Chapitre un – Partie II
Note de l'auteure : Bonjour ou bonsoir ! Après quelques jours d'attente, voici la deuxième partie du premier chapitre :) ! J'espère que vous apprécierez votre lecture !
Je remercie sincèrement et profondément Yona et Lulu-Folle pour leur soutien sans faille ! Vous ne savez pas à quel point cela me fait plaisir et m'aide à avancer ! (Car que serait une fanfiction sans lecteur ?)
N'hésitez pas à me donner votre avis :)
Bonne lecture à vous et à bientôt,
SP17.
P.S : Bonnes fêtes de fin d'années et bon réveillon à vous !
Vingt-cinq Août 1986,
Hôtel Rodwenn Hill,
17h00.
Ambre avait à peine mis les pieds dehors qu'elle avait téléphoné à ses meilleures amies, Lisa et Jade. L'heure était grave, une réunion s'imposait. C'était donc en toute urgence que les trois jeunes filles s'étaient rejointes dans la chambre d'Ambre, seulement quelques minutes après le coup de fil.
« Mais je ne comprends pas … Pourquoi est-ce que Matthew a accepté ? Je pensais que lui aussi ne savait plus les supporter. », s'exclama une jeune métisse, une certaine colère perceptible dans la voix
« C'est ce que je croyais également … », soupira Ambre
« Et il semble que je me sois lourdement trompée. »
Un silence s'installa alors, chacune des jeunes filles semblant absorbée par ses propres pensées. Ambre, assise en tailleur sur l'un de ses oreillers, triturait nerveusement l'une de ses bagues, la tournant et retournant entre ses doigts. Elle n'arrivait toujours pas à y croire. La décision de son frère la chamboulait. Avait-il déjà oublié ce qu'il s'était passé il y a de cela trois ans ? Avait-il réussi à pardonner à ces idiots malgré l'immense douleur et la grande tristesse qu'avait causé la perte de leur meilleur ami ? Cette idée semblait totalement saugrenue aux yeux de la jeune fille … Mais alors pourquoi Matthew acceptait cette mission ? Il avait parlé de quelque chose qui l'avait poussé à le faire … du fait qu'il n'avait pas eu le choix. Se pourrait-il que Chiron lui ait mis le couteau sous la gorge ? Connaissant le centaure, Ambre avait du mal à y croire … mais alors de quoi s'agissait-il ? Toute cette affaire laissait la jeune fille à la fois énervée et perplexe.
« Tu ne lui as pas demandé la raison d'un tel choix ? », demanda une jeune rousse, qui prenait ainsi la parole pour la première fois depuis le début de la conversation et faisait sursauter ses deux amies.
Ambre la regarda fixement pendant quelques minutes, pas tout à fait reconnectée à la réalité, avant de cligner plusieurs fois des paupières et de balbutier, quelque peu agacée mais surtout honteuse :
« Je … Je n'en ai pas eu le temps. Ça ne m'a pas réellement traversé l'esprit au premier abord. J'étais trop énervée contre lui. Et même si cela peut paraître franchement stupide, je ne veux pas non plus aller lui demander maintenant. Je sais très bien que sa réponse me mettrait en rogne et je n'ai réellement pas envie de m'énerver davantage contre lui. »
« Mais … »
Jade Brunley n'eut pas le temps de développer son argumentaire. Le visage soudainement illuminé, un sourire satisfait aux lèvres, Lisa Archer se redressa subitement et s'exclama :
« Mais Ambre ! C'est Matthew qui a accepté la mission, non ? Tu peux donc contacter Chiron et lui dire que tu n'étais pas au courant et que tu ne veux absolument pas prendre part à cela. Il ne peut pas t'y forcer. Enfin, je pense. » , ajouta-t-elle avec un haussement d'épaules et une légère grimace.
« J'y ai déjà pensé, Lisa. Mais je ne peux pas abandonner Matt' … même si supporter quotidiennement leur présence sera certainement difficile … »
« On sera là, nous. », murmura Jade, une main sur l'épaule d'Ambre en signe de réconfort et de soutien.
