Chapitre 2 : Bienvenue à Poudlard

Harry avait passé une fin d'été plutôt intéressante. Les puissants sortilèges de confusion avaient fonctionné à la perfection, rendant les Dursleys complètement ignorants du fait que leur neveu avait disparu de la circulation depuis plusieurs années.

Le jeune dragon avait donc récupéré sa lettre d'admission à Poudlard d'une bien étrange manière. Celle-ci lui avait été délivrée par Hagrid, un homme si grand qu'il ne pouvait être un homme, mais bien trop petit pour être un géant. Harry songeait à une potion d'engorgement ayant mal tourné, ou bien un demi-géant. Cette perspective toutefois le faisait frissonner d'horreur, ne voulant pas imaginer la conception de l'enfant.

Hagrid l'avait alors emmené faire ses achats pour sa rentrée. Avec un sourire amusé, celui qu'on appelait le Survivant repensa aux rumeurs que le gardien des clés avait entendues à propos de Gringotts, la banque des sorciers. À la mention des dragons, les yeux de l'immense homme avaient pétillé avec force, et Harry s'était retenu de toutes ses forces de ne pas éclater de rire. Il ne voulait pas imaginer sa réaction s'il lui apprenait que les dragons originels existaient toujours, et que l'un d'entre eux se tenait juste à ses côtés.
Toutefois, le jeune garçon nota l'information. Il devrait vérifier si, oui ou non, les gobelins gardaient captifs des fils et filles de dragons dans les profondeurs de leurs cavernes. Les dragons étaient connus pour leur sale tempérament et leur rancune millénaire.

Mais il s'en préoccuperait plus tard, lorsqu'il aurait acquis plus de pouvoir et hérité de son aspect draconique. À son âge, rien n'aurait pu le distinguer des autres mortels, comme c'était le cas pour de nombreuses créatures qui héritaient de leurs pouvoirs entre quatorze et dix-huit ans. Aujourd'hui, sa seule préoccupation était de trouver une place dans le Poudlard Express.
Il avait donc pris soin de jouer son rôle d'enfant perdu, découvrant le monde de la magie, et avait trouvé une gentille famille de rouquins pour lui montrer le chemin, bien qu'il eût déjà senti la magie qui se dégageait du mur entre les voies 9 et 10.

Harry était donc confortablement installé dans un compartiment vide, quelques minutes avant le départ. Il observait, pensif, les retardataires faire leurs adieux à leur famille et courir vers la locomotive, tout en caressant le plumage de neige de sa harfang, Hedwige, un cadeau de Hagrid. Il pensait à sa marraine, et avait un peu de mal à se faire à l'idée qu'il ne la verrait pas avant décembre, s'il arrivait à s'éclipser du château. Après tout, il devait jouer le rôle d'un orphelin ignorant du monde sorcier et détesté par sa seule famille restante…

— Excuse-moi ?

Harry se retourna, tiré de ses pensées par l'un des rouquins qui l'avait aidé à trouver son chemin. Il semblait être le plus jeune de sa fratrie, et il avait une tâche sur le nez.

— Tous les compartiments sont pris… Je peux m'asseoir ? demanda-t-il, l'air peu assuré.
— Bien sûr, l'invita Harry en lui souriant aimablement.

Le rouquin lui sourit, soulagé. Il semblait un peu timide et s'assit face au dragon après avoir hissé sa valise en mauvais état dans les filets à bagage.

— Merci. Je m'appelle Ronald Weasley, mais tu peux m'appeler Ron, se présenta le nouveau venu en présentant sa main à l'orphelin.
— Enchanté. Je suis Harry Potter.

Comme il s'y attendait, Ronald écarquilla les yeux à l'entente du si célèbre nom. Mais Harry balaya la chose comme si ce n'était rien – après tout, pour lui, ce n'était qu'un titre morbide, le rappel du jour funeste où il avait perdu ses parents. Il préférerait être connu pour des faits d'armes, comme l'était la matriarche du Vol Draconique Noir, plutôt que par un événement dont il n'était même pas conscient.

