Chapitre 11 - Bulma

Bulma se retourna sur son matelas pour ce qui devait être la vingtième fois depuis le début du couvre-feu. Elle maudit tout haut le lézard, qu'elle tenait entièrement responsable de son malheur. Elle avait froid, elle avait mal au dos, et elle n'avait pas pris de douche depuis plus de deux jours. Et quiconque connaissait un tant soit peu Bulma Brief savait qu'elle ne tolérait pas de se coucher sans s'être apporté ses soins quotidiens, et qu'elle tolérait encore moins les lits lorsqu'ils n'étaient pas douillets. Le matelas sous son corps n'était pas suffisamment épais pour empêcher ses hanches de toucher au plancher de métal sur lequel il avait été posé, et le petit drap qu'elle avait reçu en guise de couverture ne servait pas à grand-chose contre les 15 degrés Celsius qui régnaient en permanence dans le dortoir. L'énorme Saiyan qui les avait forcés à se déshabiller n'avait pas plaisanté en disant que Frieza préférait garder les températures fraîches sur le vaisseau.

Incapable de fermer l'œil, la jeune femme se retourna encore en poussant un long soupir.

-Chi-Chi, chuchota-t-elle en direction de la silhouette à sa gauche.

Il n'y eut pas de réponse. Elle se recroquevilla sous son drap afin de trouver une position qui lui permettrait de limiter les pertes de chaleur.

-Chi-Chi, répéta Bulma un peu plus fort. Est-ce que tu arrives à dormir? Je suis complètement gelée.

La silhouette à ses côtés se mit à gigoter dans la pénombre.

-Impossible, répondit Chi-Chi dans un grognement. Comment tu veux que j'arrive à dormir si tu soupires et me pose la même question toutes les cinq minutes?

Bulma sourit en direction de son amie. Même si elle aurait préféré que Chi-Chi n'ait pas été emmenée sur le vaisseau, le réconfort que sa voix réprobatrice lui procurait un bien énorme. Loin de sa maison, de sa famille et de son confort, la présence de sa meilleure amie rendait l'expérience des derniers jours un peu plus tolérable. Et elle savait que le sentiment était réciproque.

Bien décidée à ne pas laisser Chi-Chi s'endormir avant elle, la jeune femme se déplaça sur son matelas pour se rapprocher. Le dortoir dans lequel ils avaient été placés était grand, et la plupart des otages avaient déjà quitté pour leurs nouvelles fonctions. Il y avait donc peu de risques que ses propos soient entendus, mais elle voulut tout de même prendre les précautions nécessaires.

-Tu crois que l'entrée sud est gardée comme celle par laquelle nous sommes entrées? demanda Bulma à son amie.

-Bulma Brief, répondit cette dernière. Tu élabores encore des plans pour tenter de t'échapper. Arrête ça, gronda Chi-Chi d'une voix endormie.

- Mais… pourquoi pas? J'ai tellement froid! Et j'ai besoin d'une douche! Et de mon pyjama en flanelle! On ne va pas rester ici sans rien faire quand même! Je veux retourner sur Terre.

- Bon sang… Tu ne peux pas être sérieuse… Tu crois vraiment que c'est le temps de jouer les princesses?

Bulma resserra son drap autour de son corps, offusquée de devoir se justifier. Dans les derniers jours, elle avait fait de son mieux pour se plier aux exigences des soldats qui les gardaient captifs sans partager ses plaintes. Mais le temps commençait à faire son œuvre, et avec toute l'adaptation à laquelle elle devait faire face, sa personnalité revenait au galop.

-Je ne suis pas précieuse! grogna-t-elle. Je réclame ce qui nous est dû, et que mes droits soient respectés, voilà tout. Je n'accepterai pas qu'on nous traite ainsi pour longtemps. J'en ai assez d'être enfermée dans ce dortoir sans qu'on nous dise quoique ce soit. Et puis, tu peux bien parler, Chi-Chi! Je sais que toi aussi, tu penses à t'échapper.

