Chapitre 22
Charlie et Renée se font face, assis autour de la table de la cuisine, je suis acculée sur le plan de travail, regardant l'enveloppe que tient mon père. Le test de maternité. Toute la journée, j'ai pensé que le temps ne passait pas mais maintenant que je suis là, je trouve qu'il est passé trop vite. Charlie lâche l'enveloppe sur la table puis la fait glisser jusque ma mère.
« Tu veux l'ouvrir ? S'enquiert-il.
Renée secoue la tête.
« Vas-y toi, je ne peux pas, refuse-t-elle en refaisant glisser l'enveloppe vers lui.
Il la prend, la déchire et en sort la feuille. Il les lis et ses sourcils se froncent.
« Bella est bien ta fille, tu es sa mère.
Il lui jette la feuille devant elle, alors que ma mère affiche clairement un air choqué.
« Ce n'est pas possible, je ne t'ai jamais trompé. Il doit y avoir une erreur dans les résultats.
« Il n'y a pas d'erreur, j'ai déjà posé la question, ils ont dit qu'ils lançaient deux fois les analyses pour être sûr. Qui est le père de Bella ?
« Je te jure sur ma putain de vie que jamais je n'ai eu de relation avec un autre que toi, que ce soit avant ou durant tout le temps de notre mariage. Je ne comprends pas, je te jure sur ma vie, je ne mens pas.
Edward avait raison, juré sur sa vie ne signifie rien pour certains. Ma mère a trompé Charlie et refuse d'admettre qu'elle l'a fait.
« Je veux savoir qui est mon père, s'il te plaît. Tu as quoi à perdre ? Charlie et toi avez déjà divorcé. On ne dira rien à Phil mais s'il te plaît, je dois savoir.
Renée se lève et parcourt le mètre qui nous sépare, elle prend mes mains dans les siennes.
« Si j'avais trompé ton père, je l'aurais assumé, je n'aurais pas pris la peine de faire un test de maternité ni dépenser mon argent pour ce test. Je ne comprends pas comment c'est possible que tu sois ma fille et pas celle de ton père. Vraiment, je ne comprends pas. Je me souviens encore du jour où nous t'avons conçue et c'était ton père. C'était un samedi, le 07 mars.
« Sauf que la date que le gynéco t'a donné n'est pas la bonne date, intervient Charlie. Une fille avait disparu, je faisais partie des recherches, j'ai travaillé presque deux jours non stop, à ce moment là.
Renée se tourne.
« Tu es rentré en pleine nuit, tu avais besoin... de te changer les idées et tu es reparti aussitôt pour chercher la fille.
Charlie secoue la tête. Il se lève et fait quelques pas.
« Je ne suis jamais revenu, s'emporte-t-il. J'ai passé tout ce temps en forêt avec mes collègues. Mon supérieur ne m'aurait pas laissé rentrer chez moi, de toute façon. J'étais un simple agent de police à l'époque, je ne pouvais pas faire ce que je voulais.
Le ton monte. Charlie commence à s'énerver à force d'être pris pour un con.
« Tu n'es jamais rentré ? Tu ne confonds pas avec un autre jour ou... je ne sais pas, tu m'as clairement dit que chercher cette fille était trop difficile, que tu avais besoin de te changer les idées.
« Non, la coupe-t-il. Je l'ai retrouvée le 8 mars, en début de soirée. Je m'en souviens parfaitement parce que sa vie était en danger, elle s'était perdue et n'avait pas sa dose d'insuline sur elle, elle est entrée dans un coma diabétique et je lui ai sauvé la vie alors non, je ne me trompe pas.
Ma mère est effarée.
« Il... qui que ce soit... il était toi. Le même corps, la même voix...
Charlie secoue la tête.
« C'est une nouvelle excuse ?
« Je te jure que non, crie-t-elle.
Des larmes coulent sur les joues de ma mère qui est bien ma mère et qui a trompé mon père.
« Est-ce que c'était le mec psychopathe qui a tué sa femme, il y a vingt ans ? Demandé-je.