Elle lui adressa également un léger sourire que la jeune blonde lui rendit.
« Est-ce que Hugo est au courant ? », demanda brusquement Lisa alors qu'un nouveau silence s'installait entre nos trois protagonistes.
Ce fut d'ailleurs à son tour de faire sursauter ses camarades.
« Non, grimaça aussitôt Ambre que la question semblait avoir fait pâlir. Et j'aimerais mieux qu'il ne l'apprenne pas, histoire qu'on évite le massacre … D'ailleurs, si vous aussi vous pouviez … »
Trois coups frappés à la porte interrompirent la jeune fille. Celle-ci, sourcils froncés, cria un rapide « entrez ! », se demandant qui pouvait bien lui rendre visite : Hugo était parti chez ses grand-parents et Matthew devait sans doute …
« Qu'est-ce que vous voulez ? »
A la vue du Dieu Hermès, Ambre ressentit une nouvelle vague de colère l'envahir. Il y avait seulement quelques minutes de cela, elle lui avait démontré sa vive opposition à lui apporter son aide et le voilà qui revenait à la charge ? Pour une mauvaise surprise, c'en était vraiment une.
« Je voulais simplement te parler., répondit doucement le Dieu des Messagers, nullement déstabilisé par l'attitude hostile de la demi-déesse. En privé, si possible. », ajouta-t-il avec un léger coup d'œil en direction de Lisa et de Jade.
Celles-ci se levèrent aussitôt, comme montées sur ressort. Subitement pâles et légèrement tremblantes, les deux jeunes filles semblaient quelque peu impressionnées par leur interlocuteur. Après un dernier regard et léger sourire à Ambre, elles adressèrent chacune un hochement de tête respectueux à Hermès et sortirent rapidement de la chambre, n'oubliant pas de fermer la porte derrière elles.
XxXxXxXxXxX
Au même moment,
Hôtel Rodwenn Hill,
Chambre d'Apollon et d'Hermès.
Le Dieu du Soleil s'allongea sur son lit, un grand sourire aux lèvres. Ah comme il était bon d'être de retour dans le monde des Mortels ! Apollon n'y avait pas mis les pieds depuis plusieurs mois et il devait avouer que cela lui avait bien manqué ! Toutes ces belles et gentilles mortelles célibataires … C'était d'ailleurs pour cette raison qu'il s'était comporté comme un véritable gamin intenable et capricieux avec ses camarades ces dernières semaines. Blagues de mauvais goût, bagarres hebdomadaires avec Arès, vols et refus de présence aux conseils Olympiens … Le jeune Dieu avait fait preuve de beaucoup de créativité et ses efforts avaient fini par payer : 365 jours dans le monde des Mortels avec interdiction d'user de ses pouvoirs divins. Ce dernier point le chagrinait un peu – après tout, une petite téléportation dans un lieu paradisiaque s'avérait toujours utile pour conquérir une jeune femme – mais il était sûr de pouvoir y remédier d'une quelconque façon … Peut-être avec un dîner dans un restaurant luxueux ou l'achat d'un bijou hors de prix ? Il verrait bien en temps voulu.
« Une punition, tu parles !, pensa le Dieu avec un léger ricanement. Un hôtel trois étoiles, pas de char du soleil à conduire ni de conseils familiaux qui finissent en pure anarchie, aucune interdiction … je me demande où se trouve le côté négatif des choses … peut-être Hermy … »
Mais oui ! Apollon se redressa avec un hoquet de surprise. C'était donc cela ! Zeus n'avait pas désigné Hermès comme accompagnateur pour lui faire plaisir. Il l'avait fait parce que le Dieu des Messagers savait être raisonnable et ferme lorsqu'il le fallait ! A la fois effaré et affolé, le Dieu plongea la tête dans ses mains. Ainsi donc, tous ses plans tombaient à l'eau. Hermy ne le laisserait jamais faire du tir à l'arc depuis le toit de l'hôtel ou sécher les cours auxquels il n'avait nullement l'intention d'assister. Apollon craignait également que son meilleur ami ne l'autorise pas à fréquenter la gente féminine, l'objectif même de cette petite expédition.
