Bonjour! Voici la première partie du 4ème chapitre. Je sais que je poste lentement mais je suis tellement fatiguée en ce moment que la lecture n'est pas ma priorité, désolée... La seconde partie devrait suivre prochainement. Sinon n'hésitez pas à laisser un commentaire si ce petit chapitre vous a plus. Des bisous!

Harry courrait dans les sous-bois, zigzagant vivement entre les troncs d'arbres. La forêt était calme sans pour autant être parfaitement silencieuse. Les branches craquaient au-dessus de sa tête et les feuilles bruissaient doucement, projetant des ombres mouvantes sur le sol, inconscientes de ce qui se jouait autours d'elles. Quelques oiseaux s'interpellaient bruyamment entre eux, invisibles dans le feuillage des arbres et un écureuil traversa la canopée à toute vitesse. La rumeur de la nature s'élevait partout autour de lui. L'enfant se déplaçait souplement, bondissant parfois au-dessus des racines. Il ne cherchait pas à être extrêmement discret, bien au contraire : ses pas, biens qu'ils soient assourdit par la terre meuble, pouvaient s'entendre aux alentours. Mais son rythme irrégulier et ses fréquents arrêts lui permettaient de se fondre bien plus efficacement dans l'atmosphère animée de ce labyrinthe végétal. Il se déplaçait de façon erratique depuis un peu plus d'une heure mais il commençait à perdre la notion du temps. Le soleil était difficilement visible au-delà de la cime des arbres si bien que le garçon ne pouvait pas se référer à lui pour savoir depuis combien de temps il avançait ainsi.

Son cœur battait à tout rompre et son souffle était court après une énième accélération de sa part mais il restait concentré sur son objectif, sa mission. Les enjeux étaient bien trop importants pour qu'il échoue. Tout en gardant en tête les conseils de Sirius, Harry se glissa sous de hautes fougères, se couchant à plat ventre dans l'humus, faisant fi de ses vêtements. Tout d'abord, il devait cacher son odeur et se placer sous le vent pour ne pas se faire repérer trop rapidement. Il huma l'air. Il avait de la chance : le ciel était bien dégagé en cette matinée d'été et aucune brise ne soufflait, les arbres ne frissonnaient qu'en raison de la faune qui les habitait. Il devait juste veiller à ne pas laisser de traces olfactives sur son passage. Il se roula sur le sol pour masquer son odeur. Lorsqu'Harry fut entièrement recouvert de boue de la tête aux pieds, il se redressa au milieu des hautes herbes, se fondant dans son environnement. Il était presque invisible ainsi recouvert de saleté. Essayant de ne pas trop penser à sa future séance de lessive intensive, le garçon se concentra.

Sa mission était de rejoindre le lac tout en esquivant son assaillant. Il était libre d'agir comme il l'entendait : il pouvait tenter une approche directe, au risque de se prendre une violente raclée ou bien de faire un grand détour pour contourner le problème. Harry fronça délicatement son petit nez. Aucune de ces deux options ne lui plaisaient particulièrement et comme disait souvent Sirius, à savoir « La meilleure solution est toujours celle qui te conviens le mieux », il comptait n'en faire qu'à sa tête. Il se savait encore trop faible et fragile pour tenter d'éliminer son assaillant d'une attaque frontale : Sirius ne lui avait appris qu'à immobiliser son adversaire ou à le neutraliser en utilisant son environnement. Il ignorait encore tout du combat au corps à corps et ignorait à quel type d'arme il allait être confronté. Son corps d'enfant ne pourrait pas supporter trop de chocs et Harry en avait parfaitement conscience. Il leva les yeux au ciel à cette pensée. Il ne savait pas pourquoi Sirius refusait encore de lui apprendre à rendre les coups mais cela commençait à devenir sérieusement handicapant. Il se promit d'en tenir deux mots à son instructeur, quitte à utiliser ses poings pour lui faire entendre raison. Il espérait juste d'assez se ridiculiser pour attirer sa commisération, qu'il le prenne en pitié et accède à sa demande. Sirius aurait appelé cette technique pour le faire céder le « regard de chien battu suicidaire », Harry quant à lui aurait plutôt parlé d'une « technique imparable pour faire plier les grandes perches ». Il n'était pas encore sûr de sa formulation.

