Injuste injuste injuste !


Dès qu'Emma arriva à l'appartement en compagnie de Ruby, elle se changea en deux secondes et se lança dans une assez simple mais nécessaire séance de sport. Elle n'avait aucune idée d'où lui venait cette envie mais elle savait que cela lui ferait le plus grand bien. Sans faiblir, elle expliqua plus ou moins calmement du début à la fin à Ruby tout ce dont elle se souvenait de sa discussion avec leur professeure. Elle se redressa lorsqu'approcha le moment de lui révéler la principale raison du comportement de Madame Mills. Sa réaction ne différa pas de la sienne.

– Et elle aurait pas pu te le dire plus tôt ? protesta-t-elle lorsqu'elle eut fini.

Emma soupira d'exaspération.

– Apparemment je ne le « méritais pas ».

– Je crois que tu mérites un bon repas. Où est mon téléphone ? Que je nous commande un truc…

Ruby semblait avoir besoin de profiter d'un moment pour enregistrer toutes les informations hallucinantes qu'elle lui avait données. C'était difficile de suivre alors qu'elle venait juste d'apprendre toute la situation il y a quelques jours seulement… La complexité était telle que Ruby lâcha un long soupir.

Dès que la commande fut passée, Emma passa à sa réaction et la suite de la conversation.

– J'étais tellement énervée… soupira Emma lorsqu'elle eut fini. Je savais même pas que je pouvais être autant en colère…

– C'est normal que tu sois en colère. Cette règle est pas juste et Mills a été horrible envers toi… Je suis désolée que cette règle te barre la route. J'ai compris que le temps que tu as passé avec elle t'a fait beaucoup de bien sur tous les plans mais je ne suis pas sure de comprendre pourquoi tu aimerais continuer en gardant le secret.

Emma avait senti le sujet arrivé quand elle avait deviné sa surprise après lui avoir annoncé ce qu'elle avait répondu à sa professeure. Mais le ton de Ruby était si direct et si sec qu'elle fut légèrement prise de court.

– On a gardé le secret jusque là, personne n'est au courant qu'on se voyait. Alors on pourrait très bien continuer comme ça, en faisant très attention. Je suis très bien capable de me taire.

– C'est peut-être encore mieux de ne pas avoir de secret. Le risque zéro n'existe pas Emma.

– T'as raison, mais…

La fin de sa phrase sembla s'engloutir dans un trou noir, impossible de la retrouver… Elle se sentait trop perdue. Elle était encore énervée pour présenter des pensées claires. Et d'un autre côté, elle pensait encore à ces soirées de sexe qu'elles avaient vécu ensemble. Elle avait découvert un plaisir et elle ne savait pas si elle pourrait s'en passer.

– Mais ? insista Ruby.

Elle haussa les épaules. Son souhait le plus profond était d'obtenir son diplôme et elle devait le garder en tête.

Le son de la sonnette empêcha Emma de répondre. Le livreur semblait avoir de l'avance… Elle échangea un regard étonné avec Ruby et se leva nonchalamment.

– Emma ? C'est Killian, tu peux m'ouvrir ?

Emma se laissa tomber dans son canapé avant de faire un signe à Ruby pour qu'elles attendent qu'il s'en aille.

– Je sais que t'es chez toi, j'ai vu de la lumière.

Que faisait-il là celui-là ? Emma leva les yeux au ciel, il arrivait toujours au pire moment…

– Va lui ouvrir, chuchota tout bas Ruby.

– J'ai pas envie.

Son amie lui lança un regard noir et ouvrit la bouche pour répondre mais s'interrompit lorsque la voix de Killian leur parvint.

– Je t'ai vu tout à l'heure et tu n'avais pas l'air d'aller bien… Je veux seulement t'aider, tu peux m'ouvrir la porte ?

Quand elle l'aperçut lever les yeux au ciel une énième fois, Ruby ne put que défendre son ami.

– Il s'inquiète pour toi !

– J'ai déjà toi pour ça !

Ruby allait renchérir lorsque Killian insista encore une fois. Ce fut suffisant pour qu'elle lui lance un coussin et se lève en vitesse. Sans laisser à Emma le temps de protester, elle se planta devant la porte.

– Killian, elle n'a pas envie de parler en ce moment mais c'est très gentil de t'inquiéter pour elle.

