Nezumibook, ta review était magique XD Tu m'as presque fait pleurer, j'espère que tu es heureux/heureuse.

Bon je dis ça mais ce n'était pas la seule review à m'avoir émue ces derniers temps. Je poste mais toujours sans promettre quand la suite viendra… Elle viendra. Je fais de mon mieux. Merci à tous pour votre soutien.

Look at my men. Their courage hangs by a thread. If this is to be our end, then I would have them make such an end as to be worthy of remembrance.

The Lord of the Rings : The Two Towers.

Regardez mes hommes. Leur courage ne tient plus qu'à un fil. Si cela doit être notre fin, alors je leur offrirai une fin digne d'être gravée dans les mémoires.

The Lord of the Rings : The Two Towers

Chapitre 7 : By a Thread

Dire que Percy n'aimait pas ce plan aurait été un bel euphémisme.

Il se tenait tout au bord de l'estrade et observait, d'un œil inquiet, les derniers préparatifs. Le ciel au dessus du Chemin de Traverse était d'un gris orageux qui ne laissait rien présager de bon et les bâtiments toujours plus ou moins calcinés que l'on pouvait apercevoir de part et d'autre de la rue ne faisaient rien pour alléger l'ambiance inquiétante.

Quelle idée Scrimgeour avait-il eu d'organiser cette intervention en plein air… Un pied-de-nez aux Mangemorts, peut-être, mais un joli pied-de-nez à son propre service de sécurité également… De là où il était, Percy pouvait apercevoir Shacklebolt se hâter d'un Auror à l'autre, distribuant dernières consignes et mises en garde. Les Aurors formaient un périmètre de sécurité relativement large autour de l'estrade mais, en cas d'attaque, Percy ne voyait pas bien comment ils pourraient protéger le Ministre.

Enfin… En cas d'attaque… L'hypothétique n'était plus de mise, semblait-il. Dumbledore était venu le trouver tôt ce matin là – et découvrir le vieil homme sur le seuil de la porte de son appartement avait été un choc, autant l'admettre – et lui avait fait par de ses mystérieuses informations dont il ne pouvait donner la source mais qui ne venaient probablement pas de Snape. Le Directeur avait également insisté sur le fait que Percy serait le seul au courant et qu'une discrétion totale s'imposait dans cette affaire. Son rôle était de rester sur le qui-vive et de réagir pour protéger le Ministre à la moindre petite alerte.

Percy avait d'abord été excessivement flatté par cette preuve de confiance avant de déchanter rapidement. Il souhaitait intégrer le Conseil de l'Ordre, évidemment, et il souhaitait aussi davantage de responsabilités que les petites missions d'espionnage de l'emploi du temps de Scrimgeour, mais… Percy n'avait jamais eu la vocation d'un martyr. Son point fort était la recherche, les Sortilèges et la Métamorphose la Défense contre les Forces du Mal, il la laissait volontiers à ses frères et sœur.

L'un dans l'autre, lorsque l'attaque se produirait – et il ne pouvait s'empêcher d'espérer qu'elle ne se produise pas – Percy serait suffisamment proche du Ministre pour le protéger jusqu'à ce que les Aurors comprennent ce qui était en train de se passer. Tout se jouerait sur ses réflexes. Le jeune homme ne cessait de penser, depuis ce matin là, à quel point il était incompétent dans tous les jeux d'adresse.

Il aperçut Tonks dans la masse de gens qui commençait à se presser devant l'estrade, reconnaissable à ses vêtements farfelus. La jeune femme ne paraissait pas de la meilleure humeur qui soit, comme Shacklebolt, elle faisait le tour des Aurors. Elle était responsable des équipes qui se tiendraient dans la rue, si Percy ne se trompait pas, tandis que le Chef du Département des Aurors serait chargé de la protection personnelle du Ministre, ce qui signifiait qu'il serait juste derrière Scrimgeour lorsque ce dernier ferait son discours.

Un discours bien moyen, par ailleurs, qui ne justifiait pas un tel dispositif. Il était bien placé pour le savoir, c'était lui qui l'avait écrit.

Il était sur le point de consulter sa montre pour vérifier combien de temps encore il lui restait à attendre, lorsqu'un visage familier le frappa dans la masse de gens. Il manqua presque tomber en descendant de l'estrade et ignora royalement les injonctions des Aurors qui lui ordonnaient de rester à sa place pour des raisons de sécurité. Il batailla pour fendre la foule et parvint finalement à attraper le bras de la jeune femme qui discutait avec une amie. Son expression déjà sérieuse s'alourdit encore lorsqu'elle se rendit compte de qui, très exactement, lui tenait le bras. La blonde qui l'accompagnait lui jeta un regard intrigué.

« Qu'est-ce que tu fais là ? » demanda Percy, sentant les battements de son cœur s'accélérer dangereusement. « Tu dois t'en aller, tout de suite. »

Audrey n'eut pas l'air ravie de son ton péremptoire, mais il était vrai que, depuis quelques temps, elle n'avait jamais l'air ravie de grand-chose. Leur relation était plus que tendue depuis la mort de son père et l'apparente folie de sa mère. Ils s'accrochaient malgré les difficultés que leur couple traversait, mais… Percy n'était pas certain de pouvoir continuer longtemps dans le climat d'hostilité qui envahissait peu à peu leur relation.

« Je suis venue écouter le Ministre. » soupira-t-elle. « Comme la moitié de la communauté magique. Qu'est-ce qui te prend ? »

« Tu ne m'avais pas dit que tu venais. » contra-t-il, élevant la voix pour se faire entendre dans le brouhaha de la foule. Si elle le lui avait dit, il l'en aurait dissuadé, il se serait assuré qu'elle…

« Quand étais-je censé te le dire ? » répliqua-t-elle, avec mauvaise humeur, en se dégageant. « On ne s'est pas vu depuis six jours. »

Percy grimaça. « Je t'ai envoyé un hibou. Je… »

« Travaillais. Oui, je sais. » le coupa-t-elle, avec une légère amertume. « Tu ferais mieux d'y retourner, d'ailleurs, ça ne va pas tarder à commencer. »

« Tu dois partir. » protesta Percy, prenant soin, cette fois, de ne pas parler trop fort. « C'est dangereux, Audrey. »

Elle fronça les sourcils et se pencha légèrement vers lui. « Comment ça ? » Elle était intelligente, c'était une des qualités qu'il appréciait le plus chez elle, ses yeux s'agrandirent légèrement sous le coup de la surprise. « Tu veux dire que c'est un piège pour Tu-sais-qui ? » murmura-t-elle, si bas qu'il lui fallut tendre l'oreille. « Mais… Tous ces gens… »

Percy attrapa sa main et la pressa avec urgence. « Il se peut qu'il ne se passe rien mais je ne veux pas courir le risque. Rentre à la maison, s'il te plait. »

Un éclat passa brièvement dans ses yeux sombres avant qu'elle ne le fasse disparaître d'un coup de menton têtu. « Je ne te laisse pas, ici, tout seul.» déclara-t-elle. « Si tu restes, je reste. »

« Audrey, je ne veux pas avoir à m'inquiéter pour toi. » insista-t-il. « Prends ton amie et allez-vous-en. »

« Weasley ! » tonna Shacklebolt. Une main puissante s'abattit sur l'épaule de Percy. « Tout le monde doit être à sa place. Je ne veux pas avoir à courir après chacun des employés de Monsieur le Ministre. » Tonks n'était pas la seule à ne pas avoir l'air de très bonne humeur.

