Heya ! Nous sommes le 15 du mois !

Je n'ai pas grand-chose à raconter aujourd'hui alors je vais passer directement aux remerciements !

Merci à Ratziel et dariamalicsa pour le follow ! Et grand merci également à alonsolaplantejuliette (lire ton pseudo me donne envie de reprendre mon souffle) pour le fav ! Bienvenue à tous dans la bande !

Et enfin, comme toujours, merci à Andromeda pour son travail de bêta-lectrice ! Envoyez-lui de l'énergie !

Sur ce, je vous souhaite à tous une bonne lecture~!


Les vacances filèrent comme l'éclair, les élèves revinrent au château, et le lendemain, les cours reprirent. Et malgré tout le temps qui s'était passé, Hermione n'était pas revenue parler aux garçons une seule fois, et se contentait de monosyllabes avec Emerald. La Serpentard finit très vite par abandonner l'idée de réconcilier le trio, le social n'était pas son fort et elle ne voulait pas empirer la situation.

Passer deux heures dans le parc par une matinée glaciale de janvier n'avait rien de très séduisant, mais Hagrid avait eu l'idée de divertir ses élèves en allumant un feu de joie plein de salamandres. La classe, plus amusante qu'à l'ordinaire, consista à ramasser du bois sec et des feuilles pour entretenir les flammes, à la plus grande joie des reptiles qui se délectaient à courir et sauter sur le tas de bûches brûlantes.

Emerald regardait avec intérêt les créatures alors qu'elles se prélassaient. L'envie de sortir son carnet de note et de dessiner ce qu'elle avait sous les yeux ne manquait pas.

Harry et elle avaient hâte de retourner en classe de Défense contre les forces du Mal. Et ils attendaient avec encore plus d'impatience les cours qu'ils allaient recevoir pour se défendre contre les Détraqueurs.

- Ah oui, dit Lupin, lorsque les jeunes vinrent le voir à la fin du cours pour lui rappeler sa promesse. Voyons... huit heures ce soir, ça vous convient ? La salle d'Histoire de la magie devrait être suffisamment grande... Il faut que je réfléchisse à la façon dont nous allons nous y prendre... Nous ne pouvons pas faire venir un vrai Détraqueur au château pour nous entraîner...

- Il a toujours mauvaise mine, vous trouvez pas ? dit Ron sur le chemin de la Grande Salle où ils se rendaient pour aller dîner. Qu'est-ce qu'il a, à votre avis ?

- Non, mais vraiment ! lança quelqu'un derrière eux.

C'était Hermione. Elle était assise au pied d'une armure et rangeait des livres dans son sac plein à craquer qu'elle n'arrivait pas à refermer.

- Non, mais vraiment quoi ? dit Ron avec mauvaise humeur.

- Rien, dit Hermione d'un ton hautain en hissant son sac sur son épaule.

- Pourquoi tu dis: « Non, mais vraiment ! » au moment où je me demande ce qu'a Lupin...

- C'est évident, non ? répliqua Hermione avec une expression exaspérante de supériorité.

- Granger, que vous soyez en colère contre les garçons, c'est votre problème, mais ne mêlez pas le professeur Lupin à votre querelle, fit Emerald d'un ton sec.

Hermione fusilla la Serpentard du regard, avant d'avoir une réalisation et de s'empourprer.

- Très bien, dit Hermione d'un air dédaigneux en s'éloignant dans le couloir.

- Elle n'en sait pas plus que nous, dit Ron. Elle voudrait simplement qu'on recommence à lui parler.

Emerald ne trouva pas nécessaire de le corriger. La condition de Lupin ne le regardait pas.


À huit heures ce soir-là, Harry et Emerald quittèrent leur salle commune respective pour se rendre dans la salle d'Histoire de la magie. Lorsqu'ils arrivèrent, la salle était vide et plongée dans l'obscurité. Emerald alluma les lampes d'un coup de baguette magique et attendit. Cinq minutes plus tard, le professeur Lupin entra dans la classe avec une grande caisse en bois qu'il posa sur le bureau.

- Qu'est-ce que c'est que ça ? demanda Harry.

