Hello!

Ça fait un baaaaiiil qu'il n'y avait pas eu d'update, je sais. Quelques petites explications : je n'ai pas eu mes écrits, trop de stress tuant le stress j'ai dû faire un petit tour à l'hôpital parce que, apparemment, quand je stresse je ne le fais pas à moitié, et j'ai été quelque peu surprise, dirons nous, des réactions par rapport aux derniers chapitres ce qui m'a fait faire un blocage total sur cette histoire. Évidemment, ce que je vais dire ensuite ne concerne pas tout le monde, j'ai eu des messages adorables et qui m'ont fait très plaisir, si vous êtes parmi ceux là je vous remercie du fond du cœur, si vous êtes parmi ceux qui m'ont envoyé des MPs un peu trop péremptoires, sachez qu'il m'en faut très peu pour me braquer, ce n'est pas en « m'ordonnant » de faire les choses que je vais les faire.

Mise au point sur le dernier chapitre (en gardant à l'esprit que j'accepte évidemment la critique lorsqu'elle est constructive, encore une fois, ça ne concerne pas tout le monde, certains ont argumenté leur review de manière très cohérente et très claire, je n'étais peut-être pas d'accord avec certaines choses mais au moins, ce n'était pas gratuit et je respecte ça) : J'ai été déçue par les réactions sur le dernier chapitre, je le dis très honnêtement. Soyons clairs, je ne vis pas dans l'attente d'avoir 100 reviews par chapitre (quoi que les commentaires me font toujours plaisir et me motivent) mais j'ai été surprise et, encore une fois, déçue de voir un bon nombre (pour ne pas dire une majorité) de gens prendre aveuglément parti pour Hermione et me dire, limite, que la dispute arrivait comme ça, sans raison, que c'était un peu la faute d'Harry, beaucoup celle de Ron et que, en gros, Hermione était toute innocente.

Personne n'avait tort ou raison dans cette dispute.

Certains l'ont très bien compris (merci particulièrement à Nana pour sa review qui est arrivée au moment où je désespérais que quelqu'un le comprenne ENFIN) d'autres se sont focalisé sur ce que disait Ron. Remettons en contexte : ce sont des adolescents, ils ont 15 ans. Alors, bien entendu, ils ont grandis plus vite que la normale, ils sont plus matures, mais au fond, ils ont 15 ans. Certes, c'était il y a presque dix ans pour moi mais je suis en contact avec des gamins de 15 ans tous les jours et j'ai une bonne mémoire, je me souviens de ce que c'est. Parfois, ça explose et on ne sait pas pourquoi. Là, en l'occurrence, à mon humble avis, on sait pourquoi. Chacun avait ses raisons d'en vouloir aux autres. Harry en veut à Ron et à Hermione de s'être trouvé un nouveau groupe d'amis, est-ce que c'est justifié ? Non. Est-ce que c'est justifiable ? Oui. Il revient changé et pensait retrouver l'endroit qu'il avait laissé or tout est différent, il ne trouve plus sa place dans le trio et il laisse parler sa frustration. Ron n'aurait peut-être pas dû s'énerver autant mais, rappelons-le son père est mort depuis quoi, deux mois ? Certains ont écrit dans leurs reviews que c'était disproportionné et qu'il devrait passer à autre chose. Deux mois pour faire le deuil de son père, c'est peu, alors oui il a craqué en apprenant ce qu'avait fait Hermione, ça ne me semble pas si incompréhensible. C'était peut-être déplacer le blâme et l'accuser un peu pour rien, c'est sûr, et il en est conscient en le faisant, seulement à un moment il faut que ça sorte. Quant à Hermione, oui elle a sacrifié sa famille pour la protéger et c'est sûr elle l'a pas fait de gaité de cœur, c'est très noble et on peut respecter le geste mais Ron n'a pas tort non plus de s'en horrifier quand, lui, a involontairement perdu la sienne. Il n'est pas le seul d'ailleurs, aucun des adultes n'est particulièrement ravi par ce qu'elle a fait. C'est illégal, on peut même en questionner la moralité. Elle n'a pas eu tort de le faire, mais a-t-elle pour autant eu raison ?

Ce qui m'a déçue, et un peu blessée, c'est que ce soit dans Les Cicatrices ou L'Armée j'ai toujours essayé d'être très claire sur les tons de gris. Rien n'a jamais été tout blanc ou tout noir, or dans cette dispute, énormément de lecteurs ont pris parti pour Hermione et ont attaqué les autres – et moi au passage, encore que c'est peut-être pas très important – sans même essayer de lire entre les lignes. J'ai la sensation très nette d'avoir échoué à faire passer ce que je voulais dire ce qui m'a même fait me demander si je ne ferais pas mieux de m'arrêter là, tout court. Peut-être que j'ai commencé la publication trop vite, je me suis laissée convaincre parce que les gens voulaient la suite sur le champ et j'ai commencé à publier sans avoir suffisamment de chapitres de réserve, l'attente entre les chapitres est frustrante et fait qu'on oublie les détails. En ça, je pense que j'ai eu tort et que ça nuit à la réception de l'histoire (encore que les chapitres font généralement autour de 20 pages ce qui représente déjà des heures de travail).

Encore une fois, ce n'est pas la critique qui me gêne mais la manière dont elle est faite. On peut être fan d'un personnage et reconnaître ses défauts. Je n'ai pas crié haro sur Hermione, je ne l'ai pas mise dans le point de mire, tout le monde en a pris pour son grade et s'était très évident à mon sens qu'il y avait beaucoup trop de non-dits entre eux. Ça arrive entre amis. Pour moi, très, très franchement, la personne la plus à plaindre était Ron mais c'est un personnage moins populaire dans un contexte de dramione alors, bien sûr, c'est sur lui qu'on s'est acharné. Je trouve ça un peu triste de se limiter à ça. Je regrettais énormément ce que j'avais fait de lui dans Pandore et je voulais vraiment lui redonner toute sa dimension, je me demande maintenant si je n'ai pas un peu échoué à le transmettre. Bref, vous l'aurez compris, je suis frustrée.

Autre chose puisque j'en suis à la mise au point. Cette histoire n'est pas abandonée – comme le prouve le chapitre qui suit – et si jamais, un jour, je décide de l'abandonner, je le dirais soit sur twitter, soit sur mon profil, soit sur le résumé (là encore, une poignée de personne est concernée par tout le monde, ne vous sentez pas forcément visé) inutile donc de me harceler de MPs pour savoir si j'ai abandonné l'histoire ou si je vais finalement me décider à publier la suite (oui j'ai eu cette formulation précise).

Voilà, cela ne concernait pas tout le monde mais ça devait être dit. Encore que, je suis presque sûre que ceux concernés n'auront pas lu cette note ^^

Bref, j'espère que le chapitre qui suit vous plaira davantage que le précédent.

Enjoy & Review


"It gives me strength to have somebody to fight for; I can never fight for myself, but, for others, I can kill."
― Emilie Autumn, The Asylum for Wayward Victorian Girls

Avoir quelqu'un pour qui me battre me donne de la force je ne peux jamais me battre pour moi-même mais pour quelqu'un d'autre, je pourrais tuer.

― Emilie Autumn, The Asylum for Wayward Victorian Girls

Chapitre 6 : Somebody To Fight For

« Et là, il me dit que je suis un membre de l'Ordre et que, en gros, je n'ai rien d'autre à faire que me taire et hocher sagement la tête. » chuchota Tonks, furieusement, ignorant les regards agacés des moldus autour d'eux. Ils exagéraient, sa voix ne couvrait même pas la musique d'ambiance absolument exaspérante qui ricochait d'un mur à l'autre de la pièce.

Trop occupé à perfectionner sa position – ils en étaient au cobra, ou à un autre serpent venimeux – Anthony ne lui répondit pas immédiatement et, alors que l'instructeur leur répétait une nouvelle fois d'aligner leurs chakras, Tonks se redit que, décidément, elle n'était pas faite pour le yoga.

« Tu es censée te détendre, tu te souviens ? » lui glissa son ami alors qu'ils changeaient de position pour simuler une feuille pliée. « Ordre des Médicomages. »

Curieusement, elle doutait que se rouler par terre et se tordre dans tous les sens en tentant de localiser des chakras auxquels elle ne croyait même pas réussirait réellement à la détendre. Accompagner Anthony à sa séance de yoga n'était probablement pas une aussi bonne idée qu'il avait tenté de l'en convaincre. Il lui avait promis que ça l'aiderait à se recentrer et, peut-être même, à retrouver le contrôle de ses pouvoirs. Jusque là, ça n'avait réussi qu'à mettre sa maladresse chronique en exergue et à lui donner des courbatures à des endroits où elle ne voulait pas avoir de courbatures.

« N'empêche, est-ce que tu ne trouves pas… » insista-t-elle.

« Tonks. » L'avertissement la fit taire juste à temps, l'instructeur lui jetait un regard contrarié.

Elle lui adressa un grand sourire innocent et fit de son mieux pour suivre le reste du cours sans trop papoter. À la fin de l'heure, elle avait conclu deux choses : un, le yoga n'était définitivement pas fait pour elle deux, elle n'allait pas décolérer de sitôt. Elle n'avait toujours pas eu l'occasion de toucher un mot de ce qui s'était passé dans le bureau de Snape à Sirius mais elle était persuadée que son cousin ne pouvait pas apprécier plus qu'elle ce genre de décisions.

Elle laissa Anthony s'excuser pour elle auprès du professeur de yoga – qui, elle en était certaine, n'allait pas la convier à revenir assister à ses cours – et se dirigea vers les vestiaires. Quand elle retrouva son ami, à l'entrée de la salle de sport, quelques minutes plus tard, il arborait une expression mi-amusée, mi- agacée.

