venait de tirer, et pourtant, comme s'il avait fait cela toute sa vie, Naruto enfonça de nouveau le canon de son revolver contre la tempe couverte de sueur du conducteur.

« Arrête cette voiture ou je te fais exploser la cervelle ! »

Hidan, comprenant qu'il ne plaisantait pas, parvint à immobiliser le véhicule en travers de la route et leva les bras bien en évidence, exactement comme dans les films.

Alors qu'un faible sourire étirait ses lèvres tremblotantes, il entendit Taka, qui avait visiblement réussi à prendre possession de l'arme avec lequel Kakusu le menaçait, aboyer :

« Pose ton arme au sol Hidan, pousse-là du pied sous ton siège, et sors de la voiture ! »

« Tu as entendu ? », renchérit Naruto, son arme toujours braquée sur l'intéressé.

C'était stupéfiant à quel point l'adrénaline courait dans ses veines. Comme s'il avait déjà fait ça auparavant, et que si son esprit ne s'en souvenait pas, son corps, lui, le faisait assurément.

Contraints et forcés, Kakusu et Hidan descendirent du véhicule. Sous la menace de son arme, Taka les guida en direction du fossé qui longeait la route. Naruto le suivit, son revolver pendant au bout de sa main.

Il vit le brun élever son arme et viser les deux hommes.

« Et maintenant, courez », leur intima-t-il d'une voix qui ne laissait aucune place à la discussion.

« Hé, l'ami, on peut discuter… », tenta d'arguer Hidan d'un ton empressé.

« Courez ! », rugit Taka.

Un coup de feu éclata. Naruto ferma les yeux et s'effondra à genoux sur l'asphalte dur et froid. Il pressa ses mains sur sa bouche pour étouffer le cri qui lui tordait la gorge. Il ne voulait rien voir. Rien savoir. Il refusait d'être impliqué de près ou de loin dans tout ceci. Comment s'était-il trouvé piégé dans cette histoire horrible ?

« Allons-y », l'enjoignit Taka, comme si rien dans tout ce qu'ils venaient de vivre n'était scandaleux.

Bien obligé d'ouvrir les yeux, Naruto s'attendait à découvrir deux cadavres dans le fossé. Mais leurs assaillants semblaient avoir disparu dans la nature.

« Je croyais que vous les aviez tués », dit-il à Taka d'une voix étranglée.

Le brun eut un sourire en coin. Un sourire dangereux et à la fois indécemment sensuel, qui fit frissonner le jeune homme.

« Qui vous dit que je ne l'ai pas fait ? »

Les jambes chancelantes, il se redressa du mieux qu'il put et scruta une dernière fois la forêt au-delà du fossé, sans distinguer la moindre trace de leurs deux agresseurs. Il braqua son regard sur son mystérieux compagnon. Son sauveur ou son futur assassin, il l'ignorait.

« Qu'est-ce qu'on fait, maintenant ? »

Taka ouvrit la portière côté passager. Puis, tout en le transperçant de ses yeux noirs, il récupéra le revolver qu'il tenait toujours dans sa main tremblante.

« On se casse. »

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Informations utiles à savoir :

Nous sommes dans un AU Modern où j'ai décidé de garder le nom des villes telles qu'elles sont dans le Manga. Tout simplement parce que je ne suis jamais allée au Japon et que je serais bien incapable d'écrire sur un cadre qui me parait flou. En ce qui concerne les décors dans la fic, je me suis assez inspirée de la ville où je vis, pour plus de réalisme.

N'hésitez pas à laisser vos impressions et déduction pour la suite. Les retours sont vivement appréciés, je prends tout !