Le silence de son amie fut révélateur. Quoique plus rationnelle que la femme aux cheveux bleus, elle aussi sentait ce sentiment de révolte bouillonner en elle depuis qu'elles avaient été forcées à monter sur ce vaisseau.

Bulma en profita pour lui partager ses idées.

-La porte sud n'est gardée que lors de la distribution des repas, renchérit-elle. Nous pourrions tirer avantage des périodes de changement de garde pour nous faufiler. Je parie que je pourrais facilement trouver une capsule spatiale que je serais capable de piloter.

-Et tu vas la trouver où cette capsule spatiale hein? dit Chi-Chi tout bas. Bulma, on ne sait rien de ce vaisseau, et on parle du vaisseau impérial de Frieza, je te rappelle. Je suis certaine qu'il est truffé de caméras de surveillance et qu'il est équipé d'un système de sécurité numérique hyper performant. Et puis, même s'il n'y a pas de soldat à la porte sud, cet endroit pullule de gars prêts à nous sauter dessus si on s'enfuit d'ici. C'est du suicide, ton truc.

Bulma fit la moue, sachant pertinemment que Chi-Chi ne la verrait pas faire dans le noir.

-Arrête de te faire des idées, renchérit-elle. La seule option, c'est de se tenir les fesses serrées jusqu'à ce que mon Goku vienne nous trouver.

Un silence s'installa entre les deux amies. Bulma avait également pensé à son plus vieil ami. L'impitoyable attaque de la boite de nuit constituait déjà un motif suffisant pour déclencher sa soif de justice, et la présence de Chi-Chi sur le vaisseau rendait impensable l'option qu'il demeure inactif . Mais la jeune femme redoutait les obstacles qui se dressaient devant lui. Non seulement allait-il devoir affronter les centaines, voire les milliers de soldats qui habitaient le vaisseau, mais il devrait également défier l'empereur lui-même, qui y résidait également. Sans oublier le défi que représentait le voyage spatial que cela représentait. Et Goku n'était pas exactement ce qu'on pouvait appeler un génie en aérospatiale.

-Il viendra, tu crois? dit finalement Bulma d'une voix faible, incertaine.

Un froissement de tissu se fit entendre. Puis, une main se glissa sous son drap pour trouver la sienne.

-Il viendra. J'en suis certaine, la rassura Chi-Chi en appliquant une pression sur ses doigts.

Bulma répondit à son geste en serrant à son tour. Elle ferma les yeux, réconfortée par les promesses bien plus rationnelles et réalistes de son amie. Et c'est ainsi que, les pieds toujours glacés, mais le cœur réchauffé, la jeune femme finit par trouver le sommeil.

La nuit fut de courte durée. À peine quelques heures plus tard, tous les Humains endormis dans le dortoir furent subitement réveillés par un horrible éclairage au néon qui frappait leurs visages. Trois soldats armés apparurent et déposèrent des plateaux remplis de nourriture sur le sol sans égard pour leur sommeil fraichement interrompu. Bulma doutait fortement que le mot « nourriture » soit approprié. La soupe gluante à la coloration violacée, froide bien sûr, qui leur était servie pouvait difficilement être qualifiée de la sorte.

-J'espère vraiment que tu seras envoyée dans les cuisines, Chi, dit la jeune femme aux cheveux bleus en grimaçant.

Celle-ci s'assit en tailleur sur son matelas et commença à avaler son repas sans prendre la peine d'utiliser les ustensiles qui leur étaient fournis.

-Honnêtement, je serais heureuse d'être envoyée là-bas, répondit-elle entre deux gorgées. Les cuisiniers ont clairement besoin d'un chef!

Bulma se pinça le nez et fourra sa cuillère dans sa bouche pour avaler sa première bouchée.

-Tant qu'on ne m'envoie pas aux Quartiers… ajouta-t-elle en regardant furtivement le matelas vide en face d'eux.

Toutes deux se rappelaient trop bien la femme aux yeux et aux cheveux marron qui l'avait occupé et qui avait été emmenée de force par des soldats, pas plus tard que la veille. À travers les cris de la femme qui se débattait, elles les avaient entendus mentionner qu'ils feraient appel à ses services lors de leur prochaine visite aux Quartiers. Bulma et Chi-Chi s'étaient enlacées en regardant la scène se dérouler, redoutant que ce soit le sort qui leur soit réservé lorsque viendrait leur tour d'être attitrées à leurs fonctions.

