Bonsoir bonsoir ...comme quelqu'un l'a dit avant moi, "vaut mieux tard que jamais", n'est-ce pas ?

Je souhaite sincèrement m'excuser auprès de vous pour cette très longue période d'inactivité ... J'ai légèrement été submergée par une tonne d'événements pas tous très sympathiques ... Mais trêve de bavardages, je suis de retour pour vous jouer un mauvais tour et c'est le plus important, non ?

Je reviens aujourd'hui avec le septième (?) chapitre et j'espère qu'il ne vous décevra pas ... N'hésitez pas à me laisser votre avis après votre lecture, cela me fait toujours très plaisir :)

J'ai commencé à écrire ce chapitre à 14h00 et je l'ai terminé il y a quelques minutes (aux environs de 22h24). Alors je dois vous avouer que je ne suis pas trop motivée pour la relecture ... ^^ Je m'excuse donc si quelques fautes d'orthographe ont réussi à se faufiler durant l'écriture :)

En vous souhaitant une bonne lecture (ainsi qu'une bonne nuit !), je vous dis à bientôt et vous remercie pour votre soutien.

Bisous, SP17.

Chapitre six: « A la différence que, cette fois, ce n'était pas étrangler le Dieu des Messagers qui lui importait mais une chose bien plus macabre et violente : lui arracher la tête. »

Janvier 1982,

Dans une forge,

Certainement aux alentours de midi.

De ce qu'il pouvait en déduire des activités et de l'emploi du temps du Dieu, Matthew Jones était dans cette forge depuis maintenant trois jours.

Trois longs jours. Il s'était écoulé trois longs jours depuis que le Dieu des Forges l'avait enlevé en plein New York sans qu'aucun mortel ne s'aperçoive de quelque chose. Trois longs jours depuis qu'il avait vu Héphaïstos dans un état d'euphorie intense à l'idée de piéger Ambre et ses amis. Trois longs jours qu'il voyait le Dieu s'activer comme un fou. Trois longs jours qu'il flippait comme un malade et imaginait les pires scénarios.

Héphaïstos était-il devenu fou ? C'était, du moins, ce que le jeune homme supposait. Oui, le Dieu des Forges avait pété une durite, il ne pouvait en être autrement. Sinon, comment expliquer le fait qu'Héphaïstos semblait être dans une sorte de transe ? Comment expliquer le fait qu'il passait ses journées à fabriquer des pièges plus terrifiants et dangereux les uns que les autres tout en marmonnant « Je vais les avoir, je les aurais. Je vais les tuer. » toutes les deux secondes ?

Dans son imaginaire, Matthew avait toujours imaginé le Dieu des Forges comme un être extrêmement introverti qui passait son temps à créer des machines et à imaginer des pièges assez drôles pour piéger Aphrodite avec son amant. Pas comme un tueur en série psychopathe prêt à réduire l'Humanité à néant. Et pourtant, c'était ce à quoi ressemblait étrangement Héphaïstos en ce moment-même. A un tueur psychopathe doublé d'un savant fou.

« Pourquoi vous faites ça ? Pourquoi vous voulez tuer Ambre et Ben ? ». C'était la question qui hantait Matthew et celle qu'il posait à chaque fois que le Dieu lui enlevait le tissu qu'il avait dans la bouche pour lui donner à manger à la cuillère ou pour lui donner à boire. Mais, à chaque fois le fils d'Iris se retrouvait confronté à un long silence de la part de son interlocuteur. Un long silence associé à un long regard meurtrier.

« Tiens, avale ça. »

D'un geste des plus brutaux, Héphaïstos arracha le tissu de la bouche du fils d'Iris, ramenant celui-ci à la réalité. Les cheveux hirsutes et dégageant encore plus d'étincelles qu'à l'accoutumée, le Dieu des Forges ne s'était toujours pas départi de la lueur de folie qui ne cessait de grandir dans son regard et avait les habits maculés d'huile de moteur, résultat de ses activités du jour. L'air passablement agacé, il maintenait une cuillère au niveau de la bouche de Matthew, attendant certainement que celui-ci veuille bien en avaler le contenu.

« Heu … Qu'est-ce que c'est ? », demanda le jeune homme après une seconde d'hésitation.

Le liquide sombre aux reflets bordeaux et à l'odeur nauséabonde que le Dieu lui présentait ne ressemblait à rien à ce qu'il avait avalé au cours des jours précédents et ne lui donnait pas vraiment envie d'y goûter. La seule idée que son ravisseur ait soudainement décidé de l'empoisonner nouait sa gorge et retournait son estomac.

« Quelque chose qui va te remettre d'aplomb. Tu es de plus en plus pâle. Tu as besoin de reprendre des forces. »

Mais quelque chose dans les propos du Dieu sonnait faux. Matthew en était sûr. Il avait toujours eu un sixième sens pour cela. Depuis son plus jeune âge, il était capable d'identifier formellement tous ceux qui lui mentaient. Et son instinct lui disait que le Dieu était en train de le faire.