« Mais… » protesta-t-il, en vain. L'Auror l'entraîna avant qu'il ait pu exiger une nouvelle fois qu'Audrey quitte les lieux.

Pire, lorsqu'il retrouva sa place sur l'estrade, elle était toujours en plein dans sa ligne de mire, la main gauche profondément enfoncée dans la poche de sa robe où, il le savait, elle gardait sa baguette en aubépine.

°°O°°O°°O°°O°°

« Ne vous dérangez pas pour moi. » lança Sirius, avec une gaité feinte, en pénétrant dans la cuisine. « Je vois que vous avez énormément de choses à vous dire. »

Les lèvres de Nyssandra tressautèrent d'amusement mais Fol'Œil se renfrogna considérablement. Le lourd silence qui avait précédé son entrée perdura pourtant, la vampire et le vieil Auror continuèrent à se regarder en chien de faïence.

Sirius ne se laissa pas perturber par l'hostilité rentrée de Maugrey, il poursuivit sa route jusqu'à la cafetière, prenant soin au passage de laisser ses doigts trainer sur le dossier de la chaise sur laquelle était assise Nyssa, et alla se servir une tasse. Fol'Œil, à qui le geste n'avait pas échappé, se renfrogna davantage.

Depuis l'incident qui avait manqué coûter la vie à la vampire – ou la mort, plutôt – l'attitude de l'ancien Auror avait légèrement changé. L'avantage était qu'ils ne passaient plus leur vie à se hurler dessus ce qui était fort reposant pour les habitants du Square Grimmaurd, l'inconvénient majeur était que Nyssa n'invitait plus Sirius à « chasser » aussi souvent et que, pour une raison indéterminée, ça l'irritait considérablement.

L'envie de lancer une ou deux autres piques le titillait mais l'arrivée de Remus l'en dissuada. Le loup-garou lui passerait très certainement un interminable sermon s'il le surprenait à raviver la querelle entre ces deux là.

« Tu es prêt ? » s'enquit Remus, après avoir salué Fol'Œil et Nyssa d'un hochement de tête.

Sirius termina sa tasse de deux longues gorgées et invita son meilleur ami à passer le premier. Ils empruntèrent la cheminée puisque le Chemin de Traverse avait été fermé au transplanage pour la journée. Le Chaudron Baveur était bondé et ils eurent du mal à se frayer un chemin à l'extérieur.

« Rappelle-moi pourquoi on n'a pas écouté Scrimgeour à la radio, déjà ? » bougonna Sirius, alors que quelqu'un lui marchait sur le pied pour la quatrième fois.

« Parce que ce pourrait être un moment historique. » soupira Remus. « Tout le monde attend énormément de ce discours… »

L'Animagus leva les yeux au ciel. « Il ne va rien dire de plus que la dernière fois. Le Ministère est fort, blablabla, c'est du réchauffé. » Un flash l'aveugla momentanément et il se retrouva la proie d'une marée de journalistes qui voulaient le prendre en photo et obtenir un commentaire. Il se prêta au jeu bien volontiers, sachant que c'était encore le plus sûr moyen d'obtenir une tranquillité relative, et ne mâcha pas ses mots quant à son opinion de la gestion ministérielle, ce qui lui valut un coup de coude de Remus et une question assez intéressante qui le prit de court : comptait-il se lancer en politique ? Il botta en touche mais l'idée lui trotta dans la tête plusieurs minutes et il la remisa au fond de son esprit pour l'explorer plus tard.

Il leur fallut plus d'un quart d'heure pour parvenir à s'extirper de l'armée de journalistes et s'avancer autant qu'ils le pouvaient vers l'estrade. L'endroit était bondé.

« Tu es sûr que ce n'est pas plutôt la perspective d'apercevoir une certaine Auror qui te donne envie d'assister à ce moment historique ? » plaisanta Sirius, en repérant sa cousine vêtue de sa plus belle tenue punk, distribuant des ordres à droite et à gauche.

Remus ne répondit pas tout de suite mais à la manière dont son expression s'attrista légèrement, Sirius sut qu'il avait fait mouche. « C'est important de garder un œil sur Scrimgeour. » nia pourtant le loup-garou.

L'Animagus ne chercha pas à réfréner un éclat de rire. « Tu ferais mieux de regarder l'estrade, si tu veux garder un œil sur Scrimgeour, autrement, tu vas sacrément loucher. »

°°O°°O°°O°°O°°

Tonks ne passait pas une très bonne journée, cela dit, ce n'était pas bien surprenant. Combien de temps cela faisait-il qu'elle n'avait pas passé une journée agréable à défaut de bonne ?

« Il va pleuvoir. » décréta-t-elle.

Kingsley étudia le ciel mais leva les mains en signe d'impuissance. « Le temps, c'est le problème de l'équipe du Ministre. La sécurité nous occupera déjà bien assez comme ça. »

Elle ne répondit pas mais n'en pensa pas moins. Si le temps virait à l'orage, il serait d'autant plus compliqué de gérer une éventuelle attaque. Ses yeux gris surveillèrent la foule de sorciers et sorcières qui se massaient devant l'estrade, sans pourtant repérer quoi que ce soit de suspect.

« Je tiens à redire, pour la postérité, que c'est une très mauvaise idée. » répéta-t-elle, pour la cinquantième fois au moins, depuis qu'on leur avait annoncé le projet de Scrimgeour. L'endroit était découvert, il y avait trop d'endroits où un Mangemort pouvait se dissimuler en attendant l'opportunité parfaite, et il n'y avait pas assez d'Aurors à son goût pour verrouiller la zone. Pire, elle était responsable des Aurors qui délimitaient le périmètre, c'était la plus grosse mission qu'on lui ait confié jusqu'alors, et elle sentait, au plus profond de son ventre, que quelque chose allait mal tourner.

« La priorité est le Ministre. » lui rappela inutilement Kingsley. « À la moindre alerte, je l'évacue. Tu… »

« Je rétablie l'ordre et j'essaye de minimiser les dégâts, je sais. » soupira-t-elle. « Est-ce que David et son équipe sont en position ? »

Il y avait vingt Aurors qui attendaient à l'intérieur d'un des magasins calcinés, à l'abri des regards indiscrets. Si attaque il y avait, ils serviraient d'effet de surprise. Ils avaient passé des heures à revoir tous les détails lors du briefing. Toutes les possibilités avaient été étudiées et anticipées.

