Merci à ceux qui ont fav et suivent cette fiction ! Je perds un peu espoir par manque de retour, voilà pourquoi je poste bien moins souvent. En espérant avoir toujours des lecteurs qui attendent la suite ! Bonne lecture à vous :)
CHAPITRE 11:
Thranduil
Voilà plus d'une heure que Thranduil avait accueilli les invités, peu d'entre eux avaient eu la chance de recevoir un sourire sincère du roi, les autres avaient eu droit à son sourire factice, qu'ils s'estiment déjà heureux. En particulier ce sournois de Tárion.
– Quelle magnifique réception mellon, tu ne cesse de t'acharner à épater ton monde. Avait-il dit sur le ton de l'arrogance.
Thranduil s'amusa de la petite pique de son homologue, il lui en faudrait beaucoup pour mettre le roi hors de lui ce soir, il accueillait son fils qu'il n'avait pas vu depuis il ne sait combien de temps, rien ne perturberait ce moment.
– Tu devrais songer à te trouver une femme, cela t'occuperai l'esprit et te rendrais moins amère.
– Tellement de prétendantes, toutes plus insipides les unes que les autres, continua le Noldo en gonflant le torse. Cela dit, une jolie fleur rose pourrait peut-être prétendre à ce titre, fit-il en dirigeant son regard sur Giselle.
Thranduil avait suivi son regard, il savait que Tárion cherchait seulement un moyen de le faire sortir de ses gongs. Il s'intéressait à elle uniquement parce que lui-même montrait de l'intérêt pour l'étrange elleth. Il examina cette dernière davantage. Cette robe lui allait à ravir, faisant ressortir sa mince poitrine et surtout, dévoilant sa longue jambe. Il adorait ses jambes, elles appelaient aux caresses. Il regretta à cet instant de l'avoir laissé choisir cette robe, la fente remontait si haut sur sa cuisse qu'il voulait la prendre et l'amener dans ses appartements, personne d'autre que lui ne devait la voir ainsi. Le noldo le sortit de ses pensées.
– Elle est libre me semble-t-il, et puisque que moi je ne suis pas marié, je peux librement lui faire la cour. Lâcha Tárion, un sourire vainqueur affiché sur le visage.
– Ne me cherche pas, souffla Thranduil à son oreille.
Tárion éclata de rire, le roi était si prévisible, il avait beau afficher son air supérieur et se montrer impassible, il avait tout de même une faiblesse: son égo. Cette elleth n'avait rien de spécial selon lui, elle était jolie et il pourrait sans problème la mettre dans son lit, comme toutes les autres, mais ça n'irait pas plus loin. Mais Thranduil semblait s'y intéresser de très près et étant un elf déjà marié, la relation avec cette elleth devait rester secrète. L'elleth avait sûrement accepté cet accord mais pour combien de temps ? Il viendra un temps où cela ne lui suffira plus, elle voudra plus, et Thranduil serait incapable de le lui donner, même s'il le voulait. C'est pourquoi lui subtiliser Giselle serait sa plus grande fierté. Ce sinda ne méritait même pas sa place de roi. Son père avait seulement été choisi, il n'était pas né roi. Il ne lui était en rien supérieur. Les guerres avaient beau être terminées, la rancœur, elle, était tenace.
– Ne t'en fais pas pour cela, je préfère chercher une elleth pour la nuit. Lui glissa-t-il en s'éloignant dans la foule.
Thranduil le vrilla du regard, ce chien avait réussi à le mettre de mauvaise humeur. Il regarda une nouvelle fois Giselle avant que Tárion ne s'approche d'elle. Il détourna les yeux et bu une coupe de vin d'une traite.
Legolas avait regardé la scène de plus loin, il connaissait son père, il ne l'avait que très rarement vu si émotif, il savait que cela était dû à cette elleth brune. Il connaissait l'animosité entre son père et le seigneur Tárion, mais ses regards répétés envers l'elleth en disait long sur ce qu'il ressentait, il n'avait pas besoin d'une discussion profonde avec son père pour pouvoir lire en lui. Il était l'un des seuls, voir le seul, à pouvoir voir qui il était vraiment derrière ce visage impassible et froid qu'il se forçait à montrer.
