Bonjour

On se retrouve avec un nouvel OS. On est post saison 3, après le départ d'Hélène. Et si, cette dernière avait laisser une lettre à Balthazar ? Et si, Balthazar l'avait garder et se torturait avec ?

Bonne Lecture


"Et voilà, on est reparti avec cette fameuse lettre" lâcha Lise en prenant place sur le canapé "Tu veux pas arrêter avec ça un peu ?" demanda la tatoueuse "Ca sert absolument à rien de la relire, encore et encore… Ca ne va rien changer, elle est toujours partie…" ajouta-t-elle "T'aurais dû la brûler… Franchement pourquoi tu fais ça…"

"Tu veux pas te taire un peu ?" coupa Balthazar "Je fais encore ce que je veux non ?" demanda le légiste à l'apparition de sa défunte femme "Si j'veux la garder, c'est mon choix" ajouta-t-il

"Et patati et patata… Bla bla bla" repris Lise "Je le connais le discours, mon caramel, et franchement, il me soule" ajouta-t-elle "T'façon tu peux t'en prendre qu'à toi même hein… Si t'avais été moins con aussi…"

"Bon ça suffit !" cria tout à coup Balthazar "C'est la même chose à chaque fois… Et j'ai pas besoin de toi pour me faire des reproches, je le fais très bien moi même tu sais" ajouta-t-il en dépliant la lettre pour la relire

"Ouais je sais je sais" répondit Lise blasée "Je suis dans ta tête donc je suis bien placée pour savoir que tu t'en fait tous les jours, que tu pense à elle, tous les jours et que tu relis cette putain de lettre, tous les jours" ajouta-t-elle "Tu la connais pas par cœur à force ?" demanda la tatoueuse

Balthazar préféra l'ignorer et ne pas répondre. Il préférait déplier doucement la lettre pour la relire, encore une fois… Oui, il la lisait chaque jour, oui, il commençait à la connaître par cœur, mais depuis son départ, cette lettre était tout ce qui lui restait d'elle…

Il se savait coupable, il avait fait n'importe quoi, et il avait clairement gardé cette lettre pour se le rappeler en boucle, pour se faire du mal, pour se torturer tout simplement… Hélène avait marqué sa vie, et elle n'était plus là, et il avait gardé d'elle, cette lettre, parce qu'elle pouvait lui faire beaucoup de mal, mais paradoxalement, elle lui faisait aussi, parfois, du bien…

Il commença sa lecture, et la voix d'Hélène raisonna doucement dans sa tête. Il ne l'avait pas oublié. Pas que elle, non, sa voix aussi, sa voix qui accompagnait parfois ses pensées… Encore plus quand il était stressé, il pensait à elle tout le temps, comme lors de ces six mois, mais là, c'était encore plus intense que la première fois.

Son prénom et le vouvoiement était un si grand contraste. Il ne se souvenait pas qu'elle l'ait un jour utilisé, que un jour, elle l'ait appelé par son prénom… Elle l'avait toujours appelé Balthazar, jusqu'à ce moment où elle avait lâché un "mon amour"... Il s'en souvenait et il pouvait encore l'entendre, dans ses rêves…

Il connaissait sûrement cette lettre par cœur, mais, comme à chaque fois, il souriait en voyant qu'elle ne pouvait pas utiliser le "vous" plus longtemps. Qu'elle voulait utiliser le "tu". Il ne s'en offusquait pas, il n'était personne pour la juger vu le nombre de fois où lui, il l'avait tutoyé, et puis, de toute façon, elle n'était plus là…

Le troisième paragraphe lui faisait le même mal à chaque fois. A chaque fois qu'il lisait qu'elle partait, il avait mal, et il avait envie de se traître de tous les noms possible, parce qu'il savait que si il avait été moins con, elle serait là, avec lui et cette lettre n'aurait tout simplement jamais existé…

Elle ne supportait pas de rester après leur dernière conversation, et il comprenait… Il comprenait mais il avait bien du mal à l'accepter… Il savait qu'il l'avait poussé à partir, sans doute dans un but tordu de la protéger de lui et du mal qu'il était capable de lui faire… Mais, non seulement il lui avait fait un mal monstre, mais il ne l'avait surtout pas protégé puisque, le mal dont il voulait la protéger, il en était responsable…

Son cœur se serrait encore, il savait, il savait ce qu'elle disait, parce que Lise avait raison, à force de lire cette lettre chaque soir pour ce faire du mal, il la connaissait par cœur, mais les mots qu'elle contenait lui faisait toujours le même effet, le même pincement au cœur… Ils provoquaient et les larmes montaient toujours au même moment…

Lire qu'elle pensait qu'il la détestait lui faisait un mal qu'il ne pouvait même pas quantifier. C'était impossible de la détester, elle avait tout pour être aimée. Il était heureux, d'avoir pu avoir une femme comme lui dans sa vie, et encore plus heureux de dire qu'il l'avait appelé "amie". Mais aujourd'hui, elle n'était plus rien de tout cela, et surtout, elle devait être persuadée qu'il la détestait.

Elle ne voulait pas vivre sans lui, l'idée même lui semblait insurmontable, et dans le fond, à lui aussi, cela lui semblait impensable… Mais il l'avait provoqué, il se sentait très con, parce que chacun de leur côté devait se faire à une vie sans l'autre. Il n'y arrivait pas, mais peut-être qu'elle avait plus de chance… En tout cas, il espérait.

Peut-être que c'était ça, la solution, le temps… Elle aurait même compris, mais lui, lui il n'avait pas compris ça et il l'avait repoussé violemment au lieu de lui laisser une chance de le réparer et de lui montrer qu'il y avait encore des choses à aimer chez lui, et que lui en était aussi capable… Elle lui avait dit, quand elle était venue porter cette lettre et qu'il avait fait semblant de dormir, qu'elle aurait pu essayer de le réparer, mais il n'avait pas voulu de ça, parce qu'il pensait être une véritable cause perdue.

Il marqua une pause. Repenser au moment où elle était venue, aux derniers contacts entre eux lui faisait du mal, autant que cette foutue lettre… Il se souvenait de ce qu'elle lui avait dit. Il avait fait semblant de dormir pour voir ce qu'elle allait faire. Et finalement, il s'était dit que cela aurait été mieux si il n'avait pas fait ça. Parce qu'elle aurait donné la lettre aux infirmières, parce qu'elle ne lui aurait pas parler, et que tout cela ne s'ajouterai pas aux maux de son esprit.

Elle aurait tout accepté par amour pour lui, c'était ça le pire… Il aurait pu ne pas l'aimer aussi fort qu'elle l'aimait lui, c'était pas grave, parce qu'il l'aimait et qu'ils auraient été ensemble… Il ne la méritait clairement pas… il ne méritait pas du tout, tout ce qu'elle aurait pu avoir à lui offrir.

