Eh bien... du coup, je n'étais pas là hier, mais voici les derniers chapitres de la partie I. Tous, oui.
[Aucun avertissement ne s'applique à ce chapitre]
Chapitre 3 - La sagesse dans la plaine
La tribu Bongo avait toujours été assez proche du peuple Juju dans ses relations. Du moins, c'était ce qu'essayait d'expliquer Hinné à Link et Sauro alors qu'ils regardaient tous les trois la petite fédération entrer dans la ville principale de leur pays. Les Hyliens suivaient de loin, le roi avait voulu que tous les représentants des races les accompagnent. Un procès devait avoir lieu.
Les adultes n'étaient pas clairs quant au but ou l'orée du procès, juste que cela avait un lien avec la troisième tribu Sheikah, les Rosariens. Ceux-ci, ou au moins leurs propres représentants, une toute petite fédération composée du chef et de ses suivants, se tenaient déjà sur la place de la capitale. Un enfant se trouvait parmi eux. Link jurerait qu'il était plus jeune qu'elle. Sauro le remarqua également. Il se rétracta derrière elle, l'expression plissée de choc et de crainte. La petite fille ne put que se demander si eux aussi allaient être jugés.
Mais Juju était pacifiste et n'avait jamais participé à la guerre, que ce soit avec ou contre les Hyliens. Aussi les quelques Hyliens survivants se rencontrèrent-ils avec des sourires confiants et des œillades perdues en direction des criminels sur le point d'être jugés. Les enfants se séparèrent des adultes agglutinés pour courir au travers des rues de la grande ville. A cette époque si lointaine, les allées n'étaient pas encore pavées, n'étant faites que de terre retournée dans les recoins les moins populaires et un peu dallées dans les ailes principales.
L'intérêt des deux amis se porta sur la foule Sheikah. Très vite, ils tentèrent de deviner qui étaient les Bongos, discerner le peuple Rosarien du leur, les différences qui séparaient les trois peuples. Les premiers étaient grands, musclés et vêtus en guerriers, les rendant particulièrement discernables des Jujus, et leurs yeux arboraient un rouge sang unique au monde. Les seconds portaient des capes brodées et décorées de bijoux, ce qui semblait être le symbole de leur race représenté sur leurs épaules à l'aide de formes abstraites. Il fallut un effort combiné des deux enfants pour le reconnaître. Sous la capuche épaisse qui les recouvrait, leurs regards demeuraient cachés à la vue de tous, bien qu'Hinné affirmait silencieusement que leurs yeux étaient d'un gris plus solide que la roche.
Marion, leur ancienne amie Takeih, un peuple ailé aux plumes accrochées à leurs bras, s'était également réfugiée loin de l'agitation. Demise avait rejoint ses deux amis, tous deux habitant des villages voisins du leur, Taketi, une Takeih aux plumage flamboyant et à la silhouette surplombant les deux autres - ce qui était honnêtement incroyable étant donné que Demise lui-même dépassait déjà la foule d'une bonne tête - et Vaati, un Hylien assez court qui ne montrait que rarement des émotions. Les enfants les connaissaient les deux, ils venaient régulièrement chez eux pour rendre visite au métis.
Sauro continua à les observer un instant avant de se tourner vers elle.
- Je vais rejoindre maman, lui confia-t-il, n'attendant qu'un signe de sa part avant de décoller.
Alors qu'elle le regardait disparaître dans la foule de grandes personnes - les Hyliens étaient l'une des races les plus petites, ne dépassant que les Twikis, les Pestes Mojo et les Mogmas (bien que personne ne sache réellement quelle taille pouvait bien faire les Mogmas:) - la petite fille décida de retourner à son exploration des lieux. Hinné ne l'emmenait que rarement à la capitale, aussi la visiter était une occasion rare. Bien que le lieu ne soit pas bien grand par rapport à la légendaire cité de Bel, la capitale des Rosariens, elle faisait toujours trois fois la taille de son village.