« … Pourquoi, pourquoi, pourquoi ?!, se lamenta le Dieu d'une voix faible. J'avais tout prévu. Tout ! … Allez, mec. Ressaisis-toi et trouve une solution … tu n'es pas si bête … »
« Et si j'allais trouver Hécate ? Après tout, Père ne m'a pas interdit de communiquer avec d'autres Dieux pendant ce séjour. »
XxXxXxXxXxX
Un peu après,
Hôtel Rodwenn Hill,
Chambre d'Ambre,
17h30.
« Elles savent garder un secret. »
A peine Jade et Lisa avaient-elles quitté la pièce qu'Ambre avait lâché cette information d'une voix ferme et sans appel, ne laissant pas l'occasion à Hermès de dire quoi que ce soit. Oui, Matthew et elle étaient censés rester discrets vis à vis de leur mission. Mais la jeune fille n'aurait pu supporter mentir à ses amies. D'ailleurs, elle était une très mauvaise menteuse et n'aurait certainement pas pu faire passer Apollon pour l'un de ses cousins sans que cette couverture ne soit découverte en moins de cinq minutes. Et puis, si Chiron souhaitait que toutes les règles soient respectées, il n'avait qu'à confier cette mission à d'autres personnes. De préférence à de véritables volontaires.
« Je n'en doute pas. »
Le Dieu des Messagers avait prononcé ces mots d'une voix douce, l'air nullement vexé. L'attitude agressive de la jeune fille l'attristait plus qu'elle ne l'énervait. Il connaissait son histoire et était réellement peiné pour elle. Aussi, était-il bien décidé à se lier d'amitié avec la jeune fille, à lui communiquer tout son soutien et à lui offrir une autre vision des Dieux que celle qu'elle avait connu jusque là. Ambre était une jeune fille que le Monde Mythologique avait détruit et que les Olympiens avaient lâchement négligé pour ne pas faire face à leur responsabilité. Il était temps de rectifier le tir.
« De quoi vouliez-vous me parler ? », demanda Ambre d'un ton sec après un court instant de silence.
Toujours cette même agressivité, cette même colère dans le regard.
« Je souhaitais te présenter mes excuses, au nom de tous les Olympiens. Ce qu'il s'est passé en 1983 … »
« Vous ne pensez pas qu'il est trop tard ? »
Ambre fusillait désormais son interlocuteur du regard. Non mais vraiment ?! Présenter ses excuses au nom de tous les Olympiens … et puis quoi encore ?! La jeune fille ne pouvait décemment croire que les Dieux faisaient cela de leur plein gré. Il s'agissait sûrement d'une manigance pour qu'elle se laisse amadouer et accepte la mission. Ils n'avaient strictement rien à faire du sort de Benjamin. Sinon, pourquoi assumer leur responsabilité seulement maintenant ?
« Je … Eh bien, c'est-à-dire que … », balbutia Hermès
Bien sûr qu'il savait qu'il était trop tard et que cela ne changerait strictement rien à la situation actuelle. Mais le Dieu des Messagers avait particulièrement été touché par le sort du jeune Benjamin White et avait d'ailleurs essayé d'intervenir à l'époque. Mais il s'était confronté au refus catégorique de Zeus qui n'avait pas souhaité que l'affaire s'ébruite. Le sort de Benjamin, le scandale de sa mort, avait donc été transformé en un banal et tragique accident et on avait ignoré la tristesse de ses meilleurs amis. On avait même fait jurer à ceux-ci de garder le silence, sous peine de terribles représailles.
« C'est-à-dire que quoi ? »
Ambre profita du malaise bien visible d'Hermès pour répliquer, et ainsi évacuer toute la haine qu'elle gardait au fond d'elle depuis bien trop longtemps.
