Hello, hello!

Commençons par le sujet qui fâche. Pour ce qui ne me suivent pas sur Twitter et qui auraient raté le dernier épisode dans l'univers de la fanfiction Harry Potterienne... Pandore a été plagiée. Elle a été copiée collée et mise en ligne sur wattpad par une tierce personne. Elle a depuis été retirée mais il s'est avéré que ce n'était que le sommet de l'iceberg de plagiat. Il semble y avoir une tendance sur wattpad à copier coller les histoires des gens avec un simple "cette histoire ne m'appartient pas" comme disclaimer (quand celui-ci est seulement présent). Ces gens ne considèrent même pas ça comme du plagiat et à discuter avec eux, on serait presque en tort de se plaindre.

Soyons clair, si l'histoire n'est pas à vous, vous n'avez tout simplement pas le droit de la diffuser/reposter/partager sans le consentement de l'auteur.

C'est écrit en gras sur mon profil au cas où certaines personnes seraient aveugles et dénuées de tout sens inné de l'éthique, j'ai terminé d'être gentille et polie sur le sujet.

Maintenant je m'adresse à vous, fidèles lecteurs, je ne poste mes fanfictions françaises QUE sur ce site (bien que mes fictions anglaises soient sur AO3 et tumblr) si vous les voyez sur d'autres sites, soyez gentils de m'avertir parce que vous pouvez être certains que ce n'est pas moi qui les y ai postées. Les auteurs de fanfictions ne peuvent pas surveiller partout tout le temps, c'est pourquoi nous comptons également sur la vigilance et la gentillesse de nos lecteurs et je remercie d'avance quiconque m'avertira si jamais ceci se reproduisait et que vous voyiez une de mes fictions ailleurs. Je remercie d'ailleurs Loufoca-Granger de m'avoir avertie pour Pandore ainsi que ceux qui m'ont laissé des MPs sur le sujet.

Ce plagiat massif semble concerner en priorité les histoires dramione. Si vous êtes auteurs de dramiones je vous invite fortement à aller faire un tour sur wattpad pour vérifier qu'on ne vous ait rien volé. Nous avons créé un groupe, le SATOF (Squad Anti-Theft of Fanfiction) qui a pour but de surveiller d'éventuel plagiats copié collé comme il a eu lieu récemment, de partager les informations et d'offrir un soutien aux auteurs qui se retrouvent dans ce malheureux cas de figure. Il ne s'agit pas de devenir les justiciers du web mais de créer un endroit d'échange. Croyez-moi, lorsqu'on se fait plagier, c'est stressant, énervant et l'on se sent seul. Si cela vous intéresse, je vous invite à vous rapprocher de notre page facebook (Satof tout simplement).

Ceci étant dit, passons aux choses plus agréables.

Il se passe pas mal de choses dans ce chapitre, j'espère qu'il vous plaira. Je l'ai lu et relu, ainsi qu'Elisa, mais j'avoue que je ne suis pas totalement satisfaite de certaines parties. J'espère qu'il vous plaira quand même.

Je vous souhaite de bonnes vacances pour ce qui sont en vacances et bon courage pour ce qui ne le sont pas ;)

Enjoy & Review!


We are all in the gutter but some of us are looking at the stars.

Oscar Wilde – Lady Windermere's fan

Nous sommes tous dans le caniveau mais certains d'entre nous regardent vers les étoiles.

Oscar Wilde – lady Windermere's fan

Chapitre 17 : Looking At The Stars

Jamais son n'avait été plus doux que la cloche annonçant la fin des cours de la matinée.

Harry poussa un léger soupir et entassa parchemins, plume, encrier et manuel dans son sac sans même prendre la peine de s'assurer que rien ne se renverserait. À côté de lui, Ron leva un sourcil interrogateur qu'il fit mine de ne pas remarquer.

« Généralement, Mr Potter, c'est moi qui déclare que le cours est terminé. » lança McGonagall, en posant la craie en bas du tableau avant de se frotter brièvement les mains pour effacer toute trace de poudre.

Harry s'immobilisa avec une grimace contrite.

« Bien. Puisque Mr Potter est clairement affamé, je vous libère. » déclara la sous-directrice, pince-sans-rire. « Je veux trente-cinq centimètres de parchemin sur la métamorphose des gaz – Finnigan, Thomas, cessez donc de ricaner – et nous attaquerons la semaine dès lundi avec un entraînement aux BUSEs. »

La fin de sa phrase se perdit dans les raclements de chaises et le joyeux brouhaha qui régnait toujours à la fin d'un cours.

« Qu'est-ce qui se passe ? » s'enquit Ron, en fronçant les sourcils. « Tu ne tiens pas en place aujourd'hui. »

Harry ouvrit la bouche pour répondre mais la referma aussitôt lorsqu'il aperçut Neville qui rôdait à proximité. Rôder était peut-être un terme un peu fort, le garçon discutait simplement avec Hermione mais il se tenait trop près et entendrait très certainement la conversation. Jeter un assurdiato simplement pour informer Ron qu'il avait prévu de retrouver le Maître des Potions semblait beaucoup de travail pour rien étant donné qu'il n'avait encore rien expliqué à ses amis de son entrevue avec Dumbledore. Ce n'était pas tant qu'il souhaitait la leur cacher, le Directeur avait même précisé qu'il était libre d'en discuter avec ses meilleurs amis s'il le désirait, mais il préférait en parler avec Severus d'abord.

« J'ai juste envie d'aller faire un tour dans le parc. » mentit-il.

« Mais c'est l'heure de manger. » protesta Ron.

« Je n'ai pas faim. » offrit-il dans un haussement d'épaules.

Le cadet des Weasley ne parut pas convaincu et son froncement de sourcils s'accentua.

« Je t'accompagne. » offrit son meilleur ami.

« Non, non… » refusa-t-il immédiatement. Il jeta un regard alentour et baissa la voix. « Écoute, je te raconterai plus tard, d'accord ? »

« Promis ? » hésita Ron. « Non, parce que… En ce moment… »

Harry ressentit une pointe de culpabilité qu'il étouffa dans l'œuf. En ce moment, il n'était pas un très bon ami, il en était conscient. Il peinait à s'intégrer dans l'énorme groupe qu'était l'A.D., il peinait à rétablir les relations simples mais essentielles qu'il avait toujours partagées avec Ron et Hermione… Hermione, surtout, l'intimidait presque avec cette assurance écrasante qui l'avait toujours définie mais qui semblait s'être accrue pendant son absence. Il n'osait plus ouvrir la bouche de peur de se voir reprocher une fois encore l'arrogance de réussir ce qu'elle ne parvenait pas à accomplir, qu'il s'agisse d'informulés, de Patronus, ou du programme scolaire.

« Ce soir. » promit-il.

Il avait suffisamment de secrets comme ça pour ses amis. Les transformations animagus, l'horcruxe qu'il abritait… C'était bien suffisant.

Il parvint à échapper au groupe d'élèves qui se dirigeaient vers la Grande Salle sans trop de difficultés et se hâta vers le parc, enfilant la cape de laine qu'il tira de son sac tout en marchant et enroulant l'écharpe aux couleurs rouge et or autour de son cou. Le printemps ne se décidait pas à venir, le temps restait froid, le ciel morne et du givre recouvrait encore le sol par endroit.

Il fit un détour pour éviter la cabane d'Hagrid, songeant qu'il lui faudrait rendre visite à son ami incessamment sous peu parce que le demi-géant lui manquait et qu'il n'avait toujours pas eu l'occasion de le voir depuis son retour en dehors des cours de Soins aux Créatures Magiques, et longea la muraille, anxieux de ne pas se faire repérer. Le chemin serait plus long mais plus sûr.

Peut-être prenait-il ces précautions en vain. L'idée l'avait effleuré plus d'une fois depuis qu'il s'était réveillé. Sirius avait-il compris ce qu'il attendait de lui ? Avait-il déduit qui était Nox ? Harry savait que les deux hommes étaient en contact, il savait aussi, grâce à une information que Remus avait laissé échapper lors de leur entraînement, qu'il y avait eu une réunion la veille…

Les écuries seraient peut-être désertes lorsqu'il les atteindrait.

Les sombrals allaient et venaient entre les écuries et l'enclos qui donnait sur la Forêt Interdite, certains levèrent la tête lorsqu'il passa près d'eux. Harry ne s'arrêta pas, cependant, sachant instinctivement qu'aucun d'entre eux n'était Nox. La silhouette familière du sombral qu'il cherchait ne l'attendait pas davantage à l'intérieur des écuries bien qu'il vérifia tous les box. Il se voûta légèrement sous le coup de la déception.

« J'ose espérer que tu ne comptes pas complètement sauter le déjeuner. » lâcha une voix douce aux accents dangereux.

Harry pivota, un grand sourire aux lèvres, juste au moment où le Maître des Potions sortit de l'ombre. Il s'était attendu à devoir parler à Nox pas à ce que Severus ne se risque à le rencontrer sous forme humaine.

« Je dois reconnaître que l'idée était ingénieuse. » continua l'homme d'un ton presque ennuyé. « Le nom de code, me faire parvenir la lettre par un tiers, le choix du lieu… Cela étant, tu aurais dû penser à jeter un sort pour vérifier que l'endroit était vide avant d'y pénétrer. Si j'avais été un assassin, tu serais déjà mort. Il est évident que tu te relâches et que Lupin n'est pas suffisamment strict. Il n'y a… »

Le Professeur ne termina jamais sa phrase.

Harry le percuta comme un boulet de canon. L'étreinte fut brève et, pourtant, c'était tout ce dont il avait besoin. Il ferma les yeux et respira à pleins poumons l'odeur d'herbes séchées qui collaient toujours aux lourdes robes du Maître des Potions. L'espace d'une seconde, elle surpassa celle, plus rance, des animaux et de la paille humide.

