Bonsoir à tous ! J'ai conscience que ce chapitre est un peu indigeste niveau infos pour ceux qui ne connaissent pas la saga Psi-Changeling mais je vous jure les infos seront mieux distillées et expliquées dans les prochains chapitres x) celui-ci fait un peu office de transition et répète certaines choses mais j'espère tout de même qu'il vous plaira !
…
- Il va bien, il va juste dormir pour un bon bout de temps, lâcha Deaton en arrivant dans la pièce de vie du loft.
Une bonne partie des membres de la meute était rentrée chez eux, la boule au ventre, dès l'arrivée de Deaton, que Scott avait harcelé d'appels et de messages, sa mère n'étant plus vraiment disponible. Il ne restait que Scott, Lydia, Jackson, Liam, et bien évidemment les Hale, puisque c'était ici chez eux. L'alpha s'efforçait de ne pas se ronger les ongles, la banshee se tenait aussi droite que possible, le kanima ne regardait personne et le louveteau impulsif fixait Deaton de ses yeux clairs si doux, si perdus. Peter était parti se coucher au contraire de Derek qui s'était installé à côté de Scott et qui tentait comme il pouvait de garder sa confusion pour lui. Ne plus arriver à lire, il ne s'en remettait pas vraiment. Néanmoins, Stiles l'inquiétait beaucoup. Ce qu'il s'était passé une demi-heure plus tôt avait de quoi surprendre et préoccuper. Stiles s'était effondré tellement vite, et en même temps… Il avait étonnamment tenu le coup pour quelqu'un qui était grièvement blessé.
Devant l'air peiné de Scott qui s'était mis à regarder le vétérinaire avec insistance, celui-ci crut bon d'ajouter :
- Il est simplement épuisé.
- Dans ce cas, j'imagine que vous avez une réponse à nous donner concernant le fait qu'il arrivait à marcher, monsieur le toubib ? S'enquit Jackson d'un faux air suffisant. Vous n'avez pas l'air d'être étonné de ce qu'il se passe.
Le vétérinaire planta son regard ébène dans celui de Jackson. Deaton était effectivement calme, trop calme par rapport à la situation. Scott ne put que légèrement froncer les sourcils en constatant qu'effectivement, son mentor ne semblait pas le moins du monde surpris. Son odeur ne trahissait rien d'autre que de la peine. Le praticien s'assit face à l'alpha et c'est lui qu'il regarda alors qu'il répondit à Jackson :
- J'ai eu le temps d'être étonné. Maintenant, c'est passé.
- Mais de quoi vous parlez, docteur ? Je veux dire, je pense qu'on a besoin d'explications, intervint Lydia.
La jeune femme n'était clairement pas à son aise : à moitié démaquillée, les cheveux lâches, deux beaux cernes sous ses yeux… Elle faisait peine à voir. Pour elle aussi, cette nuit avait été éprouvante après une soirée riche en émotions. Elle avait failli perdre l'un de ses meilleurs amis : et même si elle n'était pas en colère, sa voix ne perdait rien de sa fermeté. Derek, quant à lui, écoutait l'échange en silence.
- Vous avez le droit de savoir, concéda Deaton. Toutefois, je ne suis pas forcément le mieux placé pour vous en parler.
- Vous savez tout, alors en quoi c'est dérangeant ? S'enquit Liam.
- Disons simplement qu'il vaut mieux que vous soyiez informés par les bonnes personnes. La situation est particulière et ne risque pas d'aller en s'améliorant. Si vous voulez être sûrs de comprendre, ce n'est pas à moi qu'il faut demander, mais au shérif Stilinski.
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L'ordinateur que Peter avait offert à Derek quelques mois plus tôt était branché à l'énorme télévision en plein milieu du salon. Deaton tapait sur le clavier et installait un logiciel, à même le sol. D'après lui, le shérif Stilinski était planqué quelque part à Beacon Hills et c'était la seule information que le vétérinaire avait pu donner à la meute.
- Il vient de se connecter, indiqua le vétérinaire, je l'informe que nous allons l'appeler.
- Pourquoi ne pas le faire venir directement ? Je suis sûre qu'il serait heureux de voir que Stiles « va bien », fit Lydia.
- Il le sait déjà, répondit laconiquement le vétérinaire en tapant sur le clavier.
- Mais vous ne l'avez pas appelé pour le lui dire, s'étonna Scott en s'approchant de l'ordinateur.