Marion, dans un coin de la rue qu'elle traversait, semblait tout aussi perdue qu'elle, aussi aucune ne fut vraiment surprise quand elles se rencontrèrent.
- Tu sais où aller ? Lui demanda la petite Takeih en regardant autour d'elle.
Ses plumes bleutées gonflèrent pour former une couronne autour de sa tête, comme elles le faisaient toujours dans certaines situations de stress. Link pencha la tête avant de la secouer, une grimace prenant le pas sur son expression précédente.
- J'ai perdu Sauro et Hinné doit assister au procès, expliqua-t-elle quand l'autre enfant la fixa de ses orbes mauves.
La fille-oiseau gonfla ses joues.
- J'ai aussi perdu papa et maman... Je peux rester avec toi ?
L'Hylienne lui sourit.
- Ouais ! On explorera ensemble !
Immédiatement après avoir prononcé ces mots, elle les regretta. Marion s'était éloignée d'eux justement à cause d'une exploration, de ce fait, elle ne serait pas surprise d'apprendre que son ancienne amie préférerait ne pas recommencer. La petite fille la surprit heureusement en acceptant sans trop d'hésitation.
- Tant qu'il n'y a pas d'escaliers effrayants...
- C'est la capitale ! Argumenta Link dès que son enthousiasme fut renouvelé. Ça devrait aller !
Marion hocha la tête, l'expression toujours réfléchie, mais ne tarda pas à la suivre alors qu'elles s'enfonçaient dans les rues bondées. Les maisons ici étaient bien plus imposantes que leurs homologues de leur village, elles furent même surprises d'apprendre que la cité de Bel était encore plus grande et riche que celle-ci.
De quoi leur faire tourner la tête.
La Takeih lui attrapa soudainement le poignet et Link se retrouva à remercier intérieurement les parents de la petite volatile pour avoir pensé à lui couper les serres avant de venir.
- C'est pas Vaati ? Lui fit-elle remarquer en désignant un homme assis sur un banc.
Les deux petites filles s'arrêtèrent pour regarder le dénommé Vaati. L'Hylien était petit, même par rapport à certains membre de sa race, et ses cheveux arboraient un étrange blanc cassé, à l'instar des Sheikahs. Pourtant, il n'en était pas un, même de loin, que ce soit dans le physique maigre - il était mage et non guerrier aguerri - et ses yeux bleus, proches d'aucune des trois tribus. Même ses oreilles pointues le séparaient des véritables habitants de Juju, les Sheikahs ayant les oreilles rondes.
Vaati leva les yeux de sa lecture - un vrai Hylien, si un doute avait pu subsister - pour hausser un sourcil dans leur direction.
- Je peux savoir ce qu'il se passe ?
Les enfants se regardèrent avant d'oser poser leur question.
- Tu n'es pas censé être... au procès ? Demanda Marion en bégayant un peu.
Pour sa défense, Vaati était sans doute le plus intimidant du trio qu'il formait avec Demise et Taketi. Les deux autres étaient pourtant bien plus grands et musclés qu'il ne le serait jamais, mais eux avaient la présence - ou l'ouverture - d'esprit de sourire avec facilité là où le mage était très souvent calme et réservé. Sans compter que quiconque possédait ne serait-ce qu'un peu de talent pour la magie pouvait sentir la puissance terrifiante qui l'habitait, habilement camouflée sous son apparence fragile.
A cette époque, la magie était bien plus prédominante qu'elle ne le serait plus jamais après.
L'Hylien les gratifia d'un sourire rare.
- Je ne vais pas vous reprendre pour votre curiosité légitime, les rassura-t-il d'une voix mélodique. C'est parce que je suis né en Hyrule, n'est-ce pas ?
Elles hochèrent la tête de concert. Le mage fredonna en fermant les yeux. Il cherchait une réponse, reconnut Link. C'était une habitude que tous ceux qui l'avaient rencontré au moins une fois pouvaient reconnaître.
