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THE FRUIT.

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Assise sur la plage, je dévorerais les biscuits en silence. Cracker était toujours là. Allongé sur le sable à côté de moi, ses bras étaient ramenés derrière la tête. Il avait l'air étrangement pensif et contemplait le ciel en silence.

Oook. J'étais très curieuse de connaître ses pensées. Pas toutes hein. Seulement là, tout de suite !

Mais je n'allais pas tenter le diable non plus. Il semblait vouloir me laisser tranquille pour l'instant. Puis ces petits moments calmes étaient devenus rares… autant en profiter.

C'était agréable. Comme avant.

Je reportai mon attention sur la mer puis l'horizon. Au loin, on pouvait faiblement apercevoir les contours de l'île voisine...

« Oï ! »

Ah. C'était rapide.

À nouveau, je me tournai vers lui.

« Ton fruit du démon, pourquoi tu ne l'as toujours pas déclenché ?

- Pfff. M'en parle même pas, soupirai-je. J'essaye d'accord !? Mon anxiété est au plus haut depuis que j'ai mangé cette chose immonde !

- C'est étrange.

- Je te le fais pas dire ! Mama doit sûrement regretter sa décision à l'heure qui l'est. Tel que je la connais, elle doit me maudire et je l'imagine très bien se plaindre aux autres. Et Perospero, ce lèche-bottes dégénéré, il doit être très content et dire à tout le monde que je suis qu'une incapable… »

Le ricanement de Cracker me stoppa. Ennuyée, je lui adressai un regard peu amène.

« Sa décision ? répéta Cracker comme s'il hallucinait. Je fronçai des sourcils.

C'était quoi son problème ?

« Qu'est-ce que tu veux dire ? »

Toujours allongé, il se redressa légèrement en prenant appui sur ses avant-bras puis se pencha vers moi. Son visage était à quelques centimètres du mien. Il ne plaisantait pas du tout et me regardait à présent avec… colère ?

« Ne parle pas de Mama comme ça, Coco. On te l'a déjà dit, siffla Cracker d'un ton menaçant, la mâchoire serré. Tu n'étais pas là et ce n'était pas son unique décision. Katakuri a suggéré que tu obtiennes le fruit - après que J'AI évoqué ton nom en premier ! (mes yeux s'écarquillèrent de stupeur à cette information) Oui, MOI ! Et ce « dégénéré » de Perospero comme tu dis, il a validé ce choix – même lorsque notre mère lui a demandé son avis.

- Pou… pourquoi ? Demandai-je, abasourdie.

- Qu'est-ce que tu crois ? Réfléchis un peu. »

J'avais une petite idée en tête mais c'était très très tiré par les cheveux. Tout l'archipel de Totto Land savait que Coconut Charlotte avait un joli minois et c'est tout, rien de plus. On se calme, je ne me jette pas de fleurs, ok ? Seulement la vérité dite humblement ici…

Et il était de notoriété publique que la célèbre yonko aimait nouer des relations et des contacts pour augmenter sa puissance avec des mariages arrangés…

La logique voudrait que je me retrouve également mariée dans un futur proche avec un homme choisi par Mama… et cette idée là m'effrayait. Elle m'effrayait énormément. Je n'avais pas la même puissance physique que la majorité de mes frères et sœurs. J'étais faible. Et avoir un fruit du démon intéressant me permettrait peut-être d'augmenter mes chances auprès de Mama et éviter un mariage forcé. Je pourrais rester sur mon île et continuer à servir les intérêts de la famille comme Brûlée et les autres…

J'étais stupéfaite. Par Cracker, Katakuri, Perospero et tous les autres qui ont pris cette décision en me considérant, prenant en compte mes envies et mes angoisses. Mais la personne qui m'étonnait le plus, c'était Mama…

M'arrachant de ma stupeur, Cracker se leva brusquement et récupéra ses affaires en silence. Les rôles se sont inversés à ce que je vois. Il attacha sa cape à l'épaule et son épée qu'il accrocha à la taille de son étrange pantalon.

Enfin, il se tourna vers moi puis soupira...

