« Qu'est-ce que... »

« Tu n'es pas descendu pour le petit-déjeuner. »

« Je ne savais pas quelle heure il était. » Harry déglutit et regarda fixement, mais même lorsqu'il se frotta les yeux, l'image, certes floue, ne se résolut pas à être autre chose que Lord Voldemort qui se tenait à la porte de la chambre d'Harry, un plateau de petit déjeuner en argent à la main.

« Où sont tes lunettes ? »

« Elles ont été cassées hier soir. »

Voldemort l'étudia, du moins c'est ce que Harry supposa, de ses yeux plissés pendant un long moment avant d'agiter sa baguette. Harry tressaillit instinctivement, puis de nouveau lorsque les lunettes réparées lui claquèrent au visage.

« Je suppose que tu les as cassées lors d'une crise de colère enfantine. Ne recommences pas. »

Harry se contenta d'acquiescer. Il valait mieux que Voldemort fasse ses propres suppositions plutôt que Harry ait à mentir ou à dire quoi que ce soit à propos de Malefoy. « Je ne le ferai plus, monsieur. »

Il commença à se lever, mais Voldemort émit un sifflement doux qui contenait le mot « § Arrête § » en fourchelangue, et Harry se figea lorsque l'homme s'approcha de lui et posa le plateau sur ses genoux. Harry regarda la nourriture, désemparé. Il y avait des œufs, une sorte d'omelette fumante, une tarte à la mélasse, des scones et quelque chose recouvert d'un plat en argent...

Ses yeux se portèrent sur Voldemort, qui s'était installé sur une chaise qu'il avait sûrement créée et qui observait Harry. Un filet de plaisir suinta à nouveau derrière la cicatrice de Harry.

« J'ai promis que tu aurais des repas réguliers. Tu les auras. »

« Hum, merci », dit Harry, qui prit la fourchette et le couteau et commença à couper l'omelette.

Voldemort le corrigea par un flot monotone d'instructions : « Pas cette fourchette, l'autre. » « Ne la saisis pas si fort. » « Ne la serres pas si fort. » Harry écouta, perplexe mais soulagé qu'ils ne parlent pas d'autre chose pour l'instant. Il mit les couverts de côté lorsqu'il resta la plupart des œufs et des scones, et Voldemort le fixa comme un faucon qui n'arrive pas à croire que la souris sous ses serres n'a pas encore cessé de se tortiller.

Harry brûla cette idée sur-le-champ. C'était plus facile après ses efforts de la nuit dernière. « Merci pour le petit déjeuner. »

« Tu as des manières, finalement. » Voldemort continua à l'étudier. Harry resta assis là, à respirer.

« Pourquoi n'as-tu pas mangé toute la nourriture ? »

« Je n'ai pas pu manger plus, monsieur. »

« Je veux savoir pourquoi. Et pourquoi tu as demandé des repas réguliers dans le cadre de nos vœux de mariage. Pourquoi as-tu pensé que je t'affamerais ? »

Harry fut pris d'une envie de paniquer, mais il s'agissait déjà d'une envie et non de l'émotion elle-même, ce qu'il fut heureux de constater. Il hocha légèrement la tête. « Quand je vivais avec mes parents moldus, ils me privaient de nourriture en guise de punition. C'est plus difficile à supporter pour moi que d'autres choses. »

Les griffes se déployèrent à nouveau dans ses entrailles. Pourquoi donnait-il à Voldemort des informations qui l'aideraient à torturer Harry ? Il devrait tenir jusqu'aux derniers instants, obliger Voldemort à faire traîner l'information...

Mais alors, il ne vivrait jamais assez longtemps pour voir le plan de Ron et Hermione se réaliser. Il ne pouvait pas agir comme lui-même. Il devait agir comme le Harry qui vivait avec les Dursley.

« Pourquoi faisaient-ils ça ? »

Harry cligna des yeux et regarda Voldemort. Il se demanda si Voldemort n'avait pas été puni de la sorte à l'orphelinat, ou peut-être qu'il s'agissait simplement d'une famine générale et qu'elle n'avait pas été utilisée comme punition. « Ils disaient que j'étais un fardeau et que je les privais de nourriture. Alors ils m'ont rendu la pareille. »

Voldemort resta silencieux suffisamment longtemps pour que Harry pense qu'il allait partir, ce qui serait une bonne chose. C'était déjà assez bizarre. Il avait besoin de s'allonger dans son lit et de travailler à nouveau sur ses pensées, de faire en sorte que les pires d'entre elles le laissent tranquille.

Au lieu de cela, Voldemort s'avança et passa une main froide sur le bras de Harry, comme s'il cherchait des miettes qui y étaient tombées. Il s'approcha suffisamment pour laisser à Harry une impression écrasante de rouge, même s'il était vrai que cela aurait été pire si Voldemort n'avait pas d'abord réparé ses lunettes.

