7/12 Le Noël de Madame Pomfresh
La veille du réveillon, l'infirmière de Poudlard était occupée à trier son armoire à potions et remède en espérant qu'aucun élève resté pour les vacances ne tombe gravement malade, l'obligeant ainsi à rester à l'infirmerie et l'empêchant de fêter Noël avec les autres membres du personnel dans la Grande Salle.
Depuis le début des vacances, elle n'avait eu que des petites blessures superficielles à soigner, rien qui nécessitait un séjour à l'infirmerie. Jetant un œil à la pendule, elle constata qu'il était presque déjà 17h et que le Professeur Rogue ne devait pas tarder à venir lui apporter quelques onguents et autres remèdes que seul un potionniste expérimenté pouvait fabriquer.
Un petit quart d'heure plus tard, l'on toqua à la porte de l'infirmerie et elle se précipita pour ouvrir. Cependant, ce ne fut pas son collègue qu'elle découvrit derrière la porte, mais Zacharia Smith, un élève de Poufsouffle qui semblait mal en point. L'adolescent était livide et semblait avoir du mal à tenir debout.
Poppy Pomfresh le fit pénétrer à l'intérieur de l'infirmerie, juste avant que celui-ci ne s'écroule sur le lit le plus proche.
-Que vous arrive-t-il, Monsieur Smith ? Le questionna-t-elle, en lui retirant ses chaussures et en l'aidant à s'allonger.
-Je ne me sens pas bien du tout…J'ai mal à la tête et à la gorge…J'ai des frissons et je crois que j'ai de la fièvre aussi…répondit-il après une quinte de toux.
-Depuis combien de temps ? Lui demanda-t-elle en posant une main sur son front pour évaluer sa température.
-Je me sentais un peu patraque depuis quelques jours et ça a vraiment empirer hier soir…
-Et comme la majorité de vos camarades vous avez laissé traîner ça, en pensant que ça se soignerait tout seul ? Le réprimanda-t-elle, en lui prenant maintenant sa tension.
Zacharia Smith, hocha piteusement la tête, tout en se laissant docilement examiner.
-Je suis au regret de vous annoncer que vous avez la grippe et que vous allez devoir passer le réveillon ainsi que Noël, ici…
Après lui avoir donné un pyjama pour qu'il puisse se changer, elle lui fit ingurgiter une potion destinée à lutter contre les maux de tête. Malheureusement pour le jeune homme, elle ne pouvait soulager qu'un de ses maux à la fois, car il n'était pas recommandé de mélanger plusieurs potions…
Après l'avoir aidé à s'installer confortablement, elle rabattit d'un geste maternelle les draps ainsi qu'une grosse couverture sur le Poufsouffle et lui intima :
-Reposez-vous, vous en avez bien besoin…
Trois quart d'heure plus tard, l'on frappa de nouveau à la porte. Cette fois-ci, il s'agissait bel et bien du Professeur Rogue. Lorsqu'elle le fit entrer, elle le vit jeter un œil sur l'adolescent profondément endormi.
-Monsieur Smith…Je suis soulagé qu'il ne s'agisse pas d'un de mes Serpentard…J'en conclu donc que vous êtes coincé ici…Lui dit-il de sa voix doucereuse.
-Bien malheureusement Severus…Je ne peux pas le laisser seul, il est trop mal en point…
Severus Rogue, hocha poliment la tête, même si Poppy savait parfaitement que le sort du jeune homme de Poufsouffle ne l'émouvait guère. Il lui tendit deux fioles de potions ainsi que trois petits pots d'onguents.
-Voici, ce que vous m'aviez demandé…
-Je vous remercie.
Le Professeur Rogue, ne s'attarda pas et sorti rapidement de l'infirmerie. Poppy poussa un long soupir. Cette année encore, elle n'allait pas pouvoir passer Noël avec ses collègues. Elle aurait pour seul compagnie, un adolescent de quinze ans.
