Note de l'auteure : Je viens juste de remarquer que les jours du calendrier de décembre 1995 correspondent à ceux de 2023. Oui, j'avais envie de partager cette info ! XD Bonne lecture !
7 décembre
« Mon cher Harry,
J'ai été ravi que mon cadeau te plaise à ce point. C'est sûr, ce serait plus discret si notre courrier arrivait dans notre dortoir plutôt que dans la Grande Salle.
Si ça ne t'embête pas que ça alimente les ragots : tant mieux ! Ça ne me dérange pas non plus. Surtout qu'ils vont aller chercher dans les "elles" alors que je suis un "il". Sauf si tes meilleurs amis ne savent pas tenir leur langue, bien entendu. Mais je pense que tu leur fais suffisamment confiance à ce sujet. Personnellement, j'émets des réserves concernant Ron. Il serait capable de vendre la mèche dans un élan de protection envers toi, par exemple. »
Harry sourit en réalisant que ce serait en effet tout à fait le style de Ron. Il ne prenait donc pas mal les paroles de son correspondant. Apparemment, il connaissait bien aussi les membres de son entourage. Était-il possible qu'il s'agisse d'un Gryffondor ? En fait, oui. Tout était possible. Il n'avait juste aucune idée de qui pouvait tenir la plume qui lui adressait ces lettres. Ça faisait partie du jeu, mais c'était aussi un peu frustrant.
« Je t'ai déjà fait part du fait que je ne connais pas grand-chose de toi, de ta vie avant ton entrée à Poudlard, et que ça ne change rien à mes sentiments pour toi... mais pourrais-tu me raconter un peu ? Je ne t'oblige à rien.
En te souhaitant une belle journée,
Avec tout mon amour,
TCS »
Harry rangea son courrier dans son sac. Hermione avait fait en sorte que si quelqu'un de non autorisé venait à fouiller dedans, il se recevrait un maléfice cuisant. Il se laissait la fin de la journée pour réfléchir à si oui ou non il parlait de son enfance à son correspondant. Après tout, il savait qu'il ne pourrait pas répéter ses confessions à cause du sortilège qui était appliqué sur le parchemin.
« Cher CS,
J'ai beaucoup réfléchi à si je devais répondre à ta question ou pas. Et je me suis dit que ce serait peut-être une bonne chose que je me confie à ce sujet à quelqu'un. Je n'ai jamais parlé de ma vie chez "mes" moldus à qui que ce soit, même si les Weasley ont pu constater certaines choses d'eux même pendant certaines vacances…
Alors, comment dire ?
Hagrid est venu me voir avec un gâteau d'anniversaire le jour de mes 11 ans et m'a remis ma lettre de Poudlard. Or, à ce moment-là, j'ignorais tout du monde sorcier. Il m'a donc pris avec lui et m'a fait découvrir le Chemin de Traverse. Nous avons commencé par aller retirer de l'argent sur mon compte à la banque Gringotts, dont je découvrais également l'existence, puis on a effectué mes achats pour la rentrée.
J'ai reçu beaucoup d'informations ce jour-là. Hagrid m'a non seulement appris l'existence du monde sorcier, mais également que mes parents étaient morts en combattant Voldemort, pour me protéger. J'ai aussi découvert que mon nom était célèbre.
Et j'ai fait la connaissance de Malfoy, aussi. Qu'est-ce que son nom vient faire dans ce courrier ? me diras-tu. C'est juste qu'il est le premier sorcier de mon âge que je rencontrais, mais il m'a aussitôt donné une très mauvaise opinion de lui. Il me faisait tellement penser à mon cousin Dudley dans sa façon d'être, de s'exprimer. Il parlait, parlait, me posait des questions... purement rhétoriques, puisqu'il ne m'a pas laissé une seule fois la possibilité de lui répondre. Puis Hagrid est venu me chercher et ce crétin arrogant l'a aussitôt critiqué. Je n'ai pas supporté.
Lorsque je suis sorti de chez Mme Guipure, Hagrid m'a offert un merveilleux cadeau d'anniversaire : ma chouette Hedwige. Mon premier cadeau d'anniversaire, en fait. En plus de la journée qu'on venait de passer dans le monde sorcier.
Maintenant, je suppose que ce que je viens d'écrire a dû t'interpeller à plusieurs reprises et que tu dois te poser des questions sur les moldus qui m'ont élevé.
