Le surlendemain, l'organisation de l'entretien avec le professeur Rogue ne se passait pas comme prévu. Jade pensait réellement qu'elle n'y arriverai jamais, comme si tout s'était dressé contre ses désirs les plus chères. Elle n'avait depuis longtemps plus vécu une période aussi stressante et confuse que celle-ci.

D'abord, après la rédaction de sa réponse pour l'orphelinat de Glasgow, la niçoise s'était sentie comme une andouille : elle ne savait même pas comment l'envoyer. L'institut s'adresse à des cracmols et personne ne pense à mettre des moyens à leurs disposition, se disait-elle avec amertume.

Forte heureusement, un soir où le ciel était couvert d'étoiles, la chouette noire fut de retour. C'était comme si elle avait entendu ses plaintes à plusieurs milliers de kilomètres d'ici. Cette dernière s'était posée sur le rebord de sa fenêtre, le regard suppliant. Un air moins sévère se dessinait à travers ses plumes. Elle n'était plus comme lors de leurs dernière rencontre. Jade lui ouvrit le plus rapidement possible tout en constatant la raison pour laquelle elle était différente : son aile était fracturée. Elle traînait au sol tandis que celle de droite était placée correctement tout le long de son corps. La jeune femme avait toujours eu beaucoup d'amour pour les animaux, son état lui brisait le cœur. Voulant vite trouver une solution. Elle consultait ses livres sur les animaux magiques, mais les seuls remèdes indiqués consistaient à effectuer des formules magiques, chose dont elle était bien évidemment incapable.

Les heures s'écoulaient, nous étions à présent tard dans la nuit. Severus Rogue, le maître de cette chouette si extraordinaire devait être mort d'inquiétude. Ses hululements de douleurs étaient effroyablement sonores. Alors, d'un geste de désespoir, elle se mis à caresser son aile meurtrie avec compassion. " comme si cela allait changer quoi que ce soit " se dit-elle sans espoirs.

La sensation de ses mains contre les plumes de l'oiseau était très agréable, cette dernière levait même son cou comme pour demander des caresses.

Mais d'un coup, en l'espace qu'une seule seconde, son aile se retrouva miraculeusement guérie. Elle était d'une synchronisation parfaite avec son aile droite. Comme par magie.

Jade resta figée, sans savoir quoi penser. Aucune explications rationnelles ne lui venaient à l'esprit, ne comprenant guère ce qu'il venait de se passer.

Soudainement, la chouette prit la lettre et s'envola. Son départ avait été très rapide et comme il se faisait déjà tard, elle ne chercha pas à en comprendre d'avantage. Tout ce qu'elle voulait, c'était se démaquiller et dormir.

Son far à paupières rose pâle associé à son mascara noir charbon lui allait à ravit. Parfois, elle aimerait que cet élégant camouflage reste sur sa peau pour toujours. Malgré tous ses complexes, nombreuses étaient les personnes à la trouver très jolie. Elle s'installa confortablement dans son lit, prête pour ses habituelles quatre heures de sommeil.

Après cette péripétie vint la question du rendez-vous. Son appartement ne possédait évidement pas de cheminée reliée au réseau des sorciers, et ses parents non plus. Son dernier espoir s'était porté sur sa grand-mère. Jade avait tout naturellement transmis son numéro de cheminée dans la lettre destinée au professeur Rogue. Mais contre toute attente, celle-ci avait condamné son foyer de flammes et l'avait remplacé par des radiateurs.

- Des radiateurs! S'exclama sa grand-mère avec joie lorsque Jade arriva dans le salon. Ce sont des génies ces moldus, je me suis grandement trompée sur eux. Pourquoi se salir les mains avec une cheminée alors qu'il suffit de tourner sur une poignée magique pour avoir bien chaud chez sois ?

Malgré la canicule extérieure, sa grand-mère avait tout le temps froid.

- Alors comment est-ce que je vais faire mamie? Se ratatina Jade avec profont désespoir. J'ai rendez-vous ce soir, j'ai déjà envoyé ton numéro de cheminée! Pourquoi est-ce-que tu ne m'as pas dit que tu passais aux radiateurs? Je savais que tu ne te servait plus de ta cheminée, mais au point de la remplir de ciment... Pourrais-tu lui jeter un sortilèges pour la déboucher?

- Tu me prends pour une ouvrière du ministère? Interrogea la vieille dame avec ironie. Je n'ai même plus de baguette magique. C'était à toi de me consulter avant de transmettre mon numéro de cheminette.

