Chapitre 16 : Lendemain de soirée

A peine 2h30 plus tard, une sonnerie stridente déchira la nuit, les réveillant tout les deux. Serena s'arracha péniblement aux draps et aux bras d'Edward pour trouver son téléphone dans l'amas de fringues au pied du lit

- Keskiya ? Marmonna Ed

- Merde… Allo ?

- Qui c'est qui appelle à cette heure ci ? Moi de mon côté personne n'a de téléphone et on s'en porte pas plus mal... Grogna le jeune homme

- Gab ? T'es où ? Hein ? Non arrête de dire des conneries. Comme si c'était pas suffisant. Non. Je sais pas. Je sais pas non plus ! Bon, reste où tu es, j'arrive.

- Tu pars ? Grommela Edward

- C'est Gabrielle. Elle est bourrée et elle dit des bêtises. Faut que j'y aille

- Gabrielle ? Dit alors Edward, légèrement surpris

- Oui. Gabrielle. C'est ma meilleure amie. Tu la connais... Enfin... Elle a dû apprendre pour… bref, je dois y aller. Je suis désolée. Murmura t elle en le regardant

- Je comprends. Fais gaffe à toi…

- Promis…

- Et quand tu rentreras, hésite pas à…

- À quoi ?

- Ben… je vais rester là quoi… si tu veux… repasser…

Elle sourit et s'approcha pour l'embrasser doucement. Leurs cœurs s'accélèrent encore un peu. Il y eu encore une bouffée de cette odeur. Quand elle fut partie, Edward se demanda comment il avait pu ne pas la percevoir avant.

Quand il se réveilla le lendemain, l'odeur était encore un peu présente sur les draps. Mais Serena n'était pas rentrée. « Ou alors elle a dessaoulé et a immédiatement regretté ce qui s'est passé. T'as du être hyper nul » murmura une petite voix dans sa tête, qui ressemblait à celle de Ling. Il soupira et se dit pour lui même :

- Des conneries tout ça…

Il allait se rendormir, le moral bien bas quand on toqua à sa porte. Alphonse entra, éteignant de fait la petite bulle d'espoir qui avait grossi dans l'estomac de son frère.

- Ça va grand frère ?

- À merveille. J'ai bien dormi, je suis en pleine forme. Grogna le jeune homme.

- On dirait pas. C'est quoi cette drôle d'odeur ?

- Y'a une odeur ?

- On dirait… on dirait que y'a eu une compétition de catch récemment dans cette pièce…

- Ah non, pas que je sache. J'aime pas trop le catch de toute façon. Tout le monde est bien trop musclé…

- Je vais aérer… grimaça le jeune garçon. Et lève toi ! Il y a un train à 11h, ça serait bien qu'on puisse prendre celui là pour aller à Éden School. Faut faire ton sac…

Edward grommela qu'il avait quand même besoin d'une douche. Son frère répondit qu'il allait préparer ses propres affaires et qu'il reviendrait lui donner un coup de main après.

Alors que l'eau chaude ruisselait sur son corps, Edward essayait de ne pas trop repenser à la nuit dernière. Ni aux conséquences potentielles sur l'équilibre du groupe. Comment Alphonse allait réagir ? Il semblait réellement amoureux d'Alicia. Si les choses ne tournaient pas bien entre les deux aînés, quelles conséquences sur leurs cadets ?

- Aie !

Une douleur vive se réveilla dans son dos alors qu'il se savonnait. Il se contorsionna pour apercevoir ce qui se passait et distingua deux traits rouges peu profond. Une griffure.

- Ah, j'avais pas capté que… bon ben c'est que j'ai pas du être si nul que ça

Son moral étant légèrement remonté, il termina sa douche et entendit Alphonse entrer dans la pièce.

- Ben qu'est ce que tu fais ? Cria le cadet

- J'arrive !

Il se sécha et rejoignit son frère dans la pièce et s'écria :

- Attends !

- Quoi ? S'exclama Alphonse, surpris dans sa tentative de refaire le lit

- Euh… t'occupe pas du lit… euh… je m'en occuperai si j'ai le temps.

- Maman détestait qu'on fasse pas notre lit, Dit Alphonse, l'air sévère

- Oui ben c'est quand même pas l'urgence du moment…

- C'est pas faux. Habille toi, je commence ton sac. A priori, on resterait sur place 5 jours

- Je sais pas si j'ai assez de caleçons propres… marmonna Ed

- Ben faudra te débrouiller avec ce que t'as. Et commence par en enfiler un !

A peine Edward eut il le temps d'obéir à son petit frère qu'on frappa à la porte. Alicia passa la tête dans la chambre et Ed cria :

- Hey ! Y'a des gens presque nus qui aimeraient garder leur pudeur intacte...

- Pardon… Vous auriez pas vu Serena ? Demanda Alicia, pas gênée pour un sou

- Non. Pas du tout. Pas depuis… ben pas ce matin. Je viens de me lever. J'ai pris une douche. Pas de Serena parce que… ben parce que je vois pas ce que Serena ferait ici alors que je me lève et que je prends une douche. Voilà. C'est bizarre comme question.

