Chapitre cinq :

Bonjour, Bonjoooouuur !

Tout d'abord, je voudrais (encore) m'excuser pour mon manque de régularité : la fin d'année n'a pas été facile et je n'ai pas eu l'occasion de beaucoup écrire ces derniers temps.

Ensuite, je voudrais faire part de ma compassion et de tout mon soutien à tous ceux qui ont encore des examens à passer ou/et qui sont dans l'attente des résultats : Que la force soit avec vous, mes très chers amis ! Je suis sûre que vous allez/avez tout déchiré/er !

Je reviens aujourd'hui avec le cinquième chapitre. Il ne se passe pas grand-chose, mais plusieurs indices sur le sort de ce pauvre Benjamin White sont disséminés dans ce chapitre. Trouverez-vous le coupable ? Faites moi part de vos suggestions en commentaire :) !

Je m'excuse par avance des quelques fautes qui pourraient venir perturber votre lecture … il y en a toujours une ou deux qui échappent à la relecture ^^.

Sur ce, j'espère que le chapitre vous plaira – n'hésitez pas à laisser votre avis, qu'il soit positif ou négatif – et que vous passerez un bon moment en compagnie d'Apollon, d'Hermès, des jumeaux ou encore de ce si sympathique Hugo !

Bonne lecture,

SP17.

Mila : Je suis contente que cette réécriture te plaise :) L'ancienne version commençait à partir en cacahuètes et, comme je tiens énormément à cette fanfiction, je voulais repartir sur de bonnes bases ^^. J'espère que ce chapitre sera à la hauteur de tes espérances :) je te souhaite, en tout cas, une bonne lecture :).

Un nouveau chapitre de On the Other Side est disponible, by the way ;)

15 Septembre 1986,

Cantine scolaire,

Lycée Privé de Phoenix,

12h25.

« Ce n'est pas parce que tu vas le fixer toute la journée avec ce regard meurtrier qu'il va disparaître, tu sais … », s'exclama Jade

Pour toute réponse, Ambre laissa échapper un grognement. Cela faisait maintenant trois semaines que la jeune fille devait se coltiner Hermès et Apollon au quotidien et la situation s'avérait être pire que ce qu'elle avait auparavant imaginé. Non seulement le Dieu du Soleil était narcissique, mais il ne pouvait s'empêcher de faire constamment des remarques sur l'attitude et les choix d'Ambre et de Matthew. La jeune blonde avait l'impression qu'il considérait les mortels comme des êtres extrêmement inférieurs à lui et qu'il cherchait à tout prix à le faire savoir par ses remarques cinglantes et ses regards méprisants envers elle et son frère.

Mais le pire dans tout cela, c'était Hermès. Ambre ne savait pas à quel jeu le Dieu des Voyageurs s'adonnait mais son attitude commençait réellement à l'ennuyer : agissait-il aussi gentiment avec eux parce qu'il avait tout simplement peur que Matthew et elle ne l'aident pas à calmer Apollon si ce dernier se mettait en tête de mettre s'en dessus dessous le monde des mortels ou était-il réellement sincère ? Les Dieux pouvaient-ils l'être ? Pourquoi cherchait-il autant à parler à la jeune fille ? N'avait-elle pas été assez claire sur ses sentiments envers les Olympiens ? Aucune bonne relation n'était possible. Pas même le moindre petit soupçon de sympathie. Pas même pour faciliter la mission du Dieu vis à vis d'Apollon.

« C'est dégoûtant … », maugréa Hugo Walters en regardant d'un air profondément contrarié le bout de viande qui se tenait au bout de sa fourchette.

« Moi, je trouve ça plutôt pas mal. », rétorqua Samantha Connors, avec un léger haussement d'épaules.