– D'accord, je suis content qu'elle soit pas seule. Mais dis-lui que si elle a besoin de quelque chose, elle peut aussi venir me voir.

Ruby le remercia pour elle et l'entendit quitter le bâtiment. Elle se retourna vers Emma et sans comprendre ce qu'il lui arrivait, elle reçut un coussin en pleine face.

– Il a fait tout le chemin jusqu'ici, il a bien le droit de savoir que tu vas bien au moins !

– Je sais… C'est vrai qu'il essaie de bien agir en ce moment et il ne se rate pas…

– Il a dit qu'il est là si t'as besoin de quelque chose, alors hésite pas. Et puis il ne te traitera pas comme notre chère professeure… On n'a d'ailleurs pas fini notre conversation à propos d'elle.

– Ruby, toutes les cellules de mon corps la détestent. Aucun risque qu'on ne couche ensemble une fois de plus.

– D'accord.

La brune la dévisagea un long moment. Puis elle soupira et se détendit sur le canapé.

– Mais je sais que tu fais toujours ce que tu veux, peu importe ce que j'en pense. Et que tu pourrais changer d'avis…

– Je te promets que j'obtiendrai mon diplôme avec toi. Et je peux te promettre aussi que si je continue de parler de Mills ce soir, je vais devenir folle.

Ruby hocha la tête et à peine quelques minutes plus tard, leur repas fut à la porte et la bouche bientôt occupée à déguster.

Le lendemain, Emma se réveilla en se sentant déjà un peu mieux. Ruby lui offrit un petit déjeuner savoureux à son arrivée à Storybrooke. Et lorsqu'elle croisa Killian, il lui répéta ce qu'il avait dit devant son appartement et dès qu'elle lui confia qu'elle allait bien, il la laissa respirer. Pour la première fois, elle apprécia particulièrement sa présence. Cela l'apaisa un peu, puisqu'elle était sur le point de revoir Madame Mills pour une grande partie de la journée et elle avait tout sauf envie de voir cette femme.

Regina essayait de ne pas penser à Mademoiselle Swan, mais c'était de toute évidence raté. Elle n'avait rien oublié de leur précédente conversation, elle sentait presque sa joue sous la paume de sa main lorsqu'elles s'étaient rencontrées. Elle était allée bien trop loin cette fois-ci. Cette femme avait un vrai souci d'obéissance. Elle avait voulu lui parler d'un souci important et le lui faire comprendre, mais elle restait butée.

Un trou sombre de colère s'était formé en elle et elle ne savait pas quand il se refermerait. Elle espérait tout de même que maintenant que tout était dit, tout rentrerait dans l'ordre.

Le cours se déroula comme le plus commun des cours. Cependant Emma sentit Ruby près d'elle se tendre de plus en plus. Poser les yeux sur leur professeure semblait presque une torture pour elle. Lorsqu'elles sortirent de la pièce, elle la surprit même à lui lancer un regard noir dont elle seule avait le secret.

– Arrête, faut pas qu'elle se doute que je t'ai raconté… lui chuchota Emma.

Son amie fit mine de réfléchir calmement un moment mais elle devina la colère contrôler toutes ses pensées.

– Je vais essayer, marmonna-t-elle.

Emma lui fit un faible sourire et la remercia.

En fin d'après-midi, Robin retrouva Regina pour leur sortie comme prévu. La jeune femme ne sut pas vraiment comment le saluer et accepta une petite bise. Ils découvrirent vite le confort de la terrasse ensoleillée d'un restaurant. C'était le premier rayon de soleil que la professeure voyait depuis des semaines…

Regina put enfin trouver un peu d'apaisement après cette longue journée. Elle observa longtemps le paysage hivernal d'un parc pas très loin. C'était tellement rare des moments comme celui-ci…

– Regina ? Regina ?

S'avisant qu'elle s'était perdue dans ses pensées, elle se reconcentra sur son ami en fronçant les sourcils.

– Excuse-moi… Qu'y a-t-il ?

– Je te demandais ce qu'il s'était passé hier quand je suis entré dans la pièce pour te proposer un café.

– Rien… rien d'inquiétant. Je réglais juste un problème, mais c'est fini, expliqua simplement Regina en prenant sa boisson.

