1er jour d'avril 1972

6 heures du matin. Les lits du dortoir des Serpentard grincent et les filles s'éveillent brusquement. Les bruits des autres chambres rebondissent contre les murs en pierre, créant un tumulte dans le couloir.

Isabelle, les cheveux en bataille, se frotte les yeux d'une main et se redresse avec précaution, son visage reflétant la confusion. « Qu'est-ce qui se passe ? » demande-t-elle, sa voix traînante de sommeil.

Isobel, les sourcils froncés, murmure d'une voix rauque : « Je vais voir. » Elle étire ses bras paresseusement avant de se lever, ses pieds cherchant ses pantoufles. Elle saisit sa robe de chambre sur la chaise à côté de son lit, ne voulant pas s'aventurer dans le couloir en chemise de nuit.

Alors qu'elle écarte doucement la porte et glisse sa tête dans le couloir, elle est surprise de voir la sœur Goldstein, les yeux bouffis de sommeil, ses cheveux ébouriffés comme une crinière. Leurs yeux se croisent, et elles s'échangent un regard perplexe.

« C'est quoi ce raffut ? » Isobel demande, son ton montrant clairement qu'elle n'est pas d'humeur à des surprises matinales.

La sœur Goldstein hoche la tête vers le couloir d'où provient le chaos. « Les toilettes refoulent. Ça inonde nos salles de bains. »

Isobel grimace et se tourne vers ses camarades de dortoir, qui la regardent avec anticipation. « Les waters chez nous fonctionnent ? »

Isabelle, un peu plus alerte maintenant, hausse les épaules. « Hum, oui, il me semble. Pourquoi ? »

« Chez nous, tout va bien », informe Isobel, se retournant de nouveau vers la sœur Goldstein.

Ses bras croisés, elle fronce les sourcils. « C'est étrange. Toutes les toilettes des dortoirs Serpentard sont hors service, sauf la vôtre. »

Isobel hausse un sourcil, intriguée. « Oui, c'est bizarre. Tu veux utiliser nos toilettes ? »

Goldstein secoue la tête, sa bouche tordue en un semblant de sourire. « Non, ça ira, merci. »

« Eh bien, bonne chance alors », répond Isobel avec un soupir résigné.

En rentrant dans le dortoir, elle récapitule rapidement la situation aux autres filles.

Isabelle se précipite vers la salle de bain. « Autant l'utiliser tant qu'elle fonctionne encore. »

Le couloir est en ébullition. Des élèves en pyjama, frottant leurs yeux endormis, se bousculent, évitant des flaques d'eau verte et gluante. Une fille, les mains sur les hanches, s'exclame avec dégoût : « Ce sont des boulettes d'algues ! Les toilettes débordent de boulettes d'algues ! »

Esther et Adélaïde, curieuses, sortent pour enquêter. Adélaïde, un sourire malicieux, questionne Esther : « C'était toi ? »

Esther, avec un sourire en coin, répond, joueuse : « Peut-être... Qui sait ? »

Adé secoue la tête, ses bras croisés. « Esther, si c'était toi, dis-le. On pourrait avoir des problèmes. »

Esther hausse les épaules, feignant l'innocence. « Ce n'est pas moi, je te le jure. »

Adélaïde souffle, mi-amusée, mi-exaspérée. « Nos promesses ne valent rien. »

Esther, un rictus sur les lèvres, rétorque : « Exactement. Les promesses n'engagent que ceux qui y croient. »

Isabelle, la tête sortie de la salle de bain, lance un regard désapprobateur aux deux. « C'est une école, pas un cirque.

— Pour l'instant. »

4e jour d'avril 1972

Dès que la nouvelle a touché le sol du château, elle s'est envolée, bourdonnant d'oreille en oreille : par un mystérieux hasard de l'univers, les seules toilettes épargnées se trouvent être celles du dortoir d'Isobel, Esther, Adélaïde et Isabelle. C'est un peu comme si le cosmos avait décidé de les rendre coupables.

Esther, perchée nonchalamment sur une marche, joue contre la pierre de la rambarde, écoute les filles râler. À côté, Isabelle, le front plissé, semble absorber le poids du monde. « Nous devons trouver un moyen de prouver notre innocence », souffle-t-elle, sa voix traînant légèrement sur le mot innocence, comme si elle l'évaluait.

Adélaïde rit. « Oh, Isabelle, allez ! C'est le genre de blague qui rythme la semaine, non ? »

Isobel, cherchant à équilibrer l'atmosphère électrique, intervient : « Adé a touché un point, c'est probablement une plaisanterie de passage. Qui sait quel genre de crétin l'a faite... »

Soudain, comme deux acteurs faisant une entrée théâtrale, James et Sirius émergent de l'ombre, de la colonne derrière laquelle ils s'étaient camouflés.

« Subtile cachette », remarque Isobel, un sourcil levé, sa voix empreinte d'amusement.

« Tu ne nous avais pas vus, pourtant », réplique James, son ton défiant et avec une étincelle taquine.

Sirius, avec un sourire en coin, ajoute : « Alors, on prend des libertés avec la plomberie ?

— On n'a rien fait du tout ! », proteste Isobel, sa voix trahissant une pointe d'indignation.

James, feignant l'incrédulité, répond : « C'est ça, ouais. »

Isobel fronce les sourcils : « Qui irait faire ça ? »

Isabelle, pointant un doigt accusateur, intervient : « Eux. »

Esther ajoute : « C'est vrai, ça sent le coup fourré à la sauce Black & Potter. »

Sirius, faussement honoré, dit : « La sauce c'est Black Pepper, et je reconnais que c'est une idée digne de deux génies. »

Isobel, levant les yeux, concède : « Ok, c'est eux. »

Esther, déclare : « Si on se tape des heures de colle à cause de vous, je vous dénoncerai. »

Sirius, avec un grognement amusé, riposte : « T'as toujours été une grosse balance.

— Y'a un synonyme pour ça, c'est Serpentard. »

10e jour d'avril 1972

Ce samedi se déroule dans une monotonie que Peter trouve insupportable. Il n'est pas quelqu'un qui aime particulièrement lire, il le fait parce qu'on le lui demande. Mais s'il peut s'en passer, il le fait également. Aujourd'hui, il avance sur tous ses devoirs possibles dans un futur raisonnable, il range ses affaires, cherche Remus partout, et Frank aussi. Et puis, Peter croit que Frank en a un peu marre de l'avoir dans les pattes.

Alors, Peter tourne un peu en rond. La semaine dernière, il s'est dit qu'en fin de compte, il lui arrive encore de se perdre et donc qu'il faudrait faire une vraie carte de Poudlard. Il sait à peu près dessiner, il était même plutôt bon à l'école primaire. Et surtout, ça a un côté pratique. Oui, il connaît les grands axes. Il sait comment aller de son lit à la Grande Salle ou à sa salle de Métamorphose. Mais il aimerait bien savoir quel est le chemin le plus rapide, le plus discret. Il a besoin de maîtriser Poudlard et de dire : 'Je vais à Poudlard et je connais Poudlard à 100 %.'

Cette nuit-là, alors que le sommeil lui échappe, Peter réfléchit. Devrait-il longer tous les couloirs et tous les tableaux, ou bien devrait-il demander à ceux qui le connaissent le mieux ? Il écarte immédiatement l'idée de s'adresser à Rusard. Mais les elfes de maison... Eux, ils savent tout. Ils nettoient, ils rangent, ils connaissent chaque recoin du château.

Poussé par cette idée, Peter se rend dans les cuisines où il trouve un elfe de maison, en train de battre des œufs. Il s'approche timidement : « Excuse-moi, est-ce que je te dérange ? »

Surpris, l'elfe répond avec précipitation : « Kroupy est désolé, monsieur, mais Kroupy n'a pas le droit de parler aux élèves, monsieur.

— Mais pourquoi ? » insiste Peter, intrigué.

« Le directeur, monsieur, nous l'a interdit. »

Peter, avec une pointe de malice, essaie un autre angle : « Obéir et parler, c'est différent. On pourrait juste discuter, non ? »

L'elfe hésite, tiraillé entre son devoir et son envie d'aider : « Kroupy ne veut pas avoir de problème avec le directeur Dumbledore. C'est un très grand sorcier, et Kroupy ne veut pas décevoir un grand sorcier, monsieur.

— Je comprends, Kroupy. Je ne voudrais pas te mettre dans une situation difficile. Mais je me demandais... »

Kroupy l'interrompt, une note de curiosité dans la voix : « Pourquoi monsieur veut rester avec moi et ne pas aller avec les autres élèves, monsieur ? »

Peter sourit, trouvant un prétexte : « C'est calme ici, j'aime bien. »

Kroupy suggère : « C'est aussi très calme dans la bibliothèque, monsieur. »

Peter acquiesce, « Eh bien, j'irai demain alors. Mais, dis-moi, si nous avions simplement une conversation ? Ce n'est pas désobéir, non ? »

L'elfe, après un bref moment de réflexion, acquiesce doucement. « Je ne sais pas monsieur. »

Peter propose avec prudence : « Alors, peut-être pourrais-je simplement te suivre et observer ? Si Dumbledore demande, tu n'auras pas à dire que nous n'avons pas parlé et que donc tu n'as pas pu m'obéir ? »

Kroupy, son visage reflétant un mélange d'anxiété et d'accord tacite, hoche la tête. Ses mains reprennent leur travail, battant les œufs avec une cadence rythmique, tandis que Peter ce jour-là n'apprend qu'une seule chose : monter les blancs en neige.

15e jour d'avril 1972

La bibliothèque de Poudlard est plongée dans un silence studieux. Severus Snape, solitaire par nature, est absorbé dans la lecture d'un livre avancé sur les sortilèges. Son visage est concentré, ses sourcils sont froncés alors qu'il essaie de comprendre comment effectuer le sort de canellation.

Alors qu'il tourne une page, Esther et Lupin apparaissent entre les rangées de livres. Esther, avec une expression faciale que Severus surnomme en lui-même "sauvons cette pauvre gigne de Severus en essayant par tous les moyens de faire chier", serre les mains sur la couverture du livre, et il s'affaisse un peu plus contre la table. Ainsi, il ressemble à un tas de gadoue gluante dans la bibliothèque.

« Lily n'est pas là ? » demande Esther en s'asseyant, son ton léger trahissant la joie de la Serpentarde.

