Bonjour!
MERCI pour les commentaires, je suis toujours aussi émue quand j'en reçois! L'ananas a réellement fait fureur, je crois que je vais l'ajouter à la liste des personnages hahahaha XD
Ce chapitre est un peu plus court que d'habitude... (J'essaie de publier plus souvent!) C'est aussi un chapitre de transition, donc un peu moins excitant mais il en faut bien de temps en temps! :)
Bonne lecture!
Charlie xx
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CHAPITRE 5 - VENDREDI
– Putain, c'est du goudron ton truc, déclara Prompto en grimaçant.
Cindy reprit son gigantesque gobelet de café en roulant les yeux.
– Pourquoi tu voulais y goûter, alors?
– J'avais oublié que t'étais folle à lier.
– J'aime mon café noir, comme ton cœur, répliqua-t-elle avant de boire une gorgée.
Prompto ignora la réplique pour se pencher sur son devoir de chimie. Le cours de français qu'il partageait avec Cindy avait été annulé vingt minutes plus tôt, le professeur déclaré absent, et les deux amis s'étaient réfugiés dans un petit café qui offrait du liquide chaud et des gâteaux à faible prix pour les étudiants.
– Tu détestes le café de toute façon, non?, commenta Cindy.
– Ouais, mais j'ai besoin de caféine… Je suis lessivé.
– Ce n'est pas une unique gorgée de café qui va te réveiller miraculeusement.
– C'est ce que je constate…, se plaignit Prompto en se frottant les yeux.
Non seulement la nuit avait été courte, mais la matinée avait été intense. Il s'était réveillé dans le lit de Noctis, confus (et légèrement paniqué), les événements de la veille quelque peu effacés dans son esprit.
Puis, le souvenir de la nuit précédente lui était revenu et il avait décidé de filer avant le réveil du prince, parce qu'il n'avait pas réellement envie de faire face au malaise qui suivrait certainement lorsque Noctis prendrait conscience qu'il avait pleuré dans les bras d'un quasi-étranger et s'était endormi en se faisant tenir par la main. Prompto était convaincu qu'il avait fait ce qu'il fallait et ne regrettait rien, mais la plupart des mecs avaient un ego qui s'écorchait trop facilement.
Il s'était donc rendu dans le salon à pas feutrés pour rassembler ses affaires qui étaient restées sur la table basse, les chiots se ruant vers lui en sautillant d'excitation.
Souriant, il avait pris quelques secondes pour grattouiller les oreilles de chaque chien (comment faire autrement), puis avait rangé rapidement son ordinateur portable, son cahier de notes et son manuel dans son sac à dos.
Lorsqu'il s'était retourné, prêt à partir, il s'était retrouvé nez à nez avec Ignis.
Il avait failli hurler de surprise, l'air se coinçant par miracle dans sa gorge avant même que le son ne s'échappe, mais il avait quand même expiré un "putain!" bien ressenti après coup, plaquant sa main sur sa poitrine.
Ignis était foutrement terrifiant. Et le regard froid avec lequel il fixait le blond n'aidait pas.
– Bonjour Prompto, avait dit le conseiller d'une voix basse.
Le jeune homme avait dégluti bruyamment en reculant d'un pas.
– Ah, heu. Salut.
– Bien dormi?
C'était une question toute simple, mais elle avait étrangement sonné comme une menace dans la bouche du conseiller.
– Oui?
– Corrigez-moi si je me trompe, mais j'avais cru comprendre que vous deviez quitter hier soir, en autobus.
– Ah… Ouais, mais, heu… J'ai loupé le dernier passage et, heu. Voilà.
Il y avait eut une seconde de silence, durant lesquelles Prompto avait cent pourcents envie de disparaître sous le parquet pendant que Ignis l'avait dévisagé d'un air sévère sans la moindre retenue, puis celui-ci avait déclaré d'une voix sèche :
– Je comprends.
Et Prompto avait décidé que c'était ce qui terminait la conversation. Il avait hoché brièvement la tête et contourné Ignis pour se diriger vers la porte, où il avait enfoncé ses pieds dans ses chaussures en vitesse sans même se pencher, tout en ouvrant la porte dans un équilibre précaire.
Il avait lancé un bref :
– Heu, bonne journée!
Et il s'était précipité dans le couloir comme s'il fuyait un incendie, le talon de son pied droit toujours hors de sa chaussure, boitant stupidement comme le grand champion des imbéciles tout en tentant d'éviter de se péter la gueule.