Sa grand-mère n'avait évidemment pas tort. Fournir un tel numéro sans en prévenir le propriétaire était très impoli dans le monde des sorciers. Même si la vieille dame avait un mode de vie moldu, certaines règles resteraient gravées. Jade avait agi de la sorte sous la panique et l'excitation, elle n'avait pas réfléchi. Elle voulait être au moins une des premières à répondre à la demande du professeur, comme pour se prouver à elle-même qu'elle était encore dans le coup niveau connaissances magiques.

À présent, il ne restait que quatre heures avant l'entretien. " Ancun retard ne sera toléré " les mots tracés à l'encre noire du professeur tournaient dans sa tête. Et pour couronner le tout, elle ne pouvait pas compter sur ses parents. Ils leur avait passé un coup de téléphone au matin, lui disant qu'il était hors de question qu'elle parte en Écosse. Elle avait fait semblant d'être d'accord avec eux, disant qu'elle ne partirait pas et patati et patata. Si seulement ils savaient ce qu'elle était en train de comploter, ils s'en mordraient les doigts.

Nous étions à présent vingt minute avant l'heure prévue de l'entretien. Elle était encore ici, dans l'attente d'un miracle, fixant le jardin par la fenêtre. Elle avait le regard et la posture aussi mélancolique que la dame grise. Sa peau avait pris une teinte encore plus pâle qu'à l'habituelle.

Soudain, un bang sonore se fit entendre, comme si une bombe avait exposée dans le salon. Jade courra alors vers sa grand-mère en la pensant en danger.

Aucune bombe, et pas d'accident. La vieille dame se tenait fièrement dans le salon. Son dos habituellement bossu s'était redressé et elle avait revêtu des vêtements de sorcière : une longue robe couleur lila brodée et pailleté la. Par Merlin, elle n'en croyait pas ses yeux.

Quelque chose avait changé dans son regard, elle avait remplacé son air niais et ronchonne par aura puissant. Elle tenait une baguette magique et sa cheminée chauffait la pièce de ses grandes flammes vertes.

- Quelle sorte de personne serais-je donc si j'empêchais mon propre sang, ma propre descendance magique, de ne pas accéder au monde qui lui reviens? Habilles-toi, coiffes-toi, tu as rendez-vous avec ton destin.

Elle poursuit sa parole en s'agitant :

-Vite! Bouge-stoi les fesses mon d'une grosse gargouille!

Sa grand-mère ouvrait tous les tiroirs, toutes les boîtes, tous les meubles. Elle finit par en sortir une robe émeraude et invita sa petite-fille à l'enfiler le plus rapidement possible.

Le vêtement fait de velours était sans prétention: le décolleté était très léger et ample. Au niveau du bas, la robe s'arrêtait aux genoux. En se regardant dans un mirroir, elle réalisa que cette tenue lui donnait l'air d'une sorcière.

- Hum bon cette tenue est quelque peu osée. À mon époque, porter une robe découvrant les genoux était fort inconvenu. Elle appartenait à ta mère, c'était très à la mode dans les années cinquante. Je n'avais pas l'intention de lui acheter quelque chose d'aussi sulfureux mais quand j'ai su que toutes ses copines avaient le même modèle, je savais que Rita m'en voudrait toute sa vie si elle se pointait devant Bertrand avec une robe démodée. Ce n'est jamais facile de vivre avec son temps.

- Alors tu as cassé ta chambre forte pour aller lui acheter cette robe émeraude? Demanda sa petite-fille en pouffant de rire.

- Oui et depuis que tu la portes, je ne regrette plus cet investissement. Elle m'aura servi deux fois au moins, ronchonna-t-elle.

Ce style de commentaires était typique d'elle, signe de bonne santé.

- Il ne reste que trois minutes! Que dois-je faire? Paniqua Jade en regardant sa montre. Comment dois-je me comporter face à un sorcier tel que le professeur Rogue? Est-ce qu'il y a des règles de politesse différentes des nôtres dans son monde?

- Sois toi-même, ne joue pas les faux-semblants. Si tu donnes à une personne une impression de toi qui est fausse, c'est lorsqu'elle découvrira ta vraie personnalité qu'elle sera déçue.

Sa grand-mère avait crié ces derniers mots, voyant sa montre tourner. Elle avait couru pour s'éclipser de la pièce et laisser sa petite-fille prendre en main son entretien.

Jade était assise sur une chaise, seule, devant la cheminée aux flammes vertes. Elle espérait que son interlocuteur aurait dû retard pour qu'elle puisse se remettre de ses émotions.

Quelques instants plus tard, les flammes commencèrent à changer de danse : Quelqu'un était en route. En même temps qu'elle se fit cette réflexion, un visage féminin était apparu dans les flammes. Jade se redressa, elle pensait que ce serait le professeur Rogue qui s'occuperait de venir lui donner les informations.