« J'ai vraiment du mal à te comprendre parfois, me dit-il calmement en se penchant près de mon visage.

Et qu'est-ce que je devrais dire moi ?

Hésitant au début, il apporta une main contre ma joue, son regard était plongé dans le mien. Sa main était gigantesque et agrippait presque tout le côté de mon visage… qu'est-ce qu'il fabriquait encore ?

« À la prochaine, sœurette ! » dit-il tout simplement en souriant. Puis il s'en alla.

Hébétée, je le regardai s'éloigner jusqu'à la plantation puis disparaître entre les cocotiers.

Bizarre.

Le ventre noué, je me relevai tant bien que mal tout enlevant le sable qui s'était accroché sur ma longue jupe. Sans oublier mon sac plein de noix de coco et la boîte à biscuits, je décidai de rentrer également au village en contournant la cocoteraie par la plage. J'étais suffisamment éloignée pour éviter l'eau de mer qui se répandait sur le sable.

Après avoir mangé le fruit, j'avais essayé le soir même de mettre un pied dans l'océan par curiosité et... c'était une regrettable décision. Toutes mes forces m'ont littéralement quitté. Heureusement, Brûlée était là pour me tirer hors de l'eau, tout en évitant elle aussi d'être mouillée et en me hurlant dessus.

Ma parole, qu'est-ce que je pouvais être stupide parfois ! De ma vie d'avant, j'avais gardé ma conscience ainsi que mes connaissances accumulées pendant dix-neuf années et pourtant, je pouvais parfois me comporter comme une adolescente insupportable.

Une Drama Queen, se moquait parfois Mont d'Or.

Certains de mes frères et sœurs disaient que j'étais étrange, comme une anomalie (sympa) mais très appréciable : silencieuse avec une maturité perceptible dès le plus jeune âge mais également avec un mordant et un franc-parler qui pouvaient frôler la bêtise.

Toutefois, délaissant les usages et les règles stricts que les Charlotte avaient adopté bien avant ma naissance, je pouvais me montrer affectueuse sans craintes. Et involontairement, j'avais attiré l'attention sur ma petite personne - chose que je m'étais promise de ne pas faire quand j'ai compris où est-ce que j'ai atterri. L'éducation que Big Mom prônait à ses enfants était catastrophique voire inexistante, comment une petite fille pouvait être aussi bizarre et attachante à la fois, n'est-ce pas ?

« Sûrement à cause des gênes que m'a transmis mon père, qui sait ? » C'est ce que je disais innocemment à ceux et celles qui osaient me poser la question ou en parlaient comme si je n'étais pas là. Sujet tabou - très tabou. On ne parlait jamais des pères chez les Charlotte, ils étaient des étrangers qui n'avaient aucun lien avec la famille. La discussion prenait court ou bien ils parlaient subitement d'autre chose…

Des réflexions et des souvenirs pleins la tête, je rejoignis enfin l'entrée de la cocoteraie ainsi que le chemin qui menait au village. Sur la route, je rencontrai des employées tardives, cette fois-ci un groupe de travailleuses de la palmeraie qui rentraient également au village. Elles me saluèrent chaleureusement que je répondis également avec un sourire timide.

L'une d'entre elles voulait absolument m'aider à porter mes affaires mais je refusai poliment, leur souhaitant une bonne soirée avant de m'éclipser jusqu'à chez moi.


Cette nuit-là, je me suis réveillée en sursaut.

J'étais vraiment vraiment mal. Prise soudainement par la fièvre, mon corps tremblait et je me sentais nauséeuse.

Rapidement, je me précipitai jusqu'à la salle de bain. Je m'agenouillai près de la cuvette des toilettes et dégurgitai tout le contenu de mon estomac – enfin presque.

Quelque chose était coincé dans ma gorge et me bloquait la respiration.

La bile me monta à nouveau et j'enfonçai ma main dans ma bouche afin d'attraper la chose qui s'était coincée au niveau de mes amygdales. Je vomis une seconde fois mais je réussis à saisir la chose du bout de mes doigts avant – un bout de papier ? Un morceau de papier plié en plusieurs fois se trouvait dans mon estomac...

Bordel, c'est quoi ce délire ?


