Les quatre amis se retrouvèrent à présent à l'hôpital en salle d'attente. Après le malaise de Fujiwara, l'ambulance était arrivée peu de temps après. Ran avait demandé aux ambulanciers si elle pouvait monter avec lui, les trois autres jeunes avaient également souhaité l'accompagner. C'est ainsi qu'ils étaient là tous à attendre, des nouvelles de l'hommes. Le ventre de Heiji criait famine, mais dans de telle circonstance, il évitait de se plaindre, surtout que ce n'était pas cela qui le tracassait le plus à l'heure actuelle.

« Mais qu'est-ce qu'il lui est arrivé ? Ce n'est quand même pas moi qui lui aie provoqué sa crise de panique ? » se demanda-t-il à haute voix, alors qu'il était adossé contre un mur, tandis que les trois autres étaient assis sur des chaises. Il ne le montrait pas, mais au fond il pensait vraiment être responsable de la crise du cinquantenaire.

« Je ne crois pas Hattori-kun, Fujiwara-san a prononcé le prénom de sa femme à plusieurs reprise, je ne sais pas vraiment ce qui a provoqué cette crise, mais je suis sûr que tu n'y es pour rien. » assura la karatéka avec les yeux baissés, visiblement toujours inquiète pour l'homme.

« Hmm…le prénom de sa femme… » répéta l'osakien d'une voix pensive, mais ses pensées furent rapidement interrompues quand il sentit son téléphone vibrer dans sa poche, il le sortit et vit que son appelant était sa mère. Assez étonné car Shizuka n'était pas du genre à l'appeler quand il était à Tokyo, il se contenta juste de dire qu'il allait répondre un peu plus loin.

Après que l'adolescent à la peau mate se soit éloigné, la tokyoïte se tourna soudainement vers le faux-enfant. Par rapport au choc qu'elle avait eu face à la crise de Fujiwara-san, elle ne s'était pas posée de question, mais maintenant que tout était plus calme, elle repensa à la manière dont Conan avait réagi.

« Conan-kun ? »

« Oui Ran-neechan ? » dit-il en se tournant vers la fille qui était assise à côté de lui.

« Tu as très bien réagi en faisant asseoir Fujiwara-san et en tentant de l'apaisé. Qui t'a appris à réagir face aux crises de panique ? » questionna-t-elle en haussant les sourcils.

« Euh…Je l'ai vu à la télé. » mentit-il l'air embarrassé.

« Ah d'accord. » répondit la jeune fille, bien que cet incident lui avait rappelé, une scène qu'elle avait vécu un an auparavant. En effet, l'année précédente, elle et Shinichi se promenaient au jardin Hama-Rikyū, quand ils ont surpris une femme d'une cinquantaine d'année en pleine crise de panique. Le détective lycéen avait réagi exactement de la même manière que Conan. « Tant de similarités avec Shinichi… » se dit-elle en regardant l'enfant, mais ses pensées firent interrompues quand elle entendit…

« KAZUHA ! » surgit soudainement l'osakien en revenant. Il semblait fou de rage, ce qui fit sursauter les trois jeunes.

« Aho ! Qu'est -ce qu'il te prend ?! On est dans un hôpital ! » sermonna l'adolescente en se levant et avec un air consterné.

« T'es allée raconter à ma mère ce qui s'est passé dans l'avion et tu t'es imaginé que ce stupide accident y était pour quelque chose ! Mais qu'est-ce qui t'as pris ?! » fit-il toujours en colère. « Okan était même prête à m'emmener chez le médecin pour me faire faire des examens ! »

Kazuha n'était pas surprise de la colère de son petit-ami, elle savait qu'elle avait pris des risques en prévenant Shizuka, mais elle s'était tellement inquiétée pour lui, qu'elle avait pensé qu'il valait mieux en informer la mère du jeune-homme. Ces informations avaient vraisemblablement inquiété madame Hattori, surtout que la veille, elle avait surpris son fils en train de crier en plein milieux de la nuit. De plus, l'histoire de l'amnésie, elle semblait un peu plus protectrice envers lui et cela malgré le fait qu'il ait retrouvé la mémoire.

« Je suis désolée Heiji…Je m'inquiétais juste pour toi. » dit-elle avec regret la tête baissé et une mine triste.

« C'était pas une raison pour appeler ma mère… » répondit-il d'un ton morne et avec un regard noir. « Tu me déçois. »

La fille à la queue de cheval pouvait sentir des larmes qui lui montaient aux yeux, après les mots durent de l'osakien.