"Si tu savais, Hélène, à quel point tu as compté pour moi" murmura le légiste en lisant qu'elle avait eu l'impression qu'elle n'avait jamais compté, que tout avait été un mensonge et que même, ses propres sentiments n'étaient qu'une illusion…

C'était faux. Parce qu'elle avait compté, il n'avait juste pas su comment lui montrer, et surtout, comment lui dire… Hélène, elle était incroyable et surtout, c'était une femme forte et indépendante… Comment elle avait pu tomber à ce point pour lui ? Cela resterait à jamais un mystère.

Il avala difficilement sa salive, elle avait lu en lui comme dans un livre ouvert… Il avait voulu qu'elle parte, qu'elle s'éloigne de lui pour enfin avoir le droit au bonheur, un vrai bonheur et pas une façade, et surtout, pas ce qu'il aurait été capable de lui donner… Parce que, il le savait, il n'aurait jamais pu combler ses attentes… Elles devaient être hautes, celles d'Hélène, une femme comme elle, en aurait tous les droits. Ou alors, c'était lui le problème, lui qui pensait ne pas pouvoir être à la hauteur…

Parce que, malgré tout le mal qu'il avait fait, elle l'aimait, elle l'aimait encore et toujours… Mais pourquoi ? Ca il n'avait pas la réponse… Franchement, c'était inconcevable après tout ce qu'il lui avait fait subir qu'elle l'aime encore à ce point…

En fait, il ne se torturait pas qu'avec cette lettre, non il y avait aussi ses sentiments, toujours bien présents et ravivés à chaque lecture, possiblement un peu plus fort que la fois précédente, mais il y avait aussi les questions qui restaient sans réponses, qui resteraient toujours sans réponse.

La suite était toujours aussi difficile, bien que les mots soient d'une beauté sans nom, leur impact était extrêmement douloureux. C'était comme si des milliers de petites aiguilles venaient lui piquer le cœur en même temps, faisant toujours plus de trous dans ce dernier, laissant la cicatrice qu'il avait saigner, encore et encore sans jamais pouvoir se refermer…

Le fait qu'elle lui dise qu'il était son âme sœur lui trouait littéralement le cœur. Il n'avait jamais cru cela possible, qu'un tel lien puisse exister, pourtant, elle, elle y croyait… Et peut être qu'avec le temps et son absence, il commençait à penser qu'elle avait raison. Si il était son âme sœur, elle pouvait être la sienne…

Déjà parce qu'il se faisait clairement chier sans elle dans sa vie, sans pouvoir entendre sa voix, lui parler, la taquiner, la faire rire, la voir sourire et surtout, la voir, voir ses yeux briller, s'illuminer, sans pouvoir l'observer, discrètement quand elle ne le voit pas… Peut-être qu'elle savait, après tout, elle est flic…

Si sa vie sans lui était fade et triste, la sienne était le miroir exact sans elle. Fade, triste et sans saveur… Mais il savait qu'il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même, elle était sortie de sa vie que parce qu'il l'avait voulu, que parce qu'il l'avait poussé à sortir de sa vie, et ce, sans prendre des pincettes…

Non, il avait été direct, brutal et cruel… Cela avait dû être si violent pour elle, si violent et difficile… Déjà que ce qu'elle avait vécu avec lui dans le coma devait avoir laissé des traces indélébiles, lui avait enfoncé le clou, faisant encore plus de mal à la personne la plus pure qui avait croisé sa route ces dernières années.

"Tu ne peux pas savoir ce que tu représentes pour moi, Hélène" continua le légiste alors qu'il lisait la suite de la lettre "Tu ne le sauras jamais, parce que je te l'ai jamais dit, et que je te le dirai jamais… Déjà parce que tu es désormais bien loin de moi, hors de ma vie, et qu'ensuite, j'en suis incapable…"

"J'en suis incapable" se moqua Lise qui venait de revenir "C'est toujours la même chose avec toi mon caramel" ajouta la tatoueuse "Si tu te comportait un peu plus en homme et moins en gamin tu chialerais pas sur cette lettre à chaque fois que tu la lis" continua la brune "Tout simplement parce qu'elle ne l'aurai jamais écrite"

"Tu veux pas arrêter d'être cynique ?" demanda Balthazar à l'apparition "Non parce que tu deviens de plus en plus méchante à chaque fois et j'ai pas envie de me prendre la tête avec toi à son sujet…"

"Dis plutôt que t'as pas envie de te prendre ENCORE la tête avec moi à son sujet" répondit Lise "Non parce qu'on l'a déjà fait et qu'on le refera… Je suis dans ta tête, donc en fait, c'est avec toi même tu t'engueule" ajouta-t-elle" Tu sais, avec la partie encore pas trop conne qui sait que t'as fais n'importe quoi et qui à essayer de t'empêcher de le faire parce qu'elle savait que ça finirait comme ça…

"Laisses moi" répondit Balthazar ne relevant même pas ce qu'elle venait de dire "Juste, laisses moi tranquille" ajouta-t-il en reposant ses yeux sur la lettre d'Hélène qu'il avait lâcher pour voir l'apparition, imaginé par son cerveau

"T'es pathétique mon pauvre" lâcha Lise "T'sais quoi, ouais j'vais te laisser, mais je vais te dire un dernier truc avant, parce que peut-être que ça va finir par faire son chemin et que tu vas enfin te dire que j'ai raison sur ce point" ajouta-t-elle "Quand tu auras fini pour la je ne sais combientième fois de lire cette lettre, appelle là et dis lui ce que tu as sur le cœur plutôt que de rester là, comme un con à lire et relire cette lettre"

Balthazar ne put répondre, Lise avait disparu et il rangea sa suggestion dans un coin de sa tête, essayant de l'ignorer. Il ne pouvait pas appeler Hélène, déjà parce qu'elle n'allait pas répondre, ou alors, si elle le faisait, il allait se faire renvoyer sur les roses et il n'avait pas du tout envie de cela… Non, c'était bien plus simple d'être là, seul, avec cette lettre qui lui rappelait qu'il n'était qu'un idiot… Pire, il en était le roi…

Le légiste se replongea dans sa lecture. Il ne comprenait pas pourquoi elle avait une si haute estime de lui, pourquoi elle ne le voyait pas comme l'ordure qu'il est, comme l'homme mauvais, comme le poison qui à détruit sa vie… Pourquoi une femme comme elle à une si haute image, une si haute estime de lui alors qu'il lui fait plus de mal que n'importe qui d'autre…

