Titre : Le pouvoir des mots
Auteur : Lady Zalia
Résumé du chapitre précédent : Lorsqu'ils arrivent chez Paul de Tudèle, ils s'aperçoivent que le sorcier a disparu et que le grimoire n'est plus là. Voldemort est persuadé que le sorcier a été absorbé par son livre, et que Nicolas Flamel est venu récupérer le grimoire. Harry refuse d'utiliser des impardonnables et s'efforce de gagner l'amitié de Lothaire, un collaborateur de Nicolas Flamel, pour qu'il le conduise jusqu'à l'alchimiste. Cependant le jeune sorcier tombe amoureux de Harry et lorsqu'il décide de lui avouer ses sentiments, Voldemort le tue par jalousie. Furieux, Harry transplane sous ses yeux.
Réponse aux reviews :
Saylen : Merci pour ta review ! XD Je suis contente que tu sois à fond dans l'histoire. Alors... comment dire... je suis pas certaine que tu vas apprécier la fin de ce chapitre non plus pardon d'avance ! Harry doit faire dans la pédagogie avec Voldemort XD C'est qu'il a la tête dure le mage noir.
Chapitre 18
Voldemort avait transplané jusqu'à l'auberge, abandonnant sur place le cadavre du jeune sorcier. Ce Veracrasse avait tenté de lui voler Harry, mais il n'avait été qu'un désagréable grain de sable dans sa botte. Désormais le problème était réglé et il en était soulagé.
Le libraire allait sans doute lui en vouloir, mais il allait de nouveau être au centre de ses pensées, et c'était tout ce qui comptait. Mieux encore, puisque son bras droit était mort, Nicolas Flamel allait tôt ou tard être obligé de sortir de sa cachette pour se trouver un nouvel assistant… Et Voldemort comptait bien en profiter pour le surprendre.
Le Serpentard avait immédiatement rejoint leur chambre commune, espérant trouver son amant en train de bouder, cependant il dû se rendre à l'évidence qu'il n'était pas là.
Confiant dans l'attachement du Gryffondor à sa personne, il décida cependant de l'attendre en reprenant la lecture du grimoire qu'il avait commencé la veille. Après tout, il allait bien finir par rentrer… Ce n'était pas comme s'il avait autre part où aller…
Il refusait obstinément de céder à la peur, mais lorsque le ciel se couvrit de nuages sombres, l'angoisse insidieuse qui l'avait étreint quelques heures plus tôt, refit brutalement surface. Harry était un sorcier relativement compétent, il en était déjà conscient, néanmoins il ne pouvait s'empêcher de s'agiter à mesure que la nuit tombait. Et s'il rencontrait de nouveaux ennemis ? Et s'il était submergé par le nombre ?
Incapable de se concentrer sur quoi que ce soit d'autre, il recommença à faire les cent pas.
Son amant, son ancrage… était quelque part à l'extérieur alors que le soleil venait de disparaître à l'horizon. Était-il seulement encore à cette époque ? En France ? Il aurait peut-être pu essayer de rejoindre leur maison londonienne, cependant il n'avait pas la clé, et il ne disposait pas d'assez d'argent sur lui pour improviser une traversée sur un coup de tête.
Il parlait couramment plusieurs langues médiévales et il ne manquait pas de ressources mais il était venu à cette époque pour vivre à ses côtés. Il ne POUVAIT PAS l'avoir abandonné.
Voldemort se sentait torturé par l'anxiété comme un poison courant dans ses veines. Il avait l'impression d'être redevenu mortel, terriblement vulnérable. L'idée de perdre Harry Potter le terrifiait autant que de perdre la vie.
Il voulait rester ici au cas où le libraire reviendrait, et en même temps partir à sa recherche.
Il aurait voulu pouvoir débusquer Nicolas Flamel et détruire ce fameux grimoire pour supprimer tout ce qui pouvait menacer son amant.
Il se sentait impuissant malgré sa magie, obsédé par l'idée qu'il était peut-être en train de perdre le seul être humain à avoir jamais eu d'importance dans sa vie. Une larme coula le long de sa joue. Une larme de rage, de frustration et de peur mêlés.
Harry était la chose la plus précieuse de son existence, et s'il revenait sain et sauf, il allait tout faire pour ne plus jamais lui donner de raison de le fuir. Plus jamais. Dût-il le jurer sur sa magie pour l'en convaincre…
***/+/***
Harry avait transplané au sommet des falaises Normandes, à l'endroit où Paul de Tudèle était lui-même apparu lorsqu'il avait fait son voyage dans le temps.
La vue de la mer s'abattant avec fureur sur la côte de calcaire était la représentation exacte de son esprit, et il trouva cette vision magnifique.
Il hurla du plus fort que ses poumons le permettaient, hurla à en perdre son souffle, avant de se jeter à genoux et frapper le sol de ses poings.
Il se sentait misérable et malheureux, furieux contre lui-même et contre Voldemort.
Le mage noir avait tué Lothaire juste parce qu'il lui avait avoué ses sentiments. Et il ne pouvait s'empêcher de se dire que c'était de sa faute. Il était rentré dans sa vie, avait gagné son amitié. Et surtout, il avait sauvé la vie de Voldemort.
Si le Serpentard était mort ce jour-là, les choses auraient été bien plus faciles.
Peut-être aurait-il malgré tout fui dans le passé, pour ne pas avoir à affronter les regards de l'Ordre du Phénix. Mais Lothaire aurait probablement connu une vie longue et heureuse, tout comme tous ces soldats moldus qu'il avait massacrés pour le libérer.
Il devait se rendre à l'évidence, en décidant de sauver le mage noir, il était devenu tout aussi responsable de ses actes.
La voix éraillée par les émotions, les poumons brûlés par le vent glacé, il poussa un long gémissement de bête blessée.
Il ne savait plus quoi faire. Il était hors de question de rentrer à Paris comme si de rien n'était. Il voulait donner une bonne leçon à cet être inhumain qu'était Voldemort. Il voulait lui faire ressentir cette douleur que lui-même ressentait. La culpabilité. Le remords.
Il voulait faire vaciller le mage noir de son piédestal, lui faire prendre conscience une bonne fois pour toute que la vie avait une valeur, et qu'il ne devait plus jamais priver un être humain de cela.
Le corps peu à peu engourdit par le froid ambiant, il dodelina de la tête en regardant le vide vertigineux à moins d'un mètre devant lui.
Voldemort était immortel, il ne cessait de s'en vanter, alors quelle vie mettre en péril sinon la sienne ?