« Tu n'es pas détendue, je me trompe ? » se moqua-t-il.

Elle lui tira la langue parce qu'elle devait cultiver sa réputation de femme immature et passa son bras sous le sien pour l'entraîner dans la rue moldue, extrêmement animée, ce qui n'était pas extrêmement surprenant pour une fin de matinée un samedi.

« Tu as le temps de déjeuner ? » demanda-t-elle, haussant la voix pour se faire entendre. « J'ai deux bonnes heures avant de devoir aller au travail. » Où l'attendaient des heures de briefings sur la prochaine intervention publique de Scrimgeour.

« Pourquoi pas. » répondit Anthony. « Il y a un pub, pas loin. »

Ils déambulèrent dans les rues, parlant de tout et de rien jusqu'à atteindre le petit pub niché entre deux coins de rues.

« Qu'est-ce que tu vas faire alors ? » s'enquit Anthony, une fois qu'ils se furent installés et qu'ils eurent commandé. « Dénoncer la petite ? »

Elle but une gorgée de son verre d'eau pour se donner le temps de la réflexion. La question du comportement à adopter l'avait torturée une bonne partie de la nuit. Sa conscience était déchirée entre deux types de devoir : celui qu'elle devait au Ministère et l'allégeance qu'elle avait prêtée à l'Ordre. Sans parler du fait qu'elle adorait Hermione et qu'elle ne voulait en aucun cas lui attirer ce genre d'ennuis. Et pourtant… Ce qu'elle avait fait était impardonnable et la pensée de ces pauvres Moldus perdus dans la nature, avec leurs souvenirs dans Merlin seul savait quel état…

Cela ferait-il seulement une différence si elle en parlait au Ministère ? Snape l'avait avertie – menacée ? – qu'une telle attitude comporterait des risques. Et si Fol'Œil avait réellement effacé les preuves, comme le Professeur l'avait suggéré…

« Non. » lâcha-t-elle, un peu à contrecœur. « Mais ça ne me plaît pas. Je déteste être dans cette position. »

Se retrouver en porte-à-faux entre Dumbledore et le Ministère ne lui plaisait vraiment pas du tout.

« Dumbledore n'est pas un homme très facile. » remarqua Anthony, en pianotant distraitement sur la table. « Et si ça peut te rassurer, tu n'es pas la seule à avoir des problèmes à conjuguer Ordre et travail. »

Tonks grimaça, ayant soudain l'impression d'être très égoïste. Ce n'était un secret pour personne – et surtout pas pour elle qui était la confidente de Charlie – qu'Anthony vivait très mal son retour en Angleterre.

« Ça ne va pas mieux à Gringotts ? » demanda-t-elle, timidement. À chaque fois qu'elle s'était aventurée à poser ce genre de question, que ce soit à lui ou à Charlie, elle avait eu droit à un très long monologue sur la barbarie des gobelins.

« Non. » répondit simplement Anthony, en se laissant un peu plus aller sur sa banquette. « Tu vois, toi, ton sens de l'éthique s'oppose à couvrir un crime, moi, il rechigne à comprendre comment on peut faire ça à des dragons. Très franchement, à ce stade, je ne sais même pas comment je vais pouvoir regarder nos collègues en face, une fois rentré en Roumanie, parce que je suis devenu complice du système. Ce n'est pas pour rien que Gringotts a tellement de mal à garder ses dragonniers. »

Le pub s'était rempli pendant qu'ils attendaient leur commande et le brouhaha l'obligea à hausser un peu la voix. « Vous pouvez peut-être changer le système de l'intérieur, c'est peut-être une opportunité. » Mais elle n'y croyait pas vraiment et il n'y avait qu'à voir la grimace amère d'Anthony pour comprendre que lui non plus. Les Gobelins n'étaient pas du genre à se soucier du bien-être de leurs dragons tant qu'ils faisaient leur travail de chiens de garde.

« Et voilà ! » pipa la serveuse, en déposant devant Tonks le poulet qu'elle avait commandé et une assiette de salade devant Anthony. « Autre chose ? »

Le jeune homme la congédia poliment mais ne rata pas le coup d'œil mi-moqueur, mi-intrigué qu'elle jeta à Tonks. L'Auror ne le manqua pas davantage mais elle choisit de l'ignorer.

« Je vois que tu as, au moins, retrouvé tes tenues habituelles… » commenta Anthony, non sans amusement, avant de poignarder un morceau de tomate avec sa fourchette. « Ça doit être bon signe… »

Tonks haussa nonchalamment les épaules. « On m'a fait remarquer que le noir ne m'allait pas. C'est un peu riche vu d'où ça vient, mais bon… » Le commentaire de Snape lui était revenu en mémoire, ce matin là, alors qu'elle était sur le point de s'habiller et elle s'était dit qu'il fallait bien commencer quelque part. Elle avait remisé au sac de linge sale ses jeans et pulls noirs et avait tiré de son armoire un jean bleu lacéré par endroits, un haut à manches longues violet sur lequel elle avait passé un tee-shirt vert pomme, déchiré avec soin juste ce qu'il fallait. Bref, elle avait enfilé une des tenues que sa mère aurait jetée au feu si elle l'avait laissé faire. Ça ne lui semblait pas complet sans ses cheveux colorés mais il était évident que ça suffisait à attirer l'attention de la plupart des clients du pub.

« Ça ne vient pas de Remus, alors. » déduisit Anthony.

Tonks soupira avec lassitude, laissant son regard parcourir l'établissement du regard à la recherche d'un comportement suspect ou de quelque chose d'alarmant – déformation professionnelle. « Toute ma vie ne tourne pas autour de Remus. »

Anthony pinça les lèvres avec amusement. « Vraiment ? »

« Oh, ça va, tu t'es entendu, toi ? » répliqua-t-elle, coupant un morceau de poulet avec agacement. « Charlie, par-ci, Charlie, par là… J'aimerai bien voir dans quel état tu serais si vous décidiez de rompre et si, en plus, il te traitait comme un gamin idiot et incapable de prendre la moindre décision sans sa supervision. »

« Toutes les histoires d'amour ne sont pas éternelles. » Anthony déclara, un peu tristement, après un bref silence que Tonks passa à massacrer son poulet et les haricots verts qui l'accompagnaient. « Parfois, on peut aimer quelqu'un à en mourir et quand même donner la priorité à autre chose en sachant qu'on risque de le perdre. Parfois, il faut savoir renoncer à eux parce qu'on sait qu'on leur fera du mal au final. La vie est beaucoup plus compliquée qu'un 'ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants'. »

Irritée, Tonks fronça les sourcils. « Merci, contrairement à ce que Remus et toi semblez penser, je ne suis pas une petite fille qui croit aux contes de fées. »

« Ce que je veux dire… » reprit fermement Anthony « … c'est que Remus préférait peut-être mettre un terme à votre histoire maintenant, quand elle était encore belle, plutôt que d'attendre que ça devienne un mauvais souvenir. »

Elle réfléchit un instant à cette hypothèse et la rejeta d'un geste. « Non, il est juste têtu. J'admets qu'il y avait des problèmes entre nous et qu'ils auraient peut-être été difficiles à régler, mais il faut savoir se battre pour ce qu'on veut dans la vie. On ne peut pas abandonner à la première difficulté ou on ne fera jamais rien. »

Anthony considéra la chose quelques secondes, un air songeur sur le visage. « Tu veux le récupérer, alors ? Vu comment il a réagi l'autre fois, ça ne devrait pas être bien compliqué… »

Excellente question. « Non. » lâcha-t-elle, sans croiser son regard. « Pas tant qu'il ne me respectera pas. »

Et Merlin seul savait combien de temps cela prendrait pour le convaincre qu'elle était parfaitement capable de prendre les bonnes décisions par elle-même. Elle n'aurait même pas dû avoir à l'en convaincre, c'était tout le nœud du problème.

Ils mangèrent en silence quelques minutes puis Anthony se racla la gorge et la dévisagea, visiblement un peu gêné. « Tonks… »

Le ton embarrassé fit froncer les sourcils de la jeune femme, pourtant, le dragonnier se reprit bien vite, endossant un masque nonchalant, presque distrait. Ça ne l'empêcha pas de remarquer la manière dont il soupesait nerveusement sa fourchette.

« Je sais que tu es l'amie de Charlie avant d'être la mienne… » hésita-t-il « Mais si… Si tu savais quelque chose que je devrais savoir, tu me le dirais, n'est-ce pas ? »

Son froncement de sourcils s'accentua. « Quelque chose comme quoi ? Je ne vois pas de quoi tu parles… Il y a un problème avec Charlie ? »

Elle avait bien remarqué que son meilleur ami était un peu bizarre dernièrement. Excessivement joyeux à certains moments, comme s'il se forçait par exemple, mais elle l'avait attribué à la mort d'Arthur. Elle ne pouvait pas imaginer ce qu'elle aurait ressenti si son père…

« Non, non… » s'empressa de la rassurer Anthony, mais il ne paraissait pas certain. Le bout de sa fourchette promenait une olive d'un coin à l'autre de l'assiette. « C'est juste… Il est distant, en ce moment. Secret. Il dit qu'il passe plusieurs nuits par semaine au Terrier, mais… Il ne veut pas que je l'accompagne, il ne veut pas m'en parler et quand j'ai essayé d'en toucher un mot à son frère, Bill a eu l'air gêné. S'il y avait quelqu'un d'autre… Tu me le dirais, Tonks ? »

Elle ouvrit et referma plusieurs fois la bouche, se demandant dans quel guêpier Charlie s'était encore fourré. Elle aurait aimé pouvoir affirmer que Charlie n'avait jamais trompé personne mais elle savait que ce n'était pas vrai. Seulement Anthony… Elle aurait mis sa main à couper qu'Anthony était le grand amour de sa vie… Elle ne l'avait jamais vu aussi amoureux avant…

« Je ne sais rien du tout, je te jure. » s'excusa-t-elle à moitié. À chaque fois qu'elle avait vu Charlie, dernièrement, ils avaient parlé de Remus et de ses parents à qui personne ne pouvait rendre visite sans permission, même pas elle. Elle n'osait pas aborder le sujet d'Arthur ou de Molly et elle avait présumé que tout allait bien avec Anthony. Quelle meilleure amie elle faisait ! Décidément, le loup-garou avait envahi tous les aspects de sa vie…

Elle n'était pas certaine qu'Anthony la croie véritablement mais il balaya sa réponse d'un geste sec. « Ça ne fait rien. » déclara-t-il. « Ce n'est pas grave. »

Excepté que ça l'était.

