Je voulais faire quelque chose pour Regina. Je voulais lui faire une surprise. Mais je ne savais pas quoi faire.

Je n'étais pas chez moi, et bien trop fatiguée pour sortir.

Je lui écrivais un petit message.

« Fais attention à toi. Ne tarde pas. Tu me manques déjà.»

Ce n'est que quelques heures plus tard, qu'elle rentra à la maison. Je m'étais assoupi entre temps. Je l'entendis monter les escaliers. Je fis semblant de dormir. J'étais curieuse de ce qu'elle pourrait faire.

Elle entrouvrit la porte, et pénétra dans la chambre. Elle resta immobile un temps, tout en m'observant, avant de s'approcher et de s'asseoir sur le bord du lit.

Elle me caressa les cheveux, elle posa ses lèvres sur mon front. Et quitta la chambre.

Définitivement, Regina était mon Ellie Fredricksen.

Sur le chemin du retour, elle était passée à la pharmacie, récupérer mes antidouleurs et avait fini par s'arrêter dans un restaurant, pour prendre des plats à emporter.

Après être descendu au salon, elle me prépara un plateau et me le déposa sur la table de chevet.

Elle ne me réveilla pas. Et descendu, déjeuner seule.

J'avais mangé un peu, restant dans le silence. Je me sentais telle une femme faisant vœux de toute abstraction humaine dans un couvent.

Cela était triste à souhait.

Je l'entendais bouger en bas. S'agiter à faire quelque chose. Puis le calme reprit.

Je ne savais pas ce qu'elle faisait. Mais elle était là. Je n'avais pas entendu la porte claquer.

Je voulais me lever, mais le parquet aurait pu craquer.

Alors, je restais là. Bêtement.

L'écoutant.

Le temps devenait maintenant si long. J'attrapa mon téléphone et lui envoya un message.

« Tu me manques.»

J'entendis son téléphone.

Mais les minutes passaient, et aucune réponse.

Un second message, alors.

« Je suis terriblement désolé.»

Toujours cette sonnerie horrible que produisit son téléphone.

Mais aucun message n'arriva.

S'en était trop ! Elle m'agaçait.

Je sortis du lit, et sautilla comme je pus jusqu'à l'escalier.

Puis je m'assis sur la première marche.

« Regina, tu me manques. Monte.»

Elle s'approcha, et resta planter là, au pied de l'escalier. Les poings sur les hanches.

« Ne fais pas l'enfant !» Me dit-elle.

« Toi-même. Ne m'ignore pas.»

« Je n'ai rien à te dire.»

« Peut-être. J'attendrais. Mais moi si. Tu as le temps de m'écouter ?»

« Je t'écoute, l'estropié.» Me répondait-elle en souriant.

Enfin. Ce sourire. Merci.

Tout n'était pas encore perdu. Elle passait à l'humour.

« Monte !»

« Je suis bien ici.»

« T'es pas possible.» Je fis semblant de crier son écho, comme si elle se trouvait à des kilomètres de moi. Pour lui montrer qu'elle était bien trop loin de moi.

Je n'entends pas ! Vous dites que je suis puéril.

Oui, je l'admets.

Vous auriez fait la même chose à ma place.

Devant elle, devant Regina Mills.

« Tu ne méritais pas mon comportement. Je suis sincèrement désolé. Je sais tout ce que tu as fait pour moi, je n'aurais jamais dû me comporter ainsi.»

« Oui, c'est vrai. Et j'estime que tout ne doit pas être dit. Nous avons chacune eu une vie, un passé avant l'autre. Et tout n'a pas obligation d'être raconté dans les moindres détails. Mais tu as raison, j'aurais peut-être dû évoquer ce mariage avant. Mais ne parle plus ainsi. C'est une histoire douloureuse. Si je subis ça à chaque fois, cela ne me donnera nullement l'envie d'en raconter davantage.»

« Je comprends que tu veuilles ton espace, ton jardin secret. Je suis pareil. Mais ce genre d'information est importante. Je te remercie de m'en avoir parlé à l'hôpital.»

« Je n'ai pas vraiment eu le choix…»

« Je suis désolé. Je te laisserai m'en parler de toi-même.»