Elle se montrait si peu convaincante… Robin fut frustré qu'elle lui mente ainsi alors qu'il voulait lui apporter son aide.

À son regard, Regina devina qu'il ne la croyait pas. Elle aussi doutait de ses propres paroles en fin de compte, il était difficile de comprendre ce qu'elle ressentait. Tout l'apaisement qu'elle avait pu éprouver quelques secondes plus tôt s'envola.

– Tu sais que tu peux tout me dire ? Je peux faire ce que tu veux pour t'aider… Est-ce que j'ai fait quelque chose qu'il ne fallait pas ?

– Non, non, ce n'est pas toi… Je réfléchissais, c'est tout… Mais ce sont certainement des doutes inutiles, ça ira mieux dans quelque temps ne t'inquiète pas. Je suis fatiguée, je crois que je vais rentrer.

En quelques gorgées, Regina finit sa boisson et se leva. Robin se soucia d'elle durant quelques instants, mais elle parvint à enfin se retrouver seule. Son attention s'avérait plutôt touchante, mais elle doutait qu'elle réussisse un jour à parler à quelqu'un de ce qu'il s'était passé entre son étudiante et elle…

Robin était abasourdi. Maintenant il était certain que l'état étrange de Regina était dû à cette étudiante qui lui tournait autour. Il savait qu'elle n'avait rien de bienveillant, mais il n'avait aucune idée de ce qu'il se tramait entre elles. Mais il voulait à tout prix en venir en aide à Regina.

Le lendemain, dès que Regina vit le regard curieux de Robin fixé sur elle, elle ne put s'empêcher de l'éviter. Elle réussit ainsi à ne pas lui adresser la parole durant le reste de la semaine. Le weekend serait parfait pour trouver quoi lui dire…

Il restait seulement quelques heures avant la fin de la semaine de travail lorsque Ruby explosa. Depuis de longs jours, elle avait emmagasiné sa colère chaque fois qu'elle avait surpris Emma à être plus renfermée que d'habitude.

Alors après le cours de Madame Mills, elle inspira un bon coup et se leva lentement en serrant ses poings pour ne pas se dégonfler. Les dernières personnes sortaient de la pièce pendant que la professeure demeurait assise à son bureau, visiblement concentrée sur l'ordinateur face à elle. Ruby se planta devant elle mais la femme réagit à peine.

– Qu'y a-t-il ?

– Emma m'a tout raconté.

Comme une illumination, Regina se rappela que se tenait devant elle l'amie qui avait rejoint Mademoiselle Swan lors des examens, celle qu'elle apercevait toujours auprès d'elle.

Elle la regarda en face pendant qu'une vague de colère monta en elle. Évidemment que Mademoiselle Swan ne pouvait pas s'empêcher de chanter comme un pinson ! Elle était bonne à rien…

– J'aimerais seulement vous mettre en garde. Ne l'approchez pas et ne lui parlez pas.

Regina ne pouvait pas s'énerver contre une étudiante à nouveau. Une fois, c'était déjà beaucoup trop.

– Elle ne vous a donc pas raconté que ce n'est pas du tout mon envie.

Ruby enchaina immédiatement comme si elle ne l'avait pas écouté.

– Si vous le faites, vous aurez affaire à moi. Et je vous jure que vous n'en avez pas envie.

Regina en avait assez des face-à-face, des gens qui ne cherchaient jamais à comprendre, elle en était si fatiguée…

– Vous pouvez me rappeler votre nom ? lui demanda-t-elle d'un ton étrangement calme qui inquiéta Ruby.

C'était toujours lorsque cette femme se montrait impassible qu'elle s'avérait la plus impitoyable.

– Ruby Lucas.

– Mademoiselle Lucas, pouvez-vous m'expliquer ce qui vous a donné le droit de me parler ainsi ? De me menacer ? Et également en quoi cela vous concerne ?

– Et vous, vous pouvez me dire ce qui vous a donné le droit de parler comme vous l'avez fait à Emma ? Vous aviez vraiment besoin de l'insulter ? Et avant ça, vous aviez vraiment besoin de vous rapprocher d'elle pour l'utiliser ? Elle n'est pas un jouet dans le jeu que vous pensez jouer.

Regina se sentit bouillir mais se retint de toutes ses forces. Cette femme faisait bien la paire avec Mademoiselle Swan, aussi audacieuse et impétueuse l'une et l'autre !

