Écrit par HateWeasel

366. Un autre secret.

Ciel espérait ne pas commencer à prendre l'habitude de se réveiller dans des lits qui lui étaient inconnus. Heureusement pour lui, la menace blonde était là, blottie contre lui, alors il savait qu'il n'y avait pas de quoi s'inquiéter. Tout de même, il n'arrivait pas à ignorer cette sensation désagréable qu'il ressentait de la tête aux pieds, et tandis qu'il se mettait à se rappeler de certaines choses, il comprit pourquoi il était ici.

Un grognement audible naquit dans sa gorge alors qu'il ferma les yeux en réponse à ce sentiment maladif, et un rougissement apparut sur ses joues alors qu'il se souvint du comportement ridicule dont il avait fait preuve ces dernières heures. A en juger par la luminosité dans la pièce, c'était l'après-midi. Il n'avait pas besoin de se retourner pour regarder par la fenêtre pour le voir, et il n'en avait pas vraiment envie de toute manière. Il avait déjà fait passer un mauvais moment au garçon dans ses bras, alors le moins qu'il puisse faire était au moins de le laisser dormir. Naturellement, il aurait à s'excuser plus tard.

Pour l'heure, une angoisse vint lui tenir compagnie alors qu'il se mit à craindre que le blond soit en colère contre lui, ou que quelqu'un ait pu rentrer dans la pièce et les ait vu alors qu'ils dormaient. Bonté divine, si Sir Hellsing les avait vu, il ne saurait pas où se mettre. Il pouvait, cependant, imaginer être fortement réprimandé par la femme. Sa mémoire lui indiquait qu'ils n'avaient rien fait de réellement scandaleux, mais d'un autre côté, il n'en était pas parfaitement sûr. Ses sens étaient comme anesthésiés, et son esprit vague, pour l'instant. La terreur s'était emparée du Phantomhive alors qu'il était allongé là, se demandant ce qu'il avait bien pu faire en étant sous l'influence du romarin. Ce dont il arrivait à se souvenir, il n'en était pas fier.

Le pauvre garçon sursauta avec surprise en sentant une pression soudaine sur son nez. Une main l'avait pincé, bloquant l'arrivée d'air du garçon. Même si la respiration était un luxe, ce n'était tout de même pas agréable de se la voir enlever. Ciel regarda à sa droite en entendant des gloussements. Ses yeux se concentrèrent pour voir Alois qui retira sa main du visage du bleuté avant de la poser sur son torse.

Les gloussements d'Alois étaient plaisants à entendre aux oreilles d'un Phantomhive encore un peu dans les vapes. Le garçon en avait marre du silence anxiogène qui régnait dans la pièce auparavant, et il était soulagé de voir que l'autre garçon ne semblait pas du tout être contrarié avec lui. En fait, il était plutôt agréable de se réveiller avec un garçon aussi proche du bleuté. Des cheveux blonds platines encadraient un visage pâle avec des yeux bleus glacés félins, observant le Phantomhive à travers sa frange ; un rougissement presque imperceptible habillant les joues de leur propriétaire alors que ce dernier courba ses deux lèvres en un sourire.

Ces lèvres ; le visage de Ciel s'empourpra en se rappelant son petit plaisir maladroit avec, et l'agacement du blond lorsque son esprit corrompu avait senti le besoin d'aller plus loin. Mais, le blond rit, avec d'autant plus de vigueur alors que le visage du Phantomhive changea. Il passa ses doigts sur le torse du bleuté, chatouillant le cou du garçon avant de les emmêler dans ses cheveux. Le petit frisson qu'il provoqua chez le garçon ne fit qu'amuser davantage le Macken.

- Tu avais l'air tellement sérieux, dit Alois avec un grand sourire, faisant une remarque sur le comportement inquiet de l'autre garçon. Tu es levé tôt~!

- C'est l'après-midi... répondit son bien-aimé.

- C'est un détail... dit le blond. Comment tu te sens ?

- Dégoûtant, répondit Ciel. Je me sens sonné, et je crois que je ne pourrais plus jamais être pris au sérieux.

- Oh, arrête, ce n'est pas comme si tu avais fait quelque chose de bizarre... dit le blond.

Il marqua une pause un instant pour réfléchir.

- Oublie ça... Tu l'as fait, mais c'était seulement une réaction chimique.

- Bon sang, qu'ai-je fait ? demanda Ciel, mettant le bras qui n'était pas réquisitionné par la menace blonde par-dessus ses yeux.

- Tu as tué une pute, volé une bagnole, et amené de la drogue au Mexique avec l'argent d'un braquage de banque.

