Bonsoir à toustes !

Voici le second chapitre de la semaine ;)

Les amis prennent toujours le soleil sur la plage, et je vous souhaites une bonne lecture !

F.


Le souvenir de la soirée de la veille me berce dans ma béatitude depuis mon réveil. Lexa termine de charger la voiture avec Octavia, qui me jette un regard de travers avant de s'éloigner. Avec une attitude pareille, impossible d'oublier que Lexa n'est pas la seule que j'ai fait souffrir. Je chasse ces tristes pensées, cherchant un peu de réconfort auprès de Lexa en entremêlant naturellement mes doigts aux siens. Ça me soulage aussitôt, je me concentre sur toutes les parties de ma main qui sont en contact avec elle. Il est temps de partir pour la plage, on s'installe ensemble dans la voiture de Monty. Sur les routes sinueuses de Crête, le balancement du véhicule m'endort, vaguement consciente que ma tête repose sur l'épaule de Lexa, je suis bien, c'est tout ce qui compte. C'est le silence qui remplace le vrombissement du moteur, qui me réveille. Lexa dort, enfin, je crois. Je me redresse, un peu gênée de m'être retrouvée complètement vautrée sur elle.

J'aperçois la mer au loin. Me laissant emporter dans l'excitation de l'avoir enfin à porté d'orteil, je m'extirpe du véhicule en vitesse. Aussi majestueux que soit l'océan, je lui ai toujours préféré le calme et la chaleur de la méditerranée. L'océan me fait peur par son immensité et sa dangerosité. Ici, il n'y a pas une vague, la digue naturelle ne laisse qu'une étendue plate qui reflète le soleil brûlant. Au niveau du sol, les vaguelettes de chaleur émanent du sable, provocant comme un minuscule mirage. Un peu de vent ne serait pas de refus, mes pieds sont déjà brûlés là où le sable s'infiltre dans mes sandales. À peine installé, Bellamy sort un ballon noir et blanc.

— Clarke, tu joues avec nous ? demande Bellamy en s'éloignant avec sa soeur.

— Encore du sport ? Rien ne vous arrête jamais.

— Si tu préfères faire le lézard pour finir en toast grillé, libre à toi.

Sur ce, elle shoote dans la balle dans ma direction, ce qui me laisse peu de choix. Après tout, je peux aussi profiter de ces vacances pour faire la paix avec Octavia. Je fais la passe à Bellamy et on s'éloigne du petit groupe. Finn nous rejoint dans notre jeu, qui devient rapidement technique, pour ne pas arroser de sable les usagers de la plage et leur éviter toute rencontre malencontreuse avec notre ballon. Très vite, la chaleur devient insoutenable, faire des efforts dans ces conditions, ce n'est pas seulement stupide, c'est aussi dangereux ! À bout de souffle, je demande un temps mort.

— Stop ! J'ai besoin de boire. Et de mettre de la crème, parce que j'ai pas besoin de rester allongée pour finir en écrevisse moi. On n'a pas tous la chance de bronzer aussi facilement que vous.

— Et de t'évanouir aussi un petit peu ? ricane Octavia

— C'est pas impossible.

Je m'agenouille sur ma serviette pour prendre le tube de crème solaire, avant de m'en étaler une généreuse couche sur les bras, les jambes et le visage. Je regarde ma main graisseuse couverte de blanc et de sable en réfléchissant à la meilleure solution pour atteindre la partie la plus sensible, car rarement exposée : mon dos.

— Tu veux un coup de main ? intervient Finn, me couvrant de son ombre, la main déjà tendue pour récupérer le produit. Ma poitrine se resserre, juste assez pour créer le malaise. J'hésite, mes yeux se dirigeant d'instinct vers Lexa, qui détourne la tête à l'instant où je la regarde, ne m'apportant aucun secours. Le malaise se transforme en agacement, j'ai besoin de quelqu'un pour m'aider. Je pourrais décliner son offre, demander à Raven, Luna ou Harper, n'importe qui d'autre. Mais après tout, Finn et moi, on est ami. Les choses sont claires entre nous. Je n'aurais pas hésité si ça avait été Bellamy ou Jasper. Il est juste là, c'est ridicule. Je lui colle le tube dans les mains et lui tourne le dos. J'avale quelques grandes gorgées d'eau avant de retourner subir la torture d'Octavia, mais je suis trop dispersée. Là-bas, Raven vient quasiment de se vautrer sur les genoux de Lexa. J'ai toujours un pincement au creux de l'estomac en les voyant trop proches ces deux-là. Sans doute un reste du traumatisme de les avoir surprises sur mon canapé il y a quelques mois. Il faut dire que ma colocataire est objectivement très attirante. Je n'ai jamais été tenté par ses charmes, parce que je suis de toute évidence bien trop amoureuse. Mais Lexa y a déjà succombé une fois, qu'est-ce qui me dit que ça n'arrivera plus ? Je sens quelque chose me frôler le bras.