Severus, sans lever les yeux de son livre, répond d'une voix irritée : « Pas besoin de remuer le couteau dans la plaie. »

Le temps s'écoule lentement. Esther, déterminée à animer la conversation, lance divers sujets, mais ses efforts sont accueillis par des réponses courtes et distantes de Severus comme "hum", "ok" ou "ferme ta gueule Esther". Remus, à côté, essaie de maintenir une atmosphère cordiale, mais seulement parce qu'il ne veut pas être aussi désagréable que Snape. Il se dit qu'il vaut mieux que ce Serpentard cracra. Mais au fond, il n'a pas plus envie que lui de socialiser avec le camp adverse. S'il côtoie les filles, c'est parce qu'il les respecte, et qu'une sorte de cordon sanitaire s'est installé des deux côtés. Tant qu'elles ne se comportent pas trop sournoisement et venimeusement, il peut être ami avec elles. Et puis elles sont correctes pour des Serpentardes. Et contrairement à Snape, elles se lavent. Alors, peut-être pour montrer un peu de supériorité à Snape, il ajoute : « Tu sais, j'ai besoin de me concentrer pour l'essai en Métamorphose, mais si tu veux, après, on ira au foyer discuter ? » Esther acquiesce, résignée.

Malgré cela, l'ambiance reste tendue. Severus est ouvertement hostile, et ses réponses sèches à Esther soulignent son désir de rester seul. Remus, prétendument compréhensif, essaie de trouver un équilibre entre le soutien à Esther et se montrer agréablement supérieur à Snape.

Esther, sentant l'atmosphère devenir de plus en plus lourde, se rend compte que ses deux amis sont fermés à toute interaction, comme des coquilles d'Hippoquille. Sa tentative de les rapprocher semble vaine, pourtant, ce sont tous les deux des jeunes gens calmes, instruits et un peu aigris. Ça devrait fonctionner.

Au final, la table reste enveloppée dans un silence pesant, chacun perdu dans ses pensées, tandis qu'Esther se demande comment elle pourrait faire sociabiliser sa petite cause perdue personnelle.


Dans le silence presque complet de la bibliothèque, la tension entre Esther et Severus est presque palpable. Remus vient de quitter la table pour les toilettes, et le calme qui suit son départ semble pousser Severus à ouvrir la bouche.

« Que tu aies de la pitié pour moi est une chose, mais ne ramène pas Lupin la prochaine fois. », dit-il sèchement, sans même lever les yeux de son livre.

Esther, surprise par cette remarque, demande : « Pourquoi ? »

Severus, l'air agacé, répond : « C'est un pote de Potter et Black.

— Moi aussi », rétorque Esther, un brin de défi dans la voix.

Severus lève enfin les yeux vers elle, son regard perçant. « Oui, mais j'arrive déjà pas à me débarrasser de toi, je n'en veux pas un deuxième. »

Esther, légèrement piquée au vif, change de sujet. « Et où était Evans ? » demande-t-elle, une pointe de curiosité dans la voix.

Severus, dont l'expression se durcit, réplique avec un ton tranchant : « Va te faire foutre. »

Esther ne sait pas jusqu'à quel point elle peut le taquiner avec Lily. Elle sait que ça le vexe, mais pas encore assez pour qu'il lui en veuille vraiment. Mais elle se demande à quel point il est attaché à la rousse. Elle ne comprend pas trop. Ils avaient l'air très soudés au début, mais tout de même, depuis, Evans s'est fait d'autres amies. Mais après tout, Severus n'a que lui-même. Et Esther ne sait pas jusqu'à quand cela lui sera suffisant.


À leur sortie de la bibliothèque, ils se dirigent vers le foyer.

Remus, d'un ton pensif, brise le silence : « Si ça ne te dérange pas, la prochaine fois je ne t'accompagnerai pas à la table de Snape.

— Pourquoi ? »

Il soupire légèrement. « Je ne le sens pas, tout simplement. »

Esther, le regardant de côté, réplique : « Je ne sens pas votre Peter et pourtant je ne dis rien. »

Remus, avec une pointe de frustration, répond : « C'est très bien pour toi. Mais c'est ton choix. Et puis Peter est gentil et timide, et il n'est pas aussi désagréable que Snape. »

« Severus est aussi gentil et timide », rétorque Esther, sa voix trahissant une certaine défense envers Severus.

Un silence s'installe entre eux, chacun digérant les mots de l'autre.

Esther ajoute, plus doucement : « À sa façon. »

Remus, tout en marchant, réfléchit aux paroles d'Esther. Elle voit quelque chose en Snape que lui-même ne perçoit pas.

Qu'est-ce que les yeux d'Esther peuvent voir que ceux de Remus ne peuvent pas ?

17e jour d'avril 1972

Dans le couloir de Défense contre les Forces du Mal, Esther, Isobel et Adélaïde se détendent avant leur cours.

Adé, avec un sourire espiègle, continue : « Mais je crois que mon anniversaire le plus horrible c'est quand mes parents avaient oublié de m'acheter un cadeau pour mes 10 ans. Maman était occupée ce jour-là et elle m'a envoyé faire les boutiques avec papa. Je crois que je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi perdu dans un magasin de jouets. En fait, ce n'est pas horrible, c'était juste drôle. Je pense que c'est lui qui a dû passer une journée horrible ! »

Isobel renchérit : « Mon pire anniversaire, ce n'est pas le mien, c'est celui des 8 ans d'Esther. Il y avait son papy qui m'a fait flipper tout l'après-midi. »

Esther, surprise, demande : « Mais qu'est-ce que tu racontes ?

— Bah si, je te jure, il est flippant ton grand-père. Pardon, mais il a un truc dans le regard. »

Esther, perplexe, réplique : « Mais de qui tu parles ? Mon grand-père paternel est mort dans une explosion d'un attentat de l'IRA, et je n'ai jamais rencontré mon grand-père maternel. »

Adélaïde, interloquée, s'exclame : « Ton grand-père est mort dans un attentat ?

— Mais attends, c'était qui le vieux que tu appelais papy alors à ton anniversaire de tes 8 ans ? »

Esther semble déconcertée : « C'est… je n'ai aucun souvenir de mon anniversaire de mes 8 ans. »

Isobel insiste : « Je te jure que tu l'as appelé papy !»

Esther, de plus en plus troublée, répète : « Mais je n'ai pas de grand-parents.

— Et tu ne te souviens pas ? On avait joué près de l'étang, tu étais tombée dedans et il était venu te chercher.

— Tu es sûre que tu ne parles pas de quelqu'un d'autre ? Parce que je te jure que ça ne me dit rien. »

Isobel, déterminée à éclaircir le mystère, se lève pour aller chercher James, pensant qu'il pourrait se souvenir de quelque chose.

Adé demande : « Et ton grand-père est vraiment mort explosé ?

— Bah, il paraît, mais je n'ai jamais vérifié. »

Peu après, Isobel revient, tenant fermement James par la manche.

« Le 4 février 1968. Tu t'en souviens ? » demande Isobel.

Pris de court, il répond : « Euh, dit comme ça, non.

— Les 8 ans d'Esther, elle est tombée dans l'étang. »

James se met à rire : « Ah ça oui, je m'en souviens, c'était très drôle. Mais y avait ton grand-père, il était un peu bizarre, lui. »

Esther, incrédule, insiste : « Mais vous avez fumé quoi, vous deux ? Je ne connais pas mes grands-parents, et je ne me souviens absolument pas être tombée dans une mare à mes 8 ans. »

James, se remémorant, ajoute : « Moi, je me souviens très bien que quand il t'a repêchée, on ne t'a pas revue pendant un moment, c'est ta mère qui t'a ramenée dans le jardin, énervée que tu sois tombée, et toi, tu pleurais. »

Esther, perdue dans ses pensées, murmure : « Je ne m'en souviens absolument pas. »

Adé, cherchant à détendre l'atmosphère, demande : « Bizarre. Mais du coup, c'est quoi ton pire anniversaire ? »

Esther, avec un sourire ironique, répond : « Euh, attends, je réfléchis... Bah, je crois que c'est celui où j'ai rencontré Sirius. » Derrière elle, le dit Sirius, grogne.

« Mais je ne me souviens pas de beaucoup de mes anniversaires », ajoute Esther, son regard se perdant dans le vide.

Isobel, un peu inquiète, demande : « Tu te souviens desquels ?

— Pas vraiment avant mes 9 ans, c'est très flou », avoue Esther.

James, tentant de déterminer l'état d'Esther, l'interroge : « Mais est-ce que tu te souviens de quelque chose ? Ça va ? Combien de doigts j'ai là ? » Il montre ses mains. « On a mangé quoi hier soir ? »

Esther, légèrement agacée, répond : « T'as vingt doigts si on compte tes orteils, on a mangé des endives au jambon, et je vais très bien. »

20e jour d'avril 1972

Dans la salle commune de Serpentard, un havre de calme inhabituel règne, une pause dans l'ordinaire agitation. Severus Snape, immergé dans son livre, est une figure de concentration intense. Ses sourcils sont froncés dans un effort pour démêler les complexités du texte, tandis que ses doigts tournent les pages avec une précision presque chirurgicale.

Soudain, la tranquillité est rompue par l'arrivée d'Esther. Elle entre avec une légèreté presque dansante, ses yeux balayant rapidement la salle avant de se fixer sur Severus. Elle s'avance vers lui, ses pas un mélange de curiosité et de détermination.

« Tu lis quoi ? » demande-t-elle en s'asseyant à côté de lui, sa voix trahissant une pointe de malice.

Severus, sans quitter des yeux le texte qui le captive, répond d'une voix étonnamment neutre : « Le Manifeste du Parti Communiste. » Un trésor trouvé dans une boîte à livres pendant les vacances de Noël.

Esther incline sa tête, un air de curiosité peint sur son visage. « C'est intéressant ? »

Severus tourne une nouvelle page, son expression impassible. « J'essaie de comprendre. Y'a des livres d'économie à la bibliothèque ? J'en ai pas vu. »

Elle éclate d'un sourire complice. « Tu veux faire la révolution ? »

Un sourire fugace éclaire brièvement le visage de Severus. « Si on prend pas les choses, personne nous les donnera. »

Esther, regardant autour d'elle avec une feinte perplexité, rétorque : « Ce n'est pas moi qui te donnerai tes livres d'éco. Je n'en ai pas vu non plus. »

Le silence retombe, lourd de réflexions. Severus, plongé dans sa lecture, semble isolé dans son monde, tandis qu'Esther observe la couverture du livre, visiblement fascinée par le choix de Severus.