« Quoi ? Fait ma mère.
« Non, ça ne peut pas être lui, il était en taule depuis trois ans, réfute Charlie. Pourquoi ça serait lui, de toute façon ?
J'ignore Charlie et implore ma mère :
« C'était qui ? Dis-le moi, s'il te plaît.
Renée serre sa tête avec ses mains, ses doigts s'accrochant à ses cheveux, elle grogne de frustration en me tournant le dos.
« Je n'en sais rien, je n'ai jamais eu de relation avec quelqu'un d'autre que ton père et pour moi, il était revenu, ce soir-là. Il était revenu !
Elle laisse ses mains retomber quand elle se tourne. Je cligne des yeux pour mieux la regarder. Je cligne à nouveau mais c'est encore là.
« Maman... tu as quoi, sous les yeux ?
Quand Charlie la regarde, je vois que je ne suis pas la seule à voir ça. Renée se touche la peau au niveau de ses cernes.
« Tu as des... traces. Comme si tes veines devenaient noires. Est-ce que tu vois ça aussi, papa ?
« Ouais, c'est... qu'est-ce que c'est ?
Renée fouille dans son sac, elle en sort un objet rond qu'elle déplie, elle se regarde dans le miroir de l'objet.
« Oh mon dieu, fait-elle horrifiée.
Ça ressemble à ce qui est arrivé aux yeux de mon reflet quand j'ai une hallucination à la plage. Est-ce que ça voulait me prévenir que ma mère allait avoir ça ?
« Faut aller à l'hôpital, décide Charlie.
Je les accompagne parce que, bien sûr, je veux savoir de quoi il s'agit. L'attente dans la salle est longue et ma mère stresse à mort. Elle n'arrête pas de grommeler sur le temps qu'ils prennent à la prendre en charge. Le médecin qui vient nous chercher est le Dr Gerandy. Nous le suivons dans une chambre, Renée s'installe sur le lit isolé par des paravents. Gerandy regarde la réaction de ses pupilles puis palpe la partie sous les yeux de ma mère. Les veines noires se trouvent également sur ses paupières.
« Vous vous sentez comment ?
« Juste un peu fatiguée.
« Je ne sais pas ce que c'est, on dirait que vos veines se nécrosent.
« Oh mon dieu, s'écrie-t-elle terrifiée.
« Je dis juste que ça y ressemble. Je vais vous faire une prise de sang. Avez-vous consommé de la drogue, du tabac, de l'alcool, dernièrement ?
« Non.
« Des médicaments ?
« Un anti-nauséeux, le stress me rend toujours nauséeuse.
« Vous avez les comprimés avec vous ?
Ma mère fouille dans son sac et sort le cylindre orangé qui contient ses médicaments et le donne au médecin. Il lui fait la prise de sang et nous demande de patienter. Nous patientons une vingtaine de minutes avant que le médecin ne revienne.
« Pouvez-vous me suivre dans mon bureau ?
Nous le suivons. Je reste debout pendant que mes parents s'assoient face au médecin.
« Les analyses ne montrent pas d'empoisonnement ou de problème quelconque à part une légère carence en fer. Je vais vous prescrire des comprimés pour régler cette carence et un anti-coagulant, il est possible que des petits amas de sang se soient formés et obstruent les veinules situées dans la région orbitale.
« D'accord.
« Reposez-vous. Dans le doute, évitez les voyages en avion, la pression de l'altitude pourrait avoir un effet néfaste. Si vous avez d'autres symptômes ou si celui-là s'accentue, revenez nous voir.
« Ah, heu, d'accord.
Je pense qu'aucun de mes parents n'a envie de prolonger cette visite. Nous rentrons à la maison, Charlie offre à Renée de l'héberger sur le canapé qui se déplie en lit pour éviter qu'elle se ruine avec le motel.
Je ne sais pas quoi penser. Ma mère n'a pas l'air de mentir quand elle dit qu'elle n'a pas trompé Charlie. Sa surprise était sincère quand Charlie lui a dit qu'il n'était pas rentré, le jour de ma conception. Mon père aurait un frère jumeau caché ? Non, les résultats du test de paternité n'indiquait aucun lien génétique entre lui et moi. Un sosie, alors ? Soit ça, soit ma mère ment tellement bien que même moi, je ne peux pas le sentir.