- Je n'ai pas vécu assez longtemps dans ce royaume pour m'y sentir à ma place, expliqua-t-il dans une cadence lente et consciente, preuve qu'il cherchait ses mots. La guerre m'a choqué autant que n'importe qui ici, mais ne m'a pas blessé autant que ceux qui l'ont subie.
Il s'arrêta une nouvelle fois, ses orbes bleus revenant sur elles. Une étincelle brillait en chacun d'eux.
- Qui plus est, je n'aime pas les lieux remplis de gens.
- Mais tu es toujours avec Demise et Taketi ! Haleta Link en se rappelant que les deux autres étaient les personnes les plus sociales qu'elle connaissait.
Vaati gloussa en se levant. Un signe vers elles les incita à le suivre.
- Je suis avec eux, oui, mais c'est parce que j'aime être avec eux, même si nous sommes entourés. Qui plus est, ils me connaissent assez bien pour que je sois sûr de pouvoir les emmener loin de la foule dès que je ne me sens plus à l'aise.
Les deux enfants le suivaient à leur rythme, aucune d'entre elles ne remarquant qu'il avait ralenti intentionnellement pour ne pas les fatiguer inutilement, comme l'avait fait Demise avant lui, pour les conduire jusqu'à une vieille tour de guet à l'abandon. Au travers des rues de la capitale de Juju, Vaati les guidait jusqu'à une bâtisse étrange, à moitié enterrée. Il la désigna d'un geste lâche, le regard sombre.
- Il s'agit d'un ancien fort, datant du temps de la guerre. Il devait servir à cacher les civils en cas d'attaque. Heureusement, il n'a jamais servi, mais son existence est suffisante pour admettre au reste du monde que Juju était prêt à se battre s'il le fallait.
Il secoua la tête, un air désolé prenant le pas sur le sourire si dur à obtenir.
- Voilà ce qu'est la guerre. On ne veut pas la faire, mais quand elle vient à nous, on n'a plus le choix, il faut se battre.
Il les regarda ensuite, deux orbes bleus tristes, deux lacs de tristesse, de nostalgie.
- J'espère que vous n'aurez jamais à connaître la guerre.
Sur ces mots, il se dirigea jusqu'à l'entrée de la construction à l'abandon, quelques marches plus bas. Marion sauta à sa suite, ses ailes l'aidèrent à se réceptionner. Link dut s'y prendre plus prudemment pour descendre.
- Demise m'a parlé de l'épreuve qu'il avait prévue pour vous, dans la tourelle, et il a voulu recommencer ici. Pas d'escaliers dangereux en vue, je l'ai vérifié à plusieurs reprises. Il n'y a qu'une montée, et elle est en pierre, c'est là que vous trouverez le drapeau. Est-ce que l'une d'entre vous sait lire ?
Les deux secouèrent la tête. Vaati hocha la sienne et sortit une pierre bleue de sa poche. Il la mis entre les mains de la Takeih, se tournant ensuite vers l'Hylienne.
- Je sais que tu vas la perdre si je te la confis, sourit-il, gagnant un grognement de sa part et un rire de l'autre. Il s'agit d'une pierre à potin de ma conception. Ainsi, je pourrais communiquer avec vous à chaque fois que vous en aurez besoin. Compris ?
Elles acquiescèrent, bien que l'une semblait moins sûre que l'autre. Le jeune homme se redressa pour regarder les maisons les plus proches, les habitants disparates qui traversaient les rues terreuses, avant de revenir sur elles.
- Soyez sages alors.
L'intérieur était humble, les pierres serrées si proches les unes des autres qu'il semblait impossible de passer la moindre feuille de papier dans la plus grande des fentes. L'air paraissait bleu, à l'image des plumes de Marion qui gonflaient à chaque fois qu'un craquement résonnait dans leur entourage. Quatre salles se faisaient face dans un court couloir, les escaliers en opposition avec l'entrée étaient clôturés par une grille encore luisante.
