Nos deux agents du FBI se rendirent donc au cimetière et cherchèrent la tombe de leur amie.
- Tiens, regarde !
Elle lut l'inscription « ELIA WASSER décédée le 29 juin 2023 »
- Oui en effet, c'est récent, les fleurs ne sont pas encore fanées. Regarde la couronne « A notre collègue » ce doit être la caserne je pense. Ils ont pris des roses blanches…
- Ça veut dire quoi ?
- Les roses blanches sont souvent apparentées à la mort d'un enfant, j'avais acheté les mêmes pour… il termina en faisant un signe de la main.
- Oh je vois. Mais là je ne comprends pas la signification
- Ce n'est peut-être rien, mais la personne qui a choisi ces fleurs, sûrement une femme, considérait peut-être Elia comme sa fille, du coup je pense qu'elles devaient être proches et se confier l'une à l'autre.
- Intéressant…
Après un cours silence, Jane observa sa femme qui, perdue dans ses songes, semblait se recueillir.
- Je te laisse une minute ou deux, dit Patrick en caressant son épaule de sa main
Je retourne à la voiture
- Merci
Lisbon le regarda les yeux un peu trop humides, elle avait de la chance d'être en vie et de porter la vie, ça aurait pu être elle à la place d'Elia, elles avaient le même âge. Elle fouilla sa poche et en sortit un bracelet brésilien, elle l'avait retrouvé quand elle avait défait ses cartons quelques jours après avoir rompu avec Pike. Patrick qui l'aidait ce jour-là à réemménager avait vu qu'elle tenait ce bout de fils tressés comme un trésor et qu'il représentait beaucoup de souvenir. Il l'avait même entendu dire « elle ne va pas en croire ses yeux quand je vais lui dire que je l'ai retrouvé ». Jane n'avait pas demandé de qui il s'agissait mais il avait bien vu le lien qui unissait les jeunes femmes.
Teresa posa le bracelet sur la pierre tombale et mis une pierre dessus pour qu'il ne s'envole pas, puis retourna vers le véhicule en séchant ses larmes. Patrick, un peu plus loin, avait assisté à la scène mais il ne lui poserait pas de question, tout le monde a droit à son jardin secret.
Nos deux jeunes mariés quittèrent le cimetière en direction de la maison des parents d'Elia.
Leur maison était de type pavillon moderne avec des murs au crépis jaune et un porche qui abritait un petit banc, agrémenté de plantes en pot ; une maison digne d'un film hollywoodien, dans un quartier assez privilégié. Les parents d'Elia ne devaient pas avoir de problème d'argent pensa Jane.
Ils frappèrent à la porte et entendirent le son caractéristique d'un chien qui aboie.
- Tu penses que c'est un chien loup blanc comme chez madame Greefing ?
- C'est possible
Un homme leur ouvrit la porte, il avait l'air étonné car il ne semblait pas reconnaitre Teresa.
- Monsieur Wasser, je suis Teresa Lisbon, j'étais une amie d'Elia
La lumière se fit dans la tête du père.
- Oh oui Teresa, bien sûr je ne t'avais pas reconnu, je…
- Nous sommes venus vous présenter toutes nos condoléances.
- C'est gentil merci, on n'avait pas moyen de te joindre, on n'a pas récupéré le téléphone d'Elia, on ne l'a pas retrouvé. Entrez, je vous en prie.
Il les laissa passer, Jane et Lisbon le suivirent dans le salon.
- Patrick Jane, je suis son mari. Dit-il en lui serrant la main.
- Enchanté
- Vous avez un chien magnifique
- Oui Hector, c'est un jeune chien il est encore un peu fou fou
- Vous l'avez pris à l'élevage de Barry ?
- Oui beaucoup de nos chiens dans la famille viennent de chez lui, c'est une valeur sûre.
Teresa s'assit sur le canapé du salon et changea de sujet :
- On ne va pas rester longtemps monsieur Wasser, on voulait juste parler un peu avec vous d'Elia, je sais que ce n'est pas facile mais j'aimerais vous poser des questions sur elle.
- Je vous en prie, appelez-moi Georges. Et oui, tout ce que vous voulez, ça me fait plaisir de parler de ma fille surtout que je ne comprends pas son geste.
