... Et dans cette histoire, que se passe-t-il du côté du prince de sang-mêlé ? Où s'est-il volatilisé ?
De quelle mission parlait Hagrid ?
" Severus,
Pardonnez-moi de vous importuner durant votre séjour à Poudlard, j'imagine que vous devez être content de voir Minerva.
Il est tard, mais je sais que vous ne dormez pas. L'inévitable est arrivé à Azkaban. Suite à un sous-effectif constant du personnel, des détenus, plus précisément des anciens mages-noires, se sont rebellé et ont pris en otage presque tous les gardiens. Mon patronus fait de son mieux pour assurer leur protection, mais cela ne me permet que de gagner du temps. Et en parlent de temps, j'ai bien peur d'avoir besoin de réquisitionner le votre durant environ un mois afin de réguler la situation et d'interroger ( à votre manière...) Plusieurs détenus.
J'implore votre aide et je compte sur votre discrétion pour ne pas ébruiter l'affaire. Les journalistes ne doivent pas être informés de cet incident.
Des aurors sont en route, ils vous rejoindront sur place et attendront vos instructions.
Ctte mission sera rémunérée comme il se doit, à la hauteur de votre implication au sein de L'ordre du Phénix depuis toutes ces années.
Kingsley Shacklebolt "
Cette lettre que Rogue venait de recevoir avait été écrite tellement vite qu'il eût difficile de la déchiffrer. Il s'assit sur son lit, ses deux mains appuyées contre sa tête. Il avait beaucoup trop abusé du whisky.
Le maître des potions n'était pas mécontent de retrouver ses appartements de Poudlard. Depuis ses vingt-et-un ans, (âge auquel il était devenu enseignant, faisant de lui le plus jeune professeur de toute l'histoire de Poudlard), cette pièce située dans les sous-sols était un endroit dans lequel il pouvait s'isoler du monde. Personne n'osait jamais le déranger. Et à trente-neuf ans, bientôt quarante, rien n'avait changé. La solitude et le calme étaient ses deux plus fidèles amies, bien qu'il savait se montrer sociable avec les personnes qu'il jugeait intéressantes.
Se retrouvant ivre mort, sa seule envie était de passer sa nuit à lire des livres. Sa confrontation avec Jade lui avait déjà été assez pénible comme cela. Et ce mot qu'elle lui avait envoyé... Bien évidemment, qu'il avait raison.
Il s'avouait volontiers d'avoir complètement perdu les pédales. Qu'est-ce qu'il lui avait bien pût lui prendre de la forcer à boire un veritasereum? Le voilà bien chanceux qu'elle n'ait pas décidé de faire monter l'affaire en justice... Le temps était venu qu'il s'apaise avec les histoires du passé.
Un dossier de plus au ministère à son sujet l'aurait mis dans de beaux draps.
Avoir tort était bien la chose qu'il détestait plus que tout au monde. Cette femme est une sorcière, seuls des idiots de cornichons pourraient ne pas s'en apercevoir. Cependant, de là à l'accuser d'être un ancien mangemort...Il s'était surpassé, se dit-il avec ironie.
Elle avait dû le prendre pour un fou et il s'en fichait éperdument. Ce que les gens pensaient de sa personne n'avait jamais trouvé d'importance à ses yeux.
Severus Rogue était fatigué, seul, saoul, et même pas vêtu d'un quelconque vêtement. Pourtant, il devait transplaner en direction de Londres dans moins de trente minutes.
Il toucha ses cicatrices, épousant leurs formes du bout des doigts. Elles n'avaient pas laissé beaucoup de traces, mais la douleur qu'elles lui procuraient était toujours aussi intense par moments. Le venin continuait de circuler à l'intérieur même des cicatrices.
Il n'en voulait pas spécialement à Nagini. La malheureuse avait été frappée d'un Maledictus durant son enfance, transformant petit à petit cette jolie femme d'origine asiatique en un monstre reptilien. Il avait l'intime conviction qu'elle avait conservé toute sa conscience malgré sa transformation définitive. Et part conséquence, son affiliation au seigneur des ténèbres, c'était bien elle qui l'avait voulu. Peut-être lui avait-il promis d'un jour la libérer de cette malédiction.
Pourtant, contre toute attente, il savait que vers la fin de sa vie, Nagini avait changé d'allégeance. En effet, dans la cabane hurlante, lorsque son maître lui avait donné l'ordre de le tuer, elle n'y avait pas mis de tout son coeur.
La femme-serpent lui avait laissé une chance de s'en sortir. Si elle avait vraiment voulu le tuer, il serait mort. Ce ne fut pas le cas, il était simplement tombé dans le coma pendant trois jours. Elle n'avait fait que de l'endormir dans un sommeil aux portes de la mort.