Elle aurait tout de même été plus rassurée si Dumbledore avait mis en place quelques membres de l'Ordre. Kingsley avait expliqué leurs plans et leurs solutions de repli au Conseil mais le Directeur les avait jugé suffisamment bonnes pour que l'Ordre n'ait pas à s'impliquer.

« Tout est prêt. » acquiesça Kingsley.

Même son partenaire, habituellement si calme lui semblait nerveux ce jour là.

« C'est une connerie, Kingsley. » lâcha-t-elle, fouillant à nouveau la foule du regard. « C'est une putain de connerie. »

C'était tenter le diable. Plus que ça, même, c'était l'inviter cordialement à venir prendre le thé avec vous.

Une intervention aussi publique pour un simple discours… Bien sûr, si tout se passait comme convenu, cela aurait un impact plus que positif sur le moral de la communauté magique, mais s'il y avait le moindre accroc… Si Scrimgeour finissait à Sainte Mangouste ou, pire, dans une tombe…

« Vigilance constante. » plaisanta son ami, en serrant brièvement son épaule. « Nous nous verrons tout à l'heure. Avertis ton équipe, le spectacle démarre dans cinq minutes. »

Elle le suivit des yeux lorsqu'il s'éloigna en direction de Gringotts où le Ministre attendait de faire son entrée, puis se faufila entre les badauds pour rejoindre le poste d'observation qu'on lui avait assigné. Elle réquisitionna une des tables d'un café qui avait survécu à l'incendie et se percha dessus, de manière à pouvoir garder une vue d'ensemble de la foule et de l'estrade.

Un sursaut d'excitation agita la masse de gens qui s'étendait devant elle, les flashs des appareils photo redoublèrent d'intensité et des applaudissements enthousiastes se mirent à résonner sur le Chemin de Traverse. Tonks n'avait aucune envie d'applaudir la stupidité incroyable de Scrimgeour. À l'écouter, il s'agissait d'un risque calculé qu'il était nécessaire de prendre pour rassurer la population… Le sorcier était très certainement un meilleur Ministre que Fudge mais il était également beaucoup plus difficile à protéger. Fudge avait tendance à rester aussi loin des ennuis qu'il le pouvait, Scrimgeour les affrontait sans ciller et ce lorsqu'il ne se jetait pas dedans.

Lorsque le Ministre de la Magie apparut sur l'estrade, immédiatement flanqué de Percy Weasley à sa gauche et de Kingsley à sa droite, Tonks sortit sa baguette, sur le qui-vive. Elle savait que quelque chose allait arriver.

« Que le spectacle commence. » marmonna-t-elle, alors que la première goutte de pluie s'écrasait sur son visage.

°°O°°O°°O°°O°°

Remus s'appuya plus librement contre la vitrine du magasin d'accessoires de Quidditch, ses yeux allant et venant entre l'estrade et le petit café, plusieurs mètres plus bas, où Tonks surveillait la foule. Sirius, pour quelqu'un qui n'avait pas envie de venir, buvait chacune des paroles de Scrimgeour avec une expression de plus en plus sombre. Le discours était un peu trop chargé en hyperboles et paroles creuses à son goût.

Son regard s'égara vers les épais nuages qui s'amassaient au-dessus de leurs têtes et il se demanda s'ils réussiraient à retourner au Square Grimmaurd avant que l'orage ne se déclenche. Probablement pas. Scrimgeour ne semblait pas pressé d'en terminer.

Une odeur familière lui chatouilla les narines et il se surprit à froncer les sourcils, incapable d'en identifier l'origine. Il y avait trop de gens autour d'eux, trop d'odeurs qui se superposaient les unes aux autres, sans parler de l'air saturé d'humidité et des quelques gouttes de pluie qui tombaient de temps en temps. Le loup, pourtant, se réveillait progressivement en lui. Remus pouvait parfaitement l'imaginer lever la tête avant de l'incliner, intrigué. Imitant inconsciemment l'animal qui sommeillait en lui, il pencha légèrement la tête vers la gauche, inspirant à pleins poumons l'air froid.

À nouveau, une myriade d'odeurs l'assaillit mais il se concentra sur la seule qui l'intéressait : musquée, sauvage, la richesse d'une poignée d'épines de sapin et la chaleur d'une fourrure épaisse. Loup-garou, suppléa facilement son esprit. Il se redressa immédiatement, cherchant autour de lui. Si loup-garou il y avait…

« Remus ? » s'inquiéta Sirius, en décroisant les bras. Pour sortir sa baguette plus rapidement, si besoin était, très probablement.

Il leva la main et continua son inspection jusqu'à ce que ses yeux croisent le regard ambré d'une femme plutôt petite, engoncée dans un manteau trop grand pour elle. Des mèches brunes éparses s'échappaient d'une queue de cheval faite à la va-vite, et elle ne cessait de les coincer nerveusement derrière ses oreilles. Elle était vaguement familière et il lui fallut un moment avant de la replacer dans sa mémoire. Il l'avait croisée deux ou trois fois au Ministère lorsqu'il avait dû se rendre au Département de Contrôle des Créatures Magiques. C'était une Solitaire, comme lui. Excepté que tous les Solitaires avaient rejoints Greyback ou en avaient payé le prix.

Une fois certaine d'avoir attiré son attention, la jeune femme disparut dans une ruelle attenante. Remus hésita. Il huma l'air une nouvelle fois mais il ne repéra aucune autre odeur de loup.

« Reste sur tes gardes. » ordonna-t-il à Sirius, avant de se glisser dans la foule dans la direction que la femme avait prise.

Il entendit le juron et l'appel de son meilleur ami mais ne se retourna pas, trop intrigué. Il ne pensait pas que l'inconnue lui voulait du mal, il n'avait perçu aucune hostilité émanant d'elle. Elle l'attendait dans la ruelle la plus proche, serrant nerveusement les pans de son manteau sur sa poitrine, bras croisés.

« Vous êtes Remus Lupin. » lâcha-t-elle, dès qu'elle le vit. « Vous travaillez avec Dumbledore. »

Remus, qui avait sortit sa baguette avant d'entrer dans la ruelle, l'abaissa légèrement. « Qui êtes-vous ? » La femme avait l'air plus terrifié qu'autre chose.

« Laura. Laura Flemmings. » se présenta-t-elle, en lui tendant la main avant de recroiser les bras brusquement, comme si elle avait repensé l'intelligence d'une telle action.

« Et que puis-je faire pour vous, Laura ? » demanda-t-il. Il n'osa pas ranger sa baguette mais il voyait bien que se voir menacée de la sorte ne faisait qu'accroître son malaise.

« Dumbledore vous a protégé de Greyback. » murmura-t-elle. Ses yeux bondirent d'un recoin de la ruelle à l'autre comme un animal traqué.