- Bonjour. Suis-je bien chez Mademoiselle Jade Stis, cheminée numéro 130820? Demanda la dame avec un air essoufflé qu'elle tentait de dissimuler.

- Vous y êtes bien Madame, je suis ravie de faire votre connaissance!

Malgré le stress, elle se donna un air chaleureux et assuré.

- Veuillez me pardonner ce retard, croyez-moi que cela n'est pas dans mes coutumes. Je me présente, je suis le professeur Mcgonagall, directrice de l'école de sorcellerie Poudlard. L'orphelinat de Glasgow, aussi appelé " Le phénix" et moi travaillions en étroite collaboration. Je sais qu'il était convenu d'un entretien avec le professeur Rogue mais il est indisponible pour le moment. Il reviendra après-demain pour accueillir les nouveaux membres et j'espère de tout coeur que vous en ferez partie. Avez-vous des questions avant que je commence mes explications ?

- Juste... Comment m'avez-vous trouvé? Si ce n'est pas indiscret. Je veux dire par là que je ne suis aucunement mêlée au monde magique.

-Votre statut est répertorié au ministère de la magie Française. Bien entendu, Vous devez savoir que... Aux royaumes-unis, les cracmols sont devenu d'une rareté extrême pour des raisons que vous connaissez. Le professeur Rogue a de ce fait étendu ses recherches. Autant vous dire que votre profil est plutôt intéressant car comme vous le savez, il nous faut une personne comprenant le monde non-magique pour savoir s'occuper d'enfants moldus. Peu de personnes ont répondu à la demande... Vous avez été huit à apporter une réponse favorable. Trois d'entres eux ont abandonné par peur des représailles suite à la guerre, et les quatre autres ont fini par se rétracter pour des raisons que je ne souhaite même pas mentionnées, dit-elle avec un air agacé.

Jade approuva ses explications et laissa alors le professeur lui parler de ce poste.

- Vous travaillerez du lundi au samedi, de sept heures du matin jusqu'au repas de midi. Vous avez ensuite une pause jusqu'à quatorze heures pour reprendre jusqu'à vingt-deux heures. Cet horaire peu changer selon la disponibilité de vos collègues. Cela peut paraître beaucoup, mais vous pouvez avancer dans vos tâches calmement, sans se presser, avec une tasse de thé à la main. Dit-elle en faisant un clin d'oeil.

La sorcière lui avait parue très sévère au premier abord, mais cette drôle de mimique la metta en confiance.

Après une pause dans ses explications, elle reprit :

- Vos tâches seront celles-ci : S'assurer du respect du règlement et sanctionner au besoin , veiller à leurs sécurité mentale et physique, créé des projets de vie et des activités pédagogiques. Vos collègues déjà sur place seront mieux placé pour vous fournir tous les détails, mais vous avez là les informations les plus importantes. Le professeur Rogue vous montrera vos appartements, les pièces de vies et tous ce qui va en ce sens. Si bien-sur, vous acceptez l'offre.

- Je comprends, je n'ai pas peur du travail. Néanmoins je pense avoir mal compris quelque chose : avez-vous bien dit " après-demain "? Même si je le voulais, cela ne serait possible pour moi. Je dois d'abord faire un préavis dans mon emploi actuel et cela peut prendre plusieurs semaines. Ensuite, me rendre à Glasgow me prendrait une semaine de plus le temps de réserver le train puis le bateau.

-Ne vous fatiguez pas avec toutes ces modalités, une passeuse vous assistera pour prendre un Portoloin. Et en ce qui concerne votre... pré-à-vie , une équipe spécialisée dans l'oubliette pourra venir sur place.

Elle reprit :

- Cela peut paraître un peu précipité mais sachez que le Phénix a ouvert ses portes il n'y a que cinq mois, et Severus ne s'attendait pas à accueillir autant d'enfants... Il manque de personnel.

Elle avait prononcer la fin de sa phrase comme pour se parler à elle-même. Cela faisait étrange de voir une personne prononcer son prénom. Les deux directeurs étaient sûrement proche supposa-t-elle.

- La situation est compréhensible et j'accepte l'offre avec grand plaisir. Tenez moi au courant de l'organisation s'il vous plait. Car pour les gens comme moi c'est une vraie source de stresse...

- Pour les gens comme vous? Ne dites pas de sottises. Vous êtes juste mal informée. Je ne suis moi-même pas une sotte, et pourtant je ne sais pas comment fonctionne une ampoule. Il ne me reste plus beaucoup de temps, mes devoirs de directrice m'appellent. Je vous souhaite d'ores et déjà bonne chance, ayez confiance