Il se souvenait du soulagement lu sur son visage lorsqu'il l'avait retrouvé après avoir transplané sous l'influence de Paul de Tudèle, quelques semaines plus tôt. Il avait de la valeur aux yeux du mage noir, c'était une évidence. Mais accepterait-il de ne plus tuer personne s'il menaçait de l'abandonner ?
Après tout, il ne lui avait jamais dit qu'il l'aimait…
Il souffla longuement. Et lui, comment pouvait-il encore ressentir quoi que ce soit pour lui ? Bien qu'il ait tué Lothaire de sang-froid, juste sous ses yeux moins d'une heure plus tôt, il ne pouvait s'empêcher d'envisager de retourner à ses côtés. Était-il donc lui aussi devenu si dépourvu de morale ?
Il observa d'un œil morne le soleil plonger dans l'horizon. S'il voulait mettre son plan à exécution, il était impensable de revenir avant le lendemain matin, cependant il allait devoir se trouver un refuge pour la nuit.
Il avait un peu d'argent sur lui et connaissait certains des enchantements utilisés par Voldemort pour protéger leur chambre, mais le mage noir lançait la plupart d'entre eux sans prononcer le moindre mot. Il savait qu'il serait incapable de tous les utiliser pour la bonne et simple raison qu'il en ignorait la formule.
Pour l'heure, il ne pouvait pas se contenter de rester en pleine nature en espérant que les choses se passent bien. Ne serait-ce que parce qu'il commençait à pleuvoir et qu'il ne voulait pas tomber malade…
Se relevant lentement, il resta encore un moment à observer l'horizon. Il pouvait presque deviner l'Angleterre, de l'autre côté de la Manche. Et entre deux, une mer houleuse comme un rempart infranchissable entre lui et sa terre natale.
Il comptait bien y revenir, et si possible avec le mage noir à ses côtés. Car malgré tout ce qu'il avait fait, il avait toujours des sentiments pour lui, et il ne voulait pas finir par le haïr. Et puisqu'il était devenu responsable de lui en lui sauvant la vie et en l'emmenant à cette époque, il était déterminé à lui faire abandonner ses habitudes meurtrières. Il en allait de sa conscience. Car si Voldemort devait redevenir le Seigneur des Ténèbres qu'il était auparavant, il ne pourrait le supporter.
Résolu à prendre en main leur destin mutuel, il commença à cheminer vers la ville en contrebas. Ollivander leur avait dit. Le fait qu'ils aient le même cœur de baguettes n'était pas anodin. Ils étaient liés, et si la Mort voulait mettre des épreuves sur leur route, ils les affronteraient main dans la main ou ne le feraient pas.
Arrivé dans la cité moldue, il se dirigea immédiatement vers une auberge en espérant qu'il y ait une chambre de libre. Il allait devoir jeter plusieurs sortilèges pour se protéger au cours de la nuit et il ne pouvait se permettre de se retrouver dans un lieu public.
La ville était modeste, mais de nombreux navires de commerce y transitaient, et par chance il y avait plusieurs hôtels.
La chambre qu'il avait louée était exiguë et très rudimentaire mais il n'avait pas besoin de plus. Il commença par jeter un sortilège d'Impassibilité à voix basse, pour empêcher les moldus d'entendre à travers les murs, puis il commença à incanter les premiers rituels de protection, à haute et intelligible voix. Voldemort lui avait dit que son pouvoir résidait dans ses mots. Que sa voix rendait sa volonté réelle. Il avait déjà accompli des choses qui auraient dû être impossibles, et il était hors de question qu'il se fasse attaquer cette nuit comme une vulgaire proie sans défense.
Les premières heures passèrent, amenant le calme dans la cité médiévale. Incapable de trouver le sommeil, Harry regardait avec appréhension la lune monter dans le ciel depuis la fenêtre de sa chambre. Il n'avait même pas pu se résoudre à se coucher. L'angoisse lui serrait l'estomac et sur le manche de sa baguette, ses doigts étaient moites. La nuit était couverte, mais vers 2 heures du matin, les nuages s'écartèrent, laissant la lumière de l'astre nocturne éclairer l'intérieur de la chambre. C'est alors qu'il aperçut un mouvement en périphérie de sa vision, et lorsqu'il se retourna, il découvrit qu'une silhouette sinistre s'était matérialisée dans le coin de la pièce. Le Gryffondor sursauta et poussa un cri, se reculant instinctivement pour s'éloigner de l'intru. Il ne l'avait même pas entendu apparaître !
Reprenant ses esprits, il pointa sa baguette dans sa direction et lança un "Stupefix" tonitruant. Il était trop proche pour manquer sa cible, et pourtant le sortilège passa simplement au travers, comme s'il ne s'agissait que d'une ombre.
Repoussant la terreur qui menaçait de le submerger, le libraire s'efforça de réfléchir. Cet ennemi-là n'était pas comme les précédents. Il ne portait pas de capuchon mais une sorte de couronne de piques et était aussi plus grand, si bien qu'il semblait toucher le plafond de la petite pièce. Jusqu'à présent, il était resté parfaitement immobile, mais Harry savait pertinemment qu'il ne pourrait ne serait-ce que détourner le regard de sa présence.
Le cœur battant à tout rompre, il jeta un Lumos pour éclairer la chambre. La créature devant lui ressemblait beaucoup à un Détraqueur. Haute d'environ 2,50m, sa robe jaune en lambeaux laissait apercevoir un corps noir et décharné, quasiment squelettique. Son visage était recouvert d'un masque blanc. Soudain, la créature se mit à bouger, étendant le tissu autour de lui tel des ailes vaporeuses, et Harry sentit une suite de mots s'immiscer dans son esprit.
Tu as été témoin du pouvoir de Cthulhu.
Incapable de se soustraire à cette voix envoutante, le sorcier hocha la tête.
Les Dieux Anciens peuvent offrir une grande puissance à leurs adeptes. Tu pourrais te libérer des mots, toi aussi…
À nouveau, il hocha la tête. Il avait vu ces moldus capable de faire de la magie. Il avait puisé dans son pouvoir, lui aussi, lorsqu'il avait voyagé à travers le temps et l'espace. Il pouvait sans peine imaginer quelles seraient ses possibilités en tant que sorcier. Il pourrait s'affranchir des lois élémentaires, distordre la réalité selon sa volonté… C'était attrayant. Dangereusement séduisant.
La créature reprit.
Notre maître attend dans la cité de R'lyeh. Il recherche des fidèles pour le libérer de son grand sommeil. Il te récompenserait si tu le rejoignais. Tu obtiendrais un pouvoir supérieur à tous les autres.