« Anthony… » tenta-t-elle, mais il ne la laissa pas terminer.

« Tu seras à la prochaine réunion ? » s'enquit-il, en apportant le coup de grâce à l'olive qu'il torturait depuis dix bonnes minutes. « Tu as raté la dernière. »

Elle acquiesça, acceptant son changement de sujet avec bonne volonté. À sa place, elle n'aurait pas souhaité s'y attarder non plus. « Snape devrait y assister… Entre Sirius et lui, Nyssa et Fol'Œil et Remus et moi, ça risque d'être animé. »

Anthony fronça les sourcils, confus. « Snape et Sirius ? Je n'avais pas compris qu'ils étaient… Je croyais qu'ils se détestaient… »

« Oh, non ! » s'exclama-t-elle, éclatant de rire à la méprise. « Non, non, non ! Ils ne sont pas… Ils se détestent. » Elle eut vraiment du mal à contrôler son fou rire, surtout lorsqu'elle s'aventura à imaginer la tête de Sirius si elle se mettait à lancer ce genre de rumeurs. « Ils ne peuvent pas se trouver dans la même pièce sans essayer de s'entre-tuer. »

Un sourire amusé joua sur les lèvres d'Anthony lorsqu'elle échoua à contrôler son hilarité. Pliée en deux, elle passa un bras autour de son ventre dans une vaine tentative pour apaiser les spasmes. Elle devait répéter ça à Sirius, son expression serait…

« Je n'ai jamais rencontré Snape. » offrit Anthony. « Il a disparu avant qu'on arrive en Angleterre. »

« La plupart des gens seraient heureux de ne jamais l'avoir rencontré. » remarqua Tonks, en utilisant sa serviette en papier pour essuyer les larmes d'amusement qui lui avaient échappée.

« Je n'ai pas entendu de très bonnes choses sur lui. » confirma-t-il. « Personne ne l'aime beaucoup. »

« C'est peut-être ça son problème. » répondit-elle, dans un haussement d'épaules.

« Charlie n'a pas su m'expliquer pourquoi il avait changé de camp… » hésita Anthony, en baissant la voix.

Soudain tout à fait sérieuse, elle scanna plus attentivement les environs à la recherche d'un visage familier ou d'une personne s'intéressant de trop près à leur conversation. Rien ne lui sauta aux yeux, mais ça ne signifiait rien. Il y avait des moyens de se déguiser efficacement, comme il y avait des moyens d'espionner à distance.

« Personne ne le sait. » lui confia-t-elle, tout de même, avec un dernier coup d'œil méfiant alentour. « Dumbledore n'a jamais voulu le dire et Snape est aussi bavard qu'une huitre. »

Anthony ne parut pas enchanté de sa réponse. « Et on lui fait confiance, parce que ? »

« Parce que Dumbledore dit qu'il est sincère. » soupira-t-elle par la force de l'habitude, ayant eu la conversation une centaine de fois avec Sirius.

« Rappelle-moi qui t'a obligée à dissimuler un crime au Ministère et qui me force à exploiter des dragons déjà ? » ironisa Anthony.

« C'est différent. » protesta-t-elle, immédiatement. Mais l'était-ce ?

« En quoi ? » riposta-t-il. « Les décisions de Dumbledore laissent parfois à désirer… Pour ce qu'on en sait, Snape est un agent double, triple ou même quadruple... »

« Il faut lui donner le bénéfice du doute… » insista-t-elle.

Anthony termina sa dernière feuille de salade avec une contrariété évidente. « Ce serait différent si je ne risquais que ma peau. » déclara-t-il. « Mais là, on me demande de parier ma vie et celle de Charlie sur la bonne volonté d'un Mangemort prétendument repenti, sans aucune explication. »

Ni Sirius, ni Fol'Œil n'avaient jamais été convaincus par le revirement de Snape, mais… Remus lui avait dit de faire confiance à Dumbledore. La plupart des membres de l'Ordre faisaient aveuglément, de manière littérale dans ce cas-ci, confiance au Directeur. Quant à sa propre opinion personnelle sur Snape… Ce n'était certainement pas sa personne préférée mais elle pouvait comprendre qu'un jeune homme de vingt ans ait fait des choix malheureux qu'il ait regrettés par la suite… Avait-elle besoin de preuves concrètes de ce repentir ? Dumbledore n'était pas idiot, s'il y avait eu ne serait-ce qu'une seule raison de douter de l'allégeance de Snape, il ne l'aurait jamais invité à siéger au Conseil, il l'aurait gardé en réserve comme la majorité des gens qui œuvraient pour l'Ordre à un niveau ou un autre.

Elle n'avait jamais vraiment repensé à deux fois au fait que Snape espionne pour eux. On le lui avait présenté comme un fait et elle l'avait accepté sans rechigner. Seulement, il fallait admettre que les décisions de Dumbledore, dernièrement, avaient été discutables…

Suffisamment discutables pour qu'elle termine son poulet dans un silence pensif.

°°O°°O°°O°°O°°

« On pourrait intituler cette scène La mélancolie du Survivant. »lança Ginny, moqueuse, en venant s'installer dans le maigre espace qui restait en face de lui. Le renfoncement de la fenêtre du dortoir n'était pas large et Harry dut pousser ses jambes pour lui faire de la place. Perché là-haut, il pouvait apercevoir une bonne partie du domaine par la vitre. Il n'y avait pas grand-chose d'autre à voir qu'une fine couche de neige que trouaient, ci-et-là, quelques buissons dépouillés. De temps à autre, un groupe d'élèves plus hardis que les autres s'aventurait en direction du lac.

« Si tu es venue me faire la morale, je ne suis pas d'humeur. » l'avertit-il, gratouillant les oreilles de Masque. Le chat ne cessait de le trouver où qu'il aille dans le château et finissait généralement par se rouler en boule sur lui, le massacrant de ses griffes jusqu'à ce qu'il lui prodigue son quota de caresses.

Les questions à propos de l'animal se faisaient récurrentes et pressantes mais le garçon refusait d'y répondre. Le chat n'était pas à lui. Il était à Snape et il refusait de décharger le Professeur de cette responsabilité. Ginny, cependant, ne fit aucun commentaire à propos du félin, bien qu'elle prenne soin de ne pas trop s'approcher de lui.

« Ron, Hermione et toi ne vous réconcilierez pas si vous ne vous parlerez pas. » déclara-t-elle, tout de go.

Harry hausa les épaules. « Qui a dit que je voulais me réconcilier avec eux ? Ils n'ont pas besoin de moi et je n'ai pas besoin d'eux. »

Il avait survécu sans eux jusqu'au week-end et ça ne lui avait pas semblé si insurmontable que cela. À vrai dire, ça ne l'avait même pas énormément changé du rythme qu'avaient pris ses journées depuis son retour : Ron et Hermione étaient toujours entourés du même cercle d'amis, ils se tenaient simplement à l'opposé de la pièce, l'un de l'autre. Et Ron devait avoir pardonné à Malfoy puisque, à chaque fois qu'Harry s'était hasardé à regarder vers son meilleur ami, il était en compagnie du Sang-Pur.

Harry était bien mieux seul, de toute manière.

Il était de plus en plus évident que c'était là son destin. Il avait tenté plusieurs fois de contacter Snape, ces derniers jours. Il l'avait traqué jusqu'à ses appartements privés à l'aide de la Carte des Maraudeurs uniquement pour trouver porte close – ou statue close plutôt, l'imposante sculpture en granit représentant un serpent à moitié dressé pour attaquer avait refusé de bouger en dépit de ses exigences et suppliques répétées – il avait tenté de le provoquer suffisamment pour obtenir une retenue sans succès… Il avait même essayé de le coincer au détour d'un couloir mais Snape avait cette faculté de disparaître sans laisser de trace lorsqu'il ne voulait pas être suivi.

Et il devenait évident qu'il ne voulait pas être suivi.