« Alors pourquoi ne pas me donner de l'ambroisie ? Ce serait sans doute plus efficace. », essaya-t-il alors qu'il sentait l'inquiétude grandir en lui.

Mais cette remarque ne parut pas plaire au Dieu qui commença alors à essayer de lui ouvrir la bouche de force. Loin de se laisser faire, Matthew serra les dents aussi fort qu'il put et secoua la tête en tout sens pendant plusieurs minutes. Plusieurs minutes durant lesquelles Héphaïstos essaya tant bien que mal d'attraper sa mâchoire sans la briser.

Mais, rien à faire, le fils d'Iris ne voulait rien entendre. Alors, le Dieu perdit patience si le demi-dieu ne voulait pas avaler la potion qui allait le plonger dans un profond sommeil, Héphaïstos n'avait plus qu'une seule solution : l'assommer avec le premier objet venu pour pouvoir lui injecter le liquide par intraveineuse plus tard. Et ce fut ce qu'il fit exactement dans la seconde qui suivit.

OoOoOoOoO

20 Septembre 1986,

Bibliothèque municipale de Phoenix,

14h30.

« Donc … la probabilité de l'événement « X est inférieur ou égal à π» est égale à 3 dixièmes ? » demanda Ambre Jones, d'un ton à la fois hésitant et peu enthousiaste.

« C'est ça. »

Hermès hocha la tête et lui adressa un léger sourire qu'elle ne sut interpréter : était-il réellement content qu'elle ait trouvé la réponse par elle-même ou essayait-il de détendre l'atmosphère ? Car, depuis qu'ils s'étaient installés, l'ambiance était extrêmement tendue. Ce n'était pas que les deux jeunes gens passaient leur temps à se lancer des regards noirs, non. En réalité, l'animosité provenait surtout de la jeune blonde.

Toujours aussi énervée contre les Olympiens et contre Monsieur Thomson qui l'avait forcée à suivre des cours de soutien en mathématiques assurés par le messager de Zeus, Ambre n'était clairement pas d'humeur à agir comme une jeune fille joviale et volontaire. Tout ce dont elle avait envie, c'était d'étrangler Hermès et d'envoyer son corps par recommandé à l'Olympe, histoire de faire comprendre aux autres Dieux qu'il fallait lui foutre la paix, une bonne fois pour toute. Un acte qui lui vaudrait certainement un aller simple pour les Enfers et le pire châtiment corporel auquel Hadès n'aurait jamais pensé mais cela lui était bien égal : enchaînée au fin fond du royaume du Dieu des Morts, elle aurait enfin l'assurance de ne plus jamais revoir ces immortels immatures et collants.

« C'est vous qui lui avait retourné le cerveau ? Au prof de maths ? » lança-t-elle subitement à l'adresse d'Hermès après avoir écrit « 3/10 » sur son cahier de mathématiques.

« Comment ça ? »

Détournant son regard du second exercice de maths, Hermès redressa la tête et adressa un regard à la fois interrogatif et perplexe à la jeune fille.

« L'idée des cours particuliers., lâcha celle-ci après quelques secondes de silence et d'un ton qui laissait entendre qu'elle pensait qu'Hermès avait très bien compris ce à quoi elle faisait référence. Il n'a jamais fait cela auparavant. Même pour les élèves les plus en difficulté. J'ai donc raison de penser qu'elle ne vient pas de lui ? »

Il y eut un second instant de silence durant lequel le Dieu sembla profondément plonger dans ses pensées. Comme s'il réfléchissait à la meilleure manière de répondre.

« … Disons que je l'ai juste aidé à prendre une décision. Il cherchait depuis longtemps à t'aider mais le proviseur lui a toujours interdit de faire de l'aide aux devoirs. Je … Je lui ai juste soufflé une nouvelle idée … », finit-il par répondre d'un ton prudent.

Prudent et quelque peu nerveux, voilà ce qu'il était devenu en quelques secondes. Il avait tellement envie d'aider Ambre qu'il ne pouvait s'empêcher de tenter de se rapprocher d'elle. La décision de forcer quelque peu le destin en la forçant à suivre des cours de soutien en sa compagnie l'avait hanté pendant plus d'une semaine. Il avait eu peur de faire déborder le vase et de le casser définitivement. Une peur qui venait de ressurgir subitement et qui ne fit qu'augmenter lorsqu'il aperçut l'expression qu'arborait désormais la jeune demi-déesse.