La première porte sur la droite était ouverte, les autres semblaient fermées à clé.
- Il faut trouver les autres clés ? Proposa Marion en vérifiant la seule porte valide.
Link la regarda à son tour.
- Je crois ? Je sais pas crocheter, moi.
- Moi non plus, confia la Takeih.
Les deux enfants soupirèrent de concert, comprenant que l'épreuve serait plus dure que ce qu'elles avaient pu penser en entrant. Reprenant leurs esprits après avoir débattu de comment utiliser la pierre à potin, Vaati ayant semblé sincèrement amusé par leur perplexité, elles pénétrèrent dans la première salle. L'intérieur était si crasseux qu'elles pouvaient voir des plaques sombres décorer les murs bleus. Aucun mobilier n'était resté, peut-être n'y en avait-il jamais eu pour commencer, l'absence des marques pouvant témoigner d'une quelconque présence précédente les rendait plus perdues qu'autre chose. Les toiles d'araignée brillaient dans la faible lueur qui se dégageait d'une fenêtre condamnée, elles pouvaient discerner ce qui semblait être des restes de petits animaux.
Marion perdit quelques couleurs à leur vue mais s'avança tout de même.
- Comment ça s'est passé, la première fois ?
Link trébucha dans son dos, lançant un regard noir à la pierre importune.
- Demise avait laissé des petits messages à lire.
- C'est Sauro qui les a lus, hein ?
Sauro était l'un des seuls enfants à savoir lire et écrire, pour une raison incongrue : il adorait écouter la vieille Hylienne qui vivait dans le village voisin, une savante comme il n'en existait plus aucun sur terre. La dame âgée avait été très intéressée le jour où le petit garçon avait demandé des cours, et très enthousiaste dans ses leçons. Malheureusement, malgré l'excitation du Sheikah pour un savoir rare et nouveau pour lui, presque aucun autre enfant avait suivi.
La petite Hylienne jeta un œil mauvais au message laissé par Vaati, reconnaissant finalement sa chance, pendant cette première fois. Si Sauro n'avait pas été là, cela aurait pu être bien plus difficile.
Marion souleva la pierre à potin entre elles, l'objet brillant faiblement.
- J'imagine que vous êtes dans la première salle ? Claironna la voix du mage.
Les deux filles commencèrent à hocher la tête avant de se rappeler qu'il fallait répondre verbalement. Le jeune homme fredonna.
- Face aux ténèbres, l'oiseau descend du ciel par la lumière. Son chemin tracé des plumes les plus blanches révèle le chemin à suivre.
- Hein ?!
Marion la fixa désespérément dès que le cristal redevint terne. Malheureusement, Link la regardait exactement de la même manière.
- Lumière ? Répéta la blonde.
- Oiseau ? Répliqua la bleutée. Pourquoi un oiseau ? Et pourquoi la lumière ?
Les deux enfants se tournèrent ensemble vers la salle vide. Rien ne semblait aller dans le sens des quelques vers récités par Vaati, pas même le début d'une fente de lumière. La Takeih s'ébroua avant d'en faire le tour, ses pieds légers ne laissant que de petites traces derrière elle. Elle tournoya gracieusement, rendant à nouveau son amie jalouse de ses plumes. Puis, un sourire remplaça sa grimace.
- J'ai compris ! Fais-moi la courte-échelle, vite !
Link haussa un sourcil, comme elle avait vu Hinné le faire avant elle, mais s'exécuta. Heureusement, les races ailées n'étaient pas lourdes. Une histoire de poids qu'ils pouvaient supporter dans les airs, quelque chose comme cela. Toujours était-il que porter une Takeih sur ses épaules ne lui demanda pas beaucoup d'efforts par rapport à ce qu'avait dû ressentir Sauro quand il l'avait réceptionnée. A moins que le Sheikah n'ait hérité de la force de sa mère, une femme issue du peuple Bongo.