« En même temps, quand on voit ton style vestimentaire, on ne peut pas dire que tu aies bon goût. »

« Hugo !, s'écria Lisa, outrée, alors que Samantha baissait la tête, comme honteuse. Arrête, enfin ! Samantha est notre amie ! »

« Samantha est juste un vieil animal estropié et rejeté qui t'a fait pitié ! Amie, tu dis ? Vous n'avez pas l'air d'avoir de grandes discussions ni de points communs, pourtant. Tout ce qu'elle fait, c'est nous suivre tout au long de la journée comme un vieux chien-chien collant et monstrueusement bien éduqué ! »

Ambre ne pouvait dire qui, de Lisa ou de Hugo, était le plus énervé. Les deux jeunes gens se tenaient désormais debout et se faisaient face, se jetant mutuellement des regards meurtriers. À côté d'eux, Jade, Matthew et Ambre, assis à leur place respective, regardaient cet affrontement avec un mélange d'inquiétude et de profonde lassitude : les disputes entre la fille d'Aphrodite et le fils d'Arès étaient plus que fréquentes et les trois adolescents ne préféraient pas s'en mêler. Ils préféreraient même totalement les ignorer si fermer les yeux sur cela ne s'avérait pas aussi dangereux : Hugo s'était déjà montré assez violent et il était hors de question de le laisser blesser Lisa d'une quelconque façon. Le mieux à faire, était donc d'attendre que la tempête se calme, tout en étant à l'affût du moindre glissement de terrain.

Fière de l'expression qu'elle venait de trouver, Ambre ne put retenir un léger sourire avant de jeter un coup d'oeil plein de compassion à Samantha, qui regardait toujours aussi fixement son assiette, le dos légèrement courbé.

Samantha était arrivée cette année au lycée et le hasard avait fait qu'elle soit dans la même classe qu'Ambre et ses amis. Son look quelque peu particulier – un mélange entre le look gothique et les années 30 – ainsi que sa manière de s'exprimer assez familière, avaient pour effet que la jeune fille était souvent perçue comme un être étrange et non-approchable par la majorité de ses camarades. Seule Lisa avait eu l'audace de s'approcher et de lui parler lors de la rentrée des classes, provoquant des hoquets de surprise chez les élèves les plus populaires. Mais la fille d'Aphrodite n'en avait que faire. Ou plutôt, leur groupe d'amis – mis à part Hugo, qui s'occupait un peu trop de sa réputation au goût d'Ambre – s'en fichait. Car, après tout, tous les cinq étaient loin d'être célèbres et adulés au sein du lycée : fréquemment évités, toujours regardés avec suspicion, le groupe était dit doté d'une aura bizarre, peu sympathique. Une rumeur affirmait même qu'il se passait régulièrement des choses étranges et inexplicables en leur présence. Une idée pas tellement fausse que cela et que les jeunes gens n'avaient jamais cherché à démentir : moins il y avait de monde qui gravitait autour d'eux, plus ils pouvaient respirer : devoir cacher sa vraie nature et faire attention à ne pas user de se aptitudes lors des heures de classe était déjà sacrément difficile, ils ne se voyaient pas avoir une connaissance 100 % mortelle et devoir ainsi faire cet effort de discrétion au quotidien, les week-ends et lors des soirées entre amis. Ce serait beaucoup trop.

Seul Hugo ne semblait pas s'accommoder à cette situation : alors qu'il souhaitait préserver une aussi bonne réputation que possible et était prêt à lâcher ses amis au moindre faux pas de leur part, Ambre le surprenait également régulièrement à regarder en direction de l'équipe de football américain du lycé fille d'Iris savait qu'il souhaitait en faire partie. Mais le jeune homme avait hérité sa force physique du côté divin de la famille : un placage de sa part pouvait s'avérait extrêmement dangereux pour ses adversaires. Alors Hugo passait ses week-ends à regarder des matchs de championnat en boucle et ses soirées à assister aux entraînements. Cependant, il était régulièrement moqué et viré par les joueurs à cause de sa réputation de loser. Et ça, le fils d'Arès le vivait très mal : il voulait faire partie de cette élite adulée par la foule et entamer une carrière de footballeur professionnel. Il désirait sans cesse se détacher de ce groupe de bras cassés qui l'accompagnait au quotidien. Mais une promesse l'en empêchait. Et cela le rendait encore plus furieux.