Harry était tenté de dire oui. Tout son corps était tétanisé, incapable de détourner le regard, et tout son esprit lui hurlait d'accepter cette proposition. Une part de lui était terrifiée à l'idée de ce qu'il se passerait s'il refusait. Sans doute la créature allait-elle l'attaquer…
Ses propres pensées étaient parasitées par les suggestions perfides de l'entité face à lui. C'était encore plus puissant qu'un Imperium, plus implacable que du Veritaserum.
Étrangement, ses considérations voguèrent en direction du mage noir. Voldemort avait toujours été en quête de pouvoir. Si une telle créature apparaissait soudainement malgré ses protections et lui présentait un tel marché, sans doute y réfléchirait-il sérieusement. Mais d'un autre côté, le Serpentard était tellement orgueilleux qu'il pourrait refuser pour la seule raison qu'il ne s'inclinait devant personne, pas même devant un Dieu ancien et omnipotent.
Il eut un sourire et secoua la tête. Il se souvenait parfaitement des cultistes roumains. Ils étaient devenus fous, tuaient tout le monde sans distinction. Il était hors de question qu'il devienne ainsi.
- Je dis non. Je refuse de le rejoindre. Je ne veux pas faire partie de son culte.
Il avait été soulagé d'entendre que sa voix ne tremblait pas malgré son angoisse. Il ne parvenait même pas à cligner des yeux, mais il avait réussi à répondre et c'était bien la preuve qu'il avait gardé le contrôle d'au moins une partie de son corps.
Il se concentra sur sa baguette, son bras toujours tendu. Il pouvait sentir la magie circuler dans son corps. Il était puissant, il n'avait pas besoin de l'aide de Cthulhu pour cela.
Face à lui, la créature s'était remise à danser, faisant voleter ses haillons jaunes tels des voiles de soie délicate, et la voix s'infiltra à nouveau dans sa tête.
C'est absurde. Notre maître est tout puissant. Tu veux résister ? Pathétique sorcier, tu ne peux rien contre nous. Tu serviras Cthulhu, avec ou sans ta volonté.
Il tendit un doigt osseux et démesuré, mais Harry ne voulait pas vraiment voir de quoi il était capable. Même s'il était paralysé, il pouvait parler, et c'était justement en cela que résidait son pouvoir.
- NON ! Partez… DISPARAISSEZ !
Ce n'était même pas une formule, mais la terreur avait nourri sa magie. Au bout de sa baguette, la lumière avait vacillé, les murs et le sol avaient tremblés, et une multitude de bruits insupportables avaient résonné autour de lui. Des grincements, des crissements, des hurlements suraigus… Une cacophonie assourdissante qui l'avait presque rendu fou.
Puis tout d'un coup, tout s'était arrêté. Devant la lumière de son Lumos, la pièce était vide et paisible, sans le moindre signe que quelque chose était là auparavant.
Harry reprit son souffle, se rendant en même temps compte qu'il pouvait bouger. La créature était partie…
Il se sentait frigorifié, et il frotta machinalement ses bras couverts de chair de poule. Il avait l'impression qu'il l'avait échappé belle.
À nouveau, ses pensées retournèrent en direction de Voldemort. Le mage noir était-il en train de le chercher ou était-il dans leur chambre en train de l'attendre ? Et si la même créature apparaissait devant lui, serait-il à même d'y faire face ? L'entité n'avait pas semblé réellement tangible, et il pouvait toujours voir sur le mur l'impact de son premier sort.
Bondissant sur ses pieds, il se saisit de ses affaires et s'empressa d'enfiler sa cape. Même s'il en voulait toujours énormément au Serpentard pour le meurtre de Lothaire, il ne souhaitait pas sa mort.
Ils étaient au beau milieu de la nuit, mais il était bien trop angoissé pour attendre jusqu'au matin en sachant que son amant avait peut-être besoin de lui.
À nouveau habillé, il déverrouilla la porte de sa chambre et dévala rapidement les escaliers jusqu'au rez-de-chaussée. Il avait sans doute fait trop de bruit en descendant les marches, mais il était à mille lieues de s'en préoccuper.
Dans l'entrée, un jeune garçon était en train de somnoler devant la cheminée, et Harry déposa brutalement la clé sur le comptoir pour le réveiller.
- Je m'en vais. Chambre 6. Je récupère ma caution.
Sur les nerfs, il hésita à se servir de sa magie alors que le moldu traînait à lui rendre son or. Heureusement, il finit par trouver comment accéder au coffre avant que Harry ne perde patience, et il put quitter l'auberge.
Dehors, seuls quelques flambeaux marquaient l'entrée du port ou l'emplacement des portes de la ville, et les rues étaient plongées dans une obscurité quasi totale.
Pour l'heure, cela arrangeait bien le libraire qui n'hésita pas pour transplaner. Il voulait rejoindre leur auberge parisienne au plus vite car il savait qu'il ne serait pas soulagé tant qu'il n'aurait pas vu le mage noir sain et sauf.
Il réapparu dans une ruelle à deux pas de l'auberge sorcière où ils louaient une chambre. Ici aussi tout était calme, mais la place était éclairée par plusieurs chandelles enchantées qui contribuèrent à le rassurer.
D'un pas vif, il pénétra dans la taverne et salua d'un signe de main la sorcière encore présente derrière son comptoir malgré l'heure tardive. Il semblait à Harry qu'elle ne dormait jamais, mais il n'avait pas le temps de s'appesantir sur le sujet. Il grimpa les marches deux par deux et atteignit finalement l'étage où se trouvait leur chambre. Il pouvait presque entendre son cœur tambouriner dans sa poitrine tellement il battait vite !
Sans même frapper, il tourna la clenche et la porte s'ouvrit sans résistance, signe que Voldemort ne l'avait pas verrouillé malgré la nuit.
***/+/***
Il n'était pas rentré. La soirée avait laissé place à la nuit et Harry n'était pas réapparu.
Voldemort était resté seul dans la chambre, seul à ruminer ses pensées. L'inquiétude, l'angoisse le torturait, et pourtant il refusait de le reconnaître.
Il n'avait jamais été attaché à qui que ce soit. Il avait toujours rejeté cette faiblesse avilissante qu'était l'amour, et pourtant… pourtant l'absence du libraire l'obsédait. Il était incapable de penser à autre chose. Il voulait le retrouver, le serrer dans ses bras… Ou l'étrangler pour lui avoir causé un tel émoi.
Son esprit était fracturé entre la détresse et la colère, incapable de se résoudre à agir. Il savait que Harry pourrait revenir ici et c'était la seule chose qui l'empêchait de vriller. Il devait l'attendre au cas où il réapparaîtrait.