A son plus grand plaisir, le rouquin accepta la transition sans faire d'histoires une fois sa surprise passée. Harry apprécia la simplicité du jeune garçon qui lui proposa de faire une partie de carte comme si de rien n'était, et il accepta, ce serait un bon moyen de passer le temps et d'apprendre à connaître ce nouveau compagnon.

Discrètement, Harry inspira profondément, les lèvres entrouvertes, et sentit les effluves de la magie de Ron atteindre ses sens. Elle était timide, à la fois douce et chaotique. Un mélange intéressant, et Harry se promit de garder un œil sur le garçon qui, visiblement, aimait les choses simples.

Le trajet se passa dans une ambiance paisible, ce qui détendit le jeune dragon. La porte de leur compartiment s'ouvrit une nouvelle fois au passage du chariot de friandises. Le jeune rouquin proposa de partager son déjeuner avec Harry, ce qui conforta ce dernier dans l'idée que son compagnon de route était quelqu'un au cœur pur. Il semblait vivre dans une famille peu aisée, au vu de ses vêtements et accessoires de seconde main, et pourtant il n'hésitait pas à partager ses maigres possessions. Harry refusa gentiment, et acheta une série de friandises pour les partager avec son nouveau compagnon d'école.
Quelques heures plus tard, la porte s'ouvrit une nouvelle fois, laissant apparaître un visage que Harry connaissait bien. Il lui fallut maîtriser le sourire ravi qui faillit fleurir sur ses lèvres en voyant les joues rondes et le regard malicieux de son ami Neville qui, comme il l'avait annoncé dans le monde des Ombres, jouait son rôle de garçon empoté.

— J'ai perdu mon crapaud, vous ne l'auriez pas vu par hasard ?
— Non désolé, répondirent les deux garçons. Tu veux de l'aide pour le chercher ? proposa Harry
— On m'aide déjà, mais c'est gentil de proposer… murmura son ami, ayant lui-même du mal à contenir l'étincelle de malice brillant dans ses yeux, qui entachait son jeu d'acteur. Je m'appelle Neville, Neville Londubat.
— Ron Weasley
— Harry Potter, enchanté.
— Le plaisir est pour moi. Euh, ben, je vais continuer à chercher Trevor…
— Viens passer le reste du trajet avec nous quand tu l'auras retrouvé ! proposa Ron

Harry dissimula rapidement son petit sourire appréciateur, tout comme Neville. Le rouquin était plein de promesses, et de bonnes promesses. Le jeune dragon était toutefois intrigué, son ami ombre avait déjà trouvé de l'aide ? Ce qui signifiait une personnalité intéressante, comme l'était Ron. Il avait hâte de rencontrer cette personne…
Et cela ne tarda pas. Moins d'une vingtaine de minutes plus tard, leur porte s'ouvrit à nouveau. Harry comprit immédiatement pourquoi son ami de longue date avait trouvé cette fille intéressante.

Sans le moindre doute, elle était fille de moldus, et avide de connaissances. Cela se ressentait à sa manière de parler, et d'étaler le savoir qu'elle avait accumulé sur le monde magique avant sa première rentrée. Comme pour Ron, le jeune dragon laissa ses instincts primaires goûter la magie de la sorcière. Elle était beaucoup plus agitée que celle du rouquin, mais cela n'étonnait pas Harry au vu du caractère que démontrait Hermione Granger. Toutefois, sa magie semblait se calmer très vite, surtout lorsque quelque chose intriguait la fille de moldus.

Ron, lui, la trouvait agaçante. Harry la trouvait amusante, mais il n'était pas censé avoir tant de connaissances sur le monde sorcier, et il s'imagina ce qu'aurait été sa vie s'il avait, comme elle, découvert ses pouvoirs peu avant ses onze ans. Mais sitôt que l'idée lui traversa l'esprit, le visage doux et couvert d'écailles de sa marraine s'imposa dans son esprit.
Il avait grandi dans un monde d'ombre, peuplé de peuples parfois violents, parfois pacifiques, et élevé par une Lamia supérieure, matriarche de clan. Très, très loin des projets d'Albus Dumbledore, à ne pas en douter.