« Harry… » reprit Ginny prudemment, avant d'expirer brutalement sous le coup de la frustration. « Je peux être honnête ? »

Drôle de question. Peu de personnes s'encombraient de la poser. Il l'invita à poursuivre d'un geste. La jeune fille resserra distraitement sa queue de cheval, elle avait les cheveux suffisamment longs pour que, même ainsi, ils retombent sur ses épaules. Harry observa un instant les reflets que le pale soleil d'hiver jetait sur le roux avant de se racler la gorge et de s'écarter un peu d'elle, se rendant compte, soudain, que l'espace était réellement restreint. Si Ron choisissait ce moment pour revenir dans le dortoir et les trouvait pressés l'un contre l'autre dans un endroit à peine assez grand pour une personne…

« Tu nous as vraiment manqué. » offrit Ginny, avec un sourire sincère. « Mais tu dois comprendre qu'ils n'arrêtaient pas de nous dire que tu étais probablement mort. Ce n'était pas simple de jongler entre ce qu'on voulait croire et la réalité de la situation. » Elle s'humecta nerveusement les lèvres. « Ron… » Il ouvrit la bouche et elle leva la main pour l'empêcher de l'interrompre. « Non, laisse-moi finir. Ron n'a jamais vraiment perdu espoir. C'était plus compliqué pour Hermione. Elle a lu tout ce qu'elle pouvait sur les tempêtes magiques, elle a demandé à Remus et McGonagall de lui expliquer tout ce qu'ils savaient… Personne ne pensait que tu reviendrais, Harry. Sirius, Ron, moi et les autres… On espérait mais on ne savait pas, tu comprends ? »

Il baissa les yeux, troublé par l'urgence de son regard. Il avait presque l'impression qu'elle désirait son pardon pour avoir douté et vraiment… « Vous ne pouviez pas savoir. Je ne vous en veux pas. »

La tension dans les épaules de la jeune fille s'effaça légèrement. « Alors tu ne peux pas nous en vouloir pour le reste. On a dû continuer, Harry. On ne pouvait pas suspendre le temps et mettre notre vie sur pause même si on l'avait voulu, ça ne marche pas comme ça. »

« Ce n'est pas à toi que j'en veux. » se défendit-il immédiatement. Il n'avait jamais rien reproché à Ginny ou aux jumeaux ou même aux autres Gryffondors.

« Je ne suis pas sûre que tu saches vraiment à qui tu en veux, Harry. » répondit doucement Ginny. « Tu es en colère parce que les choses ont changé et que tu as du mal à retrouver ta place… Ce n'est pas la faute de Ron et d'Hermione. »

« Et c'est la mienne, peut-être ? » riposta-t-il, incapable de contenir un mouvement agacé. Masque sauta de ses genoux dans un feulement et alla se coucher sur le lit de Seamus.

Ginny soupira et haussa les épaules avec un sourire triste. « Je ne crois pas que ce soit la faute de qui que ce soit, mais… »

« Mais quoi ? » l'encouragea-t-il presque à contrecœur. Il devinait que ce qu'elle avait à dire ne lui plairait pas.

« Mais… » grimaça la quatrième année. « Je ne crois pas que tu aies seulement essayé de t'intégrer. »

Irrité, il se leva de leur perchoir pour s'accroupir près de sa malle. Il souleva le couvercle et entreprit de fouiller à la recherche d'il ne savait quoi, de mettre davantage de désordre en tentant de l'ordonner davantage… Il ne tenait pas en place, ces temps-ci. Il se sentait oppressé, cloîtré à l'intérieur du château, prisonnier de son identité… Les regards lourds que Dumbledore faisait peser sur lui à chaque repas et le mot qu'il avait reçu, un peu plus tôt, selon lequel Remus allait lui donner des cours de Défense particuliers, n'aidaient en rien. Ils auraient au moins pu lui demander son avis avant de lui imposer un entraînement qui, il le savait, serait totalement différent de celui auquel l'avait habitué Snape-Prince. Snape.

« Bien sûr. » cracha-t-il finalement. « C'est ma faute. J'aurais dû le savoir. »

Les jambes de Ginny se balançaient doucement, rebondissant sur la pierre lisse. Il n'osait pas regarder plus haut de peur de croiser son regard. Il avait peur de ce qu'il aurait pu y lire, peur qu'elle dise la vérité et de ne pas s'être suffisamment remis en question.

Il était perdu. Perdu, seul et avec la sensation tenace d'être rejeté. C'était presque pire que chez les Dursley parce que Poudlard avait toujours été un refuge jusque là.

Il avait la sensation de ne plus rien contrôler et c'était insupportable. On prenait des décisions pour lui sans le consulter, on cherchait à le forcer à se sociabiliser avec des gens qu'il ne connaissait pas et, à présent, il semblait, en plus, qu'il ait hérité d'un chat dont personne ne voulait.

Oh, ce n'était pas Masque, le problème. Le problème était qu'on n'adoptait pas un animal pour l'ignorer ensuite.

« Je n'ai jamais dit que c'était ta faute. » réfuta Ginny. « Juste que si tu leur donnais une chance, tu serais peut-être surpris. »

Il grinça des dents et continua à transvaser des objets d'un bout à l'autre de la malle, sans même savoir ce qui lui passait entre les mains.

« Ils te manquent ? » s'enquit Ginny, avec hésitation. « Tes parents ? »

Ses jambes lui faisaient mal alors il s'assit en tailleur. Presque instinctivement, sa main attrapa le carnet de dessins soigneusement enveloppé dans un vieux Tee-shirt ayant appartenu à Dudley. C'était probablement la seule chose, avec l'album photo, qui soit un tant soit peu protégée au sein de sa malle.

« Je ne veux pas en parler. » lâcha-t-il. Pourtant, il extirpa le carnet du tissu rouge tout râpé et en caressa la couverture que Lily avait si souvent manipulée.

« Mon père me manque. » murmura la quatrième année avec un sourire courageux qui sonnait faux. « Il manque à Ron aussi. Et je suis sûre que ses parents manquent à Hermione. Tu vois… Peut-être que si vous réussissiez à vous parler, vous découvririez que vous avez plus de choses en commun que vous ne le pensez. »

La gorge serrée, il souleva la couverture avec précaution. Il regardait les dessins si souvent que certains traits de fusain avaient commencé à s'estomper ou même à s'étaler, tachant les pages d'empreintes noires. Il entendit plus qu'il ne vit Ginny sauter au sol et approcher de lui, elle s'agenouilla à côté de lui et observa le dessin par-dessus son épaule. C'était un autoportrait de Lily et sur la page d'à côté, un croquis de Severus, sourcils froncés, probablement penché sur un problème ou un autre… Les yeux de la jeune fille s'attardèrent sur ce dernier mais, si elle le reconnut, elle n'en souffla pas un mot.

« C'est toi qui a fait ça ? » demanda-t-elle, visiblement surprise. « Je ne savais pas que tu dessinais… »

« Non. » répondit-il. « C'est Lily. Ma… Ma mère. » C'était toujours aussi étrange d'appeler Lily sa mère après l'avoir considérée comme l'une de ses meilleures amies pendant des mois.

« Est-ce que je peux voir ? » s'enquit Ginny, poliment. Elle ne tendit pas la main vers le carnet et il eut la sensation que, s'il s'avérait de refuser, elle n'insisterait pas. La quatrième année était différente de ses souvenirs. Plus âgée, moins effarouchée. Il aurait été incapable de dire à quel moment elle avait grandi.

Il n'avait pas parlé du carnet à Ron et Hermione. Il avait prévu de leur montrer les dessins, à un moment ou à un autre, mais l'instant idéal ne s'était jamais présenté et, au final, il préférait peut-être les garder pour lui.

« Une autre fois, d'accord ? » s'excusa-t-il, en refermant le carnet. « Ne m'en veux pas, c'est juste que… »

« Non, je comprends. » le coupa-t-elle. « C'est normal. J'ai… C'est stupide alors ne le dit pas à Ron ou aux jumeaux, s'il te plaît. » Il hocha la tête en guise d'assentiment. Ce n'était pas comme s'il prévoyait de dire quoi que ce soit à Ron dans l'immédiat de toute façon. « J'ai pris une des écharpes de papa et… c'est très, très bête, je te préviens. Mais je crois que si quelqu'un d'autre la touchait… Ce serait comme si elle était salie, comme si elle n'était plus à lui. » Elle se racla la gorge et tourna la tête, visiblement gênée. « Stupide, tu vois. »

« Non. » protesta-t-il, en enroulant à nouveau le carnet dans le vieux tee-shirt. « Non, je comprends. » Il replaça le carnet dans la malle, avant de la refermer un peu plus brutalement que nécessaire. « Pour ton père… Je ne t'ai jamais dit que… »

« Tu n'as pas à le dire. » coupa-t-elle sèchement. « Tu es désolé. Tout le monde est désolé. Ça ne change rien. Ça ne sert à rien de le dire. »

Harry lui sourit gentiment, trouvant soudain la situation un peu ridicule. Voilà qu'ils étaient assis par terre à ressasser leurs chagrins… Severus n'aurait pas manqué de l'accuser d'être mélodramatique.

« Ce n'est pas très joyeux tout ça. » remarqua-t-il.

« Non. » confirma Ginny, en grimaçant. Elle se frotta les yeux et Harry prétendit ne pas voir les larmes qui y brillaient. « J'étais venue te remonter le moral, pas pleurnicher. »

Lui remonter le moral… Voilà quelque chose qu'il avait renoncé à faire par lui-même.

« Je n'ai pas encore rendu visite à Hagrid. » déclara-t-il, bien que se traîner jusqu'à la hutte du demi-géant ne lui était pas venu à l'esprit avant cet instant. Il s'en voulut un peu. Hagrid lui avait manqué. « Tu veux venir avec moi ? »

« J'avais autre chose en tête. » contra Ginny, en se remettant debout avec souplesse. « Quidditch ? » Elle lui tendit la main pour l'aider à se relever. Son sourire était si large et si contagieux qu'il ne put rien faire d'autre que de la laisser le tirer debout et sourire en retour.

« Quidditch. » accepta-t-il.

Ils se séparèrent le temps d'enfiler une tenue plus appropriée puis descendirent jusqu'au stade, plaisantant et riant de tout et de rien. Lorsque les grandes portes du terrain de Quidditch se présentèrent, Harry était plus détendu qu'il ne l'avait été depuis son retour et l'envie d'utiliser à nouveau son éclair de feu le démangeait.

Cependant, il lui suffit de mettre un pied sur le terrain pour comprendre qu'il était tombé dans un piège.

« Sérieusement ?! » entendit-il Ron hurler en direction de Zabini, bien qu'ils furent à des mètres au-dessus d'eux. Le Serpentard haussa simplement les épaules d'un air résigné.