« Je ne te ferai jamais ça. »

Les mots semblèrent résonner et s'attarder dans la pièce. La première pensée de Harry fut que s'il le pensait vraiment, Voldemort les aurait prononcés en fourchelangue ; puis sa deuxième pensée fut qu'il n'aurait pas dû penser la première ; et sa troisième pensée fut que Voldemort l'avait déjà dit en fourchelangue, dans leurs vœux de mariage.

« Euh, merci », dit Harry, après une pause qu'il savait avoir duré trop longtemps.

Voldemort acquiesça et se leva, faisant flotter le plateau du petit déjeuner dans les airs d'un geste négligent de la main. « J'attends de toi que tu respectes des horaires réguliers à partir de maintenant, y compris que tu te joignes à moi pour le petit déjeuner. Il aura toujours lieu à huit heures dans la plus petite salle à manger des Malefoy. Demandes aux elfes de maison de t'indiquer le chemin. »

« Oui, monsieur. »

« Et ensuite, j'attends de toi que tu assistes à des leçons. »

Harry enroula ses doigts dans les couvertures qui recouvraient ses jambes et les pinça assez fort pour savoir qu'il aurait une petite tache rose sur sa jambe plus tard. « Des leçons, monsieur. Sur quoi ? »

Voldemort se tourna pour le fixer et Harry baissa les yeux. « Sur la magie, bien sûr. »

« Oh. Hum. Aurai-je droit à ma baguette ? »

C'était une question stupide, lancée trop vite, mais Voldemort ne cilla pas. « Oui, bien sûr. Pourquoi pensais-tu que tu n'aurais pas droit à ta baguette ? »

« Je pensais que vous ne voudriez pas que je perde mon sang-froid et que j'attaque quelqu'un. »

« Je pense que le traité de paix est une laisse bien plus efficace que l'absence de baguette. Utilise-la. Mais ne l'utilise pas contre mes Mangemorts. » Voldemort fouilla dans sa robe et en sortit la baguette de houx, ce qui fit frissonner Harry qui s'efforça de ne pas la prendre des mains de son ''mari''. « Ni contre moi. Mais je pense que tu le sais déjà. »

Il y avait un regard étrange dans ses yeux lorsqu'il tendit sa baguette à Harry. Harry était trop absorbé par le fait de recevoir à nouveau sa baguette pour y prêter attention. « Oui, monsieur. Merci, monsieur. »

« J'ai eu l'impression de pouvoir utiliser ta baguette pendant que je la tenais. Pourquoi ? Est-ce parce que tu as vraiment abandonné tout ton pouvoir à Lord Voldemort ? »

Encore une question piège, comme celle sur le fait de vouloir venir dans la chambre de Harry hier soir. Quelle était la bonne réponse ? Voldemort testait-il Harry pour voir s'il allait dire la vérité ou lui demandait-il d'en savoir plus ?

Finalement, Harry choisit de faire les deux. « Je ne l'ai pas fait, monsieur. » Voldemort se contenta de hocher la tête, le visage inexpressif, et Harry poursuivit. « Je pense que c'est probablement parce que ce sont des baguettes jumelles. Pour la même raison qu'elles ne peuvent pas se lancer de sorts offensifs l'une contre l'autre. »

« Des baguettes jumelles. »

« Elles portent les plumes du même phénix. C'est ce qu'a dit Ollivander. »

Harry déglutit, se rappelant qu'Ollivander avait soi-disant disparu. C'était l'une des rares nouvelles qu'il avait entendues pendant qu'il était en isolement pour préparer son "mariage". Il se demanda un instant ce qui lui était arrivé, puis repoussa l'idée. Si Ollivander était mort, Harry ne pouvait rien faire pour lui. Et s'il était encore en vie, alors sa sécurité dépendait du fait que Harry agisse de façon conforme à ce que tout le monde faisait.

« Je le savais. Je voulais voir si tu dirais la vérité. »

Harry acquiesça, retrouvant un terrain un peu plus familier. Un piège, donc. Et probablement que Voldemort tendrait des pièges similaires, et qu'il pénaliserait Harry s'il mentait. Ce n'était pas grave, tant que Harry le savait. Il pouvait garder son calme, du moins suffisamment pour s'assurer que c'était lui qui souffrirait de ses erreurs, et non ses amis.

« Lance un sort. »

Harry détruisit l'onde informe d'une pensée qui tentait de se former sur le caractère péremptoire de Voldemort, et dégaina sa baguette. « Très bien, monsieur. Lequel ? »

« Le sort le plus puissant que tu connais. »

Il n'y avait aucun doute à ce sujet, bien sûr. Harry se détourna prudemment de Voldemort pour éviter que l'homme paranoïaque ne pense que Harry le visait, et replongea dans le souvenir des bras chauds et serrés d'Hermione autour de lui. La façon dont elle l'avait serré dans ses bras après la quatrième année et le désastre du cimetière. La façon dont elle l'avait serré dans ses bras après la mort de Sirius.

Harry expira et cria « Expecto Patronum ! ».