«…»

« Tu l'aimes encore ?»

« Je suis divorcée depuis des années. Et je suis actuellement au pied de mon escalier en train d'écouter tes excuses. A-t-on avis ?»

« Je pense que je suis amoureuse de toi.»

Regina sourit et monta une marche tout en me fixant.

Puis se stoppa.

Je repris.

« Je veux dire, que si t'imaginer avec quelqu'un peut me faire sortir autant de mes gongs. Il faut que j'en vienne à l'évidence.»

Elle monta une marche supplémentaire.

Je compris qu'à chaque aveux de ma part, elle monterait une marche.

Et bien je me lança.

« Quand je te vois. Même en colère, tu me fais de l'effet. Ça me donne le sourire.»

Et une autre !

« Tu me charmes. Par ta beauté, ton regard, tes gestes, ta bonté, ta gentillesse, ta dureté, tes attentions.»

Cela ne méritait pas deux ou trois marches supplémentaires ?

« T'aimer perturbe mon quotidien. Et j'adore ça.»

« Tu m'aimes ?» Me demanda-t-elle doucement. Comme si le confirmer plus fort, pourrait changer notre sort.

Ses yeux brillaient. Ce qui m'étais évident, ne l'avait visiblement pas été à ses yeux.

Évidemment que je l'aimais.

Je ne traverse pas le globe pour n'importe qui.

N'entendant aucune réponse de ma part, elle continua sa montée des marches.

« Je t'aime, Regina.»

« Je t'aime, Emma.»

Le reste de la journée se passa dans la plus grande tendresse.

Blotti l'une contre l'autre dans son canapé. Regina lisant un livre, et moi regardant une petite série, commençait récemment.

Le lendemain, à mon réveil. Regina avait disparu. Et oui, elle avait repris son travail.

Je descendis les escaliers. Doucement. J'étais encore toute endolorie.

Une fois en bas, je remarqua un petit carnet posé sur une console.

Je ne l'avais pas vu.

J'hésite à l'ouvrir, mais pensant que cela était sans doute un agenda, je l'ouvrit.

Une page au hasard.

« Les injures me brûlent,

Je souffre et je péris.

Pourquoi ai-je tant donnée

Le brasier est bien trop violent

Je n'ai plus la force d'éteindre ce feu

L'air me manque

Je suffoque

Oh non

Je ne suis plus là. »

Cela était si triste. A quel moment de sa vie avait-elle pu écrire cela ?

Puis une autre page.

«Elle avait le talent de raconter en riant, ce qu'elle avait vécu en pleurant. Je n'avais jamais rien vu de si touchant.»

Mais de qui parlait-elle ?

J'étais tenté de vouloir lire intégralement ce recueil qu'elle avait écrit. Mais je n'avais pas le droit, j'avais déjà beaucoup trop fait.

Avant de le fermer, je voulu lire la dernière page.

« Plus tu prends conscience de ta belle valeur, de toutes tes qualités, tes capacités, de tout ce que tu es capable d'apporter, moins tu es susceptible de tolérer le gaspillage de ton énergie, de ton temps dans des relations qui ne sont pas pour toi et dans de mauvais projets. Plus tu te vois comme ta responsabilité, ta priorité, moins tu en à laisser le manque, le doute ou la peur, te faire faire des choix que tu finiras un jour par regretter. Plus tu apprends à te connaître, à t'accepter et à t'aimer pour ce que tu es, moins tu es disposé à accepter, moins que ce que tu as véritablement mérité.»

Cette femme m'intriguait.

Ses pensées, sa vision d'elle-même ou de la vie.

Nous ne savons jamais qui sont les autres. C'est aussi effrayant, que de se livrer à cette personne, et de lui offrir confiance et amour.

Mais connaissons nous vraiment ?

J'ai plusieurs fois entendu durant ma fin d'adolescente et le début de ma vie d'adulte, des personnes me dire que j'avais changé.

Je ne pense pas que ce soit vrai. Je n'ai pas changé, j'ai grandi.

J'ai compris que dans la vie, il vaut mieux être seul qu'avoir de mauvaises compagnies.

