C'est aux alentours de quinze heures que Stiles rouvrit les yeux. Il avait dormi d'une traite, sans se réveiller une seule fois entre temps. Il n'irait pas jusqu'à dire que son réveil était agréable mais au moins, il se sentait moins pâteux. Pas épuisé, mais tout de même assez fatigué. Au moins, il s'était reposé. Il devait être quoi, onze heures ? Stiles tomba des nues lorsqu'il vit l'heure affichée par son téléphone portable sur la petite table de nuit.

- Non, non c'est pas possible, j'ai pas pu dormir autant… Souffla-t-il, estomaqué.

Et pourtant, c'était la réalité et il ne pouvait pas en douter. Son rythme cardiaque s'accéléra sous la panique et son souffle se fit court. Il n'allait pas faire une crise de panique mais ça risquait de s'en rapprocher… Surtout lorsque tous les éléments de la matinée lui revinrent en mémoire. Son réveil, Derek, Scott, les révélations qui lui avaient été faites… Non… La boule au ventre, il tenta en vain de se calmer, l'angoisse l'étreignait. On l'avait drogué. C'était ça qui revenait et qui tournait désormais en boucle dans son esprit torturé. Et c'était seulement maintenant qu'il commençait à en prendre réellement conscience. On l'avait mis out, lui, pour lui faire… Pour lui faire quoi au juste ? C'était étrange de raisonner comme ça, mais Stiles ne voyait absolument pas en quoi le droguer avait ses avantages. En plus d'être un simple humain, son physique était d'une banalité affligeante et encore une fois, c'était spécial de penser de cette manière mais c'était Stiles et il ne parvenait pas à comprendre. Peut-être avait-on simplement voulu le faire taire ? Il était vrai que ses babillages étaient parfois sans queue ni tête, ses monologues souvent très longs et son hyperactivité, agaçante au possible. Mais pour tout ça à la limite, il suffisait de le menacer ou de le plaquer contre un mur. À la limite, même juste un bon uppercut dans les dents suffirait à l'assommer. Pas besoin d'user de stupéfiants. Même là, ça ne collait pas.

Et ça le stressait.

Une pulsion soudaine d'angoisse le poussa à vouloir se lever, bouger, faire quelque chose. Rester inactif ne l'aiderait en rien. En revanche, il surestima son corps et ne pensa pas le moins du monde aux possibles effets secondaires de la drogue lorsqu'il repoussa les draps et qu'il entreprit de se lever. Sa tête se mit à tourner violemment et ses jambes semblaient être en coton. Elles n'avaient aucune force… Et Stiles s'étala sur le sol en gémissant faiblement, sans vraiment comprendre comment il avait pu tomber aussi facilement. Il s'était levé et puis… ? Rien, il était juste tombé parce que ses jambes ne tenaient pas. Son sang se glaça alors qu'il commençait à comprendre ce que cela signifiait, que ça lui confirmait qu'il avait bel et bien été drogué. Cette constatation, plus qu'une simple prise de conscience, lui fit l'effet d'une gifle.

Soudain, Stiles se senti soulevé et une douce chaleur s'insinua dans son corps alors que le sol s'éloignait rapidement. Il finit par tilter et tourna la tête. Derek le soutenait et venait de l'aider à se relever, en passant un bras autour de l'adolescent.

- Ça va ? Lui demanda simplement le loup.

Stiles hocha fébrilement la tête. Non, ça n'allait pas du tout. Physiquement, il ne pouvait pas trop se plaindre, il était juste tombé. C'était mentalement qu'il allait mal. Ses précédentes prises de conscience le perturbaient au plus haut point et lui donnaient simplement envie de retourner se calfeutrer dans son lit, d'y rester jusqu'à la fin des vacances. Des. Vacances. Nouvel éclairage. Stiles était en train de rater ses vacances et pourrissait celles de Derek. Il voulut lui dire de le lâcher, de le laisser et d'aller profiter avec les autres mais aucun son ne parvint à passer la barrière de ses lèvres. Et puis...

Il tremblait.

Stiles se sentait plus faible que jamais et avait l'impression que son corps était complètement désarticulé, sans muscle, sans force, sans moyen de bouger comme il le voulait. L'image de la marionnette s'imposa à nouveau à son esprit. Oui, c'était ça, on pouvait l'assimiler à un pantin à l'heure actuelle.

L'adolescent était tellement bouleversé et perdu dans ses pensées qu'il ne se rendit même pas compte que Derek le portait presque plus qu'il ne le soutenait tant il avait du mal à marcher, tant ses jambes refusaient de le porter. Il ne sembla émerger de son esprit brumeux que lorsque son aîné l'aida à s'asseoir sur le canapé du mini salon. Il sursauta tandis que Derek, au lieu de le lâcher, s'asseyait à côté de lui en gardant son bras autour de son corps, comme le premier soir.