Un silence éberlué suivit cette tirade. Alicia fronça les sourcils et dit :

- Elle t'a peut être dit un truc hier ? Parce qu'elle est pas dans notre chambre. J'ai pas l'impression qu'elle y ait dormi non plus.

- Non elle m'a rien dit hier. Rien du tout.

- Vous avez pas discuté après qu'on soit monter se coucher ? Demanda la jeune fille

- Si. De pleins de choses. Mais pas de ça. On a parlé de Star Wars… de la guerre de 14 et de pourquoi fallait pas mettre le lait avant les céréales. Comme d'habitude. Rien à signaler.

- Oooookay. Bon je vais ré-essayer son téléphone…

Alicia, perplexe, quitta la chambre. Alphonse regarda son frère, regarda le lit, fronça les sourcils et regarda à nouveau son frère.

- T'as bien dormi du coup ?

- Comme un bébé ! Répondit Edward un peu vite, en enfilant un t shirt.

Alphonse fronça les sourcils et commença à aider son frère à faire son sac de voyage. Après quelques secondes de réflexion, il lui dit :

- Je me sens un peu coupable

- De ?

- Hier soir, j'ai… on a dormi ensemble avec Alicia

- Oui ben c'est pas la première fois à ce que je sache… Réagit Ed en reniflant une chaussette

Alphonse haussa les sourcils et continua :

- N'empêche… je me sens un peu coupable. Alicia et Serena étaient vulnérables hier. J'ai un peu l'impression d'en avoir profité…

- T'as l'impression qu'elle était pas pleinement consciente ? Dit Edward

- Si, elle l'était… consciente et actrice… c'était cool… Continua Al, en regardant son frère, qui haussa les épaules

- Ben alors je vois pas pourquoi tu culpabilises. A la limite, ça prouve que t'es un mec bien mais personne n'en doutait. Mon avis c'est que tu te poses trop de question mais que si ça te travaille, parle en avec elle.

- Ok… c'est sympa qu'on puisse en parler

- On peut toujours parler, toi et moi. Tu trouves que c'est approprié ce genre de futal pour un enterrement ?

- Si tu retrouves ta chemise blanche, oui, ça passe… c'est juste que d'habitude, dès que je dis la phrase « dormir avec Alicia » tu refuses d'en entendre plus…

- N'importe quoi, tu exagères ! Est ce que c'est très grave si la chemise est froissée ?

- Non. Ça s'arrange.

Alphonse regarda à nouveau le lit et demanda :

- T'es sûr que tu veux pas que je fasse ton lit pendant que tu finis ?

- Non ! Non t'inquiète je le ferai plus tard. Ou pas. Dit Edward un peu précipitamment

- T'es sûr ? Au moins secouer les draps…

- Mais non je te dis ! Qu'est ce que c'est que cette obsession à propos de mon pieu ?

- Rien, rien… Répondit Alphonse avec un sourire en coin.

Il finirait bien par lui en parler de lui même…

Les deux garçons descendirent au rez de chaussée pour trouver Alicia au téléphone, tournant en rond.

- Je commence à vraiment m'inquiéter. Tu sais vraiment pas où elle a pu aller ? Ed ?

Edward commençait à être tiraillé par la culpabilité et allait inventer un demi mensonge quand Serena fit irruption dans la pièce. Elle avait les traits tirés et les cheveux défaits. Mais elle avait l'air en pleine forme. Leurs regards se croisèrent et elle lui fit un petit sourire. Le cœur du jeune homme s'accéléra et il sentit la griffure qu'il avait dans le dos le tirailler légèrement. Alicia bondit sur sa sœur :

- T'étais où ?

- J'ai reçu un coup de fil de Gabrielle hier. Apparemment, Gale a eu des difficultés à la contacter et leur rencontre s'est pas bien passée. Toujours est il qu'elle était dans un état catastrophique. J'ai passé toute la nuit à la retaper.

- T'as pu dormir ? Demanda Alicia

- Un peu. Euh… je me souviens plus à quelle heure on est monté se coucher… Demanda Serena d'un ton gêné en regardant en direction d'Edward

- Minuit et demi je dirai… Répondit Edward, sur le même mode

- Voilà… ben à 4 heure du matin, j'ai reçu un coup de fil et je suis parti la rejoindre

- T'as pu dormir quand même ? Demanda Alphonse, l'air faussement concerné

- Oui un peu…

- Parce qu'Alicia a eu comme l'impression que t'avais pas dormi dans ton lit…

- Hein ? Ah c'est parce que je me suis endormie sur le canapé. J'ai… lu des livres… pendant environ une heure après qu'on soit monté se coucher

- Une heure ? Demanda Alphonse, en souriant tandis qu'Edward comptait dans sa tête

- Environ, je regardai pas la montre, j'avais autre chose à penser... vu que je lisais des livres...

- Et tu t'es endormi dessus ? Demanda Alphonse

- Dessus qui ...quoi ?