Les mêmes questions tournaient en boucle dans sa tête. Où était-il ? Était-il seul ? Était-il en sécurité ? Était-il seulement encore à cette époque ? Avait-il l'intention de revenir ?
Il voulait croire que oui. Qu'il ne l'aurait pas abandonné… Pas après tant d'épreuves… Mais il n'avait aucun moyen d'en être certain.
Rester assis, seul avec ses pensées, était douloureux. Insupportable même. À défaut d'agir, il continua à faire les cent pas, revivant les derniers évènements dans son esprit.
Il avait tué ce jeune sorcier dans une réaction presque viscérale. Cet homme, Lothaire, avait nourri des sentiments pour ce qui lui appartenait. Harry était à lui, personne n'avait ne serait-ce que le droit de le convoiter.
Pourtant, il était suffisamment intelligent pour comprendre que c'était sa mort qui avait provoqué la colère du Gryffondor. Sa colère et son départ.
Inspirant longuement, il chercha à canaliser ses émotions du mieux qu'il pouvait. Il devait réfléchir de manière rationnelle, comme le Seigneur des Ténèbres qu'il était. Comment empêcher Harry de le quitter à nouveau ? Auparavant, sa première réponse aurait sans doute été de le séquestrer, mais maintenant il était conscient que ce ne serait jamais la bonne solution. Le Gryffondor avait un tempérament flamboyant, une détermination à toute épreuve et était suffisamment puissant pour pouvoir lui tenir tête. Il ne pourrait jamais imposer ses décisions par la force, mais n'était-ce pas aussi cela qui le rendait si désirable à ses yeux ?
Pour le garder à ses côtés, il n'avait d'autre choix que de le convaincre, faire des compromis, sacrifier un peu de ce qu'il était pour devenir le William Peverell qui avait su capturer son cœur.
S'asseyant sur le rebord du lit, il cala sa tête entre ses mains, en proie à un terrible dilemme. Qu'est-ce qui était le plus important pour lui à l'heure actuelle ? Il n'avait plus d'armée, plus de serviteur, il était redevenu un parfait inconnu. Il n'avait plus de réputation à sauvegarder. Et d'un autre côté, la présence du libraire était pour lui comme un Feudeymon dans la nuit noire. Il le réchauffait, illuminait son monde et le faisait sentir plus vivant qu'il n'avait jamais été.
Depuis toujours, son cœur n'avait été qu'une source de souffrance. Lorsqu'il avait tenté de se faire des amis à l'orphelinat puis parmi les Serpentards. Lorsqu'il avait espéré que quelqu'un l'adopte. Lorsqu'il avait découvert que sa famille paternelle était en vie… Dès l'enfance, il avait appris que les espoirs étaient douloureux. Il avait appris à prendre par la force, à susciter la fascination et l'admiration pour manipuler ses pairs. Mais Harry ne croyait plus en ses mensonges. Il s'était joué de lui une fois en se faisant passer pour celui qu'il n'était pas, et depuis le libraire semblait lire en lui comme un parfait Legilimens. Il le comprenait dorénavant mieux que personne, peut-être même mieux que lui-même.
Face à cette prise de conscience, l'angoisse le gagna à nouveau. Et s'il le faisait souffrir lui aussi ? Et s'il l'abandonnait pour le punir et décidait de retourner dans le présent pour retrouver ses amis et sa famille ? Devait-il prendre le risque de sacrifier sa fierté pour sauvegarder son affection ? Devait-il le laisser s'emparer de son cœur ? C'était sans doute trop tard…
Il y avait tant de questions auxquelles il n'avait pas la réponse… Le temps passait, ne soulageant rien à ses tourments intérieurs.
Il fallait qu'il revienne. Tout serait réglé s'il passait le pas de cette porte. Qu'il le laisse à nouveau le serrer dans ses bras, sentir la chaleur de sa peau, la douceur de ses baisers. Tout son esprit lui hurlait combien le libraire lui manquait, comme un organisme privé d'oxygène ou d'eau. Il était assoiffé de son contact, de sa présence. Drogué… Intoxiqué par sa lumière…
Dans le ciel, l'horizon était d'un noir d'encre. Noir comme son humeur. Il pouvait distinguer les bougies enchantées qui délimitaient la rue en contrebas, mais cela ne faisait que mettre en lumière son absence.
Voldemort s'éloigna de la fenêtre. Le silence autour de lui était assourdissant, si bien que lorsqu'un bruit de transplanage résonna à l'extérieur, il sursauta.
D'un bond, il se précipita pour regarder à travers la vitre, scrutant la petite place dans l'espoir d'y reconnaître la silhouette de son amant, cependant il ne vit rien. Peut-être que le sorcier était déjà entré dans le bâtiment ?
La gorge serrée par l'émotion, il fixa la porte comme si elle allait soudainement se transformer en monstre. Quelqu'un montait les marches. Il pouvait l'entendre, et pourtant il était trop effrayé pour venir à sa rencontre.
Si c'était un inconnu, il serait tellement déçu qu'il le tuerait sans doute pour la seule raison qu'il n'était pas Harry… Il valait mieux rester ici, dans cette chambre.
Il n'avait pas verrouillé la porte, et lorsque la poignée tourna, il la pointa de sa baguette, prêt à réagir à une potentielle attaque.
***/+/***
- Harry !
La voix était presque… désespérée, et Harry n'avait même pas eu le temps de réagir qu'il était enserré dans une étreinte puissante. À peine était-il entré que Voldemort s'était jeté sur lui et il sentit à travers ce geste combien son départ l'avait bouleversé. Incapable de rester insensible, il tapota maladroitement le dos du Serpentard pour l'inciter à le lâcher.
- Je suis revenu. Mais je t'en veux encore.
- Je suis… désolé, je… C'était plus fort que moi, il… Il avait des sentiments pour toi, et j'ai… Je l'ai haï pour cela.
C'était la première fois que Voldemort parlait avec une telle émotion, autre que la colère, et le Gryffondor en fut touché. Son absence semblait réellement avoir impacté l'autre sorcier plus qu'il ne l'aurait cru.
Secouant la tête, il continua à serrer le mage noir entre ses bras.
- Tu as été jaloux, je sais. Mais ça ne t'autorise pas à tuer des gens. Plus jamais. Sinon je te quitterai définitivement.
- J'ai cru que tu ne reviendrais pas. J'ignorais où tu te trouvais et j'ai pensé aux créatures du grimoire… J'ai cru que tu étais en danger.