- Jim... interrompit le bleuté d'un ton impatient.

- D'accord, d'accord, tu étais juste très tactile, et tu voulais absolument me câliner, répondit Alois. Tu m'as un peu dragué, et tu voulais m'embrasser.

- Oui, ça, je m'en souviens... répondit le Phantomhive, un rougissement sur ses joues. Je suis désolé, d'ailleurs... J'ai juste... Je ne savais pas à quoi je pensais...

- Tu ne pensais pas, honnêtement. C'était sympa. J'ai beaucoup appris, le taquina son compagnon blond, gloussant alors que l'autre garçon bougea son bras afin de lui lancer un regard. Tu étais vraiment désorienté, et tu n'arrivais pas à tenir debout tout seul. C'est ça que Integra a vu.

- Merde... murmura Ciel, n'étant pas pressé de revoir la femme après cela. Elle n'avait pas à voir ça...

- Mais on ne peut plus rien y faire. C'est un peu trop tard. Tu penses pouvoir marcher maintenant, par contre ?

En réponse, le bleuté s'assit, obligeant l'autre garçon à en faire de même. Il se sentait encore mou, mais beaucoup moins qu'auparavant. A ce rythme, il n'aurait plus de romarin dans son organisme en un rien de temps.

- Probablement, dit-il, faisant glisser ses jambes au bord du lit. Tu penses que nous devrions y aller ?

- Probablement, répondit le blond. Quelle heure est-il ?

Ciel se leva, étirant ses jambes quelque peu, avant de marcher vers la chaise de l'autre côté de la pièce. Sur ladite chaise se trouvait son manteau, et le garçon fouilla les poches à la recherche de son téléphone pour voir l'heure.

- Trois heures trente.

- Vraiment ? demanda Alois. On dirait le matin.

- Parce que tu t'es endormi.

- En même temps, qu'est-ce que j'étais censé faire en attendant que tu te réveilles ? Prendre des photos de ton visage endormi pour les publier sur Internet ?

- Tout mais pas ça...

- Il y a certaines personnes qui apprécieraient, dit le blond en se levant à son tour. Mais, je pense que je n'ai pas vraiment envie de partager. Ceci étant réglé, tu veux rentrer et parler des singeries du toi défoncé ?

- Ne pourrions-nous pas oublier tout cela ?

- D'accord, mais à la place, je voudrais un bonhomme de neige.

Le Phantomhive introduit la paume de sa main à son front.

- J'en ai vraiment ras le bol de cette chanson. Nous ne sommes même pas en hiver.

- Ça ne doit pas forcément être un bonhomme de neige... dit le blond en haussant les épaules, jetant un œil à l'autre garçon en faisant un grand sourire.

Il était plutôt fier de lui, et du fait qu'il soit en mesure de provoquer une telle réaction chez le bleuté.

Ciel soupira, mettant son manteau avant de jeter celui du blond à l'autre démon.

- Qu'importe, dit-il. Allons dire à Integra que nous partons, et rentrons. Je me sens sale.

- "Integra" ? répéta la menace. Je croyais qu'elle était "la bête mangeuse de cigare", un truc du genre ?

Instantanément, le bleuté se raidit.

- Eh bien... Il est tout naturel qu'un tel nom finisse par perdre de son originalité, dit-il pour tenter de se rattraper. Je n'ai juste pas le bon état d'esprit pour trouver quelque chose de nouveau...

- Ah bon, parce que quand tu étais déchiré, tu as dit qu'elle "n'était pas une mauvaise personne", dit Alois pour rafraîchir la mémoire du garçon.

- Je n'étais pas dans mon état normal. Je n'avais aucune idée de ce que je disais...

- Oh, alors tu mentais quand tu me disais toutes ces belles choses ? dit le blond avec chagrin. Quelle cruauté !

- Ce n'était pas un mensonge ! dit Ciel en rougissant, se pétrifiant en réalisant ce qu'il venait de dire. Je-Je veux dire... Enfin... Euh...

- Arrête de le nier. Tu as bon cœur, et tu ne détestes pas réellement Sir Integra, dit son bien-aimé en marchant vers lui pour déposer un baiser sur sa joue. Penses à toutes les choses que tu accomplirais si tu finissais par l'admettre~!

- Il n'y a rien à admettre... protesta le bleuté. Tout ce que j'ai dit sur toi était vrai... mais... seulement parce que le romarin commençait à s'affaiblir !

- Si ça peut réconforter ton ego, chéri.

