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Chapitre 1 : 9

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Noir.

Il soupira.

Encore.

Il avait mal.

Encore.

Le bruit du printemps lui vrillait les oreilles. Les oiseaux. Les insectes. Le vent dans les arbres. Les enfants qui riaient.

C'était insupportable.

Il se força à inspirer profondément, comme s'il n'avait pas respiré depuis des siècles.

Douleur.

Il ouvrit difficilement les yeux. La lumière intense l'éblouit. C'était le matin.

Encore.

Il savait exactement quel jour c'était. Le même jour que les 8 autres premières fois. Il se demanda quand tout cela se terminerait. Si tout cela se terminerait. Il passa sa main sur son cou. Il avait mal, putain. Il savait qu'il n'y avait plus rien, mais il ressentait quand même, encore, la souffrance passée qui parcourait ses nerfs.

Il se leva péniblement et le parquet eut un gémissement étouffé sous ses pas. Il grimaça. Chaque mouvement semblait lui coûter un effort surhumain. Sur la table, pendant son sommeil, un elfe de maison avait déposé un plateau de victuailles.

Il eut un haut le cœur.

Ignorant le festin, il se dirigea machinalement vers le miroir. Son reflet le fixa longuement, indifférent. La vingtaine, des cheveux noirs en bataille, un teint fantomatique. Et des yeux ternes.

Vides.

Il ne pensait pas forcément à quelque chose de spécifique.

Il se contentait d'être.

Usé.

Il ajusta machinalement ses lunettes, comme pour dissimuler un peu plus son regard fatigué, puis détourna son attention vers la fenêtre du château.

Le soleil était éblouissant. C'était le printemps.

Bien sûr que c'était le printemps, putain ! C'était toujours le printemps !

Les enfants (les mêmes qu'à chaque fois), insouciants, jouaient à des jeux innocents. Il ressentit un vague frisson d'amertume le traverser.

Il se demanda combien de matins similaires il devrait encore endurer.

Il s'approcha des lourds rideaux poussiéreux qui encadraient la fenêtre. D'un geste lent, presque résigné, il les tira, plongeant l'appartement dans une semi-pénombre.

L'obscurité enveloppa la pièce.

C'était toujours dans l'ombre qu'il avait trouvé un étrange réconfort, loin des regards curieux et des jugements. Personne ne savait qu'il préférait l'ombre à la lumière. C'était son secret, une vérité cachée derrière le masque qu'il portait au quotidien.

Il laissa son regard errer dans l'appartement : les meubles anciens semblaient se fondre dans les ténèbres.

Il prit son temps.

Ses doigts glissèrent sur les reliures des vieux livres qui garnissaient les étagères.

Tellement familier.

Il s'arrêta devant une vieille photographie encadrée sur la commode. Des visages souriants lui adressèrent un signe de la main. D'un geste désinvolte, il retourna le cadre pour ne plus voir leur joie.

Il décida de s'asseoir dans un fauteuil délabré, près de la cheminée éteinte. Une vague de froid le traversa.

Combien de fois encore devrait-il mourir ?

Non.

Plutôt : combien de fois encore devrait-il revenir ? En comptant celle-ci, c'était sa neuvième résurrection. Au départ, il avait été incrédule. Il ne comprenait pas. Puis, il avait ressenti une étrange euphorie qui avait, au fil du temps, finit par se muer en peur, en rage, en désespoir.

Il était mort. Huit fois. Plus ou moins douloureusement.

Puis il s'était inlassablement réveillé dans cette même chambre, ce même jour. Il savait exactement ce qui allait se passer, quels événements allaient avoir lieu. Il avait tout essayé pour briser le cycle : tuer Voldemort, le laisser vivre, accumuler des connaissances infinies, devenir si riche qu'il aurait pu acheter la Terre entière s'il l'avait souhaité. Il avait fui. Il avait sauvé le monde. Il l'avait détruit. Il avait été bon et il avait été mauvais. Il avait même mis fin à ses jours, un soir pluvieux d'automne. Une fois, il avait vécu, caché, jusqu'à ses 87 ans.

Mais, au final, c'était toujours la même chose : au bout, il mourrait.

Systématiquement.

Et à chaque fois, il rouvrait les yeux dans cette chambre maudite, âgé de 25 ans.

C'était sa malédiction.

En mettant bout à bout toutes les années qu'il avait vécu, il arrivait à la somme canonique de 298 ans.

298 ans à toujours avoir 25 ans.

C'était son enfer à lui.

Et il se demandait constamment quel crime si odieux il avait pu commettre pour être puni de la sorte.

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Disclaimer

Salut, ami lecteur,

Merci de me lire, cela me fait très plaisir. Cette fanfiction a une bonne, bonne douzaine de chapitres (mais ils ne sont pas très long). J'espère qu'elle te plaira.

On m'a demandé de préciser, alors je m'exécute : Cette fanfiction n'est pas spécialement joyeuse, mais il y a un Happy-Ending… enfin je crois bien.

Attention : Pairing Gay HPDM.

Les personnages appartiennent à JKR. Cependant, ne t'attends pas à ce que l'histoire suive celle des livres ; j'ai surtout conservé l'univers et quelques évènements.

Merci à ceux qui prendront le temps de lire, merci aussi à ceux qui commenteront ou m'enverront des messages. Je réponds rarement, mais je lis tout avec attention et cela me touche toujours ! (Même si vous exprimez votre mécontentement car vous n'êtes pas d'accord avec les choix des personnages. Mais bon, ils n'en font souvent qu'à leur tête, alors...)

Savais-tu que certaines méduses étaient capables de se régénérer et, ainsi, d'atteindre l'immortalité ?

Enfin, dans cette histoire-là, pas de méduse. Mais tout commence par une malédiction…

À moins que…