« Vous m'avez manqué. » avoua-t-il, lorsqu'il se décida finalement à reculer.

Toujours pudique, Severus ne se laissa pas aller à une confession similaire mais il serra son épaule avant de poser la main sur le haut de son crâne, aplatissant un peu les mèches rebelles qui ne tenaient jamais en place. Le regard sombre le scruta des pieds à la tête et ne parut pas satisfait de ce qu'il voyait. Le Professeur retira sa main avec une moue contrariée.

« Tu n'es pas en forme, Harry. » lâcha Severus. « Fais-tu toujours des cauchemars ? »

Par réflexe, il se frotta les yeux, sachant que les cernes omniprésentes s'étaient creusées ces derniers jours.

« J'ai du mal à dormir. » admit-il. « Ce n'est pas juste les cauchemars, c'est… »

Il laissa sa phrase en suspens, ne sachant très bien comment la terminer, et haussa les épaules.

L'insomnie n'était rien de nouveau. Il lui semblait parfois qu'il ne parviendrait jamais à cesser de penser : à la guerre, aux morts, à l'horcruxe, à Lily et à Severus, à James… Il passait parfois des heures à scruter la Carte des Maraudeurs pour tromper l'ennui et le sommeil qui ne se décidait pas à venir. Il observait Dumbledore faire les cents pas dans son bureau, il suivait du regard la ronde nocturne d'un préfet ou d'un professeur, il attendait que le point libellé Severus Snape revienne sur le domaine…

« L'Occlumencie… » commença le Professeur, sourcils froncés.

« L'Occlumencie aide un peu. » coupa Harry. « Latundo aussi. C'est gérable pour le moment. »

« Le problème avec toi, c'est que tout est gérable jusqu'au moment où tu te retrouves en danger de mort parce que tu ne parviens plus à gérer. » remarqua Severus. « Tu comprendras donc que j'ai du mal à prendre ta parole pour argent comptant. »

Harry les yeux au ciel, agacé. « Vous n'êtes pas en meilleure forme. »

« Attention à ton attitude. » l'avertit l'homme. « Devoir ôter des points à Gryffondor me chagrinerait. »

« Vous savez que plus personne ne se préoccupe des points, n'est-ce pas ? » se moqua-t-il gentiment. « Pas depuis la Trêve. »

« Et je peux t'assurer que Minerva en est enchantée. » répondit Severus de son ton le plus sarcastique. « Ce qui me fait penser… Je ne vois plus d'oreilles de tigre… »

Avec un sourire espiègle, Harry se concentra. Au bout d'une poignée de secondes, deux impressionnantes oreilles se tenaient au sommet de son crâne. Quelques secondes de concentration de plus et elles disparurent.

« Les oreilles, le bras et ma main gauche. » résuma-t-il fièrement. « Mais transformer ma main gauche me prend une éternité. McGonagall dit qu'il se passera des mois voire des années avant que j'arrive à me transformer entièrement. »

« Le Professeur McGonagall est certainement plus apte que moi à t'aider à développer ce don. » répondit le Maître des Potions. « Je suis certain que ton parrain… »

« Non. » l'interrompit-il fermement.

« Harry… » soupira Severus.

« Non. » insista-t-il. « Pas pour le moment. »

Il était décidé à tourner la page avec Sirius, à repartir du bon pied, mais la transformation Animagus était quelque chose qu'il partageait avec Severus, pas avec Sirius.

Le Professeur avait l'air contrarié. « Black prétend que tu as des difficultés avec ton Patronus. »

« Si je dis quelque chose à l'un, il le répète à l'autre ? » demanda-t-il, sans chercher à cacher son agacement. « Sirius est votre nouveau meilleur ami ou quoi ? »

Severus leva un sourcil, absolument pas amusé par le ton qu'Harry employait. Ou bien peut-être était-ce la perspective d'une amitié avec son rival de toujours.

Sachant qu'il ne s'en tirerait pas sans explication, le garçon poussa un soupir.

« Ça va et ça vient. » lâcha-t-il. « Ça dépend des jours. » Comprenant qu'une démonstration s'imposait, il jeta le sort et observa, non sans satisfaction, le sombral argenté s'échapper de sa baguette. Il en flatta l'encolure, heureux de le sentir corporel sous sa main. « Si je pense trop à Vol… » Il se rattrapa au tout dernier moment, les yeux vert se posant brièvement sur l'avant-bras gauche du Professeur. « Vous-savez-qui, je n'y arrive pas. »

« Produire un Patronus nécessite de puiser dans nos émotions positives. Il n'est pas vraiment étonnant que tu n'y parviennes pas lorsque tu es particulièrement déprimé. » offrit Severus.

Harry déglutit péniblement, devinant instinctivement que l'explication n'était pas aussi simple. Il garda les yeux rivés sur le sombral argenté qui étirait son cou squelettique en direction du box le plus proche.

« Professeur… » hésita-t-il.

L'homme fronça légèrement les sourcils, surpris ou blessé, l'expression fut trop fugace et trop rapidement occludée pour que le garçon l'identifie. Il réalisa avec un temps de retard que c'était la première fois depuis un moment qu'il l'appelait par son titre en dehors d'une salle de classe. Severus venait naturellement désormais, principalement parce que son ami lui manquait beaucoup.

Il persévéra pourtant, conscient qu'il n'aurait pu confier à personne d'autre ce qu'il s'apprêtait à révéler.

« Quand je suis vraiment très en colère ou très triste… Quand j'éprouve des émotions très négatives… L'horcruxe. C'est comme un poids, là. » expliqua-t-il, en posa un main sur son plexus. « Ça m'étouffe. »

Plus il avait conscience de l'horcruxe, plus il sentait les ténèbres remuer en lui, étrangères à son être, comme un cancer qui lui rongeait l'âme.

Le Patronus fondit dans un nuage de brume argenté qui s'évapora au bout de quelques secondes.

La main du Professeur se posa sur son épaule. Le poids était léger mais sa poigne était solide, ce fut suffisant pour qu'il se sente rassuré.

« L'horcruxe en lui-même n'est pas un danger tant que tous les autres et le Seigneur des Ténèbres n'ont pas été détruits. » déclara Severus. « Il ne peut pas t'influencer, il ne peut pas te posséder. Il est greffé sur ton âme mais il n'en fait pas partie. Si tu le crains, tu lui prêtes un pouvoir qu'il n'a pas. Nous le vaincrons, Harry, je te l'ai juré. »

Harry hocha la tête sans parvenir à le croire totalement. Il savait que le Professeur l'espérait mais…

« Était-ce de cela dont tu souhaitais me parler ? » s'enquit le Maître des Potions.

« Non. » soupira-t-il. « J'ai deux nouvelles qui vont vous donner envie de hurler. Laquelle vous voulez en premier ? »

Severus se massa l'arrête du nez.

« Celle qui ne concerne pas Dumbledore. » décréta le Professeur.

Harry ne parvint pas à masquer sa surprise. « Comment savez-vous que ça concerne Dumbledore ? »

Le Maître des Potions balaya la question d'un revers de main. « Parce que cela fait trop longtemps qu'Albus n'a pas fait un choix discutable en ce qui te concerne. »

Il analysa cette réponse quelques secondes puis haussa les épaules, incapable d'en nier la logique.

« J'ai eu un T en Botanique. » lâcha-t-il.

Severus accueillit cette annonce sans hurlements mais avec une irritation certaine.

« Si tu pensais que je ne me mettrais pas en colère uniquement parce qu'Albus a encore fait des siennes, tu avais tort. » remarqua le Professeur. « Tu referas ce devoir jusqu'à ce que j'en sois satisfait, compris ? » L'homme le fusilla du regard. « Et bien que j'applaudisse l'initiative, il est inutile de tester tes techniques de Serpentard balbutiant sur moi, est-ce clair ? »

Au moins, songea-t-il, il aurait essayé.

« Sinon… Et c'est là que vous allez vouloir hurler, probablement… Dumbledore a décidé qu'il était temps que je sois plus impliqué dans la guerre. » grimaça-t-il, devinant d'avance que ce n'était pas quelque chose que Severus voudrait entendre.

« Hors de question. » cracha immédiatement le Professeur.

« Il m'a parlé des horcruxes. » contra-t-il, avant que l'espion ait pu se lancer dans une diatribe ponctuée de claquements de cape agacés. « J'ai des informations. »

Cela parut refroidir la fureur qui couvait chez le Maître des Potions.

« Quelles informations ? » exigea de savoir Severus. « T'as-t-il parlé de ton horcruxe ou… »

« Non. Il ne sait pas que je sais pour ça. » répondit-il, avant de se frotter le front. « Ça me donne mal à la tête d'essayer de comprendre qui sait quoi et qui fait semblant. »

Dumbledore savait que les horcruxes existaient et il savait qu'Harry en était un mais il ne savait pas qu'Harry et Severus en étaient conscients. Hermione et Ron savaient pour les horcruxes mais ne savait pas pour Harry. Il y avait trop de secrets, trop de faux semblants et tâcher de préserver les informations qu'il souhaitait réellement dissimuler aux autres s'avérait compliqué.

« Que t'a-t-il dit ? Précisément. » insista Severus. « Legilimens. »

Ses boucliers se dressèrent instinctivement et l'esprit du Maître des Potions s'écrasa dans l'enfer de flammes qui protégeait le sien. Un grognement de douleur échappa au Professeur et il abaissa immédiatement les boucliers, espérant ne pas avoir fait trop de dégâts. Severus se remit vite cependant et Harry ne put qu'attendre et regarder les souvenirs défiler : suivre Dumbledore dans son bureau, le regarder faire léviter la pensine, vider les fioles de souvenirs, les Gaunt, la rencontre entre le Directeur et l'orphelin, les gens que Tom Jedusor avait croisés dans sa jeunesse, son obsession pour les objets ayant appartenus aux Fondateurs, et, enfin, le souvenir tronqué, trafiqué, qui n'appartenait à personne d'autre qu'à Horace Slughorn.