« Vous avez rejoint sa meute. » déduisit facilement Remus. Il était probablement le dernier Solitaire du Royaume-Unis ou, du moins, s'il en restait d'autres, ils étaient particulièrement bien cachés.

« Je n'ai jamais voulu tout ça… » souffla-t-elle, les yeux pleins de larmes. « Sa compagne, Loba, elle… Je n'ai jamais… Ils forcent la transformation. Ce n'est… C'est… » Elle tenta de se reprendre. « J'ai besoin d'aide, je… »

« Loba est morte. » coupa-t-il. Et personne, mis à part Greyback, n'allait la regretter.

« Vous l'avez tuée, je sais. » Laura hocha la tête, une expression pleine d'espoir gravée sur le visage. « Si vous avez une meute, je… J'aimerai rejoindre votre meute, Remus. »

Remus cilla plusieurs fois, incapable de comprendre immédiatement le sens sa proposition. En lui, le loup poussait un cri de victoire et de triomphe qui le laissa quelque peu étourdit. Il n'avait rien d'un chef de meute. La seule meute à laquelle il avait jamais appartenu était celle des Maraudeurs et s'il y avait eu un chef, c'était sans conteste James. Tout ce qu'il restait de la meute était Sirius et, par extension, Harry, et aucun rapport de dominance n'avait jamais été établi.

« Remus ! » appela Sirius, quelque part derrière lui.

Il tourna à peine la tête en direction de son meilleur ami mais cela suffit pour que la femme panique et ne s'enfuit en courant.

« Attendez ! » s'écria-t-il, mais elle avait détalé comme un lapin et il abandonna l'idée de la poursuivre. Qu'aurait-il pu lui dire de toute manière ? Qu'il n'avait pas de meute ? Que ce n'était pas lui qu'elle devait aller trouver mais Dumbledore ? Il savait très bien ce qu'Albus aurait à en dire et ce qu'il exigerait en échange de sa protection, il leur fallait à tout prix récupérer un échantillon de la potion que Voldemort utilisait pour forcer la transformation. L'endroit était très mal choisi pour ce genre de négociation.

« Qu'est-ce qui se passe ? » demanda Sirius, essoufflé. « Qui était-ce ? » Sa baguette pendait inutilement au bout de ses bras ballants.

Remus haussa les épaules tristement. « Quelqu'un que je ne peux pas vraiment aider. » Elle lui avait fait mal au cœur. Il pouvait à peine imaginer les horreurs que Greyback faisait faire aux loups-garous sous son contrôle, mais ce qu'il en devinait lui suffisait. Le sorcier était, après tout, un monstre.

« Toi, tu as besoin d'un verre. » décréta son meilleur ami, en rangeant sa baguette.

Le lycanthrope leva les yeux au ciel, incapable de réfréner un sourire amusé. « L'alcool est ta réponse à tout. »

Sirius leva les sourcils et porta la main à son cœur. « Je suis blessé par ces insinuations, Lunard. » Il tâta sa poche à la recherche de son paquet de cigarettes. « On rentre ? Je ne pense pas que ce discours soit historique… C'est un ramassis de conneries. »

Remus poussa un soupir mais dut admettre que l'Animagus n'avait pas tort. De plus, songea-t-il, en essuyant une goutte qui venait de s'écraser sur son visage, le discours de Scrimgeour ne justifiait pas de se retrouver coincé sous une averse. Il étudia les nuages gris à l'aspect menaçant qui se massaient au-dessus de leur tête, tentant de déterminer combien de temps il leur restait avant de recevoir des trombes d'eau sur le crâne.

« Sirius… » hésita-t-il, en fronçant les sourcils. L'amas nuageux se déplaçait et se déchirait beaucoup trop rapidement pour que cela soit naturel. Peut-être était-ce lui, mais…

« Et merde. » lâcha son ami, en jetant par terre la cigarette qu'il venait juste d'allumer. Il l'écrasa du talon, le regard rivé vers les nuages qui convergeaient pour dessiner une forme reconnaissable entre milles. Gris sombre sur gris clair, la Marque des Ténèbres se détachait clairement dans le ciel. « Et merde. » répéta Sirius, lorsque le premier Détraqueur émergea des nuages.

°°O°°O°°O°°O°°

Percy était tendu, ses yeux bleus ne cessaient d'aller et venir du Ministre à la foule rassemblée devant eux. Les sorciers se massaient à perte de vue, le Chemin de Traverse était bondé. Sa nervosité était perceptible, il le devinait aux nombreux coups d'œil que lui jetait Shacklebolt, mais il n'y pouvait rien. Mentalement, il prononçait chacun des mots en même temps que Scrimgeour, tentant d'estimer combien de temps encore ils devraient jouer les cibles vivantes de cette manière.

Le temps virait à l'orage. Le Chemin de Traverse s'assombrissait de seconde en seconde à mesure que les nuages grossissaient. Il leva les yeux, se demandant s'il devait jeter un impervius par simple précaution ou si… Les nuages se mouvaient étrangement, presque comme s'ils avaient été vivants. Il devina la forme familière de la Marque des Ténèbres avant qu'elle n'apparaisse totalement.

« Shacklebolt ! » avertit-il, en tirant sur le bras de Scrimgeour pour l'entrainer vers l'escalier à l'arrière de la scène. Les deux autres Aurors derrière eux se jetèrent presque sur Percy, tandis que des cris de panique s'élevaient de la foule.

« Spero Patronum. » lança calmement Shacklebolt. Un lynx argenté se mit à rôder autour d'eux. « Monsieur le Ministre, il faut nous replier. »

Percy observa, bouche ouverte, la dizaine de Détraqueurs qui descendaient lentement du ciel. « Merlin… » souffla-t-il. Un Auror le poussa par l'épaule dans la même direction que Scrimgeour, vers Gringotts, mais le jeune homme résista à la poussée, n'hésitant que l'espace d'une seconde avant de dévaler les escaliers à vitesse grand V. Shaklebolt avait la situation en mains, il protégerait le Ministre.

« Weasley ! » cria le chef du Département des Aurors, en guise d'avertissement. L'homme avait empoigné le Ministre qui semblait résister, décidé à rejoindre la bataille qui s'était engagée de l'autre côté de l'estrade. Percy les abandonna à leur sort, décidant qu'il avait rempli la mission que Dumbledore lui avait confiée, le Ministre était entre les mains capables des Aurors.

Audrey, en revanche, était seule.

°°O°°O°°O°°O°°

Tonks sauta de la table avec juron, juste au moment où la panique commençait à gagner la foule. Pourquoi personne ne l'écoutait jamais ? Elle lutta contre le courant, son patronus en forme de loup courant à ses côtés, bousculés de part et d'autres par les sorciers et sorcières apeurés.

