Stiles n'apprécia pas son réveil. De toute façon, il n'avait jamais aimé ça. Dormir ? Oui, avec plaisir. Se réveiller pour se lever ? Sans façon. Le monde de la nuit était bien plus reposant, bien plus rassurant. Surtout quand sa tête lui donnait l'impression de s'être pris une cuite la veille. Pourtant, il se souvenait parfaitement de sa soirée de la veille et particulièrement de la honte qu'il avait ressentie lorsque Derek l'avait aidé. Pour une raison qu'il ignorait, Stiles s'était senti tellement mal avant de se coucher qu'il avait été incapable de tenir debout, à tel point que Derek-testostérone-Hale avait eu pitié de lui et amené au lit. Lui qui avait déjà du mal à saquer l'hyperactif n'allait pas plus l'apprécier avec cet épisode… Stiles soupira en s'asseyant sur son lit. Déjà un moment qu'il essayait de gagner des points pour essayer de se faire apprécier de lui, autant dire que ce n'était pas de cette manière qu'il allait y arriver.

Stiles se frotta les yeux et se leva doucement. Il ne se sentait pas encore extrêmement bien alors mieux valait y aller doucement. Bordel, si seulement il n'avait pas été dans ce bungalow, sans doute se serait-il moins payé la honte. Encore, Peter, il s'en foutait : c'était un psychopathe et il n'avait aucun atome crochu avec lui. Derek, c'était différent, il… Il avait envie d'améliorer leur relation, de passer le stade de la simple tolérance. Il voulait simplement être apprécié par lui. Pour cette raison, il espéra que Derek soit ou toujours au lit, ou à l'extérieur du mobil-home. S'il avait été plus en forme, nul doute qu'il aurait fait la danse de la joie ou quelque chose s'y apparentant. La cuisine était vide et le silence emplissait le bungalow. Sans hésiter, Stiles sortit ce dont il avait besoin pour déjeuner et s'installa à table. Sa tête le lançait toujours mais beaucoup moins que la veille surtout que cette fois, les vertiges brillaient par leur absence. Toutefois, il dégaina son téléphone et envoya un message à Lydia. Prévoyante, la jeune femme avait sans doute pensé à prendre les médicaments de base avec elle, dont le fameux sauveur de Stiles, le saint paracétamol. La banshee ne lui répondant pas dans les trois premières minutes après envoi du message, l'hyperactif en déduisit qu'elle dormait encore, à raison car après tout, il n'était que huit heures du matin. En attendant, Stiles déjeuna tranquillement, de manière à ne pas se faire mal à l'estomac et en même temps assez pour couper sa faim. Lorsqu'il eut terminé, il se surprit à préparer correctement la table pour ses deux compagnons de bungalow. Peut-être était-ce pour se faire pardonner d'avoir été faible, peut-être pour leur faire oublier ce moment qui lui faisait honte, ou peut-être un peu des deux. Après, les deux loups ne seraient pas vraiment dépaysés, puisque Stiles avait toujours été comme ça, à prendre soin des autres : parfois, Liam disait avec humour qu'il s'agissait de la maman de la meute et Scott confirmait ses dires. Sans doute était-ce un peu vrai. Stiles eut un léger sourire à cette pensée. Il aimait ça. Rendre les autres heureux, c'était presque une passion.

Par contre, avoir mal à la tête n'en était pas une, loin de là. Si cette douleur pouvait se stopper, Stiles ne disait pas non.

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Stiles ne vit ni Derek, ni Peter avant la réunion de leur meute au centre du camping. Il ignora même sciemment le regard inquisiteur du premier et l'air moqueur du second. Sa honte ne le quittait pas et il était déjà en train de souhaiter oublier ce qu'il s'était passé la veille, en espérant que cela ne se reproduirait pas. En douce, Lydia lui passa le cachet si gentiment demandé en début de matinée, qu'il prit à l'aide de la bouteille d'eau qu'il avait pensé à prendre avec lui avant de sortir du bungalow. Scott, qui voyait bien que quelque chose tracassait son meilleur ami, le prit à part tandis que tout le monde se dirigeait vers la plage, en leur ayant promis au préalable qu'ils ne tarderaient pas trop à les rejoindre.

- Je suis nul, se plaignit tout de suite Stiles lorsqu'ils furent assez loin du groupe.

