3 _ Un cadeau parfait

A chaque fois que Steve prenait des nouvelles de sa famille ou de ses amis aux États-Unis, il se remémorait les dix-huit mois qui venaient de passer.

Il avait quitté Hawaï en homme brisé qui n'avait pas su guérir les blessures du corps ou de l'âme. Rejoint dans l'avion par son ex-compagne, il n'avait pu empêcher l'arrière-goût amer qui lui était monté à la gorge. Il avait beau ne pas tenir rancune à Catherine pour leur rupture, il ne souhaitait pas d'elle dans sa reconstruction. Il lui avait donc souhaité bon vent avant de se rendre chez sa sœur. Il avait été ravi de la découvrir en compagnie d'un ancien militaire qu'il avait croisé sur le terrain et l'avait trouvée épanouie. Heureux pour elle, il l'avait informée de son désir de voyager pour se reconstruire et était parti serein quant à l'avenir de Mary. Il savait qu'aux côtés de Jeremy, elle irait bien.

Il était ensuite parti au sud, toujours plus vers le sud et était arrivé en Patagonie après quatre mois de voyage. A cheval, il avait exploré ces grandes étendues sauvages et y avait trouvé une paix intérieure qu'il ne se souvenait pas avoir déjà ressentie.

Il avançait au hasard avec son cheval, lorsqu'il avait rencontré un homme mourant dont le fils d'à peine six se tenait à ses côtés pour essayer de le faire boire. Steve avait eu pitié de cet homme et l'avait aidé à s'alimenter, à boire et l'avait accompagné vers une mort douce et digne.

Dans ses derniers instants, cet homme, Ernesto, avait confié à Steve ne plus avoir de famille et que Miguel se retrouverait seul à sa mort. L'américain, qui passait déjà beaucoup de temps avec le petit garçon et avait déjà développé une forte affection pour lui, proposa alors de prendre soin de lui. Ernesto avait alors voulu que les choses soient faites dans les règles et avait rempli les papiers avec lui pour s'assurer que Miguel serait bel et bien adopté par Steve après sa mort. L'homme avait tenu cinq mois après sa rencontre avec le militaire avant de s'éteindre.

Ce fut à ce moment-là que Steve avait réalisé le magnifique cadeau qu'il lui avait été fait, le cadeau parfait pour commencer une nouvelle vie : un fils qui avait besoin de lui autant que lui avait besoin du petit. Il avait réalisé à ce moment-là à quel point Miguel donnait un sens à sa vie, à quel point il était plus facile de travailler sur ses défauts, de s'appliquer à panser ses plaies du passé pour promettre un bel avenir à cet enfant innocent.

Miguel était un enfant de peu de mots, mais avec un énorme sourire communicatif. Il mettait du cœur à tout ce qu'il faisait et apprenait l'anglais à toute vitesse. A la demande de Steve, il avait commencé l'école et travaillait dur pour avoir de bons résultats. L'américain était fier de lui et le lui répétait souvent, conscient que l'enfant portait toujours en lui les cicatrices de la mort de ses parents.

Mary décrocha le téléphone, sortant Steve de ses pensées et tous deux se mirent à discuter avec bonne humeur.