Chapitre trois : « C'était définitivement lorsque sa vie était en danger que la jeune demi-déesse se sentait le plus en vie. »
Bonjour, bonjour ! J'espère que vous allez bien ! Je voudrais m'excuser pour cette (longue) absence … Les choses ont quelque peu été chargées ces temps-ci:/
Bref, trêve de bavardages, je reviens en ce merveilleux samedi avec le troisième chapitre. J'ai eu quelques difficultés à l'écrire mais j'espère qu'il vous plaira !
Bonne lecture à vous !
SP17.
P.S : Encore merci à vous ! Vos commentaires me font toujours chaud au cœur !
Yona : Malheureusement, non … Je n'ai pas encore eu l'occasion de mettre la main sur ce merveilleux bouquin ! :(
Premier Janvier 1982,
Quelque part près de Long Island,
10h02.
Lorsque Ambre ouvrit les yeux ce jour-là, le ciel était plus dégagé que la vieille et l'atmosphère semblait s'être réchauffée de quelques degrés. Le vent et la neige s'étaient arrêtés. Bref, toutes les conditions semblaient être réunies pour que la fin de leur voyage ne s'annonce pas trop difficile.
« Ah, t'es enfin réveillée !, s'exclama une voix désagréable à côté d'elle. Il était temps ! On devrait être partis depuis plus d'une heure ! »
Surprise, et nullement enthousiasmée de retrouver Hugo, la jeune fille se redressa et, se frottant les yeux, s'exclama, légèrement sur la défensive :
« Vous auriez pu me réveiller ! »
« Dis ça à ton petit copain !, s'exclama le fils d'Arès alors que sa bouche se tordait en un rictus contrarié. Si ça n'avait tenu qu'à moi, il y a longtemps que tu aurais reçu un bon coup dans le ventre ! Mais Monsieur le Bisounours n'a pas voulu. On va devoir se taper une journée de marche supplémentaire à cause de vous ! »
« Si on te dérange à ce point, Walters, pourquoi ne pars-tu pas de ton côté ?, demanda Benjamin White qui venait de revenir dans la clairière, les bras chargés de branchages. Après tout, moi aussi je connais le chemin de la colonie. Nous n'avons donc pas besoin de toi. »
« Pas besoin de moi ? »
Le ton d'Hugo était à la fois contrarié et plein d'ironie.
« Tu parles sérieusement, White ? Qui vous a sauvé la vie plusieurs fois depuis plus d'une semaine ? Qui a toujours eu les meilleures idées ? C'est moi, je vous si... »
« Les meilleures idées ?, Ambre se leva précipitamment et fit face à Hugo, qui la dominait de toute sa hauteur. Les meilleures idées ? Tu as failli nous faire tuer plusieurs fois ! »
« Moi ? Moi j'ai failli vous faire tuer plusieurs fois ? Tu rigoles là ? Qui ne sait absolument pas se battre mais passe son temps à chercher les ennuis ? Il me semble que … »
« Héros ! », cria soudainement une voix masculine
Surpris, les trois demi-dieux sursautèrent et leur colère s'évanouit aussitôt, laissant place à une certaine angoisse. La main sur leurs différentes armes, ils mirent plusieurs minutes à se retourner vers leur nouvel interlocuteur, la crainte d'être confrontés de nouveau à un monstre leur tiraillant le ventre : la fatigue les consumait lentement et nos trois héros se savaient tout bonnement incapables de mener un énième combat.
« HEROS ! », réitéra le nouveau venu d'une voix forte.
Cette fois-ci, les demi-dieux furent parcourus de frissons. Plus qu'une réprimande, c'était un ordre. Leur mystérieux interlocuteur attendait d'eux qu'ils se retournent immédiatement, la menace nettement audible dans le cri qu'il venait de pousser. Lentement mais sûrement, et de mauvaise grâce, nos trois héros se retournèrent.
Devant eux, se tenait un homme imposant, légèrement voûté et à la barbe broussailleuse. Son visage difforme et enflé était orné d'une moustache d'où s'échappaient quelques étincelles. Les jambes trop fines pour supporter son corps, il s'appuyait tant bien que mal sur une paire de béquilles et observait nos trois demi-dieux d'un œil sévère et impatient, comme-ci il s'était s'agit de trois ouvriers particulièrement dissipés.
« J'espère que vous avez bien profité du feu., s'exclama-t-il après quelques instants de silence, d'une voix particulièrement rauque. Vous n'en aurez plus l'occasion avant longtemps. »
« Qui êtes-vous et que voulez-vous ?, s'écria Hugo, brandissant son épée dans la direction du Dieu.