La brume argentée sembla plus légère que d'habitude lorsqu'elle sortit de sa baguette, mais compte tenu de la limite des souvenirs et de l'endroit où il se trouvait, Harry pensa qu'il s'en sortait bien. Le cerf argenté se forma au bout du lit, jetant ses bois et se solidifiant sous les yeux de Harry. Peut-être était-ce là sa confiance, son soulagement de savoir qu'il pouvait encore exécuter le sortilège.

Il jeta un coup d'œil à Voldemort pour s'assurer qu'il n'avait rien fait de mal et recula. Les yeux de Voldemort brillaient, possessifs, fiévreux, et la chaleur derrière sa cicatrice le brûlait comme rien ne l'avait encore fait.

« Monsieur ? » demanda Harry, tandis que Cornedrue dansait de son côté du lit et poussait Harry avec ses bois, comme s'il voulait être caressé. Mais Harry n'osait pas quitter des yeux Voldemort et le je-ne-sais-quoi qui se trouvait sur son visage.

« Je ne peux pas lancer de Patronus. »

« Oh », dit Harry, parce que son intérêt pour la raison pour laquelle Voldemort lui disait cela l'emportait de loin sur son intérêt pour ce que Voldemort était en train de lui dire.

« Avec toi à mes côtés, cette lacune est comblée. » Voldemort leva la main et la laissa planer au-dessus de la cicatrice. Harry se prépara à la douleur, mais la chaleur ne fit que croître lorsque les doigts de Voldemort se posèrent sur l'éclair, qui semblait pouvoir devenir assez chaud pour faire fondre les os et la peau. « Tu sais pourquoi je t'ai pris pour époux. »

Harry acquiesça. « Oui. Je veux dire, oui, monsieur. » Il savait. « Pour arrêter la guerre, pour paralyser la résistance. » Il y avait beaucoup de gens - mais pas Ron et Hermione - qui abandonneraient lorsque le symbole de la lutte contre Voldemort serait en son pouvoir.

Voldemort acquiesça et retira sa main. La chaleur s'estompa, au grand soulagement de Harry. « Alors tu devrais savoir, toi aussi, pourquoi je voulais que tu pratiques la magie. »

Après un moment de réflexion, Harry comprit. Voldemort avait probablement imaginé qu'ils seraient attaqués à un moment ou à un autre, soit par des membres de l'Ordre du Phénix, soit par des Mangemorts dégoûtés par ce que Voldemort avait fait, comme Malefoy. (Ne te plains pas de lui, ne te plains pas).

« Oui, monsieur », dit Harry à voix basse. Il aurait toujours à se défendre si cela arrivait, bien sûr.

En supposant que ce ne soit pas contre des Mangemorts. Alors Voldemort - pourrait le faire ? Il le ferait probablement ? Il s'assurerait au moins que Harry ne meure pas avant qu'il ne le veuille.

Harry souhaitait que cette pensée soit moins soulageante. Il devait rester en vie pendant un certain temps, pour permettre à Ron et Hermione de mettre leur plan à exécution, mais il devait aussi se laisser torturer ou mourir au bon moment, pour distraire Voldemort. Il souhaitait seulement savoir combien de temps cela durerait, et quel avait été le plan.

Il l'enterra, la dissimula. Il se concentra sur sa respiration et sursauta lorsque Voldemort se déplaça sur le côté, se penchant dans un angle étrange de sorte que leurs regards se croisent à nouveau.

« Il y a une salle de tutorat près des caves », souffla Voldemort. « Tu dois t'y rendre et suivre les cours de ton précepteur. Je crois savoir qu'il t'a déjà enseigné, il devrait donc connaître tes forces et tes faiblesses et être en mesure d'évaluer tes progrès. »

Harry cligna un peu des yeux. « Qui, monsieur ? »

-Retreat-

« Nous nous rencontrons à nouveau, Potter. »

Harry se contenta d'acquiescer, enroulant toute sa colère et la brûlant au centre de son esprit. Puis il gratta et piétina les cendres à nouveau. Il devenait bon dans ce domaine. Il termina de brûler sa colère avant de traverser l'énorme pièce parquetée et stupide pour se placer devant l'homme.

« Bonjour, professeur Rogue. »

Rogue le fixa, les yeux durs et perçants. Harry se contenta de fixer sereinement le menton de Rogue. Enfin, pas sereinement, pas vraiment, mais aussi sereinement qu'il le pouvait. Il ne pouvait pas laisser sa colère ou sa rancune l'envahir.

Rogue avait tué Dumbledore, mais cela n'avait pas d'importance. D'autres personnes étaient encore en vie, des personnes que Harry devait s'efforcer de sauver.

Rogue était un Mangemort, mais cela n'avait pas d'importance. Harry l'était aussi, d'une certaine manière.

Rogue pouvait lui faire du mal, mais cela n'avait pas d'importance. Voldemort lui avait dit de ne pas se plaindre, alors Harry ne le ferait pas.