Harry secoua la tête pour se reconcentrer. Il devait être attentif à son environnement et ce n'était pas en rêvant de sa prochaine discussion avec Sirius qu'il allait s'en sortir. Il allait devoir se montrer prudent dans le choix de ses prochains déplacements. Il se rapprochait de son objectif et risquait donc de croiser son adversaire d'un moment à l'autre. Adversaire qui était bien plus fort que lui et qui en avait parfaitement conscience. Harry devait trouver un moyen de le contourner ou de l'éliminer sans se faire remarquer. Comme il n'avait ni le temps ni le matériel pour poser des pièges, il allait devoir combattre ou courir très vite. Toutefois, il ne souhaitait pas esquiver totalement le combat : il savait bien qu'il n'apprendrait rien de leur confrontation si, justement, confrontation il n'y avait pas. Harry, toujours couché dans les fougères, réfléchissait intensément. Une façon rapide et inattendue de se déplacer ou de lancer une offensive… Chercher à prendre par surprise pour avoir l'avantage… Une manière à laquelle personne n'aurait pensé… Il regarda dans le vague tandis qu'il considérait toutes les options qui s'offraient à lui, se plongeant dans un état proche de la transe. Ses sens s'affutèrent tels ceux d'un animal tandis qu'il se focalisait sur son objectif. Il parvenait à entendre une brindille craquer à l'autre bout de la clairière et les effluves de sa proie vinrent chatouiller désagréablement ses narines. Il était proche mais pas encore assez pour qu'il puisse le localiser avec précision. Harry fit le tri dans ces sensations qui le percutaient comme des vagues : il ignora les insectes qui bourdonnaient autours de lui, les feuilles qui bruissaient et les odeurs de terre qui lui montaient au nez. Sa proie se trouvait face à lui et se dirigeait vers la clairière. Il ne cherchait pas à se faire discret, martelant bruyamment le sol de ses pieds. A l'oreille, Harry jugea qu'il était pied nu, probablement pour ne pas être gêné s'il avait à se transformer. Le garçon en déduisit qu'il ne devait pas avoir d'autres armes sur lui, préférant sans doute le combat frontal et le contact, comme le lui avait enseigné Sirius.

Une idée prenait doucement forme dans son esprit. Elle était relativement simple mais si Harry se montrait suffisamment habile et rapide, elle était parfaitement à même de fonctionner. Le garçon se leva lentement, prenant appuis sur ses mains couvertes de terre qu'il essuya sur son pantalon. Il allait avoir besoin de ses mains pour réussir ce qu'il voulait entreprendre. Il se dirigea de son pas souple et erratique vers l'extrémité de la clairière, droit vers son ennemi. Arrivée à la lisière des arbres, il reprit sa course. Il devait d'abord se rapprocher au maximum avant de tenter quoi que ce soit.

Une grande ombre jaillit soudain à sa droite. Il sentit son cœur se serrer de peur dans sa poitrine mais ce n'était qu'un daim qui avait jaillit de derrière un arbre, surprit par l'arrivée du garçon qu'il n'avait remarqué qu'au dernier moment. Harry jura entre ses dents serrées. L'animal avait attiré l'attention de l'autre qui se rapprochait à grands pas vifs et tout sauf discrets. Il l'entendait pousser les branches qui se trouvaient sur son chemin et se dégager des ronces qui se prenaient dans son pantalon. Il devait agir vite, l'apparition de l'animal ayant bousculé quelque peu ses plans. Harry se précipita vers l'arbre le plus proche, agrippa une branche basse et se hissa à toute vitesse vers la cime de l'arbre. Pour une fois, il bénissait sa petite taille et son poids léger. Arrivé au milieu de l'arbre, il s'allongea sur une grosse branche contre laquelle il se plaqua le plus possible, cherchant à se fondre complètement dans le paysage. Ses vêtements boueux allaient l'aider à se camoufler.