- Je n'en ai pas besoin, il a une connexion permanente avec Stiles, chacun sait comment va l'autre en temps réel.
Tout le monde fronça les sourcils, ne comprenant pas. Stiles dormait toujours à l'étage et chacun sentait que la compréhension de la situation, bien que très légère pour le moment, allait leur échapper bien plus qu'ils ne l'imaginaient. Jackson se rappela d'un seul coup des paroles du shérif, à l'hôpital : il n'avait pas attendu le retour des médecins parce qu'il sentait que son fils était encore en vie. Il en fit part à ses amis.
- L'instinct paternel, avança timidement Liam.
- C'est bien plus que ça, intervint Deaton en lançant l'appel, mettant l'image en plein écran.
Il ne fallut attendre que quelques secondes avant que le visage fatigué du shérif Stilinski apparaisse à l'écran. Deaton le briefa vite fait, lui expliquant grossièrement le déroulé de la soirée et de la nuit.
Noah Stilinski ne semblait nullement surpris. Il arborait le même air que le vétérinaire quelques minutes plus tôt et c'était peut-être ça, le plus terrifiant.
- Je pense qu'il est temps, Noah, lui dit l'homme noir.
Le shérif soupira. L'écran de l'ordinateur qu'il utilisait depuis le bunker avait une qualité graphique impressionnante, si bien qu'il voyait parfaitement bien les visages aussi surpris qu'irrités, peinés que perdus des quelques membres de la meute présents.
Impatient et cédant peu à peu au stress qui l'envahissait, Scott prit d'emblée la parole :
- Bon écoutez monsieur Stilinski, je ne sais pas ce qu'il se passe mais Derek n'arrive apparemment plus à lire, et Stiles…
- Je sais, le coupa le père de son meilleur ami. Je sais tout ça.
Le dépositaire de l'autorité publique se passa une main sur le visage, l'air désespéré. Et il soupira, une fois, deux fois, avant de se mettre à parler.
- Jamais je n'aurais pensé qu'on en arriverait là…
- Shérif, fit Lydia d'un ton suppliant. Dites-nous ce qu'il se passe, s'il vous plaît… Il faut qu'on sache.
Et tout le monde était d'accord avec elle. Cependant, personne ne s'attendait à ce que le shérif prenne cet air si désespéré, si las, si fatigué de tout. Il semblait au bout de sa vie et dans le fond, c'était compréhensible : on avait manqué de tuer son fils à deux reprises en moins de vingt-quatre heures. Néanmoins, de grands mystères planaient toujours autour de ces tentatives d'assassinats, que Lydia pensait reliées à celles des très récentes victimes à la lettre « E ».
- Nous sommes en guerre, Lydia. Plus que ça : nous sommes en plein génocide.
Les mots du shérif claquaient avec violence, faisaient frémir l'intégralité des membres de la meute présents, sauf Deaton, alors même que sa voix restait posée. Être déjà au courant de tout ça lui permettait de réfléchir tandis que les autres découvraient peu à peu ce qui se tramait dans ce monde dont ils ne connaissaient pas autant de choses qu'ils ne le pensaient.
- Je pensais que notre existence resterait secrète mais il faut croire qu'on nous a retrouvés.
Pas une seule fois le shérif ne regarda la caméra de son ordinateur. Il gardait les yeux sur le côté, comme pour fuir la conversation.
Scott s'impatienta et demanda plus d'explications au père de Stiles : il n'en pouvait plus de savoir qu'on avait failli tuer son meilleur ami sans savoir pourquoi. La peur lui tordait le ventre tout autant que la colère. Scott McCall n'était pas friand des vengeances mais là, c'était autre chose. On s'était attaqué à son frère de cœur, un membre de sa meute, sa famille. Il ne pouvait décemment pas rester de marbre. Lydia n'en menait pas large : plus le shérif parlait, plus elle semblait se décomposer. Stiles était également l'un de ses meilleurs amis, le premier à avoir vu qui elle était vraiment, le perdre serait trop dur. Derek, de son côté, écoutait le shérif parler, essayant de démêler le vrai du faux tout en tentant comme il le pouvait de rester impassible. Ce n'était pas facile pour autant, surtout lorsqu'il repensait à son handicap, dont il ne comprenait toujours pas l'origine. Derek était très perturbé et ne pouvait s'empêcher de se rappeler son impuissance à l'hôpital, son sauvetage par Stiles et ces flammes. Il les avait vues, il en était sûr. Liam, quant à lui, n'était clairement pas à son aise. Pour être honnête, il avait peur. C'était l'un des plus jeunes de la meute et son père lui avait un peu parlé de l'opération, en privé. Les détails l'avaient terrifié. Jackson essayait de faire le dur à cuire mais il n'arrivait pas à croire qu'il avait raison depuis le début. Il se passait quelque chose de bizarre et on n'avait pas voulu l'écouter, sans parler du comportement surréaliste de Stiles. Peter, eh bien… C'était Peter. Egal à lui-même, il écoutait et s'empêchait de faire des remarques qui lui auraient valu des insultes par milliers.