Les trois peuples Sheikahs avaient une histoire intéressante. La légende voulait qu'ils soient nés des quatre esprits de Lumière. Chaque tribu représentait l'élément de l'une des trois déesses. Avec leurs yeux rouges, les Bongos étaient très clairement affiliés à Din. Les Rosariens, eux, seraient des enfants de Nayru, le gris lui étant dérivé. Par contre, personne ne savait vraiment pourquoi les Jujus possédaient des yeux jaunes alors que leur déesse patronne était Farore, la déesse verte.
Marion la dirigea vers le mur le plus éloigné de la porte et tâtonna maladroitement. Un claquement sourd se fit entendre et un rayon de lumière l'aveugla une fois la planche déplacée. L'Hylienne se déplaça d'un pas sur le côté, suivant du regard le rayon éclatant qui traversait désormais la pièce. Juste au dessus de la porte se trouvait la clé qu'elles cherchaient.
- Euh...
- Sadique, grommela la fille aux yeux verts, ce que son amie ne contredit pas.
Elles récupérèrent la clé grâce à une petite acrobatie de la plus légère, puis retournèrent dans le couloir. Elles froncèrent les sourcils ensemble en se rendant compte que deux portes s'ouvraient. De nouveau perplexe, Marion souleva la pierre.
- Le temps est venu, héros, de prendre courage. Sagesse vous guide, deux chemins s'illuminent face à toi. Au bout de l'un se terre la chanson de ta dame. Au bout de l'autre s'élève la réponse à tes doutes. L'un aime le second, le second ne peut vivre sans l'un. Avance au cœur des époques ombrageuses pour découvrir ton destin.
Encore une fois, les deux enfants fixèrent l'objet magique avec plus de questions que de réponses. La petite volatile se tourna vers l'Hylienne.
- Tu sais lire les notes de musique, non ?
Link hocha la tête, les sourcils froncés. Si c'était cela, c'était étrange. Très étrange. A quoi bon chanter ? La Takeih ne s'embarrassa pas de questions parasites et ouvrit la première porte. Quelques gravures décoraient la pièce, la fenêtre éclairait l'ensemble bien mieux que la première. Toutefois, un vide semblable les accueillait. Elles tournèrent en rond quelques secondes avant de s'intéresser à la seconde salle.
- Des notes de musique !
Identique aux deux premières pièces, la troisième pièce avait l'intérêt d'avoir en son centre une page manuscrite très particulière. Link regarda curieusement la partition, la mélodie lui venant naturellement. L'autre enfant plissa les yeux dans sa direction.
- On connaît cette chanson.
Le ton sec fit cligner les yeux de son amie.
- Oui ? C'est... « L'enfant de Farore » !
- Et on connaît les paroles.
Link comprit où elle voulait en venir. Les paroles récitées par Vaati cette fois étaient, à quelques détails près, exactement les mêmes que celles de la chanson. Plus particulièrement le passage concernant le dialogue de Nayru au héros.
- Le temps est venu, héros, de prendre courage, commença Link avec un sourire.
- Sagesse te guide, deux chemins s'ouvrent à ton voyage, continua Marion, toujours en colère.
- Au bout de l'un se terre la chanson de ta dame,
Au bout de l'autre s'élève la réponse à ton drame.
L'un aime le second, le second ne peut vivre sans l'un.
Avance au cœur des époques pour découvrir ton destin.
Marion hocha la tête, les plumes ébouriffées.
- C'est bien beau tout ça, mais c'est quoi l'intérêt de connaître les paroles exactes ?
Link pencha la tête, se posant la même question. Elle ferma les yeux, allant directement à son passage préféré.
- Courage mon enfant, chante Farore,
Souris à la vie, fait face à la mort !
Tu t'es battu pour sauver ce monde,
Pourquoi n'oses-tu entrer dans la ronde ?