« Je n'aime pas être manipulé. » grogna Harry, à l'attention de Ginny.

La rouquine leva les yeux au ciel. « Je ne t'ai pas manipulé, je t'ai proposé de jouer au Quidditch or il se trouve que Blaise a proposé la même chose à Ron… Coïncidence, rien de plus. Je vais chercher nos balais. »

Elle partit sans demander son reste et Ron mit pied-à-terre devant lui. Ils se dévisagèrent longuement, le visage fermé. Harry soupira le premier et Ron se mit à soulever nerveusement une motte de terre du bout d'une de ses baskets usée. Lorsqu'ils se regardèrent à nouveau un sourire hésitant jouait sur les lèvres de son meilleur ami.

« À ton avis, qui va ramener Hermione ? » demanda-t-il, plus pour rompre le silence qu'autre chose.

« Je ne sais pas, mais je le plains. » répondit Ron, en haussant les épaules. « On fait équipe contre eux ? » Il désigna Blaise et Ginny qui discutaient tranquillement à côté des vestiaires.

« Il me manque juste mon balai. » décréta Harry, en se dirigeant vers eux à grands pas. Ron le suivit et ils marchèrent en silence quelques secondes avant que le Gryffondor ne lui assène une claque amicale sur l'épaule. Harry lui rendit la pareille d'une bourrade et c'en fut fini de leur dispute.

Pas besoin de discours, pas besoin d'excuses, pas besoin d'explications. Il y avait des personnes, dans la vie, avec qui les choses étaient d'une simplicité extrême. Elles étaient rares et précieuses. Harry avait depuis longtemps appris qu'il fallait les chérir comme le miracle qu'elles étaient.

°°O°°O°°O°°O°°

« Et moi je te dis qu'elle en pinçait pour toi. » réitéra Sirius, alors qu'ils quittaient la boutique de Florian Fortarôme, une des rares à n'avoir pas été touchée par les flammes, où l'ancien hors-la-loi avait répondu aux questions d'une énième journaliste. Une journaliste qui, il en était convaincu, n'était pas restée insensible au charme de Remus.

Son meilleur ami leva les yeux au ciel. « Loup-garou publiquement déclaré, tu te souviens ? »

Sirius ravala un soupir. « Les temps ont changé, Remus. »

Ils flânèrent quelques instants sur le Chemin de Traverse, au bruit des marteaux et des cris des ouvriers qui rebâtissaient, ça et là, les immeubles que le feu avait touché. En dépit de tous les efforts, le quartier sorcier ressemblait toujours à une ruche calcinée : les gens s'agitaient autour des boutiques noircies, un brouhaha familier régnait dans la rue, mais il suffisait d'un bruit trop incongru ou trop violent et tout le monde s'éparpillait comme si l'on avait donné un coup de pied dans la fourmilière. La peur que les Mangemorts ne reviennent était constante.

« Comment va Tonks ? » demanda-t-il, au bout d'un moment, faute d'autre sujet de conversation.

« Comment va Harry ? » répliqua immédiatement Remus. La belle humeur de Sirius s'évanouit comme neige au soleil et le loup-garou grimaça. « Désolé, je n'aurais pas dû… »

« Non, non. » Il balaya ses excuses d'un geste. Harry était un sujet sensible, plus, peut-être, que celui de Tonks. Sirius n'avait toujours pas reçu de lettre ou d'invitation à lui rendre visite et cela commençait à lui peser. Il avait cessé d'envoyer hibou sur hibou parce que Remus lui avait affirmé que cela faisait probablement plus de mal qu'autre chose, mais… Il ne voulait pas forcer la main d'Harry, seulement… La situation ne pouvait perdurer beaucoup plus longtemps. Il faudrait bien que Sirius fasse quelque chose de drastique pour y remédier.

« Je réfléchissais… » hésita Remus.

« Lunard, je suis choqué. » plaisanta-t-il, dans une piètre tentative pour alléger l'ambiance soudain pesante.

L'homme lui sourit avec amusement puis lui fit signe qu'ils devaient tourner à droite. Remus voulait visiter une nouvelle boutique, dans l'Allée des Embrumes, soi-disant consacrée aux loups-garous.

« Pourquoi tu n'essayerai pas de contacter Severus… » suggéra Remus

« Pourquoi je n'essayerai pas plutôt de me pendre ? » proposa-t-il, à moitié sérieux. À dire vrai, la situation avait tellement échappé à son contrôle qu'il avait envisagé d'entrer en contact avec Snape. Il avait essayé, un soir, après deux ou trois verres de whiskey – il fallait bien ça pour affronter le visage ingrat du Maître des Potions – de lui parler via cheminette mais l'homme était plus insaisissable que Peeves. Il n'était jamais là et quand Sirius avait émis le souhait de lui parler devant Dumbledore, en espérant que ce dernier pourrait arranger un rendez-vous, le Directeur lui avait répondu que Snape avait trop à faire pour des visites de courtoisie.

« Il a raté la dernière réunion. » Remus baissa la voix. « Tu ne trouves pas ça étrange qu'on ne l'ait vu qu'une fois depuis son retour ? »

« Il y a tout un tas de choses que je trouve étrange. » répondit-il.

Snape n'avait jamais autant transité par le Q.G. que les autres. Il faisait ses rapports directement à Dumbledore et c'était le Directeur qui lui donnait ses ordres, contrairement au reste de l'Ordre qui était plus ou moins sous la responsabilité de Remus. Mais il était vrai qu'il avait toujours assisté aux réunions et venait livrer, en personne, les potions qu'ils stockaient au Square Grimmaurd. Or, les potions venaient toujours de Slughorn malgré le retour de Snape et étaient convoyées par Dumbledore, McGonagall ou quiconque venant de Poudlard.

Snape se cachait-il ou leur cachait-on Snape ?

Quoi que l'homme n'ait pas été le seul à s'abstenir d'assister aux réunions dernièrement. Molly semblait avoir disparu de la surface de la terre, Fleur ne venait jamais si elle savait que Bill s'y trouvait et Mondingus était Merlin savait où en train de faire Merlin savait quoi.

« On devrait se dépêcher. » remarqua Remus, en consultant sa montre. « Il est tard et tu es de surveillance, ce soir. »

Ils serpentèrent dans les ruelles peu engageantes de l'Allée des Embrumes, naviguant entre les prostituées et les hommes à l'aspect peu recommandable, jusqu'à finalement trouver la boutique en question. Il s'avéra vite, cependant, que l'endroit n'était pas ce que Remus espérait. Il avait souhaité trouver quelque chose – amulette ou potion – pour contrôler davantage le loup mais le petit commerce crasseux et étroit, coincé entre deux tavernes, ne contenait rien d'autre qu'un tas d'attrape-nigauds censés protéger contre la morsure des loups-garous. Ils en ressortirent dépités et passablement en colère.

« Les temps n'ont pas tant changé que ça, finalement. » ironisa Remus avec amertume.

Ils s'enfoncèrent à nouveau dans les ruelles. L'incendie n'avait pas épargné l'Allée des Embrumes, plus d'une carcasse de maison bordaient les rues. Soudain, Remus l'arrêta d'une main sur le bras.

« Ce n'est pas Bill, là-bas ? »

Perdu dans ses pensées, Sirius mit une seconde de trop à relever les yeux des gros pavés inégaux qui formaient la chaussée – il avait trébuché trop de fois sur l'un d'eux pour ne pas être attentif. Il lui fallut plisser les yeux pour décréter que l'un des deux hommes occupés à discuter dans un renfoncement entre deux bâtiments était effectivement Bill, le catogan roux qui lui battait le dos ne trompait pas. La conversation, cependant, paraissait animée. Sirius ne fut pas particulièrement surpris de voir l'inconnu tirer sa baguette et la pointer sur Bill qui l'écarta d'un geste agacé.

« Qu'est-ce qu'on fait ? » hésita Sirius « On y va ? »

Le temps que Remus décide, toutefois, Bill avait flanqué une bourse en cuir bien remplie dans la main de l'homme. Ils échangèrent quelques mots, l'inconnu en sortit une pièce d'or qu'il examina attentivement à la lumière, puis fourra la bourse dans une poche intérieure avant de tendre à Bill un paquet blanc.

« Si la bourse était pleine de pièces d'or… » remarqua Remus.

« Jolie somme. » commenta simplement Sirius, en observant l'homme se sauver d'un pas rapide en direction d'une ruelle. Et beaucoup plus que Bill ne devrait pouvoir s'offrir…

Bill rangea soigneusement le paquet dans sa besace et sortit de sa 'cachette', en se frottant le visage d'un air fatigué. Sirius n'attendit pas davantage avant de fuser vers lui.

« Hey ! » le salua-t-il, d'un tape sur l'épaule.

L'espace d'une seconde, Bill eut l'air alarmé de les trouver là. Il le masqua sous un sourire mais ses gestes demeurèrent nerveux.

« Qu'est-ce que tu fais par ici ? » s'enquit Remus, tout à fait poliment.

« Une commande pour Gringotts. » répondit Bill, dans un haussement d'épaule.

« Ils n'ont pas des livreurs pour ça ? » demanda Sirius, sourcils froncés.

L'homme leva les yeux au ciel. « Il y a une raison pour laquelle on dit 'avare comme un gobelin'. » plaisanta-t-il. « Je ne compte plus le nombre de choses que j'ai dû faire qui n'avaient rien à voir avec les sortilèges… »

Remus et lui échangèrent un coup d'œil peu convaincu mais choisirent de ne pas insister davantage. Après tout, qu'y connaissaient-ils en gobelins ? Les activités de Gringotts n'étaient pas toujours tout à fait légales d'un point de vue sorcier, les gobelins avaient leur propre manière de faire les choses.