– Emma est une personne honnête qui mérite d'obtenir son diplôme quoiqu'il arrive, prononça Ruby d'un ton menaçant.

– Sortez d'ici. Maintenant !

La colère de Ruby doubla lorsqu'elle comprit que la professeure ne répondrait pas de ses actes. C'était injuste !

Avant de faire quoi que ce soit d'irréversible, elle se retourna pour se diriger vers la sortie.

– Retenez bien ce que je vous ai dit, lança-t-elle avant de quitter la pièce avec un dernier regard qui fut aussi puissant que ses mots.

Regina s'assit dès qu'elle atteignit son siège. Elle aurait aimé pouvoir affirmer que cette conversation ne l'avait pas affecté…

Elle respira un bon coup, et enfin seule, elle tenta de se détendre. Elle n'eut pas le temps de mettre de l'ordre dans ses émotions, car quelqu'un entra dans la salle. Elle donnerait tout en cet instant pour cinq minutes de paix, rien que cinq…

Elle leva les yeux et tapota nerveusement son siège du bout des doigts lorsqu'elle vit Robin.

– Bonjour. Comment vas-tu aujourd'hui ?

Le ton étrange de son collègue la mit mal à l'aise.

– Ça va mieux merci.

Elle se sentit encore plus mal de lui mentir si directement. Il plissa les yeux, mais enchaina rapidement.

– À propos d'hier, j'aimerais savoir un peu plus ce qu'il s'est passé. Tout allait bien, non ?

Il était vexé et derrière son inquiétude, Regina remarqua une pointe de reproche.

Ce matin, elle était définitivement condamnée à se faire détester.

– Qu'est-ce qu'il se passe ?

– Cette semaine a été plutôt éprouvante et je suis fatiguée…

– Non, ce n'est pas que ça, et je le sais ! Tu sais que tu peux tout me dire.

– J'ai fait des choses… que je regrette.

– Est-ce que ça a un rapport avec Emma Swan et Ruby Lucas ?

Regina s'arrêta net. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il mentionne ces noms… S'il en savait plus… Elle préférait ne pas l'envisager.

– Oh, ne fais pas cette tête, Lucas vient juste de sortir en colère un moment après tout le monde et je t'ai vu crier face à Swan. Je les vois tout le temps ensemble, ça peut pas être un hasard si elles « discutent » avec toi chacune leur tour en si peu de temps. Alors dis-moi. Qu'est-ce qu'il se passe avec elles ?

L'air de son collègue indiquait clairement qu'il ne partirait pas avant d'avoir sa réponse.

Regina ne bougeait plus, ne prononçait plus un mot. Il était si insistant qu'elle fût déçue de l'homme qui se révélait.

– Depuis combien de temps tu m'espionnes ?

Robin allait à nouveau s'entêter quand la porte s'ouvrit une énième fois.

Regina allait s'effondrer, son supplice était sans fin ! À ce rythme, sa pause déjeuner durerait seulement dix pauvres minutes !

Elle fut rassurée lorsqu'elle aperçut Mary-Margaret à l'entrée. La nouvelle venue examina les deux personnes l'une après l'autre, remarquant bien la tension régnant dans la pièce. Elle vit ensuite le regard suppliant de son amie.

– Un problème ? lança-t-elle à destination de Robin en s'avançant pour rejoindre Regina.

– Aucun, grogna-t-il avec frustration.

Leur collègue prit place près de Regina et le dévisagea.

– Regina, je veux juste que tu saches que je tiens vraiment à toi. Tu sais où me trouver quand tu voudras me parler.

Après un long regard, Robin tourna les talons pour le plus grand soulagement de la brune.

– Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Ça va ? l'interrogea son collègue dès qu'il fut hors de leur vue.

– Pas vraiment. J'espère que toi aussi tu n'es pas venu me reprocher quelque chose… soupira Regina en allant rassembler ses affaires.

Mary-Margaret ne perdit pas de temps pour emmener Regina déjeuner dans un coin tranquille.