Finalement, elle brise le calme : « Tu crois vraiment qu'on peut changer le monde avec des idées comme ça ? »

Levant les yeux de son livre pour la première fois, Severus la fixe avec intensité. « Je ne sais pas. Mais je pense que j'ai besoin de comprendre. »

Esther hoche la tête, son visage reflétant une réflexion profonde. « Tu as raison. C'est toujours bon de voir les choses sous différents angles, mais cache ça un peu, on est à Serpentard ici, pas Gryffondor. Si Malfoy te voit avec ça, t'es mort. »

« Il ne sait pas ce que c'est.

— On ne sait jamais, un cerveau lui est peut-être poussé dans la nuit.

— Il n'est pas si bête.

— Appliquer les règles par tradition sans rien remettre en question, c'est de l'extrême bêtise.

— Et refuser de les appliquer juste par principe, c'est tout aussi con.

— J'avais oublié que tu étais au-dessus de nous tous.

— Je sais lire et me taire à la fois, ce qui me place infiniment plus haut que vous deux. »

22e jour d'Avril 1972 :

Esther est en pantalon. Wah, quelle information ! On s'en fiche, n'est-ce pas ? Et bien, pas Malfoy.

Elle a retiré son uniforme à l'intercours après l'avoir taché en potion. Et puis bon, potion est son dernier cours de la semaine, elle n'a aucune raison de s'apprêter particulièrement pour faire ses devoirs, dîner et se coucher. Alors oui, c'est un pantalon, elle en a un. Qui lui sert assez peu, mais c'était le premier truc plié sur lequel elle est tombée en ouvrant sa malle. Alors Esther porte un pantalon. Ô rage, ô désespoir. Elle dîne calmement, en discutant avec Severus, tout aussi calme. Mais ô drame !

Soudain, une ombre s'abat sur elle. Lucius Malfoy, son air de supériorité collé à son nez avec autant de cire qu'il en a déjà dans les cheveux, s'approche. Son regard glacial se pose sur Esther.

« Qu'est-ce que c'est que cette tenue ? »

Esther, surprise et légèrement irritée, se retourne pour le défier du regard. « On m'a renversé de la bile de tatou en potion, excuse-moi, la prochaine fois je viendrai à table en sentant le vomi. »

Lucius, avec un sourcil arqué et un sourire narquois, réplique avec dédain : « Ce n'est pas une excuse. Je retire quinze points à Serpentard pour non-respect du code vestimentaire. »

Un silence glacé s'abat sur la table des Serpentard, un silence de complicité résignée. Lucius, satisfait de son effet, tourne les talons, laissant Esther fulminer de rage.

Celle-ci, prête à riposter, sort discrètement sa baguette. Mais Severus, à ses côtés, attentif et prudent, lui donne un coup discret sur le pied. Surprise, elle se tourne vers lui, l'intention meurtrière momentanément oubliée.

« Mais qu'est-ce que tu fais ? » murmure-t-elle, les yeux étincelants de colère.

Observant Lucius s'éloigner, il répond d'une voix basse et grave : « Même pour un Serpentard, attaquer quelqu'un dans le dos est très lâche. »

Esther, ses yeux toujours fixés sur Lucius, bouillonne de frustration. « La fin justifie les moyens. »

Severus, impassible, rétorque : « Toute fin ne justifie pas tous les moyens.

— Gnagnagna.

— Il le fait pour te provoquer. Ne lui donne pas du grain à moudre. »

Esther, prenant une profonde inspiration, essaie de contenir l'orage en elle. « Mais c'est tellement frustrant ! »

« Je sais. Mais ne le laisse pas te contrôler, » insiste il.

Les dents serrées, elle réplique : « C'est bien à toi de me dire ça. »

Le dîner se termine dans une tension palpable. Esther, en ébullition, conserve son calme en surface.

Alors qu'ils se dirigent vers la salle commune des Serpentard, Esther murmure, avec une détermination froide : « Je vais lui pourrir la vie. »

Severus, un sourire en coin, répond : « Pour 15 malheureux points ? »

« Pour ce qu'il représente. »

« C'est l'hôpital qui se moque de la charité » ironise Severus.

Dans les couloirs sombres de Poudlard, elle rumine, il lui faut un plan, un plan serpentard, subtil et rusé, destiné à remettre Lucius à sa place. Et sans transgresser les règles. Car, après tout, être un Serpentard, c'est savoir jouer le jeu.

25e jour d'avril 1972

Le dortoir des Serpentard est empreint de ses bruits feutrés et de ses mouvements doux. Adélaide, les yeux encore lourds de sommeil, s'étire dans son lit, faisant tomber quelques objets personnels. Le bruit provoque un grognement de la part d'Isobel, qui est encore enroulée dans ses draps. Esther ronfle encore doucement.

Adélaide se lève tranquillement, tentant de rassembler ses pensées. La fatigue pèse sur elle, à cause des entraînements de vol supplémentaires que Madame Bibine lui a accordés. Elle est douée, et Slughorn lui-même a insisté pour qu'elle suive des cours supplémentaires afin d'intégrer l'équipe de Serpentard l'année suivante, mais par Salazar, qu'elle est fatiguée après.

En tentant de se frayer un chemin dans le désordre de sa couverture, Isobel sort de la salle de bain. Elle est complètement dévêtue et ne semble pas gênée le moins du monde.

« Ah, tu es levée ? Tu veux prendre la douche ? » demande Isobel, un air détaché sur son visage.

Adélaide, prise au dépourvu, bégaye un peu. « Heu, oui, oui, quand tu auras fini, » répond-elle, ses joues rosissant légèrement.

Isobel, apparemment insensible à l'embarras d'Adélaide, attrape la pile de vêtements sur sa chaise et referme la porte de la salle de bain. Adélaide se sent soudainement très réveillée, sa gêne laissant place à une agitation mentale.

« Elle pourrait au moins se couvrir, » murmure Adélaide pour elle-même, essayant de secouer le sentiment d'inconfort.

Isobel, qui a assisté à la scène, sort de son lit et rejoint Adélaide. « Isobel a toujours été comme ça, » dit-elle doucement. « Elle ne voit pas le problème. »

Mais Adélaide voit un autre problème.

30e jour d'avril 1972

PAF ! C'est le bruit produit lorsque Peter perd à la bataille explosive contre James. En fait, c'est surtout le bruit de lui qui tombe à la renverse, surpris par le bruit des cartes qui font plutôt ce bruit-ci : BOOM.

Sirius Black, assis en retrait, sourit en fixant un point indéterminé. À côté de lui, Remus Lupin, avec son air habituellement calme, semble préoccupé.

Remus, rompant le silence qui s'est installé entre eux, pose enfin la question qui lui brûle les lèvres depuis le matin. « Sirius, pourquoi es-tu ami avec Esther ? Après votre dispute de ce matin, je me demande... Vous semblez toujours être à couteaux tirés. »

Depuis quelque temps, cette question le hantait. Ce n'est que récemment qu'il y avait vraiment prêté attention. Après tout, il avait toujours connu Sirius et Esther de cette manière. Ce n'était pas comme si leur comportement avait changé du jour au lendemain. Il avait cru, pendant un certain temps, qu'il s'agissait d'une sorte de querelle amicale, comme celle entre un chien et un chat. Et, bien qu'il y eût de cela, les piques qu'ils s'envoyaient étaient teintées de malice, mais dénuées de toute appréciation mutuelle. C'était plutôt comme si la provocation était leur seul mode de communication autorisé, une manière de se défier sans jamais se révéler. Mais aujourd'hui, il commençait à percevoir les choses différemment.

Il les avait déjà surpris en train de se donner des tapes, des gestes qui semblaient presque affectueux. Mais jamais il ne les avait vus se battre comme des chiffonniers dans un couloir. Cela, c'était un changement radical. Auparavant, leurs échanges avaient toujours eu un air de jeu, un ballet de moqueries légères et de réparties. Mais cette intensité nouvelle, dans les yeux de Sirius brillait une fureur presque tangible, et dans ceux d'Esther, un mépris tout aussi vif. Alors pourquoi ?

Il avait saisi des fragments de leur conversation, des mots marmonnés juste auparavant, une affaire concernant la mère de Sirius. Lui-même ne tarissait pas de critiques envers sa propre génitrice, et James ne manquait jamais une occasion de la railler. Alors, pourquoi cette irritation soudaine chez Sirius lorsque Esther mentionnait Walburga ?

Sirius détourne son regard pour fixer Remus. Ses yeux gris pétillent d'une lueur espiègle, teintée d'un sérieux inhabituel. « Tu vois, Esther et moi, on se connaît depuis tellement longtemps qu'on est plus dans une sorte de jeu que dans de la vraie amitié ou haine. C'est bizarre. »

Remus hoche la tête, invitant Sirius à poursuivre.

« Elle est toujours là. On a nos moments, on se bat. On dirait presque qu'on est faits pour se chercher des noises. C'est comme ça entre nous, je crois. »

Remus esquisse un sourire. « On dirait un vieux refrain. Vous vous chamaillez, vous faites la paix, et ça recommence.

— Non, on ne se réconcilie jamais.

— Mais pourquoi vous continuez à vous fréquenter alors ?

— On n'est pas vraiment potes. On se supporte parce qu'on est tous les deux amis avec James, que nos familles se connaissent, et que, au fond, j'aime bien Isobel, même si elle peut être sacrément agaçante.

— Je ne pige pas trop.

— Il n'y a pas grand-chose à piger. Ça fait tellement longtemps qu'on se cherche qu'on a pris l'habitude. C'est un peu ma meilleure ennemie.

— Ça serait quand même plus tranquille si vous arrêtiez de vous énerver tout le temps.

— Mais alors, à qui je pourrais faire porter le chapeau pour mes blagues aux Serpentards ? »

Sirius éclate de rire, un rire sincère qui dissipe la tension de la salle commune. « Esther, elle est têtue, peste, et elle sait donner un bon coup de poing. Mais au fond, je sais qu'on peut se faire confiance pour certaines choses, mais pas pour les jeux de société ! »

Remus acquiesce, un air de compréhension dans ses yeux. « Tant mieux si ça vous va, mais essayez de faire moins de bruit, s'il vous plaît.

— La prochaine fois que je lui tirerai les cheveux comme aujourd'hui, je doute qu'elle reste silencieuse ! »

1er jour de 1972

Dans les couloirs animés, Sirius et James marchent d'un pas rapide en direction de leur dortoir. Ils viennent de quitter un cours de botanique prématurément interrompu, suite à une grosse bêtise de Felix Wooltrop. En même temps, confier la surveillance d'un Solardendron à un Poufsouffle aussi bête que Felix Wooltrop n'était pas non plus super malin. Ce truc met le feu dès que vous avez le dos tourné. Et Felix, bah c'est Felix, il a la capacité de concentration d'une petite cuillère. Alors POUF, du feu. Et du feu partout dans une serre, ce n'est pas joli-joli. Donc le cours s'est terminé un peu plus tôt que prévu et James et Sirius ont presque leur après-midi de libre. Chouette !

