On reprend donc le rythme quotidien, en espérant que ça me booste un peu !
Guest : Drago a probablement pris deux ou trois trucs à Harry aussi, mais je ne sais pas trop quoi XD
Kenaran utilisa encore son pouvoir pour montrer la suite du combat en partant des souvenirs de Potter, qui se prêta à l'exercice sans sembler éprouver la moindre crainte.
On s'extasia devant la puissance et la rapidité de son Patronus en forme de cerf, on le félicita pour la création et la maîtrise de ceux en formes de murs, et Kenaran parut enchanté de l'idée. Un débat s'éleva pour jauger si le Non-Être, une fois mis en cage, mériterait plutôt d'être maintenu à Azkaban ou transféré au siège du Maléfistinat. La préférence du Professore était largement perceptible, et Potter lui accorda un sourire entendu.
Quand le Patronus hybride apparut, plusieurs spectateurs émirent des commentaires dégoutés, qui s'amplifièrent à chacune de ses déformations successives.
On supposa que sa forme répugnante était le résultat d'une chimère mélangeant le cerf de Potter, le Patronus informel – et par conséquent inconnu – de Foley, dont la magie pulsait encore de sa baguette et celui, encore plus indéterminé du détenu qui tenait la baguette.
L'une des Érudites de Kenaran, une dame mince aux cheveux presqu'aussi blonds que ceux de Drago, prit la parole pour expliquer doctement que les Patronus Chimériques, comme souvent quand il s'agissait des sortilèges combinés de plusieurs Sorciers, étaient généralement plus puissants et résistants que les Patronus Corporels Classiques. Cet avantage venait avec un inconvénient de taille : Ils étaient quasiment impossibles à diriger, les volontés des Sorciers les ayant invoqués ainsi que leurs temps de réaction ne pouvant être parfaitement synchronisés. La pratique était dangereuse. En tout cas, elle était déconseillée, car le risque que le souvenir agréable du Sorcier le plus faible lui soit complètement arraché de la poitrine n'était pas à négliger.
Dans le cas de cet hybride-ci – la Sorcière prononça le mot avec une hésitation qui sembla indiquer qu'elle n'était pas certaine que la chose mérite le nom de Chimère – on avait eu de la chance que Drago et Foley aient été trop mauvais ou inconscients pour pouvoir imposer leur volonté à celle de Monsieur Potter, qui avait pu profiter de la résistance du Patronus, sans souffrir de ses – nouvelle hésitation – habituels désagréments.
La Sorcière expliqua également que certaines Chimères avaient une consistance plus solide de d'autres : Il arrivait que des couples amoureux ou des membres d'une même famille produisent un Patronus de la même espèce, et alors…
Son débit rapide et son accent vaguement Français rendait son discours difficile à suivre et épuisant.
L'un de ses collègues enchaîna sur un historique des Patronus les plus puissants recensés, et Drago vit certains Surveillants cligner mollement des yeux, ou carrément bailler à s'en décrocher la mâchoire. Il surprit également l'échange de regards blasés entre Potter et Weasley, tandis que Granger, un grand sourire aux lèvres, avait sorti un petit carnet dans lequel elle griffonnait des notes. Elle n'était par ailleurs pas la seule : Quelques Dottorandi faisaient de même. Fleur Delacour s'étudiait les ongles avec attention tandis que le frère et la sœur de Weasley discutaient entre eux à voix basse… Plus loin, Runcorn se remettait doucement de l'incursion qui avait été faite dans son esprit avec l'aide d'une potion de Nguyen.
Une caresse légère sous son crâne rappela à Drago qu'il avait baissé sa garde. Il surprit à nouveau le regard pensif de Kenaran sur lui. Le Professore ne lui adressa pas cette fois de sourire moqueur. Il semblait l'étudier avec plus d'attention que ce qu'il avait porté au Détraqueur.
La nuit était franchement tombée quand la suite Maléfistine invita Potter et ses amis à venir partager un repas dans le carrosse. Drago crut pouvoir échapper au calvaire, mais Potter lui adressa un joyeux « Malfoy, viens par ici » qui ne lui laissait pas trop la possibilité de protester.
Comme il s'en était douté, tout dans l'aménagement du carrosse respirait l'exubérance et la puissance magique, du tapis de velours mordoré aux plafonds peints et mouvants, en passant par les petites fenêtres en ogive qui laissaient chacune apercevoir un coin différent du monde… Des elfes de Maison et des gobelins s'écartaient sur leur passage ou les menaient vers la salle de réception où trois tables aux nappes argentées formaient un U et attendaient les convives.