Il ne la mérite pas, il ne la méritera jamais, elle est beaucoup trop bien pour lui… Elle veut garder cette belle image de lui, mais il aurait voulu qu'il en soit tout autre, comme ça, c'était plus facile pour elle de l'oublier. Parce que, le cerveau est compliqué, mais il oublie plus facilement une personne détestée qu'une personne aimée… Même si il savait bien qu'Hélène ne pourrait jamais l'effacer… Lui ne parvenait pas à effacer Maya alors qu'elle est la personne qu'il déteste le plus au monde…

Il avait eu tellement de mal à laisser Hélène entrer, et ça, la blonde l'avait bien compris, mais une fois qu'elle était entrée, c'était trop tard… Trop tard pour lui, pour elle, pour eux… Ils allaient se lier d'une façon peu commune. Elle était celle à qui il tenait le plus, il n'avait pas tenu à quelqu'un comme ça depuis Lise…

"J'aurais tellement aimé que tu sois celle qui me donne de l'amour" murmura Balthazar "Mais je ne pouvais pas, je ne peux toujours pas… Parce que, aussi fort que tu m'aime, je ne serais jamais à la hauteur de cet amour" ajouta le légiste "Et toi, ma belle Hélène, tu mérites tellement mieux"

Il pu entendre dans sa tête, une réponse se formuler, et une voix lui répondre des mots qui lui faisait beaucoup de mal "mais moi, c'est toi que je veux"… Et ce qui était le plus douloureux, c'était que la voix qu'il entendait lui dire ces mots, c'était celle d'Hélène.

Il était incapable de l'oublier, de l'effacer. Pire, il voulait la graver parce qu'il avait peur d'oublier son image, d'oublier son visage, de l'oublier elle, tout simplement. Il voulait se souvenir pour toujours de son apparence, de sa douceur, de la lumière qu'elle dégageait et de sa beauté pure et simple.

Hélène était, possiblement un ange tombé du ciel, un ange, envoyé pour le sauver, et qui avait échoué dans sa mission, seulement parce que lui, il refusait en bloc ce sauvetage et qui était donc, désormais, voué à le torturer, à torturer son esprit, à torturer ses sentiments pour que jamais il n'oublie qu'il avait laisser passer une de ses plus belles chances, une des ses plus belles occasions d'être enfin heureux et réellement heureux.

Et le pire, c'était que ça fonctionnait, et comme sur des roulettes… Non seulement parce qu'il avait tout foutu en l'air, refusant de voir combien il avait de la chance de l'avoir dans sa vie, ne le réalisant qu'une fois qu'elle en était définitivement sortie. Mais aussi, parce qu'il n'avait pas accepté qu'il pouvait aimer de nouveau, comme il avait aimé Lise et parce qu'il refusait d'être aimé et que quelqu'un accepte son lourd bagage, accepte de le porter avec lui et ne le juge pas.

Et puis, il avait eu bien du mal à accepter qu'il s'était trompé, et qu'au passage, il avait fait du mal à la personne qui comptait le plus pour lui, dont l'opinion et le jugement étaient les plus importants, les plus valorisants à ses yeux… Il n'avait pas accepté qu'il avait faux sur toute la ligne et qu'elle avait raison. Pas que parce que il était en train de se tromper en l'épousant, mais aussi, parce qu'avant cela, il avait fait une grosse erreur, une énorme erreur même…

Hélène, elle se fichait bien de son passé, de ses erreurs, des lourds bagages qu'il traînait derrière lui. Hélène, elle le prenait comme il était, avec ses quelques qualités et ses nombreux défauts. Elle le prenait avec son caractère pas facile, avec son côté casse-cou, aventureux, elle prenait les blagues débiles, et les gamineries. Mais elle prenait aussi les failles, les blessures, les larmes… En fait, elle l'aurait pris comme il était, parce que c'était comme cela, qu'elle l'aimait.

Sa vision était désormais en partie brouillée car il s'était mit à pleurer. Cela devenait trop douloureux d'être sans elle, d'être loin d'elle. Mais, comme à chaque fois qu'il pensait à l'appeler pour lui demander pardon ou bien à la rejoindre pour cette même raison, il se rappelait qu'il était responsable de tout cela et que si il faisait ça, il n'avait absolument aucune chance d'obtenir un pardon… On ne pouvait pas faire autant de mal à Hélène Bach et s'attendre à ce qu'elle nous pardonne…

C'était pour cette raison précise qu'il ne faisait rien, qu'il restait malheureux, parce qu'il savait qu'il n'avait vraiment aucune chance de se faire pardonner après ce qu'il lui avait dit. Elle était bien trop entière, bien trop pure, bien trop sincère pour cela… Et il ne voulait plus jamais baser une relation sur des mensonges…

Parce que, à un moment donné, sa relation avec Hélène n'avait été que mensonges, et des deux côtés. Enfin, surtout du sien… Parce que, Hélène, elle lui avait juste pas dit la vérité sur ses sentiments, et ensuite, elle les avait caché de peur qu'il ne lui fasse du mal… Et elle avait eu raison, parce que, une fois qu'il avait eu, réellement eu son cœur entre les mains, il l'avait écrasé, le rendant poussière…

Et lui, il lui avait menti en lui disant que ce n'était pas grave si cela ne c'était pas fait entre eux, parce que c'était plus simple que de s'en vouloir, de se dire que si cela n'était pas arrivé, c'était de sa faute et uniquement de sa faute. Il lui avait menti en lui faisant croire qu'elle n'était rien de plus qu'une amie, qu'il ne l'aimait pas, il lui avait menti en lui disant qu'il était réellement heureux et en pleine confiance avec Maya… Il lui avait menti quand il l'avait rejeté, mais c'était avec tout cela qu'il devait vivre désormais…

Après cette pause qui n'avait fait que renforcer ses lamentations, le légiste reprit sa lecture, mais ce n'était pas pour lui faire du bien, loin de là. Il ne comprenait pas comment il pouvait être le rêve d'Hélène Bach quand tout ce qu'il devrait être, c'était son pire cauchemar… Il lui avait fait tout vivre, surtout le pire, et elle, et bien, elle rêvait de ses bras… Quel putain de contraste…

Elle avait raison, elle était tombée sur la dernière marche, il ne lui restait rien à franchir, il l'attendait, les bras ouverts, et Maya était revenue, et il avait oublié Hélène et tout le reste… Comme le gros con qu'il était… Sérieusement, il était plus que prêt, elle aussi et il avait bien déconné comme il le fallait… Elle était le choix de la raison, le choix sain, le choix d'une vie remplie d'amour, le choix le plus simple et le plus effrayant aussi. Du coup, il avait fait le mauvais choix, dans l'unique but d'être sûr de la garder en vie, et dans sa vie…

Tu parle, mauvaises raisons et mauvais choix, et maintenant, il s'en mordait grandement les doigts, il passait ses soirées à se torturer avec la lettre qu'elle lui avait laissé, avec le souvenir de leur dernier échange vocal, des ces mots cruels qu'il ne pensait même pas, de ses larmes qui coulaient en cascade sur ses joues… Il se souvenait de tout, et les regrets lui enserrait la poitrine comme un serpent, l'empêchant parfois de respirer.