Et il lui raconta la scène de la veille, n'omettant rien de ce dont il se souvenait. De toute manière, Scott savait que Stiles aimait les contacts physiques, alors apprendre qu'il avait apprécié le contact de Derek contre lui ne l'étonnait en rien. Il était notamment au courant de cette idée saugrenue qu'il avait d'améliorer leur relation, qu'elle soit plus de l'ordre de l'amitié que de la simple connaissance. Cependant, ce ne fut pas sur ce fait qu'il se concentra, mais bien sur ce qui était le plus important.

- Et tu t'es senti mal… Comme ça ? Demanda le loup.

- Ouais, comme ça. Pouf, ça a spawné, j'ai rien compris. Mais c'était… Perturbant et peu agréable, si tu veux mon avis. De toute manière, je connais personne qui kiffe les vertiges. Tu sais que si Derek m'avait pas rattrapé, j'aurais pu me faire mal ? T'imagines si ma tête avait tapé contre un coin de table ? Bon, y en avait pas à côté mais ça aurait pu, tu vois. Faible comme je suis, j'me serais fait un gros bobo, peut-être même que je serais mort.

- N'exagérons rien, Stiles, soupira Scott, amusé toutefois. Plus sérieusement, tu veux qu'on trouve un médecin, quelqu'un pour t'examiner ?

- Non, c'est pas la peine, protesta Stiles. C'était sans doute passager, la preuve ça va beaucoup mieux…

- Mais ?

- Mais j'ai toujours mal à la tête. Juste un peu, hein, pas beaucoup.

Tout en continuant de discuter de cette affaire, les deux amis restèrent encore un peu à l'écart avant de se décider à rejoindre les autres. Stiles, qui se rendit compte en arrivant à la plage qu'il n'avait à aucun moment pensé à prendre son maillot de bain, ni sa serviette, informa le groupe qu'il devait faire un tour rapide au bungalow. En s'engageant dans le petit chemin de terre, Stiles pesta contre lui-même. Il s'était effectivement senti bien léger avant de venir, il comprenait bien mieux pourquoi, d'un coup. C'était voir Lydia en bikini dans le sable blanc qui lui avait fait remarquer son oubli. La plupart des membres de la meute avaient soit leur maillot déjà sur eux, soit dans un petit sac. Stiles, lui, n'avait pensé à rien et se tapa le front du plat de la main. Quel idiot. Sauf que s'autofrapper n'était pas forcément une bonne idée puisqu'il avait toujours mal à la tête, comme si le cachet qu'il avait pris n'agissait que de manière superficielle, bien faible par rapport à ce à quoi il s'attendait.

En arrivant au bon bungalow, Stiles le déverrouilla avec le double des clés qu'il avait demandé à l'accueil la veille afin de ne pas emmerder sans arrêt ses colocataires pour les vacances. Aussitôt qu'il eut pénétré à l'intérieur du mobil-home, les vertiges le reprirent, plus faiblement que la veille toutefois. Sa respiration se bloqua l'espace d'un instant. Non, pas maintenant, je suis seul… Le monde tanguait autour de l'adolescent, qui tenta de garder son équilibre malgré le mal qui le gagnait. Stiles ne fit, malgré son trouble, pas la même erreur que la veille il garda sans arrêt appui sur un mur, une table, quelque chose et réussit, non sans peine, à gagner sa chambre. Arrivé là, il se laissa tomber sur son lit, ses jambes ne le tenant plus. Il ferma les yeux et toucha son front à l'aide du dos de sa main gauche : sa peau était normale, ni trop chaude, ni trop froide. En somme, il n'avait pas de fièvre. De toute manière, pourquoi en aurait-il ? Le mois d'août battait son plein, il n'y avait pas eu de changement météorologique brusque favorisant l'apparition de virus aériens. Stiles ne pouvait donc pas être malade.