« Tu vois ? » lâcha Sirius, une fois que Bill se fut éloigné en direction du Chemin de Traverse. « Tout le monde est étrange en ce moment. »

°°O°°O°°O°°O°°

Draco était perché sur le parapet de la tour d'Astronomie, dos au vide, dans son uniforme de Quidditch, un balai abandonné à ses pieds, et dégustait pensivement une pomme. Hermione se tenait dans l'ombre depuis plusieurs minutes mais il n'avait toujours pas remarqué sa présence.

« J'ai eu ton message. » lâcha-t-elle finalement, en émergeant de son abri. Le vent était fort, là-haut, trop pour que qui que ce soit s'amuse à s'asseoir sur des rebord surplombant le vide. Ses cheveux lui fouettaient le visage et elle regretta de ne pas avoir autre chose pour les retenir que le simple serre-tête noir qu'elle portait. « Écoute… » continua-t-elle, sans lui laisser le temps de parler. « Je voulais m'excuser pour ce qui s'est passé dans le bureau de Snape. Je n'aurais jamais dû t'emmener avec moi à Noël. Je n'avais pas pensé qu'ils t'accuseraient de quoi que ce soit et… »

Elle s'interrompit, ne sachant pas très bien comment terminer ses excuses, mais il se contenta de croquer sa pomme en la dévisageant d'un air indéchiffrable.

« Je déteste qu'on se sente obligés de s'éviter. » avoua-t-elle, tout à coup, changeant brutalement de sujet. « Je sais que tu n'aimes pas Harry et que vous ne serez probablement jamais amis, mais… Je déteste devoir te perdre à cause de ça. Je déteste… »

Il jeta le trognon par-dessus son épaule et sauta du parapet, toujours sans un mot. Elle cessa de parler. Probablement ne voulait-il pas de ses excuses ou de ses explications. Pourtant lorsqu'il approcha d'elle d'un pas déterminé, elle le laissa faire. Elle ne s'attendait pas vraiment à ce qu'il encadre son visage de ses mains ou l'attire vers lui mais lorsque ses lèvres se posèrent sur les siennes, elle s'abandonna au baiser.

Leur premier baiser ne fut pas le meilleur baiser de l'Histoire. Leurs nez se cognèrent, elle était tellement surprise qu'elle ne savait pas où poser ses mains et le vent ne cessait de rabattre ses cheveux sur eux. Pourtant, Hermione le jugea parfait. Leur premier baiser ne fut pas le meilleur baiser de l'Histoire mais il avait un goût de pomme, le bruit du vent sifflant entre deux tours et la douceur amère d'une envie assouvie.

Lorsque Draco recula légèrement le visage, après plusieurs minutes où ils avaient oublié que respirer était une fonction nécessaire à leur survie, il souriait. « Je me suis dit qu'ici, aucun de tes crétins d'amis ne viendrait nous déranger. »

Elle fronça les sourcils, légèrement mécontente. « Mes crétins d'amis sont aussi tes crétins d'amis. »

« Pas quand ils m'empêchent de t'embrasser. » répondit-il, dans un haussement d'épaules, avant de capturer à nouveau ses lèvres sous les siennes.

Il faisait froid et Draco semblait toujours dégager de la chaleur alors elle se blottit contre lui, lui rendant chacun de ses baisers avec passion. Le temps, songea Hermione, semblait s'être figé. Le moment était parfait. Et ce fut à regret qu'elle mit fin à leur étreinte, un sourire idiot sur les lèvres.

« Rentrons. » suggéra-t-elle. « Il y a trop de vent. »

La cape qu'elle avait passé à la va-vite sur son pull over ne la protégeait pas suffisamment. Ils trouveraient bien un autre endroit où être tranquille dans l'enceinte du château, de préférence une pièce avec une cheminée et un bon feu de bois. Draco leva simplement les yeux au ciel et se défit de son écharpe pour la lui nouer autour du cou.

« Si tu te couvrais davantage, tu n'aurais pas froid en permanence. » lui fit-il remarquer, l'affection se disputant à l'exaspération dans sa voix. « Et aussi tentante que soit ta proposition, nous avons un rendez-vous. »

« Un rendez-vous ? » répéta-t-elle, en fronçant les sourcils. De quoi parlait-il ?

Il poussa un profond soupir, comme s'il s'agissait d'une corvée, lui vola un dernier baiser et retourna chercher son balai.

« J'espère que tu plaisantes. » lâcha-t-elle, en croisant les bras. « C'est hors de question. »

Draco leva les yeux au ciel. « C'est ridicule de faire le tour par le château, ça prendra moins de temps comme ça. »

« Où est-ce qu'on va ? » demanda-t-elle, méfiante. Dans quel guêpier voulait-il l'entraîner ? Depuis le départ d'Ombrage, la discipline de rigueur avait repris ses droits et Hermione rechignait à enfreindre davantage de règles. Or, elle savait pertinemment que les vols en balais étaient réservés au stade de Quidditch exclusivement.

« Au bagne. » répondit-il, d'un ton geignard. « Mais j'ai prêté serment. »

Prêter serment. Si Hermione n'avait pas été habitué à entendre la plupart des Sang-Purs s'exprimer comme s'ils sortaient tout droit d'un roman du dix-huitième siècle, elle l'aurait accusé de rajouter un soupçon de comédie.

« À qui ? »

Il grimaça. « Je ne suis pas censé te le dire. » Puis il haussa les épaules. « Weasley junior. »

Oh, tout cela sentait le coup fourré à plein nez. Elle aurait parié que Harry et Ron avait été entraîné dans le même genre de guet-apens et l'attendaient quelque part.

« Comment tu t'es retrouvé là dedans ? » soupira-t-elle, avant d'accepter la main qu'il lui tendait pour l'aider à grimper derrière lui sur le balai.

« J'ai le cœur tendre. » plaisanta-t-il, avant de diriger le balai dans la direction approximative du stade de Quidditch. Elle s'accrocha à son torse et enfouit le visage contre son omoplate. « Ce n'est pas pire que le sombral, Granger. »

Elle punit son ricanement moqueur d'un coup bien placé sur son bras qui le fit grogner. « Pourquoi est-ce que tu veux que je me réconcilie avec Harry ? » insista-t-elle. « Ça ne te ressemble pas beaucoup. »

Il haussa les épaules. « Tu es malheureuse sans tes amis et les soupirs mélancoliques de Weasley commencent sérieusement à m'insupporter. »

Elle le pensait assez sincère, toutefois… « Et ? »

Il accéléra légèrement comme pour fuir sa question mais tourna légèrement la tête vers elle. « Et la protection de Potter ne me serait pas superflue. » répondit-il. « Un rapprochement public aurait un certain… impact. »

Serpentards : toujours une idée derrière la tête.

Et, comme si ce petit défaut ne suffisait pas, il fallait leur arracher les informations.

« Qu'est-ce qui s'est passé ? » s'inquiéta-t-elle. Draco avait été parfaitement heureux de se contenter la maigre protection qu'elle pouvait lui offrir en tant que meilleure amie du Survivant jusqu'à présent. Qu'était-il arrivé pour qu'il pense nécessaire d'obtenir le soutien public d'Harry ?

« Snape est passé. » grinça Draco. La légère accélération fut tout ce dont Hermione eut besoin pour comprendre que le sujet était délicat et que le Serpentard aurait probablement préféré passer ses nerfs en volant à toute allure plutôt que de jouer les entremetteurs entre elle et ses amis. « J'ai reçu une lettre de mon père hier. Je suis renié jusqu'à nouvel ordre. »

Quelque chose qui ressemblait à s'y méprendre à du plomb lui tomba sur l'estomac. C'était sa faute. Si Draco ne les avait pas suivis au Ministère… « Je suis désolée. »

« Oh, ça pourrait être pire. » Il balaya ses excuses d'une main agacée – qu'elle aurait davantage préférée sur le manche du balai car ils allaient un peu vite à son goût – avant de la poser sur son torse, ou plus exactement sur la bague qu'il portait au bout d'une chaine. « Renié ne veut pas dire déshérité. Je conserve mon nom et mon droit sur le domaine. Je n'y sais simplement plus accès jusqu'à ce que je devienne Chef de famille. »

Ça semblait à Hermione bien cruel et froid pour quelqu'un qui adorait ses parents. « Je ne vois pas bien la différence. » Émotionnellement parlant, les deux étaient…

« Black a été renié, ma tante Andromeda a été déshéritée. » expliqua-t-il. « La différence, ce sont les coffres pleins de galions. »

« Draco… » plaida-t-elle. Elle savait qu'il mentait. Il faisait comme si rien de tout ça ne le touchait mais elle le connaissait mieux que ça.

« Ce qui me fait penser… » Le stade de Quidditch était en vue mais il arrêta le balai, de sorte qu'ils flottaient sur place. Hermione agrippa sa taille plus fort avec un glapissement effrayé. Merlin ce qu'elle pouvait détester les balais. « Comment as-tu réglé ton problème de tuteurs ? J'ai parlé avec la tante de Susan, Amélia Bones ? Elle dit que, par les temps qui courent, toute requête d'émancipation sera rejetée. »

Hermione haussa les épaules. « Le Professeur McGonagall m'a dit que, par défaut, elle était responsable de moi jusqu'à ce qu'on retrouve mes parents ou que j'ai dix-sept ans. Je crois que ton Directeur de Maison… »

« Sûrement pas. » cracha Draco, avec agacement. « Ce sale petit… » Il ne termina pas sa phrase et Hermione se sentit assez mal à l'aise. Entre les louanges qu'Harry faisait pleuvoir sur Snape dès qu'ils étaient tous les trois et la quasi-vénération que la plupart de leurs amis Serpentards lui vouaient, elle en était venue à le voir sous un nouvel angle.

