Stiles était réveillé depuis un bon quart d'heure et techniquement… Il allait bien. Lui n'était pas vraiment de cet avis, mais on ne l'écoutait pas. On lui disait que tout fonctionnait le concernant… Mais on n'arrivait pas à lui expliquer ce qu'il ressentait, cette sensation de flottement qu'il avait péniblement décrite à Melissa McCall, et au docteur Dunbar. Stiles… Se sentait flotter, voguer. Bouger, alors qu'il restait immobile dans ce lit et qu'il se forçait à esquisser le moins de mouvements possibles. Au départ, il leur avait quand même fait une petite frayeur : il fallait dire que médecin comme infirmière avaient été là au moment où il s'était réveillé… Et Stiles avait mis du temps à les reconnaître. La mémoire lui était finalement revenue, rassurant les deux adultes. Stiles avait du mal… Parce qu'il était épuisé. Juste pour cette raison. Peut-être aussi parce que ce qu'il avait vécu avait dû le traumatiser… A raison. Après tout, on avait tenté de le tuer. Mais, puisqu'il n'avait pas l'air de s'en souvenir, on ne lui en parlait pas, lui laissant le temps de se réveiller correctement. Evidemment, il avait demandé, fébrile, la raison de sa présence à l'hôpital, et c'était Melissa qui s'était chargée de lui sortir un mensonge qu'elle avait préparé sur le tas : une attaque cardiaque. La vérité, il la saurait plus tard, une fois qu'il irait mieux. Pour l'instant, elle voulait juste le protéger, faire en sorte qu'il se repose et sache qu'il était en sécurité.

Liam ? Il était toujours là. Dans un coin de la pièce. Il se faisait discret, parce qu'on le lui avait demandé. Son père avait également voulu qu'il sorte de la chambre, mais le blondinet avait su l'amadouer, et lui avait par la suite promis de ne pas les déranger. Et puisque c'était lui qui avait retrouvé Stiles… Le docteur Dunbar avait cédé.

Liam se tenait effectivement à carreau et ne faisait pas le moindre bruit. Son regard restait fixé sur la silhouette pâle de Stiles. Sur son visage hagard, ses yeux vitreux dans lesquels il arrivait toutefois à percevoir une terreur discrète. Des yeux qui ne s'étaient pas encore posés sur lui, parce que Stiles ne l'avait pas remarqué. Il ne voyait que l'infirmière et le médecin, qui accaparaient toute son attention – et elle était plus fébrile que jamais. Rapidement, mais toutefois après lui avoir fait passer quelques rapides examens, les deux adultes le laissèrent : il devait se reposer. Le regard que le docteur Dunbar lança à son fils était sans équivoque. Liam ne devait en aucun cas interférer dans ledit repos, autrement… Il n'aurait plus le droit de voir l'hyperactif tant que celui-ci serait dans cet état.

Une fois seul avec Stiles, Liam se leva et s'installa sur la chaise à côté du lit. Ce fut seulement à cet instant que le châtain sembla le remarquer. Sur son visage, la perplexité naquit, sans qu'il puisse la cacher d'aucune manière.

- Liam ? Souffla-t-il. Qu'est-ce que tu fais là… ?

Sa voix était trop basse, trop cassée pour être la sienne. Une voix épuisée, qui n'avait aucune force, aucune puissance. Rien, à peine cette espèce de présence bancale.

- Je…

On m'a dit que tu étais mort. Je t'ai cherché, je t'ai trouvé. J'ai eu peur, parce que quand tu t'es effondré dans mes bras… J'ai cru que tu étais vraiment parti.

- … Je suis là, c'est tout.

Liam n'avait pas mieux comme réponse, d'autant plus qu'il devait mettre de côté son honnêteté pour le moment. Comme il l'avait silencieusement promis à son père, il n'interfèrerait pas dans son repos. Alors même si sa phrase était nulle, c'était tout ce qu'il sortirait pour se justifier.

xxx

Stiles dormait. En fait, il n'était pas resté longtemps éveillé et Liam ne l'y avait de toute façon pas encouragé. Il n'était pas stupide et savait que son ami avait besoin de repos, le temps que son corps se remette… De tout ça. De la noyade, de la mort. De toutes ces choses que Liam ne comprenait pas, mais qui s'étaient passées – et ça, il ne pouvait plus le nier. Simplement, ça restait difficile à avaler, davantage à encore à accepter.

Liam était toujours là, à son chevet, incapable de le laisser seul. Même si une infirmière passait de temps à autres – Melissa étant finalement rentrée chez elle –, le blond ne se voyait pas partir. Ce moment faisait partie de ceux qui, malheureusement dans ce cas-ci, le faisaient grandir. Réaliser l'irréalisable.

