Pour être franche, je ne sais pas trop comment commencer cette note d'auteur. Elisa tenait à se joindre à moi pour ce message. Nous espérons que vous allez tous bien, que votre famille et vos amis vont tous bien. Je sais pour avoir parlé avec quelques uns que certains ont perdu des proches. J'aimerai connaître des paroles magiques pour vous réconforter mais, malheureusement, il existe de telles horreurs qu'on se retrouve à court de mots. A ceux qui ont été touchés, Elisa et moi voulons vous dire tout notre soutien, notre compassion et notre douleur partagée. Restons forts. Restons unis.
J'espère que vous apprécierez tous le chapitre, qu'il vous apportera un peu de distraction en ces temps d'angoisse.
Et, oui, il y a un cliffhanger à la fin - il faut bien que je mérite mon surnom d'auteur sadique, moi. ;)
Enjoy & Review
Misery sure loves company
And nobody's ever who they seem to be
Milow – Darkness Ahead and Behind
Le malheur d'autrui console le malheureux,
Et personne n'est jamais qui il prétend être.
Milow – Darkness Ahead and Behind.
Chapitre 19 : Darkness Ahead And Behind
Il avait mis trop de lait et ses céréales étaient désormais flasques et pâteuses. Harry en prit une dernière bouchée et repoussa le bol avec une moue dégoutée, préférant attraper une des pommes qui trainait dans un des bols de fruits.
« Peut-être que tu peux lui demander, tout simplement. » lâcha Ron, mâchonnant un toast sans plus d'enthousiasme que son meilleur ami.
Le petit-déjeuner battait son plein et Ron, Hermione et lui avaient trouvé refuge en bout de table, espérant parvenir à avoir une conversation discrète.
Hermione leva le nez de La Gazette qu'elle feuilletait tout en buvant un verre de jus d'orange et jeta à leur ami un coup d'œil dédaigneux.
« Ne sois pas ridicule, si cela avait été aussi simple le Professeur Dumbledore y aurait déjà pensé. » déclara-t-elle.
Harry trouvait hautement ironique qu'elle ait appris à se méfier de tout et de tout le monde ces derniers mois mais persistait dans son admiration sans bornes pour Dumbledore. Il se demanda vaguement si c'était ainsi que le vieil homme parvenait à garder son ascendant sur la communauté magique, une fascination pour la légende qui touchait à la dévotion, puis se désintéressa de la question pour se concentrer sur le problème qui l'occupait depuis deux semaines sans qu'il ne soit parvenu à faire de progrès : comment convaincre Horace Slughorn de lui livrer ses secrets.
Il croqua dans le fruit légèrement trop mûr et avala un commentaire désobligeant en même temps qu'un morceau de pomme.
« S'il a confié cette mission a Harry, c'est à cause de sa mère, non ? » insista Ron, clairement vexé de voir son idée balayée de la sorte. « Peut-être que si Harry demande… »
Harry détourna le regard à la mention de Lily. Il ne se souvenait que trop bien de l'affection manifeste que le Professeur de Potions avait voué à la jeune fille. De là à ce que cette affection se soit transmise à son fils… Slughorn ne recherchait pas particulièrement sa compagnie, il l'avait déjà remarqué. Si possible, il avait été plus attentif au fils de Saevus Prince dans le passé qu'il l'était à présent avec Harry Potter, conscient, certainement, qu'il marchait sur un fil. La communauté magique était divisée et Horace Slughorn, en véritable Serpentard, ne souhaitait pas prendre parti.
« Peut-être. » admit finalement Hermione. « Mais je ne vois pas bien comment lui demander ça. À la fin du cours ? Oh, au fait, Monsieur… Est-ce que vous savez combien d'Horcruxes voulait créer Voldemort ? » Elle secoua la tête. « Ça ne va jamais marcher. »
« Tu es devenue très sarcastique. » accusa Ron, en pointant une fourchette dans sa direction. « Tu passes trop de temps avec Malfoy. »
En réponse, la jeune fille grimaça.
« Hermione a raison. » décréta Harry, avant qu'ils ne puissent commencer à se chamailler. « Il faudrait trouver un moment approprié… » Il soupira, avant de terminer la pomme de quelques coups de dents rapides et de jeter le trognon dans le bol de céréales. « C'est dommage qu'il n'ait pas relancé son club. C'est comme ça que Voldemort l'a convaincu de lui parler et c'est probablement la meilleure idée. »
« Son club ? » répéta Hermione, en fronçant les sourcils.
« Le club de Slug. » expliqua-t-il. « C'est un truc idiot. Il organisait des dîners et des soirées avec ses élèves préférés. Parfois, il y avait quelques célébrités, des gens influents… » Il haussa les épaules. « Sev disait qu'il aime collectionner les gens importants. »
Ron laissa échapper un bruit moqueur. « Tu peux être sûr que je n'y aurais jamais été invité. »
Hermione avait son air pensif des grands jours.
« Je crois qu'il nous en a parlé, au début de l'année… » offrit-elle lentement, essayant très visiblement de se souvenir. « Ombrage avait interdit ces diners. »
« Ombrage n'est plus là. » remarqua Ron.
