15/12 Noël chez les Dursley
-Harry, lève-toi immédiatement !
Un cri strident et des bruits de tambourinements sur la porte du placard dans lequel il dormait, réveillèrent brusquement le jeune garçon d'à peine neuf ans.
S'extirpant difficilement de son lit, il jeta un coup d'œil au calendrier de fortune qu'il s'était confectionné lui-même et poussa un long soupir. Aujourd'hui l'on était le 24 décembre, le jour du Réveillon et comme toujours depuis des années, Harry exécrait cette date…
-Debout ! Je veux que tu m'aides pour le repas de ce soir et je dois aussi t'emmener chez le coiffeur en même temps que Dudley ! ajouta la voix de crécelle de la tante Pétunia.
Harry s'habilla rapidement puis sorti du placard avant de rejoindre sa tante, son oncle et son cousin dans la cuisine. Il prit son petit déjeuner en quatrième vitesse et fut autorisé à se rendre dans la salle de bain pour faire sa toilette pendant quinze minutes et pas une de plus l'avait prévenu Pétunia Dursley.
Une fois lavé, il retourna dans la cuisine et évita le regard désespéré de la tante Pétunia sur sa chevelure noire qu'il ne parvenait jamais à coiffer.
-J'espère que le coiffeur arriva à faire quelque chose de cette tignasse…Nous avons rendez-vous à 11h mais avant ça je veux que tu tartines tous ces toasts de foie gras !
Sans un mot, Harry s'exécuta. Il devait y avoir au moins une soixantaine de toast, ce qui n'étonna en rien le jeune garçon. Son oncle et sa son cousin adorait manger et chaque année, une vingtaine de toast leur était réservé. La tante Pétunia en avalait une quinzaine, tandis qu'Harry se retrouvait avec le reste c'est-à-dire cinq malheureux toasts…
Pendant deux bonnes heures, il fit griller les toasts, puis les tartina de foie gras en faisant attention de ne pas les casser en deux. Aux alentours de 10h30, la tante Pétunia le pressa de tout ranger et de se préparer pour aller chez le coiffeur. Une fois la cuisine impeccable, Harry s'empressa de se laver les mains, puis d'enfiler son blouson et ses chaussures (qui étaient trop grandes et trouées car il s'agissait de vieilles paires de baskets de Dudley) et suivit sa tante et son cousin à l'extérieur.
Harry ne détestait pas aller chez le coiffeur du quartier qui était toujours très gentil avec lui, mais qui semblait toujours nerveux de le voir arriver dans son salon.
-Bonjour Mrs Dursley ! Alors par qui on commence ? La questionna gentiment le coiffeur.
-Par Dudley. Je veux que sa coiffure soit irréprochable pour ce soir. On verra ensuite ce qu'on arrivera à faire des cheveux de celui-là…répondit Pétunia en jetant un regard mauvais à Harry.
Harry s'installa sur un petit fauteuil et se mit à feuilleter distraitement les magazines qui trainaient dans un coin en écoutant la radio que diffusait le salon de coiffure. Trois bon quart d'heure plus tard Dudley était parfaitement coiffé et ce fut le tour d'Harry. Le coiffeur lui jeta un regard presque apeuré lorsqu'il s'installa sur le fauteuil. Chaque année, il se passait la même chose tout aussi désagréable pour lui que pour le coiffeur. Celui-ci ne parvenait pas à coiffer la chevelure indomptable d'Harry, ce qui agaçait la tante Pétunia qui se mettait à hurler dans tout le salon. En général, le jeune garçon finissait par ressortir avec les cheveux à moitié coupé et une coupe de cheveux pire que la précédente…
La tension était palpable et au bout d'une demi-heure, perdant patience, Pétunia Dursley dit sèchement au coiffeur.
-Laissez tomber ! A chaque fois, c'est la même chose, vous ne parvenez à rien avec les cheveux de ce garçon, vous perdez votre temps !
Avant même que le coiffeur n'eut le temps de prononcer ne serait-ce qu'un mot, Pétunia avait tiré Harry par le bras pour l'obliger à descendre du fauteuil et ils étaient tous les trois sortis du salon de coiffure en quatrième vitesse. Dudley pleurait de rire sur le chemin du retour en se moquant de la coiffure de son cousin et Harry n'osait même pas se regarder dans le miroir du salon, lorsqu'ils furent de retour dans la maison…
Harry ne vit pas le reste de l'après-midi passer. La tante Pétunia, lui avait confié une multitude de tâche avant le repas du Réveillon. Laver la cuisine et le salon de fond en comble, l'aider à préparer les verrines, plier élégamment les serviettes en papier, nettoyer la belle vaisselle qui ne servait pratiquement jamais…
Ce ne fut qu'aux alentours de 18h que la tante Pétunia consentit à le laisser se décrasser un peu et se changer avant l'arrivée de leur hôte si spécial. Harry grimaça rien qu'en y pensant…
A 20h pétante, des coups retentirent à la porte suivis de plusieurs aboiements furieux.
-Va ouvrir ! Lui ordonna l'oncle Vernon, tandis que lui et Dudley parfaitement habillés attendaient dans le canapé du salon.