Non, vraiment, Liam n'imaginait pas quitter le chevet de Stiles. Et pas un instant, non, pas un seul instant il ne réfléchit au fait que Scott devrait être à sa place. Que c'était lui, le meilleur ami de Stiles depuis des années, qui devrait se trouver assis sur cette chaise, près de ce lit. Pour le coup, Liam se sentait à sa place et peu lui importait le fait qu'ils ne soient pas des plus proches. Stiles comptait pour lui et il n'avait pas la moindre intention de le laisser.

xxx

En deux jours, Stiles n'avait pas fait grand-chose, il avait juste… Laissé son regard vide aller et venir sur le personnel soignant. On l'avait fait manger, se lever, se laver, et toutes ces choses du quotidien qui, normalement, étaient d'une simplicité enfantine. Dans son état, l'hyperactif n'était pas capable de faire grand-chose tout seul : il fallait toujours que quelqu'un soit là pour l'aider, le soutenir physiquement.

Liam essayait, quand il était là. S'il pouvait gratter un certain temps dans cette chambre grâce à l'autorité de son père dans l'hôpital, le docteur l'obligeait toutefois à rentrer chez lui quand il le fallait. Après tout, le louveteau devait continuer de vivre de son côté et s'il l'autorisait à rater les cours pour l'instant, il ne lui laissait pas le droit de dormir à l'hôpital. Et le soir, il se devait de manger à la maison.

Aujourd'hui était un jour un peu particulier : Stiles pouvait sortir. La question de savoir où il irait faire sa convalescence s'était posée. Etant donné que de son côté, le shérif était toujours hospitalisé, il était hors de question que l'hyperactif rentre chez lui. On ne devait pas le laisser seul… Non seulement parce qu'il n'était actuellement pas capable de se débrouiller, mais également parce qu'on avait tenté de le tuer. Et le tueur, toujours en liberté, pouvait très bien vouloir terminer le travail. Après une longue discussion entre Melissa et Dunbar père et fils, il fut décidé que ces derniers logeraient Stiles quelques temps. Melissa avait bien songé à prendre l'hyperactif chez elle, mais elle avait fini par renoncer en prenant en compte plusieurs points.

Et Scott était le plus gros d'entre eux.

S'il ne savait au départ rien de la tentative de meurtre perpétrée sur son meilleur ami, Melissa avait fini par le lui avouer et sa réaction avait été pour le moins… Etrange. Scott avait été fort surpris, bien sûr. Il avait posé moults questions à sa mère concernant l'état de Stiles, l'air inquiet pour celui-ci, mais n'était pas allé le voir pour autant. Et l'infirmière avait beau adorer son fils, elle trouvait son comportement à ce sujet… Un peu léger et préférait être certaine que Stiles puisse être entouré. Dans sa situation, c'était en tout cas indispensable… Aussi bien pour sa sécurité que pour son moral.

Alors voilà, Liam était de corvée nettoyage et rangement. Il zieuta son téléphone portable, en quête de l'heure. Encore quarante-cinq minutes, et Stiles devrait arriver – son père l'amènerait à la maison à sa pause du midi. Et même si Liam aimerait attendre son ami directement à l'hôpital, il était également conscient du fait qu'il fallait quelqu'un ici pour préparer la venue de l'hyperactif.

Liam adorait sa maison, il la trouvait spacieuse et bien organisée. Son seul défaut ? L'absence d'une chambre d'ami. Le salon était immense tout comme sa chambre, celle de ses parents, leurs bureaux respectifs, la salle de bain… Mais il n'y avait pas de quoi faire dormir un invité. Ainsi, Liam sortit un vieux matelas d'un placard, s'en fit un lit qu'il plaça à côté du sien. Stiles dormirait bien et Liam pouvait fort bien se contenter de sa couchette. Il était le genre de personnes à dormir à même le sol en soirée et ce, sans aucun problème. Dans ce cas précis, un matelas, c'était du luxe, d'autant plus que le louveteau ne se voyait pas faire dormir Stiles autre part que dans son lit : il voulait lui offrir tout le confort possible, de sorte à ce que sa convalescence se passe au mieux. Sa guérison mentale aussi.

Parce que depuis son premier réveil à l'hôpital, Stiles avait cette ombre persistante dans le regard. Elle éclipsait toutes les lumières d'autrefois, les empêchait de briller comme elles en avaient l'habitude. Si Stiles avait au départ dit qu'il n'avait aucun souvenir de ce qui lui était arrivé, nul doute que sa mémoire avait dû se débloquer.

Un peu plus tard, Liam entendit de l'agitation provenant de l'entrée. Ravalant une petite boule d'appréhension à l'idée d'accueillir son ami chez lui, il se passa une main dans les cheveux et descendit.