- Scott, soupira Noah. J'imagine que tu te souviens de la lettre gravée sur les poignets de ces gens qui ont été tués récemment.
Ce fut Lydia qui répondit :
- La lettre « E ».
- Exact. Dans notre jargon, « E » signifie « Empathe »… Et c'est ce que nous sommes, Stiles et moi, précisa le shérif. Nous ne sommes pas vraiment les humains que vous pensez que nous sommes et c'est d'autant plus vrai pour Stiles.
- Qu'est-ce que ça veut dire ? Commença à s'emporter Jackson. Vous êtes en train de dire que la brindille qui dort là-haut n'est pas humaine ?
Lydia voulut retenir son ex, mais celui-ci ne voulut rien entendre. Contrairement à ce qu'elle pensait, le shérif n'eut pas l'air de s'énerver face à la pseudo insulte lâchée par Jackson à l'encontre de son fils.
- A ton avis, Whittemore, comment crois-tu que Stiles a fait pour survivre malgré ses blessures ? Comment penses-tu qu'il ait pu se mettre debout et marcher dans son état ? Un simple humain n'en serait pas capable parce que son corps ne tiendrait pas. Et, je vais être honnête, son corps n'en est toujours pas capable. Simplement, il a utilisé un moyen détourné pour vous rejoindre, un moyen qui vous dépasse parce que vous ne savez pas ce qu'il est.
Le shérif marquait un point. Malgré ses talents de banshee, Lydia était certaine de ne pas réussir le même genre de miracle si c'était à elle que ça arrivait et sans doute Derek avait-il le même cheminement de pensée puisqu'elle le vit la regarder.
- Alors qu'est-ce qu'il est ? S'impatienta Scott, se retenant de se ronger les ongles.
- Vous avez déjà entendu parler des Psis ? S'enquit Deaton, pour faciliter la tâche du shérif.
La réponse fut unanime, traduite par l'air perdu de chacun des loups, ainsi que de la banshee.
- L'espèce Psi… Est une espèce surnaturelle bien particulière, commença doucement le vétérinaire.
- Attendez, quoi ? Souffla Scott. Non, vous vous trompez, Stiles est tout ce qu'il y a de plus humain, il…
- Il avait l'air parfaitement humain, en effet. Il avait leur faiblesse, leur fragilité. Il s'est fait passer pour faible, parce que je le lui ai demandé, le coupa le shérif, son air devenant un peu plus sérieux. Stiles est beaucoup plus puissant que ce que vous pouvez l'imaginer.
- S'il était aussi puissant que vous le dites, « shérif », intervint Peter en accentuant le mot « shérif » d'un ton méprisant, vous ne pensez pas qu'il se serait défendu ?
- Il n'en a pas eu le temps ni la possibilité. Il est muselé, bridé. Il porte en permanence quelque chose qui inhibe ses capacités. C'est de l'affaiblissement volontaire. Mais revenons-en au sujet qui nous intéresse. Il faut faire les choses dans l'ordre, je pense pouvoir affirmer sans trop me tromper que nous n'avons pas beaucoup de temps.
Chacun des membres de la meute regardait, médusé, l'écran sur lequel on voyait Noah Stilinski assez nettement. Tout ça, c'était déjà beaucoup d'information d'un coup et pourtant, il était clair que ce n'était rien à côté de ce qu'ils ne savaient pas.
- En effet Noah, les troupes Psi gagnent du terrain à Beacon Hills, l'informa Deaton. Il va falloir que vous restiez à l'abri quelques jours encore, le temps que les choses se calment.
- Elles ne se calmeront pas avant des mois, Allan. Et ce temps, nous ne l'avons pas. Stiles ne l'a pas.