« Tu as vu la tête de Wooltrop ? Il était tout pâle ! J'ai cru qu'il allait s'évanouir quand les flammes ont commencé à monter, » rit James, les yeux brillants d'excitation. Sirius, tout aussi amusé, hoche la tête en riant.

« Il va avoir des ennuis, c'est sûr. Mais quel spectacle ! Dommage que ça ait coupé notre cours, j'aimais bien ce qu'on faisait. »

Donnez du feu à un Gryffondor, il s'amusera toujours. James et Sirius montent les escaliers du dortoir quatre à quatre, pour prendre leur jumelle pour aller regarder l'entraînement de l'équipe de quidditch. Mais alors qu'ils approchent de la salle de bain, ils entendent des bruits d'eau et des mouvements étouffés. Intrigués, ils poussent la porte et tombent sur Remus, en caleçon, en train de nettoyer une plaie le long de ses côtes. Remus, surpris, sursaute, tentant maladroitement de cacher sa blessure.

« Merlin ! Remus, qu'est-ce qui s'est passé ? » s'exclame James, son ton soudain sérieux. Remus, rougissant légèrement, balbutie une réponse.

« Oh, ce n'est rien. Je... je suis tombé hier en aidant ma tante à tailler un arbre. Ça a l'air pire que ça ne l'est. » Sirius, observant la blessure de plus près, fronce les sourcils.

« Ça ressemble plutôt à une griffure de gros chien, tu ne trouves pas ? Tu ne t'es pas battu avec un animal ? » demande-t-il, son instinct lui criant que quelque chose ne colle pas.

Remus, évitant leur regard, secoue la tête. « Non, non, c'est vraiment un accident bête. J'ai glissé et je suis tombé sur une branche. » James, bien qu'ayant des doutes, choisit de ne rien dire. Ils ont déjà remarqué que Remus avait de drôles de cicatrices, elles n'étaient pas toutes cicatrisées mais ils n'étaient jamais tombés sur une cicatrice encore ouverte. Il sait que Remus n'est pas du genre à se battre, mais quelque chose dans son histoire ne sonne pas juste. Cependant, il respecte la décision de Remus de ne pas en dire plus.

« Tu devrais peut-être aller voir Pomfresh, Remus. Ça a l'air douloureux, » conseille Sirius, en regardant de plus près la plaie, un peu trop près au goût de Remus qui recule d'un pas.

Remus, hochant la tête, répond doucement : « Oui, je vais y aller. Ne vous inquiétez pas pour moi. »

Après que Remus ait quitté la salle de bain, James et Sirius se regardent, un air de perplexité sur le visage. « Tu crois vraiment à son histoire d'arbre ? » demande Sirius à voix basse.

James, haussant les épaules, répond : « Pas du tout. Remus n'est pas du genre à mentir, mais c'est vrai que ça semble étrange, son histoire de branche.

— C'est peut-être une branche avec des griffes… Sa tante élève peut-être des mandragores ? »

5e jour de mai 1972

Dans la lumière dorée du soleil de mai, le parc de Poudlard baigne dans une atmosphère presque irréelle. Severus, le regard plongé dans les profondeurs du "Manifeste du Parti communiste", est étendu avec mollesse contre le vieux tronc rugueux du chêne. Les pages du livre dansent sous le souffle doux du vent, mais il reste inébranlable, absorbé dans sa lecture.

Esther, à ses côtés, délaisse son propre manuel de métamorphose. Elle l'observe, un mélange de curiosité et une pointe de moquerie dans les yeux. Elle se demande si Severus saisit vraiment la portée des mots qu'il dévore avec tant de ferveur, ou s'il se contente de jouer un rôle, celui de l'adulte.

« Pourquoi t'évertues-tu à lire ça ? » demande-t-elle, un sourcil levé, sa voix teintée d'une curiosité espiègle.

Severus tourne une page, son expression sérieuse, presque sculptée dans la concentration. « Parce que je trouve ça intéressant, » dit-il avec une assurance tranquille.

« Et le livre d'économie que tu m'as demandé ? » insiste Esther, penchée vers lui.

Il ferme brièvement les yeux, semblant puiser dans ses pensées. « Pour vérifier si ce que je ne sais pas sur l'économie confirme ce qu'il y a ici. Je pars du principe que si une idée me plaît, il faut encore plus la remettre en question que si elle ne m'intéressait pas, » explique-t-il avec une gravité mesurée.

« Oui, c'est le principe, merci, » réplique-t-elle avec une pointe d'ironie dans la voix, un sourire en coin. Elle marque une pause, puis ajoute, sa curiosité piquée : « Mais attends, qu'est-ce qui te plaît tant que ça là-dedans ? »

« L'idée d'égalité, » répond-il, sa voix s'animant. « Il est débile de croire que le sang détermine la valeur d'une personne. Nous sommes tous nés égaux, et c'est la société qui crée les inégalités. Tout comme un mineur n'est pas moins digne qu'un propriétaire d'usine, un Moldu ou un né-Moldu n'est pas moins digne qu'un sorcier de sang-pur. »

Elle hoche la tête, le regard pensif. « Égaux, je ne pense pas.

— Pourquoi ? » demande Severus, son intonation montant légèrement.

« Pour certaines choses, les né-Moldus n'ont pas les mêmes intérêts que les sang-pur ou les sang-mêlés à préserver le secret.

— Ce n'est pas mon sujet, » coupe-t-il, un brin d'impatience dans la voix. « Factuellement, est-ce que tu vaux mieux que Lily ?

— Oui.

— Pardon ?! » Severus souffle, ses yeux sombres fixés sur Esther, sa surprise évidente.

Esther lui répond, sa voix calme et posée. « Bah, je ne l'apprécie pas et comme tout humain est gouverné par ses propres intérêts, ce serait hypocrite de te dire que je ne me pense pas mieux qu'elle. Mais techniquement, elle vaut autant que moi sur le point de vue juridique. »

Il réfléchit un instant, son front légèrement plissé. « Hum. Parlons seulement d'un point de vue objectif.

— Personne n'est objectif.

— D'un point de vue matériel alors. Et pourquoi tu n'apprécies pas Lily ?

— Pourquoi n'apprécies-tu pas Remus ? Envie de te justifier ? » rétorque-t-elle, sa voix empreinte d'un défi tranquille. « Non ? Je ne critique pas ton amie, tu ne critiques pas les miens et les gnomes seront bien gardés.

— Soit. Donc, tu es d'accord que d'un point de vue intelligence, puissance et capacité, les sang-pur et les né-Moldus sont égaux, » poursuit-il, sa voix gagnant en assurance.

« Bah oui.

— Alors ça ne te dérange pas cette inégalité aujourd'hui ?

— Bah non, puisqu'elle sert mes intérêts. Tu parles comme un Gryffondor. Pourquoi est-ce qu'elle te dérange ?

— Ça ne sert pas mes intérêts.

— Et c'est pour ça qu'on va tout faire pour faire virer Malfoy, » lance-t-elle, son regard s'enflammant d'une passion soudaine.

« Non, ça c'est toi. Tu te bats toute seule contre lui. Pas mon problème, » répond Severus, détaché.

« Et ton idéal de convergence des luttes ? En plus, Malfoy représente tout ce que tu détestes chez les sang-pur, » continue-t-elle, sa voix prenant une teinte de reproche.

« Oui, mais je ne veux pas me le mettre à dos, il représente l'autorité et pourrait avoir du pouvoir sur moi, »

« Est-ce que quelqu'un a écrit sur la fraternité à Serpentard ? » demande Esther, un brin d'espoir dans sa voix.

« Ça n'existe pas. Pourquoi écrire dessus ? » répond-il, pragmatique.

« Pourquoi lire un livre sur l'égalité que tu n'auras pas ? La liberté, ça ne se donne pas, ça se prend, si on suit ta logique. Vas-y, Severus, rebelle-toi, fais la révolution, je te regarderai et je serai fière de toi, » dit-elle, sa voix portant un mélange de défi et d'encouragement.

« Dixit celle qui veut renverser le préfet, » réplique Severus, un sourire espiègle illuminant son visage.

— Oh, j'aime la révolution car ça fait du bazar. Dans ce brouhaha, il est plus simple de servir ses intérêts. Pas d'ordre établi, pas de vraies règles. Tu t'écroules dans l'ordre, je me relève dans le désordre, »

6e jour de mai 1972

Esther sort du bureau de son directeur de maison, les mains crispées et les ongles enfoncés dans ses paumes. Elle contient avec peine sa colère et son indignation face à l'injustice qu'elle vient de subir. Pour une fois, elle est innocente, ce qui rend l'accusation encore plus amère à supporter. Le sentiment d'être la cible d'une injustice sans fondement la saisit de plein fouet, nourrissant sa frustration et son ressentiment. Elle se sent comme une martyre, victime d'un système qui ne cherche même pas à entendre sa version des faits. Qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre…

La colère bouillonne en elle, mais Esther sait qu'elle doit garder son calme et ne pas laisser ses émotions prendre le dessus. Elle décide de canaliser cette énergie négative vers une résolution déterminée à prouver son innocence, à rétablir la vérité et à faire face à cette injustice de front.

Ainsi, avec une détermination renforcée, Esther s'élance dans un nouveau défi, bien décidée à démêler les fils de cette affaire et à prouver au monde qu'elle est bien plus qu'une simple victime de circonstances. Elle va se battre pour sa vérité, quel qu'en soit le prix.

Le regard empli d'une détermination féroce, Esther s'engouffre dans la salle située au quatrième étage, qu'ils ont réussi à transformer en leur espace personnel. Ces appartements abandonnés ont été nettoyés et aménagés selon leurs préférences, mais cela n'a pas été une tâche aisée. Les désaccords fusent, chacun défendant ses propres couleurs et préférences.

Sirius, Peter et James sont partisans des couleurs de Gryffondor, tandis que Remus se fiche plutôt de la décoration. Quant à Iseobel et Esther, elles sont catégoriques : rien de Gryffondor. Les discussions animées se transforment rapidement en disputes passionnées, avec Sirius en tête pour contester chaque proposition.

Face à ce chaos, Remus a finalement tranché et a décidé que la décoration serait d'un sobre beige, une sorte de compromis entre toutes leurs volontés.