Celle-ci, le teint encore plus pâle que d'ordinaire, avait les yeux fermés et mordait sévèrement sa lèvre inférieure, à tel point que le Dieu eut subitement mal à la sienne. Immobile, seuls ses poings bougeaient, se serrant et se relâchant à un rythme régulier, comme-ci elle tentait de résister – avec difficulté – à l'envie de lui donner un bon coup de poing dans la figure.

Et c'était vrai. Au plus profond d'elle-même, Ambre bouillonnait. La colère et le désespoir s'immisçaient à la vitesse de la lumière dans ses veines, lui donnant envie d'hurler, de pleurer, mais également de mettre définitivement à exécution le plan qu'elle s'était imaginée précédemment. A la différence que, cette fois, ce n'était pas étrangler le Dieu des Messagers qui lui importait mais une chose bien plus macabre et violente : lui arracher la tête.

« Je … Je suis désolé … », murmura Hermès d'un ton qui laissait percevoir qu'il l'était réellement et qui aurait ému tout être humain capable d'éprouver des sentiments.

« Pourquoi ? »

Ambre avait ouvert les yeux et le fixait d'un regard à la fois plein de douleur et de colère, les poings tellement serrés que les jointures blanchissaient à vue d'œil. Sentant qu'un simple propos maladroit de sa part pouvait la faire exploser, Hermès se tortilla nerveusement sur sa chaise, la gorge soudain serrée et les mains légèrement moites.

« Je … Parce que j'ai envie de t'aider. Je … Je n'aime pas te voir souffrir. »

« Alors disparaissez. Disparaissez, vous et votre saleté de demi-frère. Vous et votre famille de barjos. – un violent coup de tonnerre retentit au-dessus du bâtiment mais ni Ambre ni Hermès y firent attention – Disparaissez et fichez-nous la paix. Vous avez eu ce que vous vouliez il y a trois ans. Vous nous avez fait déjà assez fait souffrir comme ça et vous recommencez par votre simple présence. Disparaissez. »

Ambre aurait aimé crier ces mots. Les hurler aux oreilles du Dieu du Voyage pour être sûre que le message rentre. Mais elle n'en avait pas eu la force. La douleur que lui causait le fait de dire enfin le fond de sa pensée était tellement grande qu'elle n'avait réussi qu'à parler d'une voix basse et précipitée. Une voix basse et précipitée où s'était dégagée tellement de souffrance qu'Hermès en avait pâli et avait soudainement ressenti le besoin de serrer la demi-déesse dans ses bras. Le même besoin irrépressible qui l'avait saisi lorsqu'il avait rencontré Ambre pour la première fois en 1983.

« Ne vous approchez pas. »

Sans qu'il s'en rende compte, Hermès s'était approché d'Ambre. A tel point qu'il était maintenant à quelques centimètres d'elle, debout, la main tendue vers la jeune fille. Cette dernière, toujours assise sur sa chaise, le dos collé contre le dossier, le fixait toujours de ce même regard douloureux, la main gauche tordant nerveusement la droite posée sur ses genoux.

« Ne vous approchez pas. », répéta Ambre, d'une voix faible et enrouée alors qu'Hermès effectuait encore – de manière totalement inconsciente – un pas vers elle.

« Vous ne savez pas à quel point votre présence me rend malade., continua-t-elle, des larmes commençant à couler le long de ses joues. Pendant deux ans, j'ai … j'ai lutté contre les souvenirs et les cauchemars qui venaient me hanter toutes les nuits. J'ai tout fait pour les chasser, les ensevelir dans un coin sombre et oublié de mon cerveau. Et … et au moment où j'arrive enfin à passer au-dessus, à ne plus les subir tous les soirs, vous … vous débarquez et voilà que … que l'enfer doit … doit reco … reco… »

Incapable de terminer sa phrase, Ambre plongea la tête dans ses mains et ne put retenir d'avantage ses sanglots. Des sanglots silencieux, interminables et lourds de signification : toute la tristesse que la jeune fille avait tenté de dissimuler ou de transformer en irritabilité vis-à-vis des Olympiens était en train de réapparaître. La fille d'Iris avait atteint son point de rupture. Le vase débordait et le cœur d'Hermès se brisait.

Soudain pris d'une sorte de vertige et se maudissant pour la énième fois de n'avoir rien fait en ce 23 Juillet 1983, la gorge serrée et le cœur lourd comme il ne l'avait jamais été, Hermès s'agenouilla au niveau d'Ambre et la serra dans ses bras. Ambre, trop triste pour s'en offusquer ou se débattre, se laissa faire, allant jusqu'à poser son front contre la poitrine d'Hermès. Tout simplement parce que, parfois, cela fait du bien d'avoir une épaule sur laquelle pleurer.

OoOoOoOoO

/ !\ Scène quelque peu violente / !\

Date précise inconnue,

Année 1981,

Dans l'état du Texas,

Aux alentours de huit heures du soir.