« Benjamin White est mort à cause de vous ! À cause de vous et de vos querelles interminables ! Seulement, vous êtes trop lâches pour le reconnaître. L'un de vous était clairement coupable dans cette affaire. Et est-ce qu'il a été sanctionné ? Absolument pas ! « Il faudra que tu apprennes à contrôler ta colère. ». C'est tout ce que le conseil Olympien lui a dit. Il a amené un adolescent à la mort et tout ce que vous avez trouvé à lui prescrire c'est un rendez-vous chez un psychologue ! »
Un rendez-vous chez un psychologue. C'était véridique. Ce rappel fit l'effet d'une claque à Hermès. Honteux, le Dieu des Messagers ouvrit la bouche mais la referma, plus triste que jamais. Que pouvait-il dire ? Le comportement de ses pairs l'avait profondément choqué, aussi n'avait-il aucune aucune envie de prendre leur défense … Tout ce que disait Ambre était la vérité et Hermès n'avait pas le cœur de la contredire.
« Même si Zeus en attendrait certainement autrement de ta part … »
Comme pour approuver sa pensée, un coup de tonnerre éclata au loin. Pendant ce temps, Ambre s'était levée. Tremblante, la jeune fille était désormais appuyée contre la fenêtre, le regard fixé sur l'horizon. Une immense colère bouillonnait en elle et lui donnait l'envie de sauter à la gorge du Dieu des Voyageurs.
« Ambre, je … - Hermès avait enfin trouvé les mots et essayait tant bien que mal de les faire sortir. - J'ai toujours trouvé que leur comportement avait été très injuste et j'ai d'ailleurs tenté d'intervenir mais Ze... »
« Quoi, Zeus ?! »
La jeune fille s'était brusquement retournée vers le Dieu, les poings serrés.
« Papa Zeus n'a pas voulu qu'on agisse alors on a lâché l'affaire ?, s'écria-t-elle d'un ton tranchant alors qu'un deuxième coup de tonnerre retentissait, cette fois bien plus proche que le précédent. Dans ce cas, vous êtes aussi coupable et lâche que les autres, que vous le pensiez ou non ! »
Sur ces mots, elle avança de quelques pas, bien décidée à sortir de la chambre. Désespéré, Hermès l'attrapa par le bras pour essayer de la retenir. Aussitôt, une main atterrie douloureusement sur sa joue.
« FICHEZ-MOI LA PAIX ! », hurla Ambre.
Et d'un geste sec et brutal, elle se dégagea de son emprise.
Sonné, Hermès resta immobile pendant quelques secondes avant de s'asseoir sur le lit, l'une de ses mains frottant sa joue endolorie.
Ambre avait raison. Il s'était comporté comme un lâche. Et cela le hantait depuis des années.
XxXxXxXxXxX
Trente Décembre 1982,
Quelque part près de Long Island,
19H02.
C'était un de ces jours d'hiver où il valait mieux rester chez soi. Un de ces jours d'hiver où l'on se voyait mieux au pied d'une cheminée qu'au centre d'une rue enneigée.
