Merci à tous pour vos gentilles reviews. Je pars sous peu en vacances, je n'aurai donc pas l'occasion d'écrire avant un petit bout de temps, donc en voici un avant mon départ afin de vous faire patienter. Le prochain chapitre concernera les événements de fin d'année, à savoir, la première rencontre de Harry et Voldemort.

Je tenais à faire un petit Erratum : dans le chapitre 3, j'ai mentionné que, lors des introductions des créatures de Poudlard, seul Severus était au courant de la nature de Harry. C'est faux, Neville est également au courant, puisqu'il le dit explicitement à Harry en parlant de son vol draconique dans le chapitre précédent. Mes excuses !

Première grosse ellipse. Nous arrivons fin d'année, où notre quatuor apprend que Hagrid a fait une bien étrange acquisition… Une acquisition qui ne rend pas Harry très à l'aise et provoque en lui d'étranges sentiments.

Chapitre 5 : L'âme du dragon

Les mois s'étaient écoulés à une vitesse affolante, si Harry devait donner son avis. Il prenait un énorme plaisir à découvrir le monde d'origine de son père et à apprendre à manipuler la magie sorcière.
Il s'était fait de très bons amis, en les personnes de Ron et Hermione, ce qui avait agrandi leur cercle d'amis à Poudlard, à Neville et lui. Le jeune dragon espérait qu'ils aimeraient sa protégée, qui les rejoindrait en septembre prochain. Blaise aussi était devenu un ami, amusant et intelligent. Ce dernier n'avait toujours pas réussi à découvrir si oui ou non, Harry était son prédateur naturel, mais les deux garçons jouaient de cette ambiguïté et c'était devenu un petit running-gag entre eux.

Il avait réussi à avoir des nouvelles de Sandra. Faire passer des messages dans le monde des ombres était très difficile et Severus ne leur facilitait pas la tâche, disant que les jeunes élèves devaient affuter leur ruse pour pouvoir survivre dans un monde qui détestait les créatures. Il ne passait que les messages d'urgence. C'est en négociant avec Maria, la princesse vampirique éprise d'Olivier, que Harry put s'entretenir régulièrement avec sa marraine.

Cette dernière tenait à rencontrer les amis de Harry cet été, avant de décider si oui ou non il pouvait leur révéler leur monde, mais elle ne semblait pas fondamentalement contre. Au contraire, elle semblait ravie que son pupille se soit fait de si bons amis, mais elle tenait, tout de même, à jauger leur sincérité avant tout. Question de sécurité, après tout.
Neville et lui en avaient parlé, entre eux, et le Forestier était, lui aussi, prêt à révéler sa nature à ses deux amis. Sa grand-mère avait toujours apprécié les Weasleys, mais comme Sandra, elle réservait son jugement, surtout envers Hermione dont elle ne connaissait que le nom, grâce à son petit-ils.

Harry n'avait pas pu revenir dans son monde à Noël, car son absence aurait soulevé beaucoup trop de questions et si les puissants sortilèges de confusion avaient suffi pour brouiller sa disparition de Privet Drive, il en était tout autre chose en se trouvant au cœur même de l'école magique dirigée par Dumbledore. Et McGonagall n'était pas en reste, bien qu'elle ait scellé ses pouvoirs de créature, elle restait une puissante sorcière… Et Harry s'arrachait les cheveux sur son cas, ayant horreur de ne pas connaître une créature. Il s'était juré de faire des recherches, une fois rentré à la maison. Il avait quelques pistes, mais rien de concret, et peut-être que chercher des créatures écossaises le menait sur de mauvaises pistes…

Le dragon fut tiré de ses pensées par l'arrivé fracassante de Neville dans le dortoir, déserté par Dean et Seamus. Ron, lui, somnolait toujours, il était trop tôt pour se lever selon lui pour un samedi.

— Ron, debout ! Harry, Hagrid a un problème.
— Un problème ? s'enquit l'héritier du vol draconique vert. Quel genre de problème ?
— Si ce que j'ai vu est correct, notre très aimé garde-chasse est en train de précipiter l'éclosion d'un œuf de dragon.
— Un œuf de-… Quoi ? Comment ? grommela Ron en émergeant difficile.

Harry garda brièvement le silence alors que son cerveau tournait à mille à l'heure. Un œuf de dragon ? La possession de tels reptiles était prohibée en Grande-Bretagne, c'était donc de la contrebande, de niveau grave. Puis, quelque chose tilta l'esprit du Gryffondor.