« Il veut que je persuade Slughorn de me donner le vrai souvenir. » déclara-t-il dès que Severus se fut retiré de son esprit. D'après Dumbledore, Slughorn connaîtrait le nombre d'horcruxes que Jedusor avait projeté de créer. « Il dit qu'à cause de Lily j'aurais de meilleures chances de le convaincre. »

« Un bon Legilimens ferait tout autant l'affaire. » grommela le Professeur. « Albus et son obsession pour les quêtes… »

« C'est ce que j'ai dit ! » s'exclama-t-il, avec une pointe de fierté. « La Legilimencie réglerait le problème. »

Les lèvres du Maître des Potions s'étirèrent dans un rictus amusé. « Je suis certain qu'il a admiré ton sens de l'éthique. »

« J'ai eu droit à un discours d'une demi-heure sur l'avantage de la noblesse de Gryffondor sur l'esprit stratège de Serpentard. » admit-il, en levant les yeux au ciel. « Il a quand même fini par admettre que Slughorn était le meilleur Occlumens de sa connaissance. »

Severus émit un bruit dédaigneux, presque vexé. « Cela reste à prouver. »

Et s'il connaissait Severus Snape aussi bien qu'il pensait pouvoir se targuer de le connaître, Harry était certain qu'il était déjà en train de comploter un moyen de se procurer ces souvenirs par la manière forte.

« J'ai accepté de le faire. » déclara-t-il. Il enchaîna avant que l'homme ait pu protester. « De cette façon, on sait ce que Dumbledore sait ! Je peux être un agent double. »

« Harry, personne ne peut tromper Albus Dumbledore. » le gronda Severus. « Si tu penses qu'Albus ne sait pas que tu comptais me rapporter ces informations… »

« Même s'il s'en doute… C'est toujours des informations qu'on n'aurait pas eues autrement. » insista-t-il. « Maintenant, on sait que Dumbledore pense que le médaillon de Serpentard, la bague des Gaunt et la coupe de Poufsouffle sont des horcruxes. Ça en fait trois. »

« Certes. » capitula Severus. « Je suppose que ce sont des pistes que nous pouvons explorer. Simplement… Horace Slughorn est un lâche mais un lâche plus retord qu'il n'y parait. Sois prudent. »

Il acquiesça. S'il avait retenu une seule chose de son séjour à Serpentard, c'était qu'il ne fallait sous-estimer personne.

« Au fait… » reprit-il, sur le point de lui demander où ils en étaient de cette histoire d'espion dans l'Ordre – encore une chose qu'il avait soigneusement cachée à ses meilleurs amis.

Des éclats de voix en provenance de l'extérieur l'en empêchèrent. Deux voix distinctes, jeunes, qui chahutaient gentiment et se dirigeaient droit vers eux. Avant qu'Harry n'ait pu demander si le Professeur avait pensé à jeter des protections, à moitié certain qu'ils avaient tous les deux fait l'impasse puisque les écuries étaient isolées et désertes, Severus attrapa son bras et le tira à l'extérieur, se lançant dans une diatribe enragée sur les fouineurs qui préparaient en permanence un mauvais coup. De temps en temps, il secouait son bras pour mieux ponctuer ses accusations et, bien que cela ait dû paraître brutal aux deux jeunes hommes qui se dirigeaient vers eux, à aucun moment Severus ne lui fit mal.

Jouant son rôle, Harry se débâtit et l'accusa de tous les maux de la terre.

« Lâchez-le ! » ordonna l'un des deux nouveaux venus avec une fureur glaciale.

Le Maître des Potions cessa de l'interpeller pour toiser les deux jeunes hommes avec irritation. Il ne lâcha pas le bras d'Harry et le Gryffondor supposa qu'il était prêt à le pousser derrière lui au moindre signe de danger. À sa connaissance, les deux sorciers n'avaient rien à faire là.

« Charlie ? » s'étonna Harry, dans un froncement de sourcils.

« Salut, Harry. » répondit le frère de son meilleur ami avec un sourire soucieux. Ses yeux ne cessaient de passer de Severus à son ami qui fusillait le Professeur du regard. « Anthony... »

« Lâchez-le. » répéta le dénommé Anthony, dans un grondement, en tirant sa baguette de sa poche.

Severus leva un sourcil moqueur, un rictus méprisant aux lèvres. « Il me semble que les gardes-chasses assistants n'ont guère leur mot à dire lorsqu'il est question de discipline. Cela reste la prérogative des professeurs – ou aurais-je raté un mémo ? »

Harry aurait souhaité que, pour une fois, Severus ne se sente pas obligé de toujours aller à l'affrontement.

« Ça, ce n'est pas de la discipline. » rétorqua Anthony, en désignant d'un geste de la tête les doigts qui encerclaient le bras du garçon. « Je connais les brutes comme vous. Vous ne vous attaquez jamais aux gens de votre taille. C'est plus facile de s'en prendre à un gamin, pas vrai ? Dernier avertissement. Lâchez-le ou vous le regretterez. »

Harry grimaça.

« Anthony... » grinça Charlie. « Je ne pense pas... »

« De quoi êtes-vous en train de m'accuser précisément ? » siffla le Mangemort. Il libéra le Gryffondor mais cela ne rassura pas le garçon pour autant, persuadé qu'il ne s'agissait là que d'une manière de s'assurer plus d'aisance lors d'un duel.

« De rien, Professeur. » intervint fermement le frère de son ami. « Harry, tu ferais mieux de retourner au château. Maintenant. »

L'ordre était à peine déguisé et cela l'agaça. Pourquoi Charlie se sentait-il autorisé à lui donner des ordres exactement ? Parce qu'il avait le même âge que Ron ? Il jeta un coup d'œil à Severus mais celui-ci eut un hochement de tête à peine perceptible.

« Nous règlerons cela plus tard, Potter. » lâcha le Maître des Potions. Harry ne s'était pas éloigné de beaucoup lorsqu'il entendit le Professeur prendre congé avec une remarque cassante.

Le déjeuner n'était pas terminé lorsqu'il se glissa dans la Grande Salle. Il trouva Ron sans trop de peine, attablé à la table des Poufsouffles avec Lavande, Luna et Neville.

« Qu'est-ce que ton frère fait à Poudlard ? » demanda-t-il, en se laissant tomber sur le banc.

Ron fronça les sourcils, visiblement confus.

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« Ma priorité est la sécurité de Laura. » insista Remus, en reposant la tasse de thé sur sa soucoupe. « Vous comprendrez donc que j'ai préféré garder l'information pour moi, hier soir. »

Il était intéressant de noter, observa Albus, la différence de comportement entre les deux meilleurs amis. Là où Remus se tenait droit, grignotait proprement les petits sandwiches qu'un elfe avait apporté, et buvait son thé avec précision et attention, Sirius était avachi dans le fauteuil, des miettes plein la chemise, le thé oublié sur le plateau en argent. Le Sang-Mêlé et le Sang-Pur... Il était amusant de constater comment ces titres qui déchiraient le monde magique ne signifiaient rien, au fond. Peut-être aurait-il dû inviter Tom à prendre le thé en compagnie de quelques Sang-Mêlés, Sang-Purs et Nés-Moldus et le laisser constater de visu à quel point certaines traditions se perdaient.

La pensée l'amusa quelques secondes mais il la chassa rapidement. L'hostilité latente qui émanait des deux hommes avait envahi le bureau à la seconde où ils avaient franchi sa cheminée.

« C'est nouveau. » marmonna Sirius.

« Pas maintenant, Patmol. » cingla le loup-garou.

Se faire réprimander comme un enfant ne poussa Sirius qu'à se rembrunir davantage.

« Naturellement. » accorda finalement Albus, avec un hochement de tête approbateur. Il était heureux que Remus ait eu la présence d'esprit de ne pas divulguer lors du Conseil que Laura Flemming l'avait contacté. Il ne tenait pas à ce que leur espion élusif rapporte l'information à Voldemort. « Je suis, cependant, heureux de constater que votre confiance en Sirius reste inchangée. »

« Oh, rien à voir. » ironisa l'Animagus, en balayant cette affirmation d'un revers de main. « Je fais partie de la meute, c'est tout. »

Remus s'ébroua presque avec agacement. « Ce n'est pas le moment. »

« Arrête de me donner des ordres. » gronda Sirius. « Je te jure que c'est en train de sérieusement m'agacer. »

« Bien, bien... » intervint-il avant que cela n'ait pu dégénérer. « Le rendez-vous est fixé pour ce soir, disiez-vous, Remus ? »

« Ce soir, près du loch. » confirma le loup-garou.

« Êtes-vous certain qu'il ne s'agisse pas d'un piège ? » s'enquit-il, en portant sa propre tasse de thé à ses lèvres.

« J'ai confiance en Laura. » déclara tranquillement Remus. « Elle ne trahirait pas son alpha. »

Sirius leva les yeux au ciel si fort qu'Albus craignit presque qu'il ne se blesse.

« Greyback était son alpha jusqu'à présent et ça ne l'empêche pas de le trahir. » remarqua très justement l'Animagus.

« C'est différent. » rétorqua son meilleur ami.

« J'avoue que la question de Sirius me semble pertinente. » offrit plus diplomatiquement Albus.