Attrape ta lame, mon fils, ma fille,
Jaune est ma faucille.
- Link, c'est pas le moment !
L'Hylienne l'ignora.
- Courage, papillon de soleil !
Fais du ciel ta première merveille !
L'oiseau étend ses ailes de lumière
Et trace un chemin pour tous ses frères.
- Link !
- Ensemble, nous créons un avenir
Que nous pourrons écrire dans chaque rire !
Les idées sont partout, verte est ma fierté !
C'est avec cette encre que j'écris ta destiné !
- Attends... Tu peux reprendre le moment du ciel ?
Link regarda son amie sans comprendre. Mais elle s'exécuta, découvrant pour la première fois l'expression décomposée de la Takeih. La fille-oiseau courut soudainement dans le couloir. L'Hylienne fronça les sourcils avant de la suivre. Revenant dans la première salle de la deuxième épreuve, elle la trouva en train de détailler le plafond du regard. Levant la tête à son tour, l'enfant sentit son souffle se couper. Là, sur les pierres datées, avait été peintes les ailes d'un oiseau rouge.
- Comme dans les paroles de Farore... Murmura-t-elle.
- Et la clé se trouve sous la pierre du soleil.
L'Hylienne baissa le regard dans la direction qu'indiquait Marion. Par terre, sur une seule et unique dalle, avait été représenté un soleil. Il fallut quelques secondes pour l'attraper, mais leurs sourires jumeaux se rencontrèrent. La clé luisait à la faible lueur du soleil, comme un papillon de lumière.
Sitôt elles ouvrirent la dernière pièce qu'elles trouvèrent la clé de la grille qui leur bloquait le chemin. Celle-ci s'ouvrit dans un grincement léger, révélant des escaliers de pierre récemment nettoyés. Elles montèrent à pas légers, découvrant le sommet d'une petite tour camouflée. De là où elles étaient, elles pouvaient apercevoir Vaati en train de discuter avec Demise. Taketi n'était nulle part en vue.
- Eh oh ! On a fini ! Cria Link en se penchant sur le rebord.
Marion se tenait à la pierre recouverte de mousse, un œil expert déterminant la dangerosité de la chute. A cet âge, les Takeihs ne savaient pas forcément voler.
Demise rit, haut et fort, et s'approcha de la tour cachée pour les attraper. Marion sauta dans les bras tendus, laissant son amie prendre le drapeau rouge. Puis, Link atterrit à son tour sur le métis.
- Où est Taketi ? Demanda-t-elle en regardant autour d'eux.
Vaati secoua la tête.
- Taketi a participé à la guerre, elle est au procès en ce moment.
- Et lui, c'est qui ? Fit remarquer Marion.
Link suivit son regard pour trouver un enfant recouvert d'une capuche. C'était celui qui se trouvait avec les Rosariens, juste avant le début du procès. Par contre, elle ne reconnaissait pas le deuxième garçon. De sûr, il s'agissait d'un Bongo.
Les deux discutaient à voix basse. Le Rosarien semblait vouloir disparaître.
- Qui sait, répondit le mage après avoir vérifié si elles s'étaient blessées. Des enfants Sheikahs.
- En tout cas, vous m'impressionnez, les interrompit Demise. Vous avez réussi à comprendre les énigmes de Vaati ?! Quand je les ais lues, j'ai rien compris !
Link rit à son tour.
- C'est Marion qui a tout compris ! Moi, j'ai suivi !
La Takeih se redressa de toute sa taille, les plumes gonflées trahissant sa gêne à l'idée d'être mise en avant. Link sourit de plus belle.
Les enfants Sheikahs disparurent de leur vue, de même que le fort enterré. Ce qu'elle n'avait pas remarqué, à l'instar de tous ceux qui étaient présents à ce moment là de leur vie, c'était la faible lueur bleue s'échappant de la tour cachée, comme une lanterne indiquant un chemin tracé.