Une vaine parodie des téléfilms chevaleresques.
« Tu ne l'as donc pas deviné ?, répondit son interlocuteur, un air légèrement surpris sur le visage. Toi qui te vantes sans cesse de tout connaître sur la Mythologie Grecque … »
« Vous êtes Héphaïstos, Dieu des Forges. », murmura Ambre d'une voix à peine audible.
Héphaïstos hocha la tête en signe d'acquiescement.
« Mais qu'est-ce que vous faites ici ?, questionna Benjamin, un air soucieux sur le visage. Aucun Dieu n'a le droit d'entrer en contact direct avec des demi-dieux. »
« J'ai besoin qu'on me rende un service., déclara le Dieu en réajustant légèrement sa position. Et j'ai pensé que vous pourriez vous en charger. »
« De quoi s'agit-il ? »
Benjamin avait prononcé ses mots d'une voix tendue alors qu'Ambre fronçait les sourcils, réellement inquiète. Elle n'avait connaissance du monde mythologique que depuis deux semaines mais avait vite compris que lorsqu'un Dieu vous demandait quelque chose, cela n'augurait jamais rien de bon.
« Une personne m'a dérobé mes plus beaux outils qui s'avèrent être aussi les plus efficaces., la voix du Dieu se fit soudainement plus dure et les étincelles sur sa moustache se firent plus régulières. J'ai d'autres outils, bien entendu, mais je ne peux me permettre de les utiliser pendant un long moment : mon travail en serait définitivement endommagé. Il faut donc que je retrouve le voleur le plus vite possible mais comme je ne peux pas m'absenter de mes ateliers, j'ai besoin que quelqu'un le fasse à ma place. »
« Ne pourriez-vous pas … demander cela à l'un de vos enfants ?, prononça Benjamin d'une voix hésitante. Nous étions en route pour la colonie et ... »
« Aucun de mes enfants n'est disponible à l'heure qu'il est. Et je vous ai observé tout au long de votre voyage. Vous êtes réellement de taille à accomplir cette tâche. »
Un court silence s'installa alors, seulement interrompu par le crépitement du feu qui continuait de brûler, aussi identique que la veille. Benjamin et Hugo échangèrent un regard inquiet, pas très sûrs de la marche à suivre …
Ils n'avaient jamais réellement mené de quêtes et étaient donc assez peu expérimentés … mais avaient-ils pour autant le droit de refuser quelque chose à un Dieu ?
« Vous avez une piste concernant la direction à suivre ? », questionna finalement Benjamin
« Je sais qu'il est souvent à New York pour affaires … vous n'aurez qu'à commencer par là. », répondit le Dieu, d'une voix étonnamment plus calme qu'auparavant.
Et sans ajouter un mot, Héphaïstos leur tourna le dos pour se diriger clopin-clopant vers le fond de la clairière où il disparut entre les arbres.
« Quand je dis que vous ne m'apportez que des ennuis ! »
Et d'un geste rageur, Hugo balança son poing droit contre un arbre.
XxXxXxXxXxX
Le même jour,
Au même endroit,
12h05.
« Ambre ! Ambre ! Répond-moi si tu es dans le coin ! AMBRE ! »
Mais les cris de Matthew restèrent sans réponse. Accablé, le jeune homme s'assit sur le tronc d'un arbre, la tête entre les mains. Manqués de peu. Il les avait manqué de peu, il en était sûr : une légère fumée s'échappait encore des cendres au milieu de la clairière, signe que le feu venait tout juste de s'éteindre et des traces de pas – de trois types différents, nota le demi-dieu – apparaissaient distinctement dans la neige à plusieurs endroits, comme-ci Ambre et Benjamin avaient fait les cent pas.
Depuis quand s'étaient-ils remis en route ? Matthew ne pouvait le dire précisément. Depuis une heure, peut-être deux, peut-être plus, ou peut-être moins … Mais le jeune homme doutait sérieusement de cette dernière hypothèse. Si sa sœur et ses amis étaient partis depuis un quart d'heure, ils auraient certainement entendus ses appels, la couche de neige ralentissant nettement les mouvements … A moins qu'ils n'aient utilisés un quelconque transport magique. Cette pensée ne fit qu'affliger davantage le fils d'Iris.
« Plus rapide … J'aurais dû être beaucoup plus rapide ! », pensa-t-il avec un grognement rageur.