- Un autre épouvantard, répondit Lupin en enlevant sa cape. J'en ai cherché dans tout le château depuis mardi dernier et heureusement, j'ai fini par en trouver un dans l'armoire de Rusard. C'est ce qui peut se rapprocher le plus d'un vrai Détraqueur. Vous vous mettrez en avant et quand il vous verra, l'épouvantard va prendre l'aspect d'un Détraqueur et nous pourrons donc nous entraîner sur lui. Quand on ne s'en servira pas, je le garderai dans mon bureau.

- D'accord, dit Harry en essayant de cacher son appréhension.

- Vous pensez pouvoir le supporter, Emerald ? demanda ensuite l'enseignant à la demoiselle.

- Oui, répondit-elle en essayant de cacher sa propre angoisse.

Le professeur Lupin sortit sa baguette magique et fit signe aux deux jeunes d'en faire autant.

- Le sortilège que je vais vous enseigner, est un acte de magie très avancée qui dépasse de très loin le niveau de la Sorcellerie de premier cycle. On l'appelle le sortilège du Patronus.

- Comment ça marche ? demanda Harry avec inquiétude.

- Si le sortilège se déroule normalement, vous verrez apparaître un Patronus, c'est-à-dire une sorte d'anti-Détraqueur, un protecteur qui jouera le rôle de bouclier entre vous et le Détraqueur.

Emerald s'imagina un instant cachée derrière un bouclier avec des bras et des jambes.

- Le Patronus, poursuivit le professeur Lupin, représente une force positive, une projection de tout ce qui sert de nourriture aux Détraqueurs – l'espoir, le bonheur, le désir de vivre – mais, à l'inverse des humains, le Patronus ne peut pas ressentir de désespoir et le Détraqueur ne peut donc pas lui faire de mal. Je dois cependant vous avertir que ce sortilège est peut-être trop complexe pour vous. De nombreux sorciers hautement qualifiés ont des difficultés à le mettre en pratique.

- À quoi ressemble un Patronus ? demanda Emerald.

- Chacun est unique. Il change de forme selon le sorcier qui le fait apparaître.

- Et comment le fait-on apparaître ? fit Harry.

- En prononçant une incantation qui ne produira son effet que si vous vous concentrez de toutes vos forces sur un souvenir particulièrement heureux.

Emerald fouilla un instant dans sa mémoire à la recherche de souvenirs heureux. Elle fut assez troublée en repensant à certains moments qu'elle avait vécu lorsqu'elle était sous la tutelle de Neely. Mais perturbée comme elle était à chaque fois qu'elle pensait à son père adoptif, elle se décida pour autre chose. Pourquoi pas son arrivée au château pour sa Première année ? Après tout, c'était l'un des moments les plus magiques et importants qu'elle ait vécu.

- Je suis prêt, dit Harry, semblant concentré.

- Moi aussi, ajouta Emerald, essayant de se rappeler de la sensation d'émerveillement qu'elle avait ressenti en voyant Poudlard se refléter sur le lac noir.

- Voici l'incantation qu'il faut prononcer.

Lupin s'éclaircit la gorge et dit: Spero patronum !

- Spero patronum, répétèrent les jeunes à mi-voix. Spero patronum.

- Vous êtes bien concentré sur votre souvenir ?

- Oh, oui, répondit Harry. Spero patrono... non, patronum, excusez-moi... spero patronum, spero patronum...

Quelque chose jaillit alors de l'extrémité de sa baguette magique, comme une fumée argentée.

- Vous avez vu ? s'exclama Harry, enthousiaste. Ça a marché !

- Très bien, dit Lupin en souriant. C'est à votre tour, Emerald.

La demoiselle inspira et ferma les yeux un instant pour se remettre en mémoire le voyage sur le lac.

- Spero patronum.

Mais elle n'eut pas vraiment de résultat.

- Hm… Peut-être votre souvenir n'est-il pas assez heureux ? dit Lupin.

Emerald baissa sa baguette, et regarda en direction de l'enseignant, avant de tourner la tête vers Harry. Elle se détourna immédiatement du Survivant en sentant ses joues chauffer et posa la main sur l'élastique argenté qui attachait ses cheveux.

- J'en ai un autre… souffla-t-elle.

- Dans ce cas, essayez à nouveau, fit Lupin avec un sourire encourageant.

- Spero patronum !