« Peut-être qu'un membre de ta famille pourrait demander ta garde, de façon provisoire ? » suggéra-t-elle. « Je peux contacter Tonks, si tu veux. »

Draco ne parut pas davantage enchanté par la proposition mais il l'étudia pourtant quelques secondes. « Peut-être. Laisse-moi y réfléchir. » Le balai repartit de plus belle et Hermione appuya le front contre son épaule, les yeux fermés. Ce qu'elle pouvait détester ça… Elle ne remarqua qu'ils avaient atteint le stade qu'aux cris et aux rires qui résonnaient dans l'air froid. « Dois-je me poser ou voulez-vous avoir votre grande réconciliation dans les airs ? » ironisa le Serpentard.

Elle lui décocha un petit coup de pied qui le fit ricaner mais le balai entama pourtant sa descente. Du coin de l'œil, elle vit quatre autres personnes en faire de même.

« Pas trop tôt ! » s'exclama Ginny, dès qu'ils eurent tous touché le sol. « Je commençais à penser que tu nous avais lâchés ! » Elle fusilla Draco du regard. « Tu peux m'expliquer ce qui a pris si longtemps ? »

Blaise posa une main sur son épaule pour l'apaiser, un de ses demi-sourire amusé aux lèvres. « Je pense qu'ils étaient autrement occupés. »

Le regard de Ginny passa de Blaise à Hermione puis à Draco et revint sur Hermione. La rouquine leva les sourcils et hocha la tête. « Pas trop tôt. » commenta-t-elle.

« N'avez-vous vraiment aucun autre sujet de conversation ? » soupira Draco, en levant les yeux au ciel.

« Pas vraiment, non. » répondit Ron, en avançant prudemment vers Hermione, Harry sur les talons.

Ils s'entre-regardèrent tous les trois, pendant plusieurs secondes, avec hésitation et gêne. Hermione fut la première à secouer la tête, exaspérée par leur stupidité à tous les trois. « Venez là, espèce d'idiots ! » invita-t-elle, en tendant les bras. Il n'en fallut pas davantage pour qu'Harry se précipite avec soulagement, rapidement suivi par Ron.

Il y avait une sorte de magie dans l'amitié qu'elle partagerait avec Harry et Ron, conclut Hermione. Peut-être pas le même genre de magie que celle qui s'échappait de sa baguette, mais de la magie tout de même, et c'était trop précieux pour être gaspillé.

°°O°°O°°O°°O°°

De la fenêtre de sa nouvelle salle de classe, Severus observa la bande d'adolescents regagner le château au crépuscule. Zabini et Malfoy trainaient un peu à l'arrière du groupe. Ils se déplaçaient avec la dignité et l'assurance caractéristiques des Sang-Purs, une démarche qui contrastait énormément avec le sautillement de la benjamine Weasley ou le trio de Gryffondors qui chahutaient et se bousculaient. Le Professeur ne fut pas surpris de voir Harry s'arrêter pour intégrer les Serpentards dans la conversation, même si l'un deux était Malfoy.

Il se passa une main sur le visage et regagna le bureau attenant à la salle de classe où l'attendait le fatras qui accompagnait toujours ses recherches. Livres, parchemins, cahiers et bloc-notes recouvraient chacune des surfaces libres de la pièce, ainsi qu'une bonne partie du sol. Il recevait les élèves dans le bureau du Directeur de Maison de Serpentard et avait dédié celui-ci à l'étude des nombreux problèmes qu'il devait régler.

Il se laissa tomber sur la chaise, derrière le grand bureau en chêne, sans rien de l'élégance qu'il mettait dans chacun de ses gestes. Il tâtonna à la recherche du tiroir et en extirpa une potion de force qui avait un goût prononcé d'ironie. Combien de fois avait-il mis Dumbledore en garde contre sa trop libre utilisation de ce genre de philtres ? La vérité était que Severus était épuisé aussi bien physiquement que mentalement et que si on lui en avait offert le choix, il aurait dormi pendant une semaine entière.

Autour de lui, les recherches débattant de la question lycanthrope côtoyaient les grimoires de magie noire et ses observations personnelles sur les horcruxes. Malfoy était un problème qu'il rajouta à sa liste, il lui faudrait un tuteur qui ne serait pas tenté de le livrer au Seigneur des Ténèbres… Dénoncer son élève ne lui avait procuré aucun plaisir mais Severus y avait vu une opportunité qu'il se devait de saisir : discréditer Lucius et regagner les faveurs du mage noir.

Cela ne s'était pas exactement passé comme il l'aurait souhaité. Le Seigneur des Ténèbres n'était pas réceptif à ses flatteries et les informations que rapportait Severus n'étaient ni assez fiables, ni assez utiles pour que sa position d'espion le protège comme elle l'avait fait par le passé. Le Seigneur des Ténèbres le traitait comme s'il avait été quantité négligeable et, dernièrement, paraissait bien mieux au fait que lui des derniers plans de l'Ordre du Phoenix, ce qui faisait dire à Severus qu'il y avait un autre espion, bien mieux caché et mieux renseigné. Toutefois, comme Dumbledore avait tendance à le traiter de la même manière, il était dur de déterminer s'il s'agissait, comme lui, d'un agent double ou bien de deux personnes totalement distinctes. Découvrir qui espionnait pour qui était également sur sa liste.

Il y avait trop d'éléments sur sa liste pour qu'il prenne du repos.

Il tira le volume poussiéreux et un peu daté détaillant l'effet des différentes phases lunaires sur un loup-garou sous sa forme humaine mais son cerveau refusait de fonctionner correctement, de sorte que les mots n'avaient pas grand sens.

Severus était épuisé.

Les informations qu'il rapportait à Dumbledore étaient toujours partielles ou inexactes – en d'autres termes : inutiles – et s'il n'avait toujours pas vu d'éclat de méfiance dans les yeux du vieux sorcier, il s'attendait à tout instant à ce que le reste de l'Ordre hurle à la traîtrise. Le Seigneur des Ténèbres semblait prendre un malin plaisir à fouiller son esprit de plus en plus intensément et Severus peinait davantage chaque jour à lui dissimuler ses véritables allégeances. Les punitions physiques se faisaient plus lourdes, les monstruosités qu'on l'obligeait à commettre durant les réunions de Mangemorts – et auxquelles il n'osait se soustraire de peur d'exciter plus encore leurs soupçons – pesaient lourd sur sa conscience et le sang d'encre qu'il se faisait pour l'horcruxe qui paraissait impossible à détruire ne l'aidait pas à demeurer calme. Il lui arrivait de plus en plus de rêvasser aux années soixante-dix et à l'appartement gardé par le portrait des loups. La vie facile, ou plus facile en tout cas, de cette époque lui manquait.

Harry lui manquait.

Il lui avait envoyé le chat en espérant que le garçon comprendrait le message. Solution lâche, sans aucun doute, mais Severus était un lâche notoire. Il était incapable d'expliquer en face à l'adolescent qu'il ne pouvait pas s'occuper de lui, après lui avoir promis maintes fois qu'il serait toujours là pour le faire. Harry, bien entendu, était trop têtu pour l'accepter aussi facilement. Le gamin devait bien avoir compris, à présent, mais il persistait à le suivre dans tout le château, à le provoquer et tenter de se retrouver seul à seul avec lui. À sa connaissance, il n'avait toujours pas contacté Black et toutes les tentatives de cet abruti s'étaient révélées inefficaces. Severus espérait de tout cœur ne pas avoir à s'impliquer dans cette affaire, moins il voyait Black, mieux il se portait.

Ses yeux remontèrent automatiquement en haut de la page et il recommença à lire des phrases qu'il avait lues trois fois au moins. Sa tête vient tout naturellement se loger dans sa paume, ses paupières étaient lourdes en dépit de la potion de force et il tenta de calculer paresseusement s'il pouvait ou non prendre une nouvelle dose sans risquer de terminer empoisonné.

« Vous avez raté le repas du soir. » lança la voix désapprobatrice de Minerva, du seuil de la pièce.

Severus sursauta légèrement, ce qui fit pincer les lèvres de la sorcière avec inquiétude. Il n'apprécia ni l'intrusion, ni le souci qu'elle se faisait à son égard.

« Décidément. » grinça-t-il. « Vous avez pris la mauvaise habitude d'entrer sans frapper. » Elle s'invita sans son autorisation, débarrassant d'un coup de baguette une chaise des épais volumes qui la recouvraient. « Comment avez-vous franchi mes protections ? » Ses protections magiques étaient infranchissables pour qui ne savait pas les abaisser couche par couche et Severus aurait juré que seul Dumbledore, et probablement le Seigneur des Ténèbres, aurait pu les abattre avec facilité. Et peut-être Harry, puisque le garçon s'était suffisamment familiarisé avec sa magie.