L'adrénaline l'avait suivi tout au long du trajet de bus.
Il était arrivé à l'école beaucoup trop tôt et, après s'être changé d'uniforme dans la salle de bain et avoir tenté de dompter ce qui était supposément sa chevelure, il avait passé toute la matinée à attendre Cindy, assis devant son casier.
La jeune femme l'avait retrouvé profondément endormi, la tête renversée vers l'arrière et la bouche grande ouverte. Et, évidemment, elle s'était assurée de saturer son téléphone de photos peu reluisantes de lui, avant de le réveiller.
– Es-tu fatigué parce que tu es resté trop tard chez le prince, par hasard?, questionna Cindy.
Elle avait un sourire en coin et un sourcil relevé.
– On peut dire ça comme ça… J'ai dormi chez lui, en fait.
La mâchoire de Cindy tomba et ses yeux s'agrandirent aussitôt. Prompto leva un doigt.
– Non, répliqua-t-il d'un ton sec. Ce n'est pas ce que tu crois.
Mais le sourire de Cindy revint immédiatement, ce même sourire diabolique que Prompto avait appris à craindre depuis très longtemps, et le jeune homme leva les yeux au ciel.
– JE LE SAVAIS!, s'exclama-t-elle.
– Tu savais quoi, bordel?! Il s'est rien passé du tout!
– Oui, oui, bien sûr…
– J'ai juste loupé le dernier bus, ok?!
– Et comment t'as fait pour louper le dernier bus, au juste? Tu étais trop déconcentré par les beaux yeux du prince?
– Putain, tu fais chier….
Il s'appuya sur le dossier de sa chaise en glissant une main dans ses cheveux dans un geste frustré. Il adorait Cindy, mais elle avait parfois l'attitude parfaite d'une petite peste.
Et encore. Il ne lui avait même pas encore spécifié qu'il avait dormi dans le même lit que le prince. Elle allait certainement sauter aux conclusions en l'apprenant et il ne voyait pas comment il pouvait expliquer la situation autrement qu'en lui divulguant que Noctis avait un TSPT. Il n'était pas certain s'il s'agissait d'une information publique ou non, mais prêt à parier que le prince ne serait pas chaud à l'idée que son secret soit dévoilé à la ronde si ce n'était pas le cas.
Il décida donc d'omettre ce détail.
– Ok, déclara-t-il au bout d'un moment de silence, peut-être que je suis prêt à avouer qu'il est moins chiant que ce que je croyais lorsqu'il est loin du public.
Cindy ouvrit la bouche, mais Prompto ne lui laissa pas la chance de répliquer.
– MAIS, il n'est PAS mon type. Et il reste un prince snobinard le reste du temps et ça ne m'impressionne pas du tout.
– Oh la la, t'es chiant.
– Et toi t'es entêtée.
– Je te parie dix gils que tu vas tomber pour lui avant la fin de l'année.
– Pff! Pari tenu, tu vas payer!
Ils se serrèrent la main au-dessus de la table dans un mouvement exagéré.
– On verra bien…, répondit Cindy d'un sourire un coin, avant de prendre une nouvelle gorgée de café.
N'importe quoi, pensa le jeune homme.
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Le temps continua sa route.
L'épicerie ouvrit ses portes le soir même, les travaux d'urgence sur la toiture réalisés en un temps record, et Prompto fut soulagé que son arrêt forcé n'ait duré que vingt-quatre heures.
Son retour n'avait pas été de tout repos. Plusieurs clients étaient mécontents de s'être cogné le nez sur une porte fermée la veille et Prompto avait dû passer la soirée à s'expliquer. Et puis, il avait dû vider les tablettes et trier les produits qui avaient été abîmés par la pluie, tout en réalisant ses tâches habituelles. À la fin de son quart de travail, il était fatigué et avait les épaules endolories, mais il était payé et c'était ce qui comptait.
Ce soir-là, il revint à la maison pour la première fois depuis sa rencontre avec son père.
Le camion était absent, mais ce n'était plus un signe aussi fiable qu'il avait été, et il ouvrit la porte d'entrée le plus silencieusement possible.
Il vérifia en premier lieu si les bottes du camionneur étaient près de la porte et, lorsqu'il constata qu'elles étaient bel et bien absentes, il entra prudemment à l'intérieur.
La télévision était silencieuse, remarqua-t-il, ce qui était un très bon signe puisqu'elle fonctionnait sans arrêt quand son paternel était à la maison.