- Bien dormi ? Lui demanda aussi doucement que possible le loup tout en le regardant.

Derek n'était pas surpris du sentiment de confusion qu'il sentait chez Stiles et qui était clairement visible sur son visage. Au moins, l'hyperactif ne souffrait pas, physiquement du moins : sa chute avait fait peur au loup qui était en train de s'endormir dans sa chambre à lui et avait été réveillé par le bruit de la chute accompagnée du gémissement de l'adolescent, les deux sons exacerbés par ses sens surnaturels. Pour ce qui était du mental, Derek pouvait aisément imaginer son désarroi et cette impression d'être complètement perdu. Pour preuve, l'hyperactif aux légendaires diatribes n'avait pas prononcé un mot depuis son réveil récent, n'avait pas sorti un seul sarcasme ni un semblant de monologue. Il était terriblement silencieux et n'ouvrait la bouche que pour la refermer presque aussitôt. En somme, il était sous le choc, des heures après leur discussion qui avait également surpris Scott. Dans le fond, Derek comprenait : à ce moment-là, l'adolescent venait de se réveiller pour la première fois et devait être encore un peu dans les vapes. Là, il avait pleine conscience de son corps, de son esprit et les mots agissaient un peu à retardement.

Le regard miel perdu s'ancra dans celui, bleu-gris, de Derek.

- Trop. J'ai… Trop dormi.

Parler s'avérait encore un peu difficile mais finalement, il ne s'en sortait pas si mal. Au moins, il n'avait plus vraiment cette impression d'être pâteux et que sa mâchoire était anesthésiée. Là, il arrivait à parler et ne se souciait que peu du volume faible de sa voix pas vraiment assurée. Il y arrivait plus facilement, c'était tout ce qui comptait.

- T'en avais besoin, tenta tranquillement de le rassurer Derek.

- Je rate mes vacances et… Je gâche les tiennes, grommela Stiles en détournant le regard.

- On en aura d'autres, relativisa le loup. L'important, c'est que tu ailles bien.

- Je vais bien.

- Tu vas me dire que tu as fait exprès de tomber, dans ce cas ? Rétorqua Derek en haussant un sourcil.

Sa question dut faire mouche puisque Stiles piqua un fard et baissa la tête, rouge de honte.

- J'a… J'arrivais pas à marcher, mes jambes tenaient pas, avoua-t-il. Mis à part ça je vais bien, vraiment…

- Pas assez pour que je te laisse seul, lui dit le loup.

- Derek… Soupira Stiles. Ca va, je te le jure, tu peux y aller…

Mais Derek était quelqu'un de têtu, tout comme Stiles, qui batailla faiblement durant encore quelques minutes avant de capituler. Peut-être qu'un de ses monologues habituels aurait pu achever le loup et l'obliger à accepter sa décision à lui mais il n'était actuellement pas vraiment capable d'en faire. Il avait beau avoir trop dormi pour son bien, l'épuisement était toujours là, dans une moindre mesure cependant. Derek gagna donc ce round mais Stiles lui promit qu'il gagnerait la guerre. En esquissant un léger sourire amusé, Derek l'aida à mieux s'installer sur le canapé et s'éclipsa un instant. Il revint et lui tendit un yaourt – qu'il avait ouvert au préalable – ainsi qu'une cuillère et l'obligea à manger un peu malgré ses lamentables protestations.

- Tu veux arrêter de te sentir faible ? Alors reprends des forces, lui dit Derek comme si tout était normal.

- C'est pas avec un yaourt que je vais me requinquer, maugréa Stiles en articulant autant qu'il pouvait.

- C'est juste histoire de te réhabituer un peu et voir comment ton corps réagit.

Commencer par des Curly Fries aurait sans doute beaucoup plus plu à Stiles, mais son ventre aurait sans doute moins apprécié. Et comme régurgiter ce qu'il avalait n'était pas franchement le but recherché et que Stiles était loin d'être idiot, il capitula une fois de plus et mangea lentement, sous la surveillance avisée du loup. Entre deux cuillerées, Stiles fut toutefois honnête :

- Je persiste, j'aurais très bien pu faire ça tout seul.

- Tu serais allé le chercher ? Rétorqua Derek d'un ton qui semblait moqueur et… Qui l'était.

