NOTE: Je n'ai aucune excuse, c'est sans aucun doute la pire chose que j'ai jamais faite. à bientôt je pars me confesser.
EGOLOVER
Tom se dit, dans sa grande sagesse, qu'il avait deux choix devant lui. Soit il pouvait choisir la vengeance et tuer Harry Potter (qui apparemment avait réussi à le pourfendre dieu savait comment) soit il pouvait choisir la facilité et attendre le moment opportun pour reprendre une corporalité (aux dépens de Ginevra Weasley mais bon, on ne faisait pas d'omelettes sans casser des œufs). Une partie de lui mourrait d'envie de faire de sa résurrection un moment de triomphe théâtral mais… ça faisait plus de cinquante ans qu'il était enfermé dans ce foutu journal et il avait une opportunité en or d'en sortir.
Il attendit donc un après-midi quelconque, prit possession du corps de Ginny Weasley et, plutôt que de laisser un message dramatique sur un mur et la traîner dans la chambre des secrets, Tom Jedusor sous les traits de Ginny, emprunta le chemin pour se rendre à pré-au-lard. Tout le monde était affairé dans le château et personne ne s'apercevrait de son absence.
Il sélectionna ensuite une cave quelconque - n'importe laquelle ferait l'affaire et il le savait - installa tranquillement le corps de la pauvre gamine (il pouvait concevoir que ce qu'il faisait ne relevait plus de la chrétienté mais bien du Mal) et puisa son énergie vitale.
Trois heures plus tard, Tom Jedusor réincarné surgissait d'une cave pour conquérir Pré-au-Lard. Enfin, la conquête attendrait parce qu'il y avait d'autres choses plus pressantes à son programme. Par exemple, se sustenter, humer l'air chaud de l'après-midi, toucher l'herbe sèche et peut-être prendre un bain. Il accorda un regard solennel à la dépouille de Ginevra qui, bien que très agaçante, lui avait permis de reprendre forme humaine. Il rendrait hommage à ce sacrifice dans un futur proche, c'était une certitude. Peut-être une statue. Ou une mention dans son autobiographie.
Ensuite, quand il aurait rayé tous ses éléments de sa liste, ensuite la reconquête du monde. Son premier objectif, donc, fut de se rendre à Londres, ce qu'il parvint à faire sans le moindre encombre.
Les choses n'avaient que peu changé en ce qui le concernait, tout le monde était prêt à faire ce qu'il voulait sous prétexte qu'il était un beau garçon.
En revanche, ce qui avait changé, c'était… la totalité de la ville, réalisa-t-il avec horreur.
Les voitures ne ressemblaient en rien à celles qui roulaient dans les années 40, les gens étaient habillés de la façon la plus scandaleuse qui soit (il faillit d'ailleurs le faire remarquer à une jeune femme dont il pouvait voir les CUISSES), des lumières partout…
Il en vint presque à regretter les contours rassurants de la vie dans le journal. Presque, il n'en était quand même pas là.
Bref, sans baguette, perdu dans Londres, Tom Jedusor était bien emprunté.
Surtout que sa stratégie ne reposait que sur le fait qu'il était un joli garçon. Heureusement pour lui mais malheureusement pour l'Humanité, il s'avéra que cette stratégie était tout à fait pérenne. On lui offrit une chambre, on lui offrit à manger (enfin une dame s'occupa de ces deux points mais Tom n'allait pas s'en plaindre surtout qu'il avait bien l'intention de s'éclipser avant de devoir… « payer » pour ces gracieuses attentions) il parvint même à entendre une rumeur concernant Lord Voldemort (enfin « vous-savez-qui » c'était comme ça que Sainte Ginevra avait parlé de lui à l'époque où la taille 34 de ses petons foulait encore le doux sol terrestre.)
Bref, apparemment, une autre version de lui se terrait en Albanie et Tom se dit que finalement, peut-être que la chose la plus sensible à faire, ce serait d'aller trouver cette autre version et lui remonter les bretelles. Non seulement elle l'avait enfermée dans un journal pendant des années (et il les avait toutes senties passer, merci pour lui) mais en plus il n'avait même pas été foutu de conquérir la Grande-Bretagne.
Oui. Il allait se rendre en Albanie et passer un sacré savon à l'incapable qu'il était devenu. (Nuance importante car tout prouvait que Tom était, lui, très capable).
Une chose était absolument sûre, décida-t-il, plus jamais il ne prendrait l'avion de sa vie. C'étaient des engins maléfiques et il crût à plusieurs reprises que sa résurrection serait moins glorieuse et moins longue que prévue.