Remus soupira et se frotta les yeux, cherchant très visiblement comment mettre en mots quelque chose qui appartenait à sa partie animale et, en conséquence, était instinctive.

« Greyback l'a forcée à rejoindre sa meute comme il a forcé tous les solitaires. Laura a rejoint sa meute sous la menace. » expliqua le loup-garou au bout de longues secondes. « Lorsqu'elle m'a approché pour la première fois sur le Chemin de Traverse, elle a demandé à rejoindre ma meute. Lorsque je l'ai marquée... Elle désirait ma marque. C'est... » Il hésita. « Je ne suis pas certain de pouvoir expliquer mieux que je viens de le faire, je regrette. Laura m'a choisi pour être son alpha, elle ne me trahira pas, cela irait à l'encontre de son instinct de loup. La loyauté une fois acquise est éternelle. Greyback n'a jamais gagné sa loyauté, il l'a prise par la contrainte. »

Albus réfléchit à la chose quelques secondes puis approuva d'un hochement de tête. « Je vous fais pleinement confiance sur le sujet. Avez-vous songé à la suite ? La potion nous sera d'une aide précieuse mais nous ne pouvons nier qu'un espion au sein de la meute... »

« Non. » répondirent les deux hommes d'une même voix.

Sirius parut agréablement surpris.

Remus ne lui prêta aucune attention. Son regard était rivé sur Albus qui ne put empêcher son léger mouvement de recul. Il y avait un éclat dangereux dans les yeux qui le fixaient avec insistance.

« Laura n'est pas une combattante. » gronda le loup-garou. « Elle doit être protégée. Je ne mettrais pas ma meute davantage en danger. »

Albus ne trahit pas le moindre signe de contrariété face à cette déclaration mais il n'en était pourtant pas enchanté.

« Fort bien. » capitula-t-il, sachant qu'insister à l'instant ne se solderait que par un loup-garou furieux. Tout n'était pas perdu. Peut-être perdraient-ils un espion potentiel mais une fois que Severus aurait réussi à dupliquer la potion et, espérait-il, à l'associer à la potion Révèle-loup, l'Ordre disposerait de deux loups-garous, ce qui n'était pas négligeable lors d'un combat. « Toutefois, je préfèrerais qu'une troisième personne se joigne à vous pour parer à toute éventualité. »

« Ce sont des affaires de meute, Albus. » gronda Remus.

Pourquoi tout le monde persistait à vouloir contester son autorité récemment ?

« Miss Tonks vous couvrira. » décréta-t-il. « Ce n'est pas discutable. Elle se chargera également du transport de la potion. »

Tonks était le choix logique. Il était certain qu'elle n'était pas l'espion et il préférait limiter les contacts entre Sirius et Severus autant que possible.

« Dora appartient à la meute. » déclara Remus. « C'est acceptable. »

Albus se retint à grand peine de lui rappeler que ce n'était pas à lui d'accepter ou de dicter les règles du jeu.

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« Je ne suis pas entièrement certaine que cette excuse convaincra Molly. » soupira McGonagall, en apparaissant à sa gauche dans le CRACK caractéristique du transplannage. « Après tout, les jumeaux ont fait bien pire que de poser une bombabouse sur le fauteuil d'un enseignant. »

Severus parcourut les alentours du regard, s'arrêtant brièvement sur les collines boisées qui dissimulaient le Terrier à la vue du premier venu.

« Mon fauteuil, Minerva. » lui rappela-t-il avec contrariété. Et ce n'était pas trop tôt. Il avait presque fini par croire que les jumeaux s'étaient achetés une conduite. « Finissons-en. Je suis attendu plus tard. Je n'ai guère envie de perdre ma soirée. »

Déjà le soleil se couchait, teintant le ciel de couleurs orangées. Il suivit la sorcière le long du chemin qui menait au Terrier, Minerva étant visiblement plus accoutumée à fréquenter les lieux qu'il ne l'était. Ils s'immobilisèrent en marge des protections qui entouraient la maison. Efficaces et puissantes, nota-t-il, suffisamment dans tous les cas pour garder les importuns à l'extérieur – ou pour garder quelqu'un enfermé à l'intérieur...

« Avez-vous donc encore une réunion ? » s'enquit Minerva alors qu'ils patientaient. « Vous avez disparu, hier soir. Je pensais que vous aviez été appelé. »

Severus ravala un soupir, sachant pertinemment que mentir n'aurait servi à rien. Il aurait suffi à la sous-directrice de se renseigner auprès d'Albus pour que la supercherie soit découverte et cela n'aurait contribué qu'à se rendre davantage suspect aux yeux des autres.

« Miss Tonks souhaitait mon aide. » déclara-t-il finalement d'un ton détaché.

« Oh. » répondit-elle en détournant les yeux avec un drôle de sourire. « Je vois. »

« Et que voyez-vous précisément ? » siffla-t-il, en la fusillant du regard.

Elle prit un air innocent qui ne lui convenait pas le moins du monde.

« Rien de bien particulier. » répondit-elle. « Pourquoi ? Devrais-je y voir quelque chose, Severus ? Il est vrai que vous êtes rentré bien tard ce matin... »

« Peut-être serait-il temps que vous vous mêliez de ce qui vous regarde. » grinça-t-il. « Que font-ils à la fin ? »

« Peut-être n'y a-t-il personne... » hasarda-t-elle, sans grande conviction. De la fumée s'échappait de la cheminée. « Il n'y a aucune raison de le prendre sur ce ton, Severus. Nymphadora est une jeune femme charmante et... »

« Une jeune femme qui a été mon élève. » coupa-t-il.

« Il y a de cela longtemps. » tempéra-t-elle. « Je ne vois pas qui y trouverait à redire. Vous ne seriez pas le premier. »

« J'y trouve à redire. Il n'y a rien d'inconvenant entre Miss Tonks et moi, que cela soit clair. » déclara-t-il. « Elle souhaitait mon aide et il aurait été malvenu de refuser. Vous me surprenez, Minerva. »

La sous-directrice pinça les lèvres avec une certaine irritation.

« Il serait bien hypocrite de ma part d'approuver sa liaison avec Remus et de vous refuser les mêmes égards. » offrit-elle.

La tentation de se passer une main sur le visage était grande mais Severus demeura de marbre, refusant de ressentir une quelconque gêne à propos d'un fait dont il n'était pas coupable.

« Il n'y a pas de liaison. » gronda-t-il. « Une amitié, à la rigueur. »

« Si vous le dites, Severus. » soupira-t-elle, d'un ton qui suggérait qu'elle capitulait pour lui faire plaisir davantage que parce qu'elle était convaincue.

« Je le dis et je l'affirme, il n'y absolument rien entre Nymphadora et moi. » cingla-t-il.

« Je suppose que c'est bon à savoir. » lança une voix familière dans leur dos. « Même si l'idée qu'il pourrait y avoir quelque chose est un peu perturbante. Drôle mais perturbante. »

Severus ferma brièvement les yeux avant de se retourner pour faire face au second fils Weasley et à son acolyte. Deux rencontres en une seule journée étaient plus qu'il ne le désirait. Minerva les salua poliment, s'adressant à Charlie avec la même tendresse qu'elle réservait toujours à ses anciens élèves préférés. Des élèves, songea Severus avec amertume, qu'elle ne prenait pas plaisir à embarrasser avec des insinuations saugrenues.

Sans compter qu'il était absolument impardonnable de sa part – pour ne pas dire humiliant – qu'il n'ait pas repéré les deux jeunes hommes avant qu'ils ne leur tombent dessus.

Anthony le dévisageait comme s'il n'avait rien désiré d'autre que de lui jeter un Avada mais Severus ne daigna pas lui adresser un regard. Être traité de brute n'était peut-être pas nouveau, et peut-être en était-il une, au fond, toutefois il n'avait jamais levé la main sur un enfant et être accusé d'une telle chose... Le voyage en soixante-quinze et revivre, bien qu'à distance, l'année la plus marquante de sa vie l'avait laissé à vif. Ce genre d'accusation le faisait penser à Tobias et Tobias... Il aurait souhaité pouvoir oublier jusqu'à son existence.

« Que faites-vous là ? » s'enquit Charlie. « C'est bizarre. Bill aurait dû vous laisser entrer... »

« Bizarre, en effet. » répéta Minerva, un brin ironique. « Nous souhaitions parler à Molly. Nous regrettons bien entendu de l'importuner mais c'est important. »

« Tout le monde va bien ? » s'inquiéta immédiatement Charlie.

« Vos frères et sœur sont en parfaite santé. » le rassura immédiatement la Directrice de Maison de Gryffondor. « Nous souhaitons simplement discuter de Fred et George avec Molly. »

« Oh... D'accord. » lâcha le jeune homme avec un soulagement certain.

Il fallut quelques minutes et quelques incantations avant qu'ils soient autorisés à pénétrer les protections magiques qui entouraient le Terrier. Severus n'y était venu qu'une seule fois auparavant, lors d'une visite assez similaire à celle-ci où il avait accompagné Minerva alors qu'elle venait se plaindre du comportement de Charlie Weasley justement, pourtant il remarqua immédiatement les différences. La maison était en piètre état et ne paraissait tenir debout que par la grâce d'une centaine de sortilèges.

Charlie les précéda à l'intérieur de la maison.

« Où étais-tu passé ? » lança immédiatement la voix de Bill Weasley en provenance du salon. « Je dois partir, j'ai... »

L'ainé des Weasley émergea dans le couloir uniquement pour se taire lorsqu'il s'aperçut qu'ils avaient de la compagnie.

« Le Professeur McGonagall veut parler des jumeaux à maman. » expliqua Charlie.

« Maman est très fatiguée. » riposta Bill.