Bulma déglutit bruyamment. Elle était d'autant plus vulnérable à cette éventualité étant donné son écart de comportement au moment de sa rencontre avec Frieza.

-Ne t'inquiète pas, dit Chi-Chi en repoussant son plateau vide. Avec les tests de qualification que nous avons passés, Frieza serait complètement idiot de t'envoyer là-bas. Tu es un génie, ils vont bien réaliser qu'ils ont mis la main sur un trésor d'ingéniosité en t'emmenant ici. Ce serait une perte de compétence de t'utiliser pour tes seins et tes fesses plutôt que pour ton cerveau.

Remplir des tests de qualification avait été la première chose qu'on leur avait demandé de faire en arrivant dans les dortoirs. La première partie du questionnaire visait à cibler leurs intérêts et qualifications, alors que la deuxième ressemblait énormément à un test de quotient intellectuel. Bulma avait été surprise de constater combien les questions pouvaient parfois être assez complexes. Elle avait rempli les questionnaires comme tout le monde, mais ce qu'elle n'avait pas dit à Chi-Chi, c'est qu'elle avait volontairement falsifié des réponses. De cette façon, elle espérait être envoyée à l'entretien mécanique ou à la maintenance technique, tout en évitant d'attirer trop l'attention sur son intellect hors du commun.

-J'ai poussé un peu la note en envoyant promener Frieza, répondit-elle. Il ne voudra certainement pas me faire plaisir après ce que j'ai fait.

Chi-Chi ouvrit la bouche pour répondre, mais leur discussion fut interrompue par la porte principale qui s'ouvrit dans un coup de vent. Les deux femmes ainsi que les quelques Humains restants bondirent sur leurs pieds en voyant l'escouade de soldats pénétrer dans le dortoir.

-Humains! dit l'un d'eux d'une voix forte. C'est aujourd'hui qu'on vous affecte à vos tâches. Vous serez appelés à tour de rôle par un soldat et celui-ci vous guidera vers votre chambre personnelle avant de vous emmener directement à votre lieu de travail. On commence tout de suite! Numéro douze, avec moi!

Un homme de forte taille s'avança vers le soldat qui venait de parler. Une fois arrivé près de lui, ce dernier lui emboîta le pas et l'incita à sortir de la pièce. Les deux jours précédents avaient été marqués par un rituel semblable, et chaque fois, cinq humains avaient été appelés à tour de rôle pour être emmenés quelque part sur le vaisseau, sans qu'on leur en dise plus. Bulma jeta un coup d'œil au médaillon qui lui avait été donné et qui portait son numéro d'identification. Cette fois, les soldats étaient au nombre de six. Elle s'approcha de Chi-Chi et serra son bras contre elle. Le moment qu'elle redoutait, celui où elle serait séparée de son amie, était sur le point d'arriver.

-Numéro sept! dit alors l'un des soldats.

En entendant son numéro sortir du lot, Chi-Chi se raidit à ses côtés. Elle se mit à serrer son bras très fort en retour et Bulma sentit son cœur cogner contre sa poitrine lorsqu'elle se pencha pour prendre son amie dans ses bras.

- Nous n'allons pas être séparées longtemps. Je vais te retrouver, Chi, lui promit-elle à l'oreille.

Celle-ci enfouit brièvement son visage dans son cou pour tenter d'étouffer un sanglot. Elle resserra son étreinte une dernière fois, puis Bulma sentit qu'elle s'écartait. Juste avant de se tourner vers le soldat, son amie lui jeta un dernier regard, et bien que ses yeux s'étaient remplis de larmes, elle y vit une résolution qui lui donna de l'espoir.

-Numéro six! scanda ensuite une voix alors que la porte se refermait derrière Chi-Chi.

Bulma sursauta en entendant son propre numéro d'identification. Elle s'avança résolument vers le soldat qui venait de l'interpeller, un alien à la tête de poisson qui la regardait avec quatre paires d'yeux globuleux. Celui-ci sourit en la voyant approcher.