Voir son père montrer la moindre émotion, même de la jalousie, suffisait à Legolas pour avoir de nouveau espoir en lui. Le prince avait passé toute son existence sans sa mère, et avec un père au cœur aussi triste et froid que l'on pouvait l'être. Il semblait être un fantôme seul et plein de chagrin. Il se demandait s'il avait seulement vu une fois le roi autrement que triste.
Il se dirigea vers l'elleth, intrigué, et s'immisça dans la conversation lorsqu'il vit qu'elle semblait gênée et en difficulté face aux viles paroles du seigneur Tárion.
Giselle
Que devait-elle faire maintenant ? S'enfuir ? Faire comme si de rien n'était ? Le prince a dit qu'il la connaissait mais savait-il ce qu'il se passait entre elle et son paternel ? Elle en était moins sûr, il la haïrait s'il savait. Elle ne devait pas craquer. Giselle décida qu'il ne fallait plus qu'elle dise le moindre mot à partir de cet instant, elle ne voulait pas faire de bourde devant le prince et faire honte au roi. "C'est partit gardes ton calme et vas t'asseoir comme si de rien n'était. Ah facile à dire, ou à penser plutôt".
C'est d'un pas peu assuré qu'elle s'avança vers la table du roi, son nom était inscrit sur un morceau de bois, signe qu'il s'agissait de sa place. Ce qu'elle aurait aimé être à la table d'Edwen, au moins elle aurait pu être elle-même. Mais non, il avait fallu que le roi lui foute encore plus la honte devant son fils. Pour couronner le tout, le seigneur Tárion était aussi à la table du roi, ainsi que plusieurs autres invités de haut rang. Que faisait-elle là ? Elle n'avait rien avoir avec ces gens, elle couchait juste avec le roi… elle ne voulait en aucun cas les "privilèges" qui accompagnaient cette condition.
Giselle prit place en face du prince, le regardant furtivement, baladant son regard sur tout ce qui pouvait se trouver sur la table. "Éviter tout contact visuel avec le moindre blondinet, qu'il soit roi ou prince ou autre. Même s'il y a un elf blond qui n'a rien avoir dans l'histoire, je vais éviter de le regarder aussi, on sait jamais." se dit la jeune femme. Elle était si stressée qu'elle n'avait même pas faim. Les plats fumants arrivaient, du bon sanglier baignant dans la sauce, des pommes de terres aux herbes, du saumon, des légumes… elle ne savait plus où donner de la tête. Elle se fit servir un tout petit morceau de sanglier avec seulement quelques patates. Elle avait l'estomac noué, elle ne pouvait rien avaler. Elle s'amusa seulement avec sa fourchette, la plantant encore et encore dans son morceau de viande.
La musique jouait toujours, étant bien plus calme, elle était partiellement couverte par les discussions animées des seigneurs et dames de diverses tables. Thranduil, qui discutait avec son fils de tout et de rien, venait de remarquer l'absence de Giselle. Son corps était peut-être présent, mais son esprit ne l'était pas, l'elleth semblait totalement effacée. Elle n'avait pas touché à son assiette et gardait constamment la tête baissée. Il souleva l'un de ses épais sourcils, il ressentait sa confusion et fronça légèrement les sourcils d'incompréhension.
Il n'eut pas le temps de lui poser la question qu'elle se leva promptement, prétextant avoir une envie pressante. Thranduil avait une envie folle de la suivre et de la questionner, mais il ne pouvait se permettre de se lever et abandonner ses invités pour courir après une elleth.
Giselle était adossée contre un mur du couloir qui la séparait de la salle de réception. Elle s'était mise près des jardins, histoire de respirer un peu d'air frais.
– Allez-vous bien madame ? Lui demanda une voix masculine.
Elle tourna vivement la tête, surprise que quelqu'un l'ait remarqué. C'était le prince.
– Oh eum oui.. merci.. excusez moi j'espère ne pas avoir été impolie, j'avais besoin d'un peu d'air je ne me sens pas très bien. Fit-elle d'une voix peu assurée.
Il s'approcha doucement d'elle, un mince sourire se dessinant sur son visage parfait.
– Est-ce ma présence qui vous met dans un tel état ? Demanda-t-il sincèrement.
Elle écarquilla les yeux, était-elle si démonstrative que cela ?
– N-non.. simplement.. il y a beaucoup de monde, je ne suis pas à l'aise.. dans la foule, bégaya-t-elle.