- Avait-elle l'air angoissée ou préoccupée par un évènement avant sa mort, demanda Teresa
- Oui en effet, ma femme et moi la trouvions un peu bouleversée quelques jours avant mais c'était plus un problème qu'un mal être.
- Savez-vous quel était ce problème ? continua l'agent du FBI.
- C'était à son travail, mais je n'ai pas réussi à en savoir plus, elle était plutôt discrète.
- Voyait-elle quelqu'un en dehors du travail ? demanda alors Jane
- Non je ne crois pas, mais je connais ma fille et je sais qu'elle était amoureuse depuis un petit moment seulement ; je pense que ça n'a pas marché car elle se renfermait lorsque j'évoquais le sujet. Je ne sais pas si j'aurai pu… peut être que j'aurais pu l'aider si elle s'était confiée.
Jane vit la détresse de ce père et ne put s'empêcher de compatir.
- J'ai perdu ma fille à l'âge de 4 ans, je ne connais pas de pire douleur Georges et je sais ce que vous éprouvez. Vous dite que vous n'avez pas retrouvé son portable ? C'est plutôt bizarre, non ?!
- Oui c'est étrange, un de ces collègues m'a dit qu'elle l'avait perdu la veille.
- Vous savez qui est ce collègue ? demanda Teresa
- Non je ne me rappelle plus malheureusement, mais je me souviens d'une chose, quand il m'a serré la main j'ai vu qu'il avait une montre à remontoir russe des années 50. Je suis collectionneur, alors j'ai remarqué.
Pourquoi vous me demandez-vous ça ? Vous êtes de la Police ?
Jane regarda Teresa afin qu'elle continue car il ne savait pas trop comment présenter les choses, devaient il dire qu'ils ne croyaient pas au suicide et qu'ils souhaitaient procéder à une enquête officieuse ou juste se taire ? C'est Lisbon qui traitait ce genre de sujet d'habitude.
- Hum, oui nous sommes du FBI, mais nous ne sommes pas là dans le cadre d'une enquête.
- Ah dommage, j'aurai aimé qu'on ouvre un dossier. Juste pour être sûr, vous comprenez ?
- Oui nous comprenons bien. Dit Teresa.
- Vous êtes allés sur sa tombe ?
- On en vient. Répondit-elle
- Très bien. Dit alors le père soudain triste.
- Qui a fait mettre des roses blanches ? demanda Jane
- C'est son amie et collègue Becky, elles travaillaient ensemble dans le même bureau.
- On va vous laisser Georges, merci de nous avoir reçu. Continua Jane
- Je vous en prie.
- On trouvera la sortie. Dit Teresa en posant une main sur le genou de Georges en signe de compassion.
Teresa une fois dehors poussa un long soupir.
- C'est la partie de mon travail que je déteste le plus
- Je veux bien te croire
- Bon, nous n'avons pas appris grand-chose je trouve.
- Au contraire ma chère, moi j'ai beaucoup d'infos sur notre mystérieux amant et meurtrier, ou pas d'ailleurs.
- Fais-nous donc part de tes conclusions
Jane et Lisbon se dirigeaient vers la voiture et quand il fut à côté du véhicule il commença son exposé.
- On sait qu'elle aimait un homme, sûrement quelqu'un de pas disponible, qui a mon avis devait se servir d'elle, on sait qu'il était pompier et certainement gradé.
- Pourquoi un gradé ?
- Je ne sens pas Elia tomber amoureuse d'un sous fifre sinon elle serait restée avec son footballeur. Ce dois être un homme respecté et respectable, mais je pense un meurtrier. Et on sait que celui qui l'a tué a volé son téléphone sans doute pour cacher des preuves et je suppose que c'est l'homme à la montre russe ; et ça, c'est aussi un indice, quel américain de surcroît pompier, porterai une montre russe s'il n'a pas des origines slaves ?
Enfin, on sait que nous pourrons avoir d'autre renseignement à la caserne avec cette femme Becky qui a fait mettre des roses blanches sur sa tombe. Elles étaient dans l'intimité d'un bureau partagé. Je trouve qu'au contraire nous n'avons pas chômé.
- Je suis contente de t'avoir épousé, dit-elle en souriant
Jane se pencha pour lui voler un baiser qu'elle consentit à lui rendre.