— Hagrid… Sa cabane est en bois…

Neville échangea avec son ami un regard désespéré. Ron, maintenant bien réveillé, enfila un pantalon.
Oui, Hagrid avait de sérieux ennuis. Le Survivant réprima un soupir, encore quelque chose dont il allait devoir se préoccuper. Quelle merde ! Comme s'ils n'avaient déjà pas assez à penser avec le couloir du deuxième étage.

Et Harry se souvint brusquement de sa discussion avec le garde-chasse, lorsque celui-ci l'avait emmené sur le chemin de traverse. C'était une coïncidence. Un peu trop grosse pour qu'elle passe… Il devait absolument en parler à Hermione.

— Allons-y tout de suite, décréta-t-il. Mais pas après avant d'avoir trouvé Hermione, elle nous dépècerait vivants si on s'attirait encore des ennuis sans elle.
— Tu veux dire, des ennuis tout court ?
— Non. Malgré ce qu'elle essaie de nous faire croire, je pense qu'elle préfère être avec nous dans les emmerdes plutôt que de laisser nos trois pauvres cerveaux de mâles sans elle. Et accessoirement, elle nous tuerait pour l'avoir mise de côté.

Neville ricana. C'était bien possible…

~ H.P ~

Harry avait vraiment, vraiment, très envie de se frapper la tête contre la table en bois massif qui trônait au milieu de la pièce.
Non seulement Hagrid avait bel et bien acquis un œuf de dragon dans des circonstances douteuses, mais en plus, c'était un œuf de Norvégien à Crête. Soit, l'une des races descendant de son vol, ayant autrefois abandonné leur forme humaine et ayant peu à peu perdu leurs connaissances humaines pour se tourner uniquement vers leurs instincts primaires. Ça n'aurait pas pu être un Boutefeu Chinois, auquel cas il aurait envoyé un message urgent à la Lieuse-de-Vie, matriarche du vol rouge, pour qu'elle s'occupe de sa lignée ?

Mais non, c'était encore pour bibi ! Harry n'avait pas manqué le regard à la fois moqueur et sincèrement désolé de Neville à son intention. En tant que seul dragon du vol vert encore vivant, il était de son devoir de s'occuper de ce genre de cas, même s'il n'avait que onze ans, presque douze.

— Hagrid, vous ne pouvez pas le garder, répéta Harry pour la énième fois. Les Norvégiens sont une race extrêmement agressive et précoce, il commencera à cracher de réelles flammes à peine un mois après son éclosion. Votre cabane est en bois, vous ne pourrez pas cacher un incendie.
— Et c'est illégal ! s'indigna Hermione.

Harry haussa les épaules, clairement peu intéressé par cet état de fait. Il était le patriarche du Vol draconique vert, et même s'il n'avait pas encore reçu son titre, il devait veiller au bien-être de ses fils et filles, et que ceux-ci ne deviennent pas une menace incontrôlable – après tout, ils étaient des menaces par nature…
Son instinct de protection s'éveillait doucement. Cet œuf, même s'il ne l'avait pas engendré, était le sien. Son fils, ou sa fille, allait éclore dans quelques semaines, ou quelques jours. Et ni Hagrid, ni lui, ne possédaient les compétences pour s'occuper d'un jeune dragon aussi agressif que l'étaient les Norvégiens à Crête.

Mais le garde-chasse était têtu, et il avait fallu que Ron et lui se fassent mordre, quelques temps après l'éclosion de l'oeuf, pour qu'il admette qu'il était dépassé. Le rouquin, sans le savoir, apporta la solution au problème de Harry : son frère Charlie travaillait dans une réserve en Roumanie, et après quelques recherches, le Survivant admit que les dragons là-bas étaient particulièrement bien traités, élevés et entraînés.
Sa fille – car Norbert était une fille, bien que le garçon se soit gardé de le dire à Hagrid – était en train d'éveiller ses sens et avait reconnu en Harry l'essence draconique de sa magie, aussi, il était le seul à pouvoir approcher réellement le dragonnet désormais. Il était en charge de l'amener discrètement à Charlie, tard cette nuit, pour que lui et ses collègues emmènent sa fille dans un endroit plus propice à son développement.

Harry se dit que c'était vraiment très bizarre comme sensation. Il avait presque douze ans en tant qu'humain, mais il se sentait déjà père d'un dragonnet qui n'était même pas né de sa couvée, alors que sa partie humaine était encore dégoûtée à l'idée de faire des bisous sur la bouche d'une autre personne. C'était perturbant, et il se jura d'en parler à l'un de ses précepteurs lorsqu'il retournerait dans les Ombres…

— Lord Potter, l'appela une voix enfantine, qu'il connaissait bien.

