Le sang, les hurlements de douleur, les pleurs, tout ce qu'Hermione avait redoutés, elle y avait assisté...La solitude avait frappé la jeune sorcière et ça de façon totalement injuste. Elle avait été privé de tout ceux qu'elle aimait, de sa famille, de ses amis, de ses proches. Larmes, souffrance, désespoir, c'était tout ce qui lui restait. Chaque fois qu'elle se regardait, elle avait l'impression de ne plus se reconnaître. Hermione Granger avait changé, plus de jolie sourire, plus d'air sévère et réprobateur qu'elle arborait parfois pour ses amis, plus rien...
Deux années étaient passées depuis la victoire écrasante de Lord Voldemort sur le bien, deux ans à être obligée de se cacher, de fuir incessamment, de ne se sentir à l'abri nulle part. Sa tête avait été mise à prix, elle était recherchée par tout le pays, elle, ainsi que tous les nés-moldus. Elle était une paria, un être que le monde entier rejeté.
La petite fille aux joues rondes et à la chevelure indomptable n'existait désormais plus, elle laissait place à une ravissante jeune femme frêle, aux boucles soyeuses, aux lèvres pulpeuses, aux longs cils et aux yeux qui brûlaient d'une flamme inextinguible. Un nouveau trait physique s'était ajouté, la pâleur de son visage à cause du manque de nourritures, elle n'avait déjà plus tellement d'appétit. Sa force, son courage, sa détermination avaient décuplés, elle était une lionne et une lionne ne se laisserait pas asservir sans qu'on ne la mette à terre.
Elle avait maintenant dix-neuf ans, Harry Potter avait péri, l'Ordre n'existait plus, elle avait sombré tout comme Dumbledore. Pourtant, Hermione gardait sa force intérieure, incarnant paradoxalement aussi la fragilité. Ses parents étaient, heureusement pour eux, loin de tout, loin du monde apocalyptique des sorciers. Hermione s'était promise de retrouver Ron, elle ne s'en irait pas tant qu'il ne serait pas à ses côtés.
Mais que faire pour lancer les recherches sans être vue ? Les Mangemorts étaient partout, ils s'étaient multipliés, c'était une véritable armée. Les souvenirs d'Hermione restaient sa lueur d'espoir dans l'univers enfouie par les ténèbres. Les Moldus étaient décimés en masse, Hermione savait bien qu'elle était exposée au danger, elle n'avait pourtant pas peur.
Elle se devait de retrouver l'homme qu'elle aimait et ça à n'importe quel prix, même si ça lui coûterait la vie. Réfugiée dans un endroit inconnu, la jeune sorcière ressassait ses souvenirs heureux de son existence qui ne faisaient désormais plus partie de sa vie. Aussi étrange cela puisse paraître, elle se sentait apaisée de tout oublier et de revivre ces moments.
Elle pensa au jour où elle avait reçu sa lettre pour Poudlard et qu'elle venait d'apprendre par la même occasion qu'elle était une sorcière, un petit sourire se dessina au coin de ses lèvres. Puis s'en suivit toutes les aventures incroyables qu'elle avait vécues avec Harry et Ron, mais chacune finissait avec une fin heureuse, ce qui n'était pas le cas actuellement.
La nuit tomba, la jeune femme se reposait, elle était complètement épuisée. Chaque nuit, elle s'assurait de mettre autour des sortilèges de protection, la dissimulant aux yeux des Mangemorts. Un sentiment d'emprisonnement l'habitait depuis une très longue période, elle avait l'impression d'être en cage. Elle voulait être libre à nouveau, libre comme l'air, sans être persécutée de tous les côtés car les gens de son espèce étaient destinés à mourir ou à servir d'esclave. Hermione se demandait si un jour la lumière referait surface. Les chances étaient minimes.
Dumbledore était mort, Harry était mort, énormément d'innocents étaient morts à cause d'un monstre ! Il n'y avait plus aucun obstacle pour se dresser face au Seigneur des Ténèbres. La jeune sorcière ignorait combien de temps elle allait continuer à se terrer, elle se devait de repartir à la recherche de Ronald.