« Bill, mon chéri, nous avons de la visite ? » appela Molly du salon. « Fais les entrer... »

À son expression défaite, Severus devina que la partie venait de s'achever.

Et Bill Weasley avait perdu.

°°O°°O°°O°°O°°

Sirius en venait à sérieusement détester l'Écosse.

Une nouvelle fois, il se retrouvait sur la lande parfaitement déprimante pour ne pas dire dérangeante.

Une nouvelle fois, il faisait un froid de canard et les cigarettes qu'il fumait à la chaîne ne le réchauffaient guère.

Une nouvelle fois, il avait des envies de meurtre.

« Quand j'ai dit que je voulais repérer les lieux avant le rendez-vous, je ne voulais pas dire quatre heures à l'avance, Remus. » cingla Tonks, en tapant du pied. Elle n'était pas de la meilleure humeur qui soit. Elle venait à peine de s'asseoir sur son canapé, après sa journée de travail, lorsque Remus l'avait contactée par cheminette et le loup-garou avait été surpris et contrarié de se voir l'accès à son appartement refusé. Ce qui n'avait fait que mettre sa cousine davantage en colère.

Les remarques passives-agressives avaient enflé jusqu'à devenir une véritable dispute et Sirius assistait à la scène, impuissant. Il fixait la queue de cheval qui emprisonnait les cheveux courts de sa cousine et tressautait au moindre mouvement et se demandait s'ils allaient finir par s'embrasser ou s'entre-tuer. À l'instant, il aurait davantage parié sur la seconde option.

« Merde, à la fin ! » continua-t-elle, en enfonçant les mains dans les poches de son blouson. « J'ai dormi deux heures, cette nuit. Je suis claquée. Je n'ai pas envie de me geler les fesses pendant des plombes ! »

« Pourquoi n'as-tu dormi que deux heures ? » demanda Remus, un drôle de grondement dans la voix. « Tu es partie tôt du QG. »

« Je n'ai pas de compte à te rendre. » rétorqua-t-elle sur le champ.

Sirius poussa un soupir, lâcha sa cigarette et l'écrasa d'un coup de talon.

« Tu étais avec quelqu'un ? » insista Remus. « Tu as rencontré quelqu'un d'autre ? Est-ce pour ça que... »

Voyant que sa cousine s'empourprait davantage de colère de minute en minute – et, également, parce que Remus était en train de creuser sa propre tombe sans s'en apercevoir et parce que l'Animagus était un meilleur ami en or – Sirius leva les yeux au ciel.

« Nouvelle règle. Plus personne ne part en mission avec un ex. » lâcha-t-il. « Je n'en peux plus de vous tous et de vos histoires de couple. Tonks, va te mettre en place dans les fourrés. Remus, met toi là-bas et, surtout, ne vous adressez plus la parole. »

Il tira son paquet de sa poche, constata qu'il était vide, et fusilla ses amis du regard.

Tonks partit en grommelant.

Remus s'éloigna avec une telle expression contrariée que Sirius était certain que, sous forme animale, sa fourrure aurait été entièrement hérissée.

« Je ne suis pas plus heureux que vous ! » lança-t-il, parce qu'ils lui jetaient tous les deux des regards noirs.

°°O°°O°°O°°O°°

Bill assista à la scène avec la même impuissance qu'il aurait ressenti face à deux trains prêts à se percuter.

Il observa, impassible, les deux enseignants prendre place sur le canapé élimé du Terrier. McGonagall s'enfonça dans les coussins et tenta de se redresser discrètement, sans un mot ou un geste. Snape fit de même avec une expression plus hargneuse, clairement contrarié de voir la précieuse distinction qu'il mettait à toute chose volée par un canapé trop vieux.

Anthony se percha sur un des fauteuils sans un mot mais avec une hostilité palpable envers les professeurs – ou peut-être juste Snape. Quant à Charlie, il répondit à son regard noir d'un haussement d'épaules et lui glissa dans un murmure qu'il ne pouvait tout de même pas les laisser dehors.

Molly semblait, pour sa part, enchantée de la visite.

Depuis trop longtemps enfermée avec ses fils et Anthony pour seule compagnie, elle déblatérait dans une logorrhée verbale qui ne permettait à personne de prendre la parole.

À la première mention de Fabian, Bill grimaça.

À la seconde mention d'Arthur, il croisa le regard de Charlie qui détourna immédiatement le sien. Son frère était-il heureux de la situation ? Des coups d'œil discrets mais marqués qu'échangeaient Snape et McGonagall ? La folie de leur mère leur pesait à eux tous, à lui et à Percy plus qu'à Charlie puisqu'ils étaient ceux qui endossaient le plus de responsabilités. Charlie, lui, allait et venait comme bon lui semblait avec Anthony, distrait et tête en l'air. Bill mettait ça sur le compte de l'amour mais il avait admis plusieurs fois à Percy que l'attitude désinvolte de leur frère l'ennuyait.

Lorsque Molly promit qu'Arthur ne tarderait certainement pas à rentrer du travail, Bill offrit finalement du thé à leurs invités.

Il n'était pas encore temps d'abandonner, songea-t-il. Il avait sacrifié trop de choses, était tombé trop bas pour que le château de cartes s'écroule aussi vite. Il s'échappa dans la cuisine, mis la bouilloire sur le feu d'un coup de baguette et prépara théière et tasses, avant de tirer la fiole de potion calmante de sa poche. Il mit une tasse à l'écart et fit tomber quelques gouttes à l'intérieur. Une dizaine, juste assez pour qu'une mince flaque se forme au fond de la tasse.

« Je prendrais mon thé sans poison. » lança la voix caractéristique du seuil de la cuisine. Une main de fer dans un gant de velours, c'était la meilleure manière de décrire la voix de Severus Snape.

Bill ferma les yeux et posa le flacon de potion sur la table, sa couleur bleutée refléta brièvement la lumière du lumos qui flottait au plafond.

« Ce n'est pas du poison. » se défendit-il, en se tournant vers le Professeur. Il ne fut pas particulièrement surpris de se voir menacé par une baguette qui ne tremblait pas. Il ne fit pas un geste pour tirer la sienne de sa poche.

« Cela dépend de vos intentions. » remarqua l'homme. « Et de si l'erreur est sincère ou calculée. Essayez-vous de rendre votre mère folle ou êtes-vous aussi incompétent devant un chaudron que vous le paraissez ? S'il s'agit seulement bien de votre mère, bien entendu... »

Les yeux sombres cherchaient les siens avec un peu trop d'insistance. Il détourna le regard. Il n'était pas versé dans la magie de l'esprit mais il en connaissait suffisamment sur le sujet pour se méfier. Il fronça les sourcils, levant les deux mains devant lui en signe de reddition.

« Je ne comprends pas ce que vous dites. » avoua-t-il. « Ma mère est folle. La potion calmante... »

« La potion calmante, telle que vous la préparez, fait davantage de dégâts que n'importe quel sortilège de confusion. » cingla Snape. « Quant au reste... Que faites-vous la nuit chez Barjow et Beurk ? »

Bill en aurait presque éclaté de rire s'il n'avait pas été aussi en colère.

« Je vois qu'on peut compter sur Fletcher pour garder les secrets. » grinça-t-il. « Je suppose que vous avez des fonds plus importants que les miens. »

Il avait payé cent cinquante gallions pour le silence du receleur. Une fortune. Et tout ça pour quoi ? Pour qu'il le vende à la première opportunité. Il n'était même pas surpris.

Snape resta de marbre. À peine tourna-t-il légèrement sa baguette d'un air menaçant.

« Répondez à la question. » exigea-t-il.

« De quel droit vous présentez-vous chez moi pour me menacer ? » siffla Bill.

« Le droit du plus fort. » répondit calmement le Maître des Potions. « Vous pouvez répondre à mes questions ou nous pouvons attendre qu'Albus soit présent. Nos méthodes sont on ne peut plus différentes mais ne pensez pas une seconde qu'elles sont moins douloureuses l'une que l'autre. »

Bill secoua la tête avec dépit.

La charade était terminée. À quoi bon s'acharner ?

« J'ai besoin d'argent. » lâcha-t-il. « Barjow est le seul qui a besoin d'un briseur de sorts de manière régulière. Et ses prix sont corrects. »

« Pourquoi en avoir fait un tel secret ? » insista le Professeur.

Bill tira une chaise et s'assit, avant de se passer une main sur le visage. Il était épuisé de tous ces tracas qui le faisait vieillir trop vite.

« C'est vous qui demandez ça ? » se moqua-t-il presque. « Vous connaissez Fol'Œil. Pour lui, tout ce qui touche à l'Allée des Embrumes a à voir avec les Mangemorts, alors Barjow et Beurk... Si j'avais vu passer quoi que ce soit qui aurait pu être utilisé contre nous, je l'aurais dit. Mais pour le moment, je n'ai rien vu que des babioles maudites depuis des générations alors je ne voyais pas l'intérêt d'avoir à supporter des critiques. »

« Et Lucius Malfoy ? » s'enquit Snape avec une nonchalance feinte.

« Il voulait que j'examine un pendentif. » soupira Bill. « Une amulette qui aurait soit disant eut des pouvoirs à usage unique... Il voulait savoir si on pouvait la réactiver mais ce n'était qu'un caillou. Je lui ai dit qu'il s'était fait avoir. »

Le Professeur tiqua très visiblement à cette information. « Une pierre noire barrée d'un P ? »

« Oui. » répondit-il, en levant les yeux vers le Maître des Potions. « Pourquoi ? Ce n'était qu'un caillou, Professeur. Si cette amulette a eu des pouvoirs un jour, elle n'en a plus désormais. »

« Et c'est là l'étendu de vos échanges avec Lucius ? » pressa l'homme, sans répondre à sa question.