« Ce n'est peut-être pas eux, Matthew., suggéra Jacob, hésitant. Cette forêt est connue pour abriter de nombreux … »
« C'est eux, Jake ! Ça ne peut être qu'eux !, s'exclama Matthew, d'un ton qui laissait entendre qu'il n'admettrait aucune autre hypothèse. Cet endroit ressemble exactement à celui que j'ai vu dans mon rêve ! »
« Mais alors pourquoi ne les a-t-on pas croisé en arrivant ici ? S'ils se dirigent vers la colo … »
« Mais parce qu'ils ne vont pas à la colonie ! »
Agacé, Matthew s'était levé et toisait son camarade d'un regard noir. Combien de fois devrait-il lui expliquer la situation ? Combien de temps encore faudrait-il à Jake pour comprendre ? Ce n'était pourtant pas difficile ! Ambre, sa sœur jumelle, sa petite sœur, était en danger et c'était un devoir pour lui, Matthew, d'empêcher le piège de se refermer sur elle. Il fallait la secourir, et au plus vite !
« Écoute, Matt., s'exclama Jacob après un court instant de silence, le ton beaucoup plus sûr et plus ferme qu'auparavant. Ce n'était qu'un rêve, o.k ? Tu as fait un rêve que ton instinct de frère protecteur n'a pas du tout apprécié. Mais ce n'était qu'un rêve ! Pourquoi donc des créatures mythologiques auraient-elles décidé de piéger Ambre alors que vous n'avez appris votre condition que très récemment ? Ça n'a pas de sens. »
« Pour la dernière fois, ce n'était pas un rêve ordinaire, Jake. C'était un vrai rêve de demi-dieu. C'était ma mère qui m'informait du danger que court ma sœur. »
Les bras croisés, Matthew avait détaché chaque syllabe d'un ton aussi ferme que celui de son camarade. Hors de question. Il était hors de question de faire marche-arrière et de retourner à la colonie. Ambre était en danger.
« Ta mère ?, releva Jacob d'un ton à la fois sceptique et acerbe. Elle n'a même pas pris la peine de te revendiquer ! Pourquoi est-ce qu'elle te parlerait ? »
Matthew eut subitement l'impression de recevoir une claque en pleine figure. Comment Jake osait-il ? Comment Jake osait-il lui balancer cela à la figure après tout ce qu'il avait fait pour lui ? Après ce qu'il avait fait pour le protéger ?
« Si tu veux rentrer à la colonie pour prendre une douche bien chaude et ignorer l'horreur qui règne dans ce monde,, déclara le fils d'Iris d'un ton étonnamment calme. libre à toi. Je ne te retiens pas. Je n'ai nullement besoin de toi. »
Sur ces mots, Matthew replaça son sac sur ses épaules et s'éloigna vers le fond de la clairière, là où toutes les traces de pas convergeaient.
XxXxXxXxXxX
Le même jour,
New York City,
12h09.
« Cela vous fera 1500 drachmes, s'il vous plaît. », s'exclamèrent les Sœurs Grises à l'unisson.
« Et passe-moi l'œil, Enyo ! C'est à mon tour maintenant ! », s'exclama Pemphédro
« Comment ça, ton tour ? Tu l'as eu hier et moi, je ne l'ai pas mis depuis deux jours ! », protesta Dino
Quelque peu groggy par l'expérience qu'ils venaient de vivre, Benjamin et Ambre mirent quelques instants à comprendre ce qu'on leur demandait. 1500 drachmes. Il leur fallait payer 1500 drachmes. Mais comment, par le Tartare, allaient-ils pouvoir fournir une somme pareille ?
« On se calme, les cocos, murmura Hugo avec un sourire moqueur. J'ai ce qu'il faut. »
Et il sortit une importante poignée de drachmes de son sac.
« Comment se fait-il que tu en aies autant sur toi ? », demanda Benjamin, suspicieux alors que le fils d'Arès essayait de se faire entendre des trois sœurs qui continuaient à se chamailler.
« La majorité des pensionnaires de la colonie ne sont pas assez prudents. Eh, les grand-mères ! Vous le voulez votre argent, oui ou non ? »
« Tu as volé l'argent des pensionnaires de la colo ? Sérieusement ?! »
Benjamin affichait désormais un visage dégoûté. À l'avant, les sœurs grises avaient arrêté leur dispute et s'étaient emparées des drachmes qu'elles comptaient et recomptaient avidement.
« Il ne t'a pas traversé l'esprit que certains travaillent sûrement très dur pour se le procurer ? » , continua Benjamin, d'un ton exaspéré
« Tout ce qui me traverse l'esprit, moi, c'est les meilleures solutions possibles pour rester en vie. » s'exclama Hugo.