Elle s'endormit profondément. Cette nuit, elle crut sentir une présence près d'elle, une présence pas malveillante mais apaisante. Hermione entendit une douce voix qui l'appelait par son nom comme un murmure. Elle sentit une main effleurant tendrement sa joue, la caressant avec une telle douceur. Une odeur familière chatouilla ses narines, son cœur accéléra son rythme. Elle reconnut ce parfum, cette voix, ce contact, c'était...Ron...La jeune femme se réveilla en sursaut, à son grand désarroi, ce n'était qu'un rêve.
Le lendemain, Hermione se leva en s'étirant longuement. Cette dernière ne s'étonna pas de ne pas voir le soleil poindre à l'horizon, la Marque des Ténèbres dominait tout le pays. Le ciel était recouvert par des nuages gris et menaçants. La jeune fille ne supportait plus de rester ici sans réagir, elle devait faire quelque chose, n'importe quoi.
Elle se décida à quitter cet endroit, elle rangeait tout ce qui lui servirait lors de sa quête. Cet été était si différent, se dit-elle, mais la chaleur était bien là. Hermione plongea sa main dans son sac, elle en sortit un fragment de miroir, son reflet l'accueillit, elle se regarda longuement. Son visage était taché de terre, écorché à certains endroits, elle avait des cicatrices sur son cou, de terrible mémoire.
Elle s'en souvenait comme si c'était hier, un Raffleur l'avait l'attaquée, elle s'en était sortie in extremis, elle chassa ces images de son esprit. Elle se moquait complètement de quoi elle avait l'air, ce n'était pas le moment de penser à quoi elle ressemblait. Elle ferma les yeux, soupira doucement et s'empressa de s'enfoncer plus loin dans la forêt.
L'espoir serait sa source de lumière et la plus puissante, elle avait gardé les enseignements sages de Dumbledore, d'Harry et de Ron. Elle était vivante, c'était un espoir. Elle ne laissera personne l'éteindre comme une simple bougie malgré qu'ils souhaitaient ardemment y parvenir.
En ce moment même, un être inhumain scrutait le paysage, le sourire aux lèvres, il était plus que satisfait du résultat de son dur labeur. Tant d'années, qu'il attendait d'avoir une nouvelle fois le monde de la magie sous sa coupe, tant d'années qu'il désirait ne plus avoir ce vieux fou de Dumbledore lui mettre des bâtons dans les roues.
Et tant d'années qu'il voulait tuer Harry Potter ! Il avait réussi, il jubilait encore aujourd'hui, il fêtait son succès ainsi que sa victoire ! Le sombre mage noir s'avouait que c'était bien ennuyeux de ne plus avoir de murs à abattre. Lui qui pensait avoir chassé tout sentiment humain, la vie lui jouait de vilains tours.
Il n'avait plus d'objectifs puisque qu'il les avait atteints tous sans aucune exception. L'immortalité, le pouvoir, le règne de la terreur. Le mage se dit qu'il finirait par trouver une distraction tôt ou tard. Peut-être même que sa distraction n'était pas très loin.
Torturer des Moldus ne l'amusait plus autant qu'avant, les prisonniers aussi ne l'intéressait pas. C'était alors qu'une idée lui effleura l'esprit, les deux amis de Potter n'étaient-ils pas toujours en vie ? Quelle importance, de toute manière, ils ne pourront pas s'enfuir de l'Angleterre. Ceci aurait été amusant de faire souffrir les deux fidèles de Potter.
Plongé dans ses pensées, il était dos au Mangemort qui venait d'entrer et pourtant il sut aussitôt qui venait de franchir le pas de la porte. Le Mangemort respira plus doucement, il sentit tout son corps se raidir. L'aura que le mage noir dégageait, était effrayante tout comme son apparence.
Voldemort ne daigna même pas se retourner pour lui faire face. Trop heureux de ne pas affronter le regard de son Maître, il se contenta de discuter ainsi. La voix glacée et sifflante de Voldemort s'éleva rompant le silence pesant :
- Eh bien, Lucius, que m'apportes-tu comme nouvelles ?