« Mais comment le convaincre de relancer le club ? » s'enquit Harry.
« Tu peux dire que tu as assisté à plusieurs réunions en soixante-quinze et que tu te demandes pourquoi il n'y en a plus à notre époque. » suggéra son meilleur ami avec enthousiasme. « Il ne peut pas savoir si c'est vrai ou faux… »
« Il risque de trouver ça louche… » contra-t-il. « Hermione, il t'aime bien. Peut-être que, toi, tu pourrais y aller et… »
« Qui y avait-il à ces dîners précisément ? » l'interrompit-elle, avec cette lueur particulière dans les yeux qui fit dire au Survivant qu'elle avait une idée.
« Des tas de gens. » répondit-il. « Ma mère, Severus, la mère de Neville… »
Il laissa sa phrase en suspend, ne voyant pas véritablement l'intérêt d'énumérer chacun des convives de Slughorn.
Cela ne troubla pas Hermione. Elle replia soigneusement la dernière édition de La Gazette et la fit disparaître d'un coup de baguette.
« Lucius et Narcissa ? » proposa-t-elle.
« Oh. » lâcha Ron, avec un grand sourire. « Brillant. »
« Merci. » répondit-elle modestement, ses yeux scannant déjà les alentours à la recherche du Serpentard.
Malfoy était installé à la table des Poufsouffles avec Zabini et les jumeaux mais Harry ne l'en informa pas immédiatement.
« Tu veux demander à Malfoy de convaincre Slughorn de rouvrir son club. » clarifia-t-il.
« Si ça vient de Draco, il n'y a aucune raison que Slughorn fasse le lien avec toi. » déclara-t-elle. « Ça me semble le meilleur plan auquel on a pensé jusqu'ici. »
Le fait est qu'elle n'avait pas tort.
Au moins, ils feraient enfin quelque chose plutôt que d'échafauder des scénarios plus improbables les uns que les autres.
« Et tu crois qu'il acceptera ? » insista-t-il, dubitatif. Malfoy et lui maintenaient des relations cordiales, certes, mais pas amicales.
« Je m'en occupe. » jura-t-elle.
Étant donné le petit sourire satisfait qui étira ses lèvres, Harry supposa qu'elle avait un plan, que ce plan impliquait beaucoup de baisers et des mains baladeuses, et que, en conséquence, il ne voulait rien savoir.
C'était une chose de voir Ron et Lavande s'afficher dans la salle commune.
C'en était une autre d'imaginer Hermione et Malfoy faire la même chose.
Harry était simplement heureux que la Gryffondor et le Serpentard ne soient pas trop adeptes de démonstrations publiques d'affection. Il n'était pas certain qu'il aurait supporté de voir Hermione, qu'il considérait comme une sœur, agir avec Malfoy comme Lavande le faisait avec Ron.
°°O°°O°°O°°O°°
Minerva avait depuis longtemps perfectionné l'art de garder un œil sur la Grande Salle tout en prenant son petit-déjeuner et en soutenant une conversation avec ses collègues. Elle faisait tout particulièrement attention aux jumeaux Weasley – oublier de se méfier était la manière la plus sûre de se retrouver prise de court par leur dernière ânerie – et à Harry Potter que les ennuis semblaient toujours suivre de trop près. Les jumeaux plaisantaient avec Malfoy et Zabini avec leur verve habituelle, quant à Potter, il discutait sagement avec ses deux meilleurs amis.
Satisfaite de la certitude qu'un drame n'était pas sur le point d'ébranler l'école, elle se tourna vers son voisin de gauche, plus occupé à feuilleter Le Chicaneur qu'à vider son assiette de porridge.
« J'ignore pourquoi vous persistez à perdre votre temps avec cette feuille de choux. » soupira-t-elle. « Passez-moi le sucre, voulez-vous. »
Albus agita la main sans lever les yeux de sa lecture et le bol de sucre lévita doucement jusqu'à elle. Elle ne put s'empêcher de pincer les lèvres à cette démonstration inutile.
« Vous seriez surprise. » répondit distraitement le Directeur. « Cet article sous-entend que l'arrière grand-père de Rufus Scrimgeour aurait été un vampire. »
« Je suis certaine que cela va énormément plaire au Ministre. » répondit-elle avec un dédain qu'elle ne prit pas la peine de dissimuler. À son sens, Xenophilius Lovegood aurait mieux fait de se concentrer un peu plus sur sa fille et un peu moins sur ses impossibles chasses aux chimères.
« C'est certain. » acquiesça-t-il, ses yeux bleus pétillants d'amusement. L'amusement disparut lorsque son regard tomba sur Charlie Weasley qui discutait avec Hagrid, Anthony juste derrière lui. « Avez-vous des nouvelles de Molly ? »
Elle prit le temps de sucrer son gruau avant de répondre, mesurant ses paroles.
« Poppy essaye toujours de la sevrer des potions. » déclara-t-elle finalement.
Deux semaines étaient passées sans que les progrès n'aient été remarquables. L'infirmière avait de bons espoirs de parvenir à ramener Molly à la raison mais elle ne cachait pas que la route serait probablement longue et difficile.