Encore une fois, rien ne se produisit, mais elle ne se laissa pas décourager et répéta la formule plusieurs fois, se concentrant sur les visage souriants de Harry et Hagrid alors qu'ils criaient "surprise !".

Une fumée argentée s'échappa du bout de sa baguette et elle afficha un sourire.

- C'est très bien, félicita Lupin. Excellent. Maintenant que vous avez à peu près compris comment le sort fonctionne, vous êtes prêt à essayer sur un Détraqueur ?

Les jeunes gens déglutirent, mais hochèrent la tête avec un air farouche.

- Bien, étant donné que vous êtes deux, on va faire chacun son tour. Harry, vous allez commencer, et ensuite, ce sera à Emerald, ça vous va ?

Les adolescents n'émirent aucune objection. Lupin saisit le couvercle de la caisse et le souleva.

Aussitôt, un Détraqueur s'éleva lentement, la tête dissimulée sous une cagoule, une main luisante, putréfiée, serrant sa cape. Les lampes qui éclairaient la classe vacillèrent puis s'éteignirent. Le Détraqueur sortit de la caisse en bois et s'avança lentement vers Harry. Emerald sentit un frisson désagréable lui parcourir le dos en entendant le bruit caractéristique de sa respiration, semblable à un râle, tandis qu'une vague glacée se répandait dans tout son corps.

- Spero patronum ! hurla Harry. Spero patronum ! Spero...

La Serpentard pouvait voir que Harry n'y arriverait pas, il chancelait et sa voix se faisait plus faible à chaque instant. La demoiselle leva à son tour sa baguette d'une main tremblante en essayant d'ignorer sa propre voix suppliante qui bourdonnait dans ses oreilles.

- Spero patronum ! tenta-t-elle. Spero patronum !

La lanterne s'approcha à toute vitesse de son visage, il y eut un bruit de verre brisé, puis le son d'une déflagration.

- Emerald, vous m'entendez ?

La jeune fille ouvrit les yeux dans un sursaut et vit le visage du professeur Lupin penché sur elle.

- Je vous entends, fit-elle.

L'enseignant l'aida à se redresser et elle pouvait voir Harry qui était assis par terre non loin. Inutile de demander ce qui leur était arrivé.

- Vous vous sentez bien ? demanda Lupin.

- Oui… fit Harry.

Emerald se contenta d'un hochement de tête et se releva en faisant attention à ne pas aller trop vite. Harry se releva en s'accrochant à l'une des tables et s'appuya dessus pour se maintenir debout.

- Tenez...

Lupin leur donna à chacun un Chocogrenouille.

- Mangez ça, ensuite, on recommencera, dit-il. Je ne m'attendais pas à ce que vous réussissiez du premier coup. J'aurais même été stupéfait si ça avait été le cas.

- C'est de pire en pire, marmonna Harry en croquant la tête de la grenouille. Cette fois, j'entendais ma mère encore plus fort... et lui aussi... Voldemort...

Lupin sembla encore plus pâle que d'habitude.

- Harry, si vous préférez arrêter là, je le comprendrai très bien…

- Je veux continuer ! protesta Harry d'un ton féroce en engloutissant le reste du Chocogrenouille. Il le faut ! Qu'est-ce qui se passera si les Détraqueurs arrivent pendant le match contre Serdaigle ? Je ne peux pas me permettre de faire une nouvelle chute. Si nous perdons ce match, nous aurons perdu la coupe !

- Très bien... dans ce cas, dit Lupin, peut-être faudrait-il vous concentrer sur un autre de vos souvenirs heureux ? Celui-ci ne semble pas être suffisamment intense...

Le jeune homme sembla réfléchir pendant quelques minutes, puis serra à nouveau les doigts sur sa baguette magique et s'avança au milieu de la salle.

- Prêt ? dit Lupin en posant les mains sur le couvercle de la boîte.

- Prêt, répondit Harry.

- Emerald ?

La Serpentard raffermit sa prise sur sa baguette alors qu'elle posait sur une table l'emballage de Chocogrenouille.

- Prête, déclara-t-elle.

- Alors allons-y, dit Lupin.

Il souleva le couvercle. Une fois de plus, les lumières s'éteignirent et un froid glacial se répandit dans la salle. Le Détraqueur glissa hors de la caisse. On entendit le râle de sa respiration et une main putréfiée se tendit vers Harry...