Après avoir rangé les potions et onguents que Severus Rogue lui avait donnés, elle s'approcha doucement de son patient. Celle-ci était toujours aussi pâle et dormait à point fermé. Poppy ne le connaissait pas mais espérait qu'il se montrerait agréable et facile à vivre. En général, les élèves de Poufsouffle étaient tout à fait charmants, compréhensif et se plaignaient peu, même si cela pouvait varier d'un élève à l'autre…
Aux alentours de 19h30, le ventre de l'infirmière commença à crier famine. Les elfes de maisons ne devaient pas tarder à lui apporter le dîner. En effet, comme Poppy était très souvent voire toujours coincée à l'infirmerie pendant l'heure des repas, elle « commandait » sa nourriture ainsi que celle de ses patients aux elfes de maisons qui se trouvaient dans les cuisines de Poudlard. Ce soir-là, elle avait opté pour quelque chose de très simple. Un plat de pâtes et quelques morceaux de blanc de poulet en espérant que son patient daigne se nourrir.
L'étape des repas était la plus compliquée, après celle des soins (qu'ils soient douloureux ou non) avait remarqué l'infirmière.
-Quand est-ce que le dîner va être servi ? J'ai faim…se plaignit l'adolescent lorsqu'elle passa devant son lit pour aller ouvrir aux elfes.
-Tout de suite, je vais vous chercher de quoi manger.
Elle ouvrit la porte et prit le petit panier que lui tendait l'un des elfes. Elle les remercia chaleureusement puis retourna à l'intérieur de l'infirmerie.
-Voilà, Monsieur Smith…Dit-elle en apportant à son patient des couverts ainsi qu'une assiette remplie de nourriture.
Le Poufsouffle se redressa en position assise et s'empara de l'assiette, tandis que Poppy s'asseyait à son chevet sur une chaise prévue à cet effet. Le jeune homme mangeait de bon appétit mais grimaçait à chaque bouchée.
-Vous avez mal à la gorge lorsque vous avalez ?
L'adolescent hocha doucement la tête, puis se renfrogna sans raison apparente et la questionna sèchement :
-Vous n'allez pas rester ici pendant tout le repas ? Je peux manger tout seul, vous savez…
-Déformation professionnelle…Je dois parfois me battre avec certain de vos camarades pour leur faire avaler un peu de nourriture, mais ça n'a pas l'air d'être vos cas…Répondit-elle calmement en s'éloignant.
Elle ne s'offusquait jamais des remarques désagréables que pouvaient lui faire ses patients. Elle savait parfaitement que la plupart du temps, ce n'était pas contre elle, mais que c'était simplement un moyen d'exprimer leur douleur de façon maladroite…
L'infirmière retourna dans la partie de l'infirmerie qui lui était réservé puis se mit à dîner à son tour.
L'heure du couvre-feu était proche et Poppy tenait absolument à ce que celui-ci soit respecté. Elle profitait en général de la dernière demi-heure avant celui-ci pour faire les derniers soins à ses patients, espérant leur faire passer la meilleure nuit possible.
S'approchant de nouveau du lit de Zacharias Smith, qui somnolait, elle passa doucement une main sur son front pour évaluer sa température. Il était brûlant de fièvre et transpirait abondamment. Son état semblait s'être dégradé en un rien de temps…
-Est-ce que vous avez mal quelque part en particulier ?
-A la gorge et mon nez n'arrête pas de couler…grogna l'adolescent, manifestement de mauvaise humeur.
Après avoir fouillé un moment dans ses placards, elle revint auprès de son patient et lui expliqua après lui avoir fait avaler une potion de couleur violette :
-Cette potion va faire baisser votre fièvre, pour votre mal de gorge je ne peux rien vous proposer d'autre que des bonbons au citron qui viennent directement du bureau du Professeur Dumbledore et pour votre nez, mouchez-vous dans ce mouchoir et il devrait vous laissez tranquille un moment.