Puis, les deux hommes semblèrent se rappeler de la présence de la meute, alors qu'ils avaient commencé à parler entre eux, semant toujours plus de mystères sur la situation actuelle. Ce fut le vétérinaire qui recentra les choses en se tournant vers Derek et les autres. Les sourcils de tous avaient commencé à se froncer ou à se hausser, selon les réactions. Lydia était à la limite de se ronger les ongles, la jambe de Scott bougeait frénétiquement, signe de son stress évident.
- Et si vous vous décidiez à rendre vos élucubrations compréhensibles ? Intervint Jackson, qui commençait à perdre patience.
Disons que la dernière phrase du shérif ne lui disait rien qui vaille. A vrai dire, elle perturbait tout le monde parce qu'elle pouvait vouloir tout et rien dire. Elle avait toutefois cette sonorité lugubre qui hérissait les poils de certains. En soi, son sens était simple. Cependant, trop de mystères étaient en orbite autour de tellement d'éléments, dont celui-là, à tel point qu'il était difficile de se concentrer sur cet unique point. Et Scott, sans doute le loup le plus proche de Stiles de par leur amitié qui datait depuis des années, ne voulait, ne pouvait pas la prendre dans un certain sens.
- Il va falloir résumer, auquel cas nous n'aurons pas le temps de vous expliquer le plus important, soupira le vétérinaire. Bien. Le shérif et son fils sont tous deux des Psis, une espèce surnaturelle assez particulière, puisque ses membres ont des facultés majoritairement psychiques, c'est ce qui les distingue de toute autre espèce surnaturelle.
- Si vos conneries étaient vraies, vous ne pensez pas qu'on en aurait entendu parler, depuis le temps qu'on fait partie de ce monde ? Rétorqua Jackson, les bras croisés sur son torse.
Pas qu'il ne croyait pas l'émissaire, simplement… C'était beaucoup d'un coup et la meute, si jeune soit-elle, avait affronté tellement d'espèces différentes que le bestiaire qu'ils avaient en leur possession ne cessait de se remplir. En fait, compléter serait plus exact. La meute Hale-McCall avait accès au bestiaire des Argent, qui leur avait souvent été d'un grand secours. Néanmoins, jamais Lydia ou un autre membre n'avait jamais croisé le mot « Psi ». Peter, de son côté, cligna des yeux avant de chanceler légèrement. En proie à une sorte de choc, il s'appuya sur le dossier du canapé, derrière Derek, avant de se ressaisir. Tout le monde tourna la tête vers lui, ayant senti son trouble.
- Je... Croyais que c'était une légende, articula le plus vieux des Hale.
- Attends, commença Derek, perdu. Tu veux dire que…
- J'en ai déjà croisé dans ma vie, mais je n'y croyais pas, l'ignora Peter. Ils sont tellement… Discrets. Ils ne font jamais parler d'eux. J'ai déjà eu des doutes, mais… Jamais je n'aurais imaginé que c'était… Que les Psis existaient encore.
- Existaient encore ? S'étonna Lydia. L'espèce était censée avoir disparue ?
- Plus ou moins, leur apprit Deaton. De ça, nous discuterons plus tard. Il faut aller à l'essentiel.
- Par contre, fit Peter en regardant fixement l'écran, malgré tout le respect que je vous dois, shérif, vous et Stiles ne faites pas très… « Psis ».
A cet instant seulement, le visage du père de l'hyperactif changea. D'un coup, il sembla s'alléger de la plupart de ses émotions négatives. Elles étaient toujours là, mais l'écrasaient moins. En surinterprétant un tantinet, on pourrait d'ailleurs presque prendre l'étincelle dans les yeux bleus du shérif pour un peu d'espièglerie.
- Nous ne sommes pas froids, c'est ce que vous voulez dire ? S'enquit-il.
- La dernière fois que j'ai entendu parler de votre espèce, j'avais appris qu'elle était, disons… Plus robotique, dit simplement Peter, ayant retrouvé contenance. Vous, vous savez vous tenir, mais le petit hyperactif…
- … Est explosif ? Compléta Noah. En effet, et ça s'explique. Pour que tout le monde comprenne les allusions de Peter, il faut savoir que notre espèce a subi beaucoup de déboires. Nous irons dans les détails plus tard mais pour faire court, elle aurait presque pu s'éteindre il y a quelques dizaines d'années. Certains Psis devenaient fous à cause de leurs capacités, entre autres. Notre gouvernement a donc pris des mesures pour endiguer ce problème de taille. Un conditionnement psychique a été mis en place en très peu de temps et appliqué à toute la population Psi pour que ça soit plus simple. C'est ce qu'on appelle le protocole Silence.