Il avait brisé son cœur, et elle n'avait rien dit. Il comprenait tellement la peur qu'elle avait eu, parce qu'il avait plus où moins ressentit la même en l'entendant parler d'une histoire de cul. La peur que ça ne soit que cela, qu'elle ne soit que cela, qu'un nom de plus sur une liste de filles trop longue… Elle avait eu mal, et elle avait refermé à double tour son cœur…

Le pire, c'est qu'elle avait eu raison de faire ça, mais que lui, il s'était éloigné en pensant que c'était la chose à faire… Une connerie de plus… Il ne pouvait pas se battre un peu pour lui prouver le contraire ? Lui prouver qu'elle était tellement plus qu'une simple conquête et qu'il ne voulait pas juste, coucher avec elle ? Qu'il voulait tout ? Les repas, les matins, les soirs, les rires, les larmes, les enquêtes, les autopsies… Il en passe et des meilleurs… Il voulait tout, et il se retrouvait avec rien…

Il aurait pu avoir tout cela, si comme il l'avait désiré au départ, il l'avait choisi elle, il avait choisi une relation avec elle. Mais, une petite voix dans sa tête, qui ressemblait comme souvent à celle de Lise lui rappela que Maya et Janvier auraient clairement pu s'en prendre à elle, si cela avait été le cas, qu'il aurait pu la perdre bien plutôt, et surtout, qu'elle aurait pu y laisser sa vie… Maya aurait été prête à tout pour l'avoir lui, et éliminer une flic aurait été le dernier de ses soucis…

C'était une façon de se déculpabiliser, c'était stupide, mais de cette manière, il se disait qu'il l'avait en quelque sorte, protéger, mais au passage, il lui avait fait un mal monstre, un mal pour lequel, il ne se pardonnerait sans doute jamais…

Il n'allait pas non plus se pardonner le reste, le fait de l'avoir fait souffrir plus que de raison, de lui avoir fait du mal alors que ce n'était pas nécessaire, de l'avoir traîné dans la boue sur de nombreux kilomètres alors qu'elle s'accrochait, encore et encore à l'infime espoir qu'il ne finisse par la choisir…

Elle n'aurait jamais dû faire ça, mais Hélène, elle avait de l'espoir même dans les pires situations. Hélène, elle croyait toujours que tout n'était pas perdu, elle essayait toujours de voir le positif, même dans les pires situations… Et pourtant, il n'avait rien fait… Son espoir avait été une traînée de poudre…

Elle qui voulait juste une chance d'être avec lui, d'être heureuse avec lui et de le rendre heureux aussi, et bien, il avait juste écrasé cette chance, encore et encore et encore jusqu'à ce qu'elle ne soit que des miettes. Il avait réduit à néant les espoirs d'une femme incroyable qui n'avait rien fait de mal… Sauf l'aimer, et croire en lui… Il fallait croire que lui, il avait vu du mal dans tout cela…

Et le pire, c'était qu'elle l'aimait encore et que, selon ses propres dires, elle l'aimerait toujours. Mais pourquoi ? Elle devrait juste l'oublier, refaire sa vie et être heureuse, loin de lui qui n'apportait que malheur, douleur et autre déception dans la vie de ceux qui croisaient son chemin et qui osaient un peu trop, croire en lui et en sa bonté…

Il était maudit, et tout ce qu'il touchait finissait indéniablement par se briser entre ses doigts. Il ne pouvait pas être heureux… Ce n'était pas la bonne fée qui s'était penchée sur son berceau, mais plutôt une sorcière qui l'a maudit, l'empêchant de trouver un bonheur vrai, pur et sincère… Ou alors, le poussant à tout gâcher quand il s'approchait d'un peu trop près…

C'était complètement stupide, il n'était pas un personnage de conte de fée, loin de là… Il n'avait rien du prince charmant, rien de l'antagoniste qui fait tout pour détruire la vie des héros… Rien de tout cela, il n'était qu'un homme banal, parachuté dans ce monde et qui s'était donné pour mission d'apporter la paix qu'il ne parvenait pas à trouver aux autres… Parce que tout le monde ne pouvait pas être une âme en perdition…

Pourtant, il aurait pu être sauvé, mais il avait refusé la bouée de sauvetage, refusé l'aide, refusé l'amour tout simplement. Parce que personne ne pouvait réellement l'aider. C'était ce dont il se persuadait… Que tout était voué à foirer et que, même si il avait voulu être avec Hélène, si il leur avait laissé une chance, elle aussi aurait fini par s'envoler, ne pouvant plus être avec lui…

Il se perdait de plus en plus, à chaque lecture il allait plus loin dans ses pensées, chaque lecture était plus difficile, plus longue, plus tortueuse… Mais il se disait, à chaque fois un peu plus que c'était juste sa punition, que ce mal, il n'avait fait que le mériter…

Elle disait qu'elle était désolée pour tout, mais c'était lui, qui devait l'être, pas elle. Elle avait juste voulu l'aider, l'aimer, lui apporter de la paix et du bonheur et il lui avait fait un mal qu'il ne pouvait pas quantifier… Elle s'en voulait d'avoir garder son secret, de lui avoir rien dit parce qu'elle pensait que tout aurait pû être différent…

La vérité, c'était qu'il ne savait pas, si tout aurait été différent, mais dans le fond, une petite voix lui disait qu'il aurait eu le droit au bonheur, même si il n'avait été que bref, le bonheur qu'il aurait goûté avec Hélène aurait été si beau…

Il avait été si heureux, quand enfin, elle lui avait dit ce qu'elle ressentait, il avait senti un soulagement, de savoir que c'était vrai, mais surtout, qu'elle se libère enfin… Parce qu'elle avait dû avoir un poids monstre sur ses épaules avec ce secret, et il n'avait rien fait pour qu'elle se sente suffisamment bien pour le partager avec lui, alors qu'il était, le principal concerné…

Hélène avait raison sur un point, Maya les avait détruit, tous… Elle était entrée dans sa vie discrètement, elle y avait foutu un bordel monstre avant de repartir en grande pompe, direction la prison. C'était un soulagement qu'elle soit enfermée dans une cellule, seule, mais il le savait, cela aurait été un plus grand soulagement si elle était six pieds sous terre.