- Ton livre

- Ah ! Oui. J'ai dormi sur le canapé. J'ai du dormir 2 heures, 2 heures et demi

- C'est pas beaucoup…

- Bref, on a un train à 11 h, Réna. Le prochain est tard dans la soirée. Faut qu'on soit parti d'ici 20 minutes max !

- Ok ok ok… viens m'aider à faire mon sac…

Les deux sœurs montèrent en trombes vers les chambres. Edward regardait dans le vide. Alphonse lui dit :

- C'est bizarre non ?

- De quoi ?

- Qu'elle se soit endormi sur son livre. Cette fille a une capacité de concentration à toute épreuve

- Peut être que le livre était chiant. Peut être qu'elle avait trop bu. Peut être qu'elle était fatiguée. Le deuil tout ça.

- Peut être…

- Pourquoi elle inventerait un truc pareil ?

- Je sais pas, à ton avis ? Demanda Al

- J'en sais rien moi. Je la crois quand elle dit que elle a dormi sur son livre. C'est toi qui est méfiant

- Je suis pas méfiant. Je m'inquiète juste pour mon amie. Qui se trouve être la sœur de ma copine

- C'est très gentil de ta part… Grommela Edward, qui laissa échapper un bâillement

- T'es sûr que t'as bien dormi toi ?

- Mais oui… On s'est couché un peu tard c'est tout…

- Vous avez parlé de quoi… pour vous coucher aussi tard ?

- Et ben… tu sais quoi, je t'en parlerai plus tard…

- Quelque chose de grave ?

- Non, quelque chose qui mérite que j'y réfléchisse de mon côté

- Mais tu m'en parleras quand même ?

- Oui. Juste pas maintenant c'est tout.

Edward fronçait les sourcils. La conversation à propos du fait d'ouvrir la porte lui était revenue. Il allait définitivement avoir besoin d'y repenser. Les événements de la nuit avaient un peu éclipsés ceux de la soirée. Il s'assit sur un des fauteuils et laissa son esprit divaguer. Il réfléchissait sur ce fameux projet. La noétique semblait prometteuse, la physique des particules peut être. Mais tout ça risquait de prendre du temps. Des moyens aussi. L'alchimie, il l'avait appris dès son enfance, il avait grandit dedans. Il était doué et avec sa capacité de travail, tout était venu seul. Là, il s'agissait de tout ré-apprendre. Et pour quel résultat ? Est ce que ça valait de s'accrocher à un espoir aussi mince ?

15 minutes plus tard, les deux sœurs redescendirent. Serena avait les cheveux humides et Alicia bougonnait :

- Je viens d'apprendre qu'on peut faire une valise en littéralement moins d'une minute.

- Ouais ben ça va. J'avais besoin d'une douche

- Comment t'as fait ? Demandant Ed

- Elle s'est servi de la noétique ! Marmonna Alicia, mécontente

- On peut faire une valise en 45 secondes avec la noétique ? S'exclama Alphonse

- C'est le principe du truc. La seule limite c'est ton imagination, Sourit Serena

- Des années que je l'attends pendant des heures alors qu elle sait faire le truc en 45 putain de secondes ! Tout est parfaitement plié. C'est incroyable

- On utilise pas ce genre de capacité pour des futilités, jeune fille ! J'ai fait une exception hygiénique

- T'avais tant besoin d'une douche que ça ? Qu'est ce que t'as fait de ta nuit ? S'exclama Alphonse, en jetant un œil à son frère, qui rosit.

- J'ai été dans un squat. Gabrielle y vit en ce moment. Ces gens sont très sympas. Mais c'est pas l'hygiène la première de leur priorité. On est pas censé avoir un train à prendre ? Répondit Serena avec un aplomb hors du commun

Après un trajet tumultueux et des achats de billets compliqués par une machine cassée, Serena s'effondra dans son fauteuil et attacha un foulard autour de ses yeux pour dormir.

- C'est gentil de nous avoir payé la première classe ! Ça a l'air hyper confortable ! S'écria Alphonse en s'installant confortablement dans un fauteuil qui respirait le luxe

- C'est pas moi qui paye c'est l'argent de mon vieux père. Faites une orgie de sandwich triangle sur son compte. Prenez du thon. Il détestait ça. Dit Serena avant de tomber dans le sommeil

Edward lut pendant 5 minutes avant de renoncer à son tour et s'endormir. Les deux cadets s'occupaient à remplir les mots croisés trouvés sur la table. Alicia dit alors :

- Moi je dis qu'ils se sont pas du tout couché à minuit comme ils ont dit. Ils seraient pas si fatigués….

- T'as une théorie ?

- Pas vraiment ? Et toi ?

- J'en ai une mais je préfère être sûr avant d'en parler

- Oh ? Intriguant. Tiens moi au courant !

- Tu seras la première à savoir !

- Mooooow…. Belle mère en 7 lettres ?

- Monstre ?

- Dis donc ! T'as de la chance que ma mère soit morte

Euuuuuh…