- Ce protocole consiste en la privation pure et simple des émotions, continua Deaton. On a imposé le conditionnement aux adultes et les enfants l'ont appris dès leur plus jeune âge. Le gouvernement a pensé que l'absence d'émotions aiderait la plupart des Psis qui faisaient face à ce problème dont j'ai parlé plus haut.
- Pourquoi les émotions ? S'enquit Liam, qui ne comprenait pas le rapport.
- Beaucoup de Psis puissants partaient en vrille à cause d'elles, répondit le vétérinaire. Ils perdaient le contrôle de leurs facultés et blessaient les autres, quand ils ne se blessaient pas eux-mêmes.
Tandis que l'émissaire parlait, le regard du shérif s'était à nouveau voilés, ces mots semblant raviver de douloureux souvenirs.
- Nous, commença Noah, l'air absent, Claudia et moi… On a très vite fait le choix de ne pas accepter le conditionnement. Lorsque Stiles avait huit ans, nous avons fui, tous les trois. A cette époque-là, il était déjà plus ou moins conditionné, mais nous avons tout fait pour briser son conditionnement. Parce que sur certains Psis, le conditionnement est destructeur, en particulier… Sur les E-Psi.
Scott regardait l'écran, l'air hagard. On lui apprenait des choses sur son meilleur ami, des choses qu'il n'aurait jamais soupçonnées et… Qu'il ne voulait pas croire. Parce que c'était trop soudain, trop… Trop. Les informations pleuvaient, elles suivaient un cheminement logique mais qui ne faisaient pas sens pour lui. Stiles était son meilleur ami, il ne pouvait pas lui avoir menti sur ses origines, son existence. Non, bien sûr qu'il ne l'aurait pas fait. Et puis… Il était trop humain pour faire en réalité partie d'une quelconque espèce surnaturelle. Il n'avait aucun pouvoir, rien, juste son intelligence et sa déduction. Rien de magique. Il le connaissait depuis presque dix ans, il l'aurait su, si Stiles avait quelque chose de spécial.
- Les Psis n'ont pas tous les mêmes capacités, enchaîna Deaton en regardant le shérif avec inquiétude. Ils sont différenciés par plusieurs classifications. Tk pour la télékinésie, Tp pour la télépathie, M pour médecine… Il y en a des tas, sans compter les sous-classifications. Et la classification E… Comme Noah vous l'a indiqué tout à l'heure, E veut dire empathe. Cette classification a pour point central les émotions. Il n'y a pas de E sans émotion.
- Mais… Que ferait une classification émotive dans une société où les émotions sont interdites ? Demanda sérieusement Lydia.
Le shérif haussa un sourcil, légèrement étonné, avant de très vite se reprendre : après tout, il s'agissait bien de Lydia Martin. C'était une tête, tout comme Stiles.
- Elle n'y a pas sa place, répondit-il. Officiellement, la classification E s'est plus ou moins éteinte et ce, « naturellement », fondue parmi les autres classifications. L'explication du gouvernement est simple : les E-Psis auraient perdu leurs facultés concernant cette classification et celle-ci est devenue un souvenir dont ils font tout pour effacer les traces. Officieusement… Le conditionnement en a tué une bonne partie. Un E ne peut pas vivre sans émotion, ça le rend fou.
- Alors depuis des années, le Conseil traque et tue les E restants, termina Deaton. Et voilà où nous en sommes.
Le silence s'installa alors durant quelques secondes, avant d'être brisé par Scott, qui se leva brutalement et se mit à faire les cents pas devant le canapé. Il fallut presque une minute pour qu'il se mette enfin à parler de ce qui le troublait :
- Stiles ne peut pas être… Ce que vous dites. Il est humain, il nous l'a beaucoup trop montré pour que…
- Scott, fit Noah d'un ton paternel, tu as employé le bon mot. Il vous l'a « montré ». Il vous a montré seulement ce qu'il fallait montrer. Je peux t'assurer que Stiles est un Psi, tout comme moi. Tu ne t'es pas demandé comment j'ai pu parler dans votre tête, l'autre soir ?