— Clarke ! Le ballon ! crie Bellamy en faisant de grands gestes, tandis que le projectile va s'échouer dans l'eau. Je crois que je me suis perdue dans mes réflexions et maintenant, je suis contrariée.

Après le pique-nique, ils ont décidé de s'adonner à leur passion sportive préférée, le beach-volley. Sans moi cette fois, je préfère bouquiner. Enfin, officiellement, parce qu'en réalité, je me rince l'œil en contemplant le corps musclé de Lexa en plein effort. Je ne me soucie même pas d'être discrète. Après tout, il est tout à fait crédible que je puisse être passionnée de beach-volley. Tout comme cette fille qui approche Lexa à la fin de la partie. Mon livre s'enfonce dans le sable quand je tends le cou pour mieux l'épier. Elle sort d'où celle-là ? Son attitude m'insupporte au plus haut point, c'est évident qu'elle lui fait du rentre-dedans ! Il ne manquerait plus qu'elle lui caresse le bras, en secouant ses cheveux, pour tomber dans le cliché le plus navrant. Mon monstre se réveille, crachant comme un chat sauvage. Les dents serrées, je me retiens de me lever pour aller défendre ma propriété. Sauf qu'elle ne l'est pas, ma propriété. Ni la mienne, ni celle de personne, ni maintenant, ni jamais. J'ai beau en être consciente, je n'arrive pas à contrôler mes émotions et si je reste ici, je vais déclencher un scandale à la seconde où Lexa va nous rejoindre, sans aucune raison apparente. Ayant à coeur d'agir avec le plus de maturité possible, je concède la bataille et m'éclipse pour aller faire un tour. Il me faut bien ça pour me calmer.

J'évite consciemment Lexa tout le reste de la journée, de peur de lui faire subir ma mauvaise humeur. C'est injuste, mais je lui en veux. Pourquoi ? Parce qu'elle a fuit lorsque Finn m'a proposé son aide, quand j'aurais voulu qu'elle le fasse ? Parce qu'elle était bien trop proche de Raven ? Parce qu'elle s'est laissée draguer par cette inconnue tout à l'heure ? Sans doute un peu de tout ça, aucune de ces raisons n'est valable. Je suis déraisonnable et je le sais. C'est juste mon monstre, qui se nourrit du manque de confiance en moi. Elle n'a absolument rien fait de mal, mais je n'arrive pas à retrouver ma bonne humeur, alors pour éviter d'être désagréable avec elle alors qu'elle n'y est pour rien, je l'évite. Produisant l'effet proportionnellement inverse de celui que je recherche. Au lieu de me calmer, ça m'énerve encore plus. Le seul remède à cet état d'agitation serait de me retrouver dans ses bras. Là-bas, plus rien ne peut m'atteindre et mon monstre ronronne comme un chaton. Mais cela ne ferait que jeter encore plus de confusion dans notre relation qu'il n'y en a déjà. Nous ne sommes déjà plus « que des amies ». Le changement n'est pas palpable, pas mesurable. C'est une sensation de glissade continuelle vers un état différent de ce qui est. En soi, ça ne me dérangerait pas s'il n'y avait pas autant de zones d'ombres. Il faut toujours que je lui parle et ça devient urgent. Que se passera-t-il si elle trouve le courage que je n'ai pas, si elle faisait le premier pas ? Je ne veux plus de secrets entre nous. Je ne veux pas qu'elle s'engage sans savoir où elle met les pieds. Il y a toute cette partie de moi, complètement surréaliste, un peu folle, dont elle ignore tout.

Il faut toute une nuit à mon monstre pour se calmer, il n'y a qu'au matin que je me sens de nouveau d'attaque pour me trouver auprès de Lexa. Je suis ridicule. J'ai la fâcheuse impression de lui devoir des excuses, alors que rien ne s'est passé. Une fois habillée, je lui amène un café, une offre de paix qu'elle accepte sans un mot. Impossible qu'elle n'ait pas remarqué que je l'évitais hier. Ce simple geste apaise ma culpabilité, elle ne semble pas m'en vouloir. Loin de moi l'idée de gâcher les vacances.