« Ambre ? Ambre, tu viens ? »

La voix de son frère ainsi qu'une main tapant doucement son épaule, ramena Ambre à la réalité. Avec un léger sursaut, la jeune fille cligna précipitamment des yeux et regarda autour d'elle, légèrement décontenancée. Hugo et Lisa avaient disparus – où étaient-ils donc passés ? - et Matthew, Jade et Samantha l'observaient, sourcils froncés pour les uns, franche curiosité pour l'autre.

« Ils sont sortis. Bertrand les a fichu dehors., déclara Matthew en percevant le trouble chez sa sœur et en désignant le cuisinier au ventre bedonnant et aux airs de bouledogue affamé qui surveillait l'ensemble des lycéens attablés, la moustache frétillante et les poings serrés, à l'affût de tout comportement suspect. Tu connais le refrain : « Si vous levez vos fesses une fois attablés, c'est pour f***re le camp d'ici ! » », ajouta le jeune homme en essayant d'adopter la voix bourrue du cuisinier.

Ce semblant d'imitation arracha un sourire à la jeune fille qui, reprenant peu à peu ses esprits, se leva, prit son plateau et suivit ses camarades vers la sortie.

« Tout va bien ?, s'enquit son frère alors qu'ils déposaient leur plateau à l'endroit adapté et sortaient sous un magnifique soleil de fin d'été. Tu as l'air … plutôt perturbée. Perdue. »

« Toute cette histoire me fait peur., soupira Ambre qui ralentit la cadence, préférant que Jade et Samantha n'entendent pas. Hugo et les Dieux Olympiens sont des aimants à problèmes. Et Hugo a de plus en plus envie de nous lâcher. S'il découvre qui est réellement Fred … il pétera un plomb et on le perdra. Et alors ce serait … »

« Ce serait une catastrophe. Je sais., l'interrompit Matthew, le regard inquiet fixé sur Lisa et Hugo qui continuaient leur combat de regards meurtriers dans la cour. Mais t'en fais pas, va. On fera tout pour que le serment ne soit pas rompu. Je te le promets. »

Sur ces mots, qu'il savait loin d'être réconfortants, Matthew serra brièvement mais fermement la main d'Ambre, et tous deux rejoignirent leurs amis, l'esprit bouillonnant.

OoOoOo

15 Septembre 1986,

Salle 203,

Lycée Privé de Phoenix,

15h13.

Le tic-tac incessant de l'horloge devenait presque insupportable pour Ambre Jones : plus les secondes passaient, plus la jeune fille avait la terrible envie de décrocher l'objet du mur et de l'envoyer valser à travers la pièce. Il était déjà assez énervant de ne pas réussir à terminer le premier exercice, il était inutile qu'une quelconque machinerie ne lui rappelle l'écoulement du temps et, avec lui, l'envol de tout espoir de réussite !

Avec un discret soupir, la jeune blonde se passa nerveusement une main dans les cheveux et lâcha son crayon gris. Aussi loin qu'elle s'en souvienne, Ambre avait toujours était une quiche en mathématiques, et pourtant, ce n'était pas faute d'avoir essayé ! Elle avait persévéré tout au long de ses années collège et des deux premières années de lycée. En vain. La jeune fille n'avait jamais plus que « C » à ses évaluations et cela commençait sérieusement à la décourager : comment espérer pouvoir exercer le métier de ses rêves si elle n'améliorait pas son niveau dans cette matière ? Ce n'était pas que le métier en question soit directement relié aux mathématiques, mais cette matière était tout de même importante pour la suite de ses études, et cela déprimait profondément la jeune fille. Être recalée juste pour sa piètre moyenne en maths, quelle galère !

« Je ne vois pas pourquoi tu déprimes, fit soudainement une voix masculine, d'un ton qui se voulait à la fois agacé et bienveillant, dans son esprit. Tu as réellement les capacités pour réussir. Ton raisonnement est bon depuis le début. Pourquoi t'entêtes-tu à gommer chaque calcul que tu fais ? »

« Et pourquoi vous entêtez-vous à vouloir me parler ?, pensa rageusement Ambre, une fois la surprise passée. Je vous ai déjà dit que je ne voulais rien avoir à faire avec vous ! »

« Je veux juste t'aider, Ambre., lui répondit Hermès alors qu'il se dirigeait vers le bureau du professeur de Mathématiques, Monsieur Thompson, pour que celui-ci vérifie ses exercices. C'est tout. »

« Eh bien, vous auriez dû y penser avant. Vous auriez dû intervenir lors du conseil, puisque, apparemment, vous aviez si envie de le faire ! »

Cette remarque heurta de plein fouet le Dieu des Voyageurs qui lâcha un soupir emprunt de tristesse et rejoignit sa place la tête basse, n'entendant même pas le professeur le féliciter pour avoir terminé la quinzaine d'exercices en moins d'un quart d'heure.

