Hello!
Ce OS a été écrit pour la Nuit du Chaos, la 150ème Nuit du FoF, sur les thèmes "Le Secret de la Licorne" et "J'ai flairé son foie son visage". Oui, je sais, c'est très étrange. On est ici juste après le chapitre de Jaime dans Danse avec les Dragons, quand il suit Brienne vers Lady Coeurdepierre, donc attention aux spoilers pour ceux qui n'auraient pas lu les livres!
Bonne lecture!
Était-ce sans espoir ? Avait-elle des chances de trouver Sansa Stark dans l'immensité des Sept Royaumes ? Brienne s'était souvent posé la question au cours de sa quête, se demandant si la jeune fille n'avait pas disparu de la surface de la planète, devenant un être de légende, comme les dragons ou les licornes.
Elle se tourna sur sa couche de fortune et secoua la tête. Le peuple semblait croire que les dragons étaient de retour, et de nombreuses rumeurs se répandaient sur une reine dragon à l'est. Ce n'était donc pas le bon exemple, décida Brienne en soupirant discrètement pour ne pas attirer l'attention de Ser Jaime, couché de l'autre côté du feu mourant. Elle était déjà bien trop confuse pour penser au fait qu'elle était en train de le trahir. La corde ou l'épée, elle avait choisi, pensa-t-elle avec un pincement au cœur.
Une licorne, d'un autre côté, était l'animal qui pourrait sans doute correspondre le mieux à Lady Sansa. Brienne se rappela les contes qu'elle lisait avec enthousiasme lorsqu'elle était plus jeune. Avant sa rencontre avec Ronnet Connington.
La jeune fille la plus pure était toujours celle qui pouvait attirer l'animal mythique et le faire manger dans sa main. C'était grâce à la licorne qu'elle pouvait vaincre ceux qui s'attaquaient à son royaume où à sa famille. Elle trouvait ensuite un homme, un beau chevalier qui admirait sa pureté et son innocence et la courtisait avec de nombreux cadeaux et mots doux.
Ça aussi était une licorne pour Brienne. Un homme qui l'admirait et lui offrait des présents et des compliments, c'était ce qu'elle désirait le plus, mais elle savait qu'elle n'aurait sans doute rien de plus que Hyle Hunt dans sa vie.
Ses pensées se tournèrent, incontrôlée, vers l'homme qui dormait à proximité. Lorsqu'elle l'avait retrouvé à l'Arbre-sous, elle avait été frappée par la manière dont les soldats parlaient de lui. Ils semblaient le respecter. Et Ser Jaime lui-même… Il s'était inquiété pour elle. Il lui avait demandé comment avançait sa quête. Il lui avait offert Féale...
Et elle lui avait menti. Elle avait menti à un homme qui avait un jour dit qu'elle ne pouvait pas mentir même pour sauver sa vie. Elle avait menti à un homme qu'elle admirait. Un homme qu'elle avait autrefois haï pour ses actions, pour la manière dont il vivait. Un homme qu'elle comprenait un peu désormais. Un homme qui avait fini par supplanter Renly dans ses pensées et ses rêves.
C'était finalement lui, sa licorne.
Elle lui avait menti. Il lui faisait confiance, il l'avait dit dans les bains d'Harrenhall, et elle venait de piétiner cette confiance sans scrupule.
Elle ferait fuir toutes les licornes qu'elle approcherait. Ser Jaime ne lui adresserait plus jamais la parole lorsqu'il apprendrait où, vers qui elle le menait. Elle n'était pas innocente, elle n'était pas pure.
Sa gorge la brûla soudain, et la douleur de la peau à vif là où la corde l'avait marquée la fit gémir. Elle tenta d'étouffer un sanglot, mais cette fois, ce fut la morsure dans sa joue qui l'emporta.
— Ma lady ?
Brienne se figea à la voix de Jaime, mais les larmes commencèrent à couler sur son visage.
Le gémissement de douleur sortit Jaime de ses pensées. Il s'inquiéta immédiatement. Il avait vu l'état de Brienne Tarth lorsqu'elle était arrivée à son campement, et cette blessure sur sa joue n'était certainement pas sans lien avec ce discret cri.
— Ma lady ? Demanda-t-il en se redressant, son regard fixé sur la forme prostrée de l'autre côté de leur feu.
Elle se figea immédiatement, comme prise la main au collet. Une pique vint à l'esprit de Jaime, mais malgré le secret qu'elle semblait porter avec elle, il ne put se résoudre à se montrer cruel. Il ne pouvait pas, réalisa-t-il. Il savait que la fillette lui avait menti, que le Limier était sans doute mort – les actions qu'on lui attribuaient correspondaient bien plus à ce que la Montagne était capable de faire – et qu'elle n'avait pas encore trouvé Sansa Stark. Pourtant, malgré ce qu'il devait prendre comme une trahison, il se doutait qu'elle avait une raison pour lui mentir. Brienne était fondamentalement bonne, loyale, et butée. Il ne doutait pas qu'elle réussirait sa quête, malgré les obstacles qui se dressaient devant elle.