Elle avait laissé à disposition du jeune homme, le mouchoir magique qui libérait pendant au moins deux bonnes heures la fosse nasale, puis l'avait laissé se reposer.
La nuit fut plutôt bonne, même si Poppy s'était réveillée plusieurs fois pour vérifier l'état du Poufsouffle. Le lendemain matin, lorsqu'elle vint lui apporter son petit déjeuner, elle en profita pour l'examiner et constata que la fièvre avait un peu baissé. Cependant, l'adolescent était toujours aussi pâle et se plaignait de courbatures intenses, sans compter ses maux de tête et de gorge qui avaient refait surface.
-Je vais vous faire un peu de pimentine…C'est atroce à boire mais vous verrez, c'est très efficace.
La pimentine était un remède qu'elle avait élaboré quelques années auparavant notamment pour les épidémies de grippe qui survenait chaque année au château.
Zacharias Smith avait ronchonné en guise de réponse, ce qui avait fait sourire l'infirmière. A force de côtoyer les élèves des différentes maisons, elle avait fini par connaître chacun de leur comportement face à la douleur, même s'il était impossible d'en faire une généralité. Les plus courageux étaient sans conteste les Gryffondor. Ils étaient assez peu sensibles et ne souhaitait qu'une chose être rétablis rapidement. Elle s'entendait relativement bien avec les élèves de Serdaigle, qui néanmoins était vraiment très anxieux et qu'elle devait sans cesse rassurer. Les Serpentard pouvaient se montrer assez douillets et étaient d'assez bon comédien. Quant aux élèves de Poufsouffle, ils s'acclimataient en général très bien et prenait beaucoup sur eux, même si ce n'était vraisemblablement pas le cas de Zacharias Smith qui avait passé une grande partie de la matinée à geindre…
A midi, la pimentine était prête et Poppy décida de l'apporter à son patient en même temps que son déjeuner, redoutant un peu sa réaction face au breuvage qui était vraiment infect.
-Je vous conseille de la boire maintenant et de manger ensuite pour faire passer le goût…lui dit-elle en lui tendant un petit gobelet.
L'adolescent, l'approcha doucement de son nez pour en renifler le liquide et se décida à en boire une gorgée. Il fit une grimace atroce et recracha la moitié dans le verre.
-Ah non, Monsieur Smith ! Vous devez l'avalez quoiqu'il arrive, je vous promets que vous irez bien mieux ensuite…
-Mais c'est immonde ! Pleurnicha-t-il.
-Il n'y en a pas beaucoup…Si c'est plus facile pour vous, c'est moi qui vous la fais boire ?
-Je n'ai plus quatre ans…grogna-t-il avec suffisance.
Prenant une grande inspiration, il but d'une traite le contenu du gobelet, avant de pousser un petit gémissement de surprise, en voyant de la fumée sortir de ses oreilles.
-C'est tout à fait normal, vous allez avoir très chaud pendant quelques minutes, mais ça va vite passer…Vous pouvez manger maintenant…
Le reste de la journée passa assez lentement. L'adolescent s'était plaint qu'il s'ennuyait, Poppy avait donc décidé de lui prêter un livre de médecine qui allait l'occuper un moment. Une grande partie des patients à qui elle l'avait prêté l'avait trouvé passionnant et il lui arrivait souvent qu'on le lui réclame.
Le soir du réveillon, elle poussa un petit soupir en contemplant le neige tomber au dehors. Un coup à la porte la sortie de sa contemplation et elle tomba avec joie sur Pomona Chourave qui était venue lui apporter un peu de foie gras, de bûche et de dinde.
-Comment va Monsieur Smith ? La questionna la directrice de la maison Poufsouffle.
-Il est fatigué, mais il devrait être sur pied rapidement.