Il secoua la tête, riant légèrement.
– Je présume que mon père ne vous a pas prévenu de mon arrivée, je ne suis pas là pour vous perturber. Je sais qui vous êtes, dans les grandes lignes, je sais quel genre de… relation vous entretenez avec le roi.
Giselle rougit fortement à l'annonce du prince. Alors il savait tout, qu'allait-il lui dire ? Qu'il désapprouvait et qu'elle avait intérêt à s'éloigner de son papa parce qu'elle n'était pas sa femme ?
– Si vous me dites de m'éloigner de Thran- du seigneur Thranduil, je comprendrai totalement. Lui dit-elle sincèrement, la mine basse. Mais sachez que j'aim- j'apprécie sincèrement votre père, je ne cherche pas à profiter de lui ni de ses titres ou encore à m'immiscer dans votre famille, je ne me le permettrai jamais. Elle lutta contre toutes les forces du monde pour ne pas laisser couler les larmes aux coin des yeux qui menaçaient de perler. Elle avait peur de ce que le prince pourrait lui dire. S'éloigner du roi serait l'une des choses les plus difficiles qu'elle aurait à affronter.
Legolas fut touché de la sincérité de Giselle, il n'avait pas manqué de noter sa bourde mais ne la releva pas.
– Je ne suis pas venu pour cela, je ne m'immiscerai pas dans votre relation, voir mon père heureux est tout ce qui m'importe. La paix a gagné notre monde, je souhaite qu'elle gagne également mon père, si cela se fait à travers vous, je ne peux que me réjouir.
Giselle l'interrogea du regard. Était-il sérieux ? On ne savait jamais avec ces elfes, et puis on ne pouvait pas dire qu'elle avait un franc succès envers ses congénères. La plupart la regardait comme si elle était folle, complètement débile ou encore la considérait comme la putain du roi.
– Vous.. vous êtes sérieux ? Vous ne m'en voulez pas du tout ? Même pas un petit peu ? Vous savez je me suis préparée à tout et même au pire, mais pas à ça.. avoua-t-elle, complètement hébétée.
Le prince eut un rire franc. Cette Giselle n'avait pas l'air d'avoir sa langue dans sa poche, il aimait ça. Son père, en revanche, devait en être exaspéré.
– Je ne sais pas quelle image de moi vous avez, mais elle est faussée, j'espère pouvoir changer cela dans les prochaines semaines à venir. Admit-il, son sourire charmeur toujours accroché au visage. Je vais retourner au banquet, vous m'accompagnez ? Il lui tendit son bras qu'elle accepta avec joie.
Il n'avait rien avoir avec son père. Absolument rien. À part ses cheveux blonds et ses yeux bleus. Comment Legolas et son père pouvaient à ce point être différent ? Le roi était constamment grognon et avait un balais dans le fondement, tandis que le prince lui, semblait plus calme et ouvert, et plus joyeux aussi. Cette discussion l'avait totalement soulagée, même si elle se méfiait toujours de l'eau qui dort, on ne savait jamais si le prince n'avait pas juste voulu l'amadouer pour mieux la virer par la suite. Mais il semblait sincère, elle décida de le croire pour la soirée.
Accompagnée du prince, Giselle se rassit à la table et se fit servir plus de viande et de pommes de terre, son appétit étant soudain revenu. L'entrevue avec le prince l'ayant détendue, elle était désormais plus à l'aise.
– Tout va bien, ion nîn ? S'inquièta le roi.
– Tout va pour le mieux adar, je crois que votre amie a de nouveau de l'appétit. S'amusa le prince en désignant Giselle du menton.
Cette dernière se nourrissait allègrement des mets à disposition. Elle essaya tout de même de se contenir un maximum et de manger le plus soigneusement possible. C'est que la nourriture et elle, c'était une grande histoire d'amour. C'était dur pour elle de montrer de la retenue, ce serait comme lui demander d'arrêter de penser au roi à chaque seconde de sa vie, une tâche difficile et probablement impossible.
Son regard rencontra celui de Thranduil, ce dernier la caressa du regard, elle pouvait y lire une lueur d'inquiétude. Elle le rassura en lui adressant un timide sourire et rougit de plus belle lorsque le roi lui renvoya son sourire. Il était si beau qu'elle en avait mal aux yeux. Elle aurait tellement aimé se blottir contre lui. Il ne portait ni couronne, ni tiare, son port de tête était assez royal pour qu'il n'ait pas besoin d'artifice, elle le préférait ainsi.