Il ouvrit un gros grimoire et observa un portait datant de mille neuf cent vingt-sept, celui de Nagini. Elle avait l'air douce et innocente, loin de la dégaine typique des mangemorts. La vulgarité était un trait de caractère qu'il détestait chez certaines femmes, à commencer par Bellatrix Lestrange.
Lui, il aimait le discrétion, le talent, la bienfaisance et l'intelligence. Tout que ce Lily était. Et... Un peu comme Jade est. Non, il ne pouvait pas se permettre de penser cela et chassa immédiatement cette idée de sa tête.
Trêve de réflexion, une mission l'attendait bien qu'il n'avait ancunement envie d'y aller. Il s'habilla d'un coup de baguette et s'enveloppa d'une cape de voyage. Se souvenant qu'il avait perdu son privilège de directeur de Poudlard - celui de transplaner dans le château- il marcha d'un pas décidé vers les grandes portes du château. Il savait que chacun de ses pas le rapprochait de cette fastidieuse mission. Botter les fesses des criminels d'Azkaban était sa seule motivation. Il n'était pas fier de laisser l'orphelinat du Phénix sans sa gouvernance, c'était son rôle de protéger et encadrer toutes personnes vivant sous ce toit. Hélas, son travail au ministère accaparait une grande partie de son temps. Par conséquent, il ne pouvait pas toujours honorer ses responsabilités de directeur.
- Je suis désolé, Noma, murmura-t-il en refermant les Grandes Portes derrière lui. Je ne fais que de me repentir.
Le froid glaçait chaque partie de son corps bien qu'il n'y était habituellement pas sensible. L'homme vêtu de noir marchait de façon assurée, ne regardant jamais derrière lui. Passant devant le Saule Cogneur, il vit au loin de la lumière chez Hagrid. Son bon sens le guida vers chez lui, le demi-géant était une personne qu'il jugeait de confiance.
En fin de compte, Rogue le trouva dans son potager, occupé à couper du bois de chêne à la hache. Dans un passé pas si lointain,
les deux hommes avaient tous deux fait quatre mois de prison à Azkaban. Depuis lors, ils leur étaient impossible de fermer l'oeil pendant une nuit complète.
Hagrid avait une mine sombre et pensive. Il faisait nuit noire, la lumière venant de sa maison était le seul éclairage.
Sans préambules, sans même prendre le temps de le saluer, Rogue lui fit part de sa mission et lui demanda de prévenir son personnel qu'il ne serait pas de retour avant un mois.
- Oh, tu es déjà là...Je savais que tu passerais. Oui oui, je suis au courant pour Azkaban, dit le demi-géant. C'est ce qui arrive quand on décide de virer les détraqueurs... Je déteste ces choses, mais il faut reconnaître qu'ils savaient garder leurs prisonniers. Ils pouvaient détruire un homme, lui arracher les peu de bons souvenirs qu'il avait connus avec son père...
Severus n'était pas insensible à ce genre de confidence, Hagrid avait perdu son père pendant son enfance alors qu'ils étaient très proches. Le maître des potions n'avait pas la capacité émotionnelle de consoler quiconque. Toutefois, cette fois-ci, il voulait fournir un effort. Les deux hommes se connaissaient bien à présent. Ils étaient très diffèrent l'un de l'autre mais la souffrance était quelque chose qui les liais. Il y avait d'un côté Hagird qui faisait tout pour contrer cette souffrance, et de l'autre, Rogue qui avait accepté le fait d'être une âme tourmentée.
- Je conçois l'ampleur de votre... Difficulté, Hagrid. Le monde dans lequel nous vivons n'est pas des plus tendres.
- Merci, Severus, répondit Hagrid. Je sais que tu sais aussi ce qu'est la perte d'un être aimé.
Rogue entendait des bruits de pas provenant de la maison...
- Puis-je savoir qui d'autre est là? Demanda-t-il d'une voix méfiante au vu de l'heure tardive.
- Harry. Il est ici, dans ma maison. Il m'a lui aussi rejoint après reçu le message. Kingsley accepte l'aide d'Harry à condition qu'il soit accompagné...C'est plus prudent que vous partiez ensemble... On ne sait pas ce que vous allez croiser en chemin.
- Potter? Hors de question qu'il vienne, trancha Rogue, catégorique.
- Je lui ai dit que tu n'allais pas être d'accord, dit Hagrid d'une voix sérieuse.
Mais écoutes ce qu'il a à te dire.