Poppy aimait beaucoup le Professeur Chourave. Elle était d'une amabilité rare et lui proposait toujours son aide pour fabriquer des remèdes et autres onguents.
Elle laissa le Professeur Chourave échanger quelques mots avec son élève, tandis qu'elle disposait dans deux assiettes, la nourriture qui lui ferait office à elle et Zacharias Smith, de dîner de réveillon.
-Je vous remercie sincèrement ! dit-elle en raccompagnant le Professeur Chourave à la porte.
Après cela, elle s'empressa d'apporter une assiette de nourriture à son patient et le questionna avec délicatesse :
-Vous acceptez de manger en tête à tête avec moi ce soir ? Cela m'embêterait de vous laisser manger seul pour le réveillon…
Un petit sourire naquit sur les lèvres de l'adolescent qui hocha positivement la tête. Poppy s'installa sur la chaise qui se trouvait à côté du lit et se mit à manger. La soirée du réveillon n'allait pas être bien longue et peu avant le couvre-feu de l'infirmerie, elle revint voir le Poufsouffle avec un nouveau gobelet de pimentine. Celui-ci tenta de l'amadouer en gémissant et en protestant, mais Poppy y était habituée et ne se laissa pas décontenancer. Zacharias Smith fini par avaler docilement la potion, en grimaçant.
-Passez une bonne nuit, Monsieur Smith…Lui souhaita-t-elle en soufflant les bougies qui éclairaient le chevet du jeune homme.
Elle se coucha à son tour, gardant cependant une oreille attentive au moindre bruit. Vers 4h du matin, elle fut réveillée par ce qui semblait être des pleurs. Elle sauta de son lit et se précipita auprès de son patient. Celui-ci pleurait et gémissait dans son sommeil, entortillé dans des draps trempés de sueurs.
Le secouant et lui parlant doucement, Poppy parvint à le réveiller. Le jeune garçon, avait les yeux brillants de larmes et tremblait.
-Tout va bien, je suis là…Tenta-t-elle de le rassurer.
Ses cheveux étaient humides de sueurs et il était brûlant de fièvre une fois de plus. L'infirmière était habituée à ce genre de scène et elle savait qu'il fallait qu'elle se montre particulièrement douce et compréhensive même avec des adolescents de quinze, seize ou dix-sept ans. Appliquant un linge humide, sur le front du Poufsouffle, elle continuait de lui parler avec douceur, et se permit même de lui caresser les cheveux avec tendresse, ce que son patient semblait apprécier.
Elle n'était pas forcément très tactile avec ses patients, mais savait que dans certains cas, surtout en ce qui concernait les plus jeunes, quelques cajoleries n'étaient pas de trop…
Une petite heure plus tard, le jeune homme avait fini par se rendormir.
Le lendemain, le jour de Noël, Poppy avait attendu jusqu'à 14h que son patient se réveille. Un hibou était venu, le matin de bonne heure, avec des colis au nom de Zacharias Smith. L'infirmière les avait réceptionné et attendait patiemment avant de pouvoir le lui donner.
Elle entendit remuer de l'autre côté de l'infirmerie et jeta un petit coup d'œil. Le Poufsouffle venait tout juste d'émerger et baillait à s'en rompre la mâchoire. S'approchant, elle constata qu'il avait mauvaise mine. Ses yeux étaient rouges, gonflés de ses pleurs nocturnes et il était toujours aussi pâle.
-Je crois que vos amis et vos parents ont pensés à vous, Monsieur Smith…Joyeux Noël ! Lui souhaita-t-elle en lui tendant ses colis.
-Joyeux Noël, Madame Pomfresh…Lui souhaita-t-il à son tour en lui souriant faiblement.
Poppy Pomfresh regrettait souvent de ne pas pouvoir passer Noël en compagnie de ses collègues mais elle se devait d'être là pour ses patients et malgré certain caractères un peu difficile et ronchon, elle devait admettre qu'elle s'attachait à tous sans exception.