Et pourtant, il ne bougea pas de son lit durant de longues minutes, retrouvant peu à peu une respiration calme et mesurée. Même s'il était attendu, Stiles ne devait surtout pas se presser. Dans son état, mieux valait aller doucement, quitte à prendre un peu plus de temps que prévu. C'est pour cela que Stiles ne se redressa en position assise que dix bonnes minutes plus tard. Il resta comme ça sans bouger, écoutant son corps avec attention. Puisque les signaux semblaient être au vert, Stiles décida par la suite de se lever et aussitôt, son ventre sembla se tordre dans tous les sens. Cette torsion intérieure lui provoqua une nausée démente qui lui donna l'adrénaline nécessaire pour aller aux toilettes et vomir tout le contenu de son estomac. Cela dura longtemps, à tel point que des larmes non désirées coulèrent sur ses joues rougies ou plutôt dont les très légères rougeurs de base étaient mises en valeur par son teint soudainement pâle. Son teint malade. Il vomit, encore et encore, des crampes lui serrèrent le ventre avant de le laisser, tremblant, s'accrocher à la cuvette des toilettes, comme si sa vie en dépendait.

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Stiles avait tout nettoyé. L'entièreté du contenu de son estomac avait beau avoir intégralement fini dans les toilettes, l'adolescent avait préféré nettoyer toute la pièce et les alentours, tout aérer également, pour éviter d'agresser l'odorat sensible des loups lorsqu'ils rentreraient. Et même si Stiles se retrouvait par conséquent sans forces et extrêmement fatigué, il avait terminé en se lavant les dents, puis le visage. Il s'était changé, également, mettant ses vêtements actuels dans une poche destinée au linge sale, qu'il laverait chez lui, après ces petites vacances qui promettaient d'être moins radieuses que prévu. Allant un peu mieux malgré tout, Stiles mit cet épisode sur une petite indigestion il avait dû manger quelque chose que son estomac n'avait pas supporté, rien de plus. Il n'était pas malade, n'avait rien. En sortant, un petit sac contenant son maillot de bain et sa serviette sur le dos, Stiles referma le bungalow à clé. Maintenant, restait à retrouver les autres et si on lui demandait pourquoi il avait mis une heure et un quart d'heure à revenir, il leur dirait simplement qu'une indigestion l'avait surpris. Ce n'était pas faux, hein ?

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Stiles n'avait, après tout ça, pas vraiment envie de se baigner, mais le fit tout de même, pour faire plaisir à Lydia qui affichait une mine boudeuse. Bien sûr qu'on l'avait questionné sur son « léger contretemps » et Stiles avait répondu honnêtement. Sachant pertinemment que les loups pouvaient détecter le mensonge, à quoi bon mentir ? C'était une indigestion, juste une putain d'indigestion. Légère en plus. Pas de quoi s'affoler.

Stiles, qui aimait pourtant par-dessus tout faire le con dans l'eau et pousser les gens, resta plutôt calme, privilégiant la nage. Autant ne pas torturer plus son estomac fragile. Ni sa tête qui le faisait toujours un peu souffrir. Ça ne partait pas, étrangement. Pourtant, Stiles ne s'en formalisa pas. Il se fustigea intérieurement pour avoir un corps aussi fragile. C'était tout, il n'avait rien, il était juste faible, comme toujours. Ça ne changerait jamais, c'était immuable. L'adolescent ne dit rien par rapport à ce sujet, gardant son mal pour lui et personne ne sembla le remarquer. La douleur ne colorait pas son odeur, elle n'était pas assez puissante et ça l'arrangeait, il ne devait pas gâcher les vacances de ses amis avec ses petits problèmes d'humains.

Ainsi, la journée se déroula normalement et le groupe décida d'aller manger tôt et même si Stiles grimaça intérieurement à cette idée, l'absence de faim se faisant clairement ressentir chez lui, il suivit la majorité et picora dans son assiette, appréhensif. Son estomac n'étant pas entièrement remis de l'épisode de la matinée, il y allait doucement.

Le soir, il fut décidé que la meute irait à une petite fête repérée par Scott et Jackson. Elle était en intérieur, dans un bâtiment proche du camping, une sorte de salle des fêtes. Stiles prévint tout de suite son meilleur ami qu'il ne comptait pas boire d'alcool, ou très peu.

- Allez mec, lâche-toi ! Fais-toi plaisir, rétorqua Scott en criant presque, pour que l'humain l'entende malgré le fort volume de la musique envoyée par les baffles.

La salle était grande et bien remplie. Partout, on dansait, on buvait, on s'amusait, on bougeait.

- J'suis pas comme toi mon pote, j'suis pas un loup, lui rappela Stiles sur le même ton.

