Hello!

Ce OS a été écrit pour la 155ème Nuit du FoF, sur le thème "Paon"

Est-ce que je suis allée chercher les blasons des maisons de Westeros qui comportaient un paon? Est-ce que j'ai sauté de joie en voyant que la seule maison était dans les terres de l'Ouest? OUI!

Eh oui, la maison Serrett n'est pas inventée, et apparemment Lord Serrett avait été proposé par Tyrion pour être Main par intérim pour Tywin. En revanche, Ser Emrick Serrett est parfaitement inventé pour cette histoire.

Bonne lecture!

— Nous avons reçu et compilé toutes les réponses à votre invitation, Lord Jaime, déclara Mestre Creylen en tendant, d'une main rendue tremblante par le grand âge, un parchemin à Jaime.

Celui-ci la prit et commença à l'étudier, un léger sourire aux lèvres, attirant le regard de Brienne sur lui.

Brienne ne pouvait s'empêcher de fixer son époux lorsqu'il souriait, que ce soit le tendre sourire qu'il lui adressait chaque matin ou le rictus moqueur qu'il affichait lorsqu'il répliquait à un vassal peu conciliant. Cela lui rappelait à quel point Jaime pouvait sembler différent selon ses interlocuteurs en utilisant une variété impressionnante de méthodes pour arriver à ses fins, et pourtant rester le même homme qui avait à cœur de défendre les plus faibles et de gouverner les terres de l'Ouest avec droiture.

Jaime était un homme qui n'avait pas eu beaucoup l'occasion d'exprimer ou de recevoir de la tendresse dans sa vie. Pour masquer cette absence qui lui laissait un immense vide, il avait bien souvent choisi d'afficher un extérieur doré, paradant comme un paon et affichant au vu et au su de tous qu'il était le Régicide. Et seule Brienne avait pu voir au-delà de cette image, l'homme blessé, le chevalier désillusionné, le garçon encore plein d'espoir. Seule Brienne avait pu voir et combler le besoin de tendresse et d'amour de Jaime. Elle s'en émerveillait chaque jour en plongeant dans les yeux de celui qui lui avait permis de s'affirmer et d'agir comme le chevalier qu'elle avait toujours rêvé d'être.

Un rire passa les lèvres de Jaime.

— Vous allez avoir l'opportunité de donner une leçon à Ser Emrick Serrett, ma douce !

Brienne leva un sourcil, soudain intéressée.

— Il s'est inscrit pour la mêlée ?

— En effet. Comment voulez-vous l'affronter ?

Le regard de Jaime pétillait d'une lueur pleine d'espoir, faisant naître un sourire sur les lèvres de Brienne. Elle baissa le regard sur leur fils de deux mois, lové dans ses bras, paisible après avoir tété tout son soûl au sein de sa mère. Elle caressa ses boucles blondes, qui annonçaient déjà que Duncan arborerait une crinière semblable à celle de Jaime.

— Si Ser Emrick n'avait fait que douter de ma capacité à me battre, j'aurais pris ma plombée et revêtu mon armure de Tarth, comme je l'ai fait à Pont-l'Amer. Mais comme il a tenté de contredire ma capacité à me battre en étant mère, il goûtera à l'épée et mon armure Lannister. Je regrette toutefois qu'il faille utiliser des armes émoussées, soupira-t-elle.

Quelques mois plus tôt, alors enceinte de six mois de Duncan, Brienne s'entraînait dans la cour de Castral Roc comme elle en avait l'habitude. Ser Emrick Serrett, fils d'un vassal influent des terres de l'Ouest, la remarqua et se moqua aussitôt d'elle auprès des hommes qui l'accompagnaient. Il ignorait alors qui elle était et que quelques membres du personnel du château, qui s'était attaché à leur nouvelle maîtresse et à sa gentillesse, l'entendirent l'insulter et rabaisser son talent à l'épée sous prétexte qu'elle était une femme, enceinte, et que lorsqu'elle aurait enfanté sa sensibilité la rendrait incapable de manier l'épée. Les servantes et les écuyers qui surprirent ses insultes les transmirent à Brienne et Jaime. Ce dernier dû être retenu avant qu'il n'aille gifler son invité, et Brienne parvint à lui faire entendre raison. Le chevalier qui faisait la roue comme le paon de son blason apprendrait bien assez tôt qu'on n'insultait pas impunément la maîtresse du Roc.

Brienne proposa donc d'organiser un tournoi pour célébrer la naissance de Duncan Lannister, héritier de Castral Roc, et d'insister auprès de Lord Serrett que la présence de son fils serait appréciée.

L'annonce de la venue de Ser Emrick était donc une excellente nouvelle, et Brienne sourit en pensant aux deux semaines qui restaient avant le tournoi. Elle les passerait à se remettre en forme, puisque sa grossesse et la naissance de Duncan avaient eu un impact sur son corps qu'elle ne pouvait pas négliger, mais aussi à s'occuper de son fils et des affaires courantes de Castral Roc. Et bien entendu, Jaime ne serait pas négligé, pensa-t-elle en souriant face au regard admiratif que lui lança son époux.

— Si je ne vous avais pas déjà épousée, je serais en train de vous porter jusqu'au septuaire du Roc à l'instant même, Brienne, souffla-t-il plein de passion.