Après m'être débarbouillée, je retournai sans tarder dans ma chambre – et surtout silencieusement.

Je vivais seule mais un vaste miroir se trouvait dans le séjour au rez-de-chaussé : En aucun cas je ne souhaitais réveiller Brûlée et lui expliquer cette situation… car c'était vraisemblablement lié à mon fruit du démon et je devais gérer ça seule.

Toujours un peu désorientée et tremblotante, je m'assis au bout du lit tout en regardant l'épais bout de papier jaunâtre dans la paume de main.

Étrangement, il n'était pas mouillé ni imbibé de mon vomi. Je le dépliai avec délicatesse et mon étonnement augmenta en constatant qu'il s'agissait en réalité d'un vieux parchemin sur lequel était inscrit des caractères qui m'étaient inconnu…

Puis l'impensable se produisit : la page s'échappa de mes mains et se déplia... toute seule.

Abasourdie, je me contentai de regarder bêtement l'étrange document qui flottait littéralement au dessus de ma tête. Le parchemin s'illumina puis une plume blanche apparut magiquement et s'agita jusqu'à moi.

Hein ?!

D'accord – là, je flippais vraiment. Ce n'était pas le caractère magique de la chose qui m'effrayait ! MAIS, LA PLUME VOULAIT QUE SIGNE ? Et signer un document qui paraissait incompréhensible n'est jamais bon, c'est connu. J'ai l'impression d'être Ariel qui devait signer le contrat de cette folle d'Ursula… Il n'y avait même pas d'encre, comment voulait-elle que je signe ?

Alors, la plume s'avança d'avantage vers moi et me piqua au niveau de l'avant-bras.

Ça ne faisait pas mal mais le geste m'avait pris au dépourvu sur le coup - un petit son de surprise m'échappa. La pointe était à présent imprégnée de rouge – de mon sang.

À nouveau, elle vola près de mon visage.

« D'accord, d'accord. Je vais signer ! Calme-toi et laisse-moi réfléchir deux secondes ! Soupirai-je en me levant et en commençant à faire les cent pas dans la chambre. Ça sert à quoi franchement ? J'ai déjà mangé le fruit ! »

L'appréhension me submergea.

Pourquoi je devais signer quelque chose alors que j'avais déjà manger le fruit ? C'était bizarre ! Dans quel pétrin je me suis encore fourrée ?

Si je ne signais pas, que se passerait t-il exactement ?

Bon… ce qui est fait est fait. Je n'avais plus trop le choix.

Je m'approchais du parchemin et pris la plume, qui me suivait depuis tout à l'heure, dans ma main. Je souris, amusée. C'était plus fort que moi, je la chatouillai doucement des doigts avant de poser sa pointe sur le document. Enfin, j'y apposai ma signature Coco Charlotte.

« Voilà. Contente ? »

La plume vint me caresser affectueusement la joue avant de disparaître soudainement. Le parchemin s'illumina d'avantage puis il se replia en morceau – comme tout à l'heure.

Mon ahurissement s'intensifia d'une flèche quand il se transforma en livre. Un vieux livre épais et énorme, ses pages tournaient toutes seules à une vitesse folle...

Le défilement des pages s'arrêta subitement au début du livre et je m'approchai, très intriguée. Sur la première page était inscrit :

Ce recueil est entièrement voué à celui ou celle qui s'est approprié le Maho Maho No Mi.

Soyez bons et courageux.

Pour la joie de ce monde.

Et également pour votre Salut.

C'était plus fort que moi. J'explosai de rire.

Je rêve ou j'ai reçu un cheat code ?


Whole Cake Island… je m'y rendais uniquement pour deux raisons.

La première, lorsque Mama nous convoquait, j'étais tout bonnement obligée de venir. La seconde, parce-que ça me permettait de passer un peu de temps avec les plus jeunes de mes frères et sœurs. Dès que j'ai posé le pied dans le château de Big Mom, j'ai rejoins la grande salle de jeux dans laquelle les petits se trouvaient avec leurs nourrices.

À mon arrivée, des exclamations et des hurlements de joie s'étaient élevés et je fus directement attaquée par plusieurs étreintes… Ils m'adoraient.