Et puis son estomac se remettait à peine. Mieux valait ne pas faire de connerie. Si Noah Stilinski avait été là, nul doute qu'il aurait été fier de son fils il se montrait bien raisonnable depuis cette fameuse matinée. Par chance, Stiles put danser un peu, aucun vertige ne vint à nouveau le perturber. Par contre, les sortes de coups qu'il ressentait à l'intérieur de son crâne ne l'aidaient pas vraiment. Néanmoins, il passa outre. Il voulait se détendre, s'amuser. Et Scott s'éloigna, se rapprochant de Liam qui bougeait étrangement mais qui considérait ses mouvements comme une danse. Des yeux, Stiles repéra les membres de la meute, plus ou moins éparpillés dans toute la salle. Ils étaient dans l'ambiance, se faisaient plaisir, chacun de leur manière. Même Derek et Peter, dans le fond de la salle, semblaient être de bonne humeur, discutant de manière animée, souriant, chacun buvant son verre.

Stiles se procura un verre d'alcool, un whisky tout simple, de la même couleur que ses yeux. Ce serait sans doute son seul verre, histoire de se désinhiber un peu, il n'avait pas besoin de plus. Et puis, il maternait son estomac fragile. Alors il but une première gorgée et commença à bouger les hanches en rythme avec la musique qui passait, d'inspiration latine. Il ferma les yeux l'espace d'un instant, et cet instant suffit pour qu'une silhouette passe près de lui et verse très rapidement une poudre blanchâtre dans son verre, poudre qui se fondit dans la boisson en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Stiles ne remarqua rien, il ne faisait pas attention. De toute manière, il ne pensait pas que ce genre de choses puisse se passer ici et puis il ne se verrait sans doute jamais être le genre de cible de ce type de machination. Il n'avait pas le profil « adéquat ».

Sauf que Stiles avait tort sur toute la ligne et n'imaginait pas qu'il puisse posséder quelque chose attisant la convoitise.

Innocemment, Stiles but doucement son verre, sous les yeux bleus d'un grand homme blond au teint très pâle qui le fixait, depuis l'autre bout de la salle. Bientôt, il ne resta plus une goutte dans le gobelet en plastique, que Stiles posa sur le bar au fond de la salle. Il se mit à danser avec un peu plus de conviction et ses muscles se détendirent. Son estomac ne lui referait pas le coup de l'indigestion et sa douleur à la tête devenait largement supportable. Il pouvait alors se détendre, profiter un peu de sa soirée. Mais profiter pouvait s'avérer un peu plus compliqué que prévu lorsque nos membres s'alourdissaient de minute en minute. Stiles avait beau avoir moins mal à la tête, celle-ci semblait étrangement avoir doublé de masse, d'un coup. Sa vue se floutait progressivement, les couleurs, les gens, tout semblait tanguer, vaciller, tout autant qu'il avait l'impression d'étouffer dans ses vêtements d'un coup trop serrés.

- Putain, souffla-t-il d'une voix étrangement pâteuse.

Pourtant, malgré ces légers désagréments, Stiles continua de danser, s'amusant un peu malgré tout. Se détendre faisait du bien, ça, c'était indéniable. Ce qui était moins agréable, c'était cette lourdeur exécrable qui entravait un peu ses mouvements. Et pourquoi le son lui paraissait-il étouffé, d'un coup ?

D'un seul coup, les spots, qui balançaient de temps en temps des volutes de fumées blanches, en crachèrent de la rouge, de la jaune, de la bleue puis… De la noire. C'était peu, mais assez pour incommoder Scott, Liam, Jackson, Derek… Et tous les autres loups de la meute. Stiles se mit à tousser violemment, l'euphorie disparaissant complètement. De son côté, un étrange sentiment d'urgence l'assaillant, Scott ordonna à ses amis de se rassembler et sortir dehors. Cela prit quelques minutes et bien vite, Scott se retrouva à tousser, soutenu par Liam qui n'avait pas l'air au meilleur de sa forme non plus.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? Demanda Lydia, qui venait d'arriver, avec une Malia légèrement pâle.

- On sait pas, y a un truc bizarre avec cette fumée, elle nous a… Elle nous irrite la gorge, expliqua Liam et la plupart des loups acquiescèrent, même le duo Hale.

- Vous avez pensé à prévenir Stiles ? S'enquit Derek, qui masquait mieux son inconfort que les autres.

- Oh merde, souffla Scott. C'est vrai qu'il est humain, il ne nous a sans doute pas entendu !