« À l'intérieur des bâtiments ! » hurla-t-elle, pressant le bout de sa baguette contre sa gorge pour amplifier le son de sa voix. « Réfugiez-vous à l'intérieur ! »

Certains l'écoutèrent et se précipitèrent vers la première boutique ou la première porte cochère venue mais la grande majorité demeura au milieu de la rue, à crier et à se bousculer inutilement, tandis que les Détraqueurs descendaient vers eux. Quelques Patronus flottaient à droite et à gauche mais peu d'entre eux étaient matériels. Celui de Tonks l'était beaucoup moins qu'il l'avait été par le passé, et était trop peu puissant à son goût.

« Évacuez la zone ! » cria-t-elle en direction de ses collègues. La priorité était de faire place nette afin de pouvoir affronter les Détraqueurs sans risque de…

Quelqu'un la bouscula, elle trébucha et s'écroula au sol où elle manqua être piétinée par la masse de gens de plus en plus paniqués. Elle se redressa, peinant à déterminer d'où venait la nouvelle menace, jusqu'à ce que le mot fende la foule dans un cri de terreur pure. Mangemorts.

C'était absolument impossible. Ils avaient tout prévu, absolument tout. Et pourtant, au milieu de Détraqueurs, c'étaient bien une petite armée de Mangemorts qui débarquait à dos de balais et, entre les balais, défiant toutes les lois connues de la magie… Un frisson lui parcourut l'échine mais Tonks se força à bouger…

« À l'intérieur ! » continua-t-elle de s'époumoner, en poussant physiquement tous ceux passant à sa portée vers les bâtiments.

C'était peine perdue, les sorciers et sorcières courraient en tout sens comme une armée de fourmis dont la fourmilière venait d'être détruite.

Certains Détraqueurs avaient attrapé des passants et aspiraient leurs âmes, des Mangemorts lançaient potion explosive sur potion explosive… C'était le chaos le plus total. Tonks, comme d'autres, tenta de faire tomber leurs assaillants de leurs balais, mais rien n'y faisait. Trop de bruits, trop de monde, trop de cohue… On ne cessait de la bousculer, de la pousser et elle ne parvenait pas à viser correctement. Son équipe d'Aurors était dispersée aux quatre coins du Chemin de Traverse, aussi impuissante qu'elle…

Lorsque un deuxième loup argenté apparut à côté de son Patronus, elle crut d'abord voir double mais l'écho de la voix de Remus, bien vite emporté par les hurlements paniqués, appelait tous les membres de l'Ordre disponibles à se rendre sur le Chemin de Traverse.

Ce fut à ce moment qu'une fiole tomba en chute libre, droit sur elle. Le Wingardium Leviosa lui vint spontanément aux lèvres et, d'un moulinet du poignet, elle renvoya la potion vers un des Mangemorts. Il l'esquiva, plongeant en piquet juste à temps, et la fiole alla s'écraser contre le mur d'une maison. L'explosion laissa un trou béant dans la structure.

Tonks grimaça mais refusa de perdre contenance, elle chercha du regard un point stratégique où se poster mais n'en trouva pas. Comment la situation avait-elle pu aussi mal tourner ? Elle avait appréhendé une attaque mais pas de cette envergure… Ils avaient anticipé une attaque par les airs, il y avait des Aurors positionnés sur les toits de Gringotts et du Chaudron Baveur… Et où étaient David et les renforts ? Elle n'apercevait que ses Aurors dans la masse…

Elle sentit les picotements sur sa nuque et fit volte-face juste à temps pour esquiver le sort qui fonçait droit vert elle. Évidemment, songea-t-elle, il fallait que le premier Mangemort à mettre pied à terre soit sa tante.

Bellatrix gloussa comme si elle était l'auteur d'une bonne plaisanterie.

« Est-ce que c'est trop demander de passer une semaine entière sans qu'un psychopathe essaye de me tuer ? » lança-t-elle, ajustant discrètement sa prise sur sa baguette.

Sa seule réponse fut un Avada Kedavra fusant vers son cœur à tout allure.

°°O°°O°°O°°O°°

« Ça, ce serait un sort bien pratique. » lâcha Sirius, les yeux rivés sur Voldemort qui flottait élégamment entre les balais de ses Mangemorts.

Remus jeta à son ami un coup d'œil inquiet, renforçant instinctivement son Patronus. Sirius n'était pas parvenu à en faire apparaître un et il était blême depuis que le premier Détraqueur était apparu dans le ciel. Le loup-garou avait déjà envoyé un message au reste de l'Ordre mais, pour l'instant, personne ne s'était manifesté.

« Où est Dumbledore ? » marmonna-t-il, incapable de décider de la conduite à tenir.

Le chaos régnait sur le Chemin de Traverse, peut-être plus encore que lors de la Nuit des Ténèbres. Les gens essayaient de transplaner en dépit des protections anti-transplanages et finissaient démantibulés sur la chaussée, les Mangemorts faisaient pleuvoir sur eux des potions volatiles qui explosaient en touchant le sol, et les Détraqueurs s'en donnaient à cœur joie.

L'estrade vola brusquement en éclat lorsqu'une des fioles la heurta.

« Scrimgeour. » s'écria Sirius, en attrapant brusquement le bras de Remus.

Il ne fallut pas longtemps au loup-garou pour voir ce qui avait alarmé son meilleur ami. Scrimgeour, Shacklebolt, deux Aurors et Percy Weasley étaient acculés contre les portes closes de Gringotts et Voldemort fondait sur eux. Six des dix Détraqueurs les encerclaient, à peine tenus en respect par le lynx argenté de Kingsley et un autre Patronus en forme d'aigle.

« Il faut… » commença Sirius, en faisant déjà un pas en avant, mais Remus l'arrêta d'un geste.

« Trouve Tonks. » coupa-t-il. « Il faut évacuer ces gens. »

Sirius et les Détraqueurs ne feraient pas bon ménage, l'Animagus serait inutile en cas de combat. Son ami hésita mais finalement hocha la tête et, une seconde plus tard, un énorme chien noir détalait dans la foule.

Remus, lui, se précipita vers Gringotts et Lord Voldemort.

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Une sorcière à la carrure d'un batteur bouscula Percy et ce dernier heurta le mur d'une boutique. Ses lunettes de travers, la gorge nouée par la peur, il cria une nouvelle fois le nom de sa petite-amie, sans parvenir à la distinguer dans la marée de visages qui dansaient autour de lui. C'était la cohue la plus totale et il était impossible de trouver qui que ce soit dans ce chaos.

Cela ne s'arrangea pas lorsque le cri « Mangemort ! » franchi le barrage des cris et hurlements avant d'être repris par la foule paniquée. Percy chercha autour de lui, agrippant sa baguette comme une ligne de survie, passant mentalement en revue la liste des sortilèges utiles en cas de duel et se rendant compte, un peu tard, que la liste était très courte. Il n'était pas un combattant, il…

Ce fut à ce moment là qu'il aperçut finalement les Mangemorts. Ils n'étaient pas au milieu de la foule comme il s'y attendait mais les survolaient à dos de balais. Et, entre deux balais… La vue du mage noir chevauchant le vent aussi tranquillement que s'il s'agissait là d'un accomplissement mineur lui noua les tripes et il rebroussa chemin avant même d'avoir pu y penser à deux fois.