III

Deux semaines plus tard, Brienne se tenait parmi une cinquantaine de chevaliers et combattants, heaume sur la tête et dominant la plupart de ses futurs adversaires. Certains la reconnurent, tandis que d'autres, dont Ser Emrick, pensèrent simplement qu'elle était un énième cousin Lannister qui tenterait de prouver sa valeur.

Jaime l'avait excusée après la première partie des joutes, disant qu'elle devait s'occuper de leur fils, qui occupait tout son temps. Il avait accompagné sa déclaration d'un regard vers elle, puis vers Ser Emrick, dont le heaume décoré de plumes de paon le rendaient particulièrement repérable dans la foule des participants. « Amusez-vous bien, » avait-elle lu dans ses yeux émeraude.

Oh, pour s'amuser, elle allait s'amuser !

Lorsque Jaime déclara ouverte la mêlée, le combat s'engagea. Brienne fut de suite abordée par un chevalier de la maison Lefford, qu'elle mit hors de combat en quelques passes brutales. Jouant de sa force et de son bouclier, de son sens de l'observation, et de la portée que son long bras lui accordait, elle écarta ainsi plusieurs adversaires, qui déguerpirent aussitôt qu'ils purent se remettre sur leurs pieds.

Peu à peu, Brienne s'approchait du panache de plumes de paon, et après un bref affrontement contre un chevalier de la maison Crane, elle fit face à Ser Emrick. Elle le vit jauger sa taille rapidement avant qu'il ne s'exclame :

— Je savais qu'il y avait de grands spécimens parmi tous les Lannister, mais j'ignorais qu'ils pouvaient atteindre cette taille ! Quel cousin êtes-vous ?

— Vous ne connaîtriez pas, répondit Brienne d'une voix grave.

Elle n'attendit pas davantage avant d'engager le combat. Si elle avait fait preuve de franc-jeu contre ses adversaires précédents, contre Ser Emrick elle ne prit pas de gants. Ce fut lui qui finit par être désarmé puis expédié au sol par un vigoureux coup de poing dans le heaume. Les plumes furent aussitôt perdues dans la boue, au plus grand plaisir de Brienne.

Lorsqu'elle termina la mêlée après un dernier combat, Brienne sut qu'elle ne se lèverait pas pour aller chercher Duncan la nuit suivante. Alors qu'elle reprenait son souffle, elle sentit les coups qu'elle avait reçu au cours de l'heure écoulée.

Elle s'avança vers les tribunes où Jaime venait de se lever avec un sourire triomphant. La septa avait ramené Duncan, qui gigotait dans les bras de son père. Le coeur de Brienne s'attendrit à cette vue, comme chaque fois qu'elle voyait Jaime pouvoir ouvertement exprimer son affection pour Duncan.

— Vous avez fait preuve d'un talent incomparable, Ser, déclama-t-il. Quelle récompense demandez-vous ?

Brienne ôta son heaume et répondit au sourire de Jaime.

— J'aurais bien demandé quelques plumes de paon, mais il semblerait que le pauvre oiseau se soit fait déplumer par la lionne, dit-elle en se tournant vers Ser Emrick, qui affichait désormais un menton enflé, là où le poing de Brienne l'avait frappé.

Le chevalier la fixa, les yeux exorbités. Il ouvrit la bouche plusieurs fois, comme s'il essayait de parler, mais aucun son n'en sortit, tant il était abasourdi.

La foule éclata en rires et acclamations.

— Comme récompense de consolation, je demanderai simplement la faveur de mon Roi d'amour et de beauté, et de pouvoir couronner celui qu'on célèbre aujourd'hui : mon fils, Duncan Lannister !

Le sourire de Jaime se fit doux alors qu'il se penchait pour l'embrasser et lui présenter leur fils, qui gazouillait avec animation dans ses bras. Brienne cueillit un baiser sur les lèvres de son époux et en déposa un sur le front de Duncan, qui sourit avec ravissement.

Quelques heures plus tard au cours du banquet, elle parvint à retrouver Ser Emrick,qui sirotait une choppe dans un coin de la tente. Lorsqu'elle prit place en face de lui, il sembla rapetisser et son regard se fit fuyant.

— Ser Emrick. La honte que vous devriez ressentir n'est pas celle d'avoir été battu par une femme, mais d'avoir sous-estimé sa force et son influence dans le clan des lions Lannister. Je suis parfaitement capable de diriger ce château, de prendre soin de ma famille, et de me battre pour défendre les terres que gouverne Lord Jaime. Ne l'oubliez pas, ou je m'assurerai que mes futures filles fassent la même chose que moi aujourd'hui. Et vous feriez bien d'enseigner le respect à vos propres fils, avant qu'ils n'aillent faire la roue devant des jeunes filles et le regretter amèrement.

Le chevalier ne répondit pas mais hocha simplement la tête. Brienne ne le revit pas du reste du tournoi, mais une lettre contrite qui arriva quelques jours plus tard lui indiqua qu'il avait appris sa leçon.

— Je ne me lasserai pas d'admirer à quel point votre force et votre douceur se complètent, ma Dame, s'émerveilla Jaime cette nuit-là en se lovant contre elle.

— Et moi je n'arrêterai pas de voir votre tendresse sous l'armure que vous portez si souvent, souffla Brienne en égarant ses doigts dans ses boucles d'or qui tournaient peu à peu à l'argent.