Et d'un geste brusque, il ouvrit la portière arrière et sortit.
« Vous venez ou vous reprenez un ticket pour les montagnes russes ? »
XxXxXxXxXxX
Vingt-cinq Août 1986,
Quelque part dans les rues de Phoenix,
23h10.
« Tiens, tiens, tiens … On dirait qu'on a touché le gros lot ! »
Il n'avait fallu que quelques secondes pour le monstre qui avait attaqué Apollon dans le bar n'apparaisse devant le Dieu du Soleil et ses compagnons. Sa silhouette de fragile et vieille dame avait laissé place à un magnifique manticore aux muscles saillants et au sourire goguenard. Derrière lui, de nombreuses silhouettes aux formes diverses représentaient autant de monstres prêts à passer à l'action.
« Un repaire de monstres, sérieusement Apollon ?, murmura Hermès d'un ton grinçant en gratifiant son meilleur ami d'un regard noir, la main sur son caducée. Tu as volontairement été te fourrer chez l'ennemi ?! »
« Je n'ai pas fait exprès !, se récria le concerné alors que le manticore commençait à rôder autour d'eux, encouragé par les grognements d'impatience de ses compagnons. Je cherchais Hécate et j'avais complètement oublié que le b... »
« Hécate ? Mais pourquoi dia... »
« Attention ! », s'écria Ambre
Avec un énième rugissement, le monstre s'était jeté sur Apollon qui eut tout juste le temps de brandir sa poêle pour échapper à une mort certaine. Ce geste, qui sonna le manticore pendant quelques instants, fut interprété par les autres monstres comme le signal de départ : avec des cris capables d'effrayer les plus grands des héros, les créatures mythologiques se jetèrent sur leurs proies, prêtes à en découdre.
XxXxXxXxXxX
Vingt-cinq Août 1986,
Quelque part dans les rues de Phoenix,
23h20.
Si vous demandiez aujourd'hui à Ambre le nom des monstres qu'elle combattit cette nuit-là, elle ne pourrait vous répondre. La jeune fille était tellement concentrée sur les gestes qu'elle avait à faire pour rester en vie qu'elle ne prêtait aucune attention à l'identité de ses agresseurs, ni même à leur nombre. Un coup d'épée par-ci, un coup de coude par-là et un coup de pied bien placé en cas de besoin, plus rien ne pouvait la distraire de ses mouvements, pas même l'odeur fétide que les monstres exhalaient. Et bien que son estomac soit plus serré que jamais, Ambre ne pouvait s'empêcher de ressentir une certaine excitation, l'adrénaline des derniers combats qui lui avait tant manqué : c'était définitivement lorsque sa vie était en danger que la jeune demi-déesse se sentait le plus en vie.
« AAAAH ! »
Aussi silencieux qu'un félin, une drakaina avait profité du fait qu'Ambre était occupée avec une de ses compères pour l'attaquer par derrière. D'un grognement rageur, le monstre planta ses dents dans le bras de la jeune fille qui poussa un cri de douleur avant de donner le coup fatal à sa victime et de se tourner vers son agresseur. Mais la drakaina coupable de la morsure n'était déjà plus là : Hermès l'avait déjà réduite en poussière, avec l'aide de George et Martha, passés en mode laser pour le combat.
« Est-ce que ça va ?, demanda précipitamment le Dieu des Messagers, inquiet, alors qu'Ambre portait une main à son bras blessé. Tu n'as rien ? »
La jeune fille voulut répondre que ce n'était pas ses affaires et qu'il ferait bien de se concentrer sur les quelques monstres qu'il restait, mais la langue devenue soudain pâteuse, elle ne put produire aucun son. En quelques secondes, et tandis que son cerveau en devinait tout juste la cause, son corps était devenu un véritable brasier : muscles, organes, sang. Tout semblait flamber et cela lui faisait un mal de chien. Les larmes aux yeux, les oreilles bourdonnantes et le corps parcouru de violents frissons, Ambre eut tout juste le temps de voir Apollon se précipiter vers elle avant d'être emportée dans les ténèbres.
XxXxXxXxXxX
Premier Janvier 1982,
Quelque part près de Long Island,
08h10.