Après avoir réussi à reprendre le contrôle de mes émotions, je décide de ne plus quitter Lexa d'une semelle. C'est quand nous ne sommes pas ensemble, que la jalousie montre le bout de son nez et je commence à en avoir assez de jouer les indifférentes, quand je suis dans tous mes états au moindre de ses mouvements. Il s'avère que je suis tout à fait capable de profiter de mes amis tout en passant mon temps avec Lexa, donc je ne me gêne pas. Sans compter que j'espère ainsi trouver le moment opportun pour aborder le sujet qui me préoccupe, et dont elle n'a aucune idée. Comment peut-elle n'en avoir aucune idée ? Comment puis-je être sujette à ces visions d'une intensité et d'une violence inouïe, sans qu'elle n'en ressente le moindre effet ? Pourtant, je suis persuadée que c'est lié à elle. D'une façon ou d'une autre. Ou bien est-ce simplement mon esprit qui a façonné ces visions autour de la personne la plus importante de ma vie ? Est-ce que cette guerrière aurait eu le visage de Raven, si ça avait été d'elle dont j'avais été amoureuse ? Si c'est le cas, je suis juste complètement tarée. Mais quelque chose au fond de moi, me dit que c'est autre chose.

Mais les vacances, ça se résume surtout à ne jamais vraiment être seul. Et encore une fois, nous partons en bande pour aller faire du jet-ski. À peine briefée, Raven me kidnappe littéralement pour faire équipe avec elle. Ce n'est pas son genre, d'habitude, elle m'aurait plutôt poussée vers Lexa. Elle démarre l'engin en un tour de main et met les gaz. On n'a pas passé un seul moment seules avec Raven depuis qu'on a mis les pieds sur cette île et à cet instant, je réalise que ça m'a manqué. Ma meilleure amie depuis Sydney, ma colocataire, ma sœur. On a l'habitude de n'être que toutes les deux. Moins depuis qu'on est rentrées en France, mais tout de même. Je ris aux éclats lorsqu'elle commence à faire des figures en rebondissant sur les vagues. Je me souviens la première fois qu'on est montés sur un jet-ski à Sydney. Raven avait fini à l'eau par trois fois. Trop impulsive, avait dit notre accompagnateur. Lui, il avait réellement cerné Raven, en trois minutes.

— On fait la course ? propose Raven aux autres en se rapprochant.

C'est là que je vois les mains de Lexa traîner nonchalamment sur les abdominaux proéminents de Bellamy. Jalousie, quand tu nous tiens. Ma bonne humeur s'envole en un instant. Les engins démarrent en trombe, giclant de grands jets d'eau derrière nous. Je sais qu'il faut que je m'accroche, je connais ça, on l'a déjà fait. Mais je suis perturbée par l'image de Lexa, littéralement collée au corps du très bel homme qu'est Bellamy. Torturée par la question existentielle, à savoir : aime-t-elle cette sensation ? Ma distraction nous coûte cher, quand Raven est obligé de ralentir pour me rattraper et m'éviter la chute. On franchit la ligne d'arrivée après Bellamy et Lexa, au grand dam de Raven qui déteste perdre.

— Et merde ! Tu pouvais pas t'accrocher ? T'es quoi, une débutante ?

— Désolée Raven, j'étais…

— T'étais pas là ! Je sais ! Franchement, il est temps que vous vous envoyiez en l'air toutes les deux parce que ça devient gênant de vous voir vous baver dessus de la sorte !

Choquée, je lui lance un regard noir. D'accord, elle est véreuse d'avoir perdu, mais ce n'est pas une raison pour me parler comme ça !

— Si tu pouvais te mêler de tes affaires, ça m'arrangerait !

Le ton sec que j'ai employé ne lui plaît pas. Elle m'attrape le poignet en tirant pour me déstabiliser. Surprise, je la pousse dans l'autre sens, mais elle se lève la première, jouant sur l'équilibre précaire de la machine pour me faire glisser de la selle. L'eau me submerge alors que je m'écrase lamentablement dans la mer. Je suis furieuse en émergeant et cherche Raven qui s'éloigne sur le jet-ski. Elle a osé ! J'amorce quelques mouvements de crawl, mais le temps que je la rejoigne, elle a récupéré Bellamy et file à pleine vitesse vers la plage. Je vais la tuer…

— Je vais la tuer !

Lexa me tend une main secourable, pour m'aider à me hisser sur son engin. Je n'ai qu'une idée en tête, me venger ! Sans ménagement, je prends la place de Bellamy, prête à mettre les gaz à la poursuite de mon agaçante colocataire, mais soudain, je me souviens que Lexa est derrière moi et que je viens de m'incruster sur son jet-ski.

— Oh désolée, ça ne te dérange pas ?

— Je ne sais pas conduire de toute façon , annonce-t-elle en haussant les épaules, accompagnant le geste d'un adorable sourire, qui me fait redescendre instantanément.

— Ce n'est pas compliqué, vraiment. Tu veux que je te montre ?

— Peut-être un autre jour Clarke.

Je suis prête à remettre ma vengeance à plus tard pour elle, je ferais n'importe quoi. Mais Lexa semble sincère quand elle dit qu'elle n'est pas intéressée. Mes envies meurtrières reprennent le dessus quand je passe la dragonne de la clé autour de mon poignet et relance l'engin. Lexa n'a pas bougé d'un poil, laissant ses bras ballants alors que le moteur ronronne, attendant sagement son heure de gloire.