Il aperçut son ancienne élève à travers la petite fenêtre entrain de laver des tasses de thé à l'évier de la cuisine. Subitement, l'élu remonta la tête et croisa le regard de son ancien professeur des potions. Ils ne s'étaient plus reparlé depuis son procès. Rogue repensait souvent à cette journée où Harry et Hermione l'avaient publiquement défendu devant le Magenmagot. Ils avaient ensuite même pris le soin de le ramener chez lui, trop épuisé pour transplaner seul.
Exaspéré, Severus quitta le potager et se planta derrière la cabane, sachant qu'Harry ne tarderait pas à le rejoindre.
Dès son arrivée, ils se regardèrent longuement, sans dire un mot. Le garçon, -ou plutôt maintenant l'homme- à la cicatrice avait toujours cette manière impertinente de défier son regard.
- Professeur Rogue... Laissez-moi venir. Je suis bientôt Auror. Que vous vouliez l'admettre ou non, je suis capable, j'ai des compétences. Si des vies sont en dangers, je veux faire parti des renforts!
- Monsieur Potter, répondit-il gravement. Si vous n'êtes pas auror, vous ne venez pas. Et même si vous l'étiez, cela ne vous est pas venu à l'esprit que je pourrais ne pas vouloir
collaborer avec vous?
- À ce que je sache, vous n'êtes pas auror non plus, professeur, déclara-t-il de façon provocante en se rapprochant d'un pas.
Rogue se rapprocha lui aussi d'un pas, le visage fermé.
- Je n'ai en effet pas besoin d'un quelconque titre pour démontrer mes compétences.
- Oh mais ça tombe bien, car en fait, j'ai tué Voldemort. ( Harry fit exprès de prononcer son nom haut et fort.)
Ça vous suffit comme preuve de mes capacités ou ce n'est pas assez pour vous?
- Ne prononcez pas son nom, sombre imbécile! Vociféra l'ancien professeur des potions en massant son avant-bras gauche.
Harry se saisit. Il eût un long silence.
-... Elle vous fait encore mal, la marque? Finit par demander l'élu qui se disait qu'il aurait mieux fait de se taire.
Rogue avait mal, vraiment mal. Faire semblant de ne pas être en souffrance était parfois une entreprise bien difficile.
- Seulement lorsqu'un cornichon de votre espèce prononce encore son nom, Potter! Maintenant disparaissez, allez vous vanter d'avoir été l'élu ailleurs.
L'élu sortit sa baguette magique, Rogue aussi.
- Assurdiato, prononça Harry, le visage lui aussi rongé par la colère et la retenue.
- VOUS CROYEZ QUE J'AVAIS CHOISI D'ÊTRE L'ÉLU, C'EST ÇA ? VOUS CROYEZ QUE C'EST UNE CHANCE? QU'EST CE QUE JE VOUS AI FAIT À LA FIN? NOUS AIMIONS TOUS LES DEUX MA MÈRE, JE VOUS AI DÉFENDU LORS DE VOTRE PROCÈS, ALORS POURQUOI ME DÉTESTEZ VOUS ENCORE? Cira Harry.
Rogue plaqua Harry contre la cabane.
- Calmez-vous Potter! Contrôlez votre esprit! Je... Je ne vous déteste pas! Il y a cependant des choses qui... Des blessures qui ne sont pas encore refermées.
Il le relâcha. Harry se calma de façon instantanée, choqué de voir que son ancien professeur venait de briser sa carapace après autant d'années de silence et de haine.
- "Assurdiato...", S'intéressa Rogue.
Je vois que vous utilisez encore mes sortilèges. Vous ont-ils été utiles durant la guerre?
- Pas utile, je dirais plutôt vitale, professeur. Hermione, Ron et moi... On serait mort si on ne les avait pas connus.
- J'avais envisagé de vous confisquer mon manuel des potions, dit Rogue d'une voix neutre. Je savais qu'il était d'une manière ou d'une autre tombé entre vos mains.
- Pourquoi ne l'avez-vous pas fait?
- J'étais satisfait de vous voir progresser en potion. Un élève aussi médiocre que vous capable de réaliser un Philtre de Mort Vivante... Cela relatait de l'exploit, dit-il ironiquement.
Finalement, ils marchèrent ensemble jusqu'à la limite du domaine de Poudlard, parlant de tout et de rien.
De la même manière que Dumbledore quelques années plus tôt, Severus tendit son bras à Harry, l'invitant à transplaner direction Azkaban.
- Je croyais que vous ne vouliez pas que je vienne?
- Alors profitez-en avant que je change d'avis, Potter.
Le garçon à la cicatrice accepta sans détours.