Le reste de la soirée se passa sans encombre, Giselle avait pu parler deux ou trois fois avec le prince qui était le seul à engager la conversation avec la jeune femme. Les autres elfes de la table ne faisaient même pas l'effort de parler en langue commune, certaines dames la regardaient de travers lorsqu'elle rigolait avec Legolas mais elle passa au-dessus. Elles étaient probablement jalouses, elles voulaient toutes mettre le grappin sur le prince.
Fatiguée, elle avait décidé de monter se coucher en saluant le prince chaleureusement. Elle espérait vraiment qu'il était sincère dans ce qu'il lui avait dit, il avait l'air de l'être, elle voulait le croire.
Le soleil n'allait pas tarder à pointer le bout de son nez. Alanguie contre le torse du seigneur, elle dormait, un air rêveur plaqué sur son visage. Tárion caressa sa longue chevelure rousse et bouclée, cette elleth avait été bien démonstrative cette nuit. Elle s'était donnée à corps perdu dans leurs ébats, il ne devait pas la laisser repartir comme cela sans la besogner une nouvelle fois avant son voyage retour.
La soirée d'hier ne fut pas désastreuse, elle avait même plutôt bien commencé, il avait pu titiller Thranduil et aurait pu continuer longtemps à s'amuser avec son elleth si le prince n'était pas intervenu. Tel père, tel fils. Aussi horripilant l'un que l'autre, le fils l'était peut-être un peu moins cela dit, il devait sûrement cela à sa défunte mère. Il gloussa légèrement, le roi avait osé montrer sa putain à son fils, quelle drôle de famille.
Son fils étant ce qu'il était, Tárion devait reconnaître que lui au moins ne prenait pas cet air supérieur que prenait constamment Thranduil. Le sinda agissait comme s'il lui était en tout point supérieur, il fit claquer sa langue, il devait détruire son bonheur parfait. Pourquoi le roi devait tout avoir alors que lui n'avait rien ? Ni femme, ni couronne, ni un fils qu'il ne méritait pas… Et pour couronner le tout, il avait le droit à une seconde chance: cette Giselle. Il devait avouer que cette étrange elleth le fascinait, elle ne connaissait aucune langue elfique, ne connaissait rien des coutumes et pourtant, elle avait réussi à s'imposer dans ce monde. Elle parlait sans réfléchir mais au moins elle ne faisait pas semblant, il devait la manipuler pour la détourner de Thranduil. Il voulait lui aussi goûter à ce fruit exotique, et surtout retirer le jouet du roi, ce serait sa seule chance d'avoir le dessus sur lui, cette petite victoire qui lui apaiserait l'âme.
L'elleth couchée à ses côtés se réveilla enfin, le sortant de ses sombres pensées. Un sourire charmeur étira ses lèvres charnues. L'elleth allait se lever lorsqu'il l'attrapa par la taille.
– Monseigneur, gloussa-t-elle, je ne peux pas rester, le soleil va bientôt se lever, je ne tiens pas à ce que les servantes nous voient.
– Justement, argua-t-il en faisant remonter sa main sur sa cuisse, mettons nous au travail avant qu'elles n'arrivent.
Il se positionna au dessus d'elle, un regard noir de désir. Il ressemblait à un animal en rut. Il attrapa sa jambe qu'il fit remonter vers son visage, déposant une traînée de baisers de sa cheville jusqu'au creux de sa cuisse. Elle ferma les yeux et gémit de plaisir lorsqu'il s'attela à la goûter. Il ne pouvait patienter davantage et rentra en elle lorsqu'elle fut assez trempée. La jolie rousse cria à son entrée, il était gros, elle s'était à peine remise de leur séance d'hier.
Il attrapa un des mamelons dressés de sa volumineuse poitrine et le titilla de sa langue. L'elleth faisait virevolter sa tête de droite à gauche en criant de plaisir lorsqu'il accéléra la cadence. Ils continuèrent ainsi jusqu'au départ du seigneur. Ce serait définitivement son meilleur souvenir à Eryn Lasgalen jusqu'à présent.