Jaime se leva et contourna le feu. Une impulsion soudaine le poussait vers elle, le poussait à la rassurer, et il ignorait d'où elle venait. Il s'assit à côté de Brienne, qu'il sentit se figer, ralentir sa respiration pour lui faire croire qu'elle dormait. Mais elle ne pouvait cacher le subtil tremblement de son corps, et Jaime réalisa soudain qu'elle était fiévreuse. Pourquoi ne le serait-elle pas, avec une telle blessure ? Il se rappelait son état après avoir perdu sa main, ses rêves enfiévrés, la présence chaude et rassurante de Brienne, qui s'était occupée de lui, l'avait nourri, soigné, lavé, torché. Brienne ne semblait pas mieux que lui, et son cœur se serra à cette idée. Il se pencha au-dessus d'elle et fut frappé par la puanteur de son corps. Jusqu'à maintenant il n'avait pas été aussi proche d'elle et n'avait pas pu la sentir. Encore une fois, il fut ramené quelques mois auparavant, à ces jours où il devait respirer l'air empuanti par sa main putréfiée accrochée autour de son cou. Elle ne pouvait pas rester comme ça, décida-t-il. Elle ne pouvait pas continuer à souffrir.
— Brienne, commença-t-il doucement. Il faut que je m'occupe de votre blessure. Quoi qu'il nous attende là où vous m'emmenez, vous aurez besoin de vos forces. Nous devons trouver un endroit où vous pourrez prendre un bain.
Pourquoi parles-tu de bain ? Ne te souviens-tu pas de ce qui s'est passé durant le dernier que vous avez pris ensemble ? Les pensées de Jaime l'envahirent, incontrôlées, mais il les accueillit volontiers. Brienne avait réellement besoin d'un bain, et Jaime se savait capable de l'aider et de la soutenir.
La seule réponse de Brienne fut une plainte aiguë alors qu'elle se recroquevillait sur elle-même. Le ventre de Jaime se contracta douloureusement. La souffrance de la jeune femme l'atteignit en plein cœur. Elle était forte, non ? Elle se relèverait et se battrait, comme elle l'avait fait contre lui, contre les hommes de Varshé Hèvre et contre l'ours. Brienne méritait plus que cette souffrance, que ce secret qu'elle semblait porter avec elle.
Il posa sa main sur son épaule pour la faire basculer vers lui. Elle se laissa faire mais cacha son visage de son bras. Seule sa bouche était visible, tordue en une grimace douloureuse.
— Je ne mérite pas que vous me regardiez, Ser Jaime, chuchota-t-elle avec chagrin.
Elle se mordit la lèvre inférieure, et une larme glissa sur son oreille pour aller se perdre dans ses cheveux blond emmêlés. Jaime remarqua alors avec horreur la marque à vif autour de son cou. Elle l'avait bien cachée durant leur chevauchée, et il ne s'était pas douté de ce qu'elle éprouvait à ce moment-là.
— Et si je veux vous regarder, Brienne ? Demanda Jaime. Je veux m'occuper de vous, soigner vos blessures, et il me faut vous voir pour cela.
Après un long moment où Jaime lutta pour ne pas enlever lui-même le bras de Brienne de son visage, elle finit par le faire, et il rencontra son regard désemparé et humide. Le bleu de ses yeux était rendu encore plus profond par ses larmes, et Jaime sentit son coeur s'adoucir au fond de lui. Il approcha plus près de Brienne et posa sa main sur son épaule.
— Qui vous a fait ces marques, Brienne ? Qui vous a fait subir de telles épreuves ?
Le souffle de Brienne se fit erratique alors qu'elle semblait lutter contre la panique. Quoi qu'elle avait vécu juste avant qu'elle ne le retrouve, cela l'avait marquée autant physiquement qu'émotionnellement, réalisa-t-il. Il caressa doucement sa joue intacte, pris par le soudain instinct de la protéger, de lutter contre ceux qui l'avaient blessée.
La lèvre de Brienne trembla, et la jeune fille éclata en sanglots.
— Je suis désolée ! Je suis désolée Ser Jaime ! Lorsque je vous aurai tout dit, vous ne voudrez sans doute plus jamais me voir ! S'exclama-t-elle entre ses larmes.
Peu importait, finalement, pensa Jaime en l'attirant dans ses bras, la tenant tendrement contre lui. Il ne se souciait pas de sa trahison, de l'odeur affreuse qu'elle émettait, de son état déplorable. Il voulait simplement savoir ce qui lui était arrivé, connaître ce secret qui semblait la ronger, et la soigner.
— Je n'avais aucune chance, commença Brienne. Mais je n'avais pas le choix…