« Quoi, pas de plaintes ? »

« Notre seigneur a clairement fait savoir qu'il ne tolérerait pas ce genre de choses de ma part », dit Harry, et sa voix n'était pas aussi vide qu'il le souhaitait, mais elle l'était suffisamment pour faire sursauter Rogue, apparemment. « Je ne me plaindrai donc pas, monsieur. »

« Pas si je vous jettes un sort qui vous fait souffrir ? »

Rien de ce qu'il me fait ne peut être pire que ce que Voldemort prépare ou que ce que Voldemort pourrait faire. « Non, monsieur. »

Rogue commença à tourner lentement autour de Harry. Harry respirait aussi calmement qu'il le pouvait et regardait droit devant lui. Le fait d'avoir récupéré sa baguette n'était pas forcément une bonne chose. La tentation de se retourner et de frapper Rogue était presque irrésistible, d'une manière qui n'avait pas été le cas avec Malefoy, parce que maintenant il pouvait le faire.

Mais Rogue était l'un des Mangemorts les plus appréciés de Voldemort. Il devait l'être, après la façon dont il avait tué Dumbledore.

La poitrine de Harry lui faisait mal, mais il respira malgré tout, et Rogue s'arrêta devant lui, les yeux rétrécis d'une nouvelle façon.

« Vous auriez pu faire preuve de ce genre d'obéissance quand vous étiez un élève normal de Poudlard. »

Ce que je ne serai plus jamais. L'une des conséquences du fait que Voldemort ait fait donner à Harry des "cours particuliers" de magie devait être qu'il ne serait pas autorisé à retourner dans une salle de classe normale de Poudlard. La solitude le serra et s'envola. « Oui, monsieur. »

Rogue recula d'un pas, le visage crispé. C'était peut-être moins drôle quand Harry refusait de jouer le jeu. « Dégainez votre baguette et lancez le sort le plus puissant que vous connaissiez. »

Harry s'exécuta et regarda le cerf se pavaner dans la pièce pendant une minute. Le visage de Rogue était figé dans un rictus tandis qu'il faisait les cent pas dans un autre cercle. Harry se demanda fugitivement si c'était parce que le Patronus de son père était aussi un cerf, puis brûla cette pensée.

Obéissance. Ne pas se plaindre. Interagir avec Rogue devait être plus simple qu'avec Voldemort, qui posait toutes ces questions comme autant de pièges et en cachait bien d'autres à Harry.

« C'est le sort défensif le plus puissant que vous connaissiez, je suppose ? »

« Oui, monsieur. »

« Le plus puissant des sorts offensifs. » Rogue agita sa propre baguette et fit apparaître un épais bouclier de métal qu'il accrocha au mur. « Brisez ceci, aussi fort que vous le pouvez et aussi vite que vous le pouvez. »

Harry agit sans réfléchir aux conséquences. L'obéissance. « Sectumsempra ! »

Le bouclier se brisa et s'entrechoqua en deux moitiés distinctes qui se balancèrent sur le sol pendant un long moment. Rogue se retrouva brusquement face à Harry, serrant ses deux épaules et les secouant assez fort pour que la joue de Harry soit douloureuse à l'endroit où Malefoy l'avait meurtrie la nuit dernière.

Harry se demanda pourquoi Voldemort n'avait rien dit au sujet du bleu, mais seulement pendant un instant. Il avait sans doute pensé que Harry s'était blessé lui-même lors de la crise qui avait brisé ses lunettes.

« Vous n'utiliserez plus jamais ce sortilège. »

Rogue lui soufflait cet ordre en pleine figure, mais il n'était plus la chose la plus importante dans l'entourage de Harry. La pensée se heurta aux parois de verre que Harry avait construites autour de son esprit, et il acquiesça.

« Oui, monsieur. »

« Comment pouvez-vous l'utiliser après ce que vous avez fait à M. Malefoy ? » Rogue croisa les bras et se recula, un violent rictus sur le visage. « Vous êtes un meurtrier. Un meurtrier impénitent. Vous l'auriez assassiné si je n'avais pas été là. »

Harry aurait pu en ressentir de la peine, même si Malefoy l'avait maltraité ces derniers temps. Il ne voulait tuer personne. En l'état actuel des choses, les souvenirs de ce genre de choses étaient de plus en plus enfouis. Il se contenta d'acquiescer. « Oui, monsieur. »

« Et pour quoi faire ? Pourquoi avez-vous jeté ce sort ? »

Harry ne savait pas pourquoi il avait dit cela. Il ne pensait pas qu'un désir caché de se justifier auprès de Rogue brûlait encore en lui. Après tout, ce n'était pas comme si Rogue allait le disculper de toute façon. Mais il répondit à la question, tout comme il avait lancé le sort. « Il me jetait le sort de Cruciatus à ce moment-là. »

Le visage de Rogue se ferma à nouveau. Il fixa Harry, puis dit : « Ne me mentez pas. »

« Non, monsieur. »

« M. Malefoy déteste torturer les gens. Même le Seigneur des Ténèbres n'a pas réussi à le rendre heureux à ce sujet. »

Rogue avait l'air de parler pour se convaincre lui-même, selon Harry. Mais ce n'était pas son problème. Harry resta là, impassible et passif, attendant la prochaine chose qui pourrait compter comme une question ou un ordre.