Que face à certaines personnes, un silence vaut plus que mille mots.

Qu'avoir trop d'attentes ne fera qu'augmenter ma déception.

Que parmi tous ceux qui m'entouraient, peu étaient présents quand j'allais mal.

Et que je dois absolument prendre soin de mon cœur, car si je ne le fais pas...

Personne ne le fera à ma place. J'ai seulement vécu et appris.

Les jours passaient.

Avec un tout autre goût.

Je ne pouvais que peu sortir les premiers jours. Me reposant.

Mais Regina m'avait emmené visiter la ville, en voiture.

Puis après une semaine, je dû commencer les séances de kinésithérapie.

Ça ne m'amusait vraiment pas. Et mon expression anglaise était toujours aussi désastreuse… Chaque fin d'après-midi, elle m'accompagnait. Et restait dans un coin de la pièce.

Je lui devais beaucoup.

Elle était présente pour mes soins, pour les déplacements, pour me préparer à manger.

Deux semaines après l'accident, tout allait déjà beaucoup mieux.

Ni l'entorse, ni l'épaule démise ne me faisait mal, ou m'empêchait de bouger.

J'étais interdite de sport, évidemment. Et je ne devais pas forcer ni sur l'un, ni sur l'autre.

Mais je pouvais bouger, sortir, me balader.

Et nous reprîmes rapidement une petite routine.

Pour cette reprise, Regina me fit une agréable surprise, celle de m'emmener à un match de basketball.

Les Knicks de New-York contre les Grizzlis de Memphis.

Et c'est sans surprise que nous nous retrouvions sur les premiers bancs.

J'observais cette foule prendre place.

Regina alla nous acheter des hot-dogs.

J'en appris énormément sur les coutumes américaines, et leur lien avec ce sport.

Beaucoup de gens arrivaient, une fois le match bien entamé.

Ils partaient avant la fin. Passaient beaucoup de temps à manger.

Cela ne ressemblait pas à nos matchs de football en France. L'ambiance y était bien différente.

Ils se comportaient, comme si j'avais été chez moi, dans mon appartement, devant ma télévision. Mettant pause quand je le voulais, grignotant n'importe quoi.

Mes petits oursons de Memphis, comme j'aime actuellement les surnommer, avaient gagné.

Memphis devenait tout d'un coup, bien plus attrayant.

Sur ma liste de choses à faire à Memphis, se rajoutait d'aller voir un match de Basket au FedEx Forum.

Vous vous demandez si il y avait, à faire autre chose à Memphis ?

Évidemment !

Je suis sûre qu'il y a tant de choses à faire là-bas.

Mais pour ma part, cela reste la ville de FedEx, donc un lien très important avec mon film préféré.

"Seul au monde". Vous avez la référence, j'espère. Sinon quelle triste vie…

*Sincère désolation*

Ensuite, étant une grande fan d'Elvis Presley. Le Graceland, la fameuse gigantesque maison d'Elvis et sa famille.

Mais pour l'heure, je n'étais pas encore prête à faire cette proposition à Regina. Cela serait remis à plus tard.

Regina installée à son bureau pour une nouvelle journée de travail, reçut un appel de Zelena.

« Sœurette !»

« Zelena ! Comment tu vas ?»

« Et bien le mois d'août est enfin là ! Et tu sais ce que ça veut dire.»

« Oh oui ! Je suis désolé. Je n'ai pas pris le temps de t'appeler pour organiser ça.»

« J'ai bien vu ça. Raconte-moi. Nous n'avons pas eu le temps de discuter nous deux, ces derniers temps.»

« Comme tu sais, Emma est ici. J'essaie d'être présente chaque après-midi. Ce qui m'oblige à travailler très tôt les matins et de bosser énormément les week-End. Puis il y a eu un accident il y a quelque temps. Emma a dû passer la nuit à l'hôpital.»

« Rien de grave ?!» Demanda-t-elle inquiète.

« Maintenant tout va bien. Ne t'inquiète pas. Mais je n'ai pas vu le temps passer.»

« Je comprends. Mais notre semaine de vacances entre sœurs a sonné. Briana ne sera pas là. Mais ça je pense que tu t'en doutes. Et évidemment, Emma est le bienvenue.»