Hermione réussit à ne pas sursauter alors que Draco apparaissait à l'ombre d'une alcôve. Leurs rencontres avec l'héritier Malefoy étaient toujours dangereuses, car une telle alliance attirerait beaucoup trop l'attention des adultes s'ils venaient à se faire prendre.
Ils s'étaient rapprochés du garçon hautain, mais diablement intelligent. Une fois que Harry eut mis les choses au point, notamment avec les insultes bien connues envers les nés-de-moldus, Draco se révéla d'une compagnie intéressante et d'une discussion agréable. Hermione et lui eurent parfois de longs débats, en raison de leurs différences culturelles, mais s'il était honnête, le dragon sentait que la haine qu'ils se portaient mutuellement s'était doucement, très doucement, changée en un respect réticent.

Neville et Ron acquiescèrent à sa demande silencieuse et firent mine de discuter tout en montant la garde, alors que Draco et Harry disparaissaient de la vue de tous pour discuter calmement à l'abri des regards.

— J'ai surpris une discussion de certains de mes camarades Serpentard. Ils parlent que tu as un dragon, et que tu comptes le transporter à la tour d'Astronomie.
— Oh, ils parlent ? Je suppose que tu ne me donneras pas de nom.
— Comprends, Lord Potter, que bien que tu sois mon allié, je reste fidèle aux compagnons de ma maison. J'ignore si cette histoire de dragon est vraie, en tout cas, ils veulent juste te créer des problèmes. Rien de grave. Je tenais à te prévenir, à toi de jouer tes cartes, et de découvrir de qui il s'agit.

Harry eut un petit sourire en coin. C'était, à ne point en douter, une mise à l'épreuve de la part du blond. Ce dernier avait fait beaucoup d'efforts, et désormais, il attendait un retour de la part du dragon. Il accepta ce défi silencieux.

— Draco, une dernière chose avant que nous nous séparions… Es-tu conscient de la réelle signification de la famille Black ?

Un long silence s'étira. Un silence lourd, méfiant.

— Tout le monde connaît la valeur des Blacks. Peu de familles peuvent se vanter d'être « Toujours Pures ».

Harry perçut la petite inflexion de sa voix lorsqu'il parla au féminin.

— J'ai de bonnes raisons de croire que quelques membres extérieurs à la lignée principale pourraient être « Toujours Purs ». J'ignore pourquoi, cependant. Peut-être à cause de la folie interne de Bellatrix Lestrange, née Black. Sois prudent cet été, Héritier Malefoy, car si mes théories sont exactes, ton entourage proche risquerait de ne pas apprécier le moindre changement.

Il avait longtemps pesé le pour et le contre, à avertir son allié Serpentard. De toute évidence, Lucius Malefoy était ignorant de la nature de réelle de sa femme, à l'inverse de son fils. Et que ce dernier eut réussi à le cacher confortait Harry dans son idée de le prévenir. Il l'appréciait bien, le petit Draco…

La magie du blond évoluait, doucement, mais sûrement. Et Tonks l'avait remarqué aussi, à sa grande surprise. Les deux créatures avaient longuement discuté du cas du cousin Black, et les deux étaient venus à la conclusion que la magie ne s'était pas contentée de l'héritage gaspillé de Bellatrix, et l'étendait maintenant à plusieurs branches secondaires. Après tout, Tonks était enfant unique, et Draco aussi. Bellatrix n'avait jamais eu d'enfant, et Andromeda ne prévoyait pas d'en avoir d'autres. Le cycle avait été brisé, et renaissait d'une bien étrange manière.

Il n'y avait jamais eu de Harpie mâle. Mais toutes les harpies prenaient peu à peu possession de leur héritage une fois leurs douze ans atteints – que Draco allait avoir dans un petit mois – avant de recevoir leur plein héritage à dix-sept ans. S'il devenait l'un d'entre elles, alors il allait devoir se protéger contre son propre père, en cachant sa nature et ses pouvoirs. Heureusement, il ne pourrait pas se transformer avant l'âge adulte, mais ses instincts allaient progressivement muter et devenir de plus en plus visibles.

— J'ignore comment tu es entré en possession de ces informations, Lord Potter… dit doucement Draco. Mais si tes hypothèses sont bonnes, alors ton avertissement me sera utile et nécessaire. Je te remercie.
— Pas de Lord Potter ici, Draco. Il s'agit d'un avertissement envers un ami.