Mais il n'avait pas de temps pour ça, elle aurait pu l'emporter avec elle, et il ne serait plus là à se torturer, mais surtout, ça aurait aussi emporté Hélène dans cette foutue spirale… Parce qu'il n'était pas sûr qu'elle aurait survécu à sa mort… Loin de là même, la jolie blonde aurait été touchée en plein cœur…

C'était une évidence qu'elle les avait détruit… Jérôme aurait pu mourir cramer, il avait été convalescent un moment après son réveil, et tout aurait pu être bien plus grave, il le savait… D'une certaine manière, elle avait aussi détruit Eddy et Fatim, même si sur eux, l'impact était moindre, ils avaient été spectateurs de ses déboires, ils l'étaient encore… C'était une erreur de croire qu'ils étaient indemnes après tout cela…

Elle avait bien abîmé Hélène, c'était même elle qui devait souffrir le plus après lui… Les dégâts physiques, il n'y en avait aucun, mais elle avait fait des ravages sur le mental de la flic… Il ne voulait pas repenser à tout ce que sa collègue, son amie, son… Elle était tellement plus qu'il ne le dirait jamais, avait vécu à cause de cette… De cette… Bref, de Maya… Et le pire, c'était qu'elle avait dû tout quitter, parce que Maya avait ruiné l'homme qui pouvait lui apporter un vrai bonheur…

Lui… Alors là, c'était un strike qu'elle avait fait… Elle lui avait retiré Lise, celle qui était le premier amour de sa vie, celle à qui il pouvait tout dire, avec qui il voulait tout vivre… Sa vie avait été brutalement fauchée en plein vol, et Balthazar s'était crashé en même temps… Et puis, il y avait eu tout le reste, dont, il est vrai, une espèce de descente aux enfers…

Ensuite, elle l'avait en quelque sorte sauvé, avant de lui planter un énorme couteau dans le dos… Elle était la personne qu'il haïssait le plus au monde et elle avait réussi à se glisser jusque dans son lit… Une manipulatrice et une menteuse… Et bien sûr, elle avait beaucoup pris au passage,… Il ne savait pas si il pourrait un jour, redonner son cœur à une femme…

En vrai, une autre femme avait déjà son cœur, elle avait protéger le morceau qu'il lui avait incontinemment confier pour qu'il reste indemne… Mais cela n'avait pas été suffisant… Seulement, le temps réparait les blessures, et aujourd'hui, le bout qu'il lui avait confié était en train de créer un cratère dans son cœur….

Le temps réparait la blessure profonde causé par Maya, et aujourd'hui, Hélène lui manquait et ce qu'il se savait incapable de lui donné au moment où elle était partit, était bien présent aujourd'hui… Si il n'avait pas été aussi con, il lui aurait demandé de l'attendre, juste un peu, en lui disant que tout ce dont il avait besoin, c'était du temps… Du temps pour se réparer et pour être prêt pour elle, pour lui offrir le meilleur, c'était tout ce qu'elle méritait.

Mais d'un autre côté, cela aurait été tellement égoïste de lui demander de l'attendre encore une fois… Elle avait déjà tellement attendu, pourquoi elle lui accorderait encore un peu de temps… Non, elle méritait d'être heureuse, et rapidement. Pas de perdre son temps avec lui… Pas encore une fois… Elle avait déjà perdu tellement de temps à cause de lui et le bonheur n'attendait pas.

Elle lui disait qu'il avait le droit au bonheur, mais lui, il en doutait fortement… Comment pouvait elle lui souhaiter d'être heureux, lui dire de vivre sa vie, qu'elle était pleine de belles choses qui n'attendaient que d'être vécues quand il lui avait fait tout cela ?

Non, sa vie n'était pas belle, parce que la plus belle chose qu'il aurait pu vivre, c'était une histoire d'amour avec elle, et il avait absolument tout gâcher. Et sans réfléchir… Parce que si il avait pris un tout petit peu plus de temps, il ne lui aurait jamais dit tout ce qu'il lui avait dit et dont il voulait tout oublier… Non, il lui aurait dit qu'il l'aime mais que pour le moment, il avait besoin de temps avant d'être avec elle.

Et elle ne reviendrai jamais; Elle lui disait adieu avec cette lettre, pas aurevoir, adieu, c'était là, écrit noir sur blanc. Au revoir cela voulait dire qu'elle pouvait revenir, adieu, c'était un départ définitif… Il ne la reverrait jamais. Pourtant, elle utilisait des mots doux, mais aucun ne pouvaient apaiser la douleur que provoquait ce tout petit mot au combien lourd de sens…

Il reposa la lettre, cette nouvelle lecture lui avait fait du mal, mais il était doué pour ça, pour se torturer, avec des souvenirs. Et les souvenirs d'Hélène, ils étaient nombreux à venir le hanter… Elle avait laissé dans sa vie une empreinte indélébile, et puis de toute façon, il ne voulait pas l'effacer…

C'était impossible de l'oublier, elle était une personne incroyable et il s'estimait très chanceux de l'avoir croisé sur sa route. Il en faudrait beaucoup pour qu'un jour, elle soit effacée de sa mémoire…

Il secoua la tête, et voilà qu'il était encore perdu… Il l'aurait bien appeler, mais cela ne servait à rien, il le savait d'avance… Les chances pour qu'elle décroche son téléphone était extrêmement mince, et celles pour que, si par miracle, elle lui répondait, elle ne le renvoie pas sur les roses, l'étaient encore plus…

Non, autant rester là, à ne rien faire comme il savait si bien le faire… Il avait voulu jouer et il avait perdu, il l'avait perdu, et maintenant, il ne pouvait que s'en vouloir… Elle ne reviendrai jamais dans sa vie, à lui de l'accepter et d'avancer…Enfin, essayer…

"Je suppose que tu ne vas pas l'appeler" lâcha Lise qui revenait le tourmenter, encore une fois… Balthazar secoua la tête, non seulement pour essayer de chasser l'apparition mais aussi pour répondre à la question qu'elle venait de lui poser. "Ok, alors, si tu ne comptes pas le faire, tu peux me dire pourquoi tu gardes cette lettre ?" demanda-t-elle "Et aussi, pourquoi tu gardes son numéro enregistré dans ton téléphone ?"