— Qui ose venir troubler Lord Vol-
Silence. Il venait de s'auto-couper le sifflet. Tom pouvait le comprendre, son sifflet était coupé à lui aussi. Il s'était préparé psychologiquement à ne pas être dans une forme glorieuse. Après tout, il frisait la septantaine. Mais rien ne l'avait préparé à… à un genre d'ectoplasme menaçant.
Ils se jaugèrent pendant de longues secondes. Tom était abasourdi, choqué, outré même, de voir son propre état.
D'accord, il en venait carrément à regretter de ne pas avoir assassiné Potter pendant qu'il en avait l'occasion.
— Coup dur, déclara-t-il.
C'était une expression qu'il avait apprise dans le maudit engin volant qu'il avait emprunté pour se rendre en Albanie.
— Pardon ? Es-tu… Es-tu…
— Je suis le journal, longue histoire, mais la version courte c'est que je suis super vénère. (autre expression apprise à la volée, qu'on ne le qualifie pas d'incapable à l'adaptation).
L'expression de Lord Voldemort passa de surprise à horrifiée.
— Comment diable es-tu donc sorti ? Ta place était dans ce journal !
— J'ai aspiré l'énergie vitale d'une gamine. Je pensais ne pas pouvoir tomber plus bas mais…, il fit une pause pendant laquelle il fit grand cas de jauger son double, mais clairement je me suis fourvoyé.
Vingt-cinq minutes d'insultes et d'accusations diverses plus tard, ils étaient assis dans la forêt, au pied d'un arbre. Tom savait que son visage était aussi penaud que celui de Voldemort.
— Quelle triste situation, commenta-t-il.
Il n'entrevoyait pas de solution, en fait il se disait qu'ils allaient être condamnés à errer dans cette forêt pour l'éternité. Enfin, jusqu'à ce que la forêt disparaisse. Apparemment, le monde entier allait disparaître en 2012 ce qui était problématique pour ses plans d'immortalité.
— J'ai un plan.
— Je me reconnais bien là, sourit-il.
L'immonde personnage, il tenait plus du rat que de l'humain, tenait une baguette. Sa baguette, en fait. Tom la reconnaissait même si elle avait pris une couleur blanche et que le manche… était manufacturé dans ce qu'il croyait pouvoir identifier comme de l'os. Pas du meilleur goût, mais il supposait que c'était pour faire passer un message.
Il remonta Voldemort contre sa hanche. Se tenir soi-même comme un nourrisson, c'était une expérience intéressante mais il n'en avait pas moins hâte qu'elle se termine. Il avait toujours détesté les enfants, et même s'il s'agissait de… lui-même, ça n'enlevait rien au problème.
— Donne-la moi.
Petit problème, ils venaient tous les deux de la réclamer.
— C'est ma baguette, chuchota Voldemort, menaçant.
— On fera un tournus, trancha-t-il en l'arrachant des mains de l'affreux personnage qui était venu la leur apporter.
Si c'était à ça que ressemblaient ses sbires, ils n'étaient pas sortis de l'auberge. Mais il tombait bien, le bougre, parce que le plan de Voldemort (un truc totalement aberrant mais il n'avait pas d'autre idée à soumettre pour améliorer le fourbi) demandait que quelqu'un se coupe la main et il était absolument hors. De. Question. Que Tom Jedusor perde une main.
Ce… Pettigrew, ou peu importait, ferait parfaitement l'affaire.
— C'est mon tour d'avoir la baguette.
— Encore cinq minutes !
Tom arracha manu militari sa baguette à la forme fœtale. Ça faisait cinquante ans qu'il n'avait pas fait de magie, il tenait à ce que Voldemort respecte le temps alloué.
C'était le calme plat dans cette foutue baraque et Tom n'arrivait tout simplement pas à croire qu'ils aient pu laisser une telle ressource péricliter de la sorte. Voldemort était assis sur un fauteuil et l'image totale était… disgracieuse. Il avait du mal à croire qu'il soit tombé si bas mais bon, la vie continuait, les oiseaux gratifiaient toujours les matins de leurs chants, la terre tournait encore… bref, ce n'était pas la fin du monde. Ils sauraient se relever de cette mésaventure. Surtout que par miracle, un autre de ses sbires (un gars complètement fêlé mais cela ne regardait pas Tom) avait réussi à… prendre l'apparence du futur Professeur de défense contre les forces du mal.
C'était complètement fou. Mais il ne s'en plaignait pas. Harry Potter leur serait bientôt livré sur un plateau d'argent.
Potter était à terre, fou de rage, et Tom Jedusor n'avait pas la baguette. C'était au tour de Voldemort de l'avoir et il n'en finissait pas de parler plutôt que de tuer le garçon. C'était rageant.