« S'il y a quoi que ce soit que je puisse faire… » offrit-t-il immédiatement.
Minerva soupira, avalant quelques bouchées à la hâte.
« L'urgence est financière. » avoua-t-elle. « J'ai proposé mon aide à Bill mais il l'a refusée. Peut-être pourriez-vous lui trouver du travail ? »
Son coffre personnel à Gringotts, sans déborder, était plus que plein. Nourrie et logée, elle n'avait guère d'opportunité de dépenser son salaire et elle avait depuis longtemps perdu le goût de s'offrir le dernier balai de course. Prêter une somme importante aux Weasley ne l'aurait pas dérangée.
Bill, comme Arthur en son temps, n'était, cependant, pas prêt à accepter ce qu'il percevait comme de la charité.
« Nous pourrions probablement lui demander de faire le tri des objets perdus dans la salle va-et-vient. » suggéra-t-il. « Cela devrait l'occuper des années durant. »
Minerva n'était pas certaine qu'il accepterait cette tentative d'aide à moitié déguisée mais se promit de creuser l'idée.
« Severus a encore sauté le petit-déjeuner. » remarqua-t-elle, avec désapprobation. Déjà, elle préparait mentalement son sermon. « Je vais demander à Jiggy de lui porter un plateau… »
« Je ne suis pas certain qu'il appréciera l'attention. » déclara Albus, un sourire mystérieux aux lèvres.
Elle fronça les sourcils, agitant sa baguette avec agacement lorsqu'elle remarqua que Sybil paraissait bien trop intéressée par leur conversation et tendait l'oreille. Une fois certaine que leur discussion demeurerait secrète, elle étudia son vieil ami du regard, notant que ses yeux pétillaient à nouveau d'amusement.
« Et pourquoi donc ? » s'enquit-elle.
Le Directeur l'observa quelques secondes par-dessus ses lunettes en demi-lunes puis reporta son attention sur Le Chicaneur.
« Loin de moi l'idée de colporter quelque ragot… » déclara-t-il d'un ton détaché. « Mais je ne pense pas qu'il soit seul. »
Le froncement de sourcils s'accentua alors que Minerva tentait de donner un sens à cette mystérieuse affirmation.
« Reçoit-il un élève ou un parent d'élève ? » demanda-t-elle. « Ce n'est pas une raison pour… »
Face à son incompréhension, Albus se racla la gorge et lui jeta un coup d'œil lourd de sens.
« Oh. » s'empourpra-t-elle. Minerva McGonagall n'était pas portée sur les rumeurs. Elle n'en répandait pas et ne recherchait jamais le parfum du scandale. Pourtant, ce matin-là, elle se pencha avec intérêt vers Albus pour mieux recueillir tous les détails. « Comment pouvez-vous en être certain ? »
Le Directeur prit le temps de tourner la page et de porter par deux fois la cuillère à sa bouche avant de répondre, se plaisant visiblement à la laisser languir.
« Les alarmes m'ont averti de l'arrivée de Miss Tonks sur le domaine tard dans la nuit et elle n'est toujours pas partie. » expliqua-t-il finalement. « C'est la cinquième fois en quinze jours. Sans vouloir me perdre en conjectures… »
« Parfait. » commenta-t-elle, ayant du mal à réprimer un sourire ravi. « Il était temps que ce garçon retrouve goût à autre chose qu'à ses potions. »
« Espérons simplement que cela ne s'avère pas être une trop grande distraction. » nuança Albus, son amusement se teintant d'inquiétude.
« Ne vous avisez pas de vous en mêler. » l'avertit-elle, en le fusillant du regard. « Je suis sérieuse, Albus. Severus mérite… »
« Ce que Severus fait de sa vie privée ne me regarde pas. » l'interrompit-il gentiment, l'air peiné. « Je ne suis pas son ennemi, Minerva. Ni le vôtre, d'ailleurs. »
Elle prit cette déclaration, qu'elle pensait au demeurant sincère, avec une pincée de sel. La manière dont Albus s'opposait au Maître des Potions dès qu'Harry était concerné lui laissait penser que la vie privée du Mangemort ne le concernait pas tant qu'elle n'entrait pas en conflit avec ses mystérieux plans.
Elle balaya cette réponse d'un revers de main.
« Peut-être faisons-nous une montagne d'un rien. » décréta-t-elle. « Rien ne prouve qu'il se passe quoi que ce soit entre eux. »
Severus avait, après tout, nié en bloc. Elle n'aurait pas été particulièrement surprise d'apprendre qu'il avait menti, toutefois. Il était également possible qu'ils soient simplement en train d'échanger des informations à propos de l'espion.
« Rien, en effet, si ce n'est une intuition quasiment infaillible. » admit Albus.
Elle leva les yeux au ciel et entreprit de terminer son gruau.
« Quelques fois, je croirais entendre Guilderoy Lockart. » se moqua-t-elle.
Il en resta sans voix.
°°O°°O°°O°°O°°
Draco n'avait pas fait trois pas hors du bureau de Slughorn que Granger l'accostait, sans grande discrétion.