« J'en ai marre ! Pourquoi est-ce toujours moi qui suis accusée, dans ce bas monde ? J'en ai marre ! » se lamente la jeune fille, s'affalant sur le canapé et étendant ses jambes sur celles de Remus, qui est assis en train de lire un livre.

Remus ne lève pas les yeux de son livre et répond d'un ton calme : « Surtout, ne te dérange pas. »

Esther fronce les sourcils, feignant d'être boudeuse. « Tu sais, un jour je vais être jalouse. Tu te préoccupes plus de ton livre que de mes malheurs ! » Elle glisse ses bras sous sa tête, adoptant une pose théâtrale pour attirer l'attention de son ami.

Remus pose finalement son livre sur ses genoux et lui adresse un regard amusé. « Si tu es assez grande pour t'attirer des ennuis, je suis certain que tu es assez grande pour les régler, » il donne un petit coup avec son livre sur la jambe d'Esther « et sans geindre si possible ». Il tourne la page de son livre, reprenant sa lecture avec un léger sourire.

Esther, ne se laissant pas démonter, relève la tête et lui lance un regard faussement offensé. « Tu te préoccupes plus de ton livre que de mon malheur ! » s'offusque-t-elle, jouant la comédie en glissant ses bras sous sa tête.

Sirius, qui joue aux échecs avec Peter sur la table du salon, interrompt sa partie et ajoute avec un air moqueur : « C'est Sainte Mangouste qui se moque de Pomfresh là ! »

La jeune fille est d'une mauvaise foi incroyable, ce qui a le don d'enrager l'héritier des Black. Les disputes et les piques entre eux sont monnaie courante, et leurs amis se sont habitués à ce spectacle. Après tout, ils n'ont pas vraiment eu le choix. Peter, quant à lui, avec son QI « de moule » selon Esther, se contente de se taire et de souffler.

« Tais-toi, Sirius, et concentre-toi. Peter gagne… et pour que Peter gagne, c'est que tu ne sais pas jouer », taquine Esther d'un ton moqueur.

— Hey ! gronde Peter en réaction.

« Bah quoi ? Tu ne sais pas jouer aux échecs, c'est un fait avéré », réplique-t-elle comme si c'était une vérité générale.

— T'es pas obligé de te moquer.

— Et toi, t'es pas obligée de jouer », lui crache-t-elle à la figure. « Quand on ne sait pas jouer, il ne faut pas s'étonner de se prendre des critiques. Faut assumer.

— Que tu sois de mauvaise humeur il y a peut-être une raison, mais il n'y en a aucune pour que tu déboules ici et pour être aussi aigre du Xérès, alors tais-toi veux-tu ? » marmonne Remus.

Esther, bouillonnant de colère à cause de l'accusation injuste dont elle vient d'être la victime, ne se laisse pas démonter. « Je suis désolée, mais en fait non je ne suis pas désolée. Donc, heu où j'en étais, voilà ! une phrase con, une réponse con. »

« La liberté d'expression, tu connais ? » grommelle Remus. « Tu sais on ne te retient pas, si c'est pour être aussi amer va persifler avec Snape. »

Esther croise les bras, se sentant défensive. « La liberté d'expression, c'est pour les humains, pas pour les cons. »

Remus fronce les sourcils, contenant sa colère. « Tu considères donc que les hybrides n'étant pas humains n'ont pas droit à la liberté d'expression ? »

« Les hybrides ont droit à la liberté d'expression, ils sont à 50 % humains. Lui, il est à 100 % con », rétorque Esther avec sarcasme, ne reculant pas malgré l'atmosphère tendue qui règne dans la pièce. Ses mots sont empreints d'une fureur et d'une assurance qui contrastent avec la sérénité du reste du groupe. Elle soutient son regard avec un mélange de détermination et de provocation, exprimant sa colère face à l'injustice qu'elle ressent.

« DRIIIIIINNNNG » crie Isobel sur le canapé alors que tout le monde se retourne vers elle.

« Qu'est-ce qu'il te prend ? » demande James étonné

« Pardon c'était l'alarme de mon "Cadégénèrejemebaromatic", je dois y aller. »

La blague, faute d'être véritablement drôle, a le mérite de faire redescendre la pression. Isobel range ses parchemins tranquillement.

« Sinon, c'est quoi encore ton "grand malheur" ? » demande Remus en tournant tranquillement la page de son livre.

Esther se tourne vers lui, le visage empreint d'exaspération. « Ah, tu te souviens quand les cravates de Serpentard avaient été teintes en jaune ? » Remus hoche la tête, ses yeux se posant brièvement sur James qui affiche un sourire à peine dissimulé. « Bah, c'est moi qu'on accuse. » s'écrie-t-elle, gesticulant pour souligner son point.

Remus garde son calme, réfléchissant avant de répondre : « En même temps, ils ne t'accusent pas toujours à tort. Qui a volé les lacets des Poufsouffles ? Qui a empoisonné la table des Poufsouffles ? Qui a mis des chewing-gums piégés sur leur table ? Faudrait que tu arrêtes de t'attaquer à Poufsouffle aussi… »

James, assis à côté d'Isobel, griffonne des notes sur son parchemin tout en écoutant attentivement la conversation. Il ajoute calmement : « Remus a raison, Esther. Tu ne peux pas te défendre en accusant tout le monde sans preuve. Ça ne fait que renforcer les soupçons sur toi.

— Oui, mais c'est là que ça n'a aucun sens. J'attaque toujours les Poufsouffles, pourquoi est-ce que je m'en prendrais à ma propre maison ? » s'interroge Esther, sa voix teintée de frustration.

Remus réfléchit un instant avant de répondre : « Peut-être que tu ne les supportes pas ? »

Sirius, joueur et goguenard, intervient en prenant la tour de Peter dans sa partie d'échecs. « Qui est-ce qu'elle supporte de toute façon, à part Remus ? »

« Snape et Isobel quand elle ne la gronde pas », répond James.

Esther croise les bras, vexée par la remarque. « Ce n'est pas moi qui ai fait le coup, pour une fois. Alors, qui est responsable ? » s'emporte-t-elle, cherchant une réponse à ses propres questions.

« C'est James et Sirius », révèle Isobel en enfilant sa cape.

« Hey ! Pourquoi tu nous dénonces ! » proteste Sirius, tandis que James soupire.

« Parce que sinon elle va encore en parler pendant des jours et je veux pouvoir dormir », explique Isobel.

« C'ÉTAIT VOUS ! J'ai des heures de colle jusqu'à juin ! En plus, Malefoy en a rajouté une couche et je dois les faire avec Rusard ! Rusard ! » s'indigne Esther, se relevant brusquement comme une furie.

« Tu peux bien prendre notre place, c'est nous qui avons pris pour la fois où tu es allée voler tous les objets confisqués dans le bureau de ce même Rusard ! » rétorque Sirius, faisant tomber la Reine de Peter dans son agitation.

« Merlin ! Voler suppose qu'il existe un propriétaire, or, on ne peut voler la censure. Je les ai juste récupérées », s'insurge la jeune fille, répliquant avec véhémence en se levant.

« Appelle ça comme tu veux, en attendant ils ont cru que c'était James et moi, et on a pris pour toi ! » proteste Sirius.

« Ça vous arrangeait bien de retrouver vos affaires ! » riposte Esther.

« Oui, mais ça ne nous arrangeait pas de prendre des colles ! » rétorque James.

« Hun ! La prochaine fois vous vous débrouillerez pour récupérer vos affaires ! » clame Esther d'un ton vindicatif, claquant la porte derrière elle dans un geste théâtral, laissant ses amis médusés.

Elle s'élance à travers les couloirs du château, son pas déterminé résonnant sur les dalles de pierre. Son visage arbore une expression de défi, ses mains serrées en poings témoignant de sa frustration. Les regards curieux des autres élèves se posent sur elle alors qu'elle traverse leur chemin avec assurance.

Remus soupire, habitué aux réactions explosives de son amie. « Pourquoi a-t-elle toujours besoin d'être aussi grandiloquente ? » murmure-t-il pour lui-même.

Peter, qui a assisté à toute la scène, ne peut s'empêcher de demander : « Ça veut dire quoi, "grandiloquente" ? »

Remus secoue la tête, un sourire amusé étirant ses lèvres.

« Laisse tomber, Peter, échec et mat », répond Sirius calmement, qui n'a jamais quitté des yeux leur partie.

15e jour de Mai 1972

Tout commence comme ça :

Dans le dortoir des garçons de Gryffondor, l'après-midi touche à sa fin. Sirius, avec son air habituellement insouciant, fouille parmi les affaires éparpillées sur un bureau. Il s'empare d'un enchevêtrement de feuilles, un assemblage hétéroclite de morceaux de parchemin liés par de la ficelle de cuisine, gribouillés de toutes parts.

« C'est quoi ce truc ? » demande-t-il, la curiosité piquée, en brandissant l'objet devant lui.

Remus, assis sur son lit, s'affaire à cirer méticuleusement ses chaussures. Il lève un regard calme mais légèrement réprobateur vers Sirius. « Peter a laissé ça tout à l'heure. Ne touche pas à ses affaires, tu n'aimerais pas qu'on fasse la même chose avec les tiennes, » conseille-t-il, reprenant son travail avec une attention particulière.

« Tais-toi et regarde. On dirait un plan, » rétorque Sirius, déroulant le parchemin avec précaution, faisant danser les ficelles dans l'air.

« Parce que c'est un plan, » intervient Peter, sa voix tranquille tranchant avec l'excitation de Sirius. Il sort de la salle de bain, une serviette nouée autour de la tête, ses pas légers sur le plancher de bois.

Sirius, intrigué, se penche sur le parchemin. « C'est un plan de quoi ? »

Remus, toujours concentré sur ses chaussures, lance d'un ton moqueur : « Puisqu'il y a écrit Grande Salle, bureau de Dumbledore et lac noir, ça doit être Piccadilly Circus, Sirius. »

Peter, s'approchant, explique avec une pointe de fierté : « Je suis en train de faire un vrai plan de Poudlard. Ceux qu'on trouve dans 'L'Histoire de Poudlard' ne sont pas très complets. »

« Mais attends, comment tu connais la taille du bureau de Dumbledore ? » demande Sirius, ses yeux pétillants d'admiration.

Peter, un sourire timide aux lèvres, raconte : « J'y suis allé une fois en octobre. Il m'a convoqué quand Selwyn m'a enfoncé la tête dans les toilettes. Et puis, j'y suis retourné avec les elfes une fois, mais je lui avais demandé la permission. »

Sirius, les sourcils haussés, s'exclame : « T'as demandé à Dumby sa permission pour cartographier son bureau ? »

« Hum, non, je lui ai dit que j'étais admiratif et il m'a fait faire un petit tour. Tu savais qu'il avait un phénix ? »

Sirius, secouant la tête, marmonne : « Non, je savais pas… Mais comment ça se fait que tu aies fait tout ça ? »

— Quand tu fais le débile, on se méfie pas trop de toi. Ça fonctionne plutôt bien.