De gros flocons tombaient au sol dans une cadence infernale, et y restaient collés, renforçant ainsi la couche de neige déjà épaisse. Au moins une dizaine de centimètres était déjà présent, et cela ne semblait pas vouloir s'arrêter. La température avoisinait les moins 10°C et pour ne pas arranger les choses, le vent soufflait, brouillant ainsi la vision des trois jeunes gens qui essayaient tant bien que mal d'avancer, grelottant sous leurs blousons et leur bonnets de laine. C'était un de ces jours d'hiver où toute sortie était normalement proscrite. Un de ces jours où toute sortie aurait semblé invraisemblable, voire suicidaire. Et pourtant … et pourtant, Ambre Jones était là, en plein milieu d'une forêt, avançant pour rester en vie. Avançant pour survivre …
La jeune blonde, alors âgée de quatorze ans, s'arrêta subitement et s'adossa à un arbre au tronc gelé, posant sa tête sur ce dernier avec un profond soupir et retenant un long frisson suite au contact glacé de l'écorce avec ses doigts. Elle n'en pouvait plus, elle était épuisée. Cela faisait plus de quatre heures qu'ils marchaient ainsi, en pleine tempête, avec un champ de vision des plus réduits et – il fallait bien l'avouer – aucune idée de l'endroit où ils se dirigeaient. Car même si Hugo Walters, un jeune homme autoritaire rencontré deux jours plus tôt, ne cessait de clamer qu'ils allaient dans la bonne direction, Ambre commençait à en douter sérieusement. On lui avait dit que le camp en question se trouvait à deux jours de marche de son point de départ. Or, voilà une semaine qu'elle marchait. Autant admettre qu'ils s'étaient bien plantés quelque part …
« Eh la blondasse ! Qu'est-ce que tu fabriques?! On n'a pas le temps de rêvasser ! » s'écria une voix masculine non loin d'elle, d'un ton agacé
« Laisse-la Walters ! Intervint une autre voix, masculine elle aussi, avant qu'Ambre – qui s'était redressée – ne puisse répondre. Ça fait quatre heures qu'on marche sans s'arrêter ! On est épuisés ! Il serait temps de faire une pause, non ? »
« Une pause ?! »
Hugo Walters revint sur ses pas, fusillant Benjamin White du regard.
« T'es sérieux, White ?! Reprit-il, visiblement en colère et sans se départir de son regard meurtrier. Tu veux réellement faire une pause ? Une p***** de pause ?! »
« Oui. »
Les deux jeunes hommes se faisaient maintenant face, les yeux dans les yeux, tous les deux déterminés à ne pas céder à son adversaire.
« Et tu peux me dire où tu souhaites faire cette pause, s'il te plaît ? Sous la neige, à moins dix degrés ? Si on reste immobiles, on va finir par mourir de froid. Et je vous rappelle également qu'il y a des monstres à notre poursuite. On ne peut pas s'arrêter. Il faut continuer. »
« Et pour faire quoi ? Pour mourir d'épuisement, de faim, de soif et de froid ? Reconnais-le toi-même, Hugo, on est paumés. Tu ne sais absolument pas où tu nous emmènes. Même si on continue à marcher, cela ne mènera absolument à rien. Je suis persuadé que l'on tourne en rond depuis des heures ! Donc, que l'on fasse une pause ou non, le résultat sera le même : dans les deux cas, on est super mal barrés. Et il vaut mieux faire une pause pour reprendre des forces et être plus efficaces si l'on rencontre des monstres que de continuer à avancer et être épuisés au moment où ils nous tomberont dessus. T'es pas d'accord ? »
« Mais où tu veux faire une pause, Ben, sérieusement ?, répondit Hugo, les sourcils froncés, ne prenant pas la peine de répondre aux précédentes réflexions de son camarades, histoire de ne pas s'énerver davantage. Tu m'expliques ? Si on reste statiques, on va mourir de froid. Jones a déjà les lèvres violettes ! »
« Si tu pouvais éviter de me prendre en exemple à chaque fois … », maugréa la jeune fille en portant une main sur ses lèvres par pur réflexe.
« J'y suis obligé, t'es la plus faible d'entre nous. »
« Comment ça, la plus faible ? S'écria Ambre, piquée au vif, en lançant un regard noir au jeune homme. Qui t'a sauvé du cyclope hier, hein ? »
« Ce n'était qu'un coup de chance ! ( Il était clair que l'allusion à cet événement ne plaisait pas le moins du monde à Hugo.) C'était la première fois que tu te servais de ton poignard ! Tu ne savais même pas où viser ! Et je te signale que pour le moment, aucun pouvoir ne s'est manifesté chez toi. Je doute de plus en plus de ton appartenance au monde des sang-mêlés, ma vieille. »
« Espèce de … »
Mais Ambre n'eut pas le temps de finir sa phrase ni même de se jeter sur le jeune homme, comme son énervement le lui dictait. Un bruissement se fit entendre non loin du petit groupe, les faisant tressaillir et se ressaisir. Ils se tournèrent ensemble dans la direction du bruit et, côte à côte, sortirent leurs armes.