Les deux garçons adossés au mur, quelques mètres plus loin ne l'étaient pas davantage.
Il en leva presque les yeux au ciel. À quoi bon l'envoyer, lui, en mission secrète – dont il ne connaissait, au demeurant, ni les tenants ni les aboutissants – si c'était pour immédiatement tout gâcher en piétinant à grands coups de sabots tout Gryffondor le patient et ingénieux travail qu'il venait d'accomplir ?
« Alors ? » s'enquit Granger. Elle se balançait légèrement sur la plante des pieds, incapable de tenir en place, comme une enfant impatiente.
« Alors, la plupart des filles se contenteraient d'un bijou. » répliqua-t-il.
Lorsqu'elle était venue le trouver, plus tôt dans la journée, avec cette requête farfelue, Draco avait tout d'abord cru qu'elle plaisantait. Persuader Slughorn de reformer son club ? Il aurait peut-être applaudi l'initiative si elle avait eu davantage à voir avec une quelconque démonstration d'ambition et moins avec les besoins mystérieux d'Harry Potter.
Elle n'avait rien dit mais il n'y avait qu'à observer le trio depuis quelque temps pour deviner que quelque chose se tramait.
Le Club de Slug semblait, toutefois, moins dangereux que de se lancer à la poursuite de Sirius Black au Ministère de la Magie à dos de sombral. Draco avait donc cédé, espérant sans trop y croire que quoi que les Gryffondors mijotaient, cela ne se terminerait pas en drame.
Il n'était pas certain de bien savoir ce qu'il ressentait face à ce retour en force de l'amitié que partageait Weasley, Potter et Granger. La distance qui s'était installée entre eux, jusque là, l'arrangeait.
« Je ne suis pas la plupart des filles. » rétorqua-t-elle.
« À qui le dis-tu. » lâcha-t-il, pince-sans-rire.
Elle parut hésiter, l'espace d'un instant, entre prendre la mouche et accepter le compliment formulé à demi-mots pour ce qu'il était. Non, elle n'était pas comme la plupart des autres filles mais il préférait cent fois ses manies agaçantes et le courage dont elle faisait preuve en toute chose aux démonstrations étouffantes de Pansy ou à l'expression boudeuse de Daphné lorsque Blaise ne se dépêchait pas d'abonder dans son sens.
Granger exhalait de pureté.
Peut-être était-ce ce qui l'attirait, au fond.
Elle était tout ce qu'il ne pourrait, voudrait, jamais être : courageuse, loyale jusqu'au point de non retour, désespéramment déterminée à être du bon côté de l'Histoire…
« L'idée fait son chemin. » déclara-t-il finalement, dans un haussement d'épaules faussement détaché. « Laisse lui quelques jours. »
Un sourire ravi étira les lèvres de la lionne sans que Draco parvienne à y trouver du plaisir. Il espérait véritablement qu'ils ne manigançaient rien de dangereux.
Il écarta de son visage les mèches incontrôlables dans un geste tendre qu'il ne parvint pas à maîtriser malgré les regards scrutateurs de Potter et Weasley.
« Je suppose que tu ne veux toujours rien me dire ? » s'enquit-il, avec une irritation certaine.
C'était lui qui lui avait demandé de ne pas mentir.
Il n'avait pas prévu que ne pas savoir serait pire que tous les mensonges dont elle aurait pu le bercer.
Elle pressa un baiser contre ses lèvres, doux mais quelque peu amer.
« Merci. » souffla-t-elle.
Il devrait s'en contenter, comprit-il.
°°O°°O°°O°°O°°
Le bruit du transplannage résonna dans la nuit, rapidement avalé par les moteurs de voitures et le brouhaha qui régnait à tout heure dans la capitale. Tonks s'accorda quelques secondes pour étudier son nouvel environnement, enfonçant instinctivement les mains dans les poches de son blouson pour les réchauffer. Jamais encore, on avait vu un printemps aussi froid. On serait cru en janvier ou en février et certainement pas fin avril.
Elle se tenait sur le toit du consulat français et la vue, sans être spectaculaire, était suffisamment intéressante pour qu'elle s'autorise à la contempler un instant. La lumière des réverbères se reflétait sur les vitres des bus rouges à deux étages qui se succédaient inlassablement dans la rue en dessous. Le Muséum d'Histoire Naturelle, enfin délaissé par les touristes, se tenait droit dans la nuit, les flèches des deux tours encadrant l'entrée se perdant dans la noirceur du ciel nocturne.
Tonks aimait Londres.
Londres était une entité à part entière, la ville respirait, quelque fois anarchique, quelque fois léthargique. Elle aimait ce rythme, elle aimait cette ambiance. Cela ne la dérangeait jamais de déambuler des heures durant dans les rues, sans véritable but.
Du moins, cela ne la dérangeait pas quand elle n'avait pas passé la journée à travailler et qu'elle avait accumulé suffisamment de sommeil la nuit précédente.
Ses joues rougirent et elle prétendit que c'était dû au vent mordant qui était encore plus froid en hauteur qu'il ne l'était au sol.