-Suis-moi, Humaine, dit-il de sa voix éraillée.

La jeune femme obéit sans trop de regret. Elle était heureuse d'enfin quitter ce dortoir pour se diriger vers une autre partie du vaisseau. Cela faisait près de quatre jours qu'elle y était enfermée et enfin, il y aurait des développements dans sa situation. La scientifique qui sommeillait en elle détestait rester inactive et se posait d'innombrables questions. Elle désirait ardemment récolter des informations qui l'aideraient à mieux comprendre comment fonctionnait ce vaisseau et son équipage, dans l'espoir de pouvoir le déjouer et s'échapper. Elle suivit le soldat à la tête de poisson en ouvrant grand les yeux pour récolter un maximum d'informations pendant le trajet. Ils prirent d'abord un ascenseur qui les mena trois étages plus hauts, puis parcoururent plusieurs centaines de mètres à travers divers couloirs circulaires. L'endroit était un véritable labyrinthe. Partout, il y avait des portes, toutes sécurisées par un système de reconnaissance génétique, des passerelles surveillées par un système de caméras multidirections et des couloirs gardés par des soldats armés qui avaient l'air de se tourner les pouces.

Chi-Chi avait eu raison. Le vaisseau impérial était hautement sécurisé et s'enfuir d'ici était une mission suicide. Mais il y avait certainement des failles, et Bulma était certaine qu'elle ne tarderait pas à les démystifier.

Au bout de quelques minutes, tous deux arrivèrent dans un couloir qui menait dans un cul-de-sac circulaire avec cinq portes de verre givré, et la marche prit fin. Le soldat se posta devant celle du milieu et plongea sa main dans le clavier d'authentification holographique qui se trouvait à gauche. Aussitôt que le lecteur confirma son identité, probablement grâce à ses empreintes digitales, la porte glissa sur le côté.

-Ton uniforme de travail est sur ton lit, dit le soldat en se tournant vers elle. Tu as cinq minutes pour l'enfiler et me rejoindre ici.

Bulma acquiesça et pénétra, enfin, dans sa chambre personnelle.

La première chose qu'elle vit fut le lit, et la jeune femme fut soulagée de constater qu'il disposait d'un matelas, d'un oreiller et de couvertures qui lui paraissaient convenables. Au fond de la pièce, circulaire elle aussi, se dressait une douche minuscule, un lavabo et une toilette. À sa droite, il y avait une commode ainsi qu'une petite table avec deux chaises. Et c'était tout.

L'endroit était exigu, immaculé, froid et impersonnel. Mais c'était propre, et tout de même beaucoup mieux que le matelas à même le sol du dortoir commun duquel elle venait de sortir. Les conditions qu'on lui offrait dans sa chambre n'étaient pas aussi horribles qu'elle l'avait imaginé, et elle fut rassurée.

C'est donc en levant la tête haute que Bulma s'avança résolument vers son lit pour prendre les vêtements qui y avaient été déposés. Elle inspecta l'uniforme avec intérêt, et constata avec satisfaction qu'il s'agissait d'une robe courte tissée avec le même matériel que la combinaison qui lui avait été donnée quelques jours plus tôt. Et même si le tissu bleu marine n'était pas le plus doux qui soit, il était tout de même résistant et son élasticité le rendait plutôt confortable. D'un geste fluide, elle se débarrassa de la combinaison et enfila la robe ainsi que les sous-vêtements blancs qui étaient fournis. Elle fut heureuse que la robe ne disposait pas de décolleté et s'arrêtait à la mi-cuisse, ce qui le rendait convenable. Il n'y avait pas de miroir dans sa chambre, mais Bulma savait que le vêtement, qui épousait parfaitement les formes de son corps, saurait mettre ses atouts en valeur. Dans d'autres circonstances, elle aurait été heureuse de porter un tel vêtement pour aller travailler. Mais en tant qu'otage dans un vaisseau rempli de soldats masculins, c'était une tout autre histoire…

Une fois habillée, Bulma quitta sa chambre pour retrouver le soldat qui l'attendait toujours à l'extérieur. En la voyant sortir, celui-ci se mit immédiatement à marcher en direction inverse dans le couloir par lequel ils étaient arrivés. Cette fois, la distance qu'ils parcoururent fut beaucoup plus courte, et ce n'est qu'une centaine de mètres plus loin qu'ils arrivèrent finalement à destination.