« Excusez-moi ! » intervint une infirmière avec un air grave. « C'est un hôpital ici ! Alors si vous avez des choses à régler, merci de les faires à l'extérieur ! » s'exclama-t-elle d'un ton autoritaire, invitant visiblement le groupe de jeune, notamment l'osakien à quitter l'hôpital.

« Je suis vraiment désolé ! C'est moi qui suis responsable de cette agitation. » s'excusa Heiji en se tournant vers la femme, en enlevant sa casquette et en faisant une courbette. « Je vais m'en aller, il vaut mieux. » déclara-t-il toujours avec un visage dur.

« Il vaut mieux ! » accorda sèchement l'infirmière avant de les laisser.

Sans regarder sa petite-amie, il remit sa casquette, marcha vers la sortie, laissant derrière lui une Kazuha au bord des larmes.

La jeune fille retomba en pleure sur sa chaise. Ran qui était à côté d'elle, la regarda avec compassion et mit une main apaisante sur le dos de son amie.

« Bon sang Hattori… » pensa Conan en fronçant les sourcils et en regardant l'osakienne en pleure. « Je vais rattraper Heiji-niichan, pour qu'on rentre à l'agence ensemble ! Il n'a pas les clés, il risque de se retrouver à errer dans les rues de Tokyo. » annonça-t-il en sautant de sa chaise.

« Hmm…d'accord Conan-kun. » accepta la karatéka.

« Surtout qu'énervé comme il est et vu comment il est irresponsable, il risque de s'attirer des ennuis. » pensèrent les deux tokyoïtes en même temps.

« Achetez-vous à manger avant de rentrer. Nous, on rentrera quand on aura des nouvelles de Fujiwara-san. »

« D'accord ! » dit le détective rétréci, avant de courir vers la sortie dans l'espoir de rattraper son ami. Il jeta par la même occasion, un dernier regard peiné sur Kazuha qui était toujours en pleure, alors que Ran commençait à la consoler.

Conan et Heiji arrivèrent à l'agence Mouri, le faux-enfant avait réussi à rattraper son ami et l'avait facilement convaincu de rentrer. Cependant, sur le chemin le détective de l'Ouest avait à peine décroché un mot, il se contenta de répondre aux question que le garçon lui posait, ce dernier avait remarqué que l'osakien avait l'air plus triste que fâché, il semblait également plongé dans ses pensées. Avant de rentrer, ils étaient allés chercher des pizzas.


Quand ils arrivèrent chez les Mouri, Kogoro n'était pas encore rentré. Les deux amis, montèrent à l'étage et s'installèrent dans le salon pour déguster leur pizza. Assis sur le canapé à côté de Conan, le jeune homme était silencieux, il mangeait calmement, il paraissait par ailleurs moins énervé. Le faux-enfant profita donc de cette occasion pour briser le silence.

« Alors Hattori ? Tu comptes avoir des sautes d'humeur, encore combien de temps ? » demanda-t-il d'un ton morne, après avoir avalé un morceau de pizza.

« Hmm ? » fit l'autre la bouche pleine avec un air surpris.

« Hier tu étais peiné à cause de tes cauchemars, aujourd'hui t'étais… disons normal, jusqu'à ce que tu t'énerves contre Kazuha-chan. » Il s'adossa contre le canapé et mit ses mains derrière sa tête.

« Ce ne sont pas des sautes d'humeur ! » rétorqua-t-il agacé après avoir déglutit. « Mais elle m'a vraiment énervé à raconter ça à ma mère ! »

« Elle a peut-être été maladroite, mais t'as bien vu qu'elle regrettait. D'ailleurs, j'ai vu qu'elle hésitait à lui téléphoner. »

« Quoi ?! Tu étais au courant ?! » s'indigna l'osakien.

« Je l'ai juste vu tourner en rond avec son téléphone dans la main ce matin. Ensuite elle est allée sur le balcon pour téléphoner, pendant que Ran allait dans la chambre pour te réveiller. »

« Je comprends pourquoi ce n'est pas elle qui est venu me réveiller… » marmonna-t-il d'un ton maussade.

« …et c'est quand tu es venu crier sur elle comme un fou-furieux, que j'ai compris qu'elle appelait ta mère. »

Le détective lycéen se contenta juste de soupirer.