— Mais bordel ! s'exclama-t-il : tue-le !
Voldemort lui adressa un regard courroucé mais suivit tout de même son conseil avisé. Ce qui n'eut aucun résultat probant puisque le garçon parvint à s'enfuir non sans d'abord avoir humilié son double en gagnant un duel tout à fait injuste.
Un phénomène magique étrange avait même eu lieu, unissant leurs deux baguettes par un fil lumineux. Et ça, ça, c'était quelque chose que Tom qualifierait de cool.
— Je veux sa baguette, commenta-t-il.
— Je te l'offrirai sur un coussin, répondit Voldemort en époussetant sa robe.
La bonne nouvelle… c'était que Voldemort avait retrouvé un corps et qu'il n'aurait plus jamais besoin de le tenir comme un nourrisson.
Bon, se dit Tom, ils étaient deux, ils étaient majeurs (voir carrément gériatriques mais autre problème)… l'un d'entre eux était extrêmement beau (lui-même) et l'autre… intéressant (Voldemort), il n'y avait pas de mal à tenter des expériences un peu hors norme. Qui dans l'Histoire de la vie pouvait affirmer avoir couché avec soi-même ?
Tom Jedusor serait le premier, comme il avait été le premier à faire bien d'autres choses (illégales, la plupart du temps) c'était un pionnier.
— As-tu donc perdu la raison ? hurla Voldemort en le boutant hors du lit.
Se prendre un râteau par soi-même… ça aussi c'était une expérience hors norme, se consola-t-il.
Puis les choses devinrent complètement folles. Il se mit à avoir des visions de Potter pendant la nuit et Voldemort les avait aussi et tout un bin's pas possible qui culmina par un affrontement franchement peu qualitatif au Ministère.
Et Potter était encore en vie.
— Ne penses-tu pas que nous devrions enquêter ce pourquoi on a une connexion avec le garçon ? proposa Tom en s'allongeant lascivement sur un canapé (il n'avait pas perdu son objectif de vue, il était assez certain qu'il ne pourrait pas se résister longtemps)
Voldemort l'ignora.
— Perte de temps, daigna-t-il quand même répondre après que de longues secondes se furent écoulées.
Perte de temps de quoi ? se demanda Tom qui trouvait quand même ce mystère palpitant. Perte de temps de quoi ? C'était tout de même ahurissant comme situation… Mais sentant qu'il ne pourrait pas faire changer d'avis son double, il décida de s'accorder sur sa décision.
— Je te demande de quitter cette pièce séance tenante.
— Oh mais bon dieu ! s'exclama Tom, pourquoi tu résistes ? C'est moi le bel homme dans notre duo et je mérite de vivre cette expérience paranormale !
— Foutues hormones adolescentes, grommela Voldemort, fous-le camp tout de suite !
Tom ouvrit légèrement son peignoir en se disant que découvrir un peu de peau pourrait potentiellement jouer en sa faveur. Que nenni, il se retrouva expulsé comme un malpropre avant même d'avoir pu arguer son idée plus en détail.
Ils célébrèrent la mort de Dumbledore avec une dignité frisant le négatif. C'était le plus beau jour de leur vie respective et le champagne coula à flots. C'était tout de même sacrément pratique de pouvoir être deux soi-mêmes. Aucune peur du jugement, aucune crainte de mauvais traitement, ils pouvaient juste être l'un avec l'autre comme ils n'avaient jamais pu l'être avec personne.
Tom entra dans la pièce. Il n'avait croisé personne ce qu'il trouvait décevant au vu de ses derniers achats. Il se devait d'être la figure de proue du binôme et avait accepté ce rôle avec la grâce d'un Saint.
Voldemort était assis à la table. Une pile monumentale de documents devant lui. Pauvre diable, pensa Tom.
— Quel est cet accoutrement ?
Son ton était fatigué ce qui n'augurait rien de bon parce que c'était dans ce genre de situation que Tom n'obtenait pas ce qu'il voulait. Or, ce qu'il était venu proposer, il le souhaitait ardemment. Il jeta tout de même un coup d'œil dans l'une des nombreuses glaces de la salle à manger. Pourquoi les Malfoy aimaient-ils s'observer en mangeant ? Ça lui échappait totalement mais il devait admettre que sa tenue en jetait, pour utiliser une expression à la mode.
Petite casquette violette fluo, coupe-vent rose, vert et jaune fluo, un jean tout à fait seyant, oui. Il était à la pointe de la mode.
— Une tenue dernier cri, répondit-il.
Voldemort reprit l'observation de son papier et Tom s'approcha furtivement. Enfin aussi furtivement qu'une tenue fluo pouvait le permettre. Il s'appuya sur la table, juste à côté de Voldemort, qui d'ailleurs, ne releva pas la tête.