Sirius, soudain inspiré, suggère : « Tu sais que c'est une bonne idée de cartographier Poudlard ? Ce qui serait encore mieux, c'est cartographier les gens. »

Remus, levant les yeux de ses chaussures, lance d'un ton sec : « Ça s'appelle l'anatomie, ça, Sirius. »

— Non, mais savoir où ils sont à chaque instant dans Poudlard. Comme ça, on saurait toujours si McGo est dans le coin. »

Peter, les yeux brillants, s'exclame : « C'est une super idée ! »

— Et avec mes talents en sortilèges, on devrait pouvoir trafiquer un peu ta carte. James et toi, vous dessinez pas trop mal. Avec ça, on devrait pouvoir faire une super carte. »

Remus, levant les yeux au ciel, marmonne : « Ça va, la modestie, Sirius ?

— Je ne vais pas faire comme si je n'étais pas le premier en sortilèges et en métamorphose.

— Non, mais tu pourrais éviter de te vanter, » rétorque Remus, un sourire en coin.

Sirius, avec un clin d'œil, lance : « Ne sois pas jaloux, ça ne te va pas. »

25e jour de Mai 1972

Esther, les sourcils froncés et les yeux brillants de détermination, bondit près de Severus, qui est assis sur un des fauteuils près du feu, son regard fixé sur un point invisible. Ses gestes sont vifs, reflétant l'intensité de ses émotions.

« Je ne vais pas le laisser faire ça, Sev » déclare-t-elle, sa voix trahissant son indignation. « Malfoy ne peut pas s'en tirer comme ça. »

Severus, levant un regard résigné vers Esther, rétorque : « Je t'ai déjà dit que c'était une idée pourrie. Aller se plaindre à Slughorn pourrait aggraver les choses. »

Imperturbable, elle s'assoit sur l'accoudoir du fauteuil, appuyant son coude contre le dossier. Elle incline la tête vers lui, son expression mêlant défi et détermination. « Il me menace de me faire perdre des points parce que je fréquente des Gryffondor. C'est ridicule ! »

Severus soupire, l'irritation perce dans sa voix. « C'est Lucius, Esther. Il a le pouvoir et la protection de Slughorn. Il faut être stratégique. Tu ne veux pas te mettre tous les Serpentard à dos. Et peux-tu te décaler ? » Il émet un léger grognement, son espace personnel envahi par la Serpentarde.

Esther s'agite légèrement, ignorant délibérément sa demande concernant l'espace personnel. « Je refuse d'être intimidée par ses menaces nulles. Il n'a pas le droit de dicter avec qui je peux ou ne peux pas traîner. »

Sa patience s'amenuisant, il souffle bruyamment. « D'accord, disons que tu te plains à Slughorn. Et après ? Il va protéger son préfet. Il faudrait plutôt aller voir McGonagall si Malfoy met vraiment ses menaces à exécution. »

S'arrêtant net, elle pivote pour faire face à Severus. « Tu crois vraiment que McGonagall ferait quelque chose ? Elle est aussi biaisée que Slughorn, peut-être même plus. »

« Peut-être, mais elle est plus encline à défendre tes pseudos équité et justice. Tu as plus de chances avec elle, et puis elle ne verra pas de problème à ce que tu côtoies de gentils petits Gryffondor. » Il prononce ces derniers mots avec une pointe de dédain.

Esther, mordillant sa lèvre inférieure, se perd dans ses pensées. « Je déteste me sentir impuissante. Malfoy se croit tout permis parce qu'il est préfet et qu'il a Slughorn dans sa poche. J'en ai marre d'être une fille. T'as pas une potion pour changer de sexe ? »

Severus, arquant un sourcil, réplique : « Je vois pas le rapport avec le fait d'être une fille.

— Quand t'es une fille, tout le monde te dit quoi faire, qui tu dois fréquenter, comment t'habiller, qui tu dois épouser.

— Ça, c'est parce que tu es un enfant. C'est quoi cette histoire d'épouser ? Lucius t'a fait une demande ? » Dit-il en esquissant un sourire narquois.

« Je te raconterai en temps voulu, mais non, pour l'amour de Merlin, il ne m'en a pas fait. » Severus se lève soudain, quittant la salle commune.

« Hey ! J'ai pas fini ma discussion. » Crie-t-elle.

Severus, s'éloigne les bras croisés dans le dos. « C'est pour ça que je vais dans un endroit où tu ne pourras pas me suivre, » Rit-il en direction de son dortoir.

27e jour de mai 1972

Esther tapote impatiemment son pied sur le sol de la bibliothèque, ses yeux roulant d'ennui. Severus , son ami aux traits sérieux, semble tourner autour du pot depuis une éternité avec son histoire de sortilège. Esther soupire.

Ça doit bien faire 15 minutes que Severus tourne autour du pot avec son histoire de sortilège Esther en a marre. Pourquoi l'avertir pendant 15 minutes pour un pauvre sortilège ? il n'a quand même pas inventé la bombe atomique par merlin. Cela dit il serait fort capable d'inventer un sort sur la bombe atomique. enfin pas maintenant peut-être dans 20 ans. Elle l'imagine, un instant, en Severus Oppenheimer Snape, mais secoue rapidement la tête pour chasser cette pensée absurde.

En attendant elle est presque sûre qu'il n'a pas encore les capacités de faire une bombe ou alors juste une petite bombe, une bombinette ? En tout cas il ne va certainement pas tester sa bombinette en plein milieu de la bibliothèque de Poudlard. Alors ça ne doit pas être une bombe. Il la prévient comme si c'était aussi grave qu'une bombe. Lassée des avertissements répétés de Severus – huit fois, ou était-ce neuf ? –, elle attend avec impatience qu'il révèle enfin son secret. ils sont cachés derrière une étagère au rayon « anatomie des créatures magiques » personne à l'horizon depuis au moins l'accession au trône de la reine Victoria.

Soudain, Severus sort sa baguette avec un air de gravité. Il pointe l'objet vers Esther et prononce le sortilège de Bloclang. Esther, les yeux écarquillés, tente de protester, mais sa langue est collée à son palais, la rendant muette. Elle gesticule, furieuse et désorientée, tandis que Severus la regarde, un sourire en coin, pendant près d'une minute avant de finalement annuler le sort.

« Par Salazar, apprends-moi ce truc ! Je vais m'en servir tous les jours avec Sirius ! » s'exclame Esther, sa voix vibrante d'excitation.

Severus, inclinant la tête, demande d'un ton neutre : « Est-ce que tu sais s'il y a des brevets à déposer sur les sortilèges ? »

Esther, levant les yeux au ciel, répond : « Bien sûr qu'il y en a, mais je doute que ça rapporte beaucoup, vu qu'un sortilège se transmet facilement. Comment est-ce que tu fais pour inventer un sortilège ? »

« Je ne vais certainement pas te le dire, sinon tu en ferais un contre moi, » rétorque Severus avec un sourcil levé.

Esther, le regard malicieux, insiste : « C'est fort probable. Alors, tu pourrais en faire un pour moi, contre Malfoy ? »

Severus croise les bras, pensif. « Ça dépend. Est-ce que j'y gagne quelque chose en échange ? »

« Ma reconnaissance éternelle ? » propose Esther, un sourire espiègle aux lèvres.

Severus, secouant la tête, réplique : « Alors ça, j'en ai rien à faire. »

Esther, feignant l'indignation, continue : « Des galions ? »

« Je ne suis pas un mendiant, » répond Severus avec un soupir exaspéré.

« Ne te sens pas insulté. Tu demandes une rémunération, je te propose de l'argent. Je ne vois pas où est le problème, » riposte Esther, son ton légèrement défensif.

« J'entends, mais je ne veux pas d'argent.

— Dis-moi ton prix, il sera le mien,

— Le bouquin d'économie. Trouve-moi un bon bouquin d'économie moldu, » exige Severus, ses yeux brillant d'un intérêt nouveau.

Esther, surprise, écarquille les yeux. « Mais je trouve ça où, moi ?

— Ah, tu te débrouilles. Chacun son mystère. Je te fais des sortilèges, tu me trouves des bouquins d'éco, » répond Severus avec un sourire en coin.

« Je vais voir ce que je peux faire… » concède Esther, sa voix teintée d'une légère hésitation.

Severus, se redressant, avertit d'une voix ferme : « Je te préviens, si j'entends quoi que ce soit comme quoi Lucius sait que c'est moi qui ai fabriqué ton sortilège à la noix, je te balance et en plus, je te pourris la vie. J'ai pas besoin que la mienne soit encore pire que maintenant. »

« T'es dur en affaires, mais ok, » répond Esther, un sourire résigné sur les lèvres.

30e jour de Mai 1972

Dans les jardins verdoyants de Poudlard, Esther et James profitent de la douceur du printemps, assis sous un grand arbre. Le ciel bleu s'étend au-dessus d'eux, et ils savourent ce moment de tranquillité, rare dans l'effervescence habituelle de l'école. Isobel et Sirius sont occupés, les laissant seuls pour discuter et rire ensemble.

Soudain, Remus les rejoint, arrivant avec une légère hâte qui interrompt leur conversation. Son souffle court, comme s'il viennait de courir.

« Je ne te demande pas où tu étais hier, n'est-ce pas ? » commence Esther avec une pointe de malice dans la voix. Sa curiosité est éveillée, elle observe Remus attentivement, cherchant des indices dans ses réactions.

Un peu agacé, il répond avec impatience « C'est toujours la même réponse, je ne sais pas pourquoi tu t'évertues à demander. »

Insatisfaite de sa réponse évasive, elle insiste. « Parce que je ne te crois pas. Je me dis que peut-être tu me diras la vérité, alors je tente. »

Remus, clairement vexé par l'insistance, se redresse, son ton devenant plus sec. « Je ne te dois aucune vérité, quand bien même je mentirais, ce qui n'est pas le cas. »

La tension monte entre eux, et levant un sourcil, elle lance une pique : « Ta fausse tante va mieux ? » Sa voix est teintée d'ironie, et elle ne cache pas son scepticisme.