Prudemment, elle se glissa jusqu'au jeune homme accroupi derrière une bouche d'aération, hors de vue des passants, occupé à scruter les alentours immédiat du musée à l'aide d'une paire de multiplettes. Elle s'accroupit à côté de lui, l'avertissant de sa présence en posant la main sur son épaule.
« C'est la relève. » lança-t-elle, avec plus d'entrain qu'elle n'en ressentait. La perspective de passer une bonne partie de la nuit à surveiller le Muséum dans la crainte, ou l'espoir, qu'il se passe quelque chose ne lui faisait que très peu envie.
Charlie posa ses multiplettes et tourna vers elle un regard soulagé.
« Enfin ! » s'exclama-t-il. « Je meurs de faim. »
Elle leva les yeux au ciel et tira une barre chocolatée de sa poche. Les yeux bleus de son ami s'illuminèrent de joie. Il échangea le snack contre un baiser sonore sur sa joue.
« Tu es la meilleure, ma nymphe ! » décréta-t-il, avant de croquer à pleines dents dans la barre chocolatée. Il lui tendit les multiplettes et s'adossa à la bouche d'aération, visiblement heureux de pouvoir étendre ses jambes.
« Où est Anthony ? » demanda-t-elle, curieuse de ne pas apercevoir le petit-ami de Charlie tout en sachant qu'il ne pouvait pas être bien loin.
Il désigna vaguement le toit d'à côté. Le consulat occupait toute une rangée de maisons mitoyennes et, effectivement, après quelques secondes, elle fit par apercevoir la silhouette d'Anthony tapie derrière le rebord. Il la salua d'un geste de la main qu'elle lui rendit.
« Quelque chose à signaler ? » s'enquit-elle.
Elle jeta un coup d'œil distrait dans les multiplettes. Cromwell Road était loin d'être déserte. Sans être envahie de touristes comme elle l'était tout au long de la journée, il y avait suffisamment de gens vaquant à leurs occupations pour qu'une surveillance aussi pointue que celle qu'Albus avait exigée paraisse superflue.
Outre les deux personnes positionnées sur le toit à tout moment, il y en avait deux autres postées plus loin, sur Exhibition Road. Beaucoup de moyens déployés pour pas grand-chose. Ils gardaient un œil sur le musé depuis la veille et, pour l'instant, il ne s'était pas passé grand-chose.
« Tu parles. » se moqua Charlie, dans un haussement d'épaules. « Encore une connerie de Snape. Qu'est-ce que des Mangemorts viendraient foutre dans un musé moldu ? Admirer les dinosaures ? »
« Ce n'est pas sa faute. » répondit-elle, légèrement sur la défensive. « Il rapporte ce qu'il trouve. »
« Il ne rapporte pas grand-chose et il nous fait perdre beaucoup de temps. » rétorqua-t-il, en terminant la barre chocolatée d'un dernier coup de dents. « Qui dit qu'il ne le fait pas exprès ? Pendant qu'on est là à se geler les fesses, tu peux être sûre que les Mangemorts sont occupés à tout autre chose. »
« Arrête. » ordonna-t-elle froidement. « Severus n'est pas un traître. »
Surpris par la véhémence de l'attaque, Charlie fronça les sourcils. Elle vit la multitude de questions se bousculer dans sa tête. Il la connaissait trop bien. Elle courba le dos, s'engonçant davantage dans son blouson, et colla les multiplettes sur son visage, feignant de s'intéresser à ce qui se passait en face.
« Severus. » remarqua-t-il. « Je ne savais pas que vous vous appeliez par vos prénoms. »
Elle préféra ne pas répondre.
« J'ai surpris une conversation intéressante entre Snape et McGonagall l'autre jour. » insista Charlie, sur le ton de la plaisanterie.
Il n'en dit pas davantage mais Tonks n'y tint plus. Elle lâcha les multiplettes et le fusilla du regard. Charlie était son meilleur ami. Elle lui disait tout. Et, jusqu'à présent, la seule chose qu'elle ne lui ait jamais dissimulé était le fait qu'un espion rôdait parmi eux.
« J'ai couché avec lui. » lâcha-t-elle. « C'est ce que tu veux savoir ? »
Il éclata de rire, manquant probablement de discrétion vu le coup d'œil que leur jeta Anthony. Il était trop loin pour entendre leurs paroles mais même le bruit de la ville n'aurait pu noyer le rire de Charlie.
Elle pinça les lèvres avec agacement, rouge jusqu'à la racine des cheveux et s'efforça de ne pas perdre prise sur ses dons de Métamorphomage. Elle parvenait lentement à en reprendre le plein contrôle mais ses cheveux avaient toujours eu tendance à changer de couleur sans son accord lorsqu'elle éprouvait des émotions fortes. Voilà encore quelque chose qu'elle lui avait caché, songea-t-elle à regret, le fait qu'elle parvienne à nouveau à se transformer à loisir.
« Non, sérieusement… » haleta Charlie, entre deux gloussements. « Qu'est-ce qui se passe ? »
Elle se rendit compte qu'il ne la croyait pas.