Son bref échange avec la fille d'Iris venait de réveiller son sentiment de culpabilité qui, revenu dans un coin sombre de son esprit depuis qu'il avait été nommé pour garder un œil sur Apollon et donc ainsi fréquenter tous les jours les demi-dieux dont il avait pourri la vie, le prenait désormais de nouveau à la gorge et lui remémorait ainsi sans pitié l'odieux silence dont il avait fait preuve lorsque que Matthew et Ambre Jones étaient venus porter plainte contre l'un des Olympiens.

Le Dieu avait été particulièrement touché par leur histoire et avait profondément eu envie de lever la main lors de la délibération. C'était ce que Poséidon, Déméter, Dionysos, Aphrodite, Athéna et Artémis avaient d'ailleurs fait. C'était ce qu'il aurait dû faire, lui aussi. C'était ce qu'il aurait dû faire pour que les deux demi-dieux qui avaient perdu leur meilleur ami puissent un tant soit peu être consolés : à sept contre cinq, la majorité l'aurait emporté et un réel procès aurait débuté. Le coupable aurait été puni et Benjamin White aurait eu la reconnaissance et l'enterrement qu'il méritait. Mais il avait fallu qu'il jette un rapide coup d'oeil vers le coupable pour qu'une petite hésitation vienne semer le trouble dans ses résolutions : était-ce réellement un acte volontaire ou l'Olympien avait-il succombé à l'immense vague de jalousie qui menaçait de le renverser depuis plusieurs millénaires ? Connaissant son quotidien plus que difficile, pouvait-on le blâmer pour cela ? Il n'avait jamais eu une vie facile. Devait-on y rajouter un châtiment ? Et puis, une sanction envers l'un d'entre eux ne risquait-il pas de menacer l'équilibre précaire qu'avaient finalement trouvé les Olympiens ?

La pitié et la peur d'une guerre civile interminable, voilà ce qui avait fait voler en éclats la décision du Dieu. Voilà ce qui avait poussé Hermès à laisser son bras droit posé sur le gauche et à afficher un visage froid et sévère alors même qu'à l'intérieur de lui-même, tandis qu'il croisait le regard désespéré, douloureux et infiniment triste d'Ambre, tout s'était révolté et lui avait hurlé de lever la main. Mais il avait tenu et le procès n'avait pas eu lieu. Des vies avaient été brisées, un héros définitivement oublié et un rendez-vous chez le meilleur psychologue des États-Unis avait été pris. Un p***** de rendez-vous chez le psychologue.

Hermès avait pris la mauvaise décision. L'une des pires décisions de son existence et il s'en voudrait toute sa vie, c'était une certitude. Tout ce qu'il souhaitait désormais, c'était aider Ambre à se reconstruire, à être un tant soit peu heureuse. Car, des regards brisés qu'il avait aperçu, c'était sans nul doute celui de la jeune fille qui l'avait le plus marqué.

« … et je me demande si … oui, elle doit avoir un copain, c'est une certitude. Mais qui pourrait résister au beau gosse que je suis ? Personne de réellement sensé … oui .. je n'aurais définitivement pas de difficultés à la charmer … une courte poésie de mon crû, un restaurant des plus romantiques et un petit peu de lyre et elle se… »

« Apollon, pour une fois, tu peux te concentrer sur ton travail au lieu de reluquer la jeune fille assise devant toi ? Ça changerait. », pensa rageusement Hermès en fusillant son demi-frère du regard.

OoOoOo

15 Septembre 1986,

Salle 203,

Lycée Privé de Phoenix,

17h03.