Ambre avait l'habitude des colères de son père. Aussi loin qu'elle s'en souvienne, la petite fille l'avait toujours connu comme cela : colérique au possible, plus sévère qu'il n'était possible d'imaginer et avec un fort penchant pour la boisson.

Un taux important d'alcool dans le sang à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, Cole Jones avait une réputation de caïd au sein de la ville. Tout le monde – en passant par le simple ouvrier au shérif lui-même – le craignait. Ou plutôt, craignait ses crises d'hystérie.

Car, pour être hystérique, Cole l'était. Rares étaient ceux qui ne l'avaient pas déjà vu péter un plomb pour une broutille. Rares étaient ceux qui ne l'avaient pas vu taper contre un mur ou tout autre objet résistant jusqu'à en avoir les poings en sang. Rares étaient les voisins qui ne l'avaient jamais entendu hurler sur ses deux enfants. Inexistants étaient ceux qui n'avaient jamais relevés les nombreux bleus sur les corps d'Ambre et de Matthew. Et pourtant, personne ne faisait rien pour l'arrêter. Car chacun avait une peur bleue de ce qu'il pourrait leur arriver s'ils tentaient quoique ce soit contre lui.

« Avance, j'te dis ! »

Titubant, tenant à peine debout, le père de famille empoigna brutalement sa fille qu'il poussa ensuite violemment dans la chambre. Déséquilibrée, Ambre poussa un cri avant de tomber lourdement au sol, à quelques centimètres de son ours en peluche favori qui lui souriait avec bienveillance. Totalement paniquée, elle se recroquevilla sur elle-même, tremblante et connaissant déjà par cœur la suite des événements.

A chaque fois que son frère et elle faisaient une bêtise, leur père les punissait. Mais pas comme les autres parents punissaient leurs enfants : Ambre et Matthew n'étaient jamais privés de jeux de société, de télévision ou de sortie. Pour la simple et bonne raison qu'ils n'avaient pas les premiers éléments cités et que leur père avait en horreur les sorties entre amis. La seule façon de les punir était alors, selon leur père, de leur faire comprendre à quel point ce qu'ils avaient fait le blessait, lui faisait mal. La meilleure façon de les assagir était de leur montrer à quel point cela était douloureux pour un père d'avoir des enfants désobéissants. Et pour cela, la ceinture en cuir était d'une aide remarquable.

« Mais … Mais papa … papa, j'ai rien fait …, plaida Ambre d'une toute petite voix alors que son Cole se tenait déjà prêt, ceinture en main. L'arc-en-ciel est apparu tout seul … pourquoi est-ce que tu crois que c'est moi ? »

« Tais-toi !, hurla son père, ce qui eut pour effet de la faire sursauter et de se recroqueviller un peu plus encore. Combien de fois t'ai-je dit de ne plus recommencer ? Combien de fois t'ai-je dit de d'arrêter de t'élever à trois centimètres du sol ou d'hypnotiser les oiseaux avec tes chansons ? Sale sorcière ! Quand comprendras-tu que tu es un monstre ? Quand accepteras-tu de te repentir ? »

« Mais … Mais … Mais … » fut les seuls mots qu'Ambre réussit à faire sortir de sa bouche.

Totalement terrifiée, l'enfant ne comprenait absolument rien à ce qu'il se passait. Pour elle, son père faisait référence à des événements qui n'émanaient pas d'elle mais de la nature. Qu'est-ce qu'elle y pouvait si mère nature s'amusait à faire apparaître des arcs-en-ciel à ses pieds ? Si les oiseaux s'agglutinaient autour d'elle à chaque fois qu'elle récitait une poésie ou fredonnait une chanson ? Si le vent était si puissant qu'il arrivait à l'emporter dans les airs ? Elle n'y pouvait absolument rien. Comment pouvait-elle avoir une quelconque prise là-dessus ? C'était la nature. L'ordre naturel des choses. Point. Pourtant, son père continuait à affirmer le contraire. A la traiter de sale sorcière. Etait-il en train de devenir fou comme sa mère avant lui ? Allait-il lui aussi finir dans le même hôpital où il avait fait enfermer grand-mère ? Au plus profond d'elle-même, la petite fille l'espérait.

« … t'ai dit de te taire ! continuait Cole Jones. De te taire et de m'écouter prier pour toi pendant ta correction ! »

Et, sans plus attendre et tandis qu'Ambre laissait échapper un gémissement à fendre l'âme, il l'attrapa une nouvelle fois par le bras et la balança dans son lit, au milieu des peluches. Puis, tandis que la petite fille adoptait de nouveau la position du fœtus, il commença à psalmodier tout en abattant sa ceinture sur le corps fragile de sa fille. Une fois. Deux fois. Trois fois. Autant de fois que nécessaire. Le mal devait sortir, c'était une évidence.