« Je lui en parle ce soir en rentrant et je t'appelle demain pour que nous en discutions un peu plus.»

Regina rentra ce jour à son appartement. Je n'étais pas sortie.

Je l'attendais avec impatience. Avec l'envie de la retrouver, et tout simplement, lui sauter dans les bras.

Les réveils sans elle me manquaient. Mais je savais qu'elle avait beaucoup de travail.

Elle me sourit, une fois passé la porte. Ce sourire, tout ce qui rendait mon monde meilleur.

Dites-moi. Cela vous est-il déjà arrivé de tout aimer chez votre conjoint ou conjointe. De la trouver presque irréelle. Et de vous demander, ce qu'elle pouvait vous trouver à vous ?

Moi oui. Même, régulièrement.

Je me demandais souvent si elle aimait réellement qui j'étais. Autant psychologiquement, que physiquement. Ou bien même mon style vestimentaire, ma façon d'être...

Rassurez-moi, je ne suis pas la seule ?

Mais ce qui me faisait prendre conscience, que c'était sans doute l'amour de ma vie.

C'est qu'elle avait le pouvoir sur moi, de calmer mes angoisses en un battement de cil.

Son sourire quand elle me voyait, sa façon de me regarder, m'apportaient les réponses dont j'avais besoin, au moment où j'en avais besoin.

Pour moi, à ce moment-là. C'était ça l'amour. Que sans un mot, elle puisse me redonner le sourire.

Sans une parole, elle me comprend et me rassure.

C'est ce qui la rend inoubliable, qui rend le grand amour unique. Cette façon dont cette personne vous montre, qu'elle ne compte pas vous changer.

Aucun jugement. La personne n'est peut-être pas en mesure de vous comprendre. Mais elle n'est pas là pour réduire votre estime de soi, vous rabaisser, ou vous faire vous sentir mal à la place où vous vous trouvez à ce moment-là.

J'ai vécu ce genre d'amour toxique. Vous connaissais ? Quand on vous dit vous aimer pour qui vous êtes. Mais qu'on critique absolument tout ce que vous pouvez être, dire ou faire.

C'est malsain, n'est-ce pas ?

Pour ma part, j'ai eu beaucoup de mal à reprendre confiance en moi, en mes capacités.

Les gens attendent trop souvent que vous leur disiez, oui. Parce qu'il pense que c'est normal.

Mais ça ne l'est pas.

Vous n'avez pas à changer. Pour qui que ce soit, si cela ne vient pas de vous.

L'amour nous rend aveugle. C'est vrai.

Il n'est pas objectif. Nous fermons les yeux, beaucoup trop souvent sur des comportements ou des mots qui ne devraient pas être mis sous silence.

Il ne faut jamais oublier qu'en l'autre, se trouve quelqu'un de différent.

Quelqu'un qui ne peut pas être vous. Une personne qui a sa propre vie, son passé, aussi difficile soit-il, sa propre perception de la vie, ses envies et sa façon d'aborder son futur.

Nous sommes des êtres individuels avant de créer une certaine collectivité. Nous devrions être chacun respecté pour ce que nous sommes, pour nos valeurs, pour nos épreuves de la vie. Mais aussi, pour ce qu'on a envie de devenir et d'accomplir dans le temps.

Dans cette société, les frontières sociales sont difficiles.

Pour ma part, je ne sais jamais sur quel pied danser. Et cela dans diverses situations.

Il ne faut pas oublier, que nous grandissons tous avec des valeurs différentes, une vision de la famille, des coutumes bien distinctes des uns et des autres.

C'est un sujet assez vaste que j'ai beaucoup étudié durant mes études.

Malgré cela, je me rendais compte qu'en présence de Regina, je perdais beaucoup de cet apprentissage.

Parce qu'elle m'intriguai, parce que je voulais connaître toute sa vie dans les moindres détails.

Cela venait de moi.

Mais avec le temps, avec beaucoup de travail personnel, la présence de sa sagesse, de sa bienveillance et de sa patience. Nous avons réussi à trouver un parfait équilibre pour chacune d'entre nous.