Giselle avait passé la moitié de la matinée à dormir, elle n'avait même pas assisté au départ des invités, ce n'est pas comme si elle s'était fait beaucoup d'amis parmi eux de toute façon. C'était Edwen qui était venu la chercher pour qu'elle sorte un peu, c'est-à-dire que sans l'elfine blonde, elle ne sortirait pas beaucoup, mais cela ne la dérangeait pas, Giselle était plutôt quelqu'un de casanier. Et puis les insectes ici étaient beaucoup trop présents à son goût, hors de question de laisser une de ces choses s'approcher d'elle, surtout qu'elle était la seule ici à en avoir peur. Les elfes vivaient en communion avec la nature, insectes compris. Elle avait besoin de se cacher derrière quelqu'un si besoin s'en faisait sentir. Peu importe qu'on la regarde étrangement, elle ne contrôlait pas ses peurs, et puis de toute façon, elle n'était pas vraiment une elleth. Plutôt un être humain coincé dans un corps d'elfe.
Le prince Legolas était venu la rejoindre dans l'après-midi, elle s'était baladée dans la forêt avec lui, il lui avait parlé de la guerre contre Sauron, que si Arda connaissait une telle paix, on le devait à deux hobbits. Comment de si petites créatures avaient pu sauver le monde et braver tous les dangers ? Elle devait avouer que cela la fascinait et remercia le ciel de ne pas être tombée en pleine guerre dans ce monde de fou.
– Vous vous sous-estimez légèrement, s'amusa Giselle. Ces deux héros n'auraient pas pu arriver si loin si vous et vos amis n'aviez pas été présents ! Même si cela à malheureusement coûté la vie à certains, ajouta-t-elle tristement.
Il sourit et hocha doucement la tête. Ils continuèrent à s'enfoncer dans la forêt quand l'elleth tomba dans un ruisseau.
– Tout va bien, madame ? S'inquiéta le prince en accourant vers elle, lui attrapant le bras pour la relever.
Elle éclata de rire, trempée de la tête aux pieds.
– Je suis désolée, ria-t-elle, j'ai voulu éviter un gros truc qui me tournait autour et je suis tombée, quelle honte.
Il la rejoint dans son rire.
– L'on m'a informé de votre crainte des petits habitants de la nature, je dois vous avouer que je suis peiné pour vous, j'en ferai ma mission de vous faire changer d'opinion envers nos amis.
Bon courage… ce n'était pas demain la veille qu'elle vaincrait cette peur, elle s'en fichait de toute façon, elle ne souhaitait pas s'installer dans un talan. Les appartements du roi, bien à l'abri, lui suffisaient amplement.
– Le soleil se couche, venez. Il lui tendit la main pour l'aider à sortir du ruisseau. Il faut vous sécher, je vais vous raccompagner aux appartements du roi.
Elle accepta sa main et rougit légèrement. Cela ne le dérangeait-il pas de raccompagner la "maîtresse" de son père.. chez son père ? Giselle ne comprenait pas comment Legolas pouvait être si calme et ne montrer aucune gêne face à cette situation. Soit il jouait très bien la comédie, soit il était définitivement l'elf le plus gentil de toute la création.
Des chuchotements et gloussements se faisaient entendre lorsque Giselle et le prince passèrent devant un groupe d'ellith.
– Elle n'a pas assez du roi, elle veut le prince en prime ? ria l'une.
– Le prince est une meilleure option si elle souhaite avoir la couronne. Gloussa une autre.
Giselle ne pouvait évidemment pas comprendre ce qui se disait mais savait parfaitement qu'il n'y avait aucune parole gentille à son égard. Legolas, en revanche, entendait tout ce qui se disait sur l'elleth. Il claqua la langue et accéléra le pas, sourcils froncés.
– Je sais qu'elles se moquent de moi, j'ai l'habitude. S'exclama Giselle, ayant remarqué que le prince avait accéléré la cadence.
– En avoir l'habitude ne rendra pas cela plus agréable pour autant. Continua-t-il. Ne montrez pas que cela vous touche, jamais. Ne leur donnez pas cette satisfaction. Lui conseilla-t-il.
Giselle fut touchée par les paroles du prince, il se souciait vraiment des autres, elle espérait s'être fait un ami, elle aimait beaucoup sa façon de penser.