« Curtis, Ambre, venez-là s'il vous plaît. »

La voix de son professeur coupa Ambre dans son élan : alors que la jeune fille se voyait déjà dans le couloir, discutant tranquillement avec son jumeau, libérée de tout exercice de maths jusqu'à la semaine prochaine, la demande de Monsieur Thompson la surprit, à tel point qu'elle pilla net et provoqua un léger carambolage à l'entrée de la pièce. Imperméable aux grognements et jurons que lâchèrent les camarades qui l'avaient heurtée de plein fouet, Ambre resta quelques instants immobile, le coeur battant la chamade : la fille d'Iris n'avait jamais apprécié être appelée par un de ses professeurs à la fin d'un cours. D'ailleurs, qui aimait ? Cela était toujours signe d'ennuis et même si le ton de Monsieur Thompson n'avait rien de sec ni d'agressif, la jeune fille craignait le pire : rien n'était positif lorsqu'un Dieu y était mêlé.

« Ambre ? Venez, s'il vous plaît. », réitéra le professeur de Mathématiques, d'un ton aussi calme qu'auparavant.

L'estomac noué, Ambre jeta un coup d'oeil à son jumeau – qui paraissait aussi mal à l'aise qu'elle – et, tout en se tordant nerveusement les mains, se retourna et avança à pas lents jusqu'au bureau du professeur.

« Cela ne durera pas longtemps, ne vous inquiétez pas., déclara ce dernier, Ambre et Hermès désormais face à lui. Et ce ne sera pas non plus douloureux., ajouta-t-il avec un fin sourire en notant le soudain malaise de la demi-déesse. Nul besoin de stresser ainsi, Ambre. »

Puis, après un court instant de silence :

« Cela ne fait que deux semaines que vous êtes arrivé, Curtis, s'exclama-t-il en regardant le concerné. Mais vos résultats en mathématiques sont impressionnants. Avez-vous un projet professionnel particulier ? »

Il y eut quelques secondes de silence durant lesquelles Ambre crut percevoir une once de panique dans le regard du Dieu des Voyageurs. Vraisemblablement, Hermès ne s'était pas préparé à avoir une quelconque interaction avec un professeur.

« Eh bien, je … je n'ai pas encore de projet très défini, j'ai plusieurs idées en tête. Ce serait majoritairement dans le secteur du voyage. »

« Noooon, sans blague ? Étonnant pour un Dieu des Voyageurs ! Il aurait pu également très bien dire bandit de grand chemin, vu qu'il protège tous ceux qui prennent la route. Mais bon, ça n'aurait sûrement pas plu au prof…. »

Si Hermès avait conscience de ce que Ambre était en train de penser, il n'en laissait strictement rien paraître. Les bras le long du corps, son sac à dos sur une épaule, le regard rivé sur le professeur et le visage impassible, l'Olympien incarnait en cet instant même le prototype de l'élève attentif et posé.

« Je vois. Vous avez encore quelques mois pour y réfléchir mais ne traînez tout de même pas trop. Les inscriptions à l'université vont vite arriver. »

« Il nous a réellement fait venir pour discuter orientation ? »

« Maintenant, Curtis, j'aurais un service à vous demander. Accepteriez-vous de donner des cours de soutien à Ambre, ici présente ? Cette jeune fille rencontre quelques difficultés dans cette matière et je ne voudrais pas qu'elle passe à côté de son avenir juste pour cela. Vous penserez que cela serait possible ? Je ne vous demande pas d'y passer votre temps libre : je pense sincèrement que deux heures par semaine serait amplement suffisant. »

« Pardon ?! »

Cette exclamation emprunte de surprise et de colère échappa à la jeune fille. Quelque peu honteuse, mais bouillonnant intérieurement – Pour qui ce prof se prenait-il ? Il aurait pu lui demander son avis avant, non ? Et puis, elle n'avait aucune d'envie de passer deux heures par semaine en compagnie d'un Olympien qui souhaitait la réconcilier avec le monde mythologique. Plutôt se faire dévorer par un manticore que subir cette intolérable torture ! -, Ambre miT une main devant sa bouche et murmura un faible « excusez-moi » sous les regards surpris de ses deux interlocuteurs.