Le reste du trajet se passa à une vitesse raisonnable. Neville et Hermione finirent par les rejoindre, peu avant l'arrivée, et ce au grand désespoir du rouquin qui avait beaucoup de mal à encadrer le petit air supérieur de la jeune fille.

S'en suivit la présentation officielle de Poudlard pour les premières années. Même s'il savait à quoi s'attendre, sa marraine lui ayant déjà fait un résumé de la soirée, Harry ne put s'empêcher de se sentir émerveillé en découvrant l'immense château de pierres sombres lors de leur traversée en barque.
Tout comme il dût retenir une expression surprise lorsqu'il rencontra Minerva McGonagall. Ça, par contre, Sandra ne lui avait pas dit. Dans l'aura curieuse de l'animagus, il reconnaissait sans peine la marque d'un clan de créatures vivant dans le monde des ombres. La sous-directrice semblait avoir coupé les ponts avec cette partie de sa famille et de sa personnalité, car elle ne perçut ni la sienne, ni celle des autres créatures qui lui faisaient face, au plus grand soulagement de Harry. Si l'animagus chat l'avait démasqué avant même le début de sa scolarité, il se serait retrouvé dans de beaux draps compte tenu de la proximité existant entre Minerva McGonagall et Albus Dumbledore.

Harry se jura de garder sa future professeure à l'œil, particulièrement intrigué par le fait que cette femme si stricte et si droite avait rejeté avec une telle violence une partie d'elle-même, qu'elle était incapable de reconnaître les créatures portant la marque du monde des ombres dans leur magie.

Le jeune dragon était si profondément plongé dans ses pensées qu'il ne remarqua pas l'austère professeur quitter la pièce, aussi, il sursauta lorsqu'il entendit son nom.

— Alors c'est vrai. Harry Potter fait son entrée à Poudlard…

Ce n'était qu'un murmure prononcé d'une voix traînante, mais le silence s'installa lourdement dans le rang de premières années. Harry jeta un regard à son interlocuteur, et il retint un soupir. Il aurait dû s'y attendre, Severus et Sandra l'avaient prévenu.

— Je suis Draco. Draco Malfoy.

À côté, Ron masqua son ricanement en une toux peu discrète, et se fit mitrailler du regard par le rejeton de Lucius.

— Mon nom te fait rire ? Pas la peine de te demander le tien. Un rouquin, aux vêtements de seconde main… Tu dois forcément être un Weasley. Fais attention Potter, tu devrais éviter de traîner avec des gens douteux.

Et là, Harry se sentit tiraillé en observant la main tendue par le hautain blondinet. Il réprima un ricanement narquois, et saisit sa main, à la plus grande surprise de tous.

— Harry Potter, comme tu t'en doutes. En revanche, je suis surpris que l'héritier de Lucius Malfoy se laisse aller à des propos aussi déplacés devant le Lord régnant de la maison Potter. Je n'apprécie pas les sous-entendus, Draco, si tu souhaites entretenir des relations cordiales ou professionnelles avec la maison Potter dans le futur, je te conseille de faire attention à tes propos, je suis fier d'être le fils de Lily Evans Potter.

Sa tirade laissa chaque héritier de sang-pur au souffle coupé. Draco comptait sur l'inexpérience du jeune dragon pour prendre l'ascendant, et ce dernier lui avait jeté en plein visage leur différence de statut accompagné d'un avertissement.
Draco blêmit et inclina sa tête, acceptant la remontrance et s'excusant sans un mot. Ron regardait son nouvel ami avec surprise et intérêt, quand Neville dissimulait son sourire narquois en fixant ses pieds.

À cet instant, Minerva McGonagall revint et fronça les sourcils. Quelque chose semblait s'être passé, les premières années étaient étrangement calmes. Mais elle ignora la situation, et entraîna le groupe à sa suite.

— Bienvenue à Poudlard. La Cérémonie de Répartition va pouvoir commencer.