Tout le monde ne pouvait pas être un héro, songea-t-il, en luttant pour rejoindre Gringotts. Il pria pour qu'ils le laissent rentrer dans la banque, à l'abri avec le Ministre.

Il avait tort de s'en faire.

Lorsqu'il parvint à s'extraire de la masse qui courrait en tous sens, Shacklebolt, Scrimgeour et les deux autres Aurors étaient toujours dehors, debout, en haut des grands escaliers qui menaient aux portes de Gringotts. Percy les rejoignit au moment où six Détraqueurs se détachaient de la formation qui accompagnait les Mangemorts pour venir les encercler.

« Il faut entrer ! » cria-t-il, sans comprendre pourquoi Shacklebolt restait planté là, les bras ballants, à regarder son Patronus et celui d'un des deux autres Aurors tenir les Détraqueurs en retrait. « Il faut nous mettre à l'abri ! »

Scrimgeour ne lui adressa pas un regard, ses yeux étaient rivés sur le ciel. Shacklebolt, lui, l'observa avec pitié.

« Gringotts a scellé ses portes. » déclara le chef du Département des Aurors de sa voix grave.

« Ils ne peuvent pas ! » s'insurgea Percy. « Nous avons passé un accord ! Nous… »

« Cela ne fait aucune différence. » coupa sèchement Scrimgeour. « Les murs de Gringotts n'arrêteraient pas Voldemort quoi qu'il en soit. » D'un coup de menton, l'homme désigna la silhouette sombre qui fondait sur eux.

« Oh, Merlin… » gémit Percy, en reculant de deux marches. Il n'avait jamais su pourquoi le Choixpeau l'avait envoyé à Gryffondor et pas à Serdaigle. Il le comprit à cette seconde. Parce malgré tout ce que lui criait son instinct, il resta campé sur place au lieu de s'enfuir.

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« Ouvrez ces portes. » exigea Charlie, pour la quatrième fois.

Gloröm, le directeur actuel de la branche anglaise de Gringotts, fut loin de se laisser émouvoir. Le Gobelin croisa les bras et fusilla le dragonnier du regard avec une telle fureur que Bill eut peur, l'espace d'un instant, que la situation ne dégénère davantage encore.

La grande salle de marbre était pleine à craquer de sorciers comme de gobelins qui s'étaient rassemblés dès que Gloröm avait ordonné la fermeture complète des portes. Bill, comme Charlie et Anthony, avait reçu le loup argenté de Remus juste après que l'ordre eut été donné et s'étaient retrouvés coincés à l'intérieur.

« Gloröm, vous avez signé un contrat… » tenta-t-il, plus diplomatiquement que son frère. « Si… »

« Les guerres des sorciers ne concernent pas les Gobelins. » l'interrompit le directeur. « Que croyez-vous que feront les Mangemorts si nous accordons asile à votre Ministre ? Mon devoir est de protéger Gringotts. »

« Très bien ! Alors laissez-nous sortir. » s'énerva Charlie. Anthony posa une main réconfortante sur son bras mais Charlie se dégagea avec brutalité. « Ce sont nos amis qui sont là dehors ! »

Pire, c'était Percy qui était là dehors. Bill écrasa cette pensée dans l'œuf. Il ne pouvait pas imaginer le pire pour l'instant. S'ils perdaient Percy…

« Les portes demeureront closes. » s'entêta Gloröm.

« Ah oui ? » Un sourire mauvais dansa sur le visage de Charlie lorsqu'il sortit sa baguette de sa poche d'un geste sec.

« Charlie ! » s'exclamèrent Bill et Anthony d'une même voix.

Alarmé, Gloröm fit un pas en arrière, mains levées devant lui dans une position défensive bien inutile.

Charlie n'avait aucune intention de s'en prendre au Gobelin. Il fit tourner sa baguette au-dessus de sa tête une fois, comme un cow-boy l'aurait fait avec un lasso, puis bloqua son geste. Des étincelles bleutées se mirent à crépiter au bout de sa baguette.

« Charlie, ce n'est pas une bonne idée. » avertit Anthony, avant de jeter un bouclier hâtif autour d'eux deux.

Bill décida qu'il était dans son intérêt de se montrer un peu plus généreux s'il souhaitait toujours avoir un emploi quand ils en auraient terminé. Il jeta un bouclier qui engloba une bonne partie de la salle, d'autres sorciers vinrent le renforcer.

Bien entendu, Bill ne savait pas ce que Charlie avait en tête mais, étant donné l'énorme boule d'un bleu glacial qui enflait de seconde en seconde au bout de sa baguette, il se doutait que le spectacle était censé être impressionnant.

« Ne t'avise pas de lancer ça sur les portes. » grinça Bill.

Quand Charlie l'avait-il jamais écouté ?

Le jeune homme lança son sortilège. Il y eut un bruit sourd lorsque ce dernier heurta les lourdes portes, comme un immense craquement, et une expression réjouie apparut sur le visage de son frère. Bill aurait pu lui dire que c'était futile. La magie des Gobelins était différente de la leur.

Les portes se mirent à rougeoyer et Charlie déchanta rapidement.

« À l'abri ! » ordonna Gloröm.

Les autres Gobelins n'avaient pas vraiment eu besoin de son avertissement, la plupart avait déjà plongé derrière un comptoir ou un pilier. Les sorciers suivirent plus lentement.

Charlie résista bêtement lorsqu'Anthony chercha à l'entraîner plus loin. Bill devina ce qui allait se passait une demi-seconde avant que cela ne se produise. Retour à l'envoyeur. Mécanisme magique de base mais toujours efficace.

Il se jeta devant son frère alors que le sortilège bleuté jaillissait des portes pour fuser sur Charlie. Le dragonnier eut suffisamment de présence d'esprit pour pousser Anthony loin de la déflagration mais lui et Bill n'eurent pas cette chance. Le sort les frappa de plein fouet. Bill eut l'impression que la locomotive du Poudlard Express venait de percuter. Il fut propulsé dans un des énormes piliers de marbre et s'écroula au sol, assommé.

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Tonks n'avait jamais été autant en difficulté dans un duel. Ce n'était pas la première fois qu'elle affrontait sa tante mais la même pensée lui trottait toujours en tête lorsque cela se produisait : ce serait son dernier duel.

Bellatrix enchaînait les sorts offensifs et trouvait encore le temps de jeter quelques remarques provocantes et insultes imagées. Tout ce que Tonks pouvait faire était parer, parer et encore parer. Les civils avaient fait place nette autour d'elles deux, ce pourquoi la jeune Auror était reconnaissante, mais elle voyait bien qu'à l'exception de leur petit coin de rue, c'était une catastrophe telle qu'ils n'auraient jamais pu l'anticiper dans leurs pires cauchemars.