– Nous sommes arrivés, fit-il. Vous devriez aller vous sécher, je vais informer mon père de notre arrivée. Il toqua à la porte en les annonçant.
Giselle arqua l'un de ses sourcils, elle ne prenait jamais la peine de s'annoncer, elle entrait et sortait comme bon lui semblait. Elle avait décidément beaucoup de lacunes en ce qui concernait la "courtoisie".
Thranduil les accueillit, un verre de vin à la main. "Comme d'habitude" se dit Giselle, elle ne lui avait pas dit mais elle trouvait qu'il buvait beaucoup trop. Avisant l'elleth trempée des pieds à la tête, un air d'incompréhension s'afficha sur le visage du roi.
– Allez vous sécher, je me charge des explications. Lui murmura le prince.
La jeune femme fila jusqu'à la salle d'eau pour se sécher un maximum. Le prince expliqua au roi sa chute dans le ruisseau, totalement stupide selon Thranduil.
– Cette elleth ne peut pas rester seule plus d'une minute sans se retrouver dans des ennuis, s'exaspéra Thranduil en se pinçant l'arrête du nez.
– Vous êtes dur avec elle Ada, elle n'est pas de ce monde ne l'oubliez pas.
– Cela fait plusieurs mois qu'elle y vit, elle aurait dû s'y accommoder depuis longtemps, elle ne fait aucun effort. Il finit son verre de vin et s'en resservit un autre.
Legolas fronça légèrement les sourcils mais ne fit aucun commentaire. Son père réagissait de manière excessive. Il devrait essayer de se mettre à sa place, comment réagirait-il s'il était arraché de ce monde et loin des siens ?
La porte de la salle d'eau claqua doucement, Giselle en ressortie à moitié sèche, une nouvelle robe sur le dos.
– Ça manque de sèche-cheveux ici, se sécher à la serviette prend beaucoup trop de temps, je vais laisser faire la nature.
– Bien, commença le prince, je vais me retirer, Ada, Giselle, je vous souhaite une bonne soirée. Il entama sa course retour lorsque Giselle l'arrêta.
– Attendez.. hum… je me demandais si.. vous ne vouliez pas dîner avec nous ?
Elle dirigea son regard vers Thranduil, elle ne l'avait pas vraiment consulté et se rendit compte un peu tard qu'elle lui demandait son avis après avoir posé la question à Legolas. Elle sonda son regard à la recherche d'une réponse.
– Merci pour l'invitation Giselle, mais je ne vous dérangerai pas plus longtemps. Fit le prince en hochant légèrement la tête.
– Oh… dommage, répondit Giselle en baissant le regard, faisant la moue.
Un mince sourire se dessina sur le visage du prince, comment pouvait-il refuser devant ce visage si triste ? Même forcé ? Il gloussa légèrement.
– Demandé si gentiment… il vit l'elleth relever la tête vivement, son air triste vite envolé.
– Vraiment ? Fit-elle pleine d'espoir. Tu es d'accord hein Thranduil ?
Ce dernier hocha légèrement la tête, un sourire aristocratique sur le visage.
Spontanément et sans réfléchir, la jeune femme s'était rapproché du roi, lui donnant un chaste baiser sur la joue. Thranduil écarquilla les yeux, les elfes ne montraient pas ce genre d'affection devant les autres. Les joues du prince prirent une teinte rosée, il regarda le sol.
La jeune femme sentit soudain un léger malaise, elle ne s'était pas rendu compte de ce qu'elle avait fait avant de le faire. Elle se dit que c'était sûrement déplacé et prit sur elle pour formuler un semblant d'excuses. Elle n'arrivait pas à croire qu'elle devait s'excuser pour un baiser de rien du tout. Après tout, le prince était au courant de sa relation avec Thranduil, il devait se douter qu'ils ne jouaient pas aux cartes.
– Je suis désolée… je.. vous avez pas faim ?
Le prince gloussa de nouveau, il avait l'air bien moins gêné que Thranduil qui tirait toujours une tronche de cent pieds de long. Elle leva les yeux au ciel, celui-là alors… Elle agita sa main devant le roi.
– Il y a quelqu'un là-dedans ?
Il fronça légèrement les sourcils, cette elleth ne savait donc pas s'arrêter.
– Mangeons, avant que plus de bêtises ne sorte de ta bouche, la réprimanda-t-il.