"Parce que cette lettre me rappelle que j'ai été con, que je lui ai fait du mal et que j'ai laissé passer ma chance avec une femme merveilleuse" répondit le légiste "Quant à garder son numéro, on sait jamais, je me dis que un jour… Peut-être"

"C'est une contradiction t'en a conscience ?" demanda Lise "Non parce que ça sert à rien, de le garder, tu l'as dit toi-même, elle ne va pas revenir" ajouta la tatoueuse "Et puis, c'est pas comme si tu allais l'oublier hein… Non seulement, tu connais cette lettre par cœur, mais je suis sûre que tu connais son numéro par cœur aussi"

Balthazar préféra ne rien répondre, laissant Lise lui parler, essayant d'éloigner sa voix pour se retrouver seul, avec un minimum de paix… Parce qu'il ne pouvait pas avoir la paix complète, loin de là… Alors il essayait de se contenter du minimum qu'il arrivait à obtenir et c'était déjà bien…

Pourtant, sa paix ne pourrait bien pas durer, parce que, bientôt, quelqu'un frappa à sa porte. Balthazar essaya tant bien que mal d'ignorer la présence derrière la porte, mais c'était mal connaître celle qui venait la déranger et qui avait vu, depuis la rue, la lumière de son appartement…

"Raph, ouvre putain" lâcha Camille de l'autre côté de la porte "Je sais que t'es là, j'ai vu la lumière alors arrête de faire semblant qu'il n'y a personne et viens m'ouvrir" ajouta la jeune femme

"Laisses moi, Camille" répondit Balthazar sans bouger de son canapé "J'ai envie de voir personne" ajouta la légiste "Je veux être seul, c'est trop demander ?" ajouta-t-il à l'attention de son ami

"Alors là, j'ai encore moi envie de te laisser seul quand je l'entend comme ça" répondit la flic "Je sais que ça va pas, qu'il y a un truc qui ne va pas… Alors maintenant, tu viens ouvrir cette putain de porte avant que je la défonce"

Balthazar avait été bizarre toute la journée, et elle avait fini par s'inquiéter. Il est vrai, il n'avait fait aucune blague, aucun jeu de mot, rien… Et ce n'était pas normal venait de lui… Mais elle ignorait quel jour on était et qu'aujourd'hui, marquait la date anniversaire du départ d'Hélène… Un bien triste anniversaire… Enfin, moinniversaire parce que, cela ne faisait même pas un an que la blonde était partie…

En bonne amie, elle était venue jusqu'à chez lui pour le voir et essayer de lui remonter le moral… Parce qu'on ne laissait pas seul un ami qui ne va pas bien, surtout quand on à la possibilité d'essayer de l'aider… Et puis, elle ne pouvait pas le laisser comme ça, sans s'en vouloir… Non, il avait besoin de quelqu'un et elle se dévouait pour être cette personne…

Cependant, le légiste n'avait toujours aucune envie d'ouvrir la porte… Et Camille commençait à perdre patience… Non sérieusement, elle était capable de défoncer la porte parce que là, elle commençait à avoir peur qu'il ne finisse par faire une connerie.

"Bon, si t'ouvre pas dans les disons trente secondes qui suivent, je défonce ta porte" repris Camille "Je commence à compter maintenant" ajouta-t-elle avant de se lancer "Un, deux…"

Raphaël finit par se lever et s'approcha de la porte. Il allait l'ouvrir pile au moment où elle allait choisir de foncer dedans rien que pour le plaisir de la voir s'étaler sur le sol de son entrée et rigoler…

Camille se rapprochait de trente et quand elle signala qu'elle allait le faire, Raphaël ouvrit la porte, juste au moment où elle allait donner un coup d'épaule dedans. Il avait écouté sa course et Camille finie, comme il l'avait prévu, sur le sol de son entrée, ce qui le fit bien rire.

"Ah ah ah c'est super drôle" commença Camille en se relevant. "T'es vraiment trop con" ajouta-t-elle en le regardant "Bon, bah, maintenant que je suis rentrée, je vais te tenir compagnie un peu" ajouta-t-elle en se dirigeant vers le salon…

Là où se trouvait la lettre, qu'il n'avait pas rangée… Non elle ne pouvait pas la lire, c'était impossible… Seulement, c'était déjà trop tard quand il retrouva son salon, les yeux de Camille étaient tombés sur la lettre et elle l'avait dans les mains… Il était foutu, et avec lui, son secret… Il n'allait plus pouvoir cacher qu'il pensait continuellement à elle.

"Dis moi" commença Camille "Depuis combien de temps tu as cette lettre ?" demanda-t-elle "Non parce qu'elle est signée de la main d'Hélène, qui était là avant moi, donc ça doit faire un long moment" ajouta-t-elle

"T'as pas besoin de savoir ça" répondit Balthazar en s'avançant vers elle "Et rend là moi" ajouta-t-il en tendant la main vers le papier

"Pas tant que tu m'auras pas dit ce que tu fais avec cette lettre" ajouta la jeune femme, déterminée. Et elle n'avait pas envie de prendre de pincettes, car cette lettre renforçait l'inquiétude qu'elle avait pour son ami

"C'est mon droit de pas en parler" lâcha Balthazar "Maintenant tu me rends cette lettre" ajouta le légiste "Elle ne te concerne pas et si tu ne me la rends pas…" ajouta-t-il presque menaçant.

Il ne s'en rendait pas vraiment compte, mais là ,Camille touchait à l'intouchable et ça, c'était pas possible, il ne voulait pas en parler, il ne voulait pas parler d'Hélène… Enfin, il en parlait avec Lise, qui était sa conscience, donc c'était plutôt avec lui-même qu'il en parlait, mais il était hors de question qu'il en parle avec quelqu'un d'autre…

"Ok, alors de un, t'es absolument, mais absolument pas convaincant du tout, de deux, maintenant que j'ai trouver ça, on va en parler parce que, il y a un truc qui ne tourne pas rond chez toi et je m'inquiète parce que tu es mon ami, et troisièmement, tu ne me fait, absolument pas peur" repris la flic "Alors, tu vas gentiment poser ton cul et on va parler" ajouta-t-elle "À moins que tu ne préfère que je la lise"

"NE TOUCHES PAS À CETTE LETTRE" menaça Balthazar en haussant le ton, il était de plus en plus proche, un peu plus et il récupérait cette lettre, pour la ranger avant de chasser Camille qui, ce soir là, bien qu'il l'adorait, lui tapait particulièrement sur les nerfs

"Oula, sujet sensible" souligna la flic "Mais je vais pas te la rendre parce que t'essaye de crier plus fort que moi" ajouta-t-elle "Je sais qu'il y a un truc qui ne va pas, Raph', alors, parle moi, je suis là pour t'aider et je ne veux que ton bien" repris la brune, plus douce

"Alors, rends moi cette lettre et oublis que tu es tombée dessus" répondit Balthazar "S'il te plait, je ne veux ni parler de cette lettre, ni d'Hélène" ajouta-t-il, lui aussi, plus calme. "Camille s'il te plait" demanda le légiste

Sauf que la flic n'était pas du tout convaincue et qu'elle voulait lui faire sortir tout ce qu'il avait sur le cœur. Elle ne voulait pas lire cette lettre et rentrer dans une histoire qui ne la concernait pas et dont elle ne savait rien… Et puis, elle n'avait même pas pu les voir ensemble, mais elle avait cru comprendre que les deux avaient une très grande complicité…