Potter fut évidemment invité à prendre place à la droite de Kenaran qui présidait l'assemblée, et Granger et Weasley n'attendirent pas qu'on leur désigne des chaises pour s'installer, la première face à lui, et le second à ses côtés. Les autres amis de Potter firent rapidement de même, prenant place ici et là sous les regards légèrement effarés des Maléfistiniens. Finalement, Drago, qui avait un peu trop tardé, tendit le bras à Monsieur Temrah pour l'aider à s'asseoir en bout de table avec les quatre enfants en robe argentée. Rapidement, ceux-ci bavardèrent entre eux à voix basse en gloussant et en désignant sa mâchoire. Drago fit mine de les ignorer.
La gastronomie méditerranéenne était en effet incomparable à la cuisine britannique, et encore une fois, la diversité et la qualité des plats semblait avoir étudiée pour en mettre plein la vue aux invités.
La personne à impressionner était probablement Potter, mais celui-ci loua chaque plat autant qu'il avait loué les ventes à emporter de ses restaurants londoniens moldus, et Drago apprécia sa candeur joyeuse.
Il tenta d'engager la conversation avec Monsieur Temrah, mais celui-ci semblait de nouveau ailleurs, et ses yeux blancs révulsés et ses dents noires firent encore une fois glousser les enfants qui assistaient à un véritable freak show. Au bout d'un moment, Drago en eut assez de cette humiliation, et il rappela à lui tout l'orgueil des Malfoy pour se composer le visage le plus sévère possible et fixer tour à tour chacun des gosses jusqu'à ce qu'ils cessent au moins de se moquer ouvertement. Il put ensuite profiter un peu mieux du repas…
Avant le dessert, un digestif alcoolisé fut servi dans des verres minuscules. Drago y trempa à peine les lèvres : La boisson lui brûla les gencives, et il reposa aussitôt le petit récipient de cristal. Il vit Monsieur Temrah, en face de lui, avaler le contenu de son verre cul-sec, puis se saisir tranquillement de celui du prisonnier pour réitérer l'exploit avant de se lécher les babines en affichant un affreux sourire noir et satisfait.
Quelques minutes plus tard, Kenaran attaqua à nouveau.
Rien à voir avec les timides caresses qu'il lui avait infligées plus tôt : Son esprit semblait comme taillé en pointe, et il perça presque les remparts solides que Drago avait dressés sous son crâne. Si son esprit avait été embrumé par l'alcool, il n'aurait pas pu résister.
Drago, se leva immédiatement avec le réflexe de fortifier encore ses défenses mentales et en cherchant son adversaire des yeux, hébété.
Il eut à peine croisé le regard du Maléfistinien que son attention fut détournée :
« Par Morgan, laissez ce pauvre garçon tranquille ! N'avez-vous aucun respect pour les ordres de Monsieur Potter, ou êtes-vous sénile au point de les avoir déjà oubliés ?! »
La Major Mullan s'était levée, elle aussi, et les poings sur la table, elle aboyait sans retenue sur le Grand Élu qui ouvrit de grands yeux effarés en la voyant faire.
Un garde du Maléfistinat s'approcha aussitôt en brandissant sa baguette et en lui ordonnant de se calmer.
Elle se tourna vers lui, sa large silhouette semblant pivoter au rythme lent mais inarrêtable d'une dérive de continents, et elle articula :
« La Grande-Bretagne n'est pas assujettie au Maléfistinat Européen, Monsieur, et je doute que vous ayez personnellement et nommément été invité par Monsieur Potter. Votre présence ici constitue déjà une compromission. Je suis une agente de l'État, et je vous conseille de baisser votre baguette et de cesser immédiatement de me menacer, alors peut-être que je fermerai les yeux sur les attaques répétées que votre Grand Élu a déjà lancées sur l'un de mes compatriotes, fut-ce-t-il un condamné ! »
Le silence se fit et le garde jeta un œil vers son supérieur qui hocha doucement la tête à son intention. Il recula alors.
Mullan se redressa encore, et pour la première fois, la crainte qu'elle inspirait à Drago se teinta d'une pointe d'admiration.
« Malfoy, suis-moi ! » ordonna-t-elle, et elle s'éloigna avec sa démarche rapide et inélégante.
Un second garde hésita à l'arrêter, mais il s'écarta à son tour.
Drago guetta une autorisation de Potter, mais celui-ci concentrait toute son attention arrogante et désinvolte sur Kenaran. Il faisait parti des rares à ne pas s'être levé de surprise, et affichait un sourire moqueur et hautain.