La cuisine était sens dessus dessous, des bouteilles vides abandonnées sur ta table entre des assiettes grouillant d'aliments collés et le lavabo plein à déborder de casseroles et de poêles sales. Il traversa la pièce à pas feutrés et monta l'escalier lentement pour examiner les chambres de l'étage.
Il n'entrait jamais dans la chambre de son père, excepté pour vérifier si ce dernier avait pris son sac de voyage. C'était le signe ultime, celui qui annoncerait que Prompto serait enfin en paix pour le reste du mois, celui qui confirmerait que son père avait bien bouclé sa valise pour repartir sur la route.
Lorsqu'il vit la chambre vide, il faillit pleurer de joie.
Merci aux dieux.
Prompto eut instantanément l'impression que deux tonnes de briques furent retirées de ses épaules. Il échappa un long soupir de soulagement et sourit à pleines dents.
Il retrouvait sa maison, son confort. Sa sécurité.
Ce soir-là, il prit une longue douche sous l'eau brûlante, se glissa dans le pantalon de survêtement le plus confortable qu'il possédait et s'étendit sur son lit pour écouter une série Netflix sur son ordinateur portable, la tête confortablement enfoncée dans son oreiller.
Le bonheur.
Il s'endormit en moins de cinq minutes, paisiblement, sous la lueur de l'écran.
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À chaque fois que son père quittait pour une longue période, Prompto devenait allègre. Il était plus léger, plus énergique et avait une meilleure concentration. Il reprenait son entraînement matinal, achetait des produits frais au marché pour cuisiner et, bien que ses nuits restaient toujours trop courtes, son sommeil était de qualité et sans interruption.
Prompto avait donc passé une excellente semaine, mais à la fin de celle-ci, il n'avait pas vu Noctis une seule fois. Le prince avait été absent lors du cours de physique qu'ils partageaient – ce qui arrivait parfois – et ils ne s'étaient pas croisés dans les couloirs de l'école.
L'envie de lui écrire un texto le démangeait sans arrêt. Il se demandait comment ses nuits se déroulaient. Si le prince avait eu d'autres cauchemars, s'il arrivait à s'en remettre rapidement. S'il arrivait à dormir.
C'était seulement de la curiosité.
Évidemment. Rien de plus.
Ses pensées furent interrompues par un client qui déposa un paquet de six canettes de bière sur son comptoir. Prompto fit sonner l'article d'un geste las et annonça le prix.
Le type lui remit une poignée de billets chiffonnés qui sentait la sueur à plein nez et il grimaça.
– Henri, putain, qu'est-ce que je t'ai dit concernant ton pognon? C'est dégueulasse.
Henri ne l'entendit pas, comme d'habitude. Il se contenta de grogner quelques mots intelligibles et prit sa bière pour quitter d'un pas boitant.
Prompto soupira en dépliant les billets pour les placer dans le tiroir. La nuit promettait d'être longue, comme toutes les nuits qu'il passait au boulot. Les clients étaient plus difficiles à gérer du vendredi au dimanche; ils étaient plus soûls, plus défoncés et, en général, plus impatients. Prompto avait parfois l'impression de gérer une garderie avec des bambins géants qui avaient du mal à marcher en ligne droite.
La prime de nuit, cependant, valait le coup. Surtout ces temps-ci.
Il occupa donc sa soirée avec ses tâches habituelles : nettoyer le plancher, préparer les commandes et remplir les rayons. Il s'interrompit régulièrement pour faire payer les clients, mais ceux-ci étaient moins nombreux que d'habitude et il avança son travail à une vitesse satisfaisante.
Lorsqu'il eut complété sa longue liste, il s'installa derrière sa caisse et en profita pour sortir ses manuels scolaires. Il avait un contrôle de biologie le lundi suivant et, même s'il était confiant de connaître la matière, il voulait réviser une fois de plus. Il était difficile de prévoir ce qu'un point ou deux de plus pouvait faire comme différence dans son dossier de bourse, mais il préférait mettre toutes les chances de son côté.
Il passa donc les heures suivantes penché dans ses livres tout en maniant la caisse enregistreuse et, entre paquets de cigarettes et embryogenèse, le temps défila étonnamment rapidement.
Il était dépassé minuit lorsque la clochette au-dessus de la porte tinta une fois de plus et Prompto leva les yeux brièvement, par habitude.
Il s'arrêta dans son mouvement.
Le client disparut aussitôt entre les rayons avant même que Prompto ne puisse bien examiner ses traits, mais ce dernier était certain d'avoir aperçu un visage qu'il connaissait, une personne qui n'était pas un de ses habitués.