Il avait deviné sans peine que c'était lui. Lucius ne voulait absolument pas provoquer l'impatience de son Maître, il lui répondit immédiatement :
- Maître, j'ai quelque chose qui je pense pourrait vous satisfaire. l'informa-t-il
- Je t'écoute. dit Voldemort dans un murmure à peine audible
- Nous vous apportons une toute nouvelle victime...précisa Lucius
- Vraiment ? Et en quoi un prisonnier peut-il m'intéresser ? J'espère pour toi que ce n'est pas encore un de ces sales moldus. menaça Voldemort d'une voix dangereusement basse
- Maître, jamais je n'oserai vous faire perdre votre temps. Ce n'est pas n'importe qui, c'est un ami de Potter. lui dit Lucius
Voldemort se tourna enfin vers son fidèle partisan. Il était intéressé par ce que venait de dire Lucius.
- Voilà qui m'intrigue, qui est-ce ? l'interrogea le mage noir d'une voix froide
- Je suis certain que vous allez aussitôt le reconnaître, je vous l'ai amené. répondit le sorcier blond
Deux Mangemorts apparurent tenant de chaque côté le prisonnier ou la prisonnière. Il faisait sombre la pièce était faiblement éclairé par le feu de la cheminée. Voldemort se tourna lentement vers la personne qu'on obligea à agenouiller devant lui. La personne ne se débattait même pas, elle semblait affaiblie, à bout de forces. Un large sourire étira les lèvres inexistantes du Seigneur des Ténèbres :
- Tu me combles, Lucius, merci pour ton présent. J'admets que je commençais à m'ennuyer. Laissez-moi seul maintenant. ordonna-t-il
Les Mangemorts s'exécutèrent aussitôt et quittèrent la pièce. La personne étendue resta inerte. Nagini se hâta de s'approcher en premier de leur prisonnier. Voldemort s'amusa de voir l'impatience chez son serpent, il lui parla en Fourchelangue :
- Doucement, Nagini, doucement. Laisse-moi d'abord voir son visage, je te le laisserai, sois-en sûre.
Nagini siffla de contentement et retourna à l'endroit où elle était. S'approchant nonchalamment de sa proie, le mage noir sentit une envie cruelle qui s'emparait de lui, il voulait faire souffrir atrocement sa nouvelle victime qui était déjà gravement blessée.
Malefoy avait un teint maladif, Poudlard lui semblait tellement lointain, c'était une autre époque et complètement révolue...Il détestait faire partie des partisans de Voldemort, avait-il le choix ? C'était ça ou mourir, il préférait de loin une telle existence plutôt que de se confronter aux tourments du trépas.
Son père, qui avait tant fait l'éloge du mage noir, qui l'avait présenté sous son meilleur jour, comme étant leur sauveur, qu'il changerait le monde de la magie pour le meilleur. Ce n'était que des mensonges...Voldemort ne cherchait pas à améliorer les choses, il ne pensait qu'à son propre désir égoïste, à régner sur les sorciers.
Et dire qu'il y avait peu, il voulait que ça arrive, il voulait que Voldemort gagne la guerre. Drago regretta sincèrement ses pensées honteuses. Lorsqu'il fut confronté aux morts, à la terreur, il changea immédiatement son avis. Il n'était plus qu'un esclave du Seigneur des Ténèbres, sa famille n'était plus que l'ombre d'elle-même.
Il ne reconnaissait plus ses propre amis, ils avaient énormément changé, l'amitié n'avait clairement plus sa place dans ce monde ni même l'amour. Voldemort détestant ces valeurs qu'il qualifiait d'inutiles. Tout le monde devait adopter ses idéologies au risque de se faire tuer sur-le-champ. Et le pire étant que la famille Malefoy continuait de subir encore des moqueries de la part des autres partisans.
Bellatrix faisait donc tout pour remonter dans l'estime du mage noir, de même que Lucius, c'était tout ce qui leur restait. Drago n'avait qu'une envie c'était de partir et de même quitter sa famille, il n'en pouvait plus d'avoir l'impression de se retrouver au milieu de la tempête sans pouvoir trouver refuge. Il devait trouver le courage de le faire, il n'y arrivait pas, il ne pouvait pas partir, il était à jamais prisonnier de cet enfer pour y purger sa peine jusqu'à la fin des temps. Sa mère éprouvait exactement la même chose que son fils, elle n'exprimait pas son ressenti, même à son fils.
Le seul qui lui restait, malgré qu'il n'agissait pas avec gentillesse, c'était Rogue. Son ancien professeur de potions semblait comprendre mieux que personne ce que Drago était en train de traverser, il était encore si jeune et se retrouvait dans tout ça. Il ne le méritait pas.