Les bruits de pas se rapprochaient. Harry jeta un coup d'œil discret par-dessus la branche pour le repérer. L'homme était grand et maigre, tout en membres longs et secs. Il se déplaçait avec une grâce féline et, même s'il ne cherchait pas à être discret, l'on pouvait voir au premier coup d'œil qu'il en était parfaitement capable. C'était un tueur, Harry pouvait le constater à sa démarche et dans sa manie de lever régulièrement le nez pour humer l'air. C'était un chasseur et Harry était sa proie. L'homme leva soudain la tête, cherchant quelque chose dans les arbres. Le garçon se serra un peu plus contre sa branche, tentant de forcer son cœur à ralentir pour ne pas consommer trop d'oxygène. L'homme avait senti son regard sur lui. Harry ferma les yeux et se tint le plus immobile possible, l'oreille à l'affut. Au bout de quelques minutes, l'homme se remit en mouvement et s'éloigna lentement. Du haut de sa branche, il attendit de ne plus l'entendre avant d'oser bouger. Il prit une profonde inspiration pour se donner du courage puis se releva, en équilibre. Il ne devait pas ressentir de peur sinon son odeur risquait de le trahir. Il prit donc son temps pour se calmer et reprendre ses esprits. Bien qu'il n'ait que dix ans, son corps et son esprit s'étaient affutés au cours de ces années à subir l'entrainement de Sirius. Et même si l'homme pouvait se montrer horriblement exigeant, Harry n'avait jamais regretté d'avoir accepté sa proposition. Il adorait les moments qu'ils partageaient ensemble et ne les auraient échangés pour rien au monde (bien que parfois, ses courbatures lui hurlent le contraire). Le temps avait passé depuis qu'ils s'étaient installés dans la cabane et leur petite vie tranquille n'était jamais bouleversé que par le passage des saisons ou les caprices de la météo. Harry était bien dans ces montagnes et il guérissait doucement de la tragédie qui lui avait arraché ses parents. Il y pensait encore même s'il en parlait peu. Sirius n'abordait jamais le sujet avec lui mais il avait toujours répondu à toutes les questions que lui avait posé Harry. Ses parents lui manquaient mais il avait conscience, malgré son jeune âge, de l'aspect inéluctable et irréversible de leur mort. Et bien qu'il soit triste et qu'il fasse encore des cauchemars de leur meurtre, il ne se focalisait pas dessus et allait de l'avant. Il ne recherchait pas la vengeance, il ne voulait pas retrouver leur assassin pour le tuer. Comme il l'avait affirmé à Sirius des années plus tôt, il souhaitait plus que tout être capable de protéger les autres. Cet état d'esprit échappait à la compréhension de Sirius mais pour une raison que Harry ignorait, il l'acceptait pleinement.

Harry jaugea d'un rapide coup d'œil la distance qui le séparait de l'arbre voisin. C'était sa chance. Il prit son élan et banda ses muscles. Puis il s'élança dans le vide. Son corps de métamorphe était plus puissant que celui d'un humain lambda, taillé pour la chasse. Il n'eut donc aucun mal à atteindre l'arbre auquel il s'agrippa avant de bondir à nouveau sur une branche. Il se stabilisa rapidement avant de continuer sa course dans la canopée. Il progressait rapidement, son corps d'enfant lui permettant de se tortiller souplement et d'atterrir en toute légèreté. Il n'entendait plus les pas de l'autre homme qui s'éloignait dans la direction opposée. Harry ne pouvait s'empêcher d'être fier de lui : il avait réussi à éviter et à se rendre invisible aux yeux de son ennemi. Sirius serait fier de lui. Il continua de courir, un mince sourire aux lèvres. Ses cheveux lui fouettaient le visage, ses muscles se tendaient sous l'effort. La vitesse le grisait, l'adrénaline envoyait des frissons jusque dans le bout de ses doigts. Il s'amusait.