Ce n'était rien, Tom avait connu des adversaires bien plus vigoureux :
– Ce me semble, commença-t-il innocemment, ce me semble que nous investissons beaucoup d'énergie dans le meurtre d'un écolier alors que nous pourrions utiliser cette énergie ailleurs.
Voldemort lui adressa un regard exténué.
— L'écolier en question est la seule chose qui se dresse entre la victoire et nous.
— Certes, reprit Tom, mais avons-nous réellement considéré ce que la victoire implique ? Bureaucratie à n'en plus finir, réunions avec des crétins, on pourrait… on pourrait voir le monde !
— C'est déjà fait.
Tom lança sa casquette sur la table :
— Bon sang ! Je n'ai rien vu de tout ça ! Soit un peu rationnel, tout ce qu'on est en train de faire ne sert à rien. Et le pire, s'exclama-t-il, le pire, c'est qu'on ne s'amuse même pas !
— Je m'amuse à m'en couper le souffle, rétorqua Voldemort en se redressant.
Il était plus grand et voulait manifestement le subjuguer par sa taille altière, mais Tom avait plus d'un tour dans son sac, il plaça ses mains sur ses hanches.
— Nous ne nous amusons pas, il n'y a rien d'amusant dans ce qu'on fait.
Il attrapa le bras de Voldemort – son bras en quelque sorte, en fait – et le tira vers lui :
— Pense à toutes les sortes de magie qui nous échappent encore… pense à tout ce qu'on pourrait faire, on a l'éternité devant nous ! Et Potter finira bien par mourir. Et là, à nous la gloire !
— Es-tu à nouveau en train d'essayer de me séduire, Tom ?
— Oui. Est-ce que ça marche ?
Son nouveau plan lui paraissait pourtant solide. Voldemort et lui, chevauchant paisiblement au firmament, ça avait de quoi lui donner du baume au cœur, comme vision.
— Tu sais, j'ai l'impression que ça va mal se finir pour nous.
Bon, il disait surtout ça parce qu'ils venaient de réaliser que Potter était en train de détruire leurs horcruxes.
— Je pense qu'on ferait vraiment mieux de filer à l'anglaise.
Voldemort était fou de rage, il venait de faire un massacre à Gringotts et Tom essayait d'éviter de marcher dans les flaques de sang.
— C'est foutu pour nous, admettons-le, le gamin va de nouveau nous faire un sale coup. Et entre toi et moi, la mort de Dumbledore me paraît suspicieuse.
— J'aurais dû t'écouter.
— À quel moment ? demanda plaisamment Tom qui savait qu'il avait toujours raison.
— Tu avais raison, il y a quelque chose de suspicieux. J'ai l'impression qu'on s'est fait rouler.
Tom poussa du pied le bras d'un gobelin qui avait malencontreusement péri.
— On s'est carrément fait rouler, ouais. Copenhague ? Il paraît qu'il y a une communauté sympa.
Tom avait vu un dépliant à l'aéroport et avait été plutôt convaincu par l'argumentaire. De son côté, Voldemort soupira. Il contempla longuement son œuvre (enfin son carnage) et haussa des épaules :
— Revenons dans quelques siècles, on aura peut-être plus de chance.
Encore une victoire pour Tom Jedusor, conclut-il mentalement en attrapant le bras du plus grand.
Luce et Violette faisaient toujours leurs courses le mardi matin dans la petite supérette de l'île. Elles y passaient la journée parce qu'il n'y avait pas grand-chose d'autre à faire. Elles s'asseyaient à une table et contemplaient (avec moultes commentaires) les quelques autres habitants de ce petit lopin de terre battu par l'océan.
Et elles se régalaient depuis un mois. Deux hommes, un qui avait l'air jeune et l'autre complètement défiguré, avaient emménagé non loin du supermarché. Bon sang, vous vous rendez compte ? Un jeune qui ne semblait même pas encore avoir vingt ans (mais habillé à la pointe de la mode) et un homme mûr, ensemble ?
C'était du jamais vu dans cette petite communauté rurale.
Mais bon, ils avaient l'air amoureux, et c'était tout ce qui comptait.
FIN...?
Je pense que la pire chose, c'est que j'ai commencé à écrire ce machin en me disant que c'était absurde mais... mais je suis à deux doigts de shipper Voldemort et Tom d'une façon tout à fait sérieuse HAHAHA
Si quelqu'un est arrivé jusqu'à la fin, j'espère que ce truc a été divertissant, c'était son seul but ! N'hésitez pas à me dire d'aller consulter en commentaire, j'adore en recevoir ça augmente ma qualité de vie HAHAH