Matthew ignorait totalement où il était. Tout ce qu'il savait, c'était qu'une véritable scène de guerre s'étendait devant lui. La neige, d'ordinaire d'un blanc immaculé, était d'une teinte rouge carmin, comme-ci un inconnu y avait pratiqué des centaines de sacrifices. Ces sacrifices – ou ces meurtres, car cela revenait pratiquement au même pour le demi-dieu – n'étaient pas directement visibles mais des détails, disséminés aux quatre coins de la clairière, ne faisaient que les rendre plus qu'évidents : des armes en tout genre,arcs poignards ou lances, côtoyaient des monts de vêtements déchirés et imbibés de sang ainsi que quelques éléments non identifiables et d'une puanteur affolante, qui n'étaient pas sans rappeler l'odeur de la chaire en décomposition. La scène était si parlante que Matthew n'avait aucun mal à imaginer l'horreur et l'intensité des combats.
« Qu'est-ce que je fais ici ? », murmura le jeune homme, le nez pincé à cause de l'odeur qui régnait.
Ne pouvait-il donc pas rêver de licornes, comme tout le monde ?
« Tu dois empêcher cela mon fils. »
Une silhouette féminine s'était matérialisée à quelques mètres de lui, le faisant sursauter. D'un air grave que Matthew ne lui connaissait pas encore, la Déesse des arcs-en-ciels continua :
« Tu dois empêcher cela. Tu dois retrouver Ambre et ses deux amis avant qu'ils ne tombent entre ses mains. Tu dois la sauver. »
A l'entente de la dernière phrase, Matthew se rembrunit. Combien de fois sa mère allait-elle lui répéter cela ? Le jeune homme savait pertinemment que sa sœur courait un grave danger. Et cela l'angoissait déjà suffisamment ! Il n'était pas nécessaire qu'Iris le lui rappelle toutes les nuits ! A quoi bon ? Matthew s'en voulait déjà de les avoir manqués … il s'en voulait déjà de ne pas être assez rapide. Sa mère n'avait nullement besoin de le lui faire ressentir encore plus.
« Je sais ce que je dois faire, Maman., murmura Matthew, à la fois quelque peu agacé et désespéré. Mais si au moins tu me fournissais quelques indices … ils peuvent être n'importe où à l'heure qu'il est ! Comment veux-tu que je les retrouve ? »
Il y eut un instant de flottement, comme-ci le temps s'était subitement arrêté. Matthew regarda sa mère d'un air implorant, à la recherche d'une quelconque réponse. Il voulait sauver Ambre, il le voulait désespérément. Mais par où commencer ? Dans quelle direction devait-il aller ? Il ne pouvait le deviner …
Iris agita nerveusement ses nombreux bracelets aux couleurs de l'arc-en-ciel et poussa un léger soupir. Ses yeux bleus brillaient plus qu'à l'ordinaire et un léger rictus agitait sa lèvre supérieure.
« Je n'ai pas le droit d'aider mes enfants, Matthew. Si cela avait été le cas, j'aurais déjà secouru ta sœur par moi-même, crois-moi. Mais je pense que … »
La déesse s'interrompit quelques secondes, hésitante, le regard vague. Puis elle secoua la tête de gauche à droite, comme pour chasser de mauvaises pensées, et reprit, d'un ton plus assuré :
« Mais je pense que je peux te lancer sur une dernière piste. Tu devras cependant te débrouiller seul par la suite. »
« D'accord, mais qu'est-ce qu … »
Mais déjà Matthew se réveillait, la nuque douloureuse et le front couvert de sueur. Étouffant un juron, le jeune homme se redressa, tout en maudissant mentalement le lever du soleil. Pourquoi donc se réveillait-il toujours à l'aube ? Et ce satané d'Apollon n'aurait-il pas pu attendre encore un peu avant de se mettre au travail ? A cause de lui, le fils d'Iris n'aurait jamais la réponse tant attendue …
« Je pense qu'il ne me reste plus qu'à me débrouiller tout seul, maintenant ..., marmonna Matthew, définitivement contrarié. Même si la cause est désormais per... »
Le demi-dieu s'interrompit, surpris. Alors qu'il rassemblait ses affaires pour se remettre en route, un morceau de papier avait glissé de son sac mal fermé et avait atterri à ses pieds. Un morceau de papier inconnu au bataillon. Un morceau de papier qui n'était pas là hier, il en était certain.
« L'indice ! »
Le cœur battant à tout rompre et la respiration brusquement haletante, Matthew s'agenouilla lentement avant de se saisir du papier d'une main tremblante et de le retourner. Il s'agissait d'un morceau de journal, plus précisément de l'entête d'un des quotidiens américains les plus populaires.
« New York Times., prononça Matthew, et un certain soulagement était désormais perceptible dans sa voix. Ambre et Ben sont à New York. »
Le jeune homme savait désormais où chercher. Et il repartait plus motivé que jamais.