Soudain, une douce lumière perça l'océan de verdure face à lui. Il s'approchait enfin du but, le lac. Harry accéléra encore l'allure, se précipitant vers la trouée dans le feuillage. La forêt s'arrêtait en arc de cercle au bord de l'eau, l'encadrant comme une prison verte et marron. Les racines des plus grands arbres plongeaient dans la surface lisse du lac qui miroitait sous les rayons du soleil. Tout était calme. Harry aperçu le drapeau rouge sale qui ondoyait sur l'autre rive, accroché à un piquet. Il allait donc devoir trouver un moyen de faire le tour du lac rapidement. Mais Harry n'eut guère le temps de penser à ça. A peine fut-il parvenu au dernier arbre que son pied glissa sur une plaque de mousse. Il perdit l'équilibre, battant ridiculement des bras dans les airs avant de chuter lourdement de sa branche. Son corps creva brutalement la surface du lac avec un grand bruit d'éclaboussures. L'eau le recouvrit entièrement, d'un seul coup, sans lui laisser le temps de comprendre ce qu'il se passait, chassant tout l'air de ses poumons. Il se débâtit désespérément pour affleurer la surface et pouvoir enfin reprendre sa respiration. Il jeta un regard paniqué autours de lui. Avec tout le bruit qu'il venait de faire, il était presque certain de s'être fait repérer. Harry commença à nager le plus vite possible vers le drapeau. Il était en colère contre lui-même : il venait de gâcher tous ses efforts avec cette erreur de débutant. Sirius allait lui passer un sacré savon. Il continua à griffer la surface du lac avec violence, ne cherchant plus à se faire discret. L'eau lui rentrait dans les narines, lui brulant les sinus. Il avait à peine atteint le milieu du lac qu'il entendit un grand bruit d'arbres arrachés derrière lui. Il jeta un rapide coup d'œil : un immense loup noir lancé à pleine vitesse se jeta dans le lac à la poursuite de Harry. Le garçon accéléra encore l'allure, son cœur envoyant l'adrénaline directement dans ses muscles, lui permettant de repousser ses limites. Ses bras et ses jambes brassaient l'eau mais il avait l'impression de se heurter à un mur liquide. Derrière lui, la bête grognait et toussait, progressant beaucoup plus rapidement que lui. Elle le rattrapa lorsqu'il atteignit la berge. Il tituba sur quelques mètres avant de se sentir tiré en arrière. Elle tenait le col de son t-shirt entre ses crocs. D'un simple mouvement de tête, elle renvoya le garçon dans l'eau avant de se jeter sur lui pour lui appuyer ses pattes avant sur les épaules.

Harry tenta désespérément de se libérer de l'étreinte poilue de la bête mais il dû se résigner. Elle était beaucoup trop forte pour lui.

- C'est bon, c'est bon, j'abandonne, t'as gagné !

Le loup émit un son de gorge proche du gloussement. Harry roula des yeux, ses mains enfoncées dans le collier de poils noirs.

- Arrête de te moquer de moi !

La silhouette de l'animal se brouilla et ses os craquèrent. Un grand homme brun et totalement nu se retrouva alors au-dessus de lui. Il éclata de rire devant l'air outré de Harry. Le garçon repoussa le grand corps musclé en grognant. Sirius s'écroula dans l'eau avec un grand sourire goguenard avant de recevoir une gerbe d'eau froide sur la tête. Il s'ensuivit alors une épique bataille aquatique entre eux. Dans un joyeux mélange de bras et de jambes, Harry et Sirius se battaient comme des enfants, chacun cherchant à noyer l'autre. Bien qu'il fît preuve d'un esprit particulièrement retors, Harry se retrouva rapidement en position de faiblesse, surtout lorsque Sirius l'attrapa par une cheville avant de le soulever et de le lancer dans l'eau un peu plus loin. Le garçon se redressa, les cheveux ruisselants, le regard noir.

- Qu'est-ce-qui t'as trahi ?

- Un plongeon forcé dans le lac ? aboya Harry avec mauvaise fois.

- En partie. Mais qu'est ce qui t'as fait glisser ?

- Je me suis précipité et fier de mon plan, je n'ai pas fait attention à mon environnement. J'ai glissé et je suis tombé à l'eau, ce qui t'as attiré vers le lac. Et comme j'étais trop loin pour toi, tu t'es transformé pour me rattraper. C'est ça ?

Sirius lui lança un sourire lumineux sans prendre la peine de répondre. Avec un soupir, Harry se dirigea vers la berge suivit de l'adulte, toujours aussi nu. Un sac plein de vêtements propres et secs les attendait au pied du drapeau.

- Tu savais que j'allais perdre ?

- Je n'en étais pas sûr mais je m'en doutais un peu.

Ils s'habillèrent rapidement avant de rentrer vers la cabane. Sur le chemin, Sirius s'employa à souligner toutes les erreurs qu'avaient commises Harry durant cette matinée d'exercice. Le garçon fut surpris d'apprendre qu'il avait été repéré plusieurs fois par son mentor qui s'était même amusé à le traquer à son tour. Il se rendit alors compte qu'il n'était pas encore prêt à être confronté à une situation réelle. Il se ferait repérer et tuer à coup sûr.