« Ne vous formalisez pas trop du caractère de la Major Mullan, prononça-t-il crânement. Elle ne fait que son travail en veillant à ce que je sois obéi… »
Drago n'hésita pas une seconde de plus, et puisque rien ne semblait lui interdire de fuir, il s'empara à toute vitesse de son carton à chaussures et contourna rapidement le garde immobile pour poursuivre Mullan. Avant de sortir de la pièce, il entendit encore Potter annoncer :
« Je vous avais également prévenu que Drago Malfoy était notre petit protégé. »
Drago dut presser le pas pour rattraper la Major presque à l'instant où elle sortait du carrosse.
Elle fit quelques pas sur le sol de pierres de l'île, et sa démarche brutale et bruyante fit frémir Drago qui serra davantage contre lui sa baguette et la rejoignit en tremblant. Il n'osa trop rien dire, impressionné par l'audace dont elle venait de faire preuve.
Au bout d'un moment, elle se retourna vers lui :
« Quel vieil hypocrite ! cracha-t-elle. Il ose se comporter ici comme s'il était maître des lieux, mais cette île ne lui appartient pas ! »
Drago avala sa salive en gardant le silence. Il n'était pas certain qu'elle considère le ministère comme un propriétaire des lieux plus légitime.
Quelques minutes passèrent où Mullan parcourut nerveusement la plage, Drago sur ses talons, incertain de ce qu'on attendait de lui. Il lui fallut tout ce temps pour envisager le fait qu'elle lui avait effectivement demandé de le suivre non pas pour lui ordonner quoi que ce soit, mais pour le soustraire à la présence du Malesfistinien. Il serra plus fort sa boite à chaussures contre son cœur et se protégea autant que possible dans la cape grise qu'il n'avait pas quitté.
L'hippogriffe avait redressé la tête quand ils étaient sortis, et ils observait leurs déplacements avec ses yeux oranges et brillant dans le noir comme des phares de voitures moldues.
Un feulement soudain le fit sursauter et lever les yeux vers le haut des murailles : La queue enroulée autour du vieux donjon du château, les affreux hybrides de serpent et de lynx fixaient la lune de leurs yeux phosphorescents.
Drago se rapprocha rapidement de la Major qui lui indiqua :
« Ce sont des Tatzelwurm. J'espère qu'ils ne resteront pas longtemps ici, parce que je ne sais pas trop ce qu'ils mangent… »
Drago frissonna et osa aborder un sujet dont il n'avait aucune envie de parler avec elle :
« Major, la Selkie, elle… » Il s'interrompit sous le regard méfiant et agressif qu'elle lui adressa, mais il reprit en bafouillant : « Elle… Savez-vous quand elle va revenir ? C'est à cause des petits enfants : ils ont… Ils n'ont pas de baguette, et leurs robes sont presque grises, alors… »
La réponse mit du temps à arriver :
« Elle est partie pour plusieurs jours. Les enfants ne craignent rien. »
Drago hocha la tête sans oser la regarder.
Au bout d'un moment, elle reprit :
« Est-ce que tu… »
Elle fut cependant interrompue par un appel en provenance du carrosse : Apparemment, Monsieur Temrah avait demandé à aller se coucher, et Runcorn avait pris soin de l'amener jusqu'à la sortie, mais il réclamait spécifiquement l'aide « du jeune garçon » qui s'était déjà occupé de lui.
Drago sentit son visage brûler malgré le vent froid, car c'était la troisième fois en moins d'une heure qu'il était ainsi infantilisé.
Tandis que les Majors retournaient dans le carrosse, il présenta son bras au vieillard, et le mena doucement jusqu'au château, puis jusqu'à la patinoire, en espérant qu'il ne réclame pas à rejoindre ses anciens appartements.
Il n'en fit rien, mais demanda en revanche une infusion de camomille et de miel que Drago lui prépara sur le buffet où s'entassaient encore les provisions de Potter et où se trouvait également leur collection de thés. Il finit par conduire Monsieur Temrah à son lit, et lui affirma qu'il resterait dans le logement voisin, à portée de voix, et qu'il lui suffirait de crier son nom pour le faire accourir.
Le vieux hocha la tête, puis annonça : « Le matin, je prends un Earl Grey avec du citron et un clou de girofle. Demain soir, il faudra du miel de tilleul. Celui de printemps est trop fort pour moi. »
Malfoy resta coi quelques secondes avant d'affirmer : « Je vais voir ce que je peux faire. »
Il s'installa ensuite dans la maisonnette voisine de celle du vieillard et après avoir posé sa petite clochette d'or sur la table de chevet, il enleva ses chaussures et s'allongea sur le tissu neuf et vierge du lit tout juste installé.