- Spero patronum ! hurla–t-il Spero patronum ! Spero…

Une lanterne qui se balance dans la main de son père… Une sensation de picotement se changeant rapidement en une douleur infernale… Des mots d'amour prononcés avec calme…

Emerald secoua la tête alors que Harry s'effondrait à nouveau. Elle leva sa baguette.

- Spero patronum ! Spero patronum !

- Je suis désolé, Canari, tu sais que je t'aime très fort.

Emerald serra les dents et sentit ses yeux se remplir de larmes de rages alors qu'elle gardait levée sa baguette d'une main tremblante.

Une statuette de bois, les sourires des Gryffondor et de Hagrid…

- SPERO PATRONUM ! hurla-t-elle.

La fumée argentée jaillit de sa baguette vers le Détraqueur, juste suffisante pour lui faire avoir un réflexe de recul. Lupin se positionna entre les jeunes adolescents et l'épouvantard qui prit aussitôt l'apparence de la pleine lune et il le renvoya dans la caisse.

- Bravo Emerald, fit-il avec un sourire en lui tendant un mouchoir. C'était un très bon début.

La demoiselle prit le mouchoir avec reconnaissance et essuya son visage couvert de larmes, agitées de légers hoquets. Le professeur se pencha sur le Survivant à terre.

- Harry ! Harry... Réveillez-vous...

Lupin lui tapota vigoureusement les joues et le jeune homme ouvrit les yeux.

- J'ai entendu mon père, bredouilla-t-il. C'est la première fois que j'entends sa voix... Il a essayé d'affronter Voldemort tout seul pour donner le temps à ma mère de s'enfuir...

Le jeune homme pleurait, lui aussi. Il se pencha pour s'essuyer avec un pan de sa robe de sorcier en faisant semblant de refaire ses lacets.

- Vous avez entendu James ? dit Lupin d'une voix étrange.

- Oui... dit Harry en relevant la tête. Pourquoi ? Vous... Vous connaissiez mon père ?

- Oui... Oui, en effet... dit Lupin. Nous étions amis quand nous étions élèves à Poudlard. Harry, je crois que nous ferions bien d'en rester là pour ce soir. Ce sortilège est beaucoup trop complexe... Je n'aurais jamais dû essayer de vous l'apprendre...

- Si ! s'exclama Harry en se relevant. Je veux essayer encore une fois ! Je ne me concentre pas sur des souvenirs suffisamment heureux, voilà tout... Attendez...

Il se mit à réfléchir furieusement. Emerald ne voulait pas non plus en rester là. Elle se remit en position derrière le Survivant en s'accrochant au souvenir de son anniversaire.

- Prêt ? dit Lupin qui ne semblait pas très enthousiaste à l'idée de renouveler l'expérience. Vous êtes bien concentré ? Allons-y !

Il souleva le couvercle pour la troisième fois et le Détraqueur se dressa. Les lumières s'éteignirent, le froid se répandit...

- SPERO PATRONUM ! hurla Harry. SPERO PATRONUM ! SPERO PATRONUM !

Alors, une immense ombre argentée jaillit de la baguette magique de Harry et flotta dans l'air, entre le Détraqueur et lui. Emerald ouvrit de grands yeux.

- Riddikulus ! rugit Lupin en se précipitant.

Il y eut un craquement sonore et le Patronus de Harry se volatilisa en même temps que le Détraqueur. Le jeune homme se laissa tomber sur une chaise, les jambes tremblantes, comme s'il venait de courir plusieurs kilomètres.

- Excellent ! s'exclama Lupin. Bravo, Harry ! Bravo à tous les deux ! C'était un très bon début !

- On peut faire un nouvel essai ? Juste un ? demanda le Survivant.

- Non, pas maintenant, répondit fermement Lupin. Ça suffit pour ce soir. Tenez...

Il leur donna à chacun une grande barre du meilleur chocolat de chez Honeydukes.

- Mangez tout, sinon, Madame Pomfresh sera furieuse contre moi. On recommence à la même heure la semaine prochaine ?

- D'accord, fit Harry.

Emerald confirma d'un hochement de tête en croquant dans son chocolat. Lupin éteignit les lampes qui s'étaient rallumées lorsque le Détraqueur avait disparu.