« J'ai couché avec Severus. » répéta-t-elle plus fermement. Elle garda ses yeux sur le bâtiment opposé, le seul signe trahissant sa nervosité était le léger tremblement de ses mains. « Plusieurs fois. »
L'éclat de rire s'arrêta tout net.
« Tu plaisantes ? » s'enquit-il avec hésitation, comme s'il s'attendait à tout moment à ce qu'elle s'exclame que tout ça était une bonne plaisanterie comme ils aimaient parfois à s'en jouer.
Elle s'humecta les lèvres mais il fallut qu'il abaisse les multiplettes presque de force pour qu'elle le regarde en face.
« Ce n'est pas vraiment sérieux… » se défendit-elle. « C'est juste… » Elle haussa les épaules, ne sachant pas comment terminer sa phrase. Elle rechignait à mettre un terme sur ce qu'elle faisait avec le Professeur de Potions. Cela aurait été ou trop cru ou trop faible. Elle n'avait pas très envie d'y apposer une définition. « Garde-le pour toi. »
Charlie l'observait avec une attention accrue.
« Et Remus ? » s'enquit-il prudemment.
Avec un mouvement d'humeur, elle écarta ses cheveux de son visage d'un coup de tête et porta à nouveau les jumelles magiques à ses yeux.
« Remus n'a rien à voir là dedans. » décréta-t-elle.
« Si tu es sûre… » hésita son meilleur ami. Il attendit quelques secondes puis un sourire espiègle lui étira les lèvres. « Et alors ? Il vaut quoi au lit ? »
« Charlie ! » siffla-t-elle, rouge comme une écrevisse.
Il aurait probablement continué à la taquiner si un raclement de gorge n'avait pas retenti derrière eux. Ils sursautèrent en même temps, tirant leurs baguettes d'un mouvement brusque. Ils les abaissèrent lorsqu'ils aperçurent Nyssa dans l'ombre.
« Désolée de vous interrompre. » offrit la vampire. « Je viens vous relever. »
« Tu peux prendre la place d'Anthony. » suggéra Charlie avec un sourire.
Nyssa approuva d'un hochement de tête, jetant un coup d'œil curieux à Tonks au passage. Anthony et Charlie ne s'attardèrent pas beaucoup plus.
La jeune Auror se terra entre le muret et la bouche d'aération, dissimulée sous un sortilège de désillusion pour faire bonne mesure. Les multiplettes restèrent rivées sur le bâtiment d'en face mais ses yeux gris ne cessaient de dériver sur le toit d'à côté.
Elle ne parvenait pas à apercevoir Nyssa, la vampire ayant un don naturel pour se fondre dans l'ombre. Depuis combien de temps s'était-elle tenue là et qu'avait-elle entendu ?
Rien ne l'accusait véritablement si ce n'étaient les soupçons de Severus. Tonks était mal à l'aise à l'idée de la soupçonner, plus, peut-être, qu'elle ne l'avait été en soupçonnant Bill. Elle connaissait Nyssa depuis moins longtemps mais elles avaient brièvement partagé son appartement et elles étaient devenues amies. Le temps nécessaire à une enquête approfondie leur avait manqué. Severus était pris par ses recherches et son propre travail l'accaparait dernièrement. Le tout était, par ailleurs, compliqué par la nature de Nyssa. Qu'importe l'apparence que Tonks prendrait, la vampire la démasquerait au bout de quelques secondes grâce à ses sens hyper-développés. Tenter de la filer était voué à l'échec et ne ferait que provoquer sa méfiance.
Distraite par ses pensées, elle manqua presque le mouvement furtif aux abords du musé, un peu après minuit.
°°O°°O°°O°°O°°
Sirius fumait ses cigarettes à la chaine, dissimulé dans le renfoncement en pierre d'une des nombreuses entrées du Victoria and Albert Museum. Adossé au mur, sous un sort de désillusion, il gardait les yeux rivés sur les bâtiments modernes attenants au Muséum d'Histoire Naturelle. La vue n'était pas idéale, mais c'était le poste d'observation qui avait été choisi et il devait s'y tenir. Plus tard, lorsqu'il aurait terminé sa cigarette, Patmol irait faire un tour plus près.
Exhibition Road était pratiquement déserte, les groupes de passants se raréfiant à mesure que la nuit progressait.
Il repéra immédiatement l'homme engoncé dans un manteau élimé qui se dirigea droit vers lui, après avoir jeté un bref coup d'œil à l'affiche placardée sur le mur, vantant les mérites de la dernière exposition en date.
« Tu es retard. » grommela-t-il, avant de tirer à nouveau sur sa cigarette. Il étudia les traits tirés de son meilleur ami qui, pourtant, ne semblait plus aussi fatigué que par le passé. Depuis que cette histoire de meute avait commencé, Remus semblait déborder d'énergie. Le loup-garou avait bien tenté de lui expliquer qu'il s'agissait d'une magie propre à la meute elle-même mais l'Animagus n'avait écouté que d'une oreille distraite, toujours récalcitrant à entendre parler de cette histoire. « Comment va Laura ? » s'enquit-il, tout de même.