Curieux, il jeta un coup d'œil aux caméras de sécurité, mais l'image était de si mauvaise qualité qu'il ne put distinguer le moindre trait. Il attendit donc patiemment, regardant la silhouette du jeune homme à l'écran choisir ses items et, après quelques minutes, le client apparut devant sa caisse.
Et bien. Il n'avait pas halluciné. C'était effectivement Noctis. Le prince, armé d'une casquette qui lui cachait les yeux et d'une écharpe remontée sur son menton, déposa un sac de croustilles et une bouteille de soda devant le blond sans même le regarder, gardant la tête penchée.
– Bonsoir, salua Prompto.
Il n'eut pas de réponse et il attendit quelques secondes sans bouger que Noctis ne le salue à son tour, ou du moins, ne daigne lever la tête. Mais après un moment interminable, Prompto comprit qu'il n'aurait pas droit à ce respect.
Il roula les yeux. Le prince était tellement occupé à l'ignorer qu'il ne l'avait même pas reconnu, même en se tenant à moins d'un mètre devant lui.
Il se retint de faire une remarque cinglante, optant pour une autre stratégie.
– Ô votre altesse, fit-il d'un ton léché et absolument ridicule tout en attrapant la bouteille pour en lire le code barre. Quel honneur de vous voir ici! Je suis siiii touché que vous ayez choisi votre fabuleuuuuuse bouteille de soda dans notre humble commerce!
Noctis expira un hum plus ou moins affirmatif et sortit son téléphone sans lever les yeux. Prompto le regarda passer d'une application à l'autre sur l'appareil, dans la plus mauvaise interprétation de mec occupé qu'il n'avait jamais vu de toute sa vie.
Son irritation s'envola lentement et il eut un sourire en coin. Il attrapa le sac de croustilles.
– Ah, continua-t-il d'une voix de plus en plus aiguë, insupportable même à ses propres oreilles, mon arrière-grand-père a lui-même fait pousser les pommes de terres qui ont servi à fabriquer ces croustilles. Vous savez, on le surnommait le roi des chips, il fait un peu partie de la monarchie, comme vous...
Toujours pas la moindre réponse, ni le moindre regard. Prompto aurait pu en être insulté, mais, en fait, il trouvait la situation de plus en plus hilarante. Il se demanda si les groupies du prince sonnaient réellement comme lui.
Il scanna le sac de croustilles.
– Le total est de douze-million-trois-cent-mille-quatre-vingt-sept gils, votre altesse.
Et, à sa grande surprise, Noctis lui tendit sa carte comme si ce prix avait le moindre sens.
– Bordel, Noctis, il faut vraiment que tu revoies tes dépenses.
– Huh?
La remarque força enfin le prince à lever la tête. Ses yeux s'écarquillèrent comiquement.
– Prompto?!
– Putain t'en a mis du temps.
– Mais… qu'est-ce que tu fais là?!
– Je donne des cours de claquettes, répondit Prompto d'un ton plat. Qu'est-ce que j'ai l'air de faire?
L'expression de Noctis valait un million. À croire qu'il n'avait jamais vu un caissier de toute sa vie.
– Tu travailles ici?, demanda-t-il d'un air abasourdi.
– Ouais… Tu l'aurais su cinq minutes plus tôt, si tu avais daigné me regarder dans les yeux plutôt que de m'ignorer, répondit-il en tendant le terminal vers le prince pour qu'il puisse payer.
Noctis ne répondit pas, procédant au paiement sans dire un mot, et Prompto se demanda s'il avait entendu ou si c'était sa façon de lui donner raison.
Puis, il décida que l'effort n'en valait pas la chandelle et il passa à autre sujet.
– Toi, qu'est-ce que tu fous dans le coin?, demanda-t-il enfin.
Ils étaient dans le quartier Nord après tout, loin de l'appartement du prince.
– Ah…, commença Noctis tout en rangeant son portefeuille. J'ai dû porter Pryna chez le vétérinaire.
Une pierre tomba dans l'estomac de Prompto.
– Oh merde! Elle va bien?!
– Oui, oui, t'inquiète…
Noctis lui fit un sourire absolument craquant et l'estomac de Prompto ne s'en sortit pas mieux, mais pour des raisons différentes.
– Elle jouait avec Umbra et, je ne sais pas trop comment c'est arrivé exactement, mais son plâtre s'est coincé dans une chaise de la cuisine. Elle a emporté toute la salle à manger avec elle en essayant de se décoincer.