« C'est que …, enfin, c'est très gentil à vous de proposer cela, professeur, reprit-elle d'une voix hésitante alors qu'un étrange silence s'était installé dans la pièce. Mais … Mais je pense pouvoir me débrouil… »

« Je serais ravi d'aider Ambre, Monsieur., l'interrompit Hermès, une drôle d'étincelle dans le regard et un léger sourire aux lèvres. Le mercredi après-midi de 14 heures à 16 heures, ça t'irait ? », ajouta-t-il en se tournant vers la concernée.

Ambre se contenta de hausser les épaules tout en lui jetant un regard noir. L'envie d'étrangler le professeur de mathématiques était forte mais Ambre savait pertinemment que les conséquences d'un tel acte pouvaient être terribles : les sanctions pouvaient être lourdes et la jeune fille n'avait pas très envie d'être privée de l'université de ses rêves pour avoir cédé à la colère. Peut-être se vengerait-elle sur Hermès. Elle le croisait tous les jours dans les couloirs de l'hôtel, elle trouverait bien un moyen de l'enfermer toute une semaine dans une pièce. Ou de l'assommer et de le laisser K.O pendant plusieurs jours. Ou de l'empoisonner. Pouvait-on empoisonner un Dieu ? C'était une question sur laquelle Ambre allait devoir se pencher.

« Bien, si tout le monde semble d'accord., déclara Monsieur Thompson après quelques minutes de silence. Vous pouvez disposer. Bon week-end à tous les deux ! »

« Merci, à vous aussi, professeur. », répondirent simultanément Hermès et Ambre, ce qui eut pour effet d'agacer la jeune demi-déesse.

Le visage fermé, toujours assez énervée, Ambre quitta la pièce d'un pas rapide, restant aussi imperméable que possible aux appels d'Hermès, qui souhaitait lui parler.

« Vous avez peut-être réussi votre coup, pensa-t-elle fortement en accélérant la cadence tandis qu'Hermès l'appelait une énième fois. Mais je vous garantie que vous n'arriverez pas à me retourner le cerveau aussi facilement, sombre idiot ! »

OoOoOo

1982,

Quelque part dans les rues de New York,

Date et heure précises inconnues.

Ambre ne savait pas depuis combien de temps ses compagnons et elle étaient enfermés dans cette sombre pièce. Tout ce qu'elle savait, c'était que son estomac commençait à grogner et qu'elle ne se souvenait pas avoir déjà eu la gorge aussi sèche : depuis combien de temps n'avait-elle pas grignoté et bu quelque chose ? Là encore, aucun moyen de le savoir. Ses amis et elle avaient terminé leurs provisions peu de temps après avoir été enfermés et cela lui semblait être une éternité.

« A votre avis, ça fait combien de temps que l'on est enfermés ici ? », demanda-t-elle à l'adresse de Benjamin et de Hugo, dont elle ne distinguait que les silhouettes.

Elle avait eu quelques difficultés à articuler et sa gorge avait émis un bruit rauque, cassé, ses cordes vocales lui étant douloureuses.

« Je ne sais pas … deux ou trois jours, peut-être. », lui répondit Benjamin White d'une voix presque aussi enrouée que la sienne. Je ne comprends pas à quoi ça rime, d'ailleurs. Pourquoi nous enfermer ici ? Les monstres ont plus l'habitude de nous dévorer ou de nous torturer lentement pour ensuite nous cuire façon poulet rôti que de nous laisser enfermés dans une pièce. »

« Ils sont déjà en train de nous torturer, White., s'exclama une voix étrangement grave et teintée d'agacement, qu'Ambre identifia comme celle de Hugo. Ils sont en train de nous assoiffer et de nous affamer. Je ne sais pas vous mais moi, je commence à crever de faim. »

Comme pour confirmer ses dires, son estomac émit quelques grognements, aussitôt imité par ceux de ses camarades.

« Si tu n'avais pas englouti la dernière ration de nourriture d'un seul coup, peut-être que … », commença Ambre, dont l'estomac se contracta douloureusement à la simple pensée du délicieux sandwich au poulet qui avait fini sa course dans l'estomac du fils d'Arès.