La plupart des Mangemorts avaient atterri et s'en prenaient aux sorciers et sorcières qu'ils trouvaient. Certains tentaient de se défendre, d'autres de fuir…

« Décevant. » cingla Bella, en fouettant l'air de sa baguette.

Tonks dressa un bouclier à la hâte mais le sortilège passa au travers sans aucune difficulté et elle eut à peine le temps de se jeter par terre. Le sort effleura sa cuisse mais cela fut suffisant pour entailler profondément la chair sur dix bon centimètres de long. Elle para l'attaque suivant d'un revers de bras sans parvenir à se relever. Sa jambe ne voulait pas soutenir son poids.

En désespoir de cause, elle tenta un stupefix que Bellatrix fit disparaître d'un geste agacée, visiblement insultée par le manque de résistance de sa nièce.

« Je suppose que je n'aurais pas dû en attendre davantage d'une fille de Sang-de-Bourbe. » se moqua la sorcière, en levant la baguette pour ce que Tonks soupçonnait être le coup de grâce.

Excepté qu'elle venait de commettre une erreur.

Personne n'insultait Théodore Tonks devant sa fille. Personne.

Avec une grimace mauvaise, Tonks marmonna un sort qu'elle n'était pas censé connaître et qui n'était pas tout à fait légal. Une torsion du poignet et le souffle de sa tante se bloquait dans sa gorge. La jeune femme tenta de profiter du bref répit pour se relever mais sa cuisse refusa de la soutenir et elle retomba au sol, sans aucune grâce.

« Mieux. » lâcha Bella dans un gloussement ravi. « Mais pas suffisant. » Un geste de sa tante et, en dépit de toute tentative futile pour la conserver, sa propre baguette allait atterrir cinq bons mètres plus loin. Tonks se traina immédiatement dans sa direction avec désespoir. Désarmée, elle était perdue…

Bellatrix la regarda faire avec un amusement pervers. « Tu ne devrais pas t'inquiéter, ma chère petite nièce… Ta traitresse de mère et notre traitre de cousin te rejoindront bien assez tôt. Peut-être même devrais-je également régler le compte de mon autre neveu, vois-tu… »

Tonks ne l'écoutait qu'à moitié, elle était presque arrivée à sa baguette. Elle tendit la main, la frôla du bout des doigts et… un sort jaunâtre la propulsa trois bon mètres plus loin. L'Auror ne put retenir un cri de souffrance et ramena instinctivement sa main contre sa poitrine. La chair de ses doigts était à vif et ils fumaient légèrement, la douleur était…

« Lorsque les branches d'un arbre sont pourries, il faut les couper. » déclara la Mangemort, très sérieusement.

« Lorsque je voudrais des conseils de jardinage, j'en demanderai. » répliqua-t-elle. Cela aurait, bien évidemment, été un tantinet plus impressionnant si elle n'avait pas été vautrée par terre, sans grand espoir de se sortir de cette situation. Elle jeta un coup d'œil désespéré à droite et à gauche mais, autour d'eux, les combats faisaient rage. Les sorciers et sorcières qui n'avaient pas réussi à fuir ou à s'échapper tentait de tenir tête aux Mangemorts sans beaucoup plus de succès qu'elle.

Elle regretta amèrement de ne pas savoir utiliser la magie sans baguette et se promit, si jamais elle sortait miraculeusement de ce traquenard, de se pencher très sérieusement sur la question. En l'état, ses options étaient limitées. Il y avait une dague coincée dans sa botte, cadeau de Fol'Œil, mais même en admettant qu'elle parvienne à l'en sortir…

« Il me semble qu'une leçon d'humilité ne serait pas de trop. » bouda Bellatrix, avec une légère torsion du poignet.

Une boule brûlante enfla immédiatement dans sa cage thoracique et Tonks suffoqua, incapable d'avaler la moindre bouffée d'air. Ce ne fut rien, en revanche, comparée à la souffrance absolue qui se répandit dans chacun de ses membres lorsque la boule explosa. Le hurlement de douleur lui arracha la gorge.

Du coin de l'œil, elle aperçut vaguement une lueur rouge et la douleur cessa brutalement. Bellatrix fut touchée dans le dos et décolla dans les airs. Elle passa au travers d'une vitrine et disparut de son champ de vision. Tonks resta couchée sur le dos quelques secondes, à haleter, puis s'obligea à mettre sa douleur de côté avant que sa folle de tante ne puisse revenir pour l'achever. Au prix d'un effort qui lui parut surhumain, elle roula sur le ventre et rampa à nouveau en direction de sa baguette. Elle eut beau scruter les alentours du regard, elle ne vit aucune présence amie ou seulement familière. Simplement des inconnus qui combattaient des hommes masqués. Bella était la seule à avancer à visage découvert.

Sa tante n'était toujours pas ressortie de la boutique lorsqu'elle atteignit sa baguette et elle n'était plus en état de combattre alors Tonks se traîna jusqu'à la ruelle la plus proche, se mettant à l'abri derrière les poubelles les plus proches. L'odeur était atroce et n'arrangea pas la nausée qui la prit lorsqu'elle vit l'état de ses doigts. Simple sort de soin, se réconforta-t-elle, rien qu'elle n'ait vu sa mère faire dix fois.

Tenir sa baguette de sa main gauche s'avéra, pourtant, plus compliqué qu'elle ne l'aurait souhaité. Elle parvint néanmoins à un résultat plus ou moins satisfaisant : la chair n'était plus tout à fait à vif et elle pouvait à nouveau ses servir de ses doigts mais ce n'était pas bien joli à voir. Cela n'aurait pas été un problème si elle avait toujours pu transformer son corps à volonté, la peau aurait repoussée et…

L'écho des combats et le grondement de l'orage résonnaient toujours au loin, la ruelle était, elle, absolument silencieuse, cependant elle perçut tout de même le changement. Le corps en alerte, baguette instinctivement levée devant elle, elle regarda la silhouette sombre sortir de l'ombre.

Elle ne savait pas si elle devait être rassurée ou pas par le masque d'ivoire qui dissimulait son visage.

D'un côté, ce n'était pas Bellatrix.

D'un autre, elle n'était pas en état de se lancer dans un duel avec un autre Mangemort.

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Remus s'élança entre deux Détraqueurs, le loup argenté s'assurant qu'aucun d'eux ne tente de l'attraper ou pire. Kingsley l'accueillit d'un bref hochement de tête, tout comme Scrimgeour, mais ni eux ni les Aurors ne quittèrent véritablement des yeux le sorcier qui glissait silencieusement vers lui.

Remus avait vu énormément de choses dans sa vie mais rien, absolument rien, n'était plus terrifiant que Lord Voldemort, drapé de ténèbres, fondant sur eux. L'instinct de survie de l'animal sauvage qu'il abritait lui hurlait de fuir aussi loin que possible dans la direction opposée.

