CHAPITRE 1:

14h30, fin de service, Giselle allait enfin pouvoir rentrer chez elle. Elle était fatiguée, elle avait commencé à 6h du matin.. comme tous les matins... de toutes les semaines... tous les mois..

La routine s'était installée, non pas qu'elle s'en plaigne spécialement, mais elle devait s'avouer qu'elle s'ennuyait et son travail en était la raison principale. "Si seulement la chance pouvait me tomber dessus, devenir riche ou quelque chose comme ça..." se dit-elle.

Prenant sa voiture, ses pensées s'envolaient dans un monde lointain, un monde où elle pouvait faire ce que bon lui semblait et où elle pouvait vivre sa vie sans problèmes ni contraintes. Perdue dans ses pensées, elle n'avait pas remarqué que sa voiture avait fait un écart sur le côté gauche et avait franchi la ligne blanche séparant les deux voies. Elle eut à peine le temps d'éviter la voiture d'en face qui se dirigeait droit sur elle. Le coup de volant qu'elle avait donné pour pouvoir s'écarter au bon moment l'avait fait atterrir dans la forêt, sa voiture percutant violemment un arbre.


Giselle se réveilla quelque temps plus tard, elle n'avait aucune idée de combien de temps s'était passé depuis son accident et surtout d'où elle se trouvait. "J'étais pas dans une voiture aux dernières nouvelles ?". Elle vit son pull déchiré sur le bras droit, et inspecta le reste de son corps à la recherche d'éventuels hématomes ou coupures. En se palpant le corps, elle fut agréablement surprise de ne rien trouver à part quelques petits bleus par ci par là.. Mais lorsque ses mains touchèrent ses oreilles, elle eut la désagréable surprise de découvrir que celles-ci étaient pointues.

– C'est quoi ce bordel ? Je suis devenue un monstre ? Mais c'est horrible, qu'est ce que j'ai fait au bon dieu pour mériter ça ? Paniqua la jeune femme en tirant sur l'une de ses nouvelles oreilles.

Voulant comprendre où elle se trouvait et ce qu'il se passait, elle avança dans la forêt à la recherche de sa voiture. Introuvable. Elle ne comprit pas, elle n'avait pas pu être propulsée si loin de sa voiture, surtout qu'elle avait sa ceinture. En plus de cela, la forêt était bien plus belle que lorsqu'elle y était "entrée" de force. La panique gagna la jeune femme, elle était perdue, sans voiture, sans personne pour l'aider..

– Mon sac !

La brune vit le petit morceau de cuir noir presqu'entièrement caché par l'herbe quelques mètres plus loin. Elle se précipita vers ce dernier pour y trouver son téléphone. "Enfin un peu de chance" se disait-elle, "Et en plus il est pleinement chargé, on n'est donc pas dans un film d'horreur c'est déjà ça". La jeune femme déverrouilla son téléphone mais eut la mauvaise surprise de découvrir qu'il n'y avait aucun réseau.

– Je vois que c'est mon jour de chance aujourd'hui...

Désespérée, Giselle s'enfonça un peu plus loin dans la forêt à la recherche de la route sur laquelle elle avait dévié. Un craquement la fit s'inquiéter. Elle se retourna vivement et ce qu'elle vit la terrifia sur place. Un homme, grand aux cheveux bruns très longs, de beaux yeux noisettes et un visage que la jeune femme jugea parfait sans aucun défaut, avait une flèche pointée entre ses deux yeux et lui parla une langue qu'elle ne comprit absolument pas.

Qui êtes-vous, et que faites-vous sur nos terres ?

La jeune femme ne répondit pas. Trop secouée et sous le choc pour qu'un seul son ne sorte de sa bouche. L'homme sembla s'impatienter et sembla lui répéter la même phrase.. plus ou moins.

Je vous le redemande, qui êtes vous et que faites-vous ici ?

– Je ne comprends pas ce que vous dites, je suis désolée..

L'homme arqua l'un de ses fins sourcils, la flèche toujours pointée sur la jeune femme.

– Que faites-vous sur nos terres ? répéta-t'il dans la même langue que la jeune femme.

La brune s'étonna, il pouvait finalement la comprendre. "Pourquoi il n'a pas parlé la même langue plus tôt ? Et surtout pourquoi il parlait une langue inconnue au bataillon ?"

– Je me suis perdue, monsieur. Je ne sais pas ce que je fais ici, je rentrais du travail et ma voiture a dévié et à atterrit ici. Je ne vous veux aucun mal, je veux juste rentrer chez moi. Révéla-t-elle d'une voix paniquée. S'il vous plaît, enlevez cette flèche de mon crâne. Est-ce que j'ai vraiment l'air de vouloir vous faire le moindre mal ?

Le grand brun abaissa sa flèche mais resta néanmoins sur ses gardes.

– Toute personne est suspecte. Je suis désolé de vous l'annoncer madame, mais une elfe ne parlant pas le sindarin, l'est d'autant plus.

Elfe ? Sindarin ? De quoi il parlait celui-là ? Giselle espérait être dans un mauvais rêve dont elle devait vite se réveiller.

– Vous allez venir avec moi, je vous emmène voir le roi. Déclara le beau brun définitivement trop beau pour être vrai. "Si seulement tous les hommes pouvaient être aussi âpreté que lui" pensa la jeune femme. "Bon il est un peu habillé de façon étrange et parle comme une personne d'un autre siècle mais il est très charmant.. attends quoi ? Il vient de dire "roi" ou j'ai rêvé ?"