Vexé, le Phantomhive suivit son petit ami dans le couloir, alors qu'ils s'apprêtaient à aller voir la Hellsing pour lui faire leurs remerciements ainsi que leurs adieux.

Un carrelage en linoléum décorait le sol alors qu'ils sortirent de l'aile médicale par une porte en acier. Là, se trouvait l'entrée principale de la partie militaire du manoir, où Revy s'était fait abattre. Les garçons continuaient à avoir des frissons en regardant le bureau de l'accueil, qui avait été remplacé par un nouveau après avoir été ruiné par les balles. La base se divisait en différents secteurs, mais les garçons savaient que Integra serait dans ses propres appartements, qui étaient dans un autre bâtiment. Naturellement, la femme ne voulait pas qu'il y ait trop de soldats bruyant dans les alentours, mais étonnamment, elle avait besoin que des créatures surnaturelles vivent juste sous sa résidence. C'était un paradoxe que le bleuté ne comprenait tout simplement pas.

Avec le changement de bâtiment, il y eut un changement d'atmosphère. Des décorations Victoriennes étaient partout dans le manoir, ou plutôt, des imitations. Les originaux avaient été détruit il y a des décennies, ainsi était la malédiction des demeures Hellsing et Phantomhive. Elles ne tenaient pas assez longtemps avant qu'une reconstruction de zéro soit nécessaire. La restauration de la maison Hellsing, cependant, était beaucoup plus onéreuse. Elle était beaucoup plus large, un fait qui agaçait grandement Ciel, possédant un étage de plus que la maison Phantomhive.

C'était là que Integra était sûr de se trouver. Au troisième étage, il y avait l'une des nombreuses pièces où la Table Ronde se réunissait, ainsi que son bureau, où elle se trouverait probablement. Et effectivement, lorsqu'ils s'en approchèrent, ils commencèrent à sentir l'odeur de cigare. Même Ciel, dont les sens étaient toujours quelque peu embrumés, tentait de dissiper la nicotine. Une partie de lui trouvait cela amusant, mais l'autre partie savait que peu importe de quoi il s'agissait, cela allait certainement lui retomber dessus plus tard. C'était toujours ainsi. Un nouveau mystère, une nouvelle mission ; cela signifiait toujours la même chose.

Ciel se prépara alors qu'il approcha de la porte, le blond derrière lui. Il leva la main afin de toquer, mais se stoppa. Il entendit des voix ; les voix de la Hellsing et de Sir Rupert Midford. Ils n'avaient pas l'air content. Sir Midford semblait quelque peu inquiet, mais la Hellsing avait l'air en colère, et un tant soit peu mélancolique. Quoiqu'elle ne criait pas, sa voix n'était pas calme. Elle était agacée, et alors que le garçon se mit à écouter, il découvrit pourquoi.

- Integra, ce n'est pas correct... dit Rupert. Nous devons lui dire. Il a le droit de savoir...

- Et qu'est-ce que cela apporterait ? demanda la femme. J'ai promis à mon père que je n'ouvrirai pas cette malle, et je ne compte pas non plus empirer la chose en laissant Phantomhive le faire. Je ne lui montrerai pas, point final.

- C'est cruel ! répondit Midford. Lui mentir ne va rien résoudre. Il découvrira la vérité tôt ou tard. Et une fois que cela arrivera, il pourrait ne jamais te le pardonner.

- C'est sans importance, dit Hellsing. Je suis déjà détestée. Un peu plus, ça ne changera rien.

- Integra, ce n'est pas vrai, dit l'homme. Je doute fortement que Ciel te "déteste". Il a toujours été orgueilleux, comme toi. Il est naturel que cela fasse des étincelles entre vous de temps en temps.

- Tu ne me persuaderas pas, répondit Integra. Mon père m'a dit de ne jamais laisser Phantomhive voir le contenu de cette malle, et je compte bien tenir ma promesse.

- Peut-être bien, mais pas moi.

- Tu ne feras rien.

- Je suis un adulte, et je n'ai pas fait de promesses, dit Rupert. Pour toi, la bonne chose à faire est de tenir ta parole, et je suis d'accord avec cela. Une promesse est une promesse. Cela dit, c'est injuste de ne rien lui dire ! Ciel doit savoir la vérité. Il doit savoir ce qui est arrivé à Elizabeth.

La porte s'ouvrit brusquement, faisant sursauter les deux humains. Là, se tenait un Ciel Phantomhive choqué, l'œil écarquillé, et la bouche légèrement ouverte. Ils restèrent tous immobiles, ne brisant pas le contact visuel alors que le garçon prit la parole.

- Qu'est-il arrivé à Lizzie ?