« Vous n'utiliserez plus ce sortilège », dit Rogue. « Et vous ne porterez pas vos accusations absurdes sur M. Malefoy devant le Seigneur des Ténèbres. »

Harry cligna des yeux. Rogue s'était inquiété de cela ? Il ne savait pas pourquoi. Voldemort avait été très clair. Ses Mangemorts étaient pour lui des biens plus précieux que Harry. Mais peut-être que Voldemort s'en serait pris à Malefoy parce qu'il avait essayé d'utiliser le sort Cruciatus sur Harry avant que Voldemort n'en ait eu l'occasion ? Harry n'en savait rien. Ce n'était pas comme s'il comprenait les machinations internes d'une bande de sorciers noirs.

« Oui, monsieur », dit-il pour montrer qu'il comprenait Rogue.

Ce dernier hocha brièvement la tête et sembla mettre cette idée de côté. « Maintenant, vous allez me montrer l'éventail des sorts et contre-sorts que vous connaissez. »

-Retreat-

« Voici un message de ton ami Sang de Bourbe. »

Harry garda sa réaction pour lui et accepta la lettre de Voldemort avec un hochement de tête en guise de remerciement. Il se demanda, et écrasa son étonnement avant qu'il ne prenne forme, pourquoi Voldemort jouait le rôle d'un elfe de maison, d'abord avec le petit déjeuner de ce matin et maintenant avec la lettre.

Mais, bien sûr. Il aurait voulu lire le message d'Hermione lui-même. Au moins, Harry avait le droit de recevoir un courrier par hibou, ce qu'il avait supposé ne pas avoir.

Il ouvrit le message avec une impatience qu'il ne put estomper, même si Voldemort s'assit à nouveau dans le fauteuil magique et l'observa. Hermione n'avait écrit que onze mots, dont les deux derniers étaient lourdement soulignés.

'' Cher Harry,

J'espère que tu te portes bien et que tu es toi-même ! ''

Harry fronça les sourcils et retourna la lettre, mais il n'y avait rien au dos. Hermione n'avait même pas signé de son nom. Mais peut-être l'avait-elle fait sur l'enveloppe, puisque Voldemort avait su que c'était d'elle qu'il s'agissait. Ce n'était pas comme s'il connaissait son écriture aussi bien que Harry.

Harry poussa un petit soupir et donna la lettre à Voldemort lorsqu'il l'attrapa. Voldemort la froissa et Harry étouffa sa protestation instinctive.

« Qu'est-ce qu'elle voulait dire par agir comme toi-même ? »

« Je ne sais pas, monsieur », dit Harry, laissant ses sourcils se froncer et un peu plus d'émotion l'envahir, car c'était l'un de ces événements extraordinaires pour lesquels il devait être éveillé. « Je pensais qu'elle m'aurait dit de ne pas agir comme moi-même. Elle aurait voulu que j'obéisse et que je ne fasse rien d'imprudent ou de colérique pour que les gens puissent vivre. »

« Et tu supposes que je veux la même chose ? »

Harry se figea lorsque Voldemort se pencha sur le lit et posa ses mains sur les jambes de Harry.

Harry inspira par le nez et expira par la bouche, se stabilisant, mais ses sens lui criaient dessus. Il y avait du poids, de la froideur, et si Voldemort voulait...

Et si Voldemort voulait... Merde. Il devait s'efforcer d'être indifférent, de s'allonger et de penser à l'Angleterre si c'était ce qui devait arriver.

« Oui, monsieur », dit Harry après un long moment, lorsque les yeux de Voldemort se mirent à briller et qu'il se souvint qu'il devait répondre à une question. « Je sais que vous avez dit que vous vouliez que j'obéisse à vous et aux Mangemorts, et j'essaie. Je sais que je ne le fais pas toujours bien. J'essaierai quand même. » Il pensa à ajouter qu'il avait déplu au professeur Rogue cet après-midi-là, mais ne le dit pas. Voldemort ne voudrait pas entendre cette plainte.

« Tu as tort. »

Les questions étaient des pièges. Harry se raidit, ce que Voldemort n'aurait pas manqué de remarquer, mais il garda la voix aussi basse que possible lorsqu'il demanda : « Alors, voulez-vous bien me dire ce que vous voulez, monsieur ? J'ai peur de me tromper. »

Voldemort souleva le menton de Harry, lui sourit et répondit en fourchelangue. « Je veux ton esprit, ton feu, ta colère, ton indignation et ta cruauté à mes côtés. Je veux que tu m'obéisses parce que tu le veux et parce que tu m'es reconnaissant de ce que je te donne. Je veux que tu penses d'abord à moi, et non aux sacrifices constants que d'autres t'ont contraint à faire. »

Il effleura les lèvres de Harry, qui ne se laissa pas distancer, bien qu'il devint rigide sous le contact.