« Pourquoi tu t'es mis dans cet état Hattori ? T'étais pas obligé de lui dire qu'elle te décevait ! » lui reprocha-t-il. Il n'avait vraiment pas apprécié comment il avait parlé à la jeune fille, surtout qu'il savait à quel point il tenait à elle. « Elle n'aurait peut-être pas dû agir comme ça, mais elle était inquiète… »

« Je ne supporte pas qu'elle remette toujours l'accident et l'amnésie sur la table ! » s'exclama-t-il sèchement. « A chaque fois qu'elle l'évoque, je sens qu'elle se sent toujours coupable et ça lui fait du mal. Alors si en plus, elle commence à dire que mes cauchemars sont peut-être dû aux séquelles de mon trauma-crânien… » Il mit ses mains entre sa tête. « Aaah pourquoi cette aho ne peut pas tout simplement oublier cette histoire… » dit-il d'un ton désespérer.

« Hattori… » fit Conan étonné face au visage dépité de son ami.

« J'aimerais oublier aussi cette période de ma vie Kudô tu sais. » déclara-t-il plus calmement. « Honnêtement, je sais que j'ai vraiment inquiété mes proches quand j'étais amnésique…en particulier Kazuha et ma mère…Je t'ai mis dans la merde avec oyaji, je sais que depuis qu'il a découvert qui tu étais, il t'appelle souvent pour avoir plus d'infos sur l'organisation. » Il regarda le détective rétréci avec un air désolé.

« Oh ça…ne t'inquiète pas. » dit-il en agitant les mains. Il n'en avait jamais parlé à l'osakien, mais les appels intempestive du surintendant le mettait fortement mal à l'aise, il essayait de mettre fin le plus rapidement possible aux conversations, mais ça devenait de plus en plus difficile face au tempérament glacial de l'homme.

« Hmm… » fit-il simplement la tête baissée.

« Oy Hattori, dis-toi aussi que sans tous ces évènements, vous ne seriez peut-être pas en couple, elle et toi. » lui dit-il pour tenter de le rassurer.

« Je sais pas Kudô…Dès fois, j'ai plus l'impression que quand elle me voit, elle revoit sans cesse ce foutu accident. Et après ce qu'il s'est passé aujourd'hui, je constate que ça la perturbe vraiment. Au point de relier tout et n'importe quoi à ça…Ça l'a fait vraiment souffrir, je me demande s'il ne vaut mieux pas mettre un terme à cette relation… » finit-il par dire tristement.

« Non Hattori il y… » commença le faux-enfant en écarquillant les yeux.

« Je ne pense pas que je serais de très bonne compagnie pour le reste du week-end, j'ai besoin de réfléchir. Je vais prendre le prochain train pour Osaka, désolé pour le théâtre, tu m'excuseras auprès des Mouri. Dis leur que Otaki-han m'a appelé pour une affaire. Quant à moi j'enverrai un message à Kazuha pour m'excuser de mon attitude. Je veux qu'elle puisse profiter de son week-end. » déclara-t-il en se levant et en se dirigeant vers la chambre pour préparer ses affaires.

Conan regarda son ami s'éloigner, il voulait lui dire de rester, mais convaincre son ami têtu semblait compliquer voir limite impossible, vu dans l'état dans lequel il se trouvait.

Près de deux heures après le départ de l'osakien, les filles étaient finalement rentrées. Elles étaient arrivées peu de temps après Kogoro, qui était déjà en train de picoler dans son bureau. Le visage de Kazuha semblait mieux, mais la tristesse était toujours visible sur son visage.

Le petit détective fit comme son ami lui avait demandé, il expliqua que Heiji avait dû partir pour une urgence. Il remarqua rapidement que l'osakienne avait l'air vraiment déçu. Elle qui s'attendait à faire sa première vraie sortie avec son amoureux…Tout son plan était tombé à l'eau, d'autant plus que malgré le message d'excuse de ce dernier, elle n'était pas sûr qu'il lui avait réellement pardonné.

« Ne t'en fais pas Kazuha-chan, on peut quand même aller au théâtre tous les trois. » lui dit Ran en mettant une main sur l'épaule de son amie, après que Conan lui ai transmis le message de l'adolescent. Kazuha se contenta de répondre par un simple hochement de tête.

« Ne Ran-neechan, comment va Fujiwara-san ? » questionna le tokyoïte, pour changer de sujet. Il était mal à l'aise par rapport à Kazuha, surtout après ce que Heiji lui avait confié avant de partir.