Stiles eut l'air de réfléchir une seconde avant de soupirer de désespoir. Non, il n'y serait pas allé, d'une part parce qu'il n'aurait pas pensé à manger, d'autre part parce que sa faiblesse l'en aurait empêché. Il se serait rétamé sur le sol plus d'une fois et rien que savoir que cela se serait passé comme ça le frustrait à un point inimaginable. Qu'est-ce qu'il détestait être aussi fragile, faible ! Déjà qu'en temps normal, Stiles n'appréciait pas beaucoup sa condition plus faible que celle de ses amis, là, c'était carrément pire. Il était incapable de marcher seul ! Même assis, il sentait à peine ses jambes qui, s'il forçait à peine dessus, se mettaient à trembler, preuve de sa fébrilité actuelle. Il sentait que ses forces étaient en train de revenir petit à petit – trop lentement pour son bien si vous voulez son avis – et savoir que c'était ça qui retenait Derek l'agaçait. C'était incroyable comme il se détestait actuellement. Bordel, mais qu'avait-il bu ce soir-là pour être dans un tel état ?!

C'est ainsi qu'une journée passa et Stiles ne sut jamais vraiment s'il devait se réjouir de la surveillance de Derek. D'un côté c'était bien parce qu'il l'appréciait vraiment beaucoup trop pour son propre bien et que ça lui permettait de passer du temps avec lui mais d'un autre… Il gâchait toujours autant ses vacances et pour lui qui désirait simplement que tout le monde s'amuse, c'était sans doute l'une des pires situations qui aurait pu lui arriver. Sachant qu'en plus, il avait décidé de faire des efforts pour améliorer leurs relations… Il pouvait néanmoins notifier l'absence totale d'animosité chez le loup durant ces longues heures où ils avaient regardé des téléfilms de merde sur la petite télévision de leur bungalow, où chacun avait traîné sur son téléphone. Aucune trace d'énervement dans le regard et l'attitude de Derek, ni même d'impatience. Il l'avait même entraperçu esquisser de légers rictus amusés à certains moments ! Le lycan détendait progressivement son string, c'était bien. Pour autant, Stiles aurait aimé que cela se passe dans d'autres circonstances.

Aux alentours de dix-neuf heures, Stiles n'en pouvait cependant plus : son côté hyperactif reprenait le dessus. Il avait besoin de bouger, de faire quelque chose d'autre que regarder de pauvres écrans. De plus, ses amis lui manquaient. Même Jackson putain. Merde, il n'était pas parti en vacances avec la meute pour rester dans sa cabane !

- Je veux y aller et tu m'en empêcheras pas ! S'écria-t-il lorsque Derek revint après avoir passé quelques minutes dans la salle de bain.

Il savait, grâce à un message de Scott, que la meute allait manger au même restaurant de la veille. D'ailleurs, Stiles avait reçu de nombreux SMS de la part de la plupart de ses amis. Chacun espérait qu'il aille mieux et l'hyperactif eut le plaisir de constater que Scott ne leur avait rien dit quant à la nature réelle de son état. C'était déjà assez humiliant comme ça alors qu'ils ignorent ce fait ne le dérangeait pas le moins du monde, bien au contraire. Moins de gens savaient, mieux c'était.

Derek s'assit avec une arrogance folle sur le fauteuil en face du canapé et le toisa, l'air suffisant. Si Stiles avait été un loup, il aurait senti l'amusement dans l'odeur du Hale.

- Montre-moi que tu es capable de tenir debout sans embrasser le sol et on avisera, lui dit-il simplement.

Ce furent les mots de Derek qui firent enfin comprendre à Stiles que celui-ci faisait de l'humour. Derek. De l'humour. Putain. C'était un miracle. Et l'hyperactif releva le défi, non sans un certain stress. Il avait vraiment besoin d'aller manger un bout avec la meute, même si son estomac était encore un peu en vrac. Stiles étant du genre à ignorer les problèmes jusqu'à ce qu'ils disparaissent, c'était parfait. Parler avec les autres, se changer les idées, savoir comment s'était passée leur journée… Ouais, ça lui ferait du bien. Au moins, il ne penserait pas à la substance qui coulait toujours dans son sang, dans une quantité moindre comparé à la veille. Alors, c'est dans cet état d'esprit qu'il prit appui sur ses avant-bras, les mains posées sur la table basse. Il fronça les sourcils d'un air concentré et mit toutes ses forces dans ses jambes. Il devait se lever, il n'avait pas le choix. Il avait besoin de voir ses amis.