– Oh putain.
– Ouais… Elle avait l'air ok, mais son plâtre était craqué... Alors voilà, j'ai dû me rendre en urgence à la clinique pour le faire remplacer. J'y ai passé la soirée.
– Wow, quel beau vendredi soir de merde…
– Moins pire que le tien.
Prompto éclata de rire et Noctis sourit à pleines dents.
– Putain, pour ça je ne te contredirai pas!
– T'en a pour longtemps?
– Je termine à six heures.
– À six heures… du mat'?! Tu travailles toute la nuit?!
La cloche tinta alors et une cliente entra. Noctis se cacha aussitôt le visage, mais la femme ne lui porta pas la moindre attention. Elle se dirigea plutôt vers Prompto pour lui demander des cigarettes d'une voix rauque et le caissier la servit tout en continuant sa discussion
– Je déteste, mais la paye est meilleure la nuit, expliqua Prompto en remettant le change à la dame. J'ai une prime.
Noctis le regardait travailler avec attention, comme si son job était absolument passionnant. Entre temps, la femme attrapa ses cigarettes et quitta rapidement.
– Et il y a moins de clients que le jour, ajouta Prompto. J'ai le temps d'étudier.
Il fit un mouvement vers les livres ouverts qui occupaient le comptoir. Noctis fronça les sourcils.
– Tu étudies quoi?
– Bio. J'ai un contrôle lundi.
Les yeux du prince devinrent ronds comme des soucoupes.
– On a un contrôle LUNDI?!
Au même moment, un client entra en faisant tinter la clochette et se dirigea directement vers le réfrigérateur à bières d'une démarche ballotante.
C'était un habitué, un grand gaillard dans la cinquantaine que Prompto connaissait bien. Un type sans malice, mais ivre en permanence.
– Paul, l'appela aussitôt Prompto d'une voix ferme.
L'homme se figea d'un coup, le dévisageant de grands yeux ronds.
– Tu ne vas pas vomir caché derrière un rayon, hein?, demanda Prompto.
Il eut trois secondes de silence, comme si le type avait besoin d'un temps pour comprendre la question.
– Non…, répondit-il avec hésitation.
Le jeune homme roula les yeux. Paul avait une impressionnante fiche de quatre vomis entre les rangées, plus un dans le réfrigérateur à bières, et Prompto ne le laissait plus sans surveillance.
Il attrapa un sac de papier qu'il lui tendit après l'avoir déplié.
– Tiens. Si tu ne te sens pas bien, utilise ça. Essaie d'épargner le plancher, s'il te plaît.
L'homme hocha la tête et s'approcha en se balançant pour prendre le sac de son immense main. Puis, il se dirigea sans dire un mot vers le fond du commerce.
– Désolé, s'excusa Prompto en se tournant vers Noctis. Tu disais quoi?
Le prince regardait vers le rayon derrière lequel l'homme avait disparu, l'air songeur. La question le fit sursauter.
– Quoi? Ah ouais, tu dis qu'on a un contrôle de bio ce lundi?
– On n'est pas dans la même classe, mais si tu as un cours lundi avec la professeure Greta, alors probablement que oui.
– Et merde…
Noctis se mordit les lèvres. Prompto lui lança un regard compatissant.
– Si ça peut te rassurer, c'est uniquement sur les chapitres 7 et 8.
– Ça ne me rassure pas vraiment, honnêtement.
– Bah, d'ici là, tu as deux jours pour étudier.
Le prince se frotta le visage de ses deux mains.
– Ça va rien changer, je suis nul en biologie.
Puis, comme prit d'une idée, il releva la tête pour regarder Prompto.
– On pourrait étudier ensemble?, demanda-t-il soudainement. Demain?
Prompto se pinça les lèvres. Noctis le regardait de yeux brillants et il ne savait pas trop comment refuser.
(Ou s'il avait envie de refuser.)
(Nah, qu'est-ce qu'il racontait.)
– Le samedi, je dors le jour jusqu'à 14 heures habituellement, répondit-il.
– On pourrait étudier après? Tu peux venir chez moi, peut-être?
Prompto grimaça.
– Désolé mec, mais tu habites à l'autre bout de la ville… J'ai pas trop envie de passer l'après-midi dans un autobus.
– Ou vice-versa? Je peux aller chez toi?
Prompto ne put s'empêcher d'échapper un rire ironique. Le prince du Lucis chez lui, quelle bonne blague, putain.
Mais Noctis le regarda comme s'il attendait une réponse.