- Nous y voilà, marmonna Jackson, l'œil brillant.
Il allait enfin avoir des réponses. Pour le moment, rien de ce qu'il avait appris ne faisait sens non plus.
- En plus d'être un E, je suis un Tp. Télépathe, précisa le shérif. Il m'a suffi de créer une chambre télépathique avec vos essences psychiques pour vous parler. C'était un peu comme un message groupé instantané, si vous voulez. Je n'avais plus que ça pour vous contacter, demander votre aide…
- Et comment vous voulez qu'on accepte tout ça ? D'un coup vous allez nous sortir que vous pouvez aller dans notre tête et faire du feu ?
- Jackson, c'est beaucoup plus compliqué que ça, tenta de tempérer Deaton.
- Non, désolé, mais tout ça, j'accepte pas, s'emporta le kanima. Vous nous sortez toute une mythologie sortie de votre cul et vous allez nous faire croire que Stiles et vous faites partie d'une espèce qu'on a jamais vue ? Votre message, c'est même pas une preuve ! On est juste… On a juste… Halluciné. Tous.
Le ton de Jackson, tout comme son visage, était dur : il montrait son ire sans chercher à la cacher. La colère avait supplanté l'inquiétude mais ne se séparait pas de la confusion qui l'étreignait. En fait, c'était ladite confusion qui dictait ses émotions et la direction que devait prendre, pour lui, la conversation. Trop de choses avaient été dites mais pas réellement expliquées – en tout cas, pas selon lui.
- Libre à toi de ne pas me croire, Whittemore, soupira le shérif à travers l'écran.
Deaton, de son côté, semblait clairement embêté par la tournure que prenait la situation. Il comprenait que toutes ces révélations – et encore, seulement partielles – puissent perturber, choquer, bouleverser. Néanmoins, il ne pensait pas assister à un tel rejet. Toute la meute n'avait pas réagi, du moins pas ouvertement, mais Jackson n'était sans doute pas le seul à douter. C'était sûr. Pourtant, il fallait que ces jeunes gens se rallient à eux. C'était important.
- Si… Si tout ça, c'était vrai… Commença Lydia.
Tous les visages se tournèrent vers elle. Jackson garda un air furieux, l'air de ne pas comprendre comment son ex petite-amie pouvait ne serait-ce qu'envisager à croire ce genre de balivernes. Scott gardait son éternel air de chien battu stressé, Liam tentait d'avoir l'air neutre. Peter semblait clairement intéressé par ce qu'il se passait et se gardait bien de réagir. Il était assez intelligent et surtout, pas assez suicidaire pour provoquer le kanima avec l'une de ses habituelles remarques piquantes. Derek était le seul lycan présent à ne montrer aucune réaction évidente, bien que ses émotions pouvaient être perçues au travers de son odeur. La colère était là, mais ne dominait pas. En fait, le Derek d'autrefois aurait hurlé sur tout ce qui bougeait, aurait tout cassé et harcelé Stiles, puis son père, pour essayer de comprendre tout un tas de choses.
Les deux Stilinski avaient fui puis menti sur leur nature. Ça, c'était une chose. Il se seraient inventé une condition complètement humaine pour se cacher. Néanmoins, le père et le fils auraient dû savoir, Stiles en particulier, que la meute pouvait les aider. Jamais les loups ne les aurait vendus à leurs poursuivants. Et c'est ce qui faisait que Derek sentait une étrange douleur naître dans sa poitrine. Sourde, mais présente.
Il était blessé par le mensonge.
Parce que Stiles ne leur avait pas fait confiance. Il avait fallu que l'adolescent frôle la mort pour que la vérité leur tombe dessus. Aurait-il fini par la révéler de son propre chef, si les choses s'étaient passées autrement ?
- … Qu'est-ce que serait Stiles, précisément ? Continua Lydia, après avoir longuement hésité.
Par là, elle entendait la classification de son ami. La banshee préférait ne pas se compliquer la vie et accepter l'histoire racontée par le shérif et le vétérinaire. Elle s'arrêtait au fait que ces deux hommes dont la droiture n'était plus à prouver ne leur auraient jamais parlé de cela si c'était faux. Pour le reste, elle verrait plus tard. Dans son intelligence, la rouquine mettait ses émotions de côté. Mieux valait éviter de réagir comme Jackson, qui se laissait clairement contrôler par elle. La situation était déjà assez compliquée comme ça, pas la peine de la complexifier encore plus. Elle s'autoriserait à pleurer, hurler sur Stiles plus tard. Elle le harcèlerait et aurait ses réponses, parole de Lydia Martin.