Les mains du Serpentard le palpaient sous toutes les coutures, comme s'il voulait vérifier s'il était intact. Harry le repoussa doucement.
- Je suis là. J'ai croisé une nouvelle créature mais j'ai réussi à la faire disparaître, et… moi aussi je me suis inquiété pour toi. Je ne voulais pas que tu sois seul au cas où elle apparaîtrait ici.
Voldemort avait consenti à reculer et le libraire put à nouveau observer son visage. Il y avait quelque chose de différent dans son regard, sans qu'il ne puisse l'identifier. Cependant lorsque le mage noir lui prit les mains, il écarquilla les yeux face à cette soudaine solennité.
- Harry, je… Je veux que tu restes à mes côtés et je ferais tout pour cela. Même si je ne dois plus jamais utiliser le sortilège de Mort. Je veux t'en faire le serment. Un Serment Inviolable.
Le Gryffondor ouvrit la bouche, incertain de ce qu'il devait répondre. Voldemort ressentait de la culpabilité ? C'était presque invraisemblable, et il ne savait comment y réagir.
D'un côté, ça lui semblait presque trop facile de lui pardonner sur un simple serment, mais de l'autre, il savait ce que cela coûtait au mage noir de prononcer de tels mots. Se soumettre à la magie, s'imposer un garde-fou impossible à violer, se priver d'un sortilège qu'il avait sans doute lancé un nombre incalculable de fois… En serait-il seulement capable ?
Harry eut un triste sourire et leva sa main pour caresser sa joue.
- Je veux que tu me fasses la promesse de ne plus jamais utiliser le Doloris et de n'utiliser le sortilège de Mort que s'il n'y véritablement aucune autre solution. Mais je ne veux pas de Serment Inviolable. Si tu romps ta parole, je partirai, mais je ne veux pas que tu meures…
- Moi je ne veux pas vivre sans toi, car si tu m'abandonnes, je mettrai le pays à feu et à sang.
C'était dit. Le libraire le fixa et lu dans son regard à quel point il était sérieux. Il avait gagné l'amour d'un Seigneur des Ténèbres, un amour immodéré, désespéré et éperdu. Et malgré cette déclaration, il voulait le lui entendre dire.
- Est-ce que tu m'aimes ? Est-ce que tu me donnes ta parole de ne plus me faire souffrir ?
Il sentit le mage noir faire un minuscule mouvement de recul, comme s'il voulait le contempler dans son ensemble.
- Tu en doutes encore ?
- Dis-le…
- Je t'aime. Je ferais tout pour toi, pour que tu restes à mes côtés… avec moi. Je veux que tu sois mon amant pour l'éternité. Et je fais le serment de ne plus jamais utiliser le Doloris et de n'utiliser le sortilège de Mort qu'en cas d'extrême nécessité.
Harry ne put s'empêcher de sourire, et il baissa la tête pour le dissimuler. Il l'avait dit. Ces mots qu'il avait tant attendu. La bienséance et la morale auraient sans doute voulu qu'il se montre froid, qu'il continue à lui faire la tête pour le punir d'avoir tué Lothaire… Mais si Voldemort s'était apaisé à son contact, lui était sans doute devenu un peu "gris", car pour l'heure son seul désir était de l'embrasser. Lui montrer combien il l'aimait et combien ces mots le comblaient.
Finalement, il l'attira au plus près de lui pour inspirer longuement, et déposa un bref baiser sur sa gorge.
- Je t'aime et je resterai à tes côtés. Je veux te rendre heureux. Je ne suis pas sûr que tu le mérites mais… Je ne verrais plus jamais mes amis ni ma famille. Je veux faire en sorte que mon sacrifice en vaille le coup. Et je me dis que je fais une bonne action en empêchant le monde de brûler alors…
Cette fois, il l'incita à baisser la tête pour l'embrasser à pleine bouche, transmettant tout le désir et la passion qu'il ressentait pour le mage noir.
D'un geste vif, Voldemort glissa ses mains sous ses cuisses pour le soulever et le fit s'asseoir sur la table, lui faisant ressentir au passage combien il était désireux pour lui.
- Harry, je te veux. Je te veux maintenant.
En quelques instants, ils furent tous deux nus, allongés l'un contre l'autre sur le lit, agrandi magiquement. Une sorte de frénésie les avait saisis, et ils ne cessaient de s'embrasser avec la passion d'une relation naissante. Pour une fois, Harry refusait de rester passif. Il avait refermé ses jambes autour de la taille de son amant et se servait de sa posture pour se frotter lascivement contre lui, attisant leur désir et les entraînant doucement vers la folie.
Voldemort n'était pas en reste, parcourant la peau de son amant de suçons tout en tentant d'immobiliser Harry dans son étreinte. Soudain, il parvint à faire relâcher le libraire de son emprise, et il en profita pour engloutir son sexe entre ses lèvres, espérant le terrasser par le plaisir d'une fellation.
Le Gryffondor savait que le mage noir aimait contrôler leurs ébats, et il cessa de s'agiter pour profiter de la gâterie qui lui était offert. La langue du Serpentard autour de sa verge était tout simplement divine, et sa chaleur, sa douceur… C'était trop bon, et il finit par atteindre l'orgasme, se répandant dans sa bouche sans pouvoir se retenir.
Lorsque Voldemort remonta jusqu'à son visage, il arborait un sourire victorieux que Harry jugea terriblement séduisant, et il l'embrassa à nouveau, malgré le goût de sa propre semence sur sa langue.
- Prends-moi. Je veux te sentir en moi. Je veux ton sexe.
Joignant le geste à la parole, il tendit le bras pour attraper l'objet de son désir, le caressant sur toute sa longueur.
Le mage noir commença alors à le préparer, glissant un premier doigt en lui, puis un second. Il semblait aussi impatient que son amant, mais il était malgré tout désireux de ne pas le blesser, car il attendit qu'il soit suffisamment détendu avant de le pénétrer.
Lorsqu'ils se lièrent enfin, les deux sorciers poussèrent un profond et mutuel soupir de soulagement. Ils étaient enlacés l'un contre l'autre, le sexe de Voldemort profondément enfoncé dans Harry, et c'était tout ce qu'ils désiraient.
Puis le Serpentard commença à bouger, plongeant sa verge en de lents et profonds mouvements, sans lâcher son amant du regard.
- Tu es à moi. Mais je ne t'ai jamais vu comme un objet. Tu es ce que j'ai de plus précieux. Tes sentiments sont un trésor à mes yeux.