Remus, réplique sur un ton mordant : « Ma vraie tante t'embrasse. »

James, observant la scène, intervient, tentant de calmer les esprits. « Wow, vous vous calmez tous les deux. Remus, tu as l'air à cran, va te reposer. Et toi, Esther, crois-le ou fais semblant, tu vois bien qu'il n'est pas dans son état normal. »

Cependant, elle ne lâche pas prise et lance une dernière remarque acerbe à Remus : « Va voir l'infirmière, si j'y suis, tu as une tête de cadavre ! » Son ton est provocateur, cherchant clairement à le pousser à bout.

Remus, les yeux glaciaux, se retourne et s'éloigne, les laissant seuls sous l'arbre. Elle s'allonge dans l'herbe, un air satisfait sur le visage, comme si elle avait gagné une sorte de victoire personnelle.

James ne peut s'empêcher de se sentir inquiet. « Tu as quoi dans la tête pour sortir ce genre de truc franchement ? 'T'as une tête de cadavre' tu t'es cru où ? Tu vois bien qu'il n'est pas normal ? »

Le regardant, elle répond avec un sourire ironique : « C'est justement pour ça que j'essaie de lui faire perdre patience. Je déteste ne pas savoir. »

Alors que Remus s'éloigne, disparaissant de leur vue, il se tourne vers elle, un air sérieux et pensif sur le visage. Il semble hésiter, pesant ses mots avant de parler. « Je dois te dire quelque chose que j'ai vu il y a un mois dans la salle de bain. Quand Wooltrop a foutu le feu à la serre numéro cinq, on est rentré plus tôt avec Sirius, et Remus avait une énorme griffure sur ses côtes, qu'il était en train de soigner dans la salle de bain. Ça ressemblait vachement à une griffure de gros chien. »

Esther, fronçant les sourcils, répond : « Une griffure de chien ? Remus déteste les animaux. Et c'est réciproque, à part mon chat aucun animal ne l'approche, à peine les hiboux et seulement s'ils en sont obligés. » Sa voix trahit une pointe de scepticisme, mêlée à de l'inquiétude.

James, a son regard suivant la direction dans laquelle Remus a disparu, semble perdu dans ses pensées. « Je sais, mais je pense qu'il ne veut pas qu'on s'inquiète pour lui. »

Assise en tailleur sur l'herbe, elle joue distraitement avec un brin d'herbe tout en réfléchissant. « Je ne sais pas, James. J'aime bien Remus, il y a quelque chose d'inattendu chez lui. Mais le revers de la médaille, c'est que je ne sais jamais ce qu'il pense vraiment. Il ne me semble pas toujours très franc.

— Chacun a son jardin secret. Peut-être qu'il a ses raisons de ne pas tout nous dire.

— Oui, mais dans mon jardin secret à moi, il n'y a pas un chien qui m'attaque et qui me fait disparaître tous les quatre matins.

— Oh Esther, arrête de rire, s'il te plaît, ça a l'air grave ! » insiste James, son sourire s'effaçant face à la gravité de la situation.

Levant les yeux au ciel, elle lance avec un rire moqueur : « Imagine-le en train de se battre avec un petit chien de grand-mère, et tu verras que tu riras aussi. » Elle tente de détendre l'atmosphère, mais son rire ne parvient pas à dissiper complètement l'ombre de l'inquiétude.

James, malgré la tension, ne peut s'empêcher de sourire à la remarque.

1er jour de juin 1972

Sur le vieux pont de bois, Lily et Remus, absorbés dans leur conversation, semblent insouciants et joyeux. Leurs rires s'envolent dans l'air, portés par une brise légère.

À l'autre bout du pont, Severus Rogue observe la scène, caché dans l'ombre. Son expression est douloureuse. Chaque éclat de rire partagé entre Lily et Remus est comme un coup de poignard dans son cœur. Il se sent abandonné, de plus en plus éloigné de Lily, son amie d'enfance, et cela le tourmente au-delà des mots.

Avant, lorsque Lily passe du temps avec d'autres filles, Severus trouve un certain réconfort en se disant qu'elle a simplement besoin de parler de « trucs de filles ». Mais la voir rire avec Lupin, c'est une douleur d'un tout autre niveau. C'est comme s'il assiste à la perte d'une part de lui-même, une part qu'il ne récupérera jamais.

Les doigts de Severus se crispent autour de sa baguette, la pression faisant blanchir ses jointures. Sa haine envers Lupin grandit de seconde en seconde. Lupin, avec sa gentillesse naturelle et son charme discret, est tout ce que Severus n'est pas. Et le pire, c'est de le voir si proche de Lily, partageant des moments que Severus désire ardemment pour lui-même.

Le rire de Lily résonne dans l'esprit de Severus, un son qui autrefois lui apportait du réconfort, mais qui maintenant le tourmente sans relâche. Chaque rire est un rappel de sa solitude et de son incapacité à exprimer ses sentiments les plus profonds.

Plein de résignation, Severus se tourne pour partir, son cœur lourd de chagrin. Mais un sentiment irrésistible le retient. Il veut, non, il a besoin de comprendre. Pourquoi Lily préfère-t-elle la compagnie de Lupin ? Qu'a-t-il de si spécial, de si différent ?

Se dissimulant derrière une colonne, Severus tend l'oreille. Leur conversation, centrée sur des sujets aussi banals que les devoirs et les cours, ne semble pas justifier une telle intimité. Severus se sent perdu, égaré dans un labyrinthe de questions sans réponses.

Tandis que le soleil commence sa descente, teintant le ciel d'une palette de couleurs chaudes, Severus se retire dans l'ombre, se promettant à lui-même de ne jamais laisser Lupin empiéter sur ce qu'il considère comme le sien. Il sait que quelque chose est brisé en lui, quelque chose d'irréparable. Et dans le silence de sa solitude, il fait le serment de lutter, peu importe le prix à payer.

15e jour de Juin 1972

Le matin du 15 juin 1972, la Grande Salle de Poudlard bourdonne de l'agitation habituelle du petit-déjeuner. Les élèves sont rassemblés autour des tables de leurs Maisons respectives, discutant et riant tout en se servant copieusement.

Severus Rogue, d'ordinaire réservé et discret, est assis à l'écart de ses camarades de Serpentard, perdu dans ses pensées. La solitude ne le dérange pas ; en fait, il la préfère souvent à la compagnie bruyante de ses camarades.

Soudain, un hibou aux plumes d'un noir luisant fend l'air de la Grande Salle et se dirige droit vers lui. C'est le hibou de la famille Walsh, un vieil oiseau qui porte fièrement son colis. Severus, surpris, lève les yeux alors que l'oiseau atterrit devant lui. Il commence à bien connaître cet oiseau ; il le voit au moins une fois par semaine, et il livre toujours à Esther, jamais à personne d'autre.

C'est la première fois que Severus reçoit quelque chose par hibou. Sa mère, une sorcière sans fortune, ne possède pas de hibou et n'aurait jamais pu en utiliser un pour lui envoyer quoi que ce soit, jamais son père ne l'aurait autorisé. L'excitation monte en lui, une sensation nouvelle et agréable.

Délicatement, il détache le paquet des serres du hibou. Il tend un morceau de pain que l'oiseau refuse avant de s'envoler et de se poser sur la tête d'Esther qui se met à râler. Severus, les mains légèrement tremblantes, ouvre le paquet pour révéler un livre épais : un manuel d'économie moldu.

Il parcourt rapidement les premières pages, son esprit vif absorbant avidement les informations. C'est exactement ce qu'il avait demandé à Esther. Elle a tenu sa promesse.

Esther, assise plus loin entre Isobel et la sœur Goldstein, observe la scène de loin, une fois qu'elle a réussi à retirer son hibou de ses cheveux. Elle affiche un sourire satisfait en voyant l'expression de Severus.

Severus, absorbé par le manuel, est inconscient des regards étonnés de ses camarades.

28e jour de Juin 1972

Dans les couloirs de Poudlard, Esther marche d'un pas rapide et décidé vers le bureau du professeur Slughorn. Elle a été convoquée de manière inattendue, ce qui a éveillé sa curiosité autant que son appréhension. Dernièrement, elle n'a commis aucune bêtise, ou du moins elle ne pense pas avoir été prise. Peut-être qu'elle s'est trompée. Peut-être que finalement Sirius l'a balancée pour le coup des poupées russes. Peut-être que finalement Peter s'est plaint de son harcèlement. D'habitude, Malfoy règle ses comptes avec elle en tête-à-tête. Elle n'est ni la meilleure ni la dernière, donc aucune raison de la convoquer pour un souci de note, et elle a presque rangé son coffre, donc aucune plainte d'Isabelle n'aurait été légitime sur le rangement du dortoir. Vraisemblablement, elle n'a aucune idée de la raison pour laquelle elle pourrait être convoquée par Slughorn un dimanche matin, deux jours avant de prendre le train. Parce qu'elle réitère, elle est presque sûre de n'avoir pas été vue pour le coup des poupées russes.

En entrant dans le bureau, elle est accueillie par son sourire jovial mais légèrement contraint. Cet espèce de sourire grinçant de façade que tient toujours Slughorn. Elle ne l'a jamais vu avec un autre sourire que cela, une espèce de sourire d'occasion, d'apparat, qui ressemble à un pompon en velours rouge qui pendouille contre un rideau. Un pompon plein de poussière et un peu défraîchi. Le professeur, un homme rondouillard aux manières affables, l'aime bien, mais seulement parce que son père a une place au Magenmagot et est un avocat assez influent. Sans cela, il ne l'aurait pas remarquée.

« Ah, Miss Walsh, entrez, je vous en prie, » dit Slughorn, lui indiquant un siège en face de son bureau encombré de divers objets s'amoncelant.

Esther s'assied, son regard curieux balayant la pièce. Elle connaît déjà bien les nombreuses photos d'anciens élèves qui brillent sur les étagères, pas un seul grain de poussière sur ses photos, contrairement à la bibliothèque ou sur les bocaux. Elle se demande si elle n'a jamais vu Slughorn pratiquer les potions.

« Je vous ai fait venir ici pour discuter de certaines... rumeurs qui circulent, » commence Slughorn, son ton soudainement sérieux trahissant une pointe d'inquiétude. Ses yeux observateurs sont fixés sur Esther, cherchant à déceler sa réaction.

Esther, redressant le dos, répond d'un ton dégagé mais légèrement provocateur : « Des rumeurs, professeur ? » Sa voix, bien que calme, porte une nuance de défi implicite.

« Oui, ma chère. Il semble que vous meniez une sorte de... campagne contre monsieur Malfoy. Vous savez, ce genre de comportement n'est pas très sage, » explique Slughorn, son regard scrutateur fixé sur Esther, comme pour sonder ses intentions.