Devant eux se dressaient deux énormes portes métalliques gardées par trois soldats. En les voyant s'approcher, l'un d'eux appuya sur un interrupteur, et les doubles portes s'ouvrirent progressivement pour dévoiler la pièce qui se trouvait derrière. Bulma prit un temps d'arrêt avant d'entrer, car elle venait de réaliser à quel endroit elle avait été assignée. Devant elle, des dizaines de tables matelassées étaient placées en rangées. Chacune de ces tables était bordée de rideaux et de chariots métallisés qui regorgeaient de linges blancs propres, d'instruments métalliques stériles et de bandages tissés de toutes sortes. Au centre de la pièce, il y avait cinq énormes appareils prenant la forme de larges dômes, dont la partie supérieure était vitrée et semblait reliée à des centaines de câbles et de tuyaux de drainage qui partaient vers le plafond.

Sans aucun doute, cet endroit était destiné à soigner les soldats blessés.

-Ah! Vous voilà enfin, dit alors une voix féminine à l'autre bout de la pièce.

Bulma se tourna vers la femme qui venait de parler. Celle-ci avait un très petit corps, mais était dotée d'interminables jambes et il ne lui fallut pas plus de trois enjambées pour se retrouver devant eux. Elle portait elle aussi une robe bleue, mais le tissu tombait drôlement sur ses épaules carrées. À son cou était attaché un foulard rouge clair.

-Alors, c'est toi la nouvelle recrue? dit-elle d'une voix aigüe. On m'a dit qu'une Humaine se joindrait à l'équipe médicale.

Elle fit un geste désinvolte en direction du soldat qui l'avait accompagné.

-Tu peux t'en aller, je vais prendre la relève.

Celui-ci s'exécuta, et les portes se refermèrent derrière lui alors que la femme se mit à fouiller dans l'une des poches de sa robe.

-Tiens, dit-elle en lui tendant un bout de tissu rouge. Mets-le à ton cou. Tous les soignants doivent les porter, c'est notre signe distinctif. Et attache-moi ces longs cheveux. C'est la norme ici. Si tu ne veux pas les attacher, il faudra les couper.

Bulma fronça les sourcils. Elle n'était pas certaine d'aimer qu'on lui parle de façon aussi autoritaire. Mais comme elle était plus qu'heureuse de se retrouver sur l'unité médicale plutôt que dans les Quartiers, elle s'efforça de faire taire son tempérament, noua le foulard autour de son cou et attacha ses longs cheveux en chignon haut sur sa tête, non sans grimacer à la femme qui lui tournait maintenant le dos.

-Bien. C'est ta première journée, mais comme nous sommes en manque d'effectifs, tu devras probablement soigner des blessés dès aujourd'hui, dit la femme en faisant trois pas vers le fond de la pièce. Suis-moi, je vais te montrer où est ta place assignée.

Bulma accourut derrière la femme, tentant difficilement de la suivre malgré ses jambes beaucoup plus courtes. Elles s'arrêtèrent devant la table d'examen qui se situait au fond de la pièce, puis la femme se plaça en face d'elle et l'observa de la tête aux pieds de ses yeux jaunes.

- Tu as des compétences médicales? lui demanda-t-elle.

-Des compétences… médic… heu… oui, un peu… je…

-Très bien. Tu n'auras pas besoin de formation alors. Si tu as été envoyée ici, c'est que tu détiens les qualifications nécessaires pour faire une bonne soignante de toute façon. Je m'appelle Idris. C'est moi qui répondrai à tes questions si tu en as. Tout le matériel dont tu as besoin pour faire des interventions mineures se retrouve dans les chariots. Mais, tu vas vite t'en rendre compte, la grande majorité de ton travail consistera à opérer les chambres de régénération.