- Si on rentrait ? Je pense que c'est bien assez pour aujourd'hui. Dit Teresa.
- Hum, d'accord, je prendrais bien un bain…répondit-il
- Ça c'est une bonne idée
- Je peux te faire un peu de place si tu le souhaites, j'ai vu que la baignoire était grande
- Tu nous accueilles tous les deux. Dit-elle en mettant une main sur son ventre.
- Plus on est de fous…
Lisbon et Jane retournèrent à l'hôtel, la journée avait été épuisante et une pause n'était pas de refus. Jane se faisait couler un bain et Teresa alluma un peu la télévision pour suivre la chaine des informations. Le téléphone de Jane sonna :
- Oui, Jane, dit alors le consultant du FBI en décrochant
Teresa ne pouvait entendre que les réponses de son mari et essaya de deviner qui était-ce.
- Oui il y a tout à faire, cloisons et isolation
Elle se doutait que c'était pour refaire la cabane que Jane avait acheté pour eux, elle devait l'avouer, cet endroit était magnifique pour élever un enfant, même si elle ne l'avouerait jamais à Jane.
- Oui et il faudra aussi clôturer tout le terrain en premier… si c'est devenu une priorité le terrain…je t'expliquerai.
Jane jeta un œil vers Teresa qui n'avait pas l'air de l'écouter, « ouf » se dit-il, il n'aurait pas de question. Il salua son interlocuteur et raccrocha. Lisbon était un peu dans la lune, elle regardait les infos sans vraiment être là.
- Teresa, l'eau est prête tu veux toujours venir avec moi.
- Hein… heu oui, vas-y je te rejoins
- Qui y a-t-il de si intéressant à la télévision ?
- Hein… oui je te rejoins, dit-elle un peu agacée.
Jane leva les yeux au ciel et disparut dans la salle de bain ou l'attendait un bain de mousse apaisant.
Une fois dans son bain, Patrick se laissa aller à la détente il inspirait et expirait calmement pour entrer en méditation. Après quelques minutes, il sentit l'eau du bain monter et ouvrit alors les yeux sur sa femme qui venait d'entrer dans l'eau. Elle se plaça entre ses jambes son dos contre le torse de Jane. Il l'enlaça et soupira. Les deux agents fermèrent les yeux un instant et profitèrent du moment.
- Tu te souviens quand je t'ai demandé deux minutes de pure sincérité envers moi l'an dernier ?
- Hummmm, dit il en déposant un baiser sur ses cheveux.
- Je me rappelle que c'est Elia qui m'avait poussé à le faire
- Ha bon ? Comment ?
- J'avais complètement oublié, les souvenirs reviennent petit à petit.
- C'est normal, le cerveau met de côté certains instants de notre vie surtout si tu n'écoutes que d'une oreille… lui dit Jane pour la taquiner
- C'est un reproche ? dit-elle en souriant
Pour seule réponse elle le sentit sourire contre sa joue.
- Elle avait des vues sur un homme, sûrement l'homme que l'on nous a décrit, mais elle ne savait pas si cet amour était partagé, elle en souffrait beaucoup. Je l'avais eu un soir au téléphone, elle était en colère car elle devait continuer de le voir tous les jours et n'osait rien dire. Mais je n'avais pas fait le lien avec la caserne et les pompiers.
- Il ne faut pas t'en vouloir, tu ne savais pas ce qui allait se passer.
- Elle a fini par me dire « Teresa, n'attends jamais un homme pendant des lustres si tu n'es pas sûre qu'il t'aime, sinon tu peux avoir de grosses désillusions ».
Jane commençait à se rappeler de ce moment dont elle voulait parler
- Tu sortais avec Pike à ce moment-là ? lui demanda-t-il pour confirmer
- Oui et je t'ai demandé implicitement si cela te dérangeait mais tu ne voulais que mon bonheur…
- Oui c'est vrai. C'est ce qu'il a fait ?
- Qui ?
- L'homme qu'elle aimait
- Je ne sais pas Jane, je ne me souviens plus...C'est peut-être lui le meurtrier ? Comment savoir qui il est ?
- On va le découvrir nous avons pas mal d'indices, je te le promets, fais-moi confiance.
- Je suis contente de ne pas avoir pris cet avion ! Tout ce que j'aurai manqué !
- Et moi donc !