Lorsque le mage noir toucha terre, Kingsley ordonna à ses deux Aurors de protéger le Ministre et attaqua dans le même souffle.

Voldemort agita simplement la main d'un geste agacé et Kingsley vola sur plusieurs mètres. Il heurta un mur et resta cloué au sol, assommé. Percy laissa échapper un glapissement horrifié mais se plaça tout de même devant Scrimgeour.

Cela ne suffirait pas toutefois. Remus savait pertinemment que ça ne suffirait pas.

Et pourtant, pouvait-il faire autre chose que d'essayer ?

« Avada… » commença-t-il – que lancer d'autre face à Voldemort ? – uniquement pour être coupé net lorsque l'air refusa de pénétrer dans ses poumons. Le visage reptilien se tourna vers lui, les yeux rouges lui glacèrent le sang, et Remus sut qu'il voyait la mort en face. Voldemort allait le tuer.

Un sort alla s'écraser sur le bouclier de Voldemort et le mage noir perdit tout intérêt pour lui. Un coup de baguette l'envoya voler au milieu des Détraqueurs qui s'approchèrent immédiatement de lui comme un énorme nuage noir. Aussitôt, il perdit toute envie de se battre. À quoi bon ? Tout était perdu d'avance. Comme son histoire avec Tonks, sa vie n'avait aucun sens…

« Monsieur le Ministre. » entendit-il lancer la voix sifflante de Voldemort. « Il semble que toute la communauté magique soit venue vous écouter. »

Un des Détraqueurs, plus hardi que les autres, se rapprocha. Le rythme cardiaque de Remus ne s'emballa même pas. Il savait ce qui allait arriver, il savait que le Baiser était un sort pire que la mort et une part de lui, la part qui appartenait au loup, s'agitait désespérément, lui criant de briser l'apathie qui le retenait prisonnier, mais il était trop vieux, trop fatigué, trop pauvre pour que cela fasse une différence.

« Quoi que vous désirez, vous ne l'obtiendrez pas. » répliqua fermement Scrimgeour. « Nous ne cèderons pas. »

Le rire de Voldemort était froid et cruel. Par certains côtés, il rappela à Remus l'effet que les Détraqueurs avait sur lui, à l'instant. « Je ne suis pas certain que vous soyez en position de négocier. » remarqua le Mage Noir. « Quant à ce que je désire… Il ne s'agit ni plus ni moins que de votre tête. Vous avez, après tout, été généreux au point de nous fournir notre auditoire… »

Remus se mit à frissonner de manière incontrôlée, le Détraqueur n'était plus qu'à quelques centimètres et il se sentait basculer dans l'inconscience. La créature porta la main à sa cagoule et… un feulement rageur fit brusquement reculer l'ombre monstrueuse. Un chat argenté sauta prestement sur son torse et feula encore et encore jusqu'à ce que les Détraqueurs reculent.

Il sentit l'espoir revenir progressivement avec le Patronus mais ce ne fut pas suffisant pour qu'il ne perde pas connaissance.

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« Un jour, Tom, il te faudra apprendre à ne pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. » lança Albus, en émergeant des ruelles qu'ils leur avaient fallu emprunter pour rejoindre le Chemin de Traverse.

Minerva se tint derrière lui, légèrement en retrait. Atteindre la zone de combats s'était révélé un casse-tête même avec Albus Dumbledore à ses côtés. Les protections antitransplanage tenaient toujours bon et ils n'étaient pas parvenus à passer au travers, il leur avait fallu marcher.

Elle renforça encore son Patronus, inquiète à l'idée que les Détraqueurs ne s'en prennent à nouveau à Remus.

« Dumbledore. » cracha Voldemort sans véritable surprise. « Et ton chat de compagnie. N'est-elle pas un peu trop vieille pour ce genre d'échauffourée ? »

Minerva se serait volontiers vexée et lui aurait rappelé qu'ils avaient sensiblement le même âge, toutefois, elle n'était pas suicidaire et se tenir dans l'ombre d'Albus Dumbledore ne garantissait pas ses chances de survies.

« Ou peut-être est-ce toi que l'âge rattrape ? » se moqua Voldemort. « Tu as mis du temps à réagir, vieil homme. »

« Peut-on en terminer avec ces préliminaires ? » intervint Scrimgeour, en écartant d'un bras Percy Weasley qui tentait, sans grande conviction, de le protéger de son corps. Deux Aurors les flanquaient, le teint pâle et l'air terrifié. « Vous êtes venu m'affronter, je suis ici. Rappelez vos hommes. »

Minerva n'avait pas besoin de voir le visage d'Albus pour deviner qu'il était extrêmement agacé par l'attitude du Ministre.

« Correction. » lâcha Voldemort, un amusement pervers agitant ses traits reptiliens. « Je suis venu vous tuer, non vous affronter. »

« Des promesses, toujours des promesses. » railla Scrimgeour, en se lançant à corps perdu dans un duel qu'il n'avait aucune chance de gagner.

Albus marmonna ce qui ne pouvait être qu'une malédiction et s'interposa, parant d'un revers de baguette un sortilège qui aurait probablement signé la fin du mandat de Scrimgeour.

L'attention de Voldemort étant détournée, Minerva se précipita vers Remus. Elle s'agenouilla à côté du loup-garou que son Patronus gardait toujours avec vigilance. Elle dressa un bouclier solide autour d'eux.

« Enervate. » murmura-t-elle. « Remus ? Remus, mon garçon. » Les paupières de son ancien élève papillonnèrent faiblement, mais il finit pourtant par ouvrir les yeux. « Il faut vous mettre à l'abri. » Elle parcourut la zone du regard, ne trouvant que bien peu de refuges possibles. Les Mangemorts combattaient des Aurors comme de simples passants, les pavés du Chemin de Traverse étaient rougis de sang et la fine bruine qui commençait à tomber empirait encore la situation en rendant le terrain glissant. Gringotts aurait été la meilleure option. La banque aurait pu accueillir tous les civils et résister à un assaut, cependant, malgré toutes les suppliques et les sorts que Percy Weasley faisait pleuvoir sur elles, les portes demeuraient closes.

Un sort ébranla son bouclier et elle s'en voulut d'être resté immobile aussi longtemps. Albus et Scrimgeour affrontaient toujours Voldemort sur sa droite, les deux Aurors étaient étendus au sol, l'un en travers des marches menant à la banque et l'autre au pied d'un réverbère, baignant dans son propre sang, Percy frappait les portes de Gringotts avec désespoir, elle ne savait pas précisément où était Kingsley ou aucun autre des membres de l'Ordre et Remus peinait à se réveiller.

Elle tourna la tête à temps pour esquiver le Doloris qui fusait vers elle, ne tardant pas à trouver l'origine du maléfice.

Dégoulinante de pluie, gloussante et souriante, se tenait Bellatrix Lestrange.