- Vous ne pouvez pas continuer à agir de cette façon, monsieur Malefoy...lui reprocha Rogue
- Qu'est-ce que vous vous voulez dire ? s'agaça Drago
- Vous ne croyez pas que le Seigneur des Ténèbres finira par déceler que vous n'êtes plus enclin à accepter son règne. Vous n'arrivez décidément pas à cacher vos émotions. lui fit observer Rogue
- Je n'ai pas besoin de votre aide ! cracha Drago
- Très bien, je pourrais tout aussi bien vous laisser vous faire tuer par sa main...murmura Rogue d'une voix froide
- Qu'est-ce que vous voulez que je fasse ? Quand je me regarde, je sais que ça se lit sur mon visage que je suis complètement dépassé par tout ce qui se passe. Et puis il ne fait pas attention à moi, ça ne sert rien que je le cache. se justifia Drago
- Et vous pensez qu'il est mieux de tenter votre chance ? Vous ne pouvez pas deviner quand il cherchera à vous interroger. insista Rogue
- Que proposez-vous alors ? lui demanda Drago
- Travaillez votre Occlumancie. Je peux vous prêter des livres qui traitent sur le sujet et pensez à vous entraîner de vous-même à dissimuler vos émotions. lui conseilla Rogue
- A quoi bon ? grommela Drago
- Souhaitez-vous mourir ? siffla Rogue entre ses dents
- Non. soupira Drago
- Dans ce cas, écoutez ce que je viens de vous dire. dit Rogue d'un air sévère
- Je le ferai...promit Malefoy
- N'oubliez pas que c'est pour vous, pour votre bien. continua Rogue
Il y eut un silence entre eux jusqu'à que Drago décide de le rompre :
- Que se serait-il passé, professeur ?
Rogue lui jeta un regard interrogateur.
- Si Potter avait pu le vaincre. précisa Malefoy
Rogue resta imperturbable, l'évocation du garçon l'avait quand même pris au dépourvu et encore plus en entendant son ennemi de toujours parler de lui.
- Je pense que vous connaissez déjà la réponse. répondit Rogue
- Peut-être mais je me demande aussi si ça aurait été meilleur. Ma famille et moi auraient fini à Azkaban. douta Drago
- Croyez-moi, les choses auraient été bien meilleures que maintenant. lui assura Rogue
Drago hocha lentement la tête, c'était vrai, rien ne pouvait être pire que ce qu'ils étaient en train de vivre. Le jeune Malefoy se retrouva seul, il ne se sentait plus chez lui dans sa propre demeure. Il restait la plupart du temps dans sa chambre, sauf qu'il ne pouvait pas non plus ne plus y bouger. Ce qu'il regrettait beaucoup. Il n'aurait jamais cru ça de lui, mais il se plongeait avec acharnement dans ses études pour oublier ce qu'il en était de la situation actuelle.
Il ne put retenir sa pensée, voilà qu'il se comportait comme Granger. Il comprit enfin d'où lui venait cette force mentale qu'elle possédait, elle puisait son équilibre dans les livres. Ni ses parents, ni le mage noir étaient contre, ils répétaient sans cesse à Drago de se livrer dans les arts obscurs de la magie noire. Il en tirait un avantage, il pouvait inconsciemment se sauver de cette manière.
Et il réussirait un jour, il voulait garder cet infime espoir. Fini le garçon pourri gâté, il avait été confronté aux dégâts de la guerre, la vie n'épargnait personne d'un sort terrible. Peu importe les richesses, le statut, le titre, rien de tout cela n'y faisait. Malefoy devait se montrer encore plus impitoyable pour ne pas se faire écraser par ceux qui étaient plus puissants que lui. Il l'avait décidé, il ne laisserait plus personne l'humilier, lui, comme ces deux dernières années à cause des échecs lamentables de son père.
Il montrerait qu'il était digne du respect qu'il avait toujours eu autrefois. S'il le fallait, il s'en prendrait à ces Moldus pitoyables pour montrer au Seigneur du Mal qu'il en valait la peine, qu'il n'était pas le simple reflet de son père mais bien un sorcier avec sa propre personne. Il ne supporterait pas un instant de plus ces humiliations. Sa famille ne comptait désormais plus, s'était-il demandé s'il avait même eu une famille avant...