Voldemort passa à nouveau ses doigts sur la cicatrice de Harry et se retira.

« Je ne l'ai pas encore », continua Voldemort en anglais, comme si tout cela était parfaitement normal. « Mais je suis prêt à attendre. Ne suis-je pas immortel ? »

Harry baissa les yeux, car tout ce qu'il savait sur les Horcruxes serait écrit sur son visage s'il continuait à regarder en l'air. « D'accord, monsieur », dit-il. « Je vais essayer. »

« Ce qui signifie, » ajouta Voldemort, « que je souhaite que tu abandonnes cette façade de conformité sans émotion que tu me présentes. » Sa main se resserra sur le genou de Harry, ce qui fit sursauter ce dernier.

« Mais alors, que voulez-vous ? » Harry s'emporta malgré lui, leva les yeux et remarqua que le sourire de Voldemort s'élargissait. « Je ne veux pas - pour être obéissant et ne pas me plaindre des gens et pour obéir à vos Mangemorts, je dois me taire ! Je n'ai pas d'autre choix ! »

« Je t'ai dit ce que je voulais. C'est à toi de trouver un moyen d'y parvenir. Un équilibre. » Voldemort se leva et se dirigea vers la porte. « Dîner à six heures, Harry. Cette fois, portes la robe verte. Je pense que tu seras magnifique. »

Il se retourna et ajouta, en inclinant légèrement la tête : « Et cette fois, sois capable de dire autre chose que des réponses directes aux questions. C'est ta vie maintenant. J'attends de toi que tu la vives. »

Voldemort franchit la porte. Harry se recroquevilla sur le lit, la respiration rapide et malaisée, ses mains s'élevant pour s'enfoncer dans ses cheveux.

Comment était-il censé faire cela s'il ne pouvait pas brûler ses pensées ? S'il ne pouvait pas disparaître dans sa tête ?

Hermione avait-elle prévu que Voldemort voudrait cela ? Était-ce pour cela qu'elle avait écrit sa lettre ? Agis comme toi...

J'attends de toi que tu le vives.

Faire cela, tout en obéissant à Voldemort et aux Mangemorts sans se plaindre.

Cette fois, Harry convoqua délibérément ses pensées, les images de Ron, d'Hermione, de Mme Weasley en larmes, de la directrice McGonagall et de tous ceux qui pourraient souffrir s'il se comportait mal, qui pourraient avoir besoin de temps pour chercher des Horcruxes, qui méritaient d'avoir une vie sans complication, même si la sienne était complexe.

Je vais essayer.

-Retreat-

Harry entra dans la salle à manger, la tête haute, vêtu de la robe de soirée verte que l'elfe de maison des Malefoy l'avait aidé à enfiler.

Il ne réalisa la différence avec son entrée de la veille que lorsque les conversations s'interrompirent et que tout le monde se tourna vers lui pour le dévisager. Apparemment, ils s'attendaient à voir une souris mièvre et frileuse. Harry dissimula une grimace. Comment cela s'inscrivait-il dans le plan de Voldemort qui voulait qu'il obéisse lui aussi aux Mangemorts ? Devait-il...

« § Harry, mon cher. Viens ici. § »

L'attention de Harry se porta à nouveau sur Voldemort - ce qui était probablement la raison pour laquelle Voldemort s'exprimait en fourchelangue - et sur le siège qu'il occupait à nouveau à côté de lui. Ses yeux brillaient. Harry pouvait le voir même à cette distance, et il se demanda si Voldemort avait jeté des charmes sur ses lunettes en plus de celui de les réparer.

Harry pencha la tête sur le côté et se dirigea vers Voldemort comme si c'était son idée, comme s'il y allait de son plein gré. Il s'assit et laissa Voldemort pousser la chaise pour lui, ce qu'il fit en disant à Nagini de s'enrouler autour des pieds de la chaise et de pousser. Harry resta assis et essaya de donner l'impression qu'il faisait cela tous les jours.

« § Très bien § », lui dit Voldemort avant d'attraper les assiettes posées sur la table et d'entasser la nourriture devant Harry comme il l'avait fait la nuit dernière.

Harry l'arrêta cette fois-ci lorsqu'il voulut ajouter de la viande et seulement de la viande. « § Je ne suis pas un carnivore pur et dur, même si j'apprécie la viande, mon seigneur § », dit-il, laissant ses yeux se poser un instant sur Nagini, par terre, qui se balançait un peu en le regardant fixement. « § Pourrais-je avoir des fruits et des pommes de terre, s'il vous plaît ? § »

« § Bien sûr. § » Voldemort ronronnait comme un immense chat, et Harry se dit qu'il devait cesser de faire des comparaisons effrayantes. « § Tu n'as qu'à demander. § »

Harry sourit un peu et plongea dans les pommes de terre lorsque Voldemort eut fini de dresser l'assiette. Pour une raison ou une autre, il n'avait pas mangé de pommes de terre depuis le festin de départ à Poudlard, après la mort de Dumbledore.