– Comment ça votre roi ? On est où là ? Vous pouvez m'expliquer ? S'il y avait un royaume dans cette forêt croyez moi ça se saurait. Je passe devant tous les jours je l'aurais remarqué ! Arrêtez de vous moquer de moi et ramenez moi chez moi ! Si vous ne pouvez pas m'aider, au moins dirigez-moi vers un téléphone qui fonctionne que je puisse appeler quelqu'un pour me sortir de là ! Cria la jeune femme. La panique avait fait place à la colère et la brune perdait patience.

L'homme s'impatienta et lui attrapa le bras pour la tirer avec lui. Il commença à marcher.

– Je n'apprécie pas votre ton madame et encore moins votre façon de vous exprimer. Votre accoutrement est des plus étrange et votre langage est bien trop vulgaire pour une elleth. Je ne sais pas où est votre famille mais ici nous savons nous tenir, vous auriez bien besoin d'une correction. De plus, je ne sais pas ce qu'est un téléphone. Déplora l'elf tout en regardant droit devant lui, restant concentré sur le chemin à prendre.

"Mais pour qui il se prend celui-là ? C'est pas parce qu'il est beau qu'il a le droit de me parler comme ça. Il vient de critiquer mon éducation en plus et je ne vois absolument pas en quoi j'ai était vulgaire." Se dit-elle le cœur battant. Elle ne le montrait pas, mais Giselle était terrifiée. Elle était visiblement loin de chez elle et sans personne à contacter pour la sortir de cet enfer. Seule ou presque, en pleine forêt qui regorge sûrement de pleins d'insectes immondes...

– Écoutez moi monsieur, j'ai un marché à vous proposer. Je vous laisse tranquille, je m'en vais loin, vous n'entendrez plus jamais parler de moi et en échange je retrouve le chemin de la route, je rentre chez moi et je ferai comme si rien ne s'était passé, ça vous convient comme ça ? C'est gagnant-gagnant. S'essaya la jeune femme pour se sortir de cette situation, la voix légèrement tremblante.

– Pour qui me prenez-vous ? Croyez-vous vraiment que je vais cacher à notre roi qu'une elleth inconnue se balade sur ses terres ? Si je vous laissais partir et que vous étiez ici pour semer la discorde dans notre royaume, je serais un piètre garde. Maintenant silence et laissez moi me concentrer pour vous amener le plus rapidement possible vers notre roi. Lui seul pourra décider de ce qu'il adviendra de vous. L'homme détourna ses yeux noisettes de Giselle et cette dernière put constater qu'il avait les oreilles pointues lui aussi. Elle ne savait pas si cela la rassurait ou la terrifiait encore plus.


Après plus d'une heure de marche, d'après Giselle, il était possible que ce soit moins long, mais pour elle, cela était si insupportable que le temps lui paraissait interminable, ils arrivèrent devant une immense porte faite de bois, des branches sculptées sur cette dernière s'entrelacent. Elle était impressionnée, par une porte, certes, mais ce n'était pas le genre de porte sur laquelle elle tombait tous les jours. Un grand pont les séparait de ladite porte et Giselle se demanda si elle ne devait pas sauter pour atterrir dans l'eau et voir où le courant l'emmenait.

Mais il fallait être réaliste, elle avait une chance sur un million de s'en sortir dans ce cas de figure, le pont était si haut que la simple chute la tuerait sur place. Elle abandonna l'idée et fut contrainte de suivre le garde qui la tenait toujours par le bras. Le brun fit un signe de tête au deux soldats qui gardaient la porte et ceux-ci s'exécutèrent et ouvrirent l'immense porte. Les deux elfes s'y engouffrèrent et Giselle admira les lieux dans lesquels elle venait de pénétrer.

Une salle immense assez sombre au premier abord mais très éclairée par des centaines de bougies éparpillées partout. Pratiquement l'entièreté de l'endroit était fait de bois, des entrelacements de branches entouraient les piliers. Le regard de Giselle parcourait la salle, elle le dirigea soudain vers le bas et vit avec horreur qu'elle et son sauveur marchaient sur un pont sans aucune barricade, avec un fond qui n'en finissait plus. Instinctivement, elle se colla contre le garde qui eut un léger hoquet de surprise mais se reprit très vite et la repoussa légèrement à sa position initiale.

– Arrêtez de gigoter, vous allez nous attirer des ennuis. Fit-il d'un air dédaigneux.

Le cœur battant, Giselle se demandait si on la conduisait à l'abattoir. Après tout, qu'avait-elle fait de mal pour être traitée de la sorte ? Elle s'était simplement perdue, pas la peine de se mettre dans tous ces états, ce n'était pas sa faute. Elle non plus n'aimait pas être ici.

Ils arrivèrent enfin à la fin du pont et Giselle leva la tête lorsqu'elle fut stoppée net. Son cœur s'accéléra quand ses yeux se posèrent sur un trône, immense. "Tout était immense ici en fait" se dit-elle. Le trône était fait de bois également qui ressemblaient à des bois de cerf. Le roi y était assis, le regard impassible. Ce regard bleu cristal qui la glaça sur place. Ses cheveux longs et blonds, presque argents, étaient agrémentés d'une couronne aux branches droites et pointues, qui avait l'air de bien aller avec son propriétaire.

Il avait l'air très autoritaire et elle se demandait bien à quelle sauce elle allait être mangée.. elle espérait se réveiller de ce cauchemar rapidement.


Petite clarification: les phrases en italique sont les phrases dites en langage elfique.