– Attends, t'es sérieux?, s'exclama Prompto ton air soudainement abasourdi. Tu sais que j'habite dans le quartier Nord?
– Et puis?
– Et puis? Ma maison est un putain de taudis!
– Qu'est-ce que j'en ai à foutre de l'état de ta maison? Je demande juste un peu d'aide pour étudier!
Paul apparut à nouveau à ce moment précis et Prompto dû tourner son attention vers lui. L'homme resta immobile sans parler pendant quelques secondes, les épaules rondes et le sac en papier tenu entre ses mains gigantesques, regardant le caissier de yeux ronds comme ceux d'un gamin. Puis :
– J'ai vomi…, fit-il d'une petite voix.
Prompto soupira. Il tendit la main et Paul avança pour lui donner le sac.
– T'en as mis sur le sol?
– Non…
C'était le non le moins convaincant qu'il n'avait jamais entendu de toute sa vie. Il allait certainement vérifier plus tard.
– D'accord. Tu veux de l'eau?
Paul hocha la tête et Prompto alla chercher un verre de carton qu'il remplit d'eau. L'homme en but quelques gorgées puis quitta sans rien acheter.
– Il sera de retour dans une heure, soupira Prompto. Il a oublié d'acheter sa bière.
– Il est toujours comme ça?, demanda Noctis.
– Ouais… Il n'est pas un mauvais gars, mais il a un problème d'alcool… Comme beaucoup de gens dans le coin, en fait.
Leur discussion fut interrompue à nouveau par la porte qui s'ouvrit sur un type gigantesque que Prompto reconnut immédiatement. Le garde du corps du prince – Gladio, si sa mémoire était bonne – était vêtu d'une veste ridiculement petite, au point où il n'était même pas capable d'en fermer les boutons, exposant une musculature complètement disproportionnée qui n'existait que dans les films.
Prompto eut une pensée pour Cindy.
– Noct! Qu'est-ce que tu fous, bordel?!, lança le mastodonte.
– Ah merde, désolé, fit Noctis en grimaçant. Je t'ai oublié.
– Ça fait trente minutes que je t'attends! Je t'ai envoyé au moins mille messages!
– Ça va, ça va! J'ai dit que j'étais desolé!, répliqua-t-il d'un ton frustré.
Il continua d'une voix plus posée, pointant le blond du pouce :
– J'ai croisé Prompto…
Le visage du garde du corps s'illumina lorsqu'il reconnut le blond.
– Hey, salut!, fit-il d'un enthousiasme qui semblait sincère.
Il s'approcha du comptoir et tendit la main vers le caissier qui la serra de la sienne, souriant à son tour. Ce mec était définitivement plus cool que Ignis.
– Salut, ça va?, demanda Prompto.
– Ça allait bien jusqu'à ce que ce petit crétin me fasse attendre dans la voiture pendant huit ans... Pryna s'est même endormie!
– Ahh, ça va, j'ai compris, râla Noctis, roulant les yeux.
Il attrapa sa bouteille de soda et son sac de croustilles, avant de lever la tête vers Prompto.
– Alors, t'en dis quoi, pour demain? On pourrait aussi avancer le projet de physique, pendant qu'on y est.
– Heu…
Le caissier hésita. Il était vrai que la dernière fois qu'ils s'étaient vus, Prompto avait passé une soirée plus agréable qu'il ne l'avait anticipé – même si la nuit avait été forte en émotions. Mais l'état de son chez-soi, particulièrement après avoir été témoin de celui du prince, refroidissait son enthousiasme.
Même si ce foutu projet de physique devait être avancé au plus vite. Ils n'y avaient pas travaillé de la semaine.
– Et si je te promets d'apporter ce délicieux sac de chips?, ajouta Noctis.
Il secoua le sac en haussant les sourcils à répétition, comme s'il s'agissait du délice le plus sexy de l'univers.
– Tu crois que tu peux m'acheter avec des croustilles?!, rétorqua Prompto d'une voix faussement indignée.
– Bien sûr que oui!
La dernière bride d'hésitation de Prompto craqua. Il sourit.
– T'es con… Mais ça marche. C'est bon pour demain.
L'expression de Noctis, dont le visage s'illumina comme celui d'un enfant le jour de Noël, fut absolument magnifique.
Et Prompto paniquerait certainement d'ici là, mais pour l'instant, il était heureux.
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La bonne nouvelle avec les chapitres plus courts, c'est que le prochain est déjà bien avancé! :D
À la prochaine!
Charlie xxxxx