Il y eut bien du mouvement en bas. Avant même de s'en être rendu compte, Stiles avait réussi à se hisser sur ses jambes. Pour autant, ce n'était pas gagné. Alors qu'il allait esquisser un sourire triomphant après avoir passé plus de trois secondes debout, ses jambes cédèrent, un peu trop sollicitées actuellement. Elles tremblaient trop.

Encore une fois, Derek fut là pour le rattraper. Il avait été là si vite que Stiles soupçonna qu'il connaissait le résultat à l'avance. Il savait que l'hyperactif tomberait. Cet élément seul suffit à saper le moral de l'adolescent dont le visage perdit instantanément toute lumière. Alors c'était comme ça ? Il avait un karma si mauvais qu'il n'allait même pas pouvoir aller manger avec la meute, en plus de complètement rater ses vacances ? L'air mortifié, il laissa complètement faire Derek lorsqu'il le guida pour se rassoir sur le canapé.

- Aide-moi à aller dans ma chambre, finit-il par dire, faiblement.

Derek haussa un sourcil mais s'exécuta sans rechigner, portant cette fois directement l'hyperactif dans ses bras avant de le déposer doucement sur son lit.

- Je reviens, lui dit-il simplement en sortant son téléphone de sa poche.

Stiles fit un semblant de bruit pour lui faire signifier qu'il avait entendu et, lorsque le loup eut fermé la porte de la chambre, poussa un long soupir de dépit. L'air las, il rabattit tant bien que mal la couette sur lui, la montant jusqu'à l'arête de son petit nez retroussé. Il aurait pu avoir faim mais sa déception était si grande que cette simple sensation disparut de son ventre. Stiles n'en voulait même pas à Derek. Au fond, il le comprenait. Ce n'était pas un tyran et il le savait. Il était normal de voir s'il était capable de se débrouiller seul. Autrement, il devrait le porter et en plus de leur apporter une bonne dose de ridicule à tous les deux, reviendrait à se servir du loup comme destrier. Déjà que Derek avait passé sa journée – et sa nuit, d'après ce qu'il avait compris – à veiller sur lui, Stiles n'allait pas abuser. Le loup n'allait pas continuer de gâcher ses vacances pour lui. L'hyperactif, pourtant décidé quelques minutes plus tôt, abdiqua totalement et se résigna à passer quelques heures de plus à ne rien faire de constructif. La perspective d'être seul ne lui faisait pas grand-chose – enfin si, un peu, mais il préférait rester dans le déni. Il ferma les yeux et soupira, encore. Foutue constitution humaine. Il était faible, si faible ! Cette constatation, loin d'être la première, le fit grogner sous la couette. Être humain lui allait parfaitement et il ne regrettait pas d'avoir refusé la morsure, simplement… Il restait toujours le même, ce boulet qu'on traînait et à qui il arrivait toujours de la merde. Un empoté qui avait toujours besoin d'aide.

Stiles se força cependant à ne pas penser au fait qu'il était un poids parce qu'en soi, il avait son utilité. De plus, le jeune homme n'était pas sûr que déprimer soit la solution à son problème. La tristesse ne le ferait pas se lever plus vite, ce n'était pas elle qui allait éliminer la drogue de son sang. Il ne pouvait rien faire à part attendre. C'était diablement frustrant, surtout lorsque l'on pensait au fait que Stiles était hyperactif. Alors il gigotait et l'on pouvait presque voir les rouages de son cerveau s'activer.

Stiles s'empêcha de réagir quand il entendit du bruit en provenance – sans doute – de l'entrée du bungalow et plusieurs voix, deux, peut-être trois, dont il ne chercha même pas à reconnaître les timbres. Il était frustré comme jamais et le fait que Derek l'ait laissé… Ouais, finalement, ça le faisait chier. Au moins, il lui tenait compagnie, ça lui faisait une présence à ses côtés. Lorsque Stiles était seul, tout lui paraissait plus sombre, plus fade. Merde, il ne pouvait même pas embêter celui qu'il surnommait affectueusement Sourwolf ! Stiles gonfla les joues avant de soupirer. Il se rendait compte qu'il était toujours fatigué et ça l'énervait. En fait, toute cette journée le saoulait. Rien n'allait correctement. On le droguait, il était fatigué, il ne pouvait se mouvoir seul, il était condamné à passer sa soirée sans ses amis… Rien de tout cela n'était grave, selon Stiles, mais ça le pesait.

Il sursauta lorsqu'il entendit la porte de sa chambre s'ouvrir. Il se redressa comme il put et tomba sur Derek, qui se rapprocha de lui. D'un geste de la main, il lui indiqua de sortir. Puis, voyant que le loup s'arrêtait devant lui, Stiles soupira une nouvelle fois.