« Vous n'avez pas levé vos protections, Severus. » déclara Minerva, sourcils froncés. « Je n'étais pas tout à fait certaine de vous trouver là, pour tout vous dire. »

Pas de protections ? Il eut beau se creuser la tête, il ne parvint pas à se souvenir de s'il l'avait fait ou non. C'était un réflexe pourtant, mais…

« Jiggy. » lâcha la sous-directrice, sans le quitter des yeux. Severus s'apprêtait à lui demander si elle était devenue folle, lorsqu'un elfe de maison apparut dans un POP sonore. « Le Professeur Snape prendra une assiette de l'excellent ragoût de ce soir, quelques petits sandwiches. Oh, et deux tasses de thé corsé, s'il te plaît. »

« Du thé, tout court, pour moi. » marmonna-t-il. Inutile de discuter avec Minerva, il était trop fatigué pour mener davantage de batailles sans espoir. Et il avait faim. « Pas d'alcool. »

Jiggy s'inclina et disparut comme il était venu. Minerva regarda d'un mauvais œil les quelques fioles vides, étiquetées comme des philtres de force, qu'il n'avait pas eu l'énergie de faire disparaître. « Je pensais que vous auriez appris, à côtoyer Albus, que ce genre d'abus ne menait à rien d'autre qu'à davantage de migraines et à une fatigue plus intense. » Il laissa échapper un bruit d'amusement amer. Il ne pensait pas que sa fatigue puisse véritablement s'accentuer. « Quand avez-vous avalé quelque chose pour la dernière fois, Severus ? » poursuivit-elle. « Je ne vous ai pas vu dans la Grande Salle depuis au moins trois jours. Qu'attendez-vous pour vous reposer ? De tomber raide ? »

« J'ai mangé. » nia-t-il, balayant ses inquiétudes d'un geste fatigué. Il était sûr d'avoir mangé, il n'y avait pas si longtemps… « Que me vaut le déplaisir de votre visite ? »

La sorcière le fusilla du regard par-dessus ses lunettes. « Devez-vous donc poser la question ? Je suis assez tentée de vous envoyer chez Poppy, Severus. »

Il s'appuya contre le dossier de sa chaise, sachant que son manque de décorum ne ferait que l'alarmer davantage mais incapable de se tenir droit. Sa tête lui donnait l'impression de peser une tonne…

« Je vais bien, Minerva. » contra-t-il, par habitude.

« Vous vous tuez à la tâche. » cingla-t-elle. « Si Albus est trop aveugle pour s'en apercevoir, j'ai, moi, des yeux. Vous ne pouvez pas tout mener de front, apprenez à déléguer. »

Un plateau apparut brusquement dans les airs en face d'eux, flottant au-dessus du bureau. Il ne se posa que lorsque Severus eut écarté livres et parchemins. L'odeur du ragoût lui chatouilla les narines et il se rendit compte, non sans surprise, qu'il était affamé. Il se jeta sur l'assiette avec moins de retenue qu'il ne l'aurait souhaité.

« À qui voulez-vous me voir déléguer la recherche ? » Il ne chercha pas à atténuer son ton sarcastique. « Lupin ? Slughorn ? Ils ont été incapables de trouver une solution en six mois. » Quant à son autre sujet de recherche… Celui-là était sien.

« Severus… » hésita Minerva, en attrapant une des deux tasses. Elle sucra et remua méthodiquement son thé, dans le but évident de gagner du temps. « Pourquoi n'avez-vous pas assisté aux dernières réunions de l'Ordre ? »

Pourquoi n'avait-il pas assisté aux dernières réunions de l'Ordre ? Il dut tourner et retourner la question dans sa tête plusieurs fois avant de parvenir à la décrypter et quand son cerveau parvint finalement à la comprendre malgré la fatigue, il manqua éclater de rire. Non pas qu'il soit amusé. Dégouté, las, plein de rancœur, probablement, mais amusé ? Non, pas vraiment. « Je n'y ai pas été convié. »

Peut-être qu'Albus était plus méfiant qu'il ne le laissait paraître.

Ou peut-être le Directeur était-il plus déterminé qu'il ne l'avait pensé à le tenir éloigné de Black et de ses projets de tutelle.

Minerva fronça les sourcils. « Eh bien, il y a une réunion dans quatre jours. Je vous y convie. Je pense qu'il est urgent que nous débattions de certains points tous ensemble. »

« Comme ? » l'invita-t-il à poursuivre, repoussant l'assiette vide pour attraper un des petits sandwiches au concombre.

« Comme les informations que le camp adverse semble mystérieusement posséder. » décréta-t-elle, en reposant sa tasse sur sa soucoupe dans un cliquètement qui sonna comme un glas.

Severus détourna légèrement la tête, plus blessé qu'il ne l'aurait voulu. « Si vous sous-entendez… »

« Je ne sous-entends rien, je constate. » coupa-t-elle sèchement.

Il planta son regard dans le sien, le cœur lourd. « Je n'ai pas trahi, Minerva. » Et si, elle, ne le croyait pas, alors il ne convaincrait personne.

Son visage s'adoucit et elle tapota sa main. « Je sais bien, mon garçon, ce n'est pas vous que j'accuse. » Il retira sa main avec une grimace désapprobatrice. « Les fuites ont commencé lorsque vous n'étiez pas là pour les commettre. Personne ne peut vous reprocher quoi que ce soit. »

« Vous pensez qu'il y a un nouveau Peter Pettigrow au sein l'Ordre ? » s'enquit-il, se sentant soudain beaucoup plus réveillé.

Elle pinça les lèvres avec mécontentement. « Je n'aime pas l'idée d'accuser à tort, mais… »

Il envisagea, l'espace d'une seconde, de lui confier ses propres soupçons mais tint finalement sa langue. Ce n'était pas qu'il ne faisait pas confiance à Minerva mais si Albus n'avait mis personne au courant… Déterminer qui savait quoi et pour quelles raisons certaines personnes ne pouvaient être mises au courant était un casse-tête chinois.

« Il n'y a pas de coïncidences. » soupira Severus. « Je suis d'accord. »

Et cela lui donnerait l'occasion d'échanger un mot avec Lupin et Black.

°°O°°O°°O°°O°°

« Rien d'autre ? » s'enquit Albus poliment.

Il se délectait de l'agacement qui perçait sur le visage de son interlocuteur à chaque fois qu'il déguisait ses ordres sous des requêtes et suivait les règles de bienséances comme si leur arrangement avait quoi que ce soit de courtois.

Sur la glace du petit miroir de poche, Lucius grimaça. Albus avait emprunté l'idée à Sirius et aux Maraudeurs, excepté qu'il avait enchanté les miroirs de manière à ce que personne ne puisse les détourner. Ils s'activaient grâce à leurs signatures magiques et il était impossible d'imiter une signature magique comme il était impossible d'imiter une empreinte digitale.

D'un geste de la main, Albus ralluma les bougies et torches de son bureau qui s'étaient éteintes sans qu'il s'en aperçoive, en attendant patiemment que Lucius se décide à lâcher le morceau sur lequel il tergiversait depuis le début de la conversation. Albus remarquait rarement la pénombre, ces temps-ci.

« Vous êtes sans doute au courant que Rufus Scrimgeour compte faire un discours sur le Chemin de Traverse, demain ? » demanda le Sang-Pur, de son insupportable accent. « Le Seigneur des Ténèbres a décidé qu'il s'agirait de l'opportunité idéale de l'assassiner. »

Lucius gardait-il toujours les meilleures informations pour la fin à dessein ? Une manière d'entretenir l'intérêt qu'Albus pouvait lui porter, peut-être ?

« Severus m'aurait rapporté une pareille information. » remarqua distraitement Albus, pianotant sur le bureau de la main qui ne tenait pas le miroir.

« Seul le cercle intime du Seigneur des Ténèbres est dans la confidence. » soupira Lucius. « Raison pour laquelle, je vous prierai de ne pas communiquer l'information à votre Ordre de pacotille. Ma position est suffisamment précaire sans qu'on ne remette ma loyauté en question. »

« La discrétion me semble être un excellent choix, dans cette affaire. » approuva-t-il. Il ne faisait plus confiance au Conseil de l'Ordre de toute manière, ils avaient tous des raisons de trahir qui n'avaient rien avoir avec leurs convictions personnelles et certains d'entre eux étaient un peu trop distants à son goût. La solution idéale aurait été d'envoyer Severus débusquer l'espion mais il n'osait pas lui confier cette mission. La position de Severus auprès du mage noir était fragile au mieux, et désespérée au pire. Albus était prêt à le libérer son poste d'espion dès que la situation basculerait un peu trop en sa défaveur. Pour l'instant, le statuquo fonctionnait. Severus nourrissait Voldemort de fausses informations et en rapportait tout autant. Si Voldemort n'avait pas eu son propre agent infiltré, l'avantage que Lucius aurait pu leur conférer aurait été incommensurable. Personne ne le soupçonnait. « Comment Voldemort a-t-il réagi face au rapport de Severus ? »

« Oh, excessivement bien. » ironisa Lucius. « Comment pensez-vous qu'il a réagi ? J'ai dû renier Draco. »

« Renié mais pas déshérité. » commenta Albus, en levant un sourcil. « Ingénieux. »

« Je me passerai de vos compliments. » grinça le Sang-Pur. « Faites en sorte que rien ne lui arrive. Les dortoirs et la salle commune ne sont pas exempts des partisans du Seigneur des Ténèbres. Vous… »

« Que voulez-vous que je fasse ? Que je le transfère à Gryffondor ? » Albus ne put réprimer un fin sourire à sa propre plaisanterie. « Votre fils est aussi en sécurité qu'il peut l'être, Severus veille. »

« Étant donné que Snape l'a dénoncé, vous m'excuserez de ne pas sauter de joie. » répliqua Lucius, ses yeux se perdirent en dehors du miroir, l'espace d'une seconde. « Ma chère belle-sœur et son époux sont de retour. Je dois vous quitter. » Les yeux gris acier se plantèrent dans les siens avec force. « Protégez mon fils ou notre arrangement est caduque. »

« Vraiment ? Et qu'en est-il de votre femme ? » s'enquit-il avec curiosité.

Si les yeux de Lucius avaient pu lancer des Avada Kedavra, Albus serait déjà mort depuis longtemps. La connexion fut coupée brutalement. Il rangea le miroir dans le tiroir de son bureau qu'il verrouilla d'un murmure.

Bien, réfléchit-il posément, en s'enfonçant plus profondément dans son fauteuil, ses yeux dérivèrent vers Fumseck. Comment empêcher un assassinat sans en avoir l'air lorsque aucun de vos agents n'était fiable ?