La pensée de cette mort donnait aux pommes de terre un petit goût de cendres, mais Harry ferma les yeux et lutta contre cela. Dumbledore aurait voulu qu'il vive, il le savait. Il s'était donné beaucoup de mal pour que ni Rogue ni Malefoy ne sachent que Harry était là lorsque Rogue l'avait tué, et il avait pensé que Harry continuerait la quête des Horcruxes. Il ne pouvait pas prévoir cela, mais il ne voulait pas non plus que Harry soit blessé parce qu'il était en deuil.

« § A quoi penses-tu ? § »

Harry leva les yeux vers Voldemort. « § La mort § », dit-il honnêtement. Il n'avait pas besoin de dire de quelle mort il s'agissait.

Le sourire de Voldemort refit surface, tel un requin émergeant des eaux de son visage. « § Aucune mort ne te touchera jamais. § »

Harry cligna des yeux, complètement décontenancé. Cela ne faisait pas partie des vœux de mariage ou du traité, n'est-ce pas ? Certes, Voldemort avait promis de le protéger, mais il n'avait pas dit de quoi.

« § Tu as l'air choqué. Et pourtant, tu as dit que tu savais pourquoi je t'avais épousé, et je t'ai dit ce que je voulais cet après-midi. § »

Harry acquiesça lentement. Il devait pouvoir le comprendre. Voldemort ne voudrait pas tuer Harry s'il voulait sa soumission, ou une version de celle-ci. « § Désolé, mon seigneur. Je n'ai pas réfléchi. § »

« § Je pense que ce défaut s'estompera avec le temps. § »

Harry baissa la tête et acquiesça. « § Oui, monsieur § », dit-il en anglais avant de réfléchir.

La main de Voldemort remonta doucement le long de sa nuque et Harry ne broncha pas. D'une certaine manière, il était plus facile que la nuit dernière de ne pas sursauter lorsque Voldemort le touchait. Harry retourna à ses pommes de terre, et Voldemort retourna à sa conversation avec un quelconque fonctionnaire du Ministère, tandis que Harry réfléchissait à tout cela.

Peut-être que le détachement n'avait pas été la meilleure façon de gérer cette situation. Ou peut-être pas le genre de détachement qu'il avait fait.

Harry en était là de ses réflexions lorsque la voix nasillarde de Malefoy s'éleva du bout de la table : « Monseigneur, j'aimerais savoir quel genre de plaisir Potter vous procure. »

Harry se crispa, sauvagement, mais il continua à fixer la table, la fourchette serrée dans son poing.

Puis il tendit la cuillère et replongea dans les pommes de terre.

« Je ne comprends pas ce que tu veux dire, jeune Malefoy. »

Harry reprit son souffle et finit par inhaler les pommes de terre, s'étouffant un peu. Alors qu'il cherchait un verre d'eau en toussant, il se sentit brièvement désolé pour Malefoy. Il connaissait le ton de la voix de Voldemort, même si Malefoy n'en avait pas l'air, et il ne pensait pas que ce serait lui qui finirait par être blessé.

« Je veux dire », dit Malefoy en tendant une main que Harry aperçoit du coin de l'œil tandis qu'il boit son eau avec détermination, « regardez-le ! Grossier, laid, portant ces robes qui ont l'air d'avoir coûté trois galions... »

« J'ai choisi ces robes pour lui, jeune Malefoy. »

Les ténèbres envahissaient la pièce, s'éloignant de Voldemort comme un maelström. Harry vit les torches s'abaisser visiblement dans leurs appliques, et sa cicatrice brûla d'un feu constant, mais pas douloureusement comme dans ses cauchemars. C'était plutôt comme s'il s'était assis trop près d'un foyer ardent.

Chose incroyable, aucun des autres invités ne broncha et Malefoy continua à avancer. Harry cligna des yeux. Aucun d'entre eux ne pouvait sentir l'étendue du pouvoir de Voldemort comme lui ? Et pourquoi pas ? « Mes excuses, monseigneur, mais il vous a probablement dit qu'il les voulait, n'est-ce pas ? Il voulait montrer ses yeux. Je ne peux pas lui en vouloir, c'est sa seule qualité, sa mère sang-de-bourbe qu'il a.. »

« Et tu crois que notre seigneur préférerait être avec quelqu'un qui a l'air d'avoir essayé de transfigurer son visage en glace et qui a raté son coup à moitié ? » Harry s'emporta. « Tu insultes ses goûts ? »

Cette fois, les invités tressaillirent. Ceux qui étaient assis le plus près de Harry et de Voldemort, de part et d'autre, écartèrent délicatement leurs chaises, comme s'ils pensaient que Harry allait tomber à terre sous le coup du Cruciatus de Voldemort. Malefoy sursauta et son visage devint rose.