De plus, Balthazar semblait tenir à elle, fort… Elle ne savait rien, même Jérôme n'osait pas en parler parce que c'était tellement compliqué, mais cette lettre était la preuve que son ami, celui qu'elle considérait presque comme un frère, n'était pas passé à autre chose, contrairement à ce qu'il prétendait…

"J'ai pas envie de te la rendre parce que je vois que ça te fait du mal" répondit Camille "Et j'ai pas envie de te voir souffrir" ajouta-t-elle "C'est vraiment une mauvaise idée de la garder si tu veux vraiment passer à autre chose" continua la jeune femme "Parce que, contrairement à ce que tu prétend, tu n'es absolument pas passer à autre chose" lâcha-t-elle

"Si je suis passé à autre chose" lâcha machinalement Balthazar et Camille haussa un sourcil, il se foutait de sa tête là, c'était pas possible autrement "J'ai juste besoin d'avoir des souvenirs, c'est mon droit non ?" demanda-t-il

"Oui, tu as le droit, mais tu ne peux pas te mettre dans cet état pour une lettre" répondit Camille "Et je ne te crois pas quand tu me dis que tu es passé à autre chose… Sinon tu n'accorderais pas autant d'importance à un bout de papier…"

En une seule phrase, Camille venait de mettre dans le mile. Elle avait raison, il n'était pas passer à autre chose, sinon cette lettre serait déjà dans le fond d'une poubelle, détruite… Elle n'existerait plus si il était réellement passé à autre chose… Mais il ne pouvait rien changer à tout cela, il ne pouvait pas passer à autre chose en sachant qu'Hélène l'aimerait toujours…

"Peut-être bien que je ne l'oublis pas, mais elle a marqué ma vie, je ne peux pas effacer comme ça, toutes ces années" lâcha Balthazar "Mais je ne veux pas parler d'Hélène, du temps qui passe, des moments où elle me manque, où je pense plus à elle…" expliqua-t-il s'autorisant à être vulnérable… "J'veux juste pas en parler et oublier qu'elle est partie, j'veux la garder près de moi" confessa le légiste sans vraiment s'en rendre compte.

En voyant son ami comme cela, Camille reposa la lettre sur la table pour aller passer ses bras autour de lui et espérer lui apporter ne serait-ce qu'un tout petit peu de réconfort. Il en avait clairement besoin et elle avait violemment remué le couteau dans une plaie qui pouvait s'ouvrir à n'importe quel moment et qui, aujourd'hui, saignait…

Elle devait essayer de faire quelque chose, au moins pour lui, pour essayer de soulager sa peine, parce qu'elle se rendait compte qu'il ne pouvait pas passer à autre chose… Parce qu'il tenait encore énormément à Hélène et que, dans le fond, même si il refusait de l'avouer, de se l'avouer, il ne pouvait pas avancer sans elle, il ne pouvait pas vivre sans elle.

Sa décision était prise, demain, elle essayait de faire quelque chose pour lui, pour eux. Parce qu'il avait le droit d'être heureux et de ne pas souffrir à ce point… Elle ne savait pas du tout ce qui c'était passé et pourquoi elle était partie, pourquoi il l'avait laissé partir si il tenait tant à elle. Ce qu'elle savait, ce qu'elle avait compris, c'était que lui, il avait encore beaucoup d'attachement pour elle… Elle ne savait pas si c'était de l'amitié ou plus, mais elle savait que Balthazar avait une forme d'affection forte pour Hélène et que jamais, il n'essaiera de réparer seul, leur relation…

Elle savait que cela n'allait pas être simple, mais elle se devait d'essayer… Elle ne pouvait pas l'appeler, déjà parce qu'Hélène ne la connaissait pas et puis, elle ne savait pas quoi lui dire… Et puis, elle pouvait aussi lui raccrocher au nez… Non, la meilleure solution, si elle pouvait appeler cela comme ça, c'était de lui envoyer un mail.

Mais, petit souci, elle n'avait pas l'adresse mail d'Hélène, l'adresse mail personnelle en tout cas. Car, étant toutes les deux dans la police, Camille pouvait toujours lui envoyer un mail sur son adresse professionnelle…

Alors oui, il fallait qu'elle trouve un objet pour être sûre que, de l'autre côté du monde, la blonde ouvre son message, et puis, il fallait aussi trouver quoi mettre dans ce mail… Et ça, elle n'y avait pas du tout réfléchi…

De toute façon, l'avantage d'un mail, c'était qu'elle pouvait effacer à volonté pour être sûre de son coup et du contenu de ce dernier, et puis, elle pouvait aussi mettre une confirmation de réception, et de lecture, comme ça, elle était sûre que le mail arriverait bien à sa destinataire. Et si, elle n'avait pas de confirmation de lecture, et bien, cela voulait dire que son mail était dans la corbeille et qu'elle avait échoué.

Elle n'avait rien à perdre, Hélène ne la connaissait pas après tout, et puis, elle faisait ça pour Balthazar, parce qu'il était son ami et qu'elle se devait d'essayer quelque chose pour lui remonter le moral.

Au pire, Hélène la renvoyait sur les roses, lui disant qu'elle se fichait bien du légiste après ce qu'il lui avait fait - ce qui était sans doute légitime - et que, il n'était plus son problème. Cela ferait du mal à Camille, parce qu'elle à vraiment envie d'aider son ami, mais elle savait que c'était une possibilité et puis, elle pourrait comprendre qu'Hélène ne veuille plus rien avoir à faire avec lui… Parce qu'est-ce qu'il pouvait être pénible parfois…

Au mieux, Hélène revenait dans la vie de Balthazar, et il était enfin en train de vivre et non plus de survivre… Il avait le droit d'être enfin heureux, et ce n'était pas avec cette lettre qu'il allait y arriver… Au mieux, elle pouvait faire le bonheur de deux personnes et ça lui donnait suffisamment de courage pour faire ce message…

Si cela ne marchait pas, alors cet échange resterait sans doute entre les deux flics, Balthazar n'avait pas besoin de savoir ce qu'elle avait fait… Sinon, il allait sans doute lui en vouloir beaucoup… D'ailleurs, elle se devait de préciser à son interlocutrice que le légiste n'était absolument pas au courant de sa démarche, bien au contraire… Parce que lui, n'aurait pas le courage de le faire

Alors elle rédigea son mail, c'était un peu comme une bouteille à la mer, mais elle y mettait du cœur, et ses espoirs. Elle voulait vraiment que ça fonctionne alors elle mettait toutes les chances de son côté.