- Le cas de Stiles n'est pas banal, commenta simplement Deaton.
- En plus d'être un Empathe, Stiles est un Tk-Psi, un télékinésiste. Il fait également partie d'une troisième classification qu'il n'est pas utile d'aborder pour le moment.
La réponse du shérif était claire, malgré son air détaché qui donnait l'impression que la conversation traînait en longueur, selon lui. Son ton ferme ne donnait même pas envie d'essayer d'aborder l'idée de la troisième catégorie qu'il avait très vaguement évoquée.
- Et vous êtes en train de dire qu'avec ses « capacités », Stiles n'arrivait jamais à nous aider ? Je veux dire… Sauf votre respect, shérif, mais à part lorsqu'il nous produisait des plans à deux balles, votre fils ne servait pas à grand-chose.
- Jackson ! S'insurgea Scott en le fusillant du regard. T'as pas le droit de dire ça !
- Mais McCall, avoue-le ! Combien de fois on a dû sauver son cul ? Combien de fois il s'est retrouvé dans la merde et combien de fois il n'a pas su s'en sortir seul ? Ton pote nous mettait parfois plus dans la merde qu'autre chose !
- Jackson, tu exagères, intervint Liam, qui se faisait plutôt discret.
- Ose me dire que j'ai tort, rétorqua le kanima, l'air menaçant.
- Tu as tort, alors tais-toi, merci, le plomba froidement Lydia.
La rousse le fusillait du regard et sans doute était-elle plus convaincante que Scott, puisqu'elle ferma aussitôt le clapet de Jackson, qui n'osa pas la contredire. Elle avait beau être son ex, elle comptait toujours beaucoup pour lui en tant qu'amie et il la respectait sans doute plus que quiconque.
- Le gamin soulève quand même un certain point, intervint finalement Peter. Si puissant que semble être votre petit hyperactif selon vos dires, pourquoi ne se défendait-il pas comme il aurait pu le faire ? Un télékinésiste, ça peut se sortir assez facilement de tout un tas de situation.
Sa voix courait sur la peau de chacun des loups présents et leur faisait l'effet d'un serpent rampant insidieusement vers sa proie. Deaton et Lydia n'étant pas des lycanthropes, ils ne ressentaient pas vraiment cela. Par sa question suivie de ce qui semblait être une évidence, Peter voulait montrer l'absurdité de la situation parce qu'effectivement, Jackson avait raison sur un point.
Le shérif hésita un long moment avant de reprendre la parole.
- Stiles devait tout faire pour rester discret. Il devait faire… Comme s'il n'était rien d'autre qu'un simple humain sans défense. Il ne devait pas juste paraître faible. Il fallait qu'il soit faible. Ecoutez, je ne peux pas tout vous expliquer maintenant, vous avez beaucoup de choses à digérer et à comprendre…
Le regard de givre dévia vers le bas un instant, avant de se relever.
- … Mon ordinateur n'a plus beaucoup de batterie, venait-il de constater.
Puis soudain, son regard se perdit dans le vague et la meute retint son souffle sans s'en rendre compte. Peu à peu cependant, son visage marqué par la vie se tendit et ses couleurs semblèrent le quitter. Son anxiété soudaine se sentait autant que s'il se trouvait au loft, avec tout le monde.
- Je pense qu'il est temps de clore cette conversation, dit-il d'une voix blanche.
- Noah, que se passe-t-il ? S'enquit aussitôt Deaton en se rapprochant de l'écran.
- Stiles brille trop pour son bien… (Silence) Je vais régler ce problème. Prenez soin de lui.
D'un coup d'un seul, la conversation fut close. L'icône du logiciel remplaça la tête inquiète du shérif sous les regards ahuris de l'intégralité des personnes présentes, excepté Allan Deaton. Sa mine ne montrait aucune surprise, juste du souci. Parce qu'il savait pertinemment ce que cela voulait dire.
Sur le réseau mental qui reliait les individus de l'espèce Psi, l'étoile de Stiles, perdue dans un coin sombre au milieu de tas d'étoiles blanches, brillait plus que de raison et était si colorée que les boucliers qui l'entouraient risquaient de ne pas continuer de la dissimuler très longtemps.