- Professeur Lupin ? demanda soudain Harry. Si vous avez connu mon père, vous avez dû connaître aussi Sirius Black ?

Lupin se tourna vivement vers lui.

- Qu'est-ce qui vous fait croire ça ? dit-il sèchement.

- Rien... Je sais simplement que eux aussi étaient amis quand ils étaient à Poudlard...

Lupin se détendit.

- Oui, dit-il, je le connaissais. Ou plutôt, je croyais le connaître. Vous feriez bien d'y aller, tous les deux, il est tard.


Février arriva imperceptiblement, accompagné d'un temps toujours aussi glacial. Hermione n'avait toujours pas reparlé aux garçons et semblait également en vouloir à Emerald depuis le commentaire qu'elle avait fait au sujet de Lupin. Harry déprimait de ne pas pouvoir récupérer son balai, le professeur McGonagall se montrait intraitable.

Comble de malheur pour le jeune homme, les cours de défense contre les Détraqueurs ne se déroulaient pas aussi bien qu'il l'aurait souhaité. Après plusieurs séances, il arrivait à produire une forme argentée aux contours incertains chaque fois que l'épouvantard-Détraqueur s'approchait de lui, mais son Patronus était trop faible pour faire fuir le Détraqueur. La forme argentée se contentait de flotter en l'air comme un nuage à demi transparent qui vidait Harry de toute son énergie en parvenant tout juste à maintenir le Détraqueur à distance.

Quant à Emerald, même après plusieurs séances elle n'arrivait pas à faire mieux qu'à la première et se sentait particulièrement minable.

- Vous êtes trop exigeant avec vous-même, leur dit gravement le professeur Lupin, alors qu'ils en étaient à leur quatrième séance. Pour des sorciers de treize ans, créer un Patronus, même informe, constitue un beau résultat. Vous ne vous évanouissez plus, n'est-ce pas ?

- Je pensais qu'un Patronus... attaquait les Détraqueurs... répondit Harry, découragé. Qu'il les faisait disparaître...

- C'est ce que ferait un vrai Patronus, approuva Lupin, mais vous avez quand même obtenu une belle réussite en très peu de temps. Si les Détraqueurs se montrent à nouveau lors du prochain match, vous saurez les maintenir à distance suffisamment longtemps pour pouvoir atterrir en toute sécurité.

- Vous m'avez dit que ce serait plus difficile s'il y en avait beaucoup, fit remarquer Harry.

- Je vous fais entièrement confiance, répondit Lupin avec un sourire.

Emerald restait maussade. Au moins Harry arrivait à faire quelque chose d'efficace, mais elle en restait toujours au même stade.

- Vous voulez qu'on essaie de comprendre pourquoi vous restez bloquée ? demanda Lupin.

La demoiselle lança un regard vers Harry, et songea qu'elle pouvait se permettre de parler un peu devant lui.

- C'est… Chaque fois que je suis face à un Détraqueur, je revis le jour où mon père m'a brûlé le visage, dit-elle. Je peux entendre ma propre voix le supplier, j'entends la lanterne se briser sur mon visage et l'huile qui me coule dessus s'enflammer. Et j'entends la voix de mon père qui me dit qu'il m'aime.

Des larmes se mirent à couler toutes seules sur ses joues et elle les essuya rageusement.

- À chaque fois que je l'entends, je… Je me sens tellement… En colère… fit-elle. Je suis furieuse et je n'arrive plus à me concentrer sur mes bons souvenirs…

Il se passa quelques secondes de silence durant lesquelles elle n'osa pas les regarder, croisant les bras et les yeux rivés sur le sol.

- Tu sais, Emerald… fit Harry. Je ne me souviens de rien au sujet de mes parents, j'ai juste les photos données par Hagrid, alors… Je crois qu'au fond, j'ai envie de les entendre, quand je suis face à un Détraqueur.

Il était évident que les deux jeunes se sentaient honteux. Après un nouveau silence, Lupin prit la parole.

- C'est très courageux à vous deux d'admettre vos erreurs, dit-il. Et ce n'est pas quelque chose dont vous devez avoir honte. Tu as le droit de vouloir profiter de chaque souvenir de tes parents, Harry. Quant à toi, Emerald, ta colère est tout à fait compréhensible.