Si seulement Benjamin et elle lui avaient trouvé une meilleure cachette ...

« … Peut-être qu'on en … »

« J'avais faim, Barbie ! Et quand j'ai faim, j'ai faim., l'interrompit Hugo d'un ton sec qui laissait entendre qu'aucune discussion n'était possible. De plus, ajouta-t-il, tentant peut-être de trouver un meilleur argument, en vain. Je ne pensais pas qu'on allait rester ici aussi longtemps. Mais comme vous n'êtes visiblement pas motivés à trouver une quelconque sortie … »

« Excuse-nous ?!, s'écria Benjamin. Qui a passé je ne sais combien d'heures à fouiller la pièce, hein ? C'est nous, je te signale ! »

Le fils d'Aphrodite se mettait rarement en colère mais l'attitude du fils d'Arès commençait réellement à l'agacer : depuis qu'une espèce d'automate avait réussi à les enfermer dans ce qui semblait être une ancienne remise envahie par l'humidité, Hugo ne cessait de faire preuve de mauvais caractère et d'une certaine vacherie. Alors qu'Ambre et Benjamin avaient retourné l'endroit dans l'espoir de trouver une quelconque solution, alors que tous deux s'étaient cognés contre ils ne savaient combien de murs dans l'espoir de trouver une issue, alors qu'ils s'étaient épuisés, en vain, pour trouver une porte, un tunnel ou un simple trou qui aurait pu leur permettre de retrouver leur liberté, Hugo était resté assis à sa place, préférant jouer les pessimistes en leur répétant toutes les cinq secondes qu'ils étaient foutus et que jamais ils ne ressortiraient d'ici de leur vivant. Et voilà que, maintenant, il traitait Ambre et Benjamin de fainéants ? Le fils d'Aphrodite avait une forte envie de lui casser le nez. Mais la violence ne résolvait jamais rien. Jamais. Alors, d'un geste rageur, Benjamin se contenta de lancer son bonnet au visage de son camarade qui étouffa un juron.

« Dis-le nous, si tu as une suggestion., grogna-t-il ensuite, fusillant Hugo du regard même si, à cause de l'obscurité, le concerné ne pouvait le voir. J'aurais bien essayé d'enjôler notre garde, sauf que, comble de l'ironie, nous n'en n'avons auc … »

Le fils d'Aphrodite s'interrompit, soudainement sur ses gardes : des bruits de pas venus de l'extérieur venaient de se faire entendre, laissant envisager la possibilité que quelqu'un venait leur rendre visite. D'un geste silencieux et rapide, Benjamin glissa sa main dans son sac et en sortit son poignard, bientôt imité par ses deux compagnons. Aussi étonnant que cela puisse paraître, l'étrange robot d'acier avait, semblait-il, oublié de leur confisquer leurs armes et, si une occasion de fuir se présentait, il était hors de question que les demi-dieux la laissent passer : ils avaient déjà été assez stupides pour suivre un robot inconnu pour qui leur identité n'était pas un secret, ils n'allaient pas non plus rester sur place, sages et dociles, si leur ravisseur ouvrait la porte.

« Vous êtes prêts, les gars ? », chuchota Benjamin

A l'extérieur, les bruits de pas se rapprochaient, étrangement irréguliers. La personne qui venait à leur encontre boitait-elle ? Avait-elle une jambe qu'elle ne pouvait plus plier et qu'elle était donc dans l'obligation de traîner sur le sol ? C'était en tout cas l'impression que le bruit pouvait donner. Mais, Benjamin, Ambre et Hugo étaient trop concentrés sur le fait qu'ils allaient devoir agir très rapidement pour prêter attention à un tel détail.

Quelques secondes plus tard, les bruits de pas s'arrêtèrent et une clé tourna dans la serrure. Le coeur battant à tout rompre, une main serrée sur leur arme respective, les trois demi-dieux se jetèrent mutuellement un coup d'oeil avant de bondir sur l'inconnu qui venait d'ouvrir la porte dans un grincement.

« AAAAAAAARRRGGGGGHHHH ! »

La suite très bientôt :) !