- Va voir les autres et t'inquiète pas, je vais pas m'envoler. Je pense que tu as remarqué que je ne suis pas vraiment capable d'aller bien loin, lâcha-t-il, las.

Sauf que Derek ne l'entendait pas de cette oreille. D'un geste sec et rapide, il lui retira la couette et ni une ni deux, le jeune homme finit dans ses bras, comme une princesse. Stiles poussa un petit cri et lui enjoignit calmement – haha – de le remettre dans le lit.

- J'suis pas d'humeur, Sourwolf, repose-moi ! S'écria Stiles, indigné. Je te signale que j'étais bien installé dans mon lit et que t'as tout cafouillé ! Quitte à passer une soirée de merde autant la passer dans un endroit agréable et confortable, tu vois. Pas que tes bras ne le soient pas mais, vois-tu, à choisir, je préfère quand même mon lit parce qu'au moins j'aurais pas l'impression de pouvoir être lâché par terre à tout moment, hein ? Là, je dépends de ton bon-vouloir et c'est un peu comme se jeter dans l'inconnu, c'est pas ouf, alors si tu pouvais…

- Tais-toi un peu et attends, soupira Derek en l'amenant dans le salon.

C'est là que Stiles aperçut Scott et Lydia, tous les deux pimpants, bien habillés, beaux comme des cœurs… Pourquoi s'habiller ainsi pour aller au restaurant ? Et puis surtout, pourquoi se trouvaient-ils ici, dans ce bungalow ? Scott souriait doucement tandis que Lydia gardait un air neutre. Autant dire que Stiles se retrouvait légèrement intimidé devant ses amis et, pour une fois, pas vraiment devant Sourwolf. Passer la journée avec cet homme qui lui avait servi de garde-fou ne l'avait pas désacralisé à ses yeux mais…Disons qu'il y faisait un peu moins attention. Pour cela, il se força à penser que le loup l'avait veillé et avait nettoyé son vomi. Mieux valait ne pas y songer, autrement sa honte reviendrait au galop et ce n'était pas vraiment le moment.

- Salut Stiles, lâcha Lydia.

- Tu as l'air d'aller mieux que ce matin, ça fait plaisir, sourit Scott.

- J'imagine, répondit seulement Stiles, perplexe. Sinon, on peut m'expliquer ce que vous faites là et pourquoi cet idiot continue de me porter comme si je pesais rien ? Non, sérieusement, je sais que je ne suis pas le plus massif de la meute mais quand même, là j'ai quand même un peu l'impression d'être l'équivalent d'une brindille portative et c'est pas extrêmement plaisant…

Derek leva les yeux au ciel tandis que Lydia leur indiqua de sortir. Stiles voulut se débattre mais c'était inutile, la poigne de Derek était trop forte pour qu'il cède si facilement. De plus, son grognement le dissuada de tenter quoi que ce soit de plus à son encontre. Une entourloupe et il lui arracherait sans doute la gorge avec ses dents. Comme toujours. Alors, l'hyperactif se força à laisser le loup faire, le porter jusqu'à l'extérieur. Quelle ne fut pas sa surprise de voir un fauteuil roulant devant le bungalow ! Pour une fois, Stiles fut plus long à la détente que Scott, si bien que ce dernier rit doucement.

- Tu croyais quand même pas qu'on allait te laisser seul ce soir ? Si tu peux pas te déplacer, on peut s'en charger, lui dit son meilleur ami.

C'est ainsi que Derek déposa plus ou moins doucement Stiles sur le fauteuil et Lydia s'occupa de vérifier s'il était installé correctement et si tout allait bien. Même si la jeune femme avait l'air neutre, ce n'était pas le cas intérieurement. Elle avait deviné, elle savait et s'était empressée de cuisiner Scott dans la journée, le harcelant jusqu'à ce qu'il lui avoue ce qu'il se passait avec Stiles. En tant que grande amie de l'hyperactif, elle avait jugé avoir le droit de savoir ce qu'il lui arrivait, bien qu'elle ait très vite eu sa petite idée sur la question.

Stiles cligna des yeux plusieurs fois. Son cœur se réchauffa. Plus que perplexe, il était agréablement surpris et se dit qu'il avait les meilleurs amis du monde. Stiles mit de côté sa fatigue et leur fit un grand sourire en les remerciant, ajoutant qu'il en avait assez de passer sa journée à ne rien faire et que ne pas les voir avait déjà commencé à être fortement pesant. Du coin de l'œil, il vit Derek esquisser un petit sourire. Et même s'il était léger, pour Stiles, c'était sans doute le sourire le plus lumineux qu'il ait jamais vu de sa vie.