Elle pointa le dôme au toit de verre le plus près de l'un de ses longs doigts aux griffes acérées.

-Il te suffira d'apprendre à les utiliser convenablement, poursuivit-elle. C'est plutôt tranquille aujourd'hui, et le reste de l'équipe médicale devrait arriver d'ici une heure. Je vais donc commencer par te montrer comment…

C'est à ce moment qu'une alarme retentit dans la pièce. Bulma sursauta, mais Idris, elle, se contenta de lâcher un long soupir.

-Cette alarme indique l'arrivée d'un patient. Je ne croyais pas qu'il y en aurait aussi tôt ce matin. Je n'étais pas au courant qu'il y avait une mission ou une séance d'entraînement en cours. La bonne nouvelle, c'est qu'on aura un cobaye pour te montrer comment utiliser les chambres.

Elle fit un pas vers la porte d'entrée pour jeter un coup d'oeil aux soldats qui affluaient dans l'unité médicale, puis tourna la tête vers Bulma pour lui donner les dernières directives avant de s'éclipser.

- Je te laisse fouiller dans ton chariot pendant que je vais le chercher. Tiens-toi prête, on ne sait jamais sur quel type de blessure on va tomber.

Bulma acquiesça d'un signe bref de la tête, et se plaça face au chariot médical près de sa table d'examen. Elle se mit à ouvrir et fermer les tiroirs de ses mains légèrement tremblantes, sortant au hasard le matériel qui lui serait logiquement le plus utile; de la solution saline, des gazes, des tampons, des ciseaux, des pinces et du fil chirurgical. Un peu anxieuse, elle se demanda si ses maigres connaissances médicales, qu'elle avait acquises à force de côtoyer ses amis guerriers, seraient suffisantes pour soigner convenablement ce soldat. Bien qu'elle ait pansé maintes et maintes fois leurs blessures dans le passé, elle n'était pas certaine de détenir l'expérience et les compétences nécessaires pour remplir cette tâche sans être mieux préparée.

Mais bon, c'était déjà beaucoup mieux que d'être envoyée dans les Quartiers, se répétait-elle sans arrêt.

-Déposez-le sur cette table d'examen, dit la voix d'Idris dans son dos.

Les mains remplies de matériel médical, la jeune femme entendit les soldats s'activer derrière elle, et elle pivota vers eux pour les regarder faire.

Et c'est à cet instant qu'elle le vit. Le soldat blessé.

Il était assis, son corps à moitié soutenu par deux de ses collègues en armure, ses propres muscles n'arrivant probablement plus à le faire par eux-mêmes. Son armure à lui était brisée et pendait lâchement autour de sa taille. Sa combinaison bleue était déchirée de toutes parts, révélant la peau lacérée, brûlée, transpercée qu'elle aurait dû protéger. Avec horreur, Bulma vit que le tissu s'entremêlait même à la chair par endroits. Le sang, qui exsudait abondamment de la plaie qui traversait son torse, coulait à flots sur ses jambes et commençait déjà à s'accumuler sur le sol.

Mais le pire dans tout cela, c'est que l'homme qui avait encaissé toutes ces blessures était encore tout à fait conscient. Il respirait bruyamment et avait posé sa main droite sur son épaule gauche pour la soutenir. Son visage était tordu par la souffrance et sa mâchoire était crispée à l'extrême, probablement pour tenter de la contenir.

Et enfin, à travers ses paupières à demi-close, il la fixait, elle, de ses yeux noirs qu'elle reconnut aussitôt.

C'était LUI. Le Saiyan.


Alors voilà! Enfin! Végéta et Bulma se retrouvent :3

J'avais hâte à ce moment, parce qu'on va se le dire, même si j'apprécie présenter l'univers dans lequel ils vont évoluer, cette fiction est d'abord et avant tout une histoire d'amour, et c'est à propos de leur relation que je préfère écrire.

Je vous promets donc qu'à partir de maintenant, le couple Végébul prendra tout son sens!

J'espère que vous appréciez, et surtout, merci beaucoup pour les commentaires!

xx