Ruby retrouva Emma seulement après s'être détendue. Elle préférait ne pas confier ni laisser deviner à son amie qu'elle avait parlé à son tour à la professeure, elle savait qu'elle n'aimerait pas ça. Inutile de lui causer du souci pour rien…

Avant le début de l'après-midi de travail, Emma attendait Ruby aux toilettes dans un coin calme. Elle avait l'impression que sa matinée l'avait épuisée…

Elle soupirait lorsqu'elle sentit son poignet brusquement et fortement agrippé. Elle sursauta, mais tirée sur le côté, elle eut le temps de rien d'autre. Dès qu'elle eut repris un peu ses esprits et récupéré son équilibre une demi-seconde après, elle tenta de s'échapper de la poigne, sans succès.

– Hey ! Vous foutez quoi là ? cria-t-elle pendant qu'elle reconnaissait Hood.

– Il faut qu'on parle vous et moi.

Après quelques pas, il l'attrapa par sa veste et la coinça entre le mur et lui. Il avait du mal à la retenir mais sa colère lui donnait assez de force pour la maintenir.

– Qu'est-ce que t'as dit à Madame Mills ? l'interrogea Robin sans lui laisser le temps de respirer.

La jeune femme ne répliqua pas, augmentant l'impatience de Robin qui la secoua contre la paroi.

C'est au bout du deuxième coup qu'Emma reprit pied sur terre. La nervosité et la frustration se ressentaient jusque dans ses orteils. Ses méninges tournaient à cent à l'heure. Elle devait réagir.

– Réponds-moi.

– Ça regarde qu'elle et moi !

– Tu l'as menacée ?

– Non… non, on a seulement parlé des cours, lâcha Emma pour tenter de le convaincre.

Elle était si secouée par l'attaque soudaine qu'elle ne parvenait plus à réfléchir.

De plus en plus frustré, il plaça sa main d'une poigne forte sur son cou. Elle suffoqua petit à petit devant son regard haineux. Au bout de ce qu'il lui sembla une éternité, il la jeta au sol et la chute fut si brusque qu'elle lui coupa le souffle. Il la toisa un instant et quand Emma essaya de se relever, elle fut à nouveau subitement projetée lorsqu'il la gifla.

– Parle maintenant !

Sa peau lui brula si fort qu'elle porta une main tremblante à son visage.

– Avoue que tu la menaces ! continua-t-il en frappant son mollet de son pied.

Quand comptait-elle se réveiller !? Cette étudiante était complètement idiote ?

Elle s'apprêtait à réessayer de se lever lorsqu'un pied l'aplatit violemment contre le bitume. Elle gémit de douleur, commençant à désespérer qu'il la laisse un jour tranquille.

– J'arrêterai quand tu auras tout avoué, cracha-t-il.

La vision d'Emma se brouillait, et son corps tremblait. Elle ne sentait même plus son propre corps quand il se mit à appuyer de plus en plus fort. C'était comme si elle se trouvait dans une dimension parallèle étrange et incompréhensible. Elle avait l'impression de flotter avec le sentiment de déjà-vu. Durant quelques instants, elle n'eut aucune idée de ce qu'il se passait. Elle ne remarqua pas lorsque la violence s'arrêta enfin. Une voix lui parvint et elle crut la reconnaitre mais elle se sentait encore loin.

– Emma ? Oh putain Emma ? cria Ruby en s'approchant d'elle.

La brune secoua sa main pour faire passer la douleur du coup qu'elle venait de donner au professeur pour l'écarter, le coup s'avérant beaucoup plus puissant que ce à quoi elle s'attendait. Après avoir appelé quelques fois son amie sans obtenir de réponse, elle la retourna tout doucement. Ce fut quand elle croisa son regard qu'Emma parut réaliser qu'elle était là. Elle gémit de douleur alors que Ruby l'aidait à s'asseoir contre le mur.

– Putain, mais qu'est-ce qui s'est passé ? cria-t-elle en détaillant tout son corps vidé de sa force. Putain de merde… Viens…

Son amie la soutint pour se lever, mais à peine debout, Emma vomit ce qu'il sembla l'intégralité de son estomac.

– Ça va ? Tu tiens debout ?

Quand Ruby se glissa contre elle, elle remarqua que le professeur avait disparu. Voyant son amie souffrir à chaque pas, elle l'emmena doucement.

– Faut que tu voies un médecin…

– Nan, ça va.

– Au moins le médecin du campus.