Edward pourrait m'aider, il pourrait lire dans sa tête et découvrir la vérité. Je lui envoie un sms pour lui demander s'il peut passer ce soir. Il m'annonce qu'il prend la voiture et arrive. Je sors pour l'attendre assise sur les marches de mon perron mais aussi pour prendre l'air. Quand la Volvo se gare devant le jardin, je me lève et le rejoins. Il m'embrasse et me demande ce que les résultats ont donné.
« Ma mère est bien ma mère. Je ne sais pas quoi en penser, elle est convaincante quand elle dit qu'elle n'a pas trompé mon père, elle a juré et même après les résultats, elle maintient qu'elle ne l'a pas fait. Elle a juré mais elle est ma mère et mon père n'est pas mon père. Soit elle ment vraiment très bien soit... un sosie de mon père s'est fait passer pour lui. J'ai besoin de toi pour fouiller dans sa tête.
Il me fixe.
« J'ai besoin de savoir, s'il te plaît.
Il hoche la tête.
« Tu vas devoir lui poser des questions pour orienter ses pensées parce que là, elle s'inquiète surtout de son état de santé. Elle est malade ?
« Ouais, ses veines autour de ses yeux sont bizarres, noirs comme nécrosés, c'est ce que le médecin a dit. Elle a juste pris un anti-nauséeux et elle a une carence en fer mais on ne sait pas ce qui cause ses symptômes.
« Ok, j'espère que ce n'est pas quelque-chose de grave.
« Moi non plus.
Je lui prends la main et le guide vers le salon où Renée est assise, le regard dans le vide avant de le reporter sur nous.
« Oh, bonjour Edward, le salue-t-elle.
« Bonjour madame, comment allez-vous ?
« Renée, corrige-t-elle. J'ai connu des jours meilleurs. Je suis juste un peu fatiguée et nous traversons une sorte de crise familiale mais ces trucs autour de mes yeux, c'est probablement rien.
Elle essuie ses yeux comme si ça pouvait effacer les symptômes.
« Maman, fais-je en m'asseyant sur le fauteuil.
Edward reste debout, derrière moi.
« Tu peux me dire qui est vraiment mon père ?
« Bella, Edward est venu te rendre visite, ce n'est pas le moment d'en parler et je t'ai déjà dit tout ce que je savais. Ma version ne va pas changer parce que celle que je vous ai donné est la vraie.
« Mais, commencé-je.
« Bella, ça suffit. Pourquoi ne pas emmener Edward en haut pour discuter entre vous ? J'ai besoin d'un moment seule, s'il te plaît.
« Ok, soupiré-je.
Je me lève, Edward me suit, je m'assois sur mon lit pendant qu'Edward opte pour le fauteuil.
« Alors ? Demandé-je. Tu as eu de quoi faire ?
Il hoche la tête.
« Elle a pensé à la période de ta conception et c'est ton père qui est entré dans la chambre.
« Charlie dit qu'il a travaillé non-stop cette nuit-là, une fille avait disparu et il ne l'a retrouvée que le lendemain. De toute façon, on est sûr que Charlie n'est pas mon père donc je pense que sa version n'est pas la fausse. Si ma mère dit la vérité, ça veut dire que mon père est le sosie de Charlie avec la même voix et ce sosie savait que Charlie ne rentrerait pas, ce soir-là, il savait aussi pour la fille disparue.
« Tu connais le jour de ta conception ?
« Le 07 mars 1987. Apparemment, les analyses sont formelles et fiables à un ou deux jours près autour de cette date et Charlie a toujours pensé qu'il y avait une erreur d'un peu plus d'une semaine. Je ne pense pas qu'il se souvienne des moments intimes avec ma mère d'il y a 17 ans mais il doit se rappeler l'avoir pensé quand ils ont eu le rendez-vous gynéco. S'il y avait un sosie de mon père, ça se serait vu, non ? C'est une petite ville.