Ils avaient caché la jeune femme dans un cottage que Dumbledore possédait sur la côte. L'endroit était isolé et aussi bardé de sortilèges que possible. Les chances qu'on la retrouve étaient minces et, si ce n'était l'isolation forcée, elle n'y était pas trop mal installée d'après ce que Sirius avait compris. Remus lui rendait visite aussi souvent que possible.
« Bien. » répondit Remus. « Désolé d'être en retard, je suis repassé par le Square Grimmaurd. »
Sirius haussa les épaules. « Aucune importance. »
Leurs relations étaient toujours quelque peu tendues et le fait que sa cousine paraissait éviter au maximum le Q.G. dernièrement ne contribuait pas à améliorer les choses.
« Rien à signaler ? » demanda le loup-garou, en désignant le musé d'un geste de la tête.
« Pas plus que d'habitude. » lâcha-t-il. « Calme plat. »
Cela faisait quelques jours qu'ils surveillaient le musé sans trop bien savoir pourquoi mis à part que Snape avait rapporté que Voldemort paraissait s'intéresser de très près aux pierres précieuses dernièrement. À sa connaissance, c'était Albus qui avait décidé de placer le Muséum d'Histoire Naturelle sous surveillance et pas le Mangemort, un fait que beaucoup des membres de l'Ordre ne semblait pas avoir saisi.
L'Animagus avait depuis longtemps appris à se méfier des coups de poker du Directeur.
Il termina sa cigarette et l'écrasa d'un coup de talon.
« Je vais faire le tour du périmètre. » déclara-t-il.
Il quitta l'abri qu'offrait le porche du musé sur ses quatre pattes, la langue pendante, heureux de sentir le vent frais ébouriffer sa fourrure.
Il ne remarqua pas l'éclat argenté dans son dos annonçant l'arrivée d'un Patronus en forme de loup.
Il se coula dans l'ombre, trouva un coin tranquille, se ramassa sur lui-même et franchi la courte grille d'un bond avant de trottiner en direction du bâtiment central. Il en ferait le tour, décida-t-il, et ensuite…
Une main s'abattit sur lui, agrippant la peau à l'arrière de sa nuque. Il voulut faire volte-face, mordre cet assaillant imprévu, mais une seconde main lui emprisonna la mâchoire. Il se détendit à peine lorsqu'il réalisa qui le tenait. Une fois certaine qu'il avait compris ce qu'elle attendait de lui, Nyssa relâcha sa prise.
« Il n'y en a que trois. » murmura la vampire, si bas que le murmure se confondit presque avec le sifflement du vent. « Ils sont en train de détruire les alarmes Moldus. Tonks veut qu'on les intercepte avant qu'ils n'entrent dans le musée. Elle reste sur le toit, toi et moi on va les rabattre sur Remus. »
Patmol hocha la tête en guise d'assentiment et ils s'enfoncèrent à nouveau dans l'ombre. Sa fourrure sombre se fondait parfaitement dans l'obscurité et si ce n'était pour l'éclat de ses yeux, il était indétectable. Nyssa, c'était encore tout autre chose. Elle ne se fondait pas dans l'ombre, elle devenait presque ombre, comme si la nuit l'embrassait et épousait tout son corps.
Certaines légendes appelaient les vampires enfants d'Hécate, d'autres enfants de la nuit… Sirius commençait à penser qu'il n'avait pas encore vu Nyssa utiliser toutes les ressources à sa disposition. Il en avait eu un aperçu au Ministère, lors de la Nuit des Ténèbres, mais un vampire était une véritable machine à tuer, de la même manière qu'un loup-garou pouvait l'être, et il était sur le point de recevoir une leçon en la matière.
Ils repérèrent les Mangemorts très facilement. Trois, en effet, comme elle l'avait dit. Tous masqués et capuchonnés. Deux d'entre eux portaient des masques simples, blancs et lisses, qui réfléchissaient la lumière. Le troisième masque était fait d'ivoire, délicatement ouvragé, et terriblement familier.
La vanité te perdra, Lucius, songea Sirius.
Ils se mirent en position, Nyssa se plaça à quelques mètres à sa gauche, et Sirius se tapit au sol. Lucius avait presque désactivé toutes les alarmes – on ne pouvait nier que les Moldus étaient consciencieux de ce côté-là – lorsque Nyssa émit un bref sifflement, à peine audible pour ses oreilles canines. Les Mangemorts ne l'entendirent pas. Le loup-garou situé à l'autre bout du musé, oui. S'il n'avait pas eu les yeux rivés dans cette direction, il aurait raté la brève lueur qui alerta Tonks, sur le toit, qu'ils étaient prêst à passer à l'attaque.
Nyssa et Sirius s'élancèrent dans un même grondement.
La vampire était rapide mais l'Animagus était astucieux. Il referma ses crocs sur Mangemort-inconnu-numéro-un pendant que Nyssa plantait les siens dans le cou de Mangemort-inconnu-numéro-deux. L'adversaire de la jeune femme s'écroula dans un cri, celui de Sirius se débarrassa de lui d'un violent coup de bras qui envoya le chien voler. Ce fut un homme qui se ramassa en roulé-boulé et dressa un protego hâtif qui fut à peine suffisant à dévier le maléfice que Lucius lança vers lui.