– Ça va attirer les soupçons…

– On s'en fout, c'est important qu'on soit sures que tu vas bien…

Elle ne parut pas avoir la force de protester davantage, alors Ruby la guida en continuant de s'inquiéter chaque seconde.

– Je suis pas mourante non plus, voulut la rassurer Emma en l'entendant.

Pour le prouver, elle accéléra légèrement. Son amie ne répondit pas mais sembla se calmer un peu.

En vérité, Emma pourrait être en train de mourir, elle n'en saurait rien. Elle n'avait pas encore retrouvé toutes les sensations de son corps mais les sentait réapparaître lentement mais douloureusement.

À peine furent-elles entrées dans le couloir des bureaux des médecins qu'une femme et son collègue accoururent pour leur demander ce qu'il s'était passé.

– Un gars s'en est pris à elle dans la rue, expliqua vaguement Ruby.

Ils semblèrent perplexes mais se dépêchèrent d'emmener Emma s'installer, sans poser plus de questions.

Regina revint à Storybrooke avec un léger sourire. Mais celui-ci disparut lorsque Robin se montra avec la moitié du visage rouge. Il se planta devant elle en la regardant droit dans les yeux.

– C'est bon, je lui ai réglé son compte, tu seras tranquille.

– De quoi tu parles ?

– Swan et Lucas ne te feront plus de mal.

Regina ne comprit pas immédiatement ce qu'il voulait dire. Leur avait-il parlé ? Était-il même allé jusqu'à les menacer ? Et cette marque sur son visage… l'une d'elles avait-elle riposté lorsqu'il avait tenté de lever la main sur elles ? Ou lorsqu'il l'avait fait ?

La professeure se mit à trembler. Elle ne voulait pas être responsable du malheur de quelqu'un, encore moins de celui de Mademoiselle Swan et de son amie.

– Qu'est-ce que tu as fait ?

– Ne t'inquiète pas, j'ai eu une petite discussion avec Swan, elles retiendront la leçon.

– Tu…

Tant de pensées se mélangeaient que Regina n'arrivait pas à formuler ce qu'elle voulait dire.

– Tu as levé la main sur elle, Robin ? intervint Mary Margaret en formulant sa pensée.

Le professeur sembla seulement se rendre compte que cela ne la remplissait pas de joie.

– J'ai fait ce que j'ai eu à faire pour qu'elle te laisse tranquille !

Une colère noire monta en Regina. La marque rouge ne lui apportait pas assez de satisfaction, alors sa main partit toute seule. Si elle avait été surprise de la force avec laquelle elle avait giflé Mademoiselle Swan, elle fut cette fois-ci très fière d'elle.

– Tu t'es attaqué à une personne innocente, espèce d'incapable ! Je te jure que si je te revois me tourner autour ou tourner autour d'elle, je ne m'arrêterai pas à une simple gifle ! siffla-t-elle en l'observant se remettre de la frappe.

Puis Regina s'éloigna dans un coin à l'abri des regards pour souffler. Comment la situation avait-elle pu dégénérer à ce point ? Elle avait dit qu'elle ne voulait plus rien à voir avec l'étudiante, mais elle avait besoin de savoir si elle allait bien pour avoir la conscience tranquille… Elle n'était pas certaine que cela soit possible en fin de compte, elle aurait dû s'attendre à ce que Robin réagisse si mal, il était un professeur de Storybrooke et il s'intégrait parfaitement parmi les autres… Elle possédait sa part de responsabilité.

La pause déjeuner prit fin sans que Regina aperçoive le temps passer. Dire qu'elle n'avait pas envie d'aller travailler était un euphémisme… Sa collègue vint prendre de ses nouvelles et parvint mystérieusement à l'emmener faire son travail.

Sur le chemin, elle sortit son téléphone et fouilla dans ses contacts. Elle n'avait pas eu le temps encore d'effacer le numéro d'Emma. Elle hésita alors à envoyer un message pour savoir son état, mais se résigna rapidement en se trouvant idiote.


J'espère que ce chapitre vous satisfait, pour moi c'est un peu mi-figue mi-raisin…

Je vous avertis, on est parti pour un moment de développement de personnages un peu chacun de leur côté, mais la suite me plait encore plus.

Bref, j'essaye de publier au moins 1 fois par mois, en espérant que c'est suffisant… Du coup pas de nouveau chapitre avant au moins fin décembre voire début janvier