« C'est pour ça que je demandais le jour de ta conception. Chaque ville possède les archives de leurs recensements. Nous n'aurons que les noms des habitants de la ville à cette période mais nous exclurons les hommes qui ne correspondent pas à la fourchette d'âge qu'avait Charlie à l'époque, nous ferons des recherches sur les noms restants. Cependant, l'homme pourrait ne pas être de la ville, l'homme pourrait ne pas ressembler à Charlie non plus.
« Comment ça ? Si ma mère a vu Charlie entrer, il lui ressemble, alors.
« Sauf si c'est un type qui a un don.
« Comme la télépathie ?
Il hoche la tête.
« Un don d'illusion, précise-t-il. Si c'est ça, alors toi...
« Quoi, moi ?
« Tu pourrais avoir hérité de son don, d'une certaine façon et de ses gênes... particuliers. Tes hallucinations pourraient faire partie de ton don mais tu es... ça ne colle pas vraiment, tu ne ressembles pas à ce que je sais des gens qui possèdent des dons.
« Jacob pense que le fait que tu ne lises pas mes pensées est un don que j'ai, une barrière psychique.
« On parle d'un bouclier mental, dans ce cas mais peut-être que cette faculté et les hallucinations font partie d'un même don mais ça ne serait pas un bouclier, dans ce cas.
« Mais en quoi des hallucinations seraient un don ?
« Ce ne sont peut-être pas des hallucinations, peut-être que c'est autre chose, une forme d'illusion. J'en sais rien.
« Si c'est ça alors... c'est comme ça que j'ai tué Will.
« Je ne pense toujours pas que tu l'as tué.
« Les veines noires de ma mère, ça ressemble un peu aux hallucinations que j'ai eu en me regardant dans le reflet de l'eau. Sauf que mon reflet, les contours de ses yeux étaient noirs, comme maquillés grossièrement d'un fard noir. Comme une version plus avancée de ce qu'a ma mère, en fait.
Edward fronce les sourcils.
« Tu penses que... tu penses que c'est toi qui a fait ça à ta mère ?
« Non ! M'écrié-je. Jamais je ferai ça.
Je ferme la bouche.
« Tu penses que j'aurais pu ? Je n'ai jamais voulu faire quoi que ce soit à ma mère.
Je me lève histoire de bouger un peu.
« Je ne sais pas, fait-il.
Je commence à marcher dans ma chambre.
« Je ne vois pas pourquoi je lui aurais fait quelque-chose. Je ne suis pas en colère ni rien.
Je continue les allers-retours entre le lit et le bureau à côté, Edward me suit du regard.
« Je n'en sais pas plus que toi, fait Edward.
Il m'attrape le poignet, me forçant à m'arrêter, il se lève et me prend dans ses bras.
« Comment tu te sens ? Demande-t-il.
« Je me sens rien, j'ai pas d'émotion, je te rappelle. Je veux juste des réponses à ce qu'il se passe.
« On va faire des recherches. À commencer par trouver qui est ton père, ensuite, on devrait commencer à avoir des réponses sur ce que tu es, tes hallucinations, l'éventuel don que tu aurais.
Il se lève.
« Je vais y aller, parler de tout ça à mes parents, ils pourront faire la demande pour accéder aux archives de la mairie. Il faudrait que ta mère consulte mon père également. Je ne dis pas qu'il trouvera ce qu'elle a mais il a un peu plus de moyen que la plupart des autres médecins.
« Je lui dirai.
Il m'embrasse.
« On trouvera les réponses. Tu devrais ne pas tarder à les préparer pour le mariage. Si tu as quelque-chose à voir avec l'état de ta mère, il vaut mieux que ça se fasse rapidement, comme nous l'avons convenu.
« Mais je risque de te faire ça à toi.
Il secoue la tête.
« Je ne pense pas que ça m'affectera, ce que j'ai me protège de beaucoup de choses. Convaincs ta mère de passer voir mon père demain, il travaille de 13h45 à 21h.