Bill hocha la tête. « Je ne pense pas qu'il ait été ravi de faire affaire avec moi. »

Snape l'étudia longuement du regard, cherchant à décider, probablement, de la meilleure manière de poursuivre.

Il hésita trop longtemps.

« Qu'est-ce que vous faites ?! » s'exclama Charlie.

Les réflexes du Professeur n'étaient plus ce qu'ils étaient ou ils étaient émoussés par la fatigue. Le temps que Snape tourne la tête vers son frère, Charlie avait sa baguette pointée sur lui. Le Maître des Potions garda la sienne rivée sur Bill, sans paraître s'inquiéter de se voir menacé. Il fut évident, bien vite, lorsque McGonagall apparut, forçant Anthony à avancer d'une main sur l'épaule, sa baguette fermement serrée dans sa main que Snape ne s'était jamais senti en danger, ayant toute confiance en la sous-directrice pour couvrir ses arrières.

« Molly ? » s'enquit Snape.

« Un léger somnus. » répondit laconiquement McGonagall. « Le temps que nous fassions le clair sur cette affaire. »

« Je n'ai suffisamment de Veritaserum que pour une personne. » lâcha le Professeur.

« Veritaserum ? » répéta Charlie. « Mais qu'est-ce qui se passe, à la fin ?! »

« Il se passe que votre idiot de frère empoisonne votre mère depuis des semaines, peut-être des mois, avec des potions mal préparées. » siffla Snape. « Et j'aimerai savoir s'il s'agit d'une erreur ou si c'était à dessein. »

« Vous n'êtes pas sérieux. » protesta Anthony. « Molly est devenue folle de chagrin. Charlie, Percy et Bill ont tout fait pour... »

« Il ne me semble pas vous avoir demandé votre avis. » coupa froidement le Maître des Potions. « Minerva, emmenez donc ces deux-là faire un tour dans le jardin le temps que j'obtienne des réponses. »

« Vous ne pouvez pas débarquer chez les gens et... » gronda Charlie.

McGonagall le fit taire d'un silencio informulé.

« Que souhaitez-vous faire pour Molly ? » s'enquit-elle.

Snape hésita, avant d'émettre un claquement de langue agacé.

« Réglons d'abord cette affaire. » lâcha-t-il. « Ensuite, nous verrons ce que nous pouvons faire. Poppy... »

« Non. » intervint Bill. Il affronta les regards des deux enseignants sans flancher. « Je veux bien prendre le Veritaserum. Je veux bien répondre à vos questions. Mais, ça ne peut pas se savoir. »

Le visage de McGonagall s'adoucit.

« Il n'y a rien de honteux, Mr Weasley. » offrit-elle maladroitement. « Nul ne peut nier que votre mère a eu son lot de chocs émotionnels cette année et... »

« Oui, Ginny, Ron et les jumeaux aussi. » contra Bill. « Vous savez comment la Gazette fonctionne. Si elle rentre à Sainte Mangouste, ils en auront vent et je ne veux pas qu'ils l'apprennent par la presse. Je ne veux pas qu'ils l'apprennent tout court. Je ne veux pas qu'ils s'inquiètent. Ils ont suffisamment subi, cette année. »

« Si sa condition est permanente, je ne suis pas certain que vous parviendrez à le leur cacher éternellement. » commenta Snape. « Je peux l'examiner mais je ne suis pas Médicomage. Et il lui faut très clairement un Médicomage. »

« On voulait appeler Andromeda. » lâcha Anthony, légèrement calmé. « La maison des Tonks est sous Fidelitas. Impossible de les contacter. »

« Les décisions peuvent attendre. » décréta Snape, en signalant d'un geste de tête à Minerva d'emmener Charlie et Anthony. Ni l'un ni l'autre ne parurent ravis de se voir escorter à l'extérieur de la cuisine.

Bill avala le veritaserum sans joie mais sans protester, sachant que c'était le prix à payer pour ses dissimulations, mensonges et secrets. Il était presque soulagé à vrai dire, soulagé de ne plus avoir à porter ce poids seul sur ses épaules.

La potion le plongea immédiatement dans une sorte de torpeur qu'il ne chercha pas à combattre. Il s'étonna de la première question sans que la potion ne l'autorise à s'en inquiéter.

« Espionnez-vous l'Ordre du Phoenix pour le Seigneur des Ténèbres ? »

°°O°°O°°O°°O°°

À mesure que l'heure du rendez-vous approchait, Remus devenait de plus en plus agité. Sa part animale était excitée à l'idée de retrouver sa meute au complet mais inquiète pour la louve qui n'aurait jamais dû se retrouver au combat. Il faisait les cents pas sous le regard impénétrable de Sirius.

Plus loin, dans un épais fourré, dissimulée sous un sortilège de désilusion, Tonks surveillait les environs.

Ses amis. Sa meute.

Il appréhendait la rencontre, s'imaginant déjà le piège qui ne manquerait pas de se refermer sur eux.

Ce fut presque décevant lorsque Laura apparut, enveloppée dans un gilet de laine gris qui ne la réchauffait très certainement pas assez étant donné la froideur glaciale de la nuit, et avança vers eux. Aucun Mangemort ne la suivit, aucun loup-garou ne hurla à la lune. Elle se hâta vers lui et il la rejoignit à mi-chemin malgré l'avertissement de Sirius de rester dans le périmètre qu'ils avaient établi plus tôt.

Sirius et Tonks n'étaient pas des loups. Ils ne sentaient pas chanter la magie de la meute dans leurs veines, ils n'en avaient pas le goût de liberté dans la bouche ou l'odeur rassurante dans le nez. Laura, par contre, eut presque un sourire extatique lorsqu'ils se rejoignirent enfin. Leurs mains se trouvèrent sans qu'ils aient à chercher et il repoussa tendrement les mèches brunes et éparses qui lui tombaient sur le visage.

Il était difficile de définir les sentiments qui se bousculaient dans sa poitrine : possessivité, tendresse, affection... Il ne connaissait pas Laura, pas vraiment, mais leurs loups étaient liés à présent.

« As-tu la potion ? » s'enquit-il, le tutoiement lui montant naturellement aux lèvres.

Elle hocha la tête, tirant une fiole de sa poche. Le liquide brillait d'un éclat étrange, presque phosphorescent. Lunard l'observa, fasciné, avec l'impression de tenir un rayon de pleine lune dans le creux de sa paume.

« C'est fini, maintenant, n'est-ce pas ? » balbutia-t-elle. « Tu as promis. »

« J'ai promis. » la rassura-t-il doucement. « Je vais t'emmener dans un endroit sûr. »

S'il avait été loup, il se serait frotté contre elle en signe d'affection et réconfort. Il n'y avait rien de romantique dans le baiser qu'il déposa sur son front, ni dans celui, chaste et innocent, qu'il pressa brièvement contre ses lèvres. Sa simple présence rassurait Laura, c'était la magie de la meute. Son contact apaisait sa frayeur. Pour la première fois depuis qu'elle avait transplanné, elle cessa de trembler. Il ôta sa veste et la drapa sur ses épaules frêles.

Les chaussures de Sirius crissèrent sur la mince couche de givre qui recouvrait la terre et il jeta un regard contrarié par dessus son épaule. Un grondement protecteur enfla dans sa poitrine mais s'évanouit avant d'atteindre sa gorge.

Son meilleur ami adressa un sourire à Laura avant de tendre la main.

Lunard y déposa la fiole sans parvenir à la lâcher des yeux. Le liquide murmurait son nom avec l'intonation du vent entre les branches d'un arbre, de la sensation de la terre s'enfonçant sous ses pattes... L'appel émanait de la lune elle-même et, en lui, le loup hurlait sa mélancolie.

Laura pressa brièvement sa main, brisant l'enchantement que l'étrange lumière exerçait sur lui.

« Je l'entends aussi. » murmura-t-elle avec frayeur.

Parce qu'elle n'avait pas encore goûté à la potion Révèle-loup, supposa-t-il. Elle était comme lui, avant qu'il ne comprenne. Elle craignait son loup, était terrifiée par la transformation... Elle ne savait pas encore qu'il n'y avait rien à redouter.

Il se promit de la libérer de ce fardeau dès la prochaine pleine lune.

Avec sa potion, Severus allait changer la vie de tous les lycanthropes.

« Je vais porter ça à Tonks. » déclara Sirius, ses yeux gris passant de Remus à Laura.

Remus approuva d'un hochement de tête, son regard s'arrêtant brièvement sur l'endroit où Tonks était cachée. Lorsqu'il attira Laura contre lui pour amorcer le transplannage d'escorte, il s'agissait moins, cette fois-ci, de rassurer la jeune femme que de contrarier l'Auror.

Après tout, elle n'était pas la seule qui pouvait passer sa nuit avec des personnes mystérieuses.

°°O°°O°°O°°O°°

Minerva n'abaissa sa baguette que lorsque Severus émergea du Terrier avec un hochement de tête. Charlie et Anthony se précipitèrent tous deux à l'intérieur.

« Ce n'est pas notre espion. » soupira-t-elle, avec soulagement.

« Non. » répondit son ancien élève, en se massant l'arrête du nez. Signe, s'il en fallait un, qu'il était fatigué. « J'ai examiné Molly. Elle est devenue dépendante aux potions calmantes et aux potions de sommeil sans-rêve. Il m'est impossible de déterminer quel degré de confusion est dû aux potions. Je ne peux dire si elle est sérieusement malade ou s'il s'agissait simplement du contrecoup que ses enfants auront empiré en la gavant de philtres. »

« Ils pensaient bien faire. » tempéra-t-elle.

Severus soupira.