— Tu t'accroches ? Ou tu veux finir à l'eau comme moi ?

J'esquisse un sourire moqueur devant sa tête déconvenue, elle est trop mignonne. Avec appréhension, elle pose ses mains sur mes hanches. À ce rythme-là, Raven sera rentrée avant qu'on ait démarré. Ignorant les frissons qui ont commencé à parcourir mon corps, je prends les devants en tirant sur ses bras assez fort. Elle glisse contre moi et je croise ses avant-bras fermement sur mon ventre. D'où elle est, impossible de voir mon sourire satisfait. Je suis bien trop consciente de son corps contre le mien, de ses mains chaudes sur ma peau encore humide. Pour être tout à fait franche, j'aime beaucoup les sensations que ça me procure. Pour un peu, j'en oublierai presque Raven. Presque. Car si nous ne l'avons pas rattrapé, une fois les clés des jet-skis rendues, je profite d'un moment d'inattention, lorsqu'elle se croit à l'abri, pour lui faire un croche-pied bien placé. Elle me dévisage avec un regard horrifié tout en basculant du ponton, juste avant de plonger à son tour. C'était puéril, mais ça m'a fait du bien, contrairement au fait d'avoir été collé à Lexa pendant quelques minutes. Si la sensation était agréable sur le coup, j'en paye le prix maintenant, n'arrivant pas à penser à autre chose qu'à ses bras autour de ma taille, ses cuisses frôlant les miennes à chaque accélération, le poids de son buste contre mon dos. Au prix d'un gigantesque effort, je parviens en début de soirée à laisser un peu de répit à mon esprit échauffé. Raven et Octavia nous ont motivés à rejoindre la civilisation le temps d'une soirée. Je les soupçonne d'avoir proposé ça, car c'est leur tour de faire la vaisselle, mais c'est vrai qu'une soirée au restaurant est tentante. L'effervescence bat son plein pendant que l'on se prépare, m'offrant une distraction bienvenue. Jusqu'à ce que je croise Lexa dans le couloir, en tenue de soirée. Ce n'est qu'une robe d'été toute simple, mais elle porte le noir à ravir. Quant à ces manches en dentelles… La dentelle, c'est comme porter un vêtement transparent, mais infiniment plus classe. Le résultat est terriblement séduisant.

Mon imagination reprend du service de plus belle, j'abandonne, la laissant vagabonder comme bon lui semble. Je n'ai plus la force de lutter aujourd'hui. Ayant échoué à mettre une distance psychique, je m'emploie à rester le plus loin d'elle possible sur le trajet qui nous amène en ville. Pendant que les autres s'installent sur la longue table en bois d'olivier, je traîne à l'entrée avec Finn et Luna, m'installant loin de Lexa quand nous les rejoignons. Mais Jasper vient me déloger, me repoussant d'une place à côté de Raven. Finn s'installe à ma droite avant que Bellamy n'intervienne et je me décale encore. Je ne comprends plus qui s'installe où, la moitié de mes amis sont debout en train de faire des gestes que personne ne semble comprendre. Quand je finis par m'asseoir, un peu agacée, je trouve Lexa juste en face de moi. Une bouffée de chaleur monte le long de ma gorge, je suis persuadée que je rougis. Comment en est-on arrivée là ? Je balaye la tablée du regard, cherchant une solution, mais cette fois, tout le monde à l'air d'être bien installé. Ça le fait pas si je demande qu'on refasse un tour de manège. Je respire un bon coup, ce n'est pas la mort. Son décolleté n'est pas si profond, ses yeux ne sont pas si captivants et son parfum n'est pas si entêtant. Tiens, revoilà mes hormones en ébullition.

J'essaye de fixer mon regard sur n'importe quoi, sauf elle, mais elle juste là, juste devant moi. Ses mèches brunes entourant son visage pâle, faisant ressortir le rouge de ses lèvres, qu'elle mordille avec nervosité. Hypnotisée par le tableau que m'offre Lexa, j'ai du mal à me concentrer sur les conversations. Alors quand elle se lève pour laisser passer Luna et que sa robe remonte sur ses cuisses, je ne peux plus m'empêcher de la regarder, le désir évident au fond de mes yeux trahissant mes sentiments. Envolée la belle amitié, à cet instant, je suis un prédateur. J'ai envie de la toucher, de la caresser, de la faire gémir sous mes baisers. Mes mains se referment sur la serviette que je torture sans m'en rendre compte. Elle ferme les yeux un instant, juste assez longtemps pour que je remarque sa poitrine se soulever à un rythme plus rapide. La serviette termine en lambeaux, je serre les cuisses et me mêle avec entrain à la première conversation que je surprends. Jasper et Monty parlent gnôle. Parfait, ça va me changer les idées.