Le repas se passa sans encombres, Giselle avait eu encore plus d'appétit qu'à l'ordinaire, la présence du prince semblait la rassurer. Elle avait bien plus mangé que les deux elfes réunis, comment pouvaient-ils ne pas tout dévorer ?
– Je n'avais jamais vu quelqu'un avec autant d'appétit, s'amusa le prince.
– Et moi je n'avais jamais vu quelqu'un manger si peu avant de rencontrer votre père. Et vous ne mangez pas beaucoup plus que lui non plus. Lui fit-elle remarquer. Après tout, c'est sûrement moi qui suis bizarre ici.
– Tu le remarques enfin, il y a du progrès. La piqua Thranduil en sirotant son verre de vin.
Elle plissa les yeux. "C'est quoi son problème ce soir ? Il n'a pas arrêté de faire la tronche depuis le début du dîner, j'espère que c'est pas à cause de ce foutu baiser".
Legolas sentit un certain malaise s'installer, il décida de détendre l'atmosphère.
– Selon moi, quelqu'un qui se nourrit bien est signe de bonne santé. Vous semblez apprécier la cuisine de notre bon Daeron.
– Oh c'est une perle ! Je ne sais pas s'il est marié mais s'il l'est, sa femme ne doit même plus marcher, elle doit rouler. Fit la jeune femme en buvant son verre d'eau.
Legolas éclata de rire. Giselle était très naturelle, il aimait beaucoup cela. Il pouvait facilement discuter avec elle. Le roi claqua la langue et posa son verre de vin, un peu trop fort selon ses interlocuteurs.
Legolas avait senti son père un peu absent tout le long du repas, il ne lui parlerait pas ce soir, il ne serait pas en état de l'écouter. Il se leva en s'essuyant la bouche et fit une courbette.
– Merci pour cette invitation Giselle, j'ai beaucoup aimé nos échanges. Il se tourna vers Thranduil. Ada, j'espère pouvoir discuter avec vous dans un avenir proche, mais je sens que ce soir n'est pas le bon moment.
– À plus tard ion nîn, j'aurais effectivement à te parler. Lacha son père dans la même langue.
– Portez vous bien et bonne soirée à vous deux. Ajouta le prince en se retirant.
– Au revoir, à très vite j'espère. Fit Giselle, un immense sourire collé au visage. Elle reporta son regard vers Thranduil lorsque Legolas ferma la porte.
– Qu'est-ce que j'ai encore fait ?
Il ne répondit rien et se servit de nouveau un verre de vin. La jeune femme posa le plat de sa main sur le verre avant qu'il ne le porte à ses lèvres.
– Thranduil je ne veux pas me disputer avec toi, s'il te plaît dis moi ce que j'ai fait qui te rende si ronchon ? C'est à cause du baiser c'est ça ?
Il retira son verre de dessous sa main et se leva. Il s'affala derrière son bureau, lisant un de ses nombreux parchemins, toujours ce visage fermé.
– Bon très bien je vais me coucher. Se rendit la jeune femme, elle n'avait pas la force ce soir. J'ai passé une agréable soirée, je ne veux pas la gâcher, continua-t-elle en se levant de table.
– Peut-être que je pourrai faire appeler Legolas si tu passes une si mauvaise soirée en ma compagnie.
Elle beugua un instant… Il avait dit quoi là ?
– Pardon ?
– Tu as effectivement bien plus de conversation avec mon fils et tu n'as jamais été si joyeuse avant ce dîner, je peux le faire rappeler si tu en ressens le désir. Fit-il sur un ton amère.
Elle explosa de rire, alors c'était donc ça ?
– Je rêve ou tu es jaloux de ton propre fils ? Ça ne te fais pas plaisir que je m'entende avec lui ? Tu préfères qu'on s'aboie dessus ?
– Je préfèrerai que tu changes de ton, je suis ton roi je te rappelle.
– Tu dis ça à chaque fois que tu n'as plus aucun argument. Elle s'approcha de lui. Thranduil.. tu vas sérieusement me faire une scène là, ce soir ? Il faut que je fasse quoi pour te prouver que c'est toi que je veux et seulement toi ?
Il ne répondit rien, les yeux toujours rivés sur son parchemin, une parade pour éviter de lui répondre, ni plus ni moins. Elle lui attrapa le menton pour le relever vers elle.