Esther croise les jambes, une expression d'assurance dessinée sur son visage. « Je ne mène pas de campagne, professeur. Je m'exprime simplement sur des injustices que j'observe, » réplique-t-elle, sa voix ferme et convaincue.

Slughorn soupire, la frustration perçant dans son ton. « Miss Walsh, monsieur Malfoy sera préfet l'année prochaine. Il est important que vous compreniez que s'opposer à lui pourrait vous causer des ennuis. Vous avez un grand avenir devant vous, et je détesterais voir vos talents gâchés par des querelles d'enfants. »

Esther, fronçant les sourcils, réplique avec un ton piquant : « Mais si personne ne dit rien, comment les choses peuvent-elles changer ? »

« Parfois, ma chère, il faut savoir choisir ses batailles. Et je crois que vous avez un potentiel bien plus grand que de simples disputes avec vos camarades »

« Je comprends, professeur. Mais je ne pense pas que rester silencieuse soit la bonne solution. Dans la vie, monsieur Malfoy va apprendre qu'il n'est pas le seul et que des gens refuseront son autorité, » dit-elle, son ton déterminé mais teinté d'une pointe d'amertume.

Slughorn la regarde un moment, la frustration évidente dans son regard. « Une leçon à la fois, et la vôtre est d'apprendre à respecter l'autorité. La leçon de monsieur Malfoy viendra avec le temps. »

Esther, avec une lueur de défi dans les yeux, rétorque : « Bien professeur. Je vais me taire et obéir comme un gentil paillasson de monsieur Malfoy. Si c'est cela l'autorité, je m'y soumets. »

« Miss Walsh, vous frôlez…

— Je reformule ce que vous m'avez demandé, monsieur, afin que je comprenne au mieux ma leçon. Obéir à l'homme, même si l'on pense qu'ils sont des imbéciles notoires en plus d'être des incompétents et racistes corrompus. C'est bien le rôle d'une femme de sang pur, n'est-ce pas ? »

Slughorn, rouge de colère, s'écrie : « Quatre heures de colle avec Rusard ce soir, Miss Walsh.

— Oh, encore un homme, imbécile notoire, raciste et corrompu. Je les collectionne aujourd'hui.

— Dehors, Walsh ! » gronde Slughorn, sa patience à bout. »


Dans le dortoir des filles, Isobel, Adélaide et Isabelle sont censées ranger leurs affaires. J'utilise 'censées' car Adélaide est assise sur son coffre à califourchon en regardant Isabelle ranger et Isobel se faire les ongles.

Les affaires d'Adélaide sont éparpillées dans tout le dortoir, créant un désordre visuel qui contraste fortement avec l'ordre impeccable du coin d'Isabelle. « Est-ce vraiment nécessaire de tout ranger ? On pourrait laisser des choses ici, puisqu'on aura le même dortoir l'année prochaine, non ? » demande Adélaide.

Isabelle, se retournant, râle : « Le minimum, c'est de laisser l'endroit aussi propre qu'on l'a reçu. C'est une question de respect. » Elle plie chaque vêtement avec une précision chirurgicale, son visage affichant une concentration intense.

Isobel, qui a terminé sa manucure, regarde ses deux camarades. Elle ne veut pas qu'Isabelle commence à s'occuper de ses affaires. Elle sait que son tour viendra une fois qu'elle en aura fini avec Adé. D'un coup de baguette, ses affaires se plient dans la valise.

Se sentant un peu coupable, l'Allemande commence à ramasser ses affaires. « Je déteste ranger. Dis Iso, tu veux pas faire ton petit tour avec mes affaires ? » demande-t-elle, espérant une aide magique.

« Ce n'est pas te rendre service de te cacher systématiquement derrière un coup de baguette. Faut que tu saches un peu te débrouiller, » répond Isabelle, d'un ton qui se veut sévère mais qui trahit une pointe d'affection pour Adélaide.

Isobel, soupirant, lance finalement le sort sur les affaires d'Adélaide, les pliant et les rangeant dans la valise en un clin d'œil.

« Super, merci de me soutenir, toi. » murmure Isabelle, un peu amère mais pas réellement en colère. Elle ne comprend pas le laxisme de ses camarades, ni pourquoi même Isobel s'y met.

— Au moins, c'est fait. Tu veux que je t'aide peut-être ? Tu sais, t'es pas Moldu, je ne vois pas pourquoi tu te prends la tête, » propose Isobel, essayant de détendre l'atmosphère.

« Et tu feras comment quand tu n'auras pas ta baguette ? » réplique Isabelle, un brin de défi dans la voix.

« Je rangerai. C'est pas comme si je ne savais pas le faire, j'ai seulement la flemme. Ça ne t'arrive jamais d'avoir la flemme ? » demande Isobel, un sourire en coin.

« Si, puis je me raisonne en me disant que ce qui doit être fait, doit être bien fait, » répond Isabelle, une pointe de fierté dans sa voix.

« Tu me fais peur parfois, » lance Adélaide.

Isabelle, tout en continuant de ranger ses propres affaires, marmonne pour elle-même. Elle n'est pas vraiment en colère, mais elle ne peut s'empêcher de s'inquiéter du laxisme et du désordre de ses camarades. Entre Adélaide, qui s'étale partout, et Esther, avec son absence totale de notion de respect d'autrui et de l'espace personnel, Isabelle se sent souvent dépassée.

29e jour de Juin 1972

Ce matin-là, dans la bibliothèque lumineuse de Poudlard, Severus attend Esther avec une impatience teintée d'irritation. Il a patienté hier soir, espérant sa venue, mais elle n'est jamais apparue. Lorsqu'il la croise enfin, il ne peut s'empêcher de demander des explications sur son absence.

Esther, l'œil malicieux et un livre ouvert devant elle, se lance dans le récit de sa confrontation avec Slughorn la veille. Severus, écoutant, affiche un sourire mi-amusé, mi-impressionné. « Tu m'étonnes que tu te sois fait coller pour avoir parlé de cette manière à Slughorn, » dit-il, une lueur d'amusement dansant dans ses yeux sombres.

« Oui, mais ça valait le coup, » répond Esther d'un ton déterminé, haussant les épaules. « Je ne vais pas me laisser marcher sur les pieds, surtout pas par Malfoy ou Slughorn. »

Severus, secouant la tête, rétorque avec un brin de sagesse : « C'est absolument stupide, en plus gâteux comme il est, tu aurais pu être plus subtile dans ce que tu as dit.

— il n'aurait pas comprit quand je l'insultais.

— C'est pour ça que je te parle de subtilité. Mets de l'eau dans ton jus de citrouille de temps en temps, » conseille-t-il.

Esther, affichant un sourire narquois, riposte : « La subtilité, c'est pour ceux qui n'ont pas le courage de dire les choses comme elles sont. »

Les yeux étincelants d'un mélange de sarcasme et de défi, il lance : « Qu'est-ce que ça peut te faire que Slughorn sache ou non que tu penses qu'il est un véreux petit con ? »

Levant les yeux au ciel avec une expression de fausse innocence, elle réplique : « Je n'ai pas dit ça comme ça. »

Severus, un sourire moqueur aux lèvres, rétorque : « Tout au plus. »

Esther, se redressant fièrement, son regard brûlant d'une étincelle de révolte, répond : « Au moins moi, j'ai dit ce que je pensais, plutôt que de me faire marcher sur les pieds toute l'année et de grogner dans mon coin. À bon entendeur. »

Avec une pointe de sérieux dans sa voix, il la regarde et dit : « Il y a quelque chose de plus utile que de savoir parler, c'est savoir quand se taire.

— Pour ce que ça t'a réussi. Mais dis-moi, quel goût avait la cuvette la semaine dernière quand Rosier t'y a mis la tête ? »

Severus, levant un sourcil et esquissant un sourire malicieux, répond : « Le goût de la mention félicitations par le professeur Dumbledore pour meilleur bulletin cette année.

— Lèche-cul.

— Meilleur lèche-cul, s'il te plaît, » dit-il en rigolant.

Ce dernier, jouant distraitement avec sa plume, semble plongé dans ses pensées. Après un moment, il brise le silence, changeant de sujet avec une question qui semble lui tenir à cœur.

« Esther, je voulais te demander... pourrais-tu me donner ton adresse postale ? Je n'ai pas de hibou pour t'écrire pendant les vacances, et ça passerait inaperçu un hibou chez moi. » Sa voix, habituellement ferme et assurée, trahit une certaine hésitation, comme s'il craint sa réaction.

Esther, surprise par sa demande, fouille rapidement dans son sac et sort un morceau de parchemin sur lequel elle note son adresse à Plymouth. « Je ne serai pas à Plymouth tout l'été, mais papa me transmettra tes lettres. Tu me donneras ton adresse dans ta lettre ? » demande-t-elle, un sourire encourageant sur les lèvres.

Severus hoche la tête en signe d'acquiescement, un léger sourire naissant sur son visage habituellement sombre. Puis, comme pour détourner le sujet, Esther demande : « Et toi, qu'est-ce que tu vas faire pendant les vacances ? »

Severus, son regard s'assombrissant, répond d'une voix soudainement évasive : « Oh, pas grand-chose. Je vais probablement rester à la maison, lire, étudier un peu... » Il semble vouloir éviter le sujet, son regard fuyant celui d'Esther.

Esther, le regardant attentivement, sent qu'il cache quelque chose. « Tu ne pars pas du tout ? » insiste-t-elle, sa curiosité éveillée.

Severus, avec une pointe de tristesse dans la voix, répond : « Je ne sais pas trop, je n'ai pas eu de nouvelles de ma mère depuis Noël, on verra ce qu'elle a prévu. » Sa réponse sonne vide, comme s'il sait déjà que sa mère n'a rien prévu du tout, faute de moyens, ou juste d'avoir le droit d'avoir des moyens.

Esther, touchée par sa situation, suggère gentiment : « Si tu as le temps, peut-être que tu pourrais passer à la maison. En général, il y a souvent les garçons l'été, mais je suis sûre qu'il y aura bien un moment où je mettrai James et Sirius à la porte pour que tu viennes. »

Severus, un sourire timide aux lèvres, réplique : « On verra, mais mon père n'aime pas trop que je m'aventure hors de la maison seul. »

Esther ne sait pas que Severus a passé une grande partie de sa petite enfance à vagabonder dans les rues de Carbonne-Les-Mines.

« Promets-moi d'essayer, » insiste Esther, son ton plein d'espoir. « Ce serait bien de passer du temps ensemble en dehors de l'école. »

Severus acquiesce. On verra bien.