C'était osé. Très osé. Il avait rejeté la proposition de Draco, début d'année, et leur relation après cela avait oscillé entre respect, curiosité et alliance. Harry retint sa respiration alors que le blond se figeait, et réfléchissait.
Une minute se passa avant qu'il ne se détendre, et Draco sourit timidement à Harry.

— Merci, Harry. J'apprécie, réellement.
— Les problèmes de nos parents ne nous concernent pas. Je t'apprécie, et j'espère que nos relations évolueront davantage. À condition, bien sûr, que tu ne suives pas les préceptes de ton père.
— C'est réciproque. Et si tes théories sont bonnes, alors je deviendrais moi-même un ennemi de mon père… dit-il, amer. Mère n'a jamais osé lui avouer, et je pense qu'elle a bien fait.
— Malheureusement pour elle, en effet.

Les deux garçons se séparèrent très vite, Draco retourna dans les cachots pour retrouver ses amis de Serpentard et Harry fit la même en rejoignant Ron, Hermione et Neville, bien qu'il soit préoccupé, à nouveau, par Norbert et les avertissements de son camarade blond.

Ce ne fut que tard dans la nuit qu'il finit par se confier à Neville, dans l'intimité de la salle commune alors désertée par tous, et bien après que le Forestier ait confirmé l'absence de sortilèges d'espionnage.

— Pour résumé, chuchota Neville. Tu te sens protecteur du dragonnet comme s'il était ton fils, mais l'idée même d'embrasser un humain te répugne ?
— Ouais… C'est perturbant, avoua Harry. J'ai l'impression… Je ne sais pas. D'être deux personnes à la fois ?
— C'est un sentiment que partagent beaucoup de créatures humanoïdes, admit Neville. Ma race n'a pas ce problème, puisque nous n'avons pas de forme bestiale comme la tienne. Mais c'est étonnant que ça arrive si tôt. En général, ça ne se déclenche pas avant la puberté, voire l'héritage total.
— Je sais…
— Peut-être que c'est ton âme de dragon qui s'éveille ? A cause de ta rencontre avec Norbert ? Je n'ai jamais eu de cas d'étude comme le tien, je ne peux pas t'aider mon ami…

Harry soupira. Était-ce possible que son âme fut divisée entre l'âme du dragon déjà éveillé, et celle de sa partie humaine ? Mais cela n'avait pas de sens. Aucun dragon ancien ne lui avait parlé de ça, au contraire, tous affirmaient que leurs instincts ne s'étaient éveillés qu'après leur héritage.

— Peut-être… supposa Harry, qu'être le seul dragon du Vol Vert influence l'âme ?
— C'est possible… Mais nous n'avons pas eu de cas comme ça à étudier… se désola Neville.

L'héritier draconique tourna son regard émeraude sur le feu de cheminée qui commençait à perdre en intensité. Les Forestiers n'avaient pas eu accès à des informations aussi sensibles, mais le cas s'était déjà présenté auparavant, et cela, par deux fois.

Le Vol Draconique Noir avait failli disparaître, à deux reprises. La première fois, son fondateur original, Neltharion, s'était laissé gagné par la folie et avait corrompu et détruit peu à peu sa lignée, gagnant un nom plus sombre et perdant le respect des autres vols draconiques qu'il avait tenté de supprimer. Par la suite, quelques œufs de sa couvée avaient survécu à la corruption et au nettoyage en règle qui avait suivi le déclin de Neltharion.

Mais ils étaient peu, et ils étaient affaiblis par les expériences de leur père. Irion avait bien failli sombrer à son tour dans la même folie que son créateur, et sauvé in-extrémis des murmures du mal. Horrifié par sa propre faiblesse, le vieux dragon s'était retiré loin de tous, afin de préserver le monde de sa folie s'il venait à y succomber à nouveau. Il avait vécu dix mille ans, avant de mourir seul, dans une grotte située dans les zones les plus reculées du monde des Ombres.
Seule une dragonne avait réussi à se débarrasser de la folie destructrice héritée de Neltharion, et elle avait réussi à reprendre les rênes de son Vol…

Il ne dit rien à son ami, car cela relevait du secret de sa race. L'actuelle matriarche du Vol Draconique Noir pourrait peut-être le renseigner, mais elle était vieille, puissante et particulièrement dangereuse, même pour les leurs. Et s'il admirait énormément la dragonne aux écailles d'onyx – il en était un fan absolu, en réalité – il la craignait tout autant. De plus, pas sûr qu'une telle pointure lui accorde ne serait-ce qu'un regard.

Encore des mystères… Songea Harry.

— Il va falloir que j'aille chercher Norbert, dit-il en avisant l'heure.
— Sois prudent, mon ami.