« Peut-être. » admit-il. « Mais nous voilà avec un sérieux problème sur les bras et plus aucun suspect. Encore que. »

« Encore que ? » l'encouragea-t-elle.

Il jeta un regard alentours et balaya la question d'un geste de la main. Plus tard, comprit-elle, lorsque les murs n'auraient plus d'oreilles.

« Poppy sait être discrète. » reprit-elle, revenant au sujet qui les préoccupait. « Et elle est très compétente. »

« Je ne suis pas certain que ce soit son domaine d'expertise. » remarqua-t-il. « Toutefois, elle pourrait déjà soigner la dépendance... Nous devons prévenir Albus. »

Minerva approuva d'un hochement de tête. Elle comprenait fort bien pourquoi il était nécessaire de cacher au Directeur certaines choses, lui, après tout, ne se privait jamais de leur révéler les informations importantes au compte-goutte, pourtant, certaines choses devaient lui être rapportées. Dans son état, Molly était un point faible pour les Weasley et il devait être mis au courant.

Par ailleurs, elle était certaine qu'une fois impliqué, il ferait son possible pour aider la sorcière. Albus était peut-être parfois froid et distant mais elle le pensait loyal envers ses amis.

« Je ne veux pas que Ginny, Ron et les jumeaux soient au courant. » lâcha Bill, en émergeant de la cuisine, légèrement groggy. « Les jumeaux... Les jumeaux à la limite. Fred et Georges sont presque adultes mais les autres... Si on peut les préserver un peu plus longtemps... » Il s'appuya contre le mur, sans paraître remarquer que la chaux qui blanchissait le mur se déposa sur sa chemise et ferma les yeux. « Je n'ai fait qu'empirer les choses, alors ? »

Il y avait tellement de dégoût et de désespoir dans la voix de son ancien élève que Minerva lui tapota gentiment l'épaule dans une piètre tentative de réconfort.

« Il aurait mieux valu acheter les potions chez un apothicaire. » lâcha Severus, sans le moindre tact.

« Trop cher. » marmonna Bill, en se passant une main dans les cheveux. « Vous ne comprenez pas. On croule sous les dettes. Je ne sais pas... » Il secoua la tête. « Je ne sais pas comment papa faisait. Je n'étais pas prêt à gérer tout ça. »

« Allons, allons... » le consola Minerva, en pinçant les lèvres. Penser à Arthur était toujours douloureux, elle le regrettait chèrement.

« Dans ce cas il aurait mieux valu demander de l'aide aux jumeaux. » trancha Severus. « Autant que je puisse dire, ils sont les seuls à avoir un réel talent pour les potions dans votre famille. »

« Severus, assez. » cingla-t-elle, avec la même autorité qu'elle endossait en classe.

Le Professeur se rembrunit mais se tut.

Bill demeura avachi contre le mur, à se frotter le visage. Minerva avait la désagréable sensation qu'il tentait désespérément de se contenir dans un sursaut de dignité. Le pauvre garçon était clairement épuisé autant physiquement que moralement. Il avait tenu le clan Weasley à bout de bras depuis la disparition d'Arthur, sa petite-amie l'avait quittée, il s'était retrouvé au chômage, et il était évident que ses amis, elle la première, n'avait pas été suffisamment attentif.

Charlie ressortit de la cuisine et s'immobilisa immédiatement lorsqu'il aperçut son frère.

« Ce n'est rien. » affirma Minerva avant que le jeune homme ait pu s'inquiéter. « Le contrecoup du Véritaserum. »

Charlie se détendit mais de peu.

« Je ne vois toujours pas pourquoi c'était nécessaire. » grinça-t-il.

« Ça l'était. » répondit Bill, laconique, avant de laisser tomber sa main pour échanger un regard avec Severus.

Minerva ne pouvait évidemment pas être certaine mais elle était prête à parier que le Maître des Potions l'avait fait jurer de garder secrète l'information qu'un espion rôdait au square Grimmaurd, même auprès de son frère et beau-frère.

« Maman s'est endormie. » déclara Charlie, sans paraître s'inquiéter de cette explication bancale.

Il était très distrait depuis la deuxième attaque du Chemin de Traverse, elle l'avait déjà remarqué. Il y avait de quoi, supposait-elle, les blessures qu'il avait subies n'étaient pas sans conséquences.

« Anthony est avec elle. » poursuivit son ancien attrapeur vedette. « À propos... » Charlie jeta un coup d'œil embarrassé vers Severus. « Pour ce qui s'est passé ce matin... » Il laissa sa phrase en suspens, attendant très visiblement que le Maître des Potions intervienne, ce qu'il ne fit pas. Le dragonnier grimaça. « Vous devez comprendre... Anthony a passé son enfance à être trimballé de foyers d'accueil en orphelinats et... Ce n'était pas tout rose. Vous comprenez ? Ce n'était pas contre vous, la situation... Personnellement, je ne penserai jamais que vous puissiez faire ce genre de choses, vous êtes un connard mais pas... » Charlie s'interrompit à nouveau. « Ça n'aide pas vraiment ce que je suis en train de dire, pas vrai ? »

Minerva fronça les sourcils, quêtant une explication du regard mais Severus n'arborait qu'un masque d'indifférence glacée.

« Votre opinion ou celle de votre ami m'importe peu. » lâcha le Professeur d'un ton parfaitement détaché qui fit dire à Minerva que, au contraire, quoi qui se soit passé ce matin-là, cela l'avait touché. « Je pense que nous en avons terminé ici. »

Cette dernière phrase s'adressait à elle. Minerva observa l'expression défaite de Bill et celle contrariée de Charlie et soupira. « Je vais rester un peu plus longtemps. »

Il ne parut pas surpris de sa décision.

« À demain, dans ce cas. » offrit-il, en posant brièvement la main sur son avant-bras gauche.

« Soyez prudent. » supplia-t-elle à moitié.

Il leva les yeux au ciel et s'éloigna dans la nuit, sa cape claquant au vent.

Cela aurait été ridicule chez n'importe qui d'autre.

« Bien. » déclara-t-elle, en poussant ses deux lions dans la cuisine où la température ne frisait pas les zéro. « Commençons par une bonne tasse de thé. Un peu de cognac ne nous fera pas de mal non plus. »

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« Voilà. » lâcha Harry. « Vous savez tout. »

Tout excepté les secrets qu'il leur dissimulait, songea-t-il, en grattant distraitement le ventre de Masque. Il observa tour à tour Ron et Hermione. La jeune fille était assise en tailleur au bout du lit, ses cheveux tressés passés au-dessus de son épaule droite, une expression de concentration pensive sur le visage. Ron était avachi sur une chaise retournée, les bras croisés sur le dossier, le menton posés sur son coude, attentif malgré sa posture nonchalante.

« Comment va-t-on convaincre Slughorn de nous dire la vérité ? » demanda son meilleur ami. « Tu as une idée ? »

Le on le toucha davantage qu'il n'aurait su l'expliquer. La sensation d'appartenance à un groupe, à quelque chose de plus grand que soi, était une boule chaude, familière et rassurante au creux de son ventre.

« Si j'ai bien compris, c'est Harry qui doit le convaincre. » intervint Hermione, avant de se mordre brièvement la lèvre. « Mais ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas aider. »

« C'est ce que je viens dire. » grommela Ron.

« Non, pas avec Slughorn. » riposta-t-elle. « Enfin, je veux bien aider avec ça bien sûr, mais si ça a un rapporta avec Lily, je ne vois pas bien ce qu'on peut faire. Non... Ce que je veux dire, c'est qu'on peut faire des recherches sur les horcruxes potentiels. Essayer de trouver où ils sont. »

Les yeux de sa meilleure amie s'étaient éclairés à la perspective d'heures passées dans la bibliothèque et il la laissa babiller à propos de quels livres ils pouvaient consulter à propos des objets ayant appartenus aux fondateurs. Ron et lui échangèrent un regard, puis levèrent simultanément les yeux au ciel sans parvenir à retenir des sourires affectueusement moqueurs.

Le moment de complicité était plaisant et lui fit du bien.

Il se sentait apaisé et la sensation perdura longtemps après qu'il ait levé les protections anti-intrusions qu'il avait jetées sur les dortoirs et que tout le monde se soit mis au lit. Comme c'était maintenant la norme la nuit, il s'adossa à la tête de lit, les épais rideaux rouges fermés autant pour s'assurer un peu d'intimité que pour ne pas déranger ses camarades, étudiant la carte des Maraudeurs étalée sur ses genoux à la lumière douce de la petite boule bleuté sans laquelle il ne parvenait jamais à s'endormir. Masque était roulé en boule à ses pieds mais ne dormait pas plus que lui, agitant parfois la queue dans un mouvement irrité et suivant des yeux la boule de lumière qui flottait dans les airs. Harry avait souvent l'impression que le chat aurait sauté pour essayer de l'attraper si cela n'avait pas autant manqué de classe. Pour un chat, l'animal avait des exigences élevées.

Il passa le temps en feuilletant le carnet de dessins que Lily lui avait offert puis en relisant ses notes de Défense, simplement parce qu'il n'avait rien d'autre à faire. Il ne retira ses lentilles et n'essaya de dormir que lorsque le point libellé Severus Snape apparut aux grilles du château. Il s'étonna à peine du fait qu'un deuxième point l'accompagnait.

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Fut un temps où Severus serait parvenu à transplanner avec élégance même lorsqu'il était en train de se vider de son sang.

Ce temps était révolu.

Il fut soulagé de voir se dessiner les contours familiers de Pré-au-Lard mais serra les dents contre la douleur. Toutes les terminaisons nerveuses de son corps étaient en feu. L'Endoloris colérique du Seigneur des Ténèbres avait réveillé d'anciennes blessures et il peinait à mettre un pied devant l'autre.