- Et voilà, encore des emmerdes, râla Jackson, embêté toutefois.

C'est à ce moment-là que l'on vit sortir un jeune homme blond de grande taille, dont les yeux bleus semblaient presque luire dans la nuit. Personne n'y aurait fait attention s'il ne semblait pas aider un jeune homme à l'air vaseux à marcher. Ce fut Derek qui le remarqua en premier.

- Eh, toi, lâche-le, dit-il d'un ton qui ne laissait pas de place à la discussion.

Le blond tourna la tête vers le petit groupe et son regard indéchiffrable se posa sur le loup. De la surprise se peignit sur ses traits. Là, la meute reconnut Stiles, complètement apathique entre ses bras.

- Oh, il est avec vous ? Je voulais le faire sortir car, voyez-vous, il n'a pas l'air très en forme, répondit-il en souriant de manière contrite.

Les battements de son cœur avaient beau être réguliers, Derek était persuadé qu'il mentait et sentait son hyprocrisie à des kilomètres. Son regard, lui, était étrange et ne respirait pas vraiment la bienveillance. Sa tête ne lui revenait pas. Sentant l'aversion de Derek envers cet inconnu, Scott se rapprocha à son tour et éloigna Stiles de lui en le prenant rapidement par le bras.

- Ouais, c'est notre pote. Merci de l'avoir sorti de là. Les gars, on y va.

Son air soupçonneux n'échappa à personne. L'homme blond hocha la tête et s'en alla, non sans un dernier regard en direction de l'hyperactif inactif. Lorsqu'il fut hors du champ de vision des membres de la meute, Scott fit passer son bras autour de Stiles et remarqua qu'il semblait encore moins bien qu'eux. Si l'ensemble des loups avaient pâli, Stiles était carrément blanc comme neige et avait un étrange air hagard collé au visage. Il semblait ailleurs, absent. Malia lui demanda si tout allait bien, mais l'hyperactif ne répondit pas, se contentant juste de lever approximativement son regard vers elle. Jackson pencha légèrement sa tête sur le côté, en haussant un sourcil.

- Stilinski, qu'est-ce que t'as ? Demanda-t-il, perplexe.

Devant la nouvelle absence de réponse de Stiles, Scott décida qu'il était temps de rentrer. Alors qu'il commençait à marcher, il tomba des nues lorsqu'il vit que les jambes de Stiles ne suivaient tout simplement pas. Toujours conscient, Stiles sembla s'écrouler dans ses bras, telle une poupée inanimée. Lydia se précipita vers lui, l'air angoissée. Stiles ne semblait pas aller bien du tout.

- Putain mais Stiles, qu'est-ce que t'as fait ? Soupira Scott en le serrant contre lui pour le redresser et le remettre plus ou moins debout.

Néanmoins, Derek s'avança et se proposa pour le porter. C'est ainsi que Stiles se retrouva sur le dos de Derek. Le pire était qu'il n'avait pas protesté, n'avait même pas réagi à la question rhétorique de Scott, ce qui avait étonné plus d'un. Stiles avait les yeux ouverts, semblait conscient, mais éteint. Et Lydia, tout comme Derek et Ethan, commençaient à se dire que tout ça n'était pas naturel. Bien que Malia ait avancé l'hypothèse d'une sacrée grosse ivresse, il était facile de l'infirmer Stiles ne sentait qu'à peine l'alcool, comme s'il n'avait bu qu'un verre ou deux. C'est ainsi qu'une autre conjecture vint à l'esprit de certains, mais qu'aucun ne prononça à haute voix. Autour de la tête de Derek, les bras de l'hyperactif complètement calme pendaient, tels les membres désarticulés d'une poupée. Il n'aimait pas ça, personne n'aimait ça actuellement.

Arrivés au niveau des bungalows, la meute se sépara sur une note amère et Scott fit promettre à Derek de prendre soin de Stiles, qui n'avait toujours pas prononcé un seul mot, ni esquissé quelque mouvement que ce soit.

Peter ouvrit la porte du bungalow et laissa Derek, qui portait toujours Stiles, entrer. Le loup finit par déposer Stiles dans la chambre attribuée à ce dernier et ferma la porte derrière lui. Il laissa alors tomber ce masque de neutralité qu'il arborait depuis leur sortie de cette salle des fêtes. Cette fois, l'inquiétude se lisait clairement sur son visage.