Il l'embrassa à nouveau, un bras passé derrière sa nuque tandis que l'autre était enfoncé dans le matelas pour permettre ses allées-et-venues. Harry gémissait et haletait, les yeux grands ouverts, comme s'il voulait graver le visage de son amant dans son esprit.
- Tu es à moi comme je suis à toi... Rien… ni personne ne pourra nous séparer… C'est ce que je veux. Oui… Plus fort !
Comprenant le besoin du Gryffondor, Voldemort accéléra, martelant le corps sous lui de coups puissants. Après plusieurs minutes de ce traitement, il le mena à l'orgasme, et alors que la magie du libraire envahissait la pièce, ils écarquillèrent tous deux les yeux face à l'énergie déployée.
- À toi mon SssSsss.
Le mage noir jouit en lui et même si Harry n'avait pas pu comprendre le mot prononcé dans ce qu'il supposait être du fourchelang, il en avait été intensément heureux. Il laissa des larmes de joie couler sur son visage alors qu'il embrassait à nouveau son amant. Lui, Harry Potter, un modeste libraire, avait obtenu l'amour du puissant mage noir qui terrorisait le Royaume Uni, et dorénavant, il ne ferait plus de mal aux innocents. Il voulait y croire.
- Je veux dormir dans tes bras. Ne me lâche pas. Je veux sentir ta chaleur contre moi.
Encore essoufflé, la voix légèrement éraillée, le Gryffondor referma ses doigts autour de ceux du mage noir pour l'empêcher de s'éloigner.
Voldemort lâcha un bref reniflement et hocha la tête.
- Je ne comptais pas aller bien loin mais je ne bougerai pas.
Harry ferma les yeux avec un large sourire. Son instinct lui disait que l'étrange créature qu'il avait vu en début de soirée ne réapparaîtrait pas cette nuit. Et entre les bras de son amant, il avait l'impression d'être invulnérable.
***/+/***
Malgré le soulagement que lui apportait la présence de Harry Potter à ses côtés, Voldemort fut incapable de trouver le sommeil cette nuit-là. Il repensait à l'importance qu'avait récemment pris le libraire dans sa vie, à cette promesse qu'il avait faite, mais aussi à cette "nouvelle créature" que Harry avait croisée, et qui l'avait fait revenir en catastrophe. Il craignait qu'elle soit capable de passer outre ses sortilèges de protection, et il était resté éveillé pour s'assurer que son amant soit en sécurité.
Il en avait profité pour réfléchir à leur avenir et à la manière de retrouver Nicolas Flamel. Détruire le livre était la seule manière de les libérer de ces monstres qui les poursuivaient, et c'était sa priorité absolue. Mais même en ignorant la colère de Harry, il reconnaissait à présent que tuer ce Lothaire avait été une erreur. Il aurait pu utiliser l'Imperium pour lui soutirer ses informations, et désormais cette possibilité avait disparu.
Il y avait de grandes chances que l'alchimiste se manifeste, ne serait-ce que pour comprendre l'origine de la disparition de son assistant, mais il allait avoir besoin d'un peu de chance pour parvenir à tomber sur lui. Son principal atout était qu'ils étaient de parfaits inconnus pour Nicolas Flamel, et il ne s'attendait absolument pas à devoir les affronter. Pour sa part, même s'il l'avait rencontré bien des siècles plus tard, il connaissait l'apparence de l'alchimiste et il n'était encore à cette époque qu'un jeune érudit plongé dans ses recherches pour créer la pierre philosophale. Il n'aurait ni la puissance magique ni l'expérience nécessaire pour les vaincre.
Lorsque le jour se leva, il se coucha dans leur lit commun, pressé contre le corps chaud du Gryffondor. Il savait que le libraire ne tarderait pas à se réveiller mais il devinerait sans peine qu'il avait veillé toute la nuit et le laisserait dormir, au moins pour quelques heures.
Finalement, quand il rouvrit les yeux, Harry était assis à table en train de dessiner, et lorsqu'il se pencha sur son travail, il devina qu'il devait s'agir de la nouvelle créature rencontrée la nuit-même. Le croquis ressemblait beaucoup à un Détraqueur, car les traits de son visage étaient masqués, et la créature semblait léviter au-dessus du sol.
- Il m'a parlé, tu sais… Pas avec sa voix, mais par télépathie. Il m'a proposé de devenir un adepte.
Le mage noir plissa les yeux.
- Et j'imagine que tu as refusé ?
- Bien évidemment, pour qui me prends-tu ! Je n'ai pas oublié ce qu'il s'est passé en Roumanie ! Cette scène de massacre dans l'église, moi je l'ai vécu ! J'ai dit que je ne rejoindrai jamais son culte.
Le Serpentard sourit devant son air scandalisé.
- Je n'en attendais pas moins de toi. Et comment a-t-il réagi ?
- Il n'avait pas l'air satisfait de ma réponse, mais je n'ai pas voulu voir ce qu'il comptait me faire. J'ai utilisé ma magie… Je lui ai hurlé de disparaître, puis je me suis empressé de quitter la pièce. Je craignais qu'il vienne s'en prendre à toi.
- Je sais me défendre…
Le Gryffondor secoua la tête, la mine sombre.
- Je doute que tu puisses faire quoi que ce soit contre lui. Alors qu'il venait juste d'apparaître, j'avais déjà essayé de lui jeter un sort avec ma baguette, mais ça n'avait fait que le traverser, comme s'il était intangible. Je crois que je suis parvenu à le faire disparaître uniquement grâce au Pouvoir des mots. Mais c'est aussi à cause de ça qu'ils veulent me recruter.
- Je vois. Je n'aime pas l'idée qu'ils te convoitent. Dépêchons-nous de détruire ce grimoire de malheur en espérant que cela mette fin aux apparitions. Et si cela ne suffit pas, j'irais détruire ce village et tous ses cultistes à coups de Feudeymon.
- Ah oui, et comment comptes-tu t'y prendre pour retrouver le grimoire, maintenant que notre principal indice est mort par ta faute ?
À nouveau, la voix de Harry était empreinte d'une certaine rage, mais Voldemort fit un geste vague de la main, comme pour dissiper ses craintes.
- Flamel va se montrer, j'en suis persuadé. Il a perdu son assistant, il va bien être obligé de sortir.
Le libraire soupira.
- Hier, il a récupéré quelque chose auprès d'un artisan gobelin. Quelque chose pour Nicolas Flamel. Je suppose que nous pourrions aller dans son appartement et… attendre qu'il daigne se pointer.