Depuis qu'elle avait envoyé son mail, plusieurs jours étaient passés, mais elle n'avait eu absolument aucune réponse. Elle savait qu'Hélène avait ouvert son mail puisqu'elle avait reçu une confirmation, mais pour le reste, c'était le flou le plus total…

Elle ne savait pas ce qu'elle avait fait après… Peut être que ce mail avait été supprimé pour être oublié… De toute façon, elle se disait qu'elle avait bien fait, que c'était une bonne action et que si, Hélène recontactait Balthazar, le résultat serait positif. Dans le cas contraire, personne n'avait besoin de savoir ce qu'elle avait fait…

Ce qui c'était passé, c'était que son mail avait pas mal remuer Hélène, réveillant en la blonde des sentiments qu'elle croyait avoir enfouie au plus profond d'elle-même. Mais la vérité, c'était qu'ils étaient revenus à vitesse grand v et qu'elle ne pouvait rien y faire…

Elle pensait au mail, souvent, et à sa lettre aussi… L'image d'un Balthazar la lisant et la relisant sans cesse tournant dans sa tête. Elle devait faire quelque chose, elle ne savait pas quoi, mais elle devait essayer…

Recoller les pots cassés, ce n'était pas pour tout de suite. Il était absolument hors de question qu'elle retombe dans ses bras en un claquement de doigt. Non, elle avait bien trop souffert pour lui faire ce plaisir. Cela n'allait pas être facile et pour une fois, c'était lui, qui allait sortir les rames si il la voulait vraiment.

Elle comptait le faire galérer, comme elle avait galéré elle avant de se prendre le mur en pleine face, non pas une, mais deux fois… Cette fois, elle allait être la maîtresse de la partie. Si il la voulait, il allait devoir se faire pardonner et faire les choses bien. Et elle n'allait pas lui faciliter la tâche, loin de là.

Oui, elle était encore amoureuse, mais elle ne voulait pas que cela soit facile. Et elle était déterminée à faire durer un peu la chose. Elle savait d'avance que cela ne durerait pas trop longtemps, mais un peu quand même…

Alors, elle avait fini par prendre un avion pour Paris, pour le revoir, lui parler et essayer de voir si, ce qu'on lui avait dit dans ce mail était vrai, si elle avait une ouverture pour se glisser de nouveau dans le cœur du légiste et y combler l'intégralité des trous que possédait ce dernier.

Il lui avait fallu un peu de temps avant de se retrouver devant l'immeuble. Il n'avait pas changé d'adresse et elle ne savait pas si elle était surprise… Elle aurait compris qu'il change, mais d'un côté, elle comprenait aussi qu'il ne l'ai pas fait.

Quand elle monta les marches, l'impression qu'elle n'était jamais partie la frappa. Elle connaissait encore le lieu par cœur, et elle savait quand elle allait arriver devant sa porte. Ce n'était plus qu'une question de secondes…

Rien n'avait changé et quand elle frappa sans vraiment y penser, elle se dit que c'était une mauvaise idée et qu'elle devrait partir pour ne pas revenir… Elle sentait son cœur tambouriner dans sa poitrine et elle n'était pas sûre que ce dernier supporte ce qu'elle allait lui infliger.

Pourtant, quand la porte s'ouvrir, elle affiche son plus beau sourire. Elle essayait d'être sûre d'elle, mais cette assurance disparue dès qu'elle vit la silhouette de son ancien légiste. Il n'avait pas changé tant que cela, si ce n'est, qu'il avait l'air extrêmement triste et fatigué…

"Hélène ?" demanda ce dernier sous le choc. Non, elle ne pouvait pas être là, il hallucinait… Il était en train de se demander ce qu'il avait bu pour qu'une pareille hallucination se matérialise devant lui.

Et en même temps, elle était belle cette hallucination, et il avait envie qu'elle dure un peu. Voir Hélène lui faisait quelque chose, mais comme il ne savait pas si c'était la réalité, il n'osait pas tendre la main pour la toucher de peur de ne rencontrer que le vide

Il entreprit alors de fermer les yeux quelques secondes avant de les ouvrir de nouveau. La blonde était toujours là, devant lui, droite et silencieuse. Bon, ok, soit ce qu'il avait pris était vraiment très fort, soit elle était vraiment là…

"Vous…" commença-t-il sans vraiment savoir quoi dire "Vous êtes vraiment là ?" demanda le légiste "Je suis pas en train d'halluciner ?" ajouta-t-il

"Non" répondit Hélène et elle pu le voir faire les yeux ronds "Non vous n'hallucinez pas" précisa la flic "Je suis bien là devant vous. En chair et en os" ajouta-t-elle

"Ok, je comprends rien du tout" repris Balthazar toujours aussi confus. Comment pouvait elle être là ? Quelle raison l'avait poussé à revenir à Paris alors qu'il avait cru qu'elle avait juré ne plus jamais vouloir y revenir après ce qu'il lui avait dit la dernière fois, avant celle-ci, où ils s'étaient parlés.

"Je vais faire simple" sourit Hélène "Il y a quelques jours, j'ai reçu un mail d'une certaine Camille Coste, qui disait être ma remplaçante et votre amie…" commença Hélène "Elle m'a dit que vous aviez une lettre de moi, depuis un moment et que vous étiez au fond du trou…" continua la blonde "Elle pense que je suis la seule qui peut vous en sortir, alors me voilà" elle soupira

"Je vais devoir avoir une petite conversation avec elle" souffla Balthazar "Parce que là, elle a fait fort" ajouta-t-il

"Elle pensait bien faire" répondit Hélène "Et en vous voyant, je pense qu'elle à eu raison" ajouta-t-elle "Il ne faut pas lui en vouloir" elle sourit "Mais si jamais vous ne voulez pas de moi, je peux aussi repartir"

"Non !" lâcha Balthazar en attrapant automatiquement le poignet d'Hélène pour la retenir. Ce contact, le premier depuis longtemps, les fit frissonner. Ils n'avaient rien perdu de leur connexion si spéciale. "J'veux dire, j'ai envie que tu restes" ajouta-t-il la tutoyant naturellement.

"Ok" sourit Hélène "On va faire les choses bien, étapes par étapes" commença-t-elle "Je ne veux surtout pas qu'on se précipite, c'est comme cela qu'on risque de tout gâcher." ajouta-t-elle "Encore une fois…" murmura la blonde

"Ok, ça me va" sourit le légiste. Il savait qu'elle avait raison et il n'avait pas le moins du monde envie de gâcher cette nouvelle chance que la vie lui donnait… Enfin, c'était plutôt Camille qui s'en était mêlée, mais bon. "Alors je crois que tout commence par une vraie conversation"

Il se poussa et l'invita à entrer, ce qu'elle fit. C'était loin d'être gagné, mais ils savaient tous les deux que cela valait le coup d'essayer, parce qu'après tout ce qu'ils avaient perdu, le reste ne pouvait être que meilleur.


Et voilà

On se retrouve Jeudi prochain, à 17h pour un nouvel OS

Kiss