« Qui est là ? » demanda Benjamin White, d'une voix se voulant assurée.
Mais seul le silence lui répondit.
« Qui est là ? Répéta-t-il en renforçant sa prise sur son poignard. Sortez, s'il vous plaît. »
Mais là encore, aucune réponse.
Les trois jeunes s'échangèrent quelques regards inquiets, se demandant mutuellement quoi faire. Jusqu'à présent, le bruissement n'avait pas été la marque de fabrique des monstres qu'ils avaient rencontré. Les mugissements, les grognements et les sifflements avaient été leur lot quotidien. Ce bruissement était donc un bruit inattendu et nouveau, qui provoquait en eux une peur certaine : la peur de l'inconnu. La peur de ne pas réussir à faire face. La peur de se faire tuer, là, maintenant, tout de suite.
Ambre déglutit difficilement et resserra, elle aussi, sa prise autour de son arme. Le vent glacé lui fouettait le visage, faisant voler ses cheveux en tout sens, occultant ainsi une partie de son champ de vision, déjà resserré à cause des nombreux flocons de neige qui tombaient. Ses doigts et ses orteils commençaient à geler, aussi essayait-elle d'ignorer la douleur ainsi que les tremblements auxquelles elle était sujette. Elle devait absolument y faire l'impasse, sinon elle n'arriverait pas à se concentrer sur le monstre qui allait sûrement faire irruption d'un moment à l'autre. Un monstre qui semblait néanmoins prendre un certain plaisir à les observer. Et cette attente mettait les nerfs de la jeune fille à rudes épreuves. Ce monstre était-il sadique ? Aimait-il voir ses victimes souffrir avant de les achever d'un coup de mâchoire bien placé ? D'un mouvement de tête rapide et suscitant les regards interrogateurs de ses camarades, Ambre effaça ses sombres réflexions. Mieux valait, pour préserver le peu de courage et de force qui lui restait, ne pas s'attarder sur ses détails et agir. Oui, agir. Agir pour être une nouvelle fois sous le coup de l'adrénaline et ainsi oublier ses problèmes et la situation présente. Agir pour ne pas penser à l'issue fatale que prévoyait cette future attaque.
« Ce n'est peut-être qu'un lapin … » murmura Benjamin à sa droite, pour se rassurer.
« Les lapins sont dans leur terrier, à cette époque, mec. lui répondit Hugo, à la gauche d'Ambre. Aurais-tu la trouille ? », ajouta-t-il sur un ton moqueur (mais tout de même un peu tremblant).
« On ne va pas rester là, à attendre, si ? » demanda Ambre, en ignorant le précédent échange et en essayant de calmer les battements de son cœur qui s'accéléraient ainsi que les claquements de mâchoire dus au froid.
« Tu veux agir, Blondie ? S'exclama Hugo en levant les sourcils, l'air encore plus moqueur qu'avant. Je t'en prie. Si tu n'as pas peur de te faire bouffer. Honneur aux dames. »
Sa dernière réplique fut suivie d'une révérence ironique.
Ambre lui lança un regard noir puis, après une dernière et profonde inspiration, s'avança lentement en direction du bruissement, évitant d'un écart le bras de Benjamin qui tentait de la retenir. Le bruit provenant de derrière un chêne gigantesque entouré d'herbes hautes, la jeune fille s'arrêta quelques instants, provoquant le ricanement d'Hugo. Ignorant ce détail, Ambre respira en fermant momentanément les yeux et en s'assurant que son poignard était toujours là, dans sa main gauche. Puis, après un dernier coup d'œil vers Benjamin, elle disparut dans la végétation.
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Et voilà la deuxième partie du premier chapitre :) !
J'espère que sa lecture vous a plu … N'hésitez pas à laisser une petite review pour me faire part de votre avis :)
La tonalité comique a quelque peu disparue mais ne vous en faites pas, elle sera de retour très bientôt :) (ne serait-ce qu'avec Apollon ^^)
Bonnes fêtes de fin d'année et bonnes vacances à vous,
SP17.