- Parfait. Je vais y aller seul et mettre un piège magique à l'entrée de son appartement. Ainsi je serai averti si quiconque essaye d'entrer. Nous n'aurons plus qu'à cueillir cet alchimiste et le faire parler… sans utiliser de Doloris, bien sûr.
Le regard du Gryffondor était clairement suspicieux mais il ne rajouta rien de plus tandis que Voldemort se préparait à sortir.
Il se doutait qu'il n'allait guère insister pour aller voir le cadavre de l'autre sorcier et de toute façon, il y avait peu de chance qu'ils rencontrent Nicolas Flamel le jour même.
Pour l'heure, il comptait simplement s'infiltrer dans la demeure de sa dernière victime, mettre en place le sortilège d'alarme et revenir. Finalement, ce fut Harry qui reprit la parole alors qu'il s'apprêtait à passer le pas de la porte.
- S'il te plaît, si tu croises Nicolas Flamel, préviens-moi. Je voudrais être là si tu dois l'affronter.
- Tu penses que je ne serais pas capable de le vaincre par moi-même ? Aux dernières nouvelles, je suis bien plus doué que toi en duel.
Voldemort ponctua sa phrase d'un sourire espiègle et son amant le fusilla du regard.
- Tu sais très bien ce que je veux dire. Le grand seigneur des ténèbres que tu es devrait bien être capable de prévenir son compagnon sans pour autant alerter sa cible.
- Je te préviendrais si jamais je croise Flamel. Quant à toi, attends-moi aussi. J'aimerais me promener un peu à tes côtés pour changer.
Harry hocha la tête tandis qu'il quittait leur chambre et rejoignait la rue. Une fois dehors, il profita d'une impasse pour se désillusionner, et s'éleva dans le ciel parisien. L'assistant de Nicolas Flamel habitait dans le même quartier que Paul de Tudèle, au beau milieu de la capitale moldue. Il vola jusqu'à arriver au-dessus de l'appartement et atterrit sur la terrasse. D'un coup de baguette magique, il déverrouilla la porte pour accéder au logement du sorcier qui était resté exactement dans le même état que la veille. Le cadavre n'avait pas bougé, si ce n'est l'essaim de mouches qui volaient autour, et l'odeur de la mort n'avait pas encore envahi les lieux.
Le mage noir jeta un premier sortilège d'alarme sur la porte avant de reporter son regard en direction de sa dernière victime. Il se souvenait des propos de Harry et ne put s'empêcher de céder à la curiosité. L'objet acheté aux gobelins était sans doute encore sur lui…
Il s'approcha et se pencha pour fouiller son sac. Il y trouva une bourse, une tablette de cire et son stylet ainsi qu'un jeu de clés, mais nul paquet ne correspondant à la description que Harry lui en avait fait. Il récupéra l'argent et fouilla l'escarcelle de cuir accrochée à sa ceinture, sans plus de résultat.
Intrigué par ce mystère, il promena son regard autour de lui avec un œil nouveau. Peut-être y avait-il eu le temps de le ranger dès leur retour ? Il n'avait aucune idée de ce que cela pouvait être, et il n'avait pas pour habitude de se conduire comme un vulgaire voleur, mais puisqu'il s'était déplacé, autant en profiter…
Il dépouilla méthodiquement la bibliothèque à la recherche de grimoires dignes d'intérêt, renversa les coffres et vida la crédence de son contenu jusqu'à avoir retourné tout l'appartement. Finalement, il avait perdu une bonne trentaine de minutes pour un maigre butin, car Lothaire n'était qu'un assistant et ne possédait ni fortune ni ouvrage rare, mais il avait tout de même quelques livres qui pourraient intéresser Harry et une petite somme d'or de côté.
Voldemort jeta un nouveau sortilège d'alarme sur la cheminée, puis un dernier sur la porte qui donnait sur le balcon après l'avoir emprunté pour sortir. Toujours désillusionné, il s'envola pour retourner à la Place Cachée et rejoindre leur auberge, impatient d'y retrouver le libraire. Il était persuadé que Nicolas Flamel allait rapidement se montrer et il était impatient de pouvoir mettre la main sur lui. Même sans Doloris, il connaissait de très nombreux sorts pour faire parler les gens et ce n'était plus qu'une question de jours avant qu'ils ne récupèrent le grimoire.
Arrivé dans la rue sorcière, il atterrit sur le pavé afin d'entrer dans l'auberge, mais alors qu'il traversait l'entrée, la tenancière l'apostropha avec urgence.
- MONSIEUR PEVERELL ! Votre ami ! Il a… Un homme est venu, il a demandé à voir Harry Potter… Moi, j'ai prévenu votre ami et… Quand il est sorti, l'autre l'a attrapé et a transplané avec ! Il l'a enlevé !
Le mage noir l'attrapa par le bras et pointa sa baguette sur sa tempe, maîtrisant avec difficulté son désir de la torturer.
- À quoi ressemblait-il ?!
- Ah ! Un sorcier aux cheveux blonds… la quarantaine… les yeux bleus. Il ne m'a pas donné son nom. J'vous jure, j'lui ai rien dit, il savait déjà que… monsieur Potter résidait ici. Ça s'est passé si vite !
La tavernière semblait déjà au bord des larmes et le Serpentard la relâcha avant de rompre sa promesse. Il n'avait même pas eu besoin de Legilimens pour saisir ses souvenirs, et il avait reconnu Nicolas Flamel. Il y avait de grandes chances pour qu'il soit déjà au courant de la mort de son apprenti et cherche à se venger. Sans doute pensait-il que Harry était le coupable... Cela expliquait du même coup l'absence du colis sur le cadavre. L'alchimiste était probablement passé juste avant lui !
Il se maudit intérieurement et canalisa ses émotions du mieux qu'il put. Il devait réfléchir posément à la situation. Harry avait sans doute deviné l'identité de l'homme, et s'il n'avait rien fait pour se débattre, c'était vraisemblablement dans l'espoir qu'il le conduise chez lui…
Mais pour l'heure, il n'avait aucun moyen de les trouver, et il ne pouvait s'empêcher d'imaginer le pire. Son amant était un duelliste raisonnablement doué, mais Nicolas Flamel n'était pas un sorcier à sous-estimer.
Abandonnant la tenancière éplorée dans l'entrée, il monta les marches deux par deux pour rejoindre leur chambre. Il devait se calmer. Harry allait probablement lui envoyer son emplacement d'un instant à l'autre et il devait se tenir prêt.
***/+/***
Harry secoua la tête pour tenter de s'éclaircir les idées. Il était plongé dans l'obscurité la plus totale, mais il savait que ce n'était qu'un maléfice, et que son ravisseur, lui, voyait parfaitement bien.