« Dis, Grande sœur ? »

Je venais de terminer l'histoire de Peter Pan et du Capitaine Crochet. Une version réadaptée bien sûr.

Le personnel avait déserté la pièce, me laissant seule avec les petits. Ces derniers étaient toujours près de moi, assis par terre sur des pouffes et des minuscules fauteuils confortables qui se trouvaient au coin lecture.

« Oui Dosha ?

- Tu es vraiment une magicienne ? »

Six paires d'yeux se posèrent instantanément sur moi. Je sentis comme une goutte de sueur apparaître sur le coin de mon front, embarrassée et ne sachant pas véritablement quoi répondre. Mais surtout, je ne souhaitais pas détruire leur joie et leur donner de faux espoirs.

Les yeux de la petite Normande brillèrent comme deux étoiles quand Dosha évoqua mon statut de magicienne...

« Non, Coco est une sorcière ! Une méchante sorcière ! S'exclama Ananas, la dernière des Charlotte, en riant naïvement (ou pas).

- Ananas, arrête ! S'exclama Gaufrette. Tu dis n'importe-quoi !

- Non, ce n'est pas n'importe quoi ! C'est Mama qui l'a dit, l'autre fois !

- Mama ne parlait pas de Coco. Tu ne comprends pas, tu as seulement cinq ans... »

Curieusement, Mama connaissait la dernière détentrice du fruit - c'était il y a longtemps, quand elle faisait parti de l'équipage de Rooks. D'après ses dires, la femme était une sale sorcière qui n'avait aucune loyauté mais la géante n'a pas voulu me donner d'avantages d'explications... Uniquement : « fructifie ton énergie ! »

Une querelle se déclencha entre Gaufrette et Ananas. Elles s'étaient automatiquement rapprochées, prêtes à en découdre. Il fallait que j'intervienne.

« Ça suffit ! Demandai-je d'un ton sec. Gaufrette rassieds-toi ! Toi aussi Ananas, viens près de moi... »

Elles s'exécutèrent sans broncher. Ma parole ! Entre ces deux-là, c'était tout le temps la guerre.

« Pour répondre à ta question, Dosha… oui, lui dis-je en souriant malicieusement. Je me levai d'un bond, pris une pose et pointa mon doigt au ciel. Je suis… Je suis une enchanteresse ! L'enchanteresse suuuprême !

- Waooow ! S'extasia Normande en frappant des mains.

- Dément !

- Bon sang ! » Soupira Gaufrette consternée par le comportement immature de son aînée.

C'est-à-dire, moi.


Des émissaires sont venus depuis Erbaf.

Ce n'était plus qu'une question de temps maintenant… Les choses sérieuses commençaient : Laura allait fuir.

Je le savais.

La jeune femme allait prendre la mer pour trouver l'amour – un mari qu'elle choisira et aimera réellement. Quant à moi, depuis que je suis née sur l'archipel de Big Mom, mon objectif a toujours été le même : Ne pas éveiller les soupçons puis lorsque la machine sera en marche, me barrer loin d'ici !

Oui, il fallait urgemment que je parle à Laura...


Helloooo ! Je suis de retour ! ^^

Premièrement, je m'excuse pour cette longue attente… vraiment vraiment, je suis désolée : j'ai repris l'université et j'ai beaucoup de travail à côté ! ( C'est tellement chiant!) ^^

Enfin, concernant ce chapitre… je suis moyennement satisfaite. Que pensez-vous du fruit du démon ? J'ai eu du mal à choisir et je n'ai pas fait dans l'original. ^^ ( pour la magie et les enchantements, je me suis penchée sur des œuvres connus du style Sabrina, HP et Little Witch Academia puis arranger tout ça à ma sauce… si vous avez des idée, je suis preneuse ! Et Oui, Coco volera sur un balai ! Mdrrr. Attendez de voir la tête que fera Luffy ! :D

Sur une note plus joyeuse : la parenthèse « fratrie Charlotte & Big Mom » se ferme au prochain chapitre… Spoiler : Coco s'en va !

A la prochaine ! ^^