Harry jeta un œil à sa tenue en se traînant, la boule au ventre vers la porte. Il portait une vieille chemise de Dudley ainsi qu'un pantalon noir trop grand.
Sitôt qu'il eut ouvert la porte, trois bouledogues se précipitèrent à l'intérieur de la maison et aboyant et en salivant. La tante Marge, toujours aussi imposante et volumineuse ne lui adressa même pas un « bonjour » et se contenta de lui jeter un regard mauvais.
Harry savait parfaitement ce qu'il devait faire maintenant que la tante Marge était arrivée. Il se rendit dans la cuisine et entreprit d'apporter l'apéritif qu'il déposa sur la table, avant de s'installer à son tour sur un bout du canapé.
-Toujours avec cette allure aussi misérable…et ta coupe de cheveux ne s'arrange pas avec l'âge…Lui fit remarquer la tante Marge d'un ton désagréable.
Harry ne répondit pas, sachant que ce n'était que le début de la soirée et qu'il allait encore recevoir des dizaines de remarques de ce genres…
Il se contenta de grignoter ses cinq petits toasts de foie gras, en tentant de repousser discrètement l'un des chiens de Marge qui lui bavait dessus.
Après l'apéritif terminé, la famille Dursley se mit à table et une fois de plus Harry fut contraint à faire le service.
-Fais attention ! Tu vas tout renverser ! Non, mais quel empoté ! s'exclama la tante Marge alors qu'Harry les mains chargées faisait son possible pour ne rien faire tomber.
Le repas même s'il était plutôt bon (la tante Pétunia n'était pas mauvaise cuisinière) fut extrêmement long et pour une fois, Harry ne rêvait que d'une chose, aller s'isoler dans son placard.
A minuit, l'étape du Réveillon qu'il redoutait le plus arriva : celle d'ouvrir les cadeaux.
Comme à chaque Noël il y en avait une multitude sous le sapin et la grosse majorité était pour Dudley. Alors qu'il regardait distraitement son cousin ouvrir ses cadeaux, celui-ci lui tendit soudain un maigre paquet.
-Tiens, c'est pour toi…J'espère que personne n'a dépensé plus de 10 livres pour te faire un cadeau…Lui dit méchamment Dudley.
Harry ouvrit le paquet avec précaution et ne fut même pas surpris en découvrant une simple carte postale de Londres de la part de son oncle et de sa tante. Il était certain que cela avait coûté moins de 10 livres…
La tante Marge, elle, n'avait même pas pris la peine de lui faire de cadeau.
-Tu pourrais remercier ton oncle et ta tante, mon garçon ! Estime-toi heureux qu'ils aient pensé à toi ! L'apostropha Marge sèchement.
-Merci, oncle Vernon et tante Pétunia…murmura doucement Harry.
Quelques minutes plus tard, alors qu'Harry avait le dos tourné, il entendit un horrible bruit de papier que l'on déchire lentement. Intrigué par le bruit, il se retourna et constata avec horreur que Dudley avait sa carte postale dans les mains et prenait un malin plaisir à la déchirer.
-Elle est à moi ! s'exclama Harry sous le coup de l'émotion en tentant de la reprendre des mains de son cousin.
C'était déjà trop tard, elle était réduite en miette. Harry n'y tenait pas particulièrement mais il fallait avouer que cette année son oncle et sa tante s'étaient surpassés en termes de cadeaux. Fixant distraitement le sapin, Harry réfléchissait à une vengeance qu'il exécuterait de manière le plus anonyme possible pour éviter de se faire réprimander. Alors que ses yeux parcouraient la guirlande clignotante qui se trouvait dans le sapin, les lumières de celle-ci se mirent brusquement à vaciller jusqu'à s'éteindre d'un coup, plongeant la pièce dans le noir. Quelques secondes plus tard, un terrible bruit se fit entendre suivit d'un hurlement strident.
La tante Pétunia se dépêcha de rallumer la pièce et poussa à son tour un cri en découvrant Dudley sur le sol, à moitié écrasé par le sapin qui venait de lui tomber dessus.
Harry ne put retenir un éclat de rire et fut aussitôt fusillé du regard par son oncle et sa tante.
-File dans ton placard ! Tu n'as pas honte ! Provoquer ce genre de chose pendant le Réveillon ! lui hurla dessus Vernon Dursley.
-Mais ce n'est pas moi ! Tenta de se défendre Harry, qui n'avait pas touché le sapin et qui ne comprenait pas comment celui-ci avait pu tomber sur son cousin.
-Ne discute pas !
Harry se sauva du salon et alla s'enfermer dans son placard. Terminé les remarques désagréables de la tante Marge, les sourires moqueurs de Dudley et les ordres de son oncle et de sa tante. Cependant, Harry ne parvenait toujours pas à comprendre ce qu'il avait bien pu se passer. Ce n'était pas la première fois qu'un événement similaire se déroulait et à chaque fois, il n'avait aucune explication. Il se coucha en songeant que le supplice n'était pas fini car demain était le jour de Noël…