« D'accord.
« J'ai réfléchi, annoncé-je à Edward quand je le retrouve au lycée, le lendemain.
« Oui ?
« Mon père est le chef de la police, ça veut dire que si c'est lui qui demande à voir les archives, il les aura plus rapidement.
« On ne peut pas impliquer Charlie, m'informe-t-il. Je t'expliquerai pourquoi si mes doutes sur ton père se confirment ou, le cas échéant, lorsque nous serons mariés.
« Pourquoi pas maintenant ?
« Parce que ce n'est pas le genre de secret qui s'avoue comme ça. Nous avons des règles et tu ne pourras en être informée qu'une fois que nous serons unis, officiellement.
« Tant de mystères, soupiré-je.
« Ta mère ira voir mon père ?
« Elle ne voulait pas mais je l'ai convaincue. Surtout quand je lui ai montré que le contour de ses yeux devenaient noirs comme si elle avait un trait d'eye-liner noir grisâtre. Ça a un certain style, en vrai.
Edward me regarde en coin pendant que nous commençons à nous diriger vers le lycée.
« J'ai l'air sans cœur, c'est ça ? Je sais que je devrais être inquiète, je sais que je le serais si je pouvais ressentir des émotions mais je ne peux rien faire pour ça.
« Comment sais-tu que tu le serais, dans ce cas ?
« Je ne sais pas, je sais juste que je ne veux pas que ma mère soit malade, je me base sur ça, mes envies, pour savoir ce que j'aurais dû ressentir à la place. C'est probablement pour ça que je n'ai jamais décelé ma psychopathie.
Il est tard et maman n'est toujours pas rentrée. Quand je suis revenue du lycée, je pensais qu'elle était à l'hôpital mais c'est l'heure du dîner et elle n'est toujours pas là.
« Tu penses que ça s'est aggravé, ce qu'a maman ? Demandé-je à Charlie.
« Je ne pense pas, Bella. Nous verrons quand elle rentrera.
« Peut-être que Carlisle l'a gardé à l'hôpital.
« Le docteur Cullen ? Ta mère devait aller le voir ?
« Je lui ai dit d'aller le consulter ce matin, elle m'a dit qu'elle le ferait.
« Je pensais qu'elle était partie se changer les idées en faisant les boutiques, à Port Angeles, songe Charlie. C'est toujours ce qu'elle faisait quand elle était préoccupée, avant.
« Je sais pas, j'espère qu'elle m'a écoutée.
« Elle devrait bientôt rentrer. Elle a peut-être été faire un tour après le rendez-vous. Elle nous aurait appelé si elle avait un problème.
Je hoche la tête.
« Tu es en vacances, la semaine prochaine, non ?
« Euh, ouais, les vacances de printemps, deux semaines.
Charlie hoche la tête.
« On essaiera de trouver qui est ton père, si tu veux.
Je relève les yeux vers lui. Edward a dit qu'il valait mieux ne pas l'impliquer.
« Comment ?
« On va commencer par fouiller les archives de la mairie. Savoir qui habitait à Forks en mars 1987, peut-être pousser jusqu'aux villages voisins. On cherche quelqu'un qui me ressemble et la mairie à un fichier des papiers d'identité de tous les habitants qui habitent encore ici aujourd'hui. Peut-être qu'il a déménagé depuis mais la nouvelle adresse sera dans les fichiers.
« Et s'il a déménagé plusieurs fois ?
« Ça sera un jeu de piste, nous remonterons jusqu'à son adresse actuelle. Dans le cas où il n'y aurait pas eu d'oubli, ce qui arrive souvent.
« Ça a l'air compliqué, remarqué-je.
« L'administratif est toujours compliqué, affirme-t-il. Mais si tu veux connaître ton père, c'est le seul moyen puisque ta mère ne se souvient pas d'un autre homme.
« Je ne sais pas si je veux à ce point, le connaître. On devrait laisser tomber.
« Tu es sûre ?
Je hoche la tête.
« Si tu changes d'avis, n'hésite pas à me le dire.