Il alla jusqu'au bureau du professeur Binns sur lequel était posé son cartable rapé.

- Vous savez où se trouvent vos obstacles. Ce qui vous empêche d'avancer. Avec un peu de travail, vous saurez les franchir, je peux vous l'assurer, leur dit-il avec un sourire encourageant. Tenez... Vous avez bien mérité de boire quelque chose. Quelque chose que je vous ai rapporté des Trois Balais et que vous, Harry, n'avez jamais goûté...

Il sortit trois bouteilles de son cartable.

- De la Bièraubeurre ! s'exclama Harry sans y penser. J'aime beaucoup ça !

Lupin haussa les sourcils.

- Je lui en ai déjà rapporté de Pré-au-Lard, mentit Emerald.

- Ah, bon, dit Lupin, affichant un sourire qui donnait l'impression qu'il en savait plus qu'il ne laissait paraître. Eh bien, buvons à la victoire de Gryffondor contre Serdaigle ! Bien que je ne sois pas censé prendre parti, en tant que professeur... ajouta-t-il précipitamment.

Ils burent en silence. Puis Harry lui posa une question:

- Qu'est-ce qu'il y a sous la cagoule d'un Détraqueur ?

Le professeur Lupin posa sa bouteille, l'air songeur.

- Les seules personnes qui l'aient jamais su ne sont plus là pour le dire. Lorsque les Détraqueurs soulèvent leur cagoule, c'est pour faire usage de leur arme ultime.

- Et qu'est-ce que c'est ? demanda Emerald.

- Ça s'appelle le Baiser du Détraqueur, dit Lupin en esquissant un sourire. Ils le font subir à ceux qu'ils veulent détruire définitivement. Ils doivent avoir une espèce de bouche là-dessous, car il paraît que leurs mâchoires se referment sur les lèvres de leur victime et qu'ils aspirent son âme.

- Quoi ? Ils tuent... ? s'exclama Harry en renversant un peu de Bièraubeurre.

- Oh, non, répondit Lupin. C'est bien pire que ça. On peut continuer à exister sans âme, tant que le cœur et le cerveau fonctionnent. Mais on n'a plus aucune conscience de soi, plus de mémoire, plus... rien. Et plus aucune chance de guérison. On existe, c'est tout. Comme une coquille vide. L'âme, elle, s'est définitivement envolée, elle est perdue à jamais. C'est le sort qui attend Sirius Black. C'était écrit dans La Gazette du sorcier, ce matin. Le ministère a donné l'autorisation aux Détraqueurs de lui infliger cet ultime châtiment si on le retrouve.

Emerald resta abasourdie à l'idée qu'on puisse arracher l'âme de quelqu'un en l'aspirant par sa bouche. C'était pire que tout ce qu'elle pouvait imaginer.

- Il le mérite, dit brusquement Harry.

- Vous croyez ? dit Lupin d'une voix légère. Vous croyez vraiment que quiconque peut mériter ça ?

- Oui, répondit Harry d'un ton de défi. Quand on a commis... certaines choses…

- Harry, je sais que Black est un assassin… fit Emerald avec précaution. Mais même lui ne mérite pas un châtiment pareil… Personne ne le mérite.

- Mais-

- Je sais, le coupa-t-elle. Mais je suis désolée, vous ne me ferez pas dire que Black, ou même qui que ce soit, mérite de perdre son âme.

Harry sembla blessé pendant un instant, mais il garda le silence. Tous les trois finirent leur boisson et le Survivant sortit de la classe sans un mot.

- Il ne vous en veut pas vraiment, Emerald, dit le professeur.

- Je sais, répondit-elle malgré l'inquiétude qui lui tordait l'estomac.

Harry était son tout premier ami, que se passerait-il s'il décidait que c'en était fini de leur amitié ?

- Il est important pour vous, n'est-ce pas ? fit Lupin.

Elle hocha lentement la tête.

- Ne vous en faites pas, dès demain ce sera oublié, assura-t-il. Retournez donc dans votre dortoir, il commence à se faire tard.

La demoiselle remercia le professeur et le salua, avant d'aller se coucher.


Merci aux mécènes qui me soutiennent : Mariam Pizette, portgas yuwine et Andromeda !