- Chaud…

Ce mot murmuré voire soufflé, alerta tout de suite Derek, qui mit quelques secondes à comprendre qu'il venait de la bouche de Stiles. Ce dernier le fixait, les yeux entrouverts, de ce regard brumeux qui avait, presque dès le début, fait naître cette horrible hypothèse en lui. Non, Stiles n'était pas ivre, il le savait, c'était autre chose, mais il ne voulait pas y croire parce qu'il ne voyait pas pourquoi on lui ferait ça. Il l'aida à se redresser pour lui retirer son haut un peu moulant et le remplacer par quelque chose de plus large, de plus confortable, un t-shirt par exemple. Le pire dans l'histoire fut que Stiles le laissa complètement faire, l'aida même un peu. Il arrivait à mouvoir légèrement ses bras fins mais ces mouvements étaient si faibles qu'ils ne firent que renforcer le nœud dans le ventre de Derek, qui attrapa un t-shirt gris assez ample et lui fit enfiler. Encore une fois, aucune résistance, juste un semblant d'aide. Et toujours ce regard vaseux, complètement vitreux qui le fixait sans discontinuer, à tel point que Derek en eut des frissons. Il n'aimait pas ça du tout. Ce n'était pas Stiles. Enfin si, c'était Stiles, mais drogué. Inquiet, Derek se dépêcha de lui enlever son pantalon et de le glisser sous les draps. Au moins, dans un lit et dans une tenue légère, Stiles risquait moins d'être mal. Il semblait déjà ne plus avoir aussi chaud et avait l'air plus à l'aise.

- Repose-toi, Stiles, lui enjoignit Derek d'un ton empreint de chaleur et d'angoisse.

Derek se sentait réellement mal mais ne faisait pas attention au grattement dans sa gorge et à la lourdeur de ses membres. En réalité, le loup était sous le choc parce qu'il venait de réaliser ce qui aurait pu se passer si la meute ne s'était pas rassemblée à l'extérieur du bâtiment à ce moment-là. Ce mec était mauvais et il en était certain. Son regard sur Stiles n'était pas normal et cette hypocrisie… Si ce n'était pas lui qui l'avait drogué, il allait néanmoins le kidnapper là, durant cette fête et Derek ne voulait même pas imaginer ce qu'il comptait lui faire. Enfin bon, avec tous les tarés que comptait ce monde, il était aisé d'imaginer que certains pouvaient s'en prendre à n'importe qui.

Sauf que Derek se trompait sur le motif réel de cette tentative de kidnapping avortée dans l'œuf.

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Derek ne sortit de la chambre de Stiles qu'une bonne dizaine de minute plus tard, lorsque l'hyperactif se fut endormi. Il avait bien attendu que les battements de son palpitant soient complètement réguliers et il ferma la porte du bungalow à clé, sous le regard légèrement inquiet de Peter.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? Demanda-t-il en haussant un sourcil. Je sens ta peur.

Derek ne répondit pas tout de suite et prit son téléphone. Il devait faire part à Scott de son sentiment, tout de suite. Après tout, c'était McCall l'alpha de cette meute hétéroclite.

« Demain, lâche pas Stiles d'une semelle. Il a été drogué. » - 1h47.

Il fallait bien qu'il lui dise parce que, connaissant sa lenteur d'esprit, Scott ne devait pas encore avoir pensé à cette éventualité. Chez lui, la lumière mettait parfois du temps à monter à tous les étages. Par contre, il était certain qu'une bonne partie de la meute l'avait deviné, Lydia la première.

- J'ai peur que ce mec revienne, finit par dire Derek.

Il n'avait pas oublié son oncle, il avait simplement décidé d'agir par ordre de priorité.

- Tu es sûr de ce que tu penses ? Fit Peter, ayant parfaitement compris lui aussi.

- Absolument certain.

La drogue avait beau ne pas avoir d'odeur, du moins certaines, Derek et Peter connaissaient ses effets.

- Et pour nous ?

- Aconit à faible dose, répondit simplement le plus jeune des Hale après s'être raclé la gorge.

Peter hocha la tête et partit s'isoler dans sa chambre. Derek, lui, se fit un grand café, prêt à rester éveillé toute la nuit.

Il avait un très mauvais pressentiment et garda son ouïe fixée sur les battements de cœur de Stiles.