Il n'avait pas prévu de s'endormir, mais le sommeil s'imposa à lui. Trop de nuits blanches, et puis les tentatives d'intrusions de Kenaran sous son crâne l'avaient épuisé… Il s'assoupit presque immédiatement.
Il fut réveillé, plusieurs heures plus tard par une odeur de camomille soufflée dans son visage. Il fronça les sourcils, plissa les yeux, et distingua la silhouette sombre des cheveux emmêlés de Potter.
« Qu'est-ce que tu fiches ? ronchonna-t-il en se frottant le visage.
– J'essaye de te réveiller sans te faire sursauter, et jusqu'à présent, c'est la seule technique que j'ai trouvée », annonça la voix basse mais joyeuse de Potter. Il ajouta ensuite : « Lumos » et sa baguette, posée à côté de la clochette s'illumina doucement.
Il était accroupi devant le lit, presque nu, les hanches enveloppés dans une serviette et ses cheveux étaient trempées. Il tenait dans ses mains jointes une tasse du breuvage que Drago avait préparé plus tôt dans la soirée, et Drago s'y attarda en se demandant vaguement si l'intention de Potter avait été uniquement bienveillante, ou si une pointe de sarcasme se cachait dans le geste.
« Écoute, reprit Potter en gardant une voix basse mais en abandonnant le ton joyeux, je suis désolé de ce qu'il s'est passé avec Kenaran. J'en ai reparlé avec lui, et je peux te promettre qu'il ne te fera plus chier, okay ? »
Drago hocha la tête.
« Tu fais la gueule ?
– Quoi ? Non. Pourquoi ?
– J'en sais rien. Tu pourrais, affirma-t-il alors que sa voix se teintait à nouveau de notes enjouées. J'ai profité de toi ce matin, et puis on ne se voit quasiment pas du reste de la journée. Tu pourrais croire que je préfère chasser des Détraqueurs plutôt que de sucer ta…
– La ferme, Potter ! chuchota Drago en le bâillonnant. Les murs sont en bois véritable mais leur assemblage est magique et temporaire : Tu ne peux pas leur lancer un Assurdiato, à ceux-la !
– Pourquoi tu dis ça ? demanda Potter en repoussant tranquillement sa main et en se débarrassant de sa tasse. Tu comptes me faire crier ?
– Potter… tenta de menacer Drago en se redressant franchement.
– Tu veux que je te fasse crier ? »
Drago garda le silence mais profita de la lumière de la baguette pour lui adresser le regard le plus venimeux qu'il avait en stock. L'intéressé ne sembla pas s'en offusquer et il grimpa sur le lit.
« Tu m'as manqué aujourd'hui », prétendit-il en se glissant contre lui.
Drago frissonna. Les maisonnettes n'avaient été dressées par les Surveillants les plus doués, ce qui pouvait rendre leur structure fragile et parfois inconsistante. Personne dans le personnel d'Azkaban ne pouvait ignorer que le Directeur et son secrétaire particulier entretenaient une liaison, mais afficher celle-ci devant les trois Aurors que Potter avait invités ne lui semblait pas une bonne idée.
« T'en fais pas, marmonna Potter contre sa hanche. Je vais pas rester, je vais pas te toucher. J'avais juste besoin d'être tranquille un moment… »
Potter était roulé en boule contre son bassin, les yeux fermés, les cheveux toujours trempés, à demi nu, presque vulnérable. Drago se rallongea en tentant sans succès de l'enlacer à son tour. Que Potter associe la tranquillité à sa présence le touchait d'une façon qu'il avait du mal à définir.
« Je ne savais pas trop si j'avais le droit de retourner dans ma cellule », indiqua-t-il finalement.
Ce n'était pas la chose à dire : Potter redressa la tête avec une expression peinée. Il chercha ses mots, s'humecta les lèvres, puis expliqua :
« Je préfèrerais pas. Je sais que je t'ai dit que je te laisserai dormir où tu veux, mais il y a plein d'inconnus et… Et si je passe mon temps à me demander où tu es et comment tu vas, je vais pas y arriver. »
Drago hocha la tête, puis choisit un sujet moins risqué :
« Vous avez essayé le bain Japonais ? supposa-t-il.
– Il est génial, confirma Potter en fermant à nouveau les yeux et en souriant. Il faut absolument qu'on s'envoie en l'air dedans un de ces quatre !
– Potter ! »
Ils bavardèrent et se chamaillèrent un long moment avant qu'enfin, le Survivant reposé ne se décide à embrasser le détenu et à quitter les lieux.