L'air vif eut l'avantage de lui éclaircir l'esprit. Il farfouilla dans une des poches secrètes de sa cape jusqu'à trouver le philtre de force qu'il gardait toujours sur lui pour les cas d'urgence. La potion ne fit rien contre la douleur mais elle la rendit supportable. Il s'adossa à une maison et attendit quelques minutes, profitant du silence nocturne. Lorsqu'il fut certain que ses jambes supporteraient son poids, et à ce moment-là seulement, il reprit sa route.

Le chemin qui menait à Poudlard était familier et il l'emprunta sans y prendre garde. Ne pas s'écrouler requérait toute sa concentration. Le sifflement du vent dans les branches des arbres qui bordaient le chemin rythmait ses pas et se mêlait à sa propre respiration chaotique.

Il aurait presque pu pleurer de joie à la vue du portail de l'école.

La masse sombre avachie sur le rocher plat à quelques mètres de là, en revanche, il aurait pu s'en passer.

Il fit tomber sa baguette dans sa main d'un geste preste malgré la douleur et jeta immédiatement un bouclier en prévision d'une attaque qui ne vint pas immédiatement. Il faisait sombre et Severus aurait souhaité éviter une confrontation, pourtant, il persévéra vers Poudlard, peu enclin à laisser un intrus le séparer plus longtemps de son lit.

« Vous en avez mis du temps. » grommela la personne. La nuit était trop sombre pour qu'il distingue parfaitement ses traits mais la voix était, à présent, suffisamment familière pour qu'il la reconnaisse.

« Je doute d'être la personne que vous attendez, Nymphadora. » gronda-t-il, en jetant un coup d'œil alentours. Précaution bien inutile, ils étaient seuls. « Je n'ai pas sacrifié mon sommeil, la nuit dernière, à rendre votre appartement impénétrable uniquement pour que vous puissiez agir aussi imprudemment. L'endroit n'est pas plus sûr qu'un autre. Et cessez donc de vous vautrer sur ce rocher, n'avez-vous donc aucune fierté ? »

Elle ne tressaillit même pas à son approche. Le rocher plat était souvent utilisé par les élèves comme point de rendez-vous lors des sorties à Pré-au-Lard. Il était suffisamment large pour permettre de s'y asseoir à plusieurs. Ses pieds touchaient toujours le sol mais elle était couchée sur le dos et fixait du regard les nuages qui voilaient les étoiles.

« Hey, je suis en mission ! » protesta-t-elle.

« Piètre manière de surveiller le périmètre. » commenta-t-il. « Vous m'excuserez de ne pas me sentir rassuré. »

Elle leva la tête pour lui faire une grimace avant de la laisser retomber durement sur la pierre.

Cela le choqua suffisamment pour qu'il oublie d'avoir mal l'espace de quelques minutes.

« Êtes-vous ivre ? » siffla-t-il.

Elle s'appuya sur les coudes pour le dévisager avec sérieux.

« Un tout petit peu. » répondit-elle gravement. « Mais c'est votre faute. »

Il ne tenta même pas de ravaler son ricanement sarcastique.

« Je suis impatient de vous entendre justifier cette accusation. » riposta-t-il.

« Ça fait des heures que j'attends alors je suis allée aux Trois Balais. » expliqua-t-elle. « Et la vodka, c'est mal. »

« C'est l'évidence même. » soupira-t-il.

Elle s'assit avec une prudence qui lui fit dire qu'elle n'était pas aussi saoule qu'il l'avait craint au premier abord et fouilla dans la poche de son blouson.

Au début, il ne comprit pas ce qu'elle lui tendait. Il prit la fiole et l'inspecta avec une certaine admiration. De la lumière liquide, fut sa première pensée. Un rayon de lune, fut sa seconde. La nature de la potion était évidente.

Ainsi, il avait raison, Albus et Lupin n'avaient pas révélé tout ce qu'ils savaient sur le sujet lors de la réunion de l'Ordre.

« J'espère que ça vaut le coup. » lâcha-t-elle, avant d'éclater de rire. Un rire brisé et triste. « Remus s'intéressait moins à la potion qu'à la fille, si vous voulez mon avis, mais qu'est-ce que je m'en fiche, hein ? C'est un connard, juste un connard... Et il peut embrasser qui il veut. Moi aussi d'ailleurs. Les gardes du corps du premier ministre ne sont pas si mal. Ils ne diraient pas non. »

« Fascinant. » lâcha-t-il, en levant les yeux au ciel. Il empocha la potion, impatient de se pencher dessus. « Debout. »

« Quoi ? Non, non... Je suis bien là. » protesta-t-elle. « Je vais dormir un peu. Je suis fatiguée. »

« Nous sommes tous fatigués, Miss Tonks. » cingla-t-il, en l'empoignant pour la remettre sur ses pieds. Elle vacilla un instant, s'accrochant à ses bras pour garder l'équilibre.

« Ne m'appelez pas comme ça. Et ce n'est pas ce que je veux dire. » contra-t-elle, en tentant de se dégager. « Je suis fatiguée. »

Fatiguée de la guerre, fatiguée du reste.

Elle était trop jeune pour être fatiguée de la sorte.

« Vous n'en avez pas l'apanage. » grinça-t-il. « Je suis certain qu'Arthur Weasley aimerait avoir la chance d'être éreinté, lui aussi. »

Elle eut la grâce de baisser la tête, honteuse.

Il ne pouvait pas la laisser transplanner dans cet état. Les chances qu'elle se démantibule étaient grandes. Sans parler du fait qu'il lui faudrait marcher de la ruelle jusqu'à son appartement et que tout et n'importe quoi pouvait arriver entre les deux.

« En route. » soupira-t-il.

Elle n'émit aucune protestation ou question, se contentant de le suivre. Elle trébucha trois fois sur le chemin qui menait au château et il ne la rattrapa que de justesse, à chaque fois. Il finit par la soutenir de crainte qu'elle ne chute et ne s'ouvre le crâne. Elle semblait trouver la situation hilarante, gloussant à chaque pas malgré ses réprimandes répétées.

La difficulté se présenta dans le hall d'entrée.

Il n'avait pas réfléchi davantage qu'à la nécessité de la mettre en sécurité au sein de l'école. La trainer jusqu'à l'infirmerie ? Il jeta un regard aux grands escaliers. Ses muscles le lançaient rien qu'à l'idée d'entreprendre un tel exercice.

« Vous êtes absolument insupportable. » grommela-t-il, en prenant la direction des cachots.

Avancer sur des pierres glissantes avec un poids mort et les nerfs encore à vif d'une session d'endoloris n'était pas aisé. Cela se compliqua encore lorsqu'il repéra la lumière d'un lumos qui dansait au bout d'un couloir. Étant donné l'heure, il s'agissait d'un enseignant faisant son tour de ronde et avec la chance qui le caractérisait, ce serait sans doute Minerva. Quoi que cela ne faisait pas grande différence au demeurant.

Comment aurait-il expliqué Nymphadora Tonks à moitié affalée sur lui au beau milieu de la nuit ?

Décidant qu'éviter la confrontation gênante serait pour le mieux, il la poussa dans une alcôve et étouffa ses gloussements en la bâillonnant de sa main.

« Pour l'amour de Merlin, soyez silencieuse. » murmura-t-il à son oreille.

L'alcôve était étroite et il en était un peu trop conscient. Il jeta un sort qui les dissimulerait aux yeux de qui n'y regarderait pas à deux fois. Il s'agissait de Flitwick et non de McGonagall, une chance puisqu'il était notoire qu'il était plus facile d'échapper à la vigilance du Professeur de Sortilèges qu'à celle de la sous-directrice. Severus resta immobile, retenant sa respiration jusqu'à ce que son collègue et son lumos n'aient disparu au coin du couloir.

La lumière des torches jetait des ombres changeantes sur les murs en face de l'alcôve qui, elle, était plongée dans la pénombre. Il retira sa main, rendant à l'Auror l'usage de la parole. Elle ne prononça pas un mot et il garda les yeux détournés, agacé de se sentir coupable de l'avoir poussée dans cet espace étroit et irrité, surtout, de se découvrir sensible à sa proche proximité. Il blâmait entièrement Minerva. C'était, après tout, elle qui lui avait mis des idées dans la tête.

« Allons-y. » lâcha-t-il, esquivant un pas vers le couloir.

Elle posa une main sur son torse et cela fut suffisant pour l'arrêter. Ce n'était rien qu'un bref contact. Il se figea comme s'il avait été touché par un Petrificus Totalus. Le souffle de la jeune femme roula sur sa mâchoire à mesure qu'elle approchait et il eut beau tenter d'occluder la drôle de panique soudaine, les battements de son cœur demeurèrent frénétiques.

« Que faites-vous ? » demanda-t-il sèchement.

« Je ne sais pas. » répondit-elle, dans un haussement d'épaules. « Mais j'en ai envie. »

Il recula brusquement dans le couloir, trébuchant presque dans sa précipitation.

« Vous êtes ivre. » accusa-t-il. Sans compter qu'elle était jalouse et blessée par la dernière idiotie en date de Lupin. Il refusait d'être l'instrument de sa vengeance.

Elle cilla plusieurs fois puis se frotta le visage.

« Je veux dormir. » déclara-t-elle, presque impérieuse.

« Gardez vos mains pour vous. » exigea-t-il, en l'attrapant à nouveau pour la soutenir jusqu'à ses quartiers où le canapé lui tendait les bras.

Il s'efforça de ne pas remarquer que ses cheveux avaient viré au rose.

Sans qu'il ne s'explique pourquoi, cela semblait avoir de l'importance.