« Il va bien ! Il a repris connaissance, j'ai pu un peu discuter avec lui. Il sortira en fin de journée, son fils viendra le récupéré. » déclara-t-elle avec enthousiasme.

« Super ! » sourit-il. « Mais il t'a expliqué pourquoi il avait fait cette crise ? »

« Hmm…A vrai dire il ne se souvient pas, il se souvient juste avoir vu Hattori-kun et Kazuha-chan devant la porte. » Elle haussa les épaules.

« Ah bon ?! » s'étonna le faux-enfant à lunettes.

« Oui d'ailleurs, il m'a demandé s'ils étaient avec nous. Ah oui et il a dit que Kazuha-chan était très belle ! » s'exclama-t-elle en souriant et en regardant la fille à la queue de cheval qui avait toujours une mine déprimée. Ces déclarations firent le petit-détective froncer les sourcils.

« C'est gentil de sa part. » répondit l'osakienne toujours les yeux baissés. « Bon je vais poser les sacs dans la chambre. » annonça-t-elle alors qu'elle tenait toujours les sacs du shopping de la matinée dans les mains. Elle tourna les talons laissant les deux tokyoïtes la regarder avec un air désolé.


Le soir, chez les Hattori, vers 22h, Heiji était allongé dans son lit la tête enfoui dans son coussin. Sa chambre était plongée dans l'obscurité. Sa mère avait été surprise de le voir arrivé en fin de journée, elle avait également remarqué qu'il avait l'air démoralisé. Elle tenta de le questionner sur ce qui s'était passé et pourquoi il était rentré si tôt, tous qu'elle obtint comme réponse était un « Pas maintenant, j'suis fatigué. » après ça il s'enferma dans sa chambre. Shizuka craignait que ce soit sa faute, quand elle avait téléphoné à son fils un peu plus tôt, elle avait bien senti qu'il était en colère à cause de ce que Kazuha lui avait raconté. Elle n'était pas loin de la vérité…

« Est-ce que j'ai vraiment bien fait de quitter Tokyo ? » se demanda-t-il. « Kazuha doit avoir de la peine…Mais quand elle me voit, elle souffre à cause de cet accident…» Il se retourna et se mit sur le dos. « Et dire qu'hier encore, je me disais qu'il fallait que je reste sur mes gardes, quand je serais à Tokyo…A cause de ces foutues cauchemars, ces cauchemars qui ont provoqué l'inquiétude de Kazuha, qui lui ont mis ces idées dans la tête, qui m'ont fait péter un plomb sur elle… » Il soupira et mit une main sur son front. « Ces cauchemars ont vraiment gâché mon week-end. Enfin peut-être que j'aurais réalisé tôt ou tard que l'accident était omniprésent dans sa tête. Mais en tout cas j'espère vraiment qu'elle ira bien à Tokyo et que ces cauchemars, n'étaient juste que des cauchemars. » pria-t-il en fermant les yeux. Bien que Kudô avait réussi à le persuader qu'il avait juste fait des mauvais rêves, il craignait toujours au fond que cela se réalise, tout semblait si réelle…

Ses prières furent interrompues par la sonnerie de son téléphone qui se trouvait sur sa table de chevet, il l'attrapa et fut surpris de voir que celui qui tentait de l'appeler n'était d'autre que Conan.

« Kudô ? Mais il est censé être encore au théâtre à cette heure-là. » se dit-il alors qu'il décrochait. « Kudô ? Qu'est-ce qu'il y a ? En ce moment j'ai besoin d'être s… » commença-t-il en soupirant.

« Hattori écoute ! Il y a eu un problème au théâtre… » coupa Conan d'une voix grave et sérieuse. Heiji pouvait entendre plusieurs bruits de sirènes dans le téléphone, son cœur s'emballa il sentit que quelque chose de grave était arrivé.

« Qu'est-ce qu'il y a Kudô ? C'est Kazuha ? » Il se redressa brusquement sur son lit. La jeune fille était la première pensée qui lui vint à l'esprit. Il aurait pu penser qu'un acteur ou un spectateur avait été assassiné, durant la représentation, étant donné que son jeune ami se retrouvait souvent face à des scènes de crimes. Mais non il sentait que cette fois il pouvait s'agir d'une affaire plus personnelle.

« Oui Hattori… » finit par admettre le faux-enfant, après un court silence. « Il s'agit de Kazuha-chan et Ran… »

« Neechan ?! » s'étonna le détective lycéen.

« Ran s'est fait poignarder et Kazuha-chan est introuvable… »