Il fut projeté plus loin.
Mangemort-inconnu-numéro-deux semblait inconscient mais Mangemort-inconnu-numéro-un avait engagé Nyssa dans un combat qui paraissait peu équitable. L'homme lançait boule de feu sur boule de feu et la vampire esquivait sans réelle difficultés mais sans parvenir à se rapprocher non plus. Lucius envoya valser toute prudence et força les portes du musé à s'ouvrir d'un sort, tuant le garde Moldu qui se précipita, un révolver à la main. Il ne parvint pas à pénétrer dans le bâtiment cependant, il rentra en collision avec un sortilège de protection si puissant qu'il rebondit en bas des marches. Visiblement, sa cousine avait appris de nouveaux tours.
Sans perdre, une minute, Sirius sauta le muret et lança immédiatement un sort que Lucius para d'un revers de bras négligeant. Sous le masque, il devinait que les yeux gris cherchaient l'ennemi dissimulé qui avait lancé le sort de protection. L'Animagus lança sort offensif sur sort offensif sans jamais mettre le Sang-Pur en difficulté, Lucius paraissait à peine lui prêter attention.
Dans son dos, Nyssa hurla et Sirius fit volte-face, oubliant toute notion de prudence.
Sa manche avait pris feu.
Et les vampires étaient presque invincibles mais ils n'étaient pas immunisés contre les flammes.
« Nyssa ! » cria-t-il, se précipitant vers la vampire. « Aguamenti ! »
Du coin de l'œil, il aperçut ce qui se joua dans son dos. Remus courrait vers eux, le plan initial à l'eau, et jeta un sort à Mangemort-inconnu-numéro-un avant que ce dernier n'ait pu les achever d'un Avada. Quant à Lucius, il leva sa baguette et grogna presque de satisfaction lorsqu'un sort s'écrasa sur son bouclier. Il leva les yeux vers les bâtiments d'en face et, avant que Sirius ou Remus n'ait pu faire quoi que ce soit, il avait transplanné.
Nyssa avachie dans ses bras, Sirius ne pouvait rien faire d'autre que tirer la vampire à l'abri pour l'instant, laissant à Remus le soin de les couvrir.
Il devait faire confiance à Tonks pour s'en sortir seule.
°°O°°O°°O°°O°°
À la seconde où elle vit le Mangemort disparaître, Tonks devina qu'elle allait avoir des ennuis.
Abandonnant toute notion de prudence, elle bondit sur ses pieds, ignorant ses jambes engourdies et se retourna juste à temps pour bloquer un maléfice qui la fit reculer de deux pas. L'arrière de ses genoux butta contre le rebord du toit.
L'identité du Mangemort n'était pas un secret. La capuche avait été légèrement repoussée par son combat contre Sirius et on devinait les longs cheveux blonds qu'elle dissimulait. La baguette, également, était tout à fait reconnaissable.
« Inutile que je vous suggère de vous rendre, n'est-ce pas ? » lança-t-elle, pince-sans-rire.
Pour seule réponse, Lucius fouetta l'air de sa baguette. Elle eut à peine le temps de dresser un bouclier – pas ceux, standards, qu'on lui avait appris lors de sa formation mais un plus puissant, plus aléatoire aussi qu'elle n'avait jeté pour la première fois que quelques minutes auparavant sur l'entrée du musé. Un mur bleuté scintilla quelques secondes entre eux.
« Intéressant. » commenta Lucius, en inclinant la tête. « J'ignorais que Severus partageait ses inventions avec le reste de l'Ordre. »
Elle se força à rester de marbre, refusant de mordre à l'hameçon et chassant de sa tête les images de la main du Maître des Potions guidant la sienne dans les airs tandis que sa baguette traçait des arabesques compliquées. Ce n'était ni le moment de penser à cela, ni le moment de se rappeler la manière dont ses doigts avaient quitté son poignet, une fois certain qu'elle maîtrisait le sort, pour remonter le long de son bras et…
« Stupefix ! » cria-t-elle.
Le sortilège fut dévié d'un coup de baguette nonchalant. Il para, de même, tous les autres sorts qu'elle lança sans sembler se fatiguer. Il l'étudiait, finit-elle par comprendre, ses forces, ses faiblesses… Il l'étudiait.
« Ah, je crois que vos amis ont eu raison de Vicar. » remarqua-t-il, le regard fixé derrière elle. « Il est regrettable que vous ayez choisi le mauvais camp, ma très chère nièce. Pour une Sang-Mêlée, vous avez du potentiel. »
Elle était prête à se jeter au sol pour éviter un Avada mais le sortilège que lança Lucius la prit de court. Il lui fit l'effet d'un coup de poing à l'estomac et la projeta en arrière.
Elle battit stupidement des bras comme un oiseau prêt à l'envol.
Durant une brève seconde, elle espéra pourvoir se rattraper.
Lucius disparut et Remus apparut dans le même temps.
Leurs regards s'accrochèrent.
Pas leurs mains.
Le souffle coupé, Tonks bascula dans le vide.
La chute lui parut interminable.