– Je ne veux que vous mon roi, vous occupez toutes mes pensées que vous soyez présent ou non.
Il sonda son regard. Pourquoi n'était-elle pas aussi ouverte avec lui dans ce cas ? Il la prit par la taille et la fit s'asseoir sur ses genoux.
– J'aimerai être aussi à l'aise avec toi Thranduil tu sais, mais c'est pas facile. Je ne sais jamais comment tu vas réagir à ce que je dis ou fait, la moindre petite chose va te faire changer d'humeur en deux secondes. Je n'arrive pas tout le temps à te comprendre, tu es trop… protocolaire. Lui dit-elle doucement.
– Je suis roi, j'ai des responsabilités au sein de ce royaume, je ne peux pas être l'ellon que tu souhaites. Tu dois accepter ma couronne et tout ce que cela implique, ma dame.
– Je sais, mais quand nous sommes tous les deux tu pourrais, je ne sais pas.. mettre le roi en pause. Lâche toi un peu, tout ce stress c'est mauvais pour toi. Si je ne te sers pas à te détendre, je ne vois pas l'intérêt de ma présence.
Il embrassa ses lèvres pleines pour la faire taire, comment pouvait-elle penser qu'elle ne le détendait pas ? Elle était la seule personne, hormis son fils, qui le faisait voir le monde autrement. Elle était devenue indispensable à son bien-être. C'était un constat qui le mettait en conflit avec lui-même. La présence de l'elleth lui faisait tellement de bien qu'il se sentit encore plus mal. Il n'avait pas le droit de ressentir cela pour une autre que sa femme. Eru lui jouait décidément un mauvais tour. Il perdit toute notion de bienséance lorsque la jeune femme mordilla sa lèvre inférieure en poussant quelques gémissements. Il se leva et la porta jusqu'à sa chambre, sans jamais cesser de l'embrasser.
Il la coucha sur son lit et embrassa la naissance de sa poitrine. Elle entoura ses bras autour de son cou, le serrant légèrement, elle le voulait au plus près d'elle. Elle les releva en s'asseyant sur lui, un magnifique sourire habillant son visage. Il passa sa main derrière sa tête et l'embrassa à pleine bouche, elle sentit son membre durcit par le désir contre sa cuisse. Elle sourit de plus belle et déboutonna son pantalon afin de le libérer. Il déposa plusieurs baisers dans son cou, descendant vers sa poitrine. Elle leva la tête, appréciant les multiples frissons parcourant son corps. Ses yeux se posèrent sur la table de nuit disposée à côté du lit royal. Un objet qui y trônait fièrement attira son attention. Ce même objet qui la figea sur place et remua son estomac.
– Que t'arrive-t-il, Giselle ? Thranduil avait sentit que la jeune femme ne faisait plus aucun mouvement.
Elle se releva, fébrile et tremblante. Elle ne devait pas être là, elle avait pénétré dans le temple sacré de deux époux, des époux qui avaient un enfant et qui finiraient par se retrouver tôt ou tard, elle ne serait à jamais que la cinquième roue du carrosse.
– Je.. Je ne me sens pas bien, excuse moi. Je vais.. je vais prendre l'air.. oh excuse moi. Elle tremblait comme si un froid glacé l'avait frappée, des larmes perlant au coin des yeux.
Il n'eut pas le temps de lui demander quoique ce soit qu'elle s'était enfuie des appartements. Il était si étonné du changement soudain de la jeune femme qu'il ne fit aucun mouvement. Qu'était-il arrivé à Giselle pour qu'elle se mette dans un tel état en si peu de temps ? Il se reboutonna, se leva du lit et fit balader ses yeux dans la pièce avant de tomber sur la raison du malaise soudain de l'elleth. Le collier. Le collier de sa femme. Le collier que sa femme n'avait jamais pu porter. Ce même collier pour lequel il était parti en guerre. Il était posé sur un magnifique présentoire, ouvert et il dormait à ses côtés toutes les nuits. Les yeux clos, il se pinça les lèvres. "Quel imbécile tu es Thranduil". Ce collier était posé ici depuis tellement longtemps qu'il avait oublié sa présence. Qu'allait-il pouvoir bien dire à Giselle afin de désamorcer la situation ?
À suivre…