« Potter ! » Malefoy bafouilla.

« Et maintenant, tu as aspergé au moins trois plats avec ta salive. » Harry sourit et continua à avancer, car il allait déjà souffrir pour ce qu'il avait dit. Autant profiter de ce souvenir. « Tu n'es pas censé garder ça pour te lubrifier le cul quand tu te pencheras pour Rogue ? »

Un silence retentissant envahit la salle à manger. Harry appuya ses coudes sur la table - et en profita également - et fixa Malefoy avec un sourire qu'il savait vicieux. Dans une seconde, il se mettrait à convulser de douleur. Mais il se souviendrait qu'il avait laissé Malefoy sans voix et que ses parents étaient assis de chaque côté de lui comme des statues ahuries.

Puis un bruit brisa l'immobilité.

Voldemort se mit à rire.

Il tournoya dans la salle à manger et, cette fois, les gens frissonnèrent et semblèrent remarquer la magie qui s'échappait de lui. Ils se recroquevillèrent. Harry observa Voldemort du coin de l'œil et ne broncha pas lorsque la main froide se détacha pour lui caresser la joue.

« Je vais répondre à la question, jeune Malefoy, puisque tu as déjà été bien puni pour avoir insulté mon goût », dit Voldemort, la voix amusée mais aussi distante que l'enveloppe d'une étoile grillée. « C'est le plaisir que me procure mon mari. Il me fait rire, ce qu'aucun d'entre vous n'a jamais fait. » Ses yeux balayèrent la table, et tout le monde essaya de tressaillir et de rester immobile en même temps. « Et il a un courage à toute épreuve. Il me plaît. »

Il se tourna vers Harry, qui essayait de gérer le sentiment étourdissant qu'il avait peut-être réussi à obtenir la combinaison de défi et de soumission que Voldemort recherchait, et glissa sa main le long du menton de Harry jusqu'à sa gorge, s'arrêtant là où battait le pouls. « § Puis-je venir dans ta chambre ce soir ? § » demanda-t-il en fourchelangue.

Harry ne savait pas quelle chance l'avait guidé jusqu'ici, mais il décida de la pousser un peu plus loin. Peut-être pourrait-il s'en sortir en faisant preuve de défiance alors que Malefoy était manifestement celui qui avait commencé à faire des bêtises. « § Je préférerais attendre, mais je céderai si vous le voulez. § »

Les yeux de Voldemort le fixaient, et ces étoiles étaient en feu, de toute façon. « § Quand tu voudras que je sois là, je serai là. § »

Il se rassit et ajouta : « § Petit déjeuner à huit heures demain, Harry. Je suppose que tu ne seras pas en retard. § »

« § Non, my lord. § »

C'était si facile à dire maintenant qu'il avait pris l'ascendant sur Malefoy. Harry jeta un coup d'œil à l'autre garçon, les yeux encore écarquillés et le visage si rose qu'il ressemblait à un cochon de lait, et ricana. Son ricanement résonna dans la salle à manger silencieuse comme l'avait fait le rire de Voldemort.

Harry attrapa la tarte à la mélasse avec bonne humeur.

-Retreat-

« § Bonne nuit, mon cher. § »

Harry resta immobile pendant le baiser de Voldemort, baissant seulement un peu la tête lorsque Voldemort le fixait. Puis Voldemort s'engagea dans le couloir et Harry se retourna pour entrer dans sa chambre.

Il souriait et se dit qu'il devait arrêter. Tout était encore horrible. Il était toujours prisonnier, et il devrait pleurer la perte de sa liberté et penser à la façon dont il pourrait aider Ron et Hermione.

Mais il s'était comporté comme lui-même, et c'était ce qu'Hermione lui avait dit de faire. Alors peut-être qu'il s'en sortait bien de ce côté-là aussi.

Il replia ses lunettes et les posa sur la table, puis se tourna...

« Sectumsempra ! »

Malefoy était dans l'embrasure de la porte, baguette sortie, et c'est tout ce que Harry eut le temps de voir avant de s'effondrer, agonisant, souffrant. Le Crucio qui l'avait frappé quelques secondes plus tard était en fait faible à côté de cette douleur, ce qu'il ne savait pas que cela pouvait arriver.

Mais la perte de sang brouillait les limites de ses perceptions et lui donnait l'impression d'avoir la tête qui tourne.

« Je t'avais dit de ne pas prendre la place de mon père », grogna Malefoy, puis Harry entendit la porte claquer.

La tête de Harry pencha sur le côté. Il savait qu'il était en train de mourir. Une partie de lui était vaguement reconnaissante, une autre partie était horrifiée, une autre partie était désolée de savoir qu'il ne vivrait probablement pas assez longtemps pour faire une différence dans le plan de Ron et Hermione.

Et une partie de lui pensait : « Désolé, Voldemort, je ne vais pas non plus préparer ce petit déjeuner à temps. »

Puis ses yeux finirent par se fermer.