Suite au message de la tavernière, il venait à peine de descendre et n'avait même pas eu le temps de dire le moindre mot qu'il avait été emmené de force par un homme au physique pourtant fluet. Il avait juste hoché la tête à l'appel de son nom et l'autre sorcier l'avait attrapé par le bras avant de l'entraîner dans une sorte de transplanage étrange. La sensation avait été comme celle d'un Portoloin, il s'était senti attiré malgré lui par un crochet au niveau de son nombril sans qu'il ne puisse faire quoi que ce soit pour y résister. Il avait brièvement fermé les yeux par réflexe, mais lorsqu'il les avait rouverts, il s'était retrouvé entouré par les ténèbres et attaché.
Dans sa manche, il ne sentait plus sa baguette, pourtant il ne voyait pas quand l'autre sorcier avait pu la lui subtiliser. Avait-il été stupéfixé sans qu'il ne s'en aperçoive ? Et que lui voulait-il ? Il n'y avait pas grand monde qui connaissait son identité à cette époque, et l'homme avait demandé s'il était bien Harry Potter, c'est donc qu'il savait son nom sans connaître son apparence.
Il s'agissait probablement de Nicolas Flamel, et sans doute était-il au courant de la mort de Lothaire. Pour l'heure, il avait besoin de savoir s'il se trouvait chez l'alchimiste ou non. Il ne savait trop ce qu'il comptait lui faire, mais il ne pensait pas qu'il allait le tuer de sang-froid. À moins que sa réputation ne mente, l'homme était connu pour son humanité, et était ami de Dumbledore, il ne pouvait donc pas être foncièrement cruel…
- Excusez-moi ! Qui êtes-vous et que me voulez-vous ?
- Harry Potter ! Qu'avez-vous fait à mon apprenti ?!
Le Gryffondor fit une brève moue. Ses suppositions étaient manifestement fondées, mais il préféra faire croire à son agresseur qu'il n'était au courant de rien.
- Qui ça ? Lothaire ? Pourquoi cette question ? Je ne lui ai rien fait !
- Quand l'avez-vous vu pour la dernière fois ?
- Hier. Nous avons passé une partie de la journée ensemble et nous nous sommes séparés. Il m'a emmené visiter le village gobelin puis il me semble qu'il est rentré chez lui. Je ne sais rien de plus. Il lui est arrivé quelque chose ?
Nicolas Flamel lui répondit avec une voix emplie de rage.
- Il est mort ! Quelqu'un l'a tué, un sorcier ! Et quelqu'un capable de jeter des sortilèges extrêmement maléfiques ! Il m'avait parlé de vous…
Harry tenta de se remémorer les émotions qui l'avaient assaillies lors de sa mort, mais il se souvenait surtout de sa colère vis à vis de Voldemort. Et elle avait été de courte durée. Il avait été si terrifié à l'idée de le perdre, qu'il lui avait pardonné à peine quelques heures plus tôt.
Il secoua la tête pour se concentrer sur l'instant présent. Il ne pouvait se permettre de se laisser tuer par Flamel.
- Par Merlin… C'est terrible… Mais ce n'est pas moi, je vous jure que je suis innocent. Je ne suis pas un mage noir.
- Mais vous savez quelque chose. Lorsque je vous ai dit qu'il était mort, vous n'avez pas eu l'air surpris. Je sens que vous me mentez. Dites-moi la vérité ! Qui a tué mon apprenti !
Le libraire avala péniblement sa salive à cause du sentiment de culpabilité qui grandissait en lui.
- Je l'ignore. Je n'en sais rien, je vous le jure.
Depuis quand mentait-il autant ? Ce n'était pas dans ses habitudes de se montrer malhonnête. De protéger un meurtrier… C'était contraire à tout ce en quoi il croyait. Et pourtant…
- Très bien, si vous refusez de me dire la vérité, vous me voyez contraint d'utiliser la manière forte. Descendo.
Immédiatement, Harry sentit un maléfice le heurter, et une force le projeter brusquement sur le sol, l'écrasant sans qu'il ne puisse y résister. Son souffle s'était coupé sous le choc et il toussa à plusieurs reprises avant de parvenir à parler.
- Qu'est-ce que… vous allez me faire ? Me torturer ?
- Contrairement à vous, je ne suis pas un criminel. Je vais vous remettre aux autorités en leur disant que je vous ai attrapé sur les lieux du crime. Vous êtes un étranger et je suis un sorcier réputé. Ils me croiront et vous condamneront à la pendaison, d'autant que c'est mon apprenti la victime et que des gens peuvent témoigner qu'ils vous ont vu ensemble. Bien sûr vous pourriez aussi me dire ce que vous savez et je pourrais peut-être changer ma version des faits. Je réclame simplement la justice pour Lothaire.
- J'ignore tout de ce qui est arrivé, je n'ai rien à vous dire !
Il ment.
La voix avait résonné dans son esprit de manière totalement inattendue, et Harry sursauta violemment. Il connaissait cette voix. Il l'avait « entendue » au cours de la nuit dernière. C'était une voix désincarnée et glacée, une voix capable de le plonger dans la terreur. Et d'un seul coup, il comprit… Nicolas Flamel n'était pas seul. La terrifiante créature qui était apparue la nuit dernière avait manifestement décidé de lui tendre un piège et avait fait appel à l'alchimiste pour cela…
Flamel était un ermite mais la créature avait trouvé les mots pour le faire réagir, lui avait sans doute indiqué où le trouver et comment l'enlever.
Il sentit une goutte de sueur glacée couler le long de son dos. Tout d'un coup, il était nettement moins rassuré.
Fin du chapitre 18
Oupsie ! Aurais-je oublié de dire qu'il y aurait un poil de suspense à la fin ? 😅
Rassurez-vous, tout sera résolu dans le chapitre 19. Le chapitre 20 sera un épilogue. Je posterai les deux chapitres en même temps car ils seront un peu plus courts que d'habitude.
Je voulais faire quelque chose d'un peu épique pour la fin. Bien évidemment, Cthulhu c'est un peu gros pour eux, mais le roi en jaune est déjà un bon challenge. ^^ Alors ouiii, dans le lore d'origine il sert Hastur et non Cthulhu. Bon… Il me fallait quelque chose d'humanoïde, capable de tenir dans une pièce et de représenter une menace "intelligente" et je l'imaginais bien dans le rôle.
Alors, qu'avez-vous pensé de la déclaration d'amour de Voldy ? Et comment pensez-vous que nos deux héros vont s'en sortir ? 😏 La suite au prochain épisode !