Lorsque Voldemort a été vaincu, Dumbledore a décidé de me confier à la sœur de ma mère : Pétunia Dursley. Or, celle-ci a toujours détesté ce qui a trait à la magie. Son mari également. Ils se targuent d'être parfaitement "normaux". Avant mes 11 ans, je pensais simplement qu'ils me détestaient parce qu'on leur avait imposé ma garde. Et peut-être même parce que je rappelais la mort de sa sœur à ma tante. C'est ce que je m'imaginais. Je ne comprenais pas pourquoi ils me traitaient parfois de "monstre" ni ces choses parfois bizarres qui pouvaient arriver, comme la repousse rapide de mes cheveux lorsque Pétunia me les coupaient. Je n'y étais pour rien dans ces événements. Du moins, c'est ce que je pensais.
En ce qui concerne la mort de mes parents, pour moi, ils étaient morts dans un accident de voiture. C'est ce que Pétunia m'avait répondu, une fois. Ensuite, j'étais interdit de mentionner mes parents sous son toit. J'ignore si tu sais ce qu'est une voiture. Connais-tu le monde moldu ou pas ?
Que dire d'autre ? Eh bien... j'ai toujours grandi dans l'ombre de mon cousin. Enfin, je ne sais même pas si je peux dire ça. Dudley est l'enfant chéri de mon oncle et ma tante. Il est parfaitement "normal", merci pour eux. C'est un garçon pourri gâté, qui faisait des crises à ses anniversaires s'il ne recevait pas plus de cadeaux que l'année précédente. Il avait un monticule de cadeaux. J'avoue avoir parfois été envieux quand, à moi, on ne prenait même pas la peine d'adresser ces deux simples mots : "Joyeux anniversaire". Bref, en dehors de la maison, Dudley faisait partie de la bande de brutes de l'école et leur sport favori était la chasse au Harry. Pendant que je t'écris ces mots, je ressens une certaine amertume, que ce soit envers Dumbledore qui m'a placé là-bas et me pousse à y retourner été après été alors que je n'y suis clairement pas le bienvenu et envers les enseignants de l'époque qui n'ont jamais fait quoi que ce soit contre Dudley et ses copains, rien pour me venir en aide quand ils me voyaient avec des bleus, rien alors que je n'ai jamais eu de vêtements à ma taille...
Parfois, comme en ce moment, je comprends que certains sorciers n'apprécient pas les moldus. Il suffit qu'ils aient eu affaire à des personnes comme celles que je viens de décrire. Mais il faut de tout pour faire un monde. Il y a des connards chez les moldus tout comme il y en a chez les sorciers. On a nos mages noirs et eux ont leurs terroristes. Que nous ayons des pouvoirs ou pas, nos sociétés restent les mêmes, finalement...
Bref. Je ne sais plus ce que je devais te dire d'autre sur mon enfance. Ah, peut-être cette histoire de placard sous l'escalier qui m'a servi de chambre jusqu'à ce qu'Hagrid vienne me chercher. Ensuite, ma condition s'est un peu améliorée : ils m'ont placé dans la chambre d'ami... tout en mettant des barreaux à la fenêtre et un cadenas sur la porte, comme si j'étais un animal féroce. Il a toujours fallu que je me fasse le plus discret possible, comme si je n'existais pas, tout en les encombrant tout de même de ma présence.
Quelle menace Dumbledore a-t-il pu faire planer sur eux pour qu'ils ne se débarrassent pas de moi ? Je l'ignore. Car il ne peut que s'agir de ça, finalement ? Car ce n'est certainement pas en la mémoire de mes parents comme j'avais bien pu le croire avant.
Je pense avoir fait le tour. Alors, m'aimes-tu toujours après avoir appris tout ça sur moi ?
Amicalement,
Harry »
Le Gryffondor soupira avant de glisser son parchemin sous son oreiller. Il se demandait si l'autre était encore réveillé ou s'il ne lirait ses confidences que le lendemain matin.
Mais bien sûr que Draco était encore réveillé. Il avait guetté l'arrivée de cette réponse toute la journée.
Il se sentit bête en lisant les mots le concernant. Il avait effectivement agi en petit con, ce jour-là, chez Mme Guipure. Mais bon, il ne répondrait rien pour se justifier, puisque l'autre ignorait tout de son identité.
Lorsqu'il se glissa dans son lit, un peu plus tard, les informations qu'il venait de recevoir tourbillonnaient dans son cerveau. Il ne savait pas trop quoi faire de tout ce qu'il venait d'apprendre. Jamais il n'aurait pu imaginer que l'enfance d'Harry Potter ressemblait à ça. Et, apparemment, personne d'autre ne le savait. Si ce n'est, peut-être, Dumbledore. Dans ce cas, comment avait-il pu volontairement laisser Harry grandir dans de telles conditions ? S'il songeait aux retenues qu'Harry faisait, qui lui laissaient de telles marques sans que leur directeur ne réagisse, il ne